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Didier
‱ A P P R E N D R E
‱ E N S E I G N E R
‱ É V A L U E R
Didier
Cadre européen commun
de référence pour les langues
Conseil de la Coopération culturelle
ComitĂ© de l’éducation
Division des langues vivantes
Strasbourg
CadreeuropéencommunderéférencepourleslanguesDidier
Le Cadre europĂ©en commun de rĂ©fĂ©rence pour les langues est le rĂ©sultat d’une
recherche menée pendant plus de dix ans par des linguistes de renom dans les
41 États membres du Conseil de l’Europe. Les projets qui ont prĂ©cĂ©dĂ© ce rĂ©sultat
final ont été soumis à une large consultation et ont abouti à cette contribution
trÚs importante pour la linguistique appliquée et la didactique des langues
vivantes. Le « Cadre » constitue une approche totalement nouvelle et trÚs
dĂ©taillĂ©e de la description et de l’étalonnage de l’utilisation de la langue et des
différents types de connaissances et de compétences que cette utilisation
requiert. Le « Cadre » s’adresse Ă  tous les professionnels dans le domaine des
langues vivantes ; il a pour but de stimuler la réflexion sur les objectifs et les
méthodes, il facilite la communication et fournit une base commune pour la
conception de pogrammes, d’examens, de diplîmes et de certificats. Il favorise
donc la mobilitĂ© Ă©ducative et professionnelle. Le « Cadre » est un outil d’une
valeur inestimable pour les formateurs d’enseignants, les concepteurs de pro-
grammes et d’examens ainsi que pour les auteurs de manuels et de matĂ©riel
pédagogique.
47 2203 9
CONSEIL DE LA COOPÉRATION CULTURELLE
ComitĂ© de l’Éducation
« Apprentissage des langues et citoyenneté européenne »
UN CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE
POUR LES LANGUES :
APPRENDRE, ENSEIGNER, ÉVALUER
DIVISION DES LANGUES VIVANTES, STRASBOURG
2
SOMMAIRE
Note préliminaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Avertissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Synopsis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Chapitre 1 Le Cadre européen commun de référence
dans son contexte politique et Ă©ducatif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Chapitre 2 Approche retenue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Chapitre 3 Les Niveaux communs de référence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
Chapitre 4 L’utilisation de la langue et l’apprenant/utilisateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
Chapitre 5 Les compĂ©tences de l’apprenant/utilisateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
Chapitre 6 Les opĂ©rations d’enseignement et d’apprentissage des langues . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
Chapitre 7 Les tñches et leur rîle dans l’enseignement et l’apprentissage des langues . . . . . . . 121
Chapitre 8 Diversification linguistique et curriculum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
Chapitre 9 Évaluation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
Annexe A Élaboration de descripteurs de compĂ©tences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
Annexe B Échelles de dĂ©monstration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
Annexe C Les Ă©chelles de DIALANG . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
Annexe D Les spécifications de ALTE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
Bibliographie générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
3
NOTE PRÉLIMINAIRE
Cette version restructurĂ©e d’un Cadre europĂ©en commun de rĂ©fĂ©rence pour l’apprentissage/enseignement des langues et
l’évaluation reprĂ©sente le dernier stade d’un processus activement menĂ© depuis 1991 et qui doit beaucoup Ă  la collaboration
de nombreux membres de la profession enseignante à travers l’Europe et au-delà.
Le Conseil de l’Europe tient à reconnaütre avec gratitude les contributions faites par
– le Groupe de Projet Apprentissage des langues et citoyennetĂ© europĂ©enne reprĂ©sentant tous les États membres du Conseil
de la coopĂ©ration culturelle, ainsi que le Canada en qualitĂ© d’observateur, pour avoir suivi son dĂ©veloppement avec atten-
tion
– le Groupe de travail mis en place par le Groupe de Projet, comprenant vingt ressortissants des États membres et reprĂ©-
sentant les divers intĂ©rĂȘts professionnels concernĂ©s, ainsi que des reprĂ©sentants de la Commission europĂ©enne et de son
programme LINGUA, pour leurs inestimables conseils et la supervision du projet
– le Groupe d’auteurs mis en place par le Groupe de travail, et qui comprenait Monsieur le Professeur J.L.M. Trim
(Directeur de Projet), le Professeur D. Coste (École Normale SupĂ©rieure de Fontenay/Saint-Cloud, CREDIF, France), M.
B. North (Eurocentres, Suisse), ainsi que M. J. Sheils (SecrĂ©tariat). Le Conseil de l’Europe exprime ses remerciements
aux institutions qui ont permis aux personnes concernées de contribuer à cette importante entreprise
– la Commission permanente des directeurs cantonaux de l’éducation et le Fonds national suisse de recherche scientifique
pour son soutien au travail de M. B. North et du Professeur G. Schneider (Université de Fribourg) concernant l'élabora-
tion et l’étalonnage de descripteurs de compĂ©tences langagiĂšres pour les Niveaux communs de rĂ©fĂ©rence
– la Fondation Eurocentres pour avoir fourni l’expertise nĂ©cessaire Ă  la dĂ©finition et Ă  l’étalonnage des niveaux de compĂ©-
tences langagiĂšres
– le US National Foreign Language Center, qui a accordĂ© Ă  MM. Trim et North des Bourses Mellon, ce qui a facilitĂ© leur
participation Ă  ce projet
– les nombreux collĂšgues et institutions Ă  travers l’Europe qui ont rĂ©pondu, souvent avec beaucoup de soins et des dĂ©tails
concrets, à la demande de commentaires et de réactions concernant les projets précédents.
Les rĂ©actions sur la mise en pratique du Cadre de rĂ©fĂ©rence ont Ă©tĂ© recueillies auprĂšs d’un Ă©chantillon reprĂ©sentatif d’utili-
sateurs diffĂ©rents. D’autres, en outre, ont Ă©tĂ© invitĂ©s Ă  communiquer au Conseil de l’Europe les rĂ©sultats de leur utilisation du
Cadre Ă  des fins spĂ©cifiques. Les informations reçues ont Ă©tĂ© prises en compte pour la rĂ©vision du Cadre et des Guides Ă  l’usage
des utilisateurs avant leur adoption dans toute l’Europe. Cette rĂ©vision a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par MM. Trim et North.
4
AVERTISSEMENT
Ces notes ont pour but de vous aider à utiliser le plus efficacement possible le Cadre européen commun de référence pour
les langues. Apprendre, enseigner, Ă©valuer, que vous soyez apprenant ou praticien de l’enseignement ou de l’évaluation des
langues. Elles ne traiteront pas des diverses possibilitĂ©s d’utilisation du Cadre propres Ă  telle ou telle catĂ©gorie d’utilisateur,
enseignants, examinateurs, auteurs de manuels, formateurs, administrateurs, etc., lesquelles font l’objet de Guides disponibles
au Conseil de l’Europe et consultables sur son site. Il s’agit ici d’une premiĂšre introduction au Cadre de rĂ©fĂ©rence qui s’adresse
à l’ensemble de ses utilisateurs.
Vous pouvez, bien évidemment, utiliser le Cadre de référence à votre guise, comme tout autre publication. En fait, nous espé-
rons qu’il se trouvera des lecteurs pour s’engager Ă  cet Ă©gard sur des voies que nous n’avons pas explorĂ©es. Rappelons toutefois
les deux objectifs principaux qui ont présidé à son élaboration.
1. Encourager les praticiens dans le domaine des langues vivantes, quels qu’ils soient, y compris les apprenants, à se poser
un certain nombre de questions, et notamment :
– Que faisons-nous exactement lors d’un Ă©change oral ou Ă©crit avec autrui ?
– Qu’est-ce qui nous permet d’agir ainsi ?
– Quelle part d’apprentissage cela nĂ©cessite-t-il lorsque nous essayons d’utiliser une nouvelle langue ?
– Comment fixons-nous nos objectifs et marquons-nous notre progrùs entre l’ignorance totale et la maütrise effective de la
langue Ă©trangĂšre ?
– Comment s’effectue l’apprentissage de la langue ?
– Que faire pour aider les gens à mieux apprendre une langue ?
2. Faciliter les Ă©changes d’informations entre les praticiens et les apprenants afin que les premiers puissent dire aux
seconds ce qu’ils attendent d’eux en termes d’apprentissage et comment ils essaieront de les y aider.
Soyons clairs : il ne s’agit aucunement de dicter aux praticiens ce qu’ils ont à faire et comment le faire. Nous soulevons des
questions, nous n’apportons pas de rĂ©ponses. La fonction du Cadre europĂ©en commun de rĂ©fĂ©rence n’est pas de prescrire les
objectifs que ses utilisateurs devraient poursuivre ni les mĂ©thodes qu’ils devraient utiliser. Ce qui ne veut pas dire que le Conseil
de l’Europe soit indiffĂ©rent Ă  ces questions. De fait, les collĂšgues des pays membres qui collaborent aux projets Langues vivantes
du Conseil de l’Europe ont consacrĂ©, au fil des ans, beaucoup de rĂ©flexion et de travail Ă  l’établissement de principes et Ă  la pra-
tique dans le domaine de l’apprentissage, de l’enseignement et de l’évaluation des langues.
Vous trouverez dans le Chapitre 1 les principes fondamentaux et leurs conséquences pratiques. Vous constaterez que le
Conseil a pour souci d’amĂ©liorer la communication entre EuropĂ©ens de langues et de cultures diffĂ©rentes parce que la commu-
nication facilite la mobilité et les échanges et, ce faisant, favorise la compréhension réciproque et renforce la coopération. Le
Conseil soutient Ă©galement les mĂ©thodes d’enseignement et d’apprentissage qui aident les jeunes, mais aussi les moins jeunes,
Ă  se forger les savoirs, savoir-faire et attitudes dont ils ont besoin pour acquĂ©rir davantage d’indĂ©pendance dans la rĂ©flexion et
dans l’action afin de se montrer plus responsables et coopĂ©ratifs dans leurs relations Ă  autrui. En ce sens, ce travail contribue Ă 
promouvoir une citoyenneté démocratique.
En accord avec ces principes fondamentaux, le Conseil encourage toutes les personnes concernĂ©es par l’organisation de l’ap-
prentissage des langues a fonder leur action sur les besoins, les motivations, les caractĂ©ristiques et les ressources de l’apprenant.
Ce qui suppose de répondre à des questions telles que :
– Qu’est-ce que l’apprenant aura besoin de faire avec la langue ?
– Qu’a-t-il besoin d’apprendre pour ĂȘtre capable d’utiliser la langue Ă  ces fins ?
– Qu’est-ce qui le pousse à vouloir apprendre ?
– Qui est-il (ñge, sexe, milieu social et niveau d’instruction) ?
– Quels sont le savoir, le savoir-faire et l’expĂ©rience de l’enseignant auquel il a Ă  faire ?
– Dans quelle mesure a-t-il accĂšs Ă  des manuels, des ouvrages de rĂ©fĂ©rence (grammaires, dictionnaires, etc.), des moyens
audiovisuels et informatiques (matériel et didacticiels) ?
– Combien de temps peut-il, dĂ©sire-t-il ou est-il capable de consacrer Ă  l’apprentissage d’une langue ?
AVERTISSEMENT
5
À partir de cette analyse de la situation d’enseignement/apprentissage, il est absolument essentiel de dĂ©finir avec un maxi-
mum de précision des objectifs immédiatement valables au regard des besoins des apprenants et réalistes du point de vue de
leurs caractĂ©ristiques et des moyens disponibles. Nombreux sont les partenaires impliquĂ©s dans l’organisation de l’apprentissage
des langues : enseignants et apprenants dans la classe mais aussi administrateurs de l’enseignement, examinateurs, auteurs et
Ă©diteurs de manuels, etc. S’ils s’accordent sur des objectifs ils peuvent alors, chacun dans son domaine, Ɠuvrer dans le mĂȘme
sens pour aider les apprenants à atteindre ces objectifs. Ils peuvent aussi préciser et expliciter leurs propres objectifs et leurs
méthodes pour faciliter la tùche de leurs partenaires.
C’est dans ce but, comme l’expose le Chapitre 1, qu’a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© le Cadre europĂ©en commun de rĂ©fĂ©rence. Pour remplir
convenablement sa fonction, il lui faut rĂ©pondre Ă  certains critĂšres de transparence et de cohĂ©rence et ĂȘtre aussi exhaustif
que possible. Ces critĂšres sont exposĂ©s et explicitĂ©s dans le Chapitre 1. À propos de « l’exhaustivitĂ© » disons, pour simplifier,
que vous devez trouver dans le Cadre de référence tout ce dont vous avez besoin pour décrire vos objectifs, vos méthodes et vos
résultats.
Le dispositif de paramĂštres, de catĂ©gories et d’exemples prĂ©sentĂ© au Chapitre 3, synthĂ©tisĂ© page 25 et dĂ©taillĂ© dans les
Chapitres 4 et 5 entend exposer clairement les compĂ©tences (savoir, savoir-faire et attitudes) que l’usager de la langue se forge
au fil de son expérience et qui lui permettent de faire face aux exigences de la communication par delà les frontiÚres linguis-
tiques et culturelles (c’est-Ă -dire, effectuer des tĂąches et des activitĂ©s communicatives dans les divers contextes de la vie sociale,
compte tenu des conditions et des contraintes qui leur sont propres). Les Niveaux communs de référence présentés au Chapitre
3 donnent un moyen de suivre le progrĂšs des apprenants au fur et Ă  mesure qu’ils construisent leur compĂ©tence Ă  travers les para-
mÚtres du schéma descriptif.
FondĂ© sur l’hypothĂšse que le but de l’apprentissage d’une langue est de faire de l’apprenant un utilisateur compĂ©tent et expĂ©-
rimenté, ce mode de description doit vous permettre de définir vos objectifs de maniÚre claire et aussi complÚte que possible.
Vous estimerez peut-ĂȘtre qu’il excĂšde vos propres besoins. Cette Ă©ventualitĂ© a Ă©tĂ© prĂ©vue : Ă  partir du Chapitre 4 vous trouve-
rez, à la fin de chaque section, un encadré qui vous invite, suivant une série de questions, à réfléchir à sa pertinence au regard
de vos objectifs et de la dĂ©finition de votre pratique. La rĂ©ponse peut ĂȘtre nĂ©gative pour diverses raisons : cela ne convient pas
aux apprenants dont vous vous occupez ou, bien que ce puisse ĂȘtre utile, les moyens dont vous disposez, notamment en matiĂšre
de temps ou de ressources, vous orientent vers d’autres prioritĂ©s. En revanche, si le contenu de l’encadrĂ© vous intĂ©resse (dans
le contexte oĂč il s’inscrit, il attirera peut-ĂȘtre votre attention), les Chapitres 4 et 5 du Cadre de rĂ©fĂ©rence fourniront le nom des
grands paramÚtres et des catégories dont vous pouvez avoir besoin, assortis de quelques exemples.
Ni les catĂ©gories ni les exemples ne prĂ©tendent Ă  l’exhaustivitĂ©. Si vous voulez dĂ©crire un domaine spĂ©cialisĂ©, il vous fau-
dra pousser plus loin le détail de la présente classification et créer de nouvelles sous-catégories. Quant aux exemples, ils sont
donnĂ©s Ă  titre de suggestions. Vous en retiendrez certains, en Ă©carterez d’autres et en ajouterez quelques-uns de votre cru. Vous
devez vous sentir tout Ă  fait libres sur ce point car c’est Ă  vous qu’appartient le choix de vos objectifs et de votre dĂ©marche pra-
tique. Mais retenez, lorsqu’un Ă©lĂ©ment du Cadre vous paraĂźt superflu, qu’il y figure parce qu’il peut prĂ©senter un intĂ©rĂȘt pri-
mordial pour quelqu’un d’autre, de formation diffĂ©rente, travaillant dans une autre situation et responsable d’une autre
population d’apprenants. Dans le cas de « Conditions et contraintes » (voir 4.1.3), par exemple, la prise en compte des bruits de
fond peut sembler tout Ă  fait inutile dans un Ă©tablissement scolaire mais devient capitale pour celui dont les Ă©lĂšves sont des
pilotes de ligne : ne pas reconnaütre les chiffres à 100 % dans le bruit infernal d’une communication sol/air peut signer leur
condamnation à mort (et celle de leurs passagers
) ! Songez aussi que les catégories et les énoncés que vous jugerez bon
d’ajouter peuvent ĂȘtre utiles Ă  d’autres. C’est pourquoi il faut voir dans la taxonomie qui figure aux Chapitres 4 et 5 du Cadre
de rĂ©fĂ©rence un inventaire inachevĂ© susceptible d’évolution Ă  la lumiĂšre de l’expĂ©rience acquise. Ce principe vaut Ă©galement
pour la description des niveaux de compétence.
