La voix des pasteurs

1. Lomé, 7 DÉCEMBRE 2022
RÉUNION ANNUELLE
Lecture des acteurs sur la réalité
du terrain : la voix des pasteurs
AFFO DJOBO Atcha, APESS/ROPPA
« Crises pastorales, sécuritaires et résilience alimentaire et nutritionnelle »

2. Introduction
Constats des pasteurs
Conséquences
Stratégies développées
Conclusions et recommandations

3. L’Afrique de l’Ouest a connu ces cinq dernières années des crises
à répétition : crises environnementales et climatiques récurrentes,
crises socio-politiques persistantes, conflits endémiques liés à
l’usage des ressources naturelles, notamment des ressources
pastorales d’où cette crise chronique du pastoralisme
Cette crise du pastoralisme est marquée surtout par
 la décapitalisation des troupeaux ;
 la vente à des prix bas dans les zones d’insécurité;
 une montée des sentiments d’injustice
Ainsi les capacités collectives et individuelles des pasteurs et agro pasteurs
à poursuivre des actions d’accompagnement auprès des exploitations
familiales sont affectées.
Introduction

4. Introduction
« Tous les pâturages existants sont de potentiels champs. Tu séjournes dans un
pâturage ou une aire de parcage, et l’année suivante, au même endroit, tu tombes sur
un champ et tes animaux y causent des dégâts. Chaque année, il y a de nouveaux
aménagements agricoles ». Un éleveur à Sikasso (Mali) ;
Certes plusieurs travaux ont été menés en vue d’avoir
des évidences scientifiques sur cette crise, mais les
pasteurs et agro pasteurs qui en subissent les affres ont
aussi des regards pouvant compléter les informations
existantes.

5.  Un environnement écologique qui se dégrade sous
l'effet des changements climatiques et de l'action de
l'homme, ce qui engendre une moindre disponibilité des
ressources naturelles
 L'eau et les pâturages sont les éléments essentiels de nos animaux (jeune,
BÉNIN)
 La rareté des pluies a impacté la disponibilité des pâturages (jeune, NIGER)
 C’est l’insuffisance de l’eau qui entraine la recherche des pâturages par l’éleveur,
la transhumance ne doit pas disparaitre (homme, CAMEROUN)
 Les ressources pastorales (cours d’eau, aires de pâturages,...) s’amenuisent. Le
peu qui reste est en train d’être occupé par les gens forts. Les exploitants
forestiers détruisent aussi nos forêts. (jeune, NIGER)
 Les villes restent toujours les principaux destructeurs de l’environnement à
travers l’exploitation pour le bois, le charbon ou les industries (homme
MAURITANIE)
Constats des pasteurs sur
l’évolution du contexte actuel

6.  Une compétition accrue sur l'espace et une montée de la
tension sur le foncier ;
 La question du manque d’espace reste entière dans tous les pays. L’accaparement des
terres par l’agriculture est encore plus présent (jeune femme éleveur, GAMBIE)
 Il y a des couloirs de passage tracés avant les indépendances mais tout est fermé
aujourd’hui. (éleveur, BÉNIN)
 Un contexte social de plus en plus perturbé par
l'insécurité avec la montée du terrorisme ;
 Dans les années antérieures, les animaux avaient pris de la valeur. C’est le phénomène
d’insécurité qui est venu désorganiser le secteur de l’élevage. L’insécurité rend la
pratique de l’élevage très difficile (homme, NIGERIA)
 La méfiance entre les membres d’une communauté s’est accrue surtout dans les zones
touchées par l’insécurité (conclusions forum BOHICON)
Constats des pasteurs sur
l’évolution du contexte actuel