Le Chapitre 3 expose clairement que le nombre de niveaux dont peut avoir besoin un utilisateur dépend de la raison pour
laquelle il veut Ă©tablir une distinction et de l’usage qu’il fera de l’information obtenue. Il ne faut pas multiplier les niveaux plus
que nécessaire. Le systÚme arborescent de type « hypertexte » présenté en 3.2 (voir p. 25) permet aux praticiens de définir des
niveaux dont la gradation large ou Ă©troite dĂ©pend du degrĂ© de finesse souhaitĂ© pour Ă©tablir des distinctions au sein d’une popu-
lation donnĂ©e d’apprenants. Il est aussi bien sĂ»r possible (et mĂȘme courant) de distinguer les objectifs en termes de niveaux et
le degré de réalisation de ces objectifs en termes de notes ou de mentions.
L’ensemble des six niveaux utilisĂ©s dans le document (voir 3. 2) se fonde sur la pratique courante d’un certain nombre d’or-
ganismes publics de certification. Les descripteurs proposĂ©s s’inspirent de ceux qui « ont Ă©tĂ© reconnus clairs, utiles et pertinents
par des groupes compétents de professeurs enseignant ou pas leur langue maternelle dans des secteurs éducatifs variés et avec
des profils de formation et une expĂ©rience professionnelle trĂšs diffĂ©rents » (voir p. 30). Mais il s’agit lĂ  de recommandations et
non de prescriptions. C’est un « document de rĂ©flexion, de discussion et de projet
 Le but des exemples est d’ouvrir de nou-
velles possibilitĂ©s et non d’anticiper des dĂ©cisions. » (ibid.). Toutefois, il apparaĂźt clairement qu’un ensemble de niveaux com-
muns de rĂ©fĂ©rence comme outil de calibrage est particuliĂšrement bien accueilli par l’ensemble des praticiens qui, comme dans
bien d’autres domaines, trouvent un avantage à travailler avec des mesures et des normes stables et reconnues.
En qualitĂ© d’usagers, vous ĂȘtes invitĂ©s Ă  utiliser cette batterie d’échelles et leurs descripteurs de maniĂšre critique. Tout rap-
port d’expĂ©rience communiquĂ© Ă  la Section des langues vivantes du Conseil de l’Europe sera le bienvenu. À noter aussi que les
échelles sont prévues non seulement pour une compétence globale mais également pour chacun des paramÚtres étalonnables de
la compĂ©tence langagiĂšre dĂ©taillĂ©e aux Chapitres 4 et 5. Ceci permet d’affiner la diffĂ©renciation des profils au sein des groupes
d’apprenants.
Dans le Chapitre 6, l’attention se porte sur la mĂ©thodologie. Comment s’acquiert ou s’apprend une nouvelle langue ? Que
pouvons-nous faire pour faciliter ce processus d’apprentissage ou d’acquisition ? LĂ  encore, le but du Cadre de rĂ©fĂ©rence n’est
pas de prescrire ni mĂȘme de recommander telle ou telle mĂ©thode, mais de prĂ©senter diverses options en vous invitant Ă  rĂ©flĂ©chir
sur votre pratique courante, Ă  prendre des dĂ©cisions en consĂ©quence et Ă  dĂ©finir en quoi consiste exactement votre action. À
l’évidence, dans l’examen de vos buts et objectifs, nous ne pouvons que vous encourager Ă  tenir compte des Recommandations
du ComitĂ© des Ministres mais le Cadre de rĂ©fĂ©rence doit ĂȘtre avant tout un auxiliaire pour vous aider Ă  prendre vos dĂ©cisions.
Le Chapitre 7 est consacrĂ© Ă  un examen du rĂŽle des tĂąches dans l’enseignement et l’apprentissage des langues, domaine de
pointe dans les derniÚres années.
Le Chapitre 8 examine les principes de la construction curriculaire qui entraĂźne la diffĂ©renciation des objectifs d’appren-
tissage des langues, en particulier dans le domaine du dĂ©veloppement de la compĂ©tence plurilingue et pluriculturelle d’un indi-
vidu, pour lui permettre de faire face aux problĂšmes de communication que pose la vie dans une Europe multilingue et
multiculturelle. Ce chapitre mérite un examen attentif de la part de ceux qui, ayant à élaborer des curriculums couvrant plusieurs
langues, Ă©tudient les diverses possibilitĂ©s de rĂ©partir au mieux les ressources entre diverses catĂ©gories d’apprenants.
Le Chapitre 9 traite enfin des questions d’évaluation en expliquant la pertinence du Cadre de rĂ©fĂ©rence pour l’évaluation de
la compĂ©tence langagiĂšre et des rĂ©sultats Ă  l’aide de critĂšres d’évaluation et selon des approches diffĂ©rentes de la dĂ©marche
d’évaluation.
Les Annexes approfondissent d’autres aspects de l’étalonnage que certains utilisateurs peuvent trouver utiles. L’Annexe A
traite de quelques questions thĂ©oriques gĂ©nĂ©rales Ă  l’usage des utilisateurs qui souhaiteraient Ă©laborer des Ă©chelles pour des
populations spĂ©cifiques d’apprenants. L’Annexe B apporte des informations sur le projet suisse d’oĂč sont issus les descripteurs
Ă©talonnĂ©s du Cadre de rĂ©fĂ©rence. Les Annexes C et D prĂ©sentent des Ă©chelles Ă©laborĂ©es par d’autres organismes, Ă  savoir DIA-
LANG Language Assessment System (SystĂšme d’évaluation en langue) et les Ă©chelles de « capacitĂ©s de faire » ainsi que les
seuils fonctionnels d’apprentissage de ALTE (Association of Language Testers in Europe : Association des centres d’évaluation
en langues en Europe).
UN CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE POUR LES LANGUES – APPRENDRE, ENSEIGNER, ÉVALUER
6
7
SYNOPSIS
Chapitre 1 (p. 9 à 14) Définit les buts, les objectifs et les fonctions du Cadre de référence à la lumiÚre de
la politique gĂ©nĂ©rale en langues du Conseil de l’Europe et, en particulier, de la pro-
motion du plurilinguisme en réponse à la diversité linguistique et culturelle de
l’Europe. Ce chapitre expose ensuite les critĂšres auxquels le Cadre de rĂ©fĂ©rence doit
satisfaire.
Chapitre 2 (p. 15 Ă  22) DĂ©veloppe l’approche retenue. Ce chapitre se fonde sur une analyse de l’usage de la
langue en termes de stratĂ©gies utilisĂ©es par les apprenants pour mettre en Ɠuvre les
compétences générales et communicatives afin de mener à bien les activités et les
opérations que supposent la production et la réception de textes qui traitent de
thĂšmes donnĂ©s, ce qui leur rend possible l’accomplissement des tĂąches auxquelles ils
se trouvent confrontés avec les conditions et les contraintes de situations qui sur-
viennent dans les domaines variés de la vie sociale. Les termes en caractÚres gras
indiquent les paramĂštres de description de l’utilisation de la langue et de la capacitĂ©
de l’utilisateur/apprenant à l’utiliser.
Chapitre 3 (p. 23 Ă  38) Introduit les Niveaux communs de rĂ©fĂ©rence. Le progrĂšs dans l’apprentissage des
langues au regard des paramĂštres du schĂ©ma descriptif peut ĂȘtre Ă©talonnĂ© selon une
série mobile de seuils fonctionnels définis par les descripteurs appropriés. Cet appa-
reil doit ĂȘtre assez riche pour tenir compte de toute la gamme des besoins de l’appre-
nant et, en conséquence, des objectifs fixés par différents partenaires ou exigés des
candidats pour une qualification en langue.
Chapitre 4 (p. 39 à 80) Expose dans le détail (mais de maniÚre ni exhaustive ni définitive) les catégories (éta-
lonnĂ©es si possible) nĂ©cessaires Ă  la description de l’utilisation de la langue par
l’apprenant/utilisateur en fonction des paramĂštres identifiĂ©s et qui couvrent tour Ă 
tour : les domaines et les situations qui constituent le contexte de l’utilisation de la
langue ; les tùches, buts et thÚmes de la communication ; les activités, les stratégies
et les opérations de communication et les textes, en particulier en relation avec les
activités et les supports.
Chapitre 5 (p. 81 Ă  102) Entre dans le dĂ©tail des compĂ©tences gĂ©nĂ©rales et communicatives de l’utilisateur/
apprenant étalonnées dans la mesure du possible.
Chapitre 6 (p. 103 Ă  120) Envisage les opĂ©rations d’apprentissage et d’enseignement des langues et traite de
la relation entre acquisition et apprentissage, de la nature et du dĂ©veloppement d’une
compétence plurilingue ainsi que des options méthodologiques de type général ou
plus particulier en relation aux catégories exposées dans les Chapitres 3 et 4.
Chapitre 7 (p. 121 Ă  128) PrĂ©sente plus en dĂ©tail le rĂŽle des tĂąches dans l’apprentissage et l’enseignement de la
langue.
Chapitre 8 (p. 129 Ă  134) S’intĂ©resse aux implications de la diversification linguistique dans la conception
du curriculum et traite de points tels que : plurilinguisme et pluriculturalisme ;
objectifs d’apprentissage diffĂ©renciĂ©s ; principe de conception d’un curriculum ; scĂ©-
narios curriculaires ; apprentissage continu des langues ; compétences modulaires et
partielles.
Chapitre 9 (p. 135 Ă  148) PrĂ©sente les diverses finalitĂ©s de l’évaluation et les types d’évaluation qui y corres-
pondent Ă  la lumiĂšre de la nĂ©cessitĂ© de rĂ©concilier les critĂšres concurrents d’exhaus-
tivité, de précision et de possibilité opératoire.
Annexe A (p. 148 Ă  154) Commente l’élaboration des descripteurs de compĂ©tence langagiĂšre. On y explique
les mĂ©thodes et les critĂšres d’étalonnage ainsi que les exigences pour la formulation
des descripteurs des paramÚtres et des catégories présentés ailleurs.
S’accompagne d’une bibliographie sĂ©lective commentĂ©e relative aux Ă©chelles de
compétences langagiÚres.
Annexe B (p. 155 Ă  160) Donne une vue d’ensemble du projet qui a permis, en Suisse, de formuler et d’éta-
lonner les exemples de descripteurs. Les échelles de démonstration du texte sont
inventoriées avec leur numéro de page.
Annexe C (p. 161 Ă  172) Contient les descripteurs pour l’auto-Ă©valuation d’une sĂ©rie de niveaux adoptĂ©s par le
Projet DIALANG de la Commission européenne pour Internet.
Annexe D (p. 173 à 184) Contient les descripteurs entrant dans la constitution des seuils fonctionnels d’ap-
prentissage Ă©laborĂ©s par ALTE (Association des centres d’évaluation en langues en
Europe).
Bibliographie gĂ©nĂ©rale Propose un choix d’ouvrages et d’articles que les utilisateurs du Cadre de rĂ©fĂ©rence
(p. 185 à 192) consulteront pour approfondir les questions soulevées. La bibliographie renvoie aux
publications du Conseil de l’Europe pertinentes ainsi qu’à des ouvrages publiĂ©s
ailleurs.
UN CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE POUR LES LANGUES – APPRENDRE, ENSEIGNER, ÉVALUER
8
PANORAMA
1.1 QU’EST-CE QUE LE CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2 LES BUTS ET LES OBJECTIFS DE LA POLITIQUE LINGUISTIQUE DU CONSEIL DE L’EUROPE . . . . . . . . . 9
1.3 QU’ENTEND-ON PAR « PLURILINGUISME » ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.4 POURQUOI LE CADRE DE RÉFÉRENCE EST-IL NÉCESSAIRE ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.5 QUELLES UTILISATIONS POUR LE CADRE DE RÉFÉRENCE ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.5.1 Les utilisations
1.5.2 Typologie des programmes d’apprentissage et des certifications
1.5.3 Des qualifications adaptées
1.6 À QUELS CRITÈRES LE CADRE DE RÉFÉRENCE DOIT-IL RÉPONDRE ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.1 QU’EST-CE QUE LE CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE ?
Le Cadre europĂ©en commun de rĂ©fĂ©rence offre une base commune pour l’élaboration de programmes de langues vivantes,
de rĂ©fĂ©rentiels, d’examens, de manuels, etc. en Europe. Il dĂ©crit aussi complĂštement que possible ce que les apprenants d’une
langue doivent apprendre afin de l’utiliser dans le but de communiquer ; il Ă©numĂšre Ă©galement les connaissances et les habile-
tĂ©s qu’ils doivent acquĂ©rir afin d’avoir un comportement langagier efficace. La description englobe aussi le contexte culturel qui
soutient la langue. Enfin, le Cadre de rĂ©fĂ©rence dĂ©finit les niveaux de compĂ©tence qui permettent de mesurer le progrĂšs de l’ap-
prenant Ă  chaque Ă©tape de l’apprentissage et Ă  tout moment de la vie.
Le Cadre européen commun de référence est conçu pour que soient surmontées les difficultés de communication rencontrées
par les professionnels des langues vivantes et qui proviennent de la différence entre les systÚmes éducatifs. Le Cadre donne des
outils aux administratifs, aux concepteurs de programmes, aux enseignants, à leurs formateurs, aux jurys d’examens, etc., pour
rĂ©flĂ©chir Ă  leur pratique habituelle afin de situer et de coordonner leurs efforts et de garantir qu’ils rĂ©pondent aux besoins rĂ©els
des apprenants dont ils ont la charge.
En fournissant une base commune Ă  des descriptions explicites d’objectifs, de contenus et de mĂ©thodes, le Cadre de rĂ©fĂ©-
rence améliorera la transparence des cours, des programmes et des qualifications, favorisant ainsi la coopération internationale
dans le domaine des langues vivantes. Donner des critÚres objectifs pour décrire la compétence langagiÚre facilitera la recon-
naissance mutuelle des qualifications obtenues dans des contextes d’apprentissage divers et, en consĂ©quence, ira dans le sens de
la mobilité en Europe.
Le choix pour le Cadre d’une prĂ©sentation taxinomique constitue Ă  coup sĂ»r une tentative pour traiter la grande complexitĂ©
du langage humain en découpant la compétence langagiÚre selon ses différentes composantes. Ceci nous renvoie à des pro-
blĂšmes psychologiques et pĂ©dagogiques d’importance. La communication met tout l’ĂȘtre humain en jeu. Les compĂ©tences iso-
lĂ©es et classifiĂ©es ci-aprĂšs se combinent de maniĂšre complexe pour faire de chaque individu un ĂȘtre unique. En tant qu’acteur
social, chaque individu Ă©tablit des relations avec un nombre toujours croissant de groupes sociaux qui se chevauchent et qui,
tous ensemble, dĂ©finissent une identitĂ©. Dans une approche interculturelle, un objectif essentiel de l’enseignement des langues
est de favoriser le dĂ©veloppement harmonieux de la personnalitĂ© de l’apprenant et de son identitĂ© en rĂ©ponse Ă  l’expĂ©rience enri-
chissante de l’altĂ©ritĂ© en matiĂšre de langue et de culture. Il revient aux enseignants et aux apprenants eux-mĂȘmes de construire
une personnalité saine et équilibrée à partir des éléments variés qui la composeront.
Le Cadre de référence comprend la description de qualifications « partielles » qui conviennent à une connaissance réduite
de la langue (par exemple, s’il s’agit plus de comprendre que de parler), ou lorsque le temps disponible pour l’apprentissage
d’une troisiĂšme ou d’une quatriĂšme langue est limitĂ© et que des rĂ©sultats plus rentables peuvent Ă©ventuellement ĂȘtre atteints en
visant, par exemple, la reconnaissance plutÎt que des habiletés fondées sur la mémoire. La reconnaissance formelle de capaci-
tĂ©s de ce type aidera Ă  promouvoir le plurilinguisme par l’apprentissage d’une plus grande variĂ©tĂ© de langues europĂ©ennes.
1.2 LES BUTS ET LES OBJECTIFS DE LA POLITIQUE LINGUISTIQUE DU CONSEIL DE L’EUROPE
Le Cadre europĂ©en commun de rĂ©fĂ©rence concourt Ă  l’objectif gĂ©nĂ©ral du Conseil de l’Europe tel qu’il est dĂ©fini dans les
Recommandations R (82) 18 et R (98) 6 du Comité des Ministres : « parvenir à une plus grande unité parmi ses membres » et
atteindre ce but « par l’adoption d’une dĂ©marche commune dans le domaine culturel. »
CHAPITRE 1
LE CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE
DANS SON CONTEXTE POLITIQUE ET ÉDUCATIF
9
En ce qui concerne les langues vivantes, le travail du Conseil de la CoopĂ©ration Culturelle du Conseil de l’Europe, structurĂ©
depuis sa fondation autour d’une sĂ©rie de projets Ă  moyen terme, a fondĂ© sa cohĂ©rence et sa continuitĂ© sur l’adhĂ©sion Ă  trois prin-
cipes Ă©noncĂ©s dans le prĂ©ambule de la Recommandation R (82) 18 du ComitĂ© des Ministres du Conseil de l’Europe considĂ©rant
– « que le riche patrimoine que reprĂ©sente la diversitĂ© linguistique et culturelle en Europe constitue une ressource commune prĂ©-
cieuse qu’il convient de sauvegarder et de dĂ©velopper et que des efforts considĂ©rables s’imposent dans le domaine de l’éduca-
tion afin que cette diversitĂ©, au lieu d’ĂȘtre un obstacle Ă  la communication, devienne une source d’enrichissement et de
compréhension réciproques »
– « que c’est seulement par une meilleure connaissance des langues vivantes europĂ©ennes que l’on parviendra Ă  faciliter la com-
munication et les échanges entre Européens de langue maternelle différente et, partant, à favoriser la mobilité, la compréhension
réciproque et la coopération en Europe et à éliminer les préjugés et la discrimination »
– « que les États membres, en adoptant ou en dĂ©veloppant une politique nationale dans le domaine de l’enseignement et de l’ap-
prentissage des langues vivantes, pourraient parvenir à une plus grande concertation au niveau européen grùce à des disposi-
tions ayant pour objet une coopération suivie entre eux et une coordination constante de leurs politiques. »
Afin de mettre en Ɠuvre ces principes, le ComitĂ© des Ministres demande aux gouvernements des États membres de
– « Promouvoir la coopĂ©ration Ă  l’échelon national et international des institutions gouvernementales et non gouvernementales se
consacrant Ă  la mise au point des mĂ©thodes d’enseignement et d’évaluation dans le domaine de l’apprentissage des langues
vivantes et Ă  la production et Ă  l’utilisation de matĂ©riel, y compris les institutions engagĂ©es dans la production et l’utilisation de
matériel multimédia. » (F14)
– « Faire le nĂ©cessaire pour achever la mise en place d’un systĂšme europĂ©en efficace d’échange d’informations englobant tous les
aspects de l’apprentissage et de l’enseignement des langues vivantes et de la recherche dans ce domaine et faisant pleinement
usage de la technologie avancĂ©e de l’information. » (F17)
En consĂ©quence, les activitĂ©s du Conseil de la CoopĂ©ration Culturelle, son ComitĂ© de l’Éducation et sa Section Langues
Vivantes se sont focalisĂ©es sur l’encouragement, le soutien et la coordination des efforts des États membres et des organisa-
tions non gouvernementales pour amĂ©liorer l’apprentissage des langues en accord avec ces principes fondamentaux et, notam-
ment, la dĂ©marche suivie pour mettre en Ɠuvre les mesures gĂ©nĂ©rales prĂ©sentĂ©es dans l’annexe Ă  la Recommandation R (82) 18 :
A. Mesures de caractÚre général
1. Faire en sorte, autant que faire se peut, que toutes les catĂ©gories de la population disposent effectivement des moyens d’acquĂ©rir
une connaissance des langues des autres États membres (ou d’autres communautĂ©s au sein de leur propre pays) et une aptitude Ă 
utiliser lesdites langues telle qu’elle leur permette de satisfaire leurs besoins de communication et plus particuliùrement
1.1 – de faire face aux situations de la vie quotidienne dans un autre pays, et d’aider les Ă©trangers sĂ©journant dans leur propre
pays Ă  y faire face
1.2 – d’échanger des informations et des idĂ©es avec des jeunes et des adultes parlant une autre langue et de leur communiquer
pensées et sentiments
1.3 – de mieux comprendre le mode de vie et la mentalitĂ© d’autres peuples et leur patrimoine culturel.
2. Promouvoir, encourager et appuyer les efforts des enseignants et apprenants qui, Ă  tous les niveaux, tendent Ă  appliquer, selon leur
situation, les principes de la mise au point de systĂšmes d’apprentissage des langues (tels qu’ils sont progressivement dĂ©finis dans le
cadre du programme « Langues Vivantes » du Conseil de l’Europe)
2.1 – en fondant l’enseignement et l’apprentissage des langues sur les besoins, les motivations, les caractĂ©ristiques et les ressources
de l’apprenant
2.2 – en dĂ©finissant, avec un maximum de prĂ©cision, des objectifs valables et rĂ©alistes
2.3 – en Ă©laborant des mĂ©thodes et des matĂ©riels appropriĂ©s
2.4 – en mettant au point des modalitĂ©s et des instruments permettant l’évaluation des programmes d’apprentissage.
3. Promouvoir des programmes de recherche et de dĂ©veloppement visant Ă  introduire, Ă  tous les niveaux de l’enseignement, les
mĂ©thodes et matĂ©riels les mieux adaptĂ©s pour permettre Ă  des apprenants de catĂ©gories diffĂ©rentes d’acquĂ©rir une aptitude Ă  com-
muniquer correspondant Ă  leurs besoins particuliers.
Le Préambule à la Recommandation R (98) 6 réaffirme les objectifs politiques de ses actions dans le domaine des langues
vivantes.
– Outiller tous les EuropĂ©ens pour les dĂ©fis de l’intensification de la mobilitĂ© internationale et d’une coopĂ©ration plus Ă©troite les uns
avec les autres et ceci non seulement en Ă©ducation, culture et science mais Ă©galement pour le commerce et l’industrie
– promouvoir comprĂ©hension et tolĂ©rance mutuelles, respect des identitĂ©s et de la diversitĂ© culturelle par une communication inter-
nationale plus efficace
– entretenir et dĂ©velopper la richesse et la diversitĂ© de la vie culturelle en Europe par une connaissance mutuelle accrue des langues
nationales et régionales, y compris les moins largement enseignées
– rĂ©pondre aux besoins d’une Europe multilingue et multiculturelle en dĂ©veloppant sensiblement la capacitĂ© des EuropĂ©ens Ă  com-
muniquer entre eux par-delĂ  les frontiĂšres linguistiques et culturelles ; il s’agit lĂ  de l’effort de toute une vie qui doit ĂȘtre encou-
ragé, concrÚtement organisé et financé à tous les niveaux du systÚme éducatif par les organismes compétents
– Ă©viter les dangers qui pourraient provenir de la marginalisation de ceux qui ne possĂšdent pas les capacitĂ©s nĂ©cessaires pour com-
muniquer dans une Europe interactive.
Le Premier Sommet des Chefs d’État (8-9 octobre 1993) a mis un accent tout particulier sur cet objectif en identifiant la
xĂ©nophobie et les rĂ©actions ultranationalistes brutales non seulement comme l’obstacle principal de la mobilitĂ© et de l’intĂ©gra-
tion européennes mais également comme la menace la plus grave à la stabilité européenne et au bon fonctionnement de la démo-
cratie. Le DeuxiÚme Sommet a fait de la préparation à la citoyenneté démocratique un objectif éducatif prioritaire, donnant ainsi
une importance accrue à un autre objectif poursuivi dans des projets récents, à savoir :
UN CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE POUR LES LANGUES – APPRENDRE, ENSEIGNER, ÉVALUER
10
« Promouvoir des mĂ©thodes d’enseignement des langues vivantes qui renforcent l’indĂ©pendance de la pensĂ©e, du jugement et de
l’action combinĂ©e Ă  la responsabilitĂ© et aux savoir-faire sociaux. »
À la lumiĂšre de ces objectifs, le ComitĂ© des Ministres a mis l’accent sur « l’importance politique aujourd’hui et dans l’ave-
nir du dĂ©veloppement de domaines d’action particuliers tel que les stratĂ©gies de diversification et d’intensification de l’ap-
prentissage des langues afin de promouvoir le plurilinguisme en contexte pan-europĂ©en » et a attirĂ© l’attention sur la valeur du
dĂ©veloppement des liens et des Ă©changes Ă©ducatifs et sur l’exploitation de tout le potentiel des nouvelles technologies de l’in-
formation et de la communication.
1.3 QU’ENTEND-ON PAR « PLURILINGUISME » ?
Ces derniĂšres annĂ©es, le concept de plurilinguisme a pris de l’importance dans l’approche qu’a le Conseil de l’Europe de
l’apprentissage des langues. On distingue le « plurilinguisme » du « multilinguisme » qui est la connaissance d’un certain
nombre de langues ou la coexistence de langues différentes dans une société donnée. On peut arriver au multilinguisme sim-
plement en diversifiant l’offre de langues dans une Ă©cole ou un systĂšme Ă©ducatif donnĂ©s, ou en encourageant les Ă©lĂšves Ă  Ă©tu-
dier plus d’une langue Ă©trangĂšre, ou en rĂ©duisant la place dominante de l’anglais dans la communication internationale. Bien
au-delĂ , l’approche plurilingue met l’accent sur le fait que, au fur et Ă  mesure que l’expĂ©rience langagiĂšre d’un individu dans
son contexte culturel s’étend de la langue familiale Ă  celle du groupe social puis Ă  celle d’autres groupes (que ce soit par appren-
tissage scolaire ou sur le tas), il/elle ne classe pas ces langues et ces cultures dans des compartiments séparés mais construit plu-
tÎt une compétence communicative à laquelle contribuent toute connaissance et toute expérience des langues et dans laquelle
les langues sont en corrélation et interagissent. Dans des situations différentes, un locuteur peut faire appel avec souplesse aux
différentes parties de cette compétence pour entrer efficacement en communication avec un interlocuteur donné. Des partenaires
peuvent, par exemple, passer d’une langue ou d’un dialecte Ă  l’autre, chacun exploitant la capacitĂ© de l’un et de l’autre pour
s’exprimer dans une langue et comprendre l’autre. D’aucun peut faire appel Ă  sa connaissance de diffĂ©rentes langues pour com-
prendre un texte écrit, voire oral, dans une langue a priori « inconnue », en reconnaissant des mots déguisés mais appartenant
Ă  un stock international commun. Ceux qui ont une connaissance, mĂȘme faible, peuvent aider ceux qui n’en ont aucune Ă  com-
muniquer par la mĂ©diation entre individus qui n’ont aucune langue en commun. En l’absence d’un mĂ©diateur, ces personnes peu-
vent toutefois parvenir Ă  un certain niveau de communication en mettant en jeu tout leur outillage langagier, en essayant des
expressions possibles en différents dialectes ou langues, en exploitant le paralinguistique (mimique, geste, mime, etc.) et en sim-
plifiant radicalement leur usage de la langue.
De ce point de vue, le but de l’enseignement des langues se trouve profondĂ©ment modifiĂ©. Il ne s’agit plus simplement d’ac-
quĂ©rir la « maĂźtrise » d’une, deux, voire mĂȘme trois langues, chacune de son cĂŽtĂ©, avec le « locuteur natif idĂ©al » comme ultime
modÚle. Le but est de développer un répertoire langagier dans lequel toutes les capacités linguistiques trouvent leur place. Bien
Ă©videmment, cela suppose que les langues offertes par les institutions Ă©ducatives seraient diverses et que les Ă©tudiants auraient
la possibilitĂ© de dĂ©velopper une compĂ©tence plurilingue. En outre, une fois admis le fait que l’apprentissage d’une langue est le
travail de toute une vie, le développement de la motivation, de la capacité et de la confiance à affronter une nouvelle expérience
langagiĂšre hors du milieu scolaire devient primordial. La responsabilitĂ© des autoritĂ©s Ă©ducatives, des jurys d’examen et des
enseignants ne peut se borner à ce que soit acquis un niveau de compétence donné dans telle ou telle langue à un moment donné,
aussi important cela soit-il.
Restent encore Ă  rĂ©gler et Ă  traduire en actes toutes les consĂ©quences d’un tel retournement de paradigme. Les dĂ©veloppe-
ments rĂ©cents du programme de langue du Conseil de l’Europe ont Ă©tĂ© pensĂ©s afin de produire les outils de promotion du plu-
rilinguisme Ă  l’usage de tous les membres du mĂ©tier d’enseignement des langues. Le Portefeuille europĂ©en des langues
(Portfolio) propose notamment une mise en forme des expĂ©riences interculturelles et d’apprentissage des langues les plus
variées qui permet de les enregistrer et de leur donner une reconnaissance formelle. Dans ce but, le Cadre européen de référence
fournit non seulement un barĂšme pour l’évaluation de la compĂ©tence gĂ©nĂ©rale dans une langue donnĂ©e mais aussi une analyse
de l’utilisation de la langue et des compĂ©tences langagiĂšres qui facilitera, pour les praticiens, la dĂ©finition des objectifs et la des-
cription des niveaux atteints dans toutes les habiletés possibles, en fonction des besoins variés, des caractéristiques et des res-
sources des apprenants.
1.4 POURQUOI LE CADRE DE RÉFÉRENCE EST-IL NÉCESSAIRE ?
En novembre 1991, Ă  l’initiative du Gouvernement fĂ©dĂ©ral helvĂ©tique, un Symposium intergouvernemental s’est tenu Ă 
RĂŒschlikon (Suisse) sur le thĂšme « Transparence et cohĂ©rence dans l’apprentissage des langues en Europe : objectifs, Ă©valua-
tion, certification ». Le Symposium a adopté les conclusions suivantes.
1. Il faut continuer à intensifier l’apprentissage et l’enseignement des langues dans les États membres pour favoriser une plus grande
mobilitĂ©, une communication internationale plus efficace qui respecte les identitĂ©s et la diversitĂ© culturelle, un meilleur accĂšs Ă  l’in-
formation, une multiplication des Ă©changes interpersonnels, l’amĂ©lioration des relations de travail et de la comprĂ©hension mutuelle.
2. L’apprentissage des langues doit, pour atteindre ces buts, se poursuivre toute une vie durant, et il convient de le promouvoir et de le
faciliter tout au long du systĂšme Ă©ducatif, depuis le prĂ©scolaire jusqu’à l’enseignement aux adultes.
3. Il est souhaitable d’élaborer un Cadre europĂ©en commun de rĂ©fĂ©rence pour l’apprentissage des langues Ă  tous les niveaux, dans le
but
– de promouvoir et faciliter la coopĂ©ration entre les Ă©tablissements d’enseignement de diffĂ©rents pays
CHAPITRE 1 : LE CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE DANS SON CONTEXTE POLITIQUE ET ÉDUCATIF
11
UN CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE POUR LES LANGUES – APPRENDRE, ENSEIGNER, ÉVALUER
12
– d’asseoir sur une bonne base la reconnaissance rĂ©ciproque des qualifications en langues
– d’aider les apprenants, les enseignants, les concepteurs de cours, les organismes de certifications et les administrateurs de l’en-
seignement Ă  situer et Ă  coordonner leurs efforts.
Il faut resituer le plurilinguisme dans le contexte du pluriculturalisme. La langue n’est pas seulement une donnĂ©e essentielle
de la culture, c’est aussi un moyen d’accĂšs aux manifestations de la culture. L’essentiel de ce qui est Ă©noncĂ© ci-dessus s’applique
Ă©galement au domaine le plus gĂ©nĂ©ral. Les diffĂ©rentes cultures (nationale, rĂ©gionale, sociale) auxquelles quelqu’un a accĂ©dĂ© ne
coexistent pas simplement cĂŽte Ă  cĂŽte dans sa compĂ©tence culturelle. Elles se comparent, s’opposent et interagissent activement
pour produire une compĂ©tence pluriculturelle enrichie et intĂ©grĂ©e dont la compĂ©tence plurilingue est l’une des composantes, elle-
mĂȘme interagissant avec d’autres composantes.
1.5 QUELLES UTILISATIONS POUR LE CADRE DE RÉFÉRENCE ?
1.5.1 Les utilisations
Le Cadre européen commun de référence servirait notamment à
ț Ă©laborer des programmes d’apprentissage des langues prenant en compte
– les savoirs antĂ©rieurs supposĂ©s acquis et l’articulation de ces programmes avec les apprentissages prĂ©cĂ©dents, notam-
ment aux interfaces entre le primaire, le premier cycle du secondaire, le second cycle du secondaire, l’enseignement
supĂ©rieur et l’enseignement continu
– les objectifs
– les contenus
ț organiser une certification en langues Ă  partir
– d’examens dĂ©finis en termes de contenu
– de critĂšres d’apprĂ©ciation formulĂ©s en termes de rĂ©sultats positifs, plutĂŽt qu’en soulignant les insuffisances
ț mettre en place un apprentissage auto-dirigĂ© qui consiste Ă 
– dĂ©velopper chez l’apprenant la prise de conscience de l’état prĂ©sent de ses connaissances et de ses savoir-faire
– l’habituer Ă  se fixer des objectifs valables et rĂ©alistes
– lui apprendre Ă  choisir du matĂ©riel
– l’entraĂźner Ă  l’auto-Ă©valuation.