7. Constats des pasteurs sur
l’évolution du contexte actuel
 Un contexte économique plus incertain pour l’élevage, et qui
continue à mettre en concurrence plusieurs modèles au
détriment de l'agro-pastoralisme familial
 Aujourd’hui, des nouveaux acteurs ont mis en place autour de Ouagadougou des élevages
intégrés d’entreprise. Ces élevages consomment des grandes quantités d’intrants et
mobilisent beaucoup de financement. En 2011, on voyait cet élevage marchand venir,
aujourd’hui c’est arrivé (homme, BURKINA FASO) ;
 Le lait en poudre et la viande sont toujours importés au grand dam des éleveurs locaux
(éleveur, SÉNÉGAL) ;
 Le lait importé a pris le dessus sur notre lait local (Femme, NIGER)
 Un contexte politique qui a évolué, mais reste peu
favorable aux éleveurs liés à la tradition:
 Au Togo et au Bénin, la suspension de la Transhumance Transfrontalière limitent le
commerce sous régional du bétail affectant durablement les moyens d’existence des
acteurs

8. Conséquences pour les agro-
pasteurs
 Accroissement des vols de bétail, de kidnapping des éleveurs ou des
membres des EF ;
 Augmentation des conflits entre usagers des ressources naturelles et inter
communautaires
 Perte du monopole de l’élevage ;
 Désintéressement de la jeunesse de l’activité d’élevage
 Déclassement social des éleveurs, qui perdent leur identité et dignité ;
 Augmentation des coûts d’environ 100% dans les régions les plus
touchées par l’insécurité, d’où la décapitalisation accrue des éleveurs ;
 Déstabilisation des familles, méfiance au sein des membres d’une même
famille ;
 Dégradation de la cohésion sociale familiale et sociétale ;
 Baisse du pouvoir d’achat des agropasteurs

9. Concernant les pratiques :
 Modification de leurs pratiques de mobilité ,
 Envoi de leurs animaux vers des zones plus sécurisées ,
 sédentarisation en sécurisant leurs terres par des actes administratifs tel
que relevé au Bénin.
 Pratique de transhumances courtes à l’intérieur des zones sécurisées.
Pour ce qui est de l’alimentation :
 Priorité à la consommation des produits locaux,
 Réduction du nombre de repas par jour,
 Approvisionnement en vivres en petites quantités au niveau local à
travers les banques céréalières et boutiques.
Cette situation entraine des changements des habitudes alimentaires des familles.
Stratégies développées par les
pasteurs pour renforcer leur résilience

10. Concernant le dialogue :
 Amplification des séances de sensibilisations sur les textes
communautaires au profit des éleveurs ,
 Tenue de rencontre multi acteurs intervenant dans le domaine de la
transhumance : la gestion apaisée des RN, partager des textes et
outils et prévention de gestion de conflits ;
S’agissant du plaidoyer :
 Sécurisation des bassins de production agro-pastorale,
 Sensibilisation des acteurs et lobbying pour des politiques alimentaires
et nutritionnelles favorables,
 Veille sur la situation sécuritaire en vue d’améliorer les conditions de
vie des EF
 Amélioration de la communication.
Stratégies développées par les
pasteurs pour renforcer leur résilience

11.  Les éleveurs pasteurs sont triplement vulnérables (CC,
Crise pastorale , Crise sécuritaire) ;
 Une stigmatisation sociale et ethnique des pasteurs ;
 Au centre de tous les débats à cause du contexte
actuel d’insécurité en raison de leur mobilité, leur voix
est moins entendue ;
 Les éleveurs pasteurs davantage soucieux de l’avenir
de leur activité
Conclusions

12. Recommandations
 A l’intention des Etats :
 renforcer les systèmes d’alerte précoces afin d’avoir en temps réel les informations
sur la situation sécuritaire en les complétant avec les informations fournies par les
dispositifs communautaires
 renforcer le dialogue entre acteurs en vue de la consolidation de la paix dans les
territoires
 financer des programmes intégrés de développement au profit des populations des
zones en insécurité en transformant les aides humanitaires en action de
développement
 A l’intention des partenaires:
 appuyer le financement des initiatives des organisations professionnelles
agricoles en lien avec le maintien de la paix et la cohésion sociale
 appuyer/faciliter la synergie d’action des intervenants sur les questions en lien avec
le développement et la promotion de la paix
 Appuyer et renforcer les dispositifs des OP pour la production de connaissances
paysannes

13. Merci de votre aimable attention !