1.5.2 Typologie des programmes d’apprentissage et des certifications
Les programmes d’apprentissage et les certifications peuvent ĂȘtre
– globaux, faisant progresser l’apprenant dans tous les domaines de la compĂ©tence langagiĂšre et de la compĂ©tence Ă  la com-
munication
– modulaires, dĂ©veloppant les compĂ©tences de l’apprenant dans un secteur limitĂ© pour un objectif bien dĂ©terminĂ©
– pondĂ©rĂ©s, accordant une importance particuliĂšre Ă  tel ou tel aspect de l’apprentissage et conduisant Ă  un « profil » dans
lequel les savoirs et savoir-faire d’un mĂȘme apprenant se situent Ă  des niveaux plus ou moins Ă©levĂ©s
– partiels, ne prenant en charge que certaines activitĂ©s et habiletĂ©s (la rĂ©ception, par exemple) et laissant les autres de cĂŽtĂ©.
Le Cadre commun doit ĂȘtre construit de maniĂšre Ă  pouvoir intĂ©grer ces diffĂ©rentes formules.
1.5.3 Des qualifications adaptées
Lorsqu’on examine le rĂŽle du Cadre commun Ă  des niveaux avancĂ©s de l’apprentissage des langues, il convient de prendre
en compte l’évolution des besoins des apprenants et du contexte dans lequel ils vivent, Ă©tudient et travaillent. Il existe, Ă  un
niveau au-delĂ  du Niveau seuil, un besoin de qualifications gĂ©nĂ©rales que l’on peut situer par rapport au Cadre commun, Ă  condi-
tion que ces qualifications soient bien dĂ©finies, adaptĂ©es aux situations nationales, et qu’elles couvrent des domaines nouveaux,
notamment culturels et plus spécialisés. En outre, les modules, ou groupes de modules, adaptés aux besoins, aux caractéristiques
et aux ressources spécifiques des apprenants vont probablement jouer un rÎle considérable.
1.6 À QUELS CRITÈRES LE CADRE DE RÉFÉRENCE DOIT-IL RÉPONDRE ?
1.6.1 Pour atteindre ses buts, le Cadre europĂ©en commun doit ĂȘtre suffisamment exhaustif, transparent et cohĂ©rent.
1.6.1.1 Par « suffisamment exhaustif », nous entendons que le Cadre européen commun spécifie, autant que faire se peut,
toute la gamme des savoirs linguistiques, des savoir-faire langagiers et des emplois de la langue (sans toutefois essayer, bien
évidemment, de prévoir a priori, tous les emplois possibles de la langue : tùche impossible) et que tout utilisateur devrait pou-
voir dĂ©crire ses objectifs, etc., en s’y rĂ©fĂ©rant. Le Cadre europĂ©en commun devra distinguer les diverses dimensions considĂ©rĂ©es
dans la description d’une compĂ©tence langagiĂšre et fournir une sĂ©rie de points de rĂ©fĂ©rence (niveaux ou Ă©chelons) permettant
d’étalonner les progrĂšs de l’apprentissage. Il convient de garder Ă  l’esprit le fait que le dĂ©veloppement de la compĂ©tence Ă  com-
muniquer prend en compte des dimensions autres que purement linguistiques (par exemple, sensibilisation aux aspects socio-
culturels, imaginatifs et affectifs ; aptitude à « apprendre à apprendre », etc.).
1.6.1.2 Par « transparent », nous voulons dire que les informations doivent ĂȘtre clairement formulĂ©es et explicitĂ©es,
accessibles et facilement compréhensibles par les intéressés.
1.6.1.3 Il faut entendre par « cohĂ©rent » le fait que l’analyse proposĂ©e ne comporte aucune contradiction interne. En ce qui
concerne les systĂšmes Ă©ducatifs, la cohĂ©rence exige qu’il y ait des rapports harmonieux entre leurs Ă©lĂ©ments
– l’identification des besoins
– la dĂ©termination des objectifs
– la dĂ©finition des contenus
– le choix ou la production de matĂ©riaux
– l’élaboration de programmes d’enseignement/apprentissage
– le choix des mĂ©thodes d’enseignement et d’apprentissage Ă  utiliser
– l’évaluation et le contrĂŽle.
1.6.2 La construction d’un Cadre exhaustif, transparent et cohĂ©rent pour l’apprentissage et l’enseignement des langues n’en-
traĂźne pas nĂ©cessairement l’adoption d’un systĂšme unique et uniforme. Au contraire, le Cadre commun doit ĂȘtre ouvert et flexible
de façon Ă  pouvoir ĂȘtre appliquĂ© Ă  des situations particuliĂšres moyennant les adaptations qui s’imposent. Le Cadre de rĂ©fĂ©rence
doit ĂȘtre
– à usages multiples : on pourra l’utiliser à toutes fins possibles dans la planification et la mise à disposition des moyens
nĂ©cessaires Ă  l’apprentissage d’une langue
– souple : on pourra l’adapter Ă  des conditions diffĂ©rentes
– ouvert : il pourra ĂȘtre Ă©tendu et affinĂ©
– dynamique : il sera en constante Ă©volution en fonction des feed backs apportĂ©s par son utilisation
– convivial : il sera prĂ©sentĂ© de façon Ă  ĂȘtre directement comprĂ©hensible et utilisable par ceux Ă  qui il est destinĂ©
– non dogmatique : il n’est rattachĂ© de maniĂšre irrĂ©vocable et exclusive Ă  aucune des thĂ©ories ou pratiques concurrentes de
la linguistique ou des sciences de l’éducation.
CHAPITRE 1 : LE CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE DANS SON CONTEXTE POLITIQUE ET ÉDUCATIF
13
PANORAMA
2.1 UNE PERSPECTIVE ACTIONNELLE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.1.1 Compétences générales individuelles
2.1.2 Compétence à communiquer langagiÚrement
2.1.3 Activités langagiÚres
2.1.4 Domaines
2.2 NIVEAUX COMMUNS DE RÉFÉRENCE D’UNE COMPÉTENCE LANGAGIÈRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.3 APPRENTISSAGE ET ENSEIGNEMENT DE LA LANGUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.4 ÉVALUATION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.1 UNE PERSPECTIVE ACTIONNELLE
Un Cadre de rĂ©fĂ©rence pour l’apprentissage, l’enseignement et l’évaluation des langues vivantes, transparent, cohĂ©rent et
aussi exhaustif que possible, doit se situer par rapport Ă  une reprĂ©sentation d’ensemble trĂšs gĂ©nĂ©rale de l’usage et de l’appren-
tissage des langues. La perspective privilĂ©giĂ©e ici est, trĂšs gĂ©nĂ©ralement aussi, de type actionnel en ce qu’elle considĂšre avant
tout l’usager et l’apprenant d’une langue comme des acteurs sociaux ayant à accomplir des tñches (qui ne sont pas seulement
langagiĂšres) dans des circonstances et un environnement donnĂ©s, Ă  l’intĂ©rieur d’un domaine d’action particulier. Si les actes de
parole se rĂ©alisent dans des activitĂ©s langagiĂšres, celles-ci s’inscrivent elles-mĂȘmes Ă  l’intĂ©rieur d’actions en contexte social qui
seules leur donnent leur pleine signification. Il y a « tĂąche » dans la mesure oĂč l’action est le fait d’un (ou de plusieurs) sujet(s)
qui y mobilise(nt) stratégiquement les compétences dont il(s) dispose(nt) en vue de parvenir à un résultat déterminé. La
perspective actionnelle prend donc aussi en compte les ressources cognitives, affectives, volitives et l’ensemble des capacitĂ©s
que possùde et met en Ɠuvre l’acteur social.
De ce point de vue, on admettra ici que toute forme d’usage et d’apprentissage d’une langue peut ĂȘtre caractĂ©risĂ©e par une
proposition telle que celle-ci.
‱ Les compĂ©tences sont l’ensemble des connaissances, des habiletĂ©s et des dispositions qui permettent d’agir.
‱ Les compĂ©tences gĂ©nĂ©rales ne sont pas propres Ă  la langue mais sont celles auxquelles on fait appel pour des activitĂ©s de
toutes sortes, y compris langagiĂšres.
‱ Le contexte renvoie Ă  la multitude des Ă©vĂ©nements et des paramĂštres de la situation (physiques et autres), propres Ă  la per-
sonne mais aussi extĂ©rieurs Ă  elle, dans laquelle s’inscrivent les actes de communication.
‱ Les activitĂ©s langagiĂšres impliquent l’exercice de la compĂ©tence Ă  communiquer langagiĂšrement, dans un domaine dĂ©ter-
miné, pour traiter (recevoir et/ou produire) un ou des textes en vue de réaliser une tùche.
‱ Le processus langagier renvoie Ă  la suite des Ă©vĂ©nements neurologiques et physiologiques qui participent Ă  la rĂ©ception
et Ă  la production d’écrit et d’oral.
‱ Est dĂ©finie comme texte toute sĂ©quence discursive (orale et/ou Ă©crite) inscrite dans un domaine particulier et donnant lieu,
comme objet ou comme visĂ©e, comme produit ou comme processus, Ă  activitĂ© langagiĂšre au cours de la rĂ©alisation d’une
tĂąche.
‱ Par domaine on convient de dĂ©signer de grands secteurs de la vie sociale oĂč se rĂ©alisent les interventions des acteurs
sociaux. Au niveau le plus gĂ©nĂ©ral, on s’en tient Ă  des catĂ©gorisations majeures intĂ©ressant l’enseignement/apprentissage
des langues : domaine Ă©ducationnel, domaine professionnel, domaine public, domaine personnel.
‱ Est considĂ©rĂ© comme stratĂ©gie tout agencement organisĂ©, finalisĂ© et rĂ©glĂ© d’opĂ©rations choisies par un individu pour
accomplir une tĂąche qu’il se donne ou qui se prĂ©sente Ă  lui.
CaractĂ©ristiques de toute forme d’usage et d’apprentissage d’une langue
L’usage d’une langue, y compris son apprentissage, comprend les actions accomplies par des gens qui, comme individus
et comme acteurs sociaux, développent un ensemble de compétences générales et, notamment une compétence à commu-
niquer langagiĂšrement. Ils mettent en Ɠuvre les compĂ©tences dont ils disposent dans des contextes et des conditions variĂ©s
et en se pliant à différentes contraintes afin de réaliser des activités langagiÚres permettant de traiter (en réception et en
production) des textes portant sur des thĂšmes Ă  l’intĂ©rieur de domaines particuliers, en mobilisant les stratĂ©gies qui parais-
sent le mieux convenir Ă  l’accomplissement des tĂąches Ă  effectuer. Le contrĂŽle de ces activitĂ©s par les interlocuteurs conduit
au renforcement ou à la modification des compétences.
CHAPITRE 2
APPROCHE RETENUE
15
UN CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE POUR LES LANGUES – APPRENDRE, ENSEIGNER, ÉVALUER
16
‱ Est dĂ©finie comme tĂąche toute visĂ©e actionnelle que l’acteur se reprĂ©sente comme devant parvenir Ă  un rĂ©sultat donnĂ©
en fonction d’un problĂšme Ă  rĂ©soudre, d’une obligation Ă  remplir, d’un but qu’on s’est fixĂ©. Il peut s’agir tout aussi bien,
suivant cette dĂ©finition, de dĂ©placer une armoire, d’écrire un livre, d’emporter la dĂ©cision dans la nĂ©gociation d’un contrat,
de faire une partie de cartes, de commander un repas dans un restaurant, de traduire un texte en langue Ă©trangĂšre ou de
préparer en groupe un journal de classe.
Si l’on pose que les diverses dimensions ci-dessus soulignĂ©es se trouvent en interrelation dans toute forme d’usage et d’ap-
prentissage d’une langue, on pose aussi que tout acte d’apprentissage/enseignement d’une langue est concernĂ©, en quelque
maniÚre, par chacune de ces dimensions : stratégies, tùches, textes, compétences individuelles, compétence langagiÚre à com-
muniquer, activités langagiÚres et domaines.
ComplĂ©mentairement, dans toute intervention d’apprentissage et d’enseignement, il peut y avoir focalisation particuliĂšre
quant Ă  l’objectif et donc quant Ă  l’évaluation, sur telle ou telle dimension ou tel sous-ensemble de dimensions (les autres dimen-
sions Ă©tant alors considĂ©rĂ©es comme moyens par rapport aux objectifs, ou comme Ă  privilĂ©gier Ă  d’autres moments, ou comme
non pertinentes en la circonstance). Apprenants, enseignants, responsables de programmes d’études, auteurs de supports pĂ©da-
gogiques et concepteurs de tests s’inscrivent nĂ©cessairement dans ce jeu entre focalisation sur une dimension, et degrĂ© et mode
de prise en compte des autres. Des exemples illustreront plus loin cette assertion. Mais il est aisé de remarquer dÚs à présent
que, si la visĂ©e souvent affichĂ©e (parce que la plus reprĂ©sentative d’une approche mĂ©thodologique ?) est le dĂ©veloppement d’une
compĂ©tence Ă  communiquer, certains programmes d’enseignement/apprentissage visent de fait un dĂ©veloppement qualitatif ou
quantitatif des activitĂ©s langagiĂšres en langue Ă©trangĂšre, d’autres insistent sur la performance dans un domaine particulier,
d’autres encore sur l’épanouissement de certaines compĂ©tences gĂ©nĂ©rales individuelles, d’autres sur l’affinement de stratĂ©gies.
Le constat que « tout se tient » n’interdit pas que les objectifs puissent ĂȘtre diffĂ©renciĂ©s.
On peut diviser chacune des catĂ©gories ci-dessus en sous-catĂ©gories elles-mĂȘmes encore trĂšs gĂ©nĂ©rales et que l’on Ă©tudiera
dans les chapitres suivants. On ne s’intĂ©ressera ici qu’aux diffĂ©rentes dimensions des compĂ©tences gĂ©nĂ©rales, de la compĂ©tence
communicative et aux activités et domaines langagiers.
2.1.1 Compétences générales individuelles
Les compétences générales individuelles du sujet apprenant ou communiquant (voir 5.1) reposent notamment sur les savoirs,
savoir-faire et savoir-ĂȘtre qu’il possĂšde, ainsi que sur ses savoir-apprendre.
‱ Les savoirs, ou connaissance dĂ©clarative (voir 5.1.1) sont Ă  entendre comme des connaissances rĂ©sultant de l’expĂ©rience
sociale (savoirs empiriques) ou d’un apprentissage plus formel (savoirs acadĂ©miques). Toute communication humaine
repose sur une connaissance partagĂ©e du monde. En relation Ă  l’apprentissage et Ă  l’usage des langues, les savoirs qui inter-
viennent ne sont pas, bien entendu, seulement ceux qui ont Ă  voir directement avec les langues et cultures. Les connais-
sances acadĂ©miques d’un domaine Ă©ducationnel, scientifique ou technique, les connaissances acadĂ©miques ou empiriques
d’un domaine professionnel sont Ă©videmment d’importance dans la rĂ©ception et la comprĂ©hension de textes en langue
Ă©trangĂšre relevant des domaines en question. Mais les connaissances empiriques relatives Ă  la vie quotidienne (organisa-
tion de la journĂ©e, dĂ©roulement des repas, modes de transport, de communication et d’information), aux domaines public
ou personnel, sont tout aussi fondamentales pour la gestion d’activitĂ©s langagiĂšres en langue Ă©trangĂšre. La connaissance
des valeurs et des croyances partagĂ©es de certains groupes sociaux dans d’autres rĂ©gions ou d’autres pays telles que les
croyances religieuses, les tabous, une histoire commune, etc., sont essentielles Ă  la communication interculturelle. Les
multiples domaines du savoir varient d’un individu Ă  l’autre. Ils peuvent ĂȘtre propres Ă  une culture donnĂ©e ; ils renvoient
néanmoins à des constantes universelles.
Si l’on admet que toute connaissance nouvelle ne vient pas seulement s’adjoindre Ă  des connaissances prĂ©existantes mais,
d’une part, dĂ©pend pour son intĂ©gration de la nature, de la richesse et de la structuration de ces derniĂšres et, d’autre part, contri-
bue comme en retour Ă  les modifier et Ă  les restructurer, ne serait-ce que localement, alors il va de soi que les savoirs dont dis-
pose l’individu intĂ©ressent directement l’apprentissage d’une langue. Dans de nombreux cas, les mĂ©thodes d’enseignement et
d’apprentissage prĂ©supposent que cette connaissance du monde existe. Toutefois, dans certains contextes (expĂ©riences d’im-
mersion, scolarisation ou poursuite d’études universitaires en langue autre que maternelle), il y a enrichissement simultanĂ© et
articulé de connaissances linguistiques et de connaissances autres. Les relations entre savoirs et compétence à communiquer
demandent qu’on les considùre attentivement.
‱ Les habiletĂ©s et savoir-faire (voir 5.1.2), qu’il s’agisse de conduire une voiture, jouer du violon ou prĂ©sider une rĂ©union,
relĂšvent de la maĂźtrise procĂ©durale plus que de la connaissance dĂ©clarative, mais cette maĂźtrise a pu nĂ©cessiter, dans l’ap-
prentissage prĂ©alable, la mise en place de savoirs ensuite « oubliables » et s’accompagne de formes de savoir-ĂȘtre, tels que
dĂ©tente ou tension dans l’exĂ©cution.
Ainsi, pour s’en tenir au cas de la conduite automobile ce qui est devenu, par l’accoutumance et l’expĂ©rience, un enchaĂź-
nement quasi automatique de procĂ©dures (dĂ©brayer, passer les vitesses, etc.) a demandĂ© Ă  l’origine, une dĂ©composition
explicite d’opĂ©rations conscientes et verbalisables (Vous relĂąchez doucement la pĂ©dale d’embrayage, vous passez en troi-
siÚme
) et la mise en place initiale de savoirs (il y a trois pédales dans une voiture non automatique, qui se situent les
unes par rapport aux autres de telle maniùre, etc.) auxquels il n’est plus besoin de faire appel consciemment en tant que
tels lorsque l’on « sait conduire ». Pendant l’apprentissage de la conduite, une attention forte a gĂ©nĂ©ralement Ă©tĂ© requise,
une conscience de soi et de son corps d’autant plus vive que l’image de soi (risque d’échec, de ratĂ©, de manifestation d’in-
compétence) se trouve particuliÚrement exposée. Une fois la maßtrise atteinte, on attendra du conducteur ou de la conduc-
trice une maniĂšre d’ĂȘtre marquant l’aisance et la confiance en soi, sauf Ă  inquiĂ©ter les passagers ou les autres
17
automobilistes. Il est clair que l’analogie avec certaines dimensions de l’apprentissage d’une langue pourrait ici ĂȘtre faci-
lement Ă©tablie (par exemple, la prononciation ou certaines parties de la grammaire telle que la conjugaison des verbes).
‱ Les savoir-ĂȘtre (voir 5.1.3), sont Ă  considĂ©rer comme des dispositions individuelles, des traits de personnalitĂ©, des dispo-
sitifs d’attitudes, qui touchent, par exemple, Ă  l’image de soi et des autres, au caractĂšre introverti ou extraverti manifestĂ©
dans l’interaction sociale. On ne pose pas ces savoir-ĂȘtre comme des attributs permanents d’une personne et ils sont sujets
Ă  des variations. Y sont inclus les facteurs provenant de diffĂ©rentes sortes d’acculturation et ils peuvent se modifier.
Il est Ă  noter que ces traits de personnalitĂ©, ces maniĂšres d’ĂȘtre, ces dispositions, se trouvent souvent pris en compte dans les
considĂ©rations relatives Ă  l’apprentissage et Ă  l’enseignement des langues. C’est en cela aussi que, mĂȘme si ils constituent un
ensemble difficile Ă  cerner et Ă  dĂ©signer, ils doivent trouver leur place dans un Cadre de rĂ©fĂ©rence. D’autant plus si on les catĂ©-
gorise comme relevant des compĂ©tences gĂ©nĂ©rales individuelles et donc comme, d’une part, constitutifs aussi des capacitĂ©s de
l’acteur social et comme, d’autre part, acquĂ©rables ou modifiables dans l’usage et l’apprentissage mĂȘmes (par exemple, d’une
ou de plusieurs langues), la formation Ă  ces maniĂšres d’ĂȘtre peut devenir un objectif. Comme le constat en est frĂ©quent, les
savoir-ĂȘtre se trouvent culturellement inscrits et constituent dĂšs lors des lieux sensibles pour les perceptions et les relations entre
cultures : telle maniĂšre d’ĂȘtre que tel membre d’une culture donnĂ©e adopte comme propre Ă  exprimer chaleur cordiale et intĂ©rĂȘt
pour l’autre peut ĂȘtre reçue par tel membre d’une autre culture comme marque d’agressivitĂ© ou de vulgaritĂ©.
‱ Les savoir-apprendre (voir 5.1.4) mobilisent tout Ă  la fois des savoir-ĂȘtre, des savoirs et des savoir-faire et s’appuient sur
des compĂ©tences de diffĂ©rents types. En la circonstance, « savoir-apprendre » peut aussi ĂȘtre paraphrasĂ© comme
« savoir/ĂȘtre disposĂ© Ă  dĂ©couvrir l’autre », que cet autre soit une autre langue, une autre culture, d’autres personnes ou des
connaissances nouvelles.
Si la notion de « savoir apprendre » est valable dans tous les domaines, elle trouve un Ă©cho particulier Ă  propos de l’ap-
prentissage des langues. Selon les apprenants, savoir apprendre renvoie à des combinaisons différentes à différents degrés de
certains aspects du savoir-ĂȘtre, du savoir-faire et du savoir. Savoir apprendre se combine Ă 
– savoir-ĂȘtre : par exemple une disposition Ă  prendre des initiatives, voire des risques dans la communication en face Ă  face,
de maniĂšre Ă  se donner des occasions de prise de parole, Ă  provoquer une aide Ă©ventuelle de l’interlocuteur, Ă  demander
Ă  ce dernier des reformulations facilitantes, etc. ; par exemple aussi des qualitĂ©s d’écoute, d’attention Ă  ce que dit l’autre,
de conscience Ă©veillĂ©e aux possibilitĂ©s de malentendu culturel dans la relation avec l’autre
– savoir : par exemple savoir quels types de relations morpho-syntaxiques correspondent Ă  des variations de dĂ©clinaisons
pour telle langue Ă  cas ; autre exemple : savoir que les pratiques alimentaires et amoureuses peuvent comporter des tabous
ou des rituels particuliers variables suivant les cultures ou marqués par la religion
– savoir-faire : par exemple, se repĂ©rer rapidement dans un dictionnaire ou dans un centre documentaire ; savoir manipuler
des supports audiovisuels ou informatiques offrant des ressources pour l’apprentissage.
Suivant les apprenants, les savoir-apprendre peuvent présenter des compositions et des pondérations variables entre savoir-
ĂȘtre, savoirs et savoir-faire ainsi que la capacitĂ© Ă  gĂ©rer l’inconnu.
Savoir apprendre peut présenter des pondérations en fonction de
– variations suivant les objets : selon qu’il a affaire à de nouvelles personnes, à un secteur de connaissance vierge pour lui,
Ă  une culture trĂšs peu familiĂšre, Ă  une langue Ă©trangĂšre
– variations suivant les projets : face Ă  un mĂȘme objet (par exemple, les rapports parents/enfants dans une communautĂ© don-
nĂ©e), les procĂ©dures de dĂ©couverte, de recherche de sens ne seront sans doute pas les mĂȘmes pour un ethnologue, un tou-
riste, un missionnaire, un journaliste, un éducateur, un médecin, intervenant chacun dans leur perspective propre
– variations suivant les moments et l’expĂ©rience antĂ©rieure : les savoir-apprendre mis en Ɠuvre pour une cinquiĂšme langue
Ă©trangĂšre ont quelque chance d’ĂȘtre diffĂ©rents de ceux qui avaient Ă©tĂ© mis en Ɠuvre pour une premiĂšre langue Ă©trangĂšre.
Il faudra examiner ces variations au mĂȘme titre que des concepts tels que « style d’apprentissage » ou « profil de l’appre-
nant » pour autant que ces derniers ne soient pas considérés comme immuablement fixés une fois pour toutes.
Dans une visĂ©e d’apprentissage, les stratĂ©gies que l’individu sĂ©lectionne pour accomplir une tĂąche donnĂ©e peuvent jouer de
la diversitĂ© des savoir-apprendre qu’il a Ă  sa disposition. Mais c’est aussi au travers de la diversitĂ© des expĂ©riences d’apprentis-
sage, dĂšs lors que celles-ci ne sont ni cloisonnĂ©es entre elles ni strictement rĂ©pĂ©titives, qu’il enrichit ses capacitĂ©s Ă  apprendre.
2.1.2 Compétence à communiquer langagiÚrement
La compĂ©tence Ă  communiquer langagiĂšrement peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme prĂ©sentant plusieurs composantes : une com-
posante linguistique, une composante sociolinguistique, une composante pragmatique. Chacune de ces composantes est
posĂ©e comme constituĂ©e notamment de savoirs, d’habiletĂ©s et de savoir-faire.
‱ La compĂ©tence linguistique est celle qui a trait aux savoirs et savoir-faire relatifs au lexique, Ă  la phonĂ©tique, Ă  la syn-
taxe et aux autres dimensions du systĂšme d’une langue, pris en tant que tel, indĂ©pendamment de la valeur sociolinguis-
tique de ses variations et des fonctions pragmatiques de ses rĂ©alisations. Cette composante, considĂ©rĂ©e sous l’angle ici
retenu de la compĂ©tence Ă  communiquer langagiĂšrement d’un acteur donnĂ©, a Ă  voir non seulement avec l’étendue et la
qualitĂ© des connaissances (par exemple en termes de distinctions phonĂ©tiques Ă©tablies ou d’étendue et de prĂ©cision du
lexique), mais aussi avec l’organisation cognitive et le mode de stockage mĂ©moriel de ces connaissances (par exemple les
réseaux associatifs de divers ordres dans lesquels un élément lexical peut se trouver inclus pour ce locuteur) et avec leur
accessibilitĂ© (activation, rappel et disponibilitĂ©). Les connaissances peuvent ĂȘtre conscientes et explicitables ou non (par
exemple, lĂ  encore, quant Ă  la maĂźtrise d’un systĂšme phonĂ©tique). Leur organisation et leur accessibilitĂ© varient d’un
CHAPITRE 2 : APPROCHE RETENUE
individu Ă  l’autre et, pour un mĂȘme individu, connaissent aussi des variations internes (par exemple, pour un individu plu-
rilingue, selon les variĂ©tĂ©s entrant dans sa compĂ©tence plurilingue). On considĂ©rera aussi que l’organisation cognitive du
lexique, le stockage de locutions, etc. dépendent, entre autres facteurs, des caractéristiques culturelles de la (ou des) com-
munautĂ©(s) oĂč se sont opĂ©rĂ©s la socialisation de l’acteur et ses divers apprentissages.
‱ La compĂ©tence sociolinguistique renvoie aux paramĂštres socioculturels de l’utilisation de la langue. Sensible aux normes
sociales (rĂšgles d’adresse et de politesse, rĂ©gulation des rapports entre gĂ©nĂ©rations, sexes, statuts, groupes sociaux, codifi-
cation par le langage de nombre de rituels fondamentaux dans le fonctionnement d’une communautĂ©), la composante
sociolinguistique affecte fortement toute communication langagiĂšre entre reprĂ©sentants de cultures diffĂ©rentes, mĂȘme si
c’est souvent Ă  l’insu des participants eux-mĂȘmes.
‱ La compĂ©tence pragmatique recouvre l’utilisation fonctionnelle des ressources de la langue (rĂ©alisation de fonctions
langagiĂšres, d’actes de parole) en s’appuyant sur des scĂ©narios ou des scripts d’échanges interactionnels. Elle renvoie Ă©ga-
lement à la maßtrise du discours, à sa cohésion et à sa cohérence, au repérage des types et genres textuels, des effets
d’ironie, de parodie. Plus encore pour cette composante que pour la composante linguistique, il n’est guùre besoin d’in-
sister sur les incidences fortes des interactions et des environnements culturels dans lesquels s’inscrit la construction de
telles capacités.
Toutes les catĂ©gories utilisĂ©es ici ont pour but de caractĂ©riser les domaines et les types de compĂ©tences qu’un acteur social
a intégrés, à savoir les représentations, les mécanismes et les capacités dont on peut considérer que la réalité cognitive rend
compte de comportements et de rĂ©alisations observables. SimultanĂ©ment, tout processus d’apprentissage facilitera le dĂ©velop-
pement ou la transformation de ces représentations internes, de ces mécanismes et de ces capacités.
On étudiera plus en détail chacune de ces composantes dans le Chapitre 5.
2.1.3 Activités langagiÚres
La compĂ©tence Ă  communiquer langagiĂšrement du sujet apprenant et communiquant est mise en Ɠuvre dans la rĂ©alisation
d’activitĂ©s langagiĂšres variĂ©es pouvant relever de la rĂ©ception, de la production, de l’interaction, de la mĂ©diation (notamment
les activitĂ©s de traduction et d’interprĂ©tation), chacun de ces modes d’activitĂ©s Ă©tant susceptible de s’accomplir soit Ă  l’oral, soit
Ă  l’écrit, soit Ă  l’oral et Ă  l’écrit.
‱ Pour autant, les activitĂ©s langagiĂšres de rĂ©ception (orale et/ou Ă©crite) ou de production (orale et/ou Ă©crite) sont Ă©videm-
ment premiĂšres car indispensables dans le jeu mĂȘme de l’interaction. Toutefois, dans ce Cadre de rĂ©fĂ©rence, l’usage de ces
termes pour des activitĂ©s langagiĂšres se limitera au rĂŽle qu’elles jouent lorsqu’elles sont isolĂ©es. Les activitĂ©s de rĂ©ception
supposent le silence et l’attention au support. Elles tiennent Ă©galement une grande place dans bien des formes d’appren-
tissage (comprendre le contenu d’un cours, consulter des manuels, des ouvrages de rĂ©fĂ©rence et des documents). Les acti-
vités de production ont une fonction importante dans nombre de secteurs académiques et professionnels (présentations et
exposĂ©s oraux, Ă©tudes et rapports Ă©crits) et dans l’évaluation sociale Ă  laquelle elles donnent particuliĂšrement lieu (juge-
ments portĂ©s sur les prestations Ă©crites ou sur la fluiditĂ©, l’aisance des prises de parole et de l’exposition orale).
‱ Dans l’interaction, au moins deux acteurs participent Ă  un Ă©change oral et/ou Ă©crit et alternent les moments de production
et de rĂ©ception qui peuvent mĂȘme se chevaucher dans les Ă©changes oraux. Non seulement deux interlocuteurs sont en
mesure de se parler mais ils peuvent simultanĂ©ment s’écouter. MĂȘme lorsque les tours de parole sont strictement respec-
tĂ©s, l’auditeur est gĂ©nĂ©ralement en train d’anticiper sur la suite du message et de prĂ©parer une rĂ©ponse. Ainsi, apprendre Ă 
interagir suppose plus que d’apprendre Ă  recevoir et Ă  produire des Ă©noncĂ©s. On accorde gĂ©nĂ©ralement une grande impor-
tance Ă  l’interaction dans l’usage et l’apprentissage de la langue Ă©tant donnĂ© le rĂŽle central qu’elle joue dans la communi-
cation.
‱ Participant Ă  la fois de la rĂ©ception et de la production, les activitĂ©s Ă©crites et/ou orales de mĂ©diation, permettent, par la
traduction ou l’interprĂ©tariat, le rĂ©sumĂ© ou le compte rendu, de produire Ă  l’intention d’un tiers une (re)formulation acces-
sible d’un texte premier auquel ce tiers n’a pas d’abord accĂšs direct. Les activitĂ©s langagiĂšres de mĂ©diation, (re)traitant un
texte déjà là, tiennent une place considérable dans le fonctionnement langagier ordinaire de nos sociétés.
2.1.4 Domaines
Ces activitĂ©s langagiĂšres s’inscrivent Ă  l’intĂ©rieur de domaines eux-mĂȘmes trĂšs divers mais oĂč, en relation Ă  l’apprentissage
des langues, il est pertinent de séparer quatre secteurs majeurs : le domaine public, le domaine professionnel, le domaine édu-
cationnel et le domaine personnel.
‱ Sous domaine public, on situe tout ce qui relĂšve des Ă©changes sociaux ordinaires (relations commerçantes et civiles ; ser-
vices publics, activités culturelles, de loisir dans des lieux publics, relations aux médias, etc.). Complémentairement, le
domaine personnel sera caractérisé aussi bien par les relations familiales que par les pratiques sociales individuelles.
‱ Le domaine professionnel recouvre tout ce qui concerne les interventions et relations des acteurs dans l’exercice de leur
activitĂ© professionnelle. Le domaine Ă©ducationnel est celui oĂč l’acteur se trouve dans un contexte (le plus souvent insti-
tutionnalisé) de formation et est censé y acquérir des connaissances ou des habiletés définies.
UN CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE POUR LES LANGUES – APPRENDRE, ENSEIGNER, ÉVALUER
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2.1.5 Tùches, stratégies et textes
Communication et apprentissage passent par la rĂ©alisation de tĂąches qui ne sont pas uniquement langagiĂšres mĂȘme si elles
impliquent des activitĂ©s langagiĂšres et sollicitent la compĂ©tence Ă  communiquer du sujet. Dans la mesure oĂč ces tĂąches ne sont
ni routiniĂšres ni automatisĂ©es, elles requiĂšrent le recours Ă  des stratĂ©gies de la part de l’acteur qui communique et apprend. Dans
la mesure oĂč leur accomplissement passe par des activitĂ©s langagiĂšres, elles comportent le traitement (par la rĂ©ception, la pro-
duction, l’interaction, la mĂ©diation) de textes oraux ou Ă©crits.
Le modĂšle d’ensemble ainsi esquissĂ© est de type rĂ©solument actionnel. Il se trouve centrĂ© sur la relation entre, d’un cĂŽtĂ©,
les stratĂ©gies de l’acteur elles-mĂȘmes liĂ©es Ă  ses compĂ©tences et Ă  la perception/reprĂ©sentation qu’il a de la situation oĂč il agit
et, d’un autre cĂŽtĂ©, la ou les tĂąche(s) Ă  rĂ©aliser dans un environnement et des conditions donnĂ©s.
Ainsi, quelqu’un qui doit dĂ©placer une armoire (tĂąche) peut essayer de la pousser, la dĂ©monter pour la transporter plus faci-
lement et la remonter, faire appel Ă  une main-d’Ɠuvre extĂ©rieure, renoncer et se convaincre que ça peut attendre demain, etc.
(autant de stratĂ©gies). Suivant la stratĂ©gie retenue, l’exĂ©cution (ou l’évitement, le report, la redĂ©finition) de la tĂąche, passera ou
non par une activité langagiÚre et un traitement de texte (lire une notice de démontage, passer un coup de téléphone, etc.). De
mĂȘme un Ă©lĂšve qui doit traduire un texte de langue Ă©trangĂšre (tĂąche) peut rechercher s’il existe dĂ©jĂ  une traduction, demander Ă 
un autre Ă©lĂšve de lui montrer ce qu’il a fait, recourir Ă  un dictionnaire, reconstruire vaille que vaille un sens Ă  partir de quelques
mots ou agencements syntaxiques qu’il connaĂźt, imaginer une bonne excuse pour ne pas rendre ce devoir, etc. (stratĂ©gies mul-
tiples).
Pour tous les cas ici envisagés, il y aura nécessairement, cette fois, activité langagiÚre et traitement de texte (traduction/
mĂ©diation, nĂ©gociation verbale avec un camarade, lettre ou paroles d’excuse au professeur, etc.).
La relation entre stratĂ©gies, tĂąche et texte est fonction de la nature de la tĂąche. Celle-ci peut ĂȘtre essentiellement langa-
giĂšre, c’est-Ă -dire que les actions qu’elle requiert sont avant tout des activitĂ©s langagiĂšres et que les stratĂ©gies mises en Ɠuvre
portent d’abord sur ces activitĂ©s langagiĂšres (par exemple : lire un texte et en faire un commentaire, complĂ©ter un exercice Ă 
trous, donner une confĂ©rence, prendre des notes pendant un exposĂ©). Elle peut comporter une composante langagiĂšre, c’est-Ă -
dire que les actions qu’elle requiert ne sont que pour partie des activitĂ©s langagiĂšres et que les stratĂ©gies mises en Ɠuvre portent
aussi ou avant tout sur autre chose que ces activitĂ©s (par exemple : confectionner un plat Ă  partir de la consultation d’une fiche-
recette).
La tĂąche peut s’effectuer aussi bien sans recours Ă  une activitĂ© langagiĂšre ; dans ce cas, les actions qu’elle requiert ne relĂš-
vent en rien de la langue et les stratĂ©gies mobilisĂ©es portent sur d’autres ordres d’actions.
Par exemple, le montage d’une tente de camping par plusieurs personnes compĂ©tentes peut se faire en silence. Il s’accom-
pagnera Ă©ventuellement de quelques Ă©changes oraux liĂ©s Ă  la procĂ©dure technique, se doublera, le cas Ă©chĂ©ant, d’une conversa-
tion n’ayant rien Ă  voir avec la tĂąche en cours, voire d’airs fredonnĂ©s par tel ou tel. L’usage de la langue s’avĂšre nĂ©cessaire
lorsqu’un membre du groupe ne sait plus ce qu’il doit faire ou si, pour une raison quelconque, la procĂ©dure habituelle ne marche
pas.
Dans la perspective retenue, stratĂ©gies de communication et stratĂ©gies d’apprentissage ne sont donc que des stratĂ©gies parmi
d’autres, tout comme tĂąches communicationnelles et tĂąches d’apprentissage ne sont que des tĂąches parmi d’autres. De mĂȘme,
textes « authentiques » ou textes fabriqués à des fins pédagogiques, textes de manuels ou textes produits par les apprenants ne
sont que des textes parmi d’autres.
Les chapitres suivants proposent une présentation détaillée de chaque dimension et des sous-catégories, accompagnée
d’exemples et de barùmes s’il y a lieu.
– Le Chapitre 4 traite de la dimension de l’utilisation de la langue – ce qu’on exige qu’un apprenant ou un utilisateur sache
faire.
– Le Chapitre 5 traite des compĂ©tences qui permettent Ă  un usager de la langue d’agir.
2.2 NIVEAUX COMMUNS DE RÉFÉRENCE D’UNE COMPÉTENCE LANGAGIÈRE
Outre la description commentée ci-dessus, le Chapitre 3 fournit une « dimension verticale » et présente une série ascendante
de niveaux de rĂ©fĂ©rence communs pour dĂ©crire la compĂ©tence de l’apprenant. Les catĂ©gories descriptives qu’introduisent les
Chapitres 4 et 5 tracent les grandes lignes d’une « dimension horizontale » constituĂ©e de paramĂštres d’activitĂ© communicative
et de compétence langagiÚre communicative. Il est courant de présenter une série de niveaux dans une série de paramÚtres sous
forme d’une grille avec une entrĂ©e horizontale et une entrĂ©e verticale. Il s’agit lĂ , bien sĂ»r, d’une simplification considĂ©rable
puisqu’il suffirait, par exemple, d’ajouter le domaine pour donner une troisiùme dimension et transformer cette grille en cube
notionnel. ReprĂ©senter le degrĂ© de multidimensionnalitĂ© en cause sur un diagramme constituerait un vĂ©ritable dĂ©fi, peut-ĂȘtre une
impossibilité.
L’addition d’une dimension verticale au Cadre de rĂ©fĂ©rence permet nĂ©anmoins de dessiner ou d’ébaucher l’espace d’ap-
prentissage de façon simplifiée certes, mais utile pour un certain nombre de raisons.
– L’effort de dĂ©finition de la compĂ©tence de l’apprenant en regard des catĂ©gories utilisĂ©es dans le Cadre de rĂ©fĂ©rence peut
aider Ă  rendre plus concret ce qu’il est appropriĂ© d’attendre Ă  diffĂ©rents niveaux de rĂ©alisation en fonction de ces catĂ©go-
ries. En retour, cela peut faciliter la rĂ©daction d’énoncĂ©s clairs et rĂ©alistes d’objectifs gĂ©nĂ©raux d’apprentissage.
CHAPITRE 2 : APPROCHE RETENUE
– L’apprentissage Ă  moyen ou long terme doit s’organiser en unitĂ©s qui tiennent compte de la progression et assurent un
suivi. Les programmes et les supports doivent se situer les uns par rapport aux autres. Un cadre de référence de niveaux
peut faciliter cette opération.
– Les efforts d’apprentissage relatifs Ă  ces objectifs et Ă  ces unitĂ©s doivent aussi se placer sur cette ligne verticale de pro-
grĂšs, c’est-Ă -dire ĂȘtre Ă©valuĂ©s en fonction de la compĂ©tence acquise. L’existence d’énoncĂ©s de compĂ©tences ou de savoir-
faire peut faciliter cette opération.
– Une Ă©valuation de ce type doit tenir compte des apprentissages alĂ©atoires, hors systĂšme scolaire, tels que les enrichisse-
ments marginaux Ă©voquĂ©s prĂ©cĂ©demment. L’existence d’un ensemble d’énoncĂ©s de compĂ©tences qui dĂ©passent les limites
d’un programme donnĂ© peut faciliter cette opĂ©ration.
– L’apport d’une batterie d’énoncĂ©s de compĂ©tences facilitera la comparaison des objectifs, des niveaux, du matĂ©riel, des
tests et des réalisations dans des situations et des systÚmes différents.
– Un cadre de rĂ©fĂ©rence qui prend en compte Ă  la fois la dimension horizontale et la dimension verticale facilite la dĂ©fini-
tion d’objectifs partiels et la reconnaissance de compĂ©tences partielles et de profils non Ă©quilibrĂ©s en termes d’aptitudes.
– Un cadre de niveaux et de catĂ©gories qui facilite l’établissement du profil d’objectifs peut ĂȘtre un outil pour l’inspecteur.
Un cadre de référence de ce type peut aider à évaluer si les apprenants travaillent au niveau convenable dans différents
domaines et si leur performance dans ces domaines se situe dans une norme correspondant à leur niveau d’apprentissage,
à leurs buts immédiats et, à plus long terme, aux résultats plus larges escomptés en termes de compétence langagiÚre réelle
et de développement personnel.
– Enfin, durant leur carriĂšre d’apprenants de langues, les Ă©tudiants seront amenĂ©s Ă  frĂ©quenter un certain nombre d’institu-
tions Ă©ducatives et d’organismes offrant des cours de langue ; l’existence d’une Ă©chelle de niveaux peut faciliter la colla-
boration de ces secteurs entre eux. Avec une mobilité personnelle accrue, il est de plus en plus courant que des apprenants
passent d’un systĂšme Ă©ducatif Ă  un autre Ă  la fin, voire au milieu, d’un cycle. Ce phĂ©nomĂšne rend encore plus importante
l’existence d’une Ă©chelle commune qui rende compte de leurs acquisitions.
En examinant la dimension verticale du Cadre de rĂ©fĂ©rence, il ne faut pas oublier que le processus d’apprentissage d’une
langue est continu et individuel. Il n’y a pas deux usagers d’une langue, qu’ils soient locuteurs natifs ou apprenants Ă©trangers,
qui aient exactement les mĂȘmes compĂ©tences ou qui les dĂ©veloppent de la mĂȘme façon. Toute tentative pour dĂ©finir des
« niveaux » de compétence est arbitraire, dans une large mesure, comme elle le serait dans tout autre domaine de savoir ou de
savoir-faire. Toutefois, il est utile, pour des raisons pratiques, de mettre en place une Ă©chelle de niveaux afin de segmenter le
processus d’apprentissage en vue de l’élaboration de programmes, de rĂ©daction d’examens, etc. Leur nombre et le niveau qu’ils
atteignent dĂ©pendront largement de l’organisation particuliĂšre de tel ou tel systĂšme Ă©ducatif et de l’objectif qui a prĂ©sidĂ© Ă  leur
Ă©laboration. On peut dĂ©finir les dĂ©marches et les critĂšres pour l’étalonnage et la formulation des descripteurs comme pour carac-
tĂ©riser les niveaux successifs de compĂ©tence. Les questions soulevĂ©es et les options possibles sont approfondies dans l’Annexe
A. On recommande vivement aux utilisateurs de ce Cadre de rĂ©fĂ©rence de consulter cette partie et la bibliographie qui l’ac-
compagne avant de prendre leurs propres dĂ©cisions quant Ă  l’étalonnage.
Il faut Ă©galement se souvenir que les niveaux ne reflĂštent qu’une dimension verticale. Ils ne tiennent que trĂšs peu compte du
fait que l’apprentissage d’une langue se joue sur un progrùs horizontal autant que vertical, au fur et à mesure que les apprenants
deviennent performants dans une gamme plus large d’activitĂ©s. Le progrĂšs ne consiste pas seulement Ă  gravir une Ă©chelle ver-
ticale. Il n’y a pas d’obligation logique particuliĂšre, pour un apprenant, de passer par tous les niveaux Ă©lĂ©mentaires d’une Ă©chelle.
Il peut prendre une entrĂ©e horizontale (en passant par une catĂ©gorie voisine) en Ă©largissant ses aptitudes plutĂŽt qu’en les accrois-
sant dans une mĂȘme catĂ©gorie. RĂ©ciproquement, l’expression « approfondir ses connaissances » reconnaĂźt que l’on peut, Ă  un
moment donnĂ©, ressentir le besoin de consolider ses gains pragmatiques par un « retour aux sources » (en l’occurrence, les
niveaux Ă©lĂ©mentaires) dans un domaine dans lequel on s’est dĂ©placĂ© latĂ©ralement.
Enfin, il faut ĂȘtre prudent dans l’interprĂ©tation d’un ensemble de niveaux et d’échelles de la compĂ©tence langagiĂšre et ne
pas les considĂ©rer comme un instrument de mesure semblable Ă  un mĂštre. Il n’existe pas d’échelle ni d’ensemble de niveaux qui
puisse se prĂ©valoir d’ĂȘtre ainsi linĂ©aire. Selon les termes des sĂ©ries de spĂ©cifications du contenu du Conseil de l’Europe, mĂȘme
si le Waystage (Niveau intermédiaire ou de survie) se situe à mi-parcours du Niveau seuil (Threshold) sur une échelle de niveaux,
et le Niveau seuil (Threshold) Ă  mi-parcours du Vantage (Niveau avancĂ© ou indĂ©pendant), l’expĂ©rience que l’on a des Ă©chelles
existantes tend Ă  prouver que les apprenants prendront plus de deux fois le temps nĂ©cessaire pour atteindre le Niveau seuil qu’ils
ne l’avaient fait pour atteindre le Waystage, et probablement aussi plus de deux fois le temps qu’il leur a fallu pour le Niveau
seuil avant d’atteindre le Vantage – et ce mĂȘme si ces niveaux paraissent Ă©quidistants sur l’échelle. La cause en est l’indispen-
sable élargissement de la gamme des activités, des aptitudes et des discours. Cet état de fait se reflÚte dans la présentation fré-
quente d’une Ă©chelle de niveaux sous la forme d’un diagramme qui ressemble Ă  un cornet de glace, un cĂŽne en trois dimensions
qui s’élargit vers le haut. Il faut user d’une extrĂȘme prudence lorsqu’on utilise une Ă©chelle de niveaux, quelle qu’elle soit, pour
calculer le temps moyen de « face à face » nécessaire pour atteindre des objectifs donnés.
2.3 APPRENTISSAGE ET ENSEIGNEMENT DE LA LANGUE
2.3.1 De tels exposĂ©s des objectifs d’apprentissage ne rĂ©vĂšlent rien des opĂ©rations par lesquelles les apprenants deviennent
capables d’agir comme il se doit, ou de celles par lesquelles ils construisent ou dĂ©veloppent les compĂ©tences qui rendent les
actes langagiers possibles. Ils ne disent rien non plus des moyens utilisĂ©s par les enseignants pour faciliter le processus d’ac-
quisition et d’apprentissage de la langue. Cependant, puisque l’une des fonctions principales du Cadre de rĂ©fĂ©rence est d’en-
courager tous les diffĂ©rents partenaires de l’enseignement et de l’apprentissage des langues et de leur donner les moyens
UN CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE POUR LES LANGUES – APPRENDRE, ENSEIGNER, ÉVALUER
20
21
d’informer les autres de maniùre aussi transparente que possible, non seulement de leurs buts et de leurs objectifs mais aussi des
mĂ©thodes qu’ils utilisent et des rĂ©sultats rĂ©ellement obtenus, il apparaĂźt clairement que le Cadre de rĂ©fĂ©rence ne peut se limiter
au savoir, aux aptitudes et aux attitudes que les apprenants doivent acquérir afin de fonctionner en utilisateurs compétents de la
langue, mais qu’il doit aussi traiter du processus d’acquisition et d’apprentissage de la langue ainsi que des mĂ©thodes d’en-
seignement. Ces questions seront traitées au Chapitre 6.
2.3.2 Il faut toutefois clarifier une fois encore le rĂŽle du Cadre de rĂ©fĂ©rence eu Ă©gard Ă  l’acquisition, l’apprentissage et l’en-
seignement des langues. En accord avec les principes fondamentaux d’une dĂ©mocratie plurielle, le Cadre de rĂ©fĂ©rence se veut
aussi exhaustif que possible, ouvert, dynamique et non dogmatique. C’est pour cela qu’il ne peut prendre position d’un cĂŽtĂ© ou
de l’autre dans les dĂ©bats thĂ©oriques actuels sur la nature de l’acquisition des langues et sa relation Ă  l’apprentissage ; pas plus
qu’il ne saurait prĂ©coniser une approche particuliĂšre de l’enseignement. Il a pour fonction d’encourager tous ceux qui s’inscri-
vent comme partenaires dans le processus d’enseignement/apprentissage Ă  Ă©noncer de maniĂšre aussi explicite et claire que pos-
sible leurs propres bases théoriques et leurs démarches pratiques. Afin de jouer ce rÎle, il dresse un inventaire de paramÚtres,
de catĂ©gories, de critĂšres et d’échelles dans lesquels les utilisateurs peuvent puiser ; cet inventaire peut aussi Ă©ventuellement
les stimuler Ă  prendre en considĂ©ration un choix d’options plus large ou Ă  mettre en question les hypothĂšses traditionnelles sur
lesquelles ils fonctionnent et qu’ils n’avaient pas examinĂ©es auparavant. Cela ne signifie en aucune façon que ces hypothĂšses
soient fausses mais seulement que tous ceux qui sont responsables de planification ont Ă  gagner d’un rĂ©examen de la thĂ©orie et
de la pratique dans lequel ils prendront en compte les dĂ©cisions que d’autres partenaires ont prises de leur cĂŽtĂ© et, notamment,
dans d’autres pays d’Europe.
Un Cadre de référence ouvert et « neutre » ne suppose pas, bien évidemment, une absence de politique. En proposant ce
Cadre de rĂ©fĂ©rence, le Conseil de l’Europe ne s’éloigne en aucune façon des principes Ă©noncĂ©s plus haut dans le Chapitre 1 ou
dans les Recommandations R (82) 18 et R (98) 6 que le Comité des Ministres a adressées aux gouvernements membres.
2.3.3 Les Chapitres 4 et 5 traitent essentiellement des actes de parole et des compĂ©tences exigĂ©s d’un apprenant/utilisateur
par rapport à une langue donnée afin de communiquer avec les autres usagers de cette langue.
L’essentiel du Chapitre 6 porte sur la façon de dĂ©velopper les capacitĂ©s nĂ©cessaires et comment faciliter ce dĂ©veloppement.
Le Chapitre 7 s’intĂ©resse plus particuliĂšrement au rĂŽle des tĂąches dans l’utilisation et l’apprentissage de la langue. Toutefois,
il reste Ă  explorer toutes les rĂ©percussions de l’adoption d’une approche plurilingue et pluriculturelle.
En consĂ©quence, le Chapitre 8 Ă©tudie plus en dĂ©tail d’abord la nature et le dĂ©veloppement d’une compĂ©tence plurilingue et,
ensuite, ses consĂ©quences sur la diversification des politiques Ă©ducatives et en matiĂšre d’enseignement des langues.
2.4 ÉVALUATION
Le titre complet du Cadre européen commun de référence pour les langues mentionne également : apprendre, enseigner, éva-
luer. Jusqu’ici, on a mis l’accent sur la nature de l’utilisation de la langue et sur celle de l’utilisateur ainsi que sur les rĂ©percus-
sions sur l’enseignement et l’apprentissage.
Le Chapitre 9 (et dernier) s’occupe plus particuliĂšrement des fonctions du Cadre de rĂ©fĂ©rence par rapport Ă  l’évaluation de
la compĂ©tence en langue. Ce chapitre signale trois directions possibles d’utilisation du Cadre de rĂ©fĂ©rence
1. pour la définition du contenu des tests et examens
2. pour l’exposĂ© des critĂšres de rĂ©alisation des objectifs d’apprentissage, par rapport Ă  la fois Ă  l’évaluation d’une perfor-
mance orale ou Ă©crite donnĂ©e et Ă  l’évaluation continue qu’elle soit auto-Ă©valuation, paritaire ou magistrale
3. pour la description des niveaux de compétence dans les tests et examens existants, permettant ainsi de comparer des sys-
tÚmes différents de qualifications.
Le chapitre expose ensuite en dĂ©tail les choix qui ont Ă©tĂ© faits par ceux qui dirigent les opĂ©rations d’évaluation. Ces choix
sont prĂ©sentĂ©s en opposition par deux. Dans chaque cas, les termes utilisĂ©s sont clairement dĂ©finis et l’on prĂ©sente les avantages
et les inconvĂ©nients relatifs par rapport au but de l’évaluation dans son contexte Ă©ducatif. Les consĂ©quences du choix de l’une
ou de l’autre option sont Ă©galement Ă©noncĂ©es.
Le chapitre se poursuit par l’étude de la faisabilitĂ© en Ă©valuation. L’approche retenue se fonde sur l’observation qu’un sys-
tĂšme pratique d’évaluation ne saurait ĂȘtre trop compliquĂ©. Il faut faire preuve de bon sens en ce qui concerne la quantitĂ© de
dĂ©tails Ă  y faire entrer, par exemple dans la publication d’un programme d’examen, par rapport aux dĂ©cisions extrĂȘmement
dĂ©taillĂ©es que l’on doit prendre en rĂ©digeant un sujet d’examen ou en rĂ©alisant une banque d’items. Les examinateurs, en parti-
culier Ă  l’oral, travaillent sous tension en temps limitĂ© et ne peuvent manipuler qu’un nombre restreint de critĂšres. Les appre-
nants qui souhaitent Ă©valuer leur propre capacitĂ© pour savoir, par exemple, ce qu’ils doivent faire ensuite, disposent de plus de
temps ; mais ils devront ĂȘtre sĂ©lectifs quant aux composantes de la compĂ©tence communicative gĂ©nĂ©rale significative pour eux.
Ceci est une illustration du principe plus gĂ©nĂ©ral selon lequel le Cadre de rĂ©fĂ©rence doit ĂȘtre aussi exhaustif que possible mais
que ses utilisateurs doivent ĂȘtre sĂ©lectifs. Leur mode de sĂ©lection peut se fonder sur l’usage d’un systĂšme de classification plus
simple qui, comme nous l’avons vu relativement aux « activitĂ©s communicatives », peut effectuer un regroupement de catĂ©go-
ries sĂ©parĂ©es dans le systĂšme gĂ©nĂ©ral. D’un autre cĂŽtĂ©, les buts de l’utilisateur peuvent le conduire Ă  dĂ©velopper certaines catĂ©-
gories dans des domaines qui les concernent plus particuliÚrement. Le chapitre commente les questions soulevées et illustre le
commentaire en prĂ©sentant des ensembles de critĂšres adoptĂ©s pour l’évaluation de la compĂ©tence par un certain nombre de
centres d’examens.
CHAPITRE 2 : APPROCHE RETENUE
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  • 1. Didier ‱ A P P R E N D R E ‱ E N S E I G N E R ‱ É V A L U E R Didier Cadre europĂ©en commun de rĂ©fĂ©rence pour les langues Conseil de la CoopĂ©ration culturelle ComitĂ© de l’éducation Division des langues vivantes Strasbourg CadreeuropĂ©encommunderĂ©fĂ©rencepourleslanguesDidier Le Cadre europĂ©en commun de rĂ©fĂ©rence pour les langues est le rĂ©sultat d’une recherche menĂ©e pendant plus de dix ans par des linguistes de renom dans les 41 États membres du Conseil de l’Europe. Les projets qui ont prĂ©cĂ©dĂ© ce rĂ©sultat final ont Ă©tĂ© soumis Ă  une large consultation et ont abouti Ă  cette contribution trĂšs importante pour la linguistique appliquĂ©e et la didactique des langues vivantes. Le « Cadre » constitue une approche totalement nouvelle et trĂšs dĂ©taillĂ©e de la description et de l’étalonnage de l’utilisation de la langue et des diffĂ©rents types de connaissances et de compĂ©tences que cette utilisation requiert. Le « Cadre » s’adresse Ă  tous les professionnels dans le domaine des langues vivantes ; il a pour but de stimuler la rĂ©flexion sur les objectifs et les mĂ©thodes, il facilite la communication et fournit une base commune pour la conception de pogrammes, d’examens, de diplĂŽmes et de certificats. Il favorise donc la mobilitĂ© Ă©ducative et professionnelle. Le « Cadre » est un outil d’une valeur inestimable pour les formateurs d’enseignants, les concepteurs de pro- grammes et d’examens ainsi que pour les auteurs de manuels et de matĂ©riel pĂ©dagogique. 47 2203 9
  • 2. CONSEIL DE LA COOPÉRATION CULTURELLE ComitĂ© de l’Éducation « Apprentissage des langues et citoyennetĂ© europĂ©enne » UN CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE POUR LES LANGUES : APPRENDRE, ENSEIGNER, ÉVALUER DIVISION DES LANGUES VIVANTES, STRASBOURG
  • 3. 2 SOMMAIRE Note prĂ©liminaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Avertissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Synopsis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Chapitre 1 Le Cadre europĂ©en commun de rĂ©fĂ©rence dans son contexte politique et Ă©ducatif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Chapitre 2 Approche retenue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 Chapitre 3 Les Niveaux communs de rĂ©fĂ©rence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Chapitre 4 L’utilisation de la langue et l’apprenant/utilisateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 Chapitre 5 Les compĂ©tences de l’apprenant/utilisateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81 Chapitre 6 Les opĂ©rations d’enseignement et d’apprentissage des langues . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103 Chapitre 7 Les tĂąches et leur rĂŽle dans l’enseignement et l’apprentissage des langues . . . . . . . 121 Chapitre 8 Diversification linguistique et curriculum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129 Chapitre 9 Évaluation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135 Annexe A Élaboration de descripteurs de compĂ©tences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148 Annexe B Échelles de dĂ©monstration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155 Annexe C Les Ă©chelles de DIALANG . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161 Annexe D Les spĂ©cifications de ALTE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173 Bibliographie gĂ©nĂ©rale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
  • 4. 3 NOTE PRÉLIMINAIRE Cette version restructurĂ©e d’un Cadre europĂ©en commun de rĂ©fĂ©rence pour l’apprentissage/enseignement des langues et l’évaluation reprĂ©sente le dernier stade d’un processus activement menĂ© depuis 1991 et qui doit beaucoup Ă  la collaboration de nombreux membres de la profession enseignante Ă  travers l’Europe et au-delĂ . Le Conseil de l’Europe tient Ă  reconnaĂźtre avec gratitude les contributions faites par – le Groupe de Projet Apprentissage des langues et citoyennetĂ© europĂ©enne reprĂ©sentant tous les États membres du Conseil de la coopĂ©ration culturelle, ainsi que le Canada en qualitĂ© d’observateur, pour avoir suivi son dĂ©veloppement avec atten- tion – le Groupe de travail mis en place par le Groupe de Projet, comprenant vingt ressortissants des États membres et reprĂ©- sentant les divers intĂ©rĂȘts professionnels concernĂ©s, ainsi que des reprĂ©sentants de la Commission europĂ©enne et de son programme LINGUA, pour leurs inestimables conseils et la supervision du projet – le Groupe d’auteurs mis en place par le Groupe de travail, et qui comprenait Monsieur le Professeur J.L.M. Trim (Directeur de Projet), le Professeur D. Coste (École Normale SupĂ©rieure de Fontenay/Saint-Cloud, CREDIF, France), M. B. North (Eurocentres, Suisse), ainsi que M. J. Sheils (SecrĂ©tariat). Le Conseil de l’Europe exprime ses remerciements aux institutions qui ont permis aux personnes concernĂ©es de contribuer Ă  cette importante entreprise – la Commission permanente des directeurs cantonaux de l’éducation et le Fonds national suisse de recherche scientifique pour son soutien au travail de M. B. North et du Professeur G. Schneider (UniversitĂ© de Fribourg) concernant l'Ă©labora- tion et l’étalonnage de descripteurs de compĂ©tences langagiĂšres pour les Niveaux communs de rĂ©fĂ©rence – la Fondation Eurocentres pour avoir fourni l’expertise nĂ©cessaire Ă  la dĂ©finition et Ă  l’étalonnage des niveaux de compĂ©- tences langagiĂšres – le US National Foreign Language Center, qui a accordĂ© Ă  MM. Trim et North des Bourses Mellon, ce qui a facilitĂ© leur participation Ă  ce projet – les nombreux collĂšgues et institutions Ă  travers l’Europe qui ont rĂ©pondu, souvent avec beaucoup de soins et des dĂ©tails concrets, Ă  la demande de commentaires et de rĂ©actions concernant les projets prĂ©cĂ©dents. Les rĂ©actions sur la mise en pratique du Cadre de rĂ©fĂ©rence ont Ă©tĂ© recueillies auprĂšs d’un Ă©chantillon reprĂ©sentatif d’utili- sateurs diffĂ©rents. D’autres, en outre, ont Ă©tĂ© invitĂ©s Ă  communiquer au Conseil de l’Europe les rĂ©sultats de leur utilisation du Cadre Ă  des fins spĂ©cifiques. Les informations reçues ont Ă©tĂ© prises en compte pour la rĂ©vision du Cadre et des Guides Ă  l’usage des utilisateurs avant leur adoption dans toute l’Europe. Cette rĂ©vision a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par MM. Trim et North.
  • 5. 4 AVERTISSEMENT Ces notes ont pour but de vous aider Ă  utiliser le plus efficacement possible le Cadre europĂ©en commun de rĂ©fĂ©rence pour les langues. Apprendre, enseigner, Ă©valuer, que vous soyez apprenant ou praticien de l’enseignement ou de l’évaluation des langues. Elles ne traiteront pas des diverses possibilitĂ©s d’utilisation du Cadre propres Ă  telle ou telle catĂ©gorie d’utilisateur, enseignants, examinateurs, auteurs de manuels, formateurs, administrateurs, etc., lesquelles font l’objet de Guides disponibles au Conseil de l’Europe et consultables sur son site. Il s’agit ici d’une premiĂšre introduction au Cadre de rĂ©fĂ©rence qui s’adresse Ă  l’ensemble de ses utilisateurs. Vous pouvez, bien Ă©videmment, utiliser le Cadre de rĂ©fĂ©rence Ă  votre guise, comme tout autre publication. En fait, nous espĂ©- rons qu’il se trouvera des lecteurs pour s’engager Ă  cet Ă©gard sur des voies que nous n’avons pas explorĂ©es. Rappelons toutefois les deux objectifs principaux qui ont prĂ©sidĂ© Ă  son Ă©laboration. 1. Encourager les praticiens dans le domaine des langues vivantes, quels qu’ils soient, y compris les apprenants, Ă  se poser un certain nombre de questions, et notamment : – Que faisons-nous exactement lors d’un Ă©change oral ou Ă©crit avec autrui ? – Qu’est-ce qui nous permet d’agir ainsi ? – Quelle part d’apprentissage cela nĂ©cessite-t-il lorsque nous essayons d’utiliser une nouvelle langue ? – Comment fixons-nous nos objectifs et marquons-nous notre progrĂšs entre l’ignorance totale et la maĂźtrise effective de la langue Ă©trangĂšre ? – Comment s’effectue l’apprentissage de la langue ? – Que faire pour aider les gens Ă  mieux apprendre une langue ? 2. Faciliter les Ă©changes d’informations entre les praticiens et les apprenants afin que les premiers puissent dire aux seconds ce qu’ils attendent d’eux en termes d’apprentissage et comment ils essaieront de les y aider. Soyons clairs : il ne s’agit aucunement de dicter aux praticiens ce qu’ils ont Ă  faire et comment le faire. Nous soulevons des questions, nous n’apportons pas de rĂ©ponses. La fonction du Cadre europĂ©en commun de rĂ©fĂ©rence n’est pas de prescrire les objectifs que ses utilisateurs devraient poursuivre ni les mĂ©thodes qu’ils devraient utiliser. Ce qui ne veut pas dire que le Conseil de l’Europe soit indiffĂ©rent Ă  ces questions. De fait, les collĂšgues des pays membres qui collaborent aux projets Langues vivantes du Conseil de l’Europe ont consacrĂ©, au fil des ans, beaucoup de rĂ©flexion et de travail Ă  l’établissement de principes et Ă  la pra- tique dans le domaine de l’apprentissage, de l’enseignement et de l’évaluation des langues. Vous trouverez dans le Chapitre 1 les principes fondamentaux et leurs consĂ©quences pratiques. Vous constaterez que le Conseil a pour souci d’amĂ©liorer la communication entre EuropĂ©ens de langues et de cultures diffĂ©rentes parce que la commu- nication facilite la mobilitĂ© et les Ă©changes et, ce faisant, favorise la comprĂ©hension rĂ©ciproque et renforce la coopĂ©ration. Le Conseil soutient Ă©galement les mĂ©thodes d’enseignement et d’apprentissage qui aident les jeunes, mais aussi les moins jeunes, Ă  se forger les savoirs, savoir-faire et attitudes dont ils ont besoin pour acquĂ©rir davantage d’indĂ©pendance dans la rĂ©flexion et dans l’action afin de se montrer plus responsables et coopĂ©ratifs dans leurs relations Ă  autrui. En ce sens, ce travail contribue Ă  promouvoir une citoyennetĂ© dĂ©mocratique. En accord avec ces principes fondamentaux, le Conseil encourage toutes les personnes concernĂ©es par l’organisation de l’ap- prentissage des langues a fonder leur action sur les besoins, les motivations, les caractĂ©ristiques et les ressources de l’apprenant. Ce qui suppose de rĂ©pondre Ă  des questions telles que : – Qu’est-ce que l’apprenant aura besoin de faire avec la langue ? – Qu’a-t-il besoin d’apprendre pour ĂȘtre capable d’utiliser la langue Ă  ces fins ? – Qu’est-ce qui le pousse Ă  vouloir apprendre ? – Qui est-il (Ăąge, sexe, milieu social et niveau d’instruction) ? – Quels sont le savoir, le savoir-faire et l’expĂ©rience de l’enseignant auquel il a Ă  faire ? – Dans quelle mesure a-t-il accĂšs Ă  des manuels, des ouvrages de rĂ©fĂ©rence (grammaires, dictionnaires, etc.), des moyens audiovisuels et informatiques (matĂ©riel et didacticiels) ? – Combien de temps peut-il, dĂ©sire-t-il ou est-il capable de consacrer Ă  l’apprentissage d’une langue ?
  • 6. AVERTISSEMENT 5 À partir de cette analyse de la situation d’enseignement/apprentissage, il est absolument essentiel de dĂ©finir avec un maxi- mum de prĂ©cision des objectifs immĂ©diatement valables au regard des besoins des apprenants et rĂ©alistes du point de vue de leurs caractĂ©ristiques et des moyens disponibles. Nombreux sont les partenaires impliquĂ©s dans l’organisation de l’apprentissage des langues : enseignants et apprenants dans la classe mais aussi administrateurs de l’enseignement, examinateurs, auteurs et Ă©diteurs de manuels, etc. S’ils s’accordent sur des objectifs ils peuvent alors, chacun dans son domaine, Ɠuvrer dans le mĂȘme sens pour aider les apprenants Ă  atteindre ces objectifs. Ils peuvent aussi prĂ©ciser et expliciter leurs propres objectifs et leurs mĂ©thodes pour faciliter la tĂąche de leurs partenaires. C’est dans ce but, comme l’expose le Chapitre 1, qu’a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© le Cadre europĂ©en commun de rĂ©fĂ©rence. Pour remplir convenablement sa fonction, il lui faut rĂ©pondre Ă  certains critĂšres de transparence et de cohĂ©rence et ĂȘtre aussi exhaustif que possible. Ces critĂšres sont exposĂ©s et explicitĂ©s dans le Chapitre 1. À propos de « l’exhaustivitĂ© » disons, pour simplifier, que vous devez trouver dans le Cadre de rĂ©fĂ©rence tout ce dont vous avez besoin pour dĂ©crire vos objectifs, vos mĂ©thodes et vos rĂ©sultats. Le dispositif de paramĂštres, de catĂ©gories et d’exemples prĂ©sentĂ© au Chapitre 3, synthĂ©tisĂ© page 25 et dĂ©taillĂ© dans les Chapitres 4 et 5 entend exposer clairement les compĂ©tences (savoir, savoir-faire et attitudes) que l’usager de la langue se forge au fil de son expĂ©rience et qui lui permettent de faire face aux exigences de la communication par delĂ  les frontiĂšres linguis- tiques et culturelles (c’est-Ă -dire, effectuer des tĂąches et des activitĂ©s communicatives dans les divers contextes de la vie sociale, compte tenu des conditions et des contraintes qui leur sont propres). Les Niveaux communs de rĂ©fĂ©rence prĂ©sentĂ©s au Chapitre 3 donnent un moyen de suivre le progrĂšs des apprenants au fur et Ă  mesure qu’ils construisent leur compĂ©tence Ă  travers les para- mĂštres du schĂ©ma descriptif. FondĂ© sur l’hypothĂšse que le but de l’apprentissage d’une langue est de faire de l’apprenant un utilisateur compĂ©tent et expĂ©- rimentĂ©, ce mode de description doit vous permettre de dĂ©finir vos objectifs de maniĂšre claire et aussi complĂšte que possible. Vous estimerez peut-ĂȘtre qu’il excĂšde vos propres besoins. Cette Ă©ventualitĂ© a Ă©tĂ© prĂ©vue : Ă  partir du Chapitre 4 vous trouve- rez, Ă  la fin de chaque section, un encadrĂ© qui vous invite, suivant une sĂ©rie de questions, Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  sa pertinence au regard de vos objectifs et de la dĂ©finition de votre pratique. La rĂ©ponse peut ĂȘtre nĂ©gative pour diverses raisons : cela ne convient pas aux apprenants dont vous vous occupez ou, bien que ce puisse ĂȘtre utile, les moyens dont vous disposez, notamment en matiĂšre de temps ou de ressources, vous orientent vers d’autres prioritĂ©s. En revanche, si le contenu de l’encadrĂ© vous intĂ©resse (dans le contexte oĂč il s’inscrit, il attirera peut-ĂȘtre votre attention), les Chapitres 4 et 5 du Cadre de rĂ©fĂ©rence fourniront le nom des grands paramĂštres et des catĂ©gories dont vous pouvez avoir besoin, assortis de quelques exemples. Ni les catĂ©gories ni les exemples ne prĂ©tendent Ă  l’exhaustivitĂ©. Si vous voulez dĂ©crire un domaine spĂ©cialisĂ©, il vous fau- dra pousser plus loin le dĂ©tail de la prĂ©sente classification et crĂ©er de nouvelles sous-catĂ©gories. Quant aux exemples, ils sont donnĂ©s Ă  titre de suggestions. Vous en retiendrez certains, en Ă©carterez d’autres et en ajouterez quelques-uns de votre cru. Vous devez vous sentir tout Ă  fait libres sur ce point car c’est Ă  vous qu’appartient le choix de vos objectifs et de votre dĂ©marche pra- tique. Mais retenez, lorsqu’un Ă©lĂ©ment du Cadre vous paraĂźt superflu, qu’il y figure parce qu’il peut prĂ©senter un intĂ©rĂȘt pri- mordial pour quelqu’un d’autre, de formation diffĂ©rente, travaillant dans une autre situation et responsable d’une autre population d’apprenants. Dans le cas de « Conditions et contraintes » (voir 4.1.3), par exemple, la prise en compte des bruits de fond peut sembler tout Ă  fait inutile dans un Ă©tablissement scolaire mais devient capitale pour celui dont les Ă©lĂšves sont des pilotes de ligne : ne pas reconnaĂźtre les chiffres Ă  100 % dans le bruit infernal d’une communication sol/air peut signer leur condamnation Ă  mort (et celle de leurs passagers
) ! Songez aussi que les catĂ©gories et les Ă©noncĂ©s que vous jugerez bon d’ajouter peuvent ĂȘtre utiles Ă  d’autres. C’est pourquoi il faut voir dans la taxonomie qui figure aux Chapitres 4 et 5 du Cadre de rĂ©fĂ©rence un inventaire inachevĂ© susceptible d’évolution Ă  la lumiĂšre de l’expĂ©rience acquise. Ce principe vaut Ă©galement pour la description des niveaux de compĂ©tence. Le Chapitre 3 expose clairement que le nombre de niveaux dont peut avoir besoin un utilisateur dĂ©pend de la raison pour laquelle il veut Ă©tablir une distinction et de l’usage qu’il fera de l’information obtenue. Il ne faut pas multiplier les niveaux plus que nĂ©cessaire. Le systĂšme arborescent de type « hypertexte » prĂ©sentĂ© en 3.2 (voir p. 25) permet aux praticiens de dĂ©finir des niveaux dont la gradation large ou Ă©troite dĂ©pend du degrĂ© de finesse souhaitĂ© pour Ă©tablir des distinctions au sein d’une popu- lation donnĂ©e d’apprenants. Il est aussi bien sĂ»r possible (et mĂȘme courant) de distinguer les objectifs en termes de niveaux et le degrĂ© de rĂ©alisation de ces objectifs en termes de notes ou de mentions. L’ensemble des six niveaux utilisĂ©s dans le document (voir 3. 2) se fonde sur la pratique courante d’un certain nombre d’or- ganismes publics de certification. Les descripteurs proposĂ©s s’inspirent de ceux qui « ont Ă©tĂ© reconnus clairs, utiles et pertinents par des groupes compĂ©tents de professeurs enseignant ou pas leur langue maternelle dans des secteurs Ă©ducatifs variĂ©s et avec des profils de formation et une expĂ©rience professionnelle trĂšs diffĂ©rents » (voir p. 30). Mais il s’agit lĂ  de recommandations et non de prescriptions. C’est un « document de rĂ©flexion, de discussion et de projet
 Le but des exemples est d’ouvrir de nou- velles possibilitĂ©s et non d’anticiper des dĂ©cisions. » (ibid.). Toutefois, il apparaĂźt clairement qu’un ensemble de niveaux com- muns de rĂ©fĂ©rence comme outil de calibrage est particuliĂšrement bien accueilli par l’ensemble des praticiens qui, comme dans bien d’autres domaines, trouvent un avantage Ă  travailler avec des mesures et des normes stables et reconnues. En qualitĂ© d’usagers, vous ĂȘtes invitĂ©s Ă  utiliser cette batterie d’échelles et leurs descripteurs de maniĂšre critique. Tout rap- port d’expĂ©rience communiquĂ© Ă  la Section des langues vivantes du Conseil de l’Europe sera le bienvenu. À noter aussi que les Ă©chelles sont prĂ©vues non seulement pour une compĂ©tence globale mais Ă©galement pour chacun des paramĂštres Ă©talonnables de la compĂ©tence langagiĂšre dĂ©taillĂ©e aux Chapitres 4 et 5. Ceci permet d’affiner la diffĂ©renciation des profils au sein des groupes d’apprenants.
  • 7. Dans le Chapitre 6, l’attention se porte sur la mĂ©thodologie. Comment s’acquiert ou s’apprend une nouvelle langue ? Que pouvons-nous faire pour faciliter ce processus d’apprentissage ou d’acquisition ? LĂ  encore, le but du Cadre de rĂ©fĂ©rence n’est pas de prescrire ni mĂȘme de recommander telle ou telle mĂ©thode, mais de prĂ©senter diverses options en vous invitant Ă  rĂ©flĂ©chir sur votre pratique courante, Ă  prendre des dĂ©cisions en consĂ©quence et Ă  dĂ©finir en quoi consiste exactement votre action. À l’évidence, dans l’examen de vos buts et objectifs, nous ne pouvons que vous encourager Ă  tenir compte des Recommandations du ComitĂ© des Ministres mais le Cadre de rĂ©fĂ©rence doit ĂȘtre avant tout un auxiliaire pour vous aider Ă  prendre vos dĂ©cisions. Le Chapitre 7 est consacrĂ© Ă  un examen du rĂŽle des tĂąches dans l’enseignement et l’apprentissage des langues, domaine de pointe dans les derniĂšres annĂ©es. Le Chapitre 8 examine les principes de la construction curriculaire qui entraĂźne la diffĂ©renciation des objectifs d’appren- tissage des langues, en particulier dans le domaine du dĂ©veloppement de la compĂ©tence plurilingue et pluriculturelle d’un indi- vidu, pour lui permettre de faire face aux problĂšmes de communication que pose la vie dans une Europe multilingue et multiculturelle. Ce chapitre mĂ©rite un examen attentif de la part de ceux qui, ayant Ă  Ă©laborer des curriculums couvrant plusieurs langues, Ă©tudient les diverses possibilitĂ©s de rĂ©partir au mieux les ressources entre diverses catĂ©gories d’apprenants. Le Chapitre 9 traite enfin des questions d’évaluation en expliquant la pertinence du Cadre de rĂ©fĂ©rence pour l’évaluation de la compĂ©tence langagiĂšre et des rĂ©sultats Ă  l’aide de critĂšres d’évaluation et selon des approches diffĂ©rentes de la dĂ©marche d’évaluation. Les Annexes approfondissent d’autres aspects de l’étalonnage que certains utilisateurs peuvent trouver utiles. L’Annexe A traite de quelques questions thĂ©oriques gĂ©nĂ©rales Ă  l’usage des utilisateurs qui souhaiteraient Ă©laborer des Ă©chelles pour des populations spĂ©cifiques d’apprenants. L’Annexe B apporte des informations sur le projet suisse d’oĂč sont issus les descripteurs Ă©talonnĂ©s du Cadre de rĂ©fĂ©rence. Les Annexes C et D prĂ©sentent des Ă©chelles Ă©laborĂ©es par d’autres organismes, Ă  savoir DIA- LANG Language Assessment System (SystĂšme d’évaluation en langue) et les Ă©chelles de « capacitĂ©s de faire » ainsi que les seuils fonctionnels d’apprentissage de ALTE (Association of Language Testers in Europe : Association des centres d’évaluation en langues en Europe). UN CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE POUR LES LANGUES – APPRENDRE, ENSEIGNER, ÉVALUER 6
  • 8. 7 SYNOPSIS Chapitre 1 (p. 9 Ă  14) DĂ©finit les buts, les objectifs et les fonctions du Cadre de rĂ©fĂ©rence Ă  la lumiĂšre de la politique gĂ©nĂ©rale en langues du Conseil de l’Europe et, en particulier, de la pro- motion du plurilinguisme en rĂ©ponse Ă  la diversitĂ© linguistique et culturelle de l’Europe. Ce chapitre expose ensuite les critĂšres auxquels le Cadre de rĂ©fĂ©rence doit satisfaire. Chapitre 2 (p. 15 Ă  22) DĂ©veloppe l’approche retenue. Ce chapitre se fonde sur une analyse de l’usage de la langue en termes de stratĂ©gies utilisĂ©es par les apprenants pour mettre en Ɠuvre les compĂ©tences gĂ©nĂ©rales et communicatives afin de mener Ă  bien les activitĂ©s et les opĂ©rations que supposent la production et la rĂ©ception de textes qui traitent de thĂšmes donnĂ©s, ce qui leur rend possible l’accomplissement des tĂąches auxquelles ils se trouvent confrontĂ©s avec les conditions et les contraintes de situations qui sur- viennent dans les domaines variĂ©s de la vie sociale. Les termes en caractĂšres gras indiquent les paramĂštres de description de l’utilisation de la langue et de la capacitĂ© de l’utilisateur/apprenant Ă  l’utiliser. Chapitre 3 (p. 23 Ă  38) Introduit les Niveaux communs de rĂ©fĂ©rence. Le progrĂšs dans l’apprentissage des langues au regard des paramĂštres du schĂ©ma descriptif peut ĂȘtre Ă©talonnĂ© selon une sĂ©rie mobile de seuils fonctionnels dĂ©finis par les descripteurs appropriĂ©s. Cet appa- reil doit ĂȘtre assez riche pour tenir compte de toute la gamme des besoins de l’appre- nant et, en consĂ©quence, des objectifs fixĂ©s par diffĂ©rents partenaires ou exigĂ©s des candidats pour une qualification en langue. Chapitre 4 (p. 39 Ă  80) Expose dans le dĂ©tail (mais de maniĂšre ni exhaustive ni dĂ©finitive) les catĂ©gories (Ă©ta- lonnĂ©es si possible) nĂ©cessaires Ă  la description de l’utilisation de la langue par l’apprenant/utilisateur en fonction des paramĂštres identifiĂ©s et qui couvrent tour Ă  tour : les domaines et les situations qui constituent le contexte de l’utilisation de la langue ; les tĂąches, buts et thĂšmes de la communication ; les activitĂ©s, les stratĂ©gies et les opĂ©rations de communication et les textes, en particulier en relation avec les activitĂ©s et les supports. Chapitre 5 (p. 81 Ă  102) Entre dans le dĂ©tail des compĂ©tences gĂ©nĂ©rales et communicatives de l’utilisateur/ apprenant Ă©talonnĂ©es dans la mesure du possible. Chapitre 6 (p. 103 Ă  120) Envisage les opĂ©rations d’apprentissage et d’enseignement des langues et traite de la relation entre acquisition et apprentissage, de la nature et du dĂ©veloppement d’une compĂ©tence plurilingue ainsi que des options mĂ©thodologiques de type gĂ©nĂ©ral ou plus particulier en relation aux catĂ©gories exposĂ©es dans les Chapitres 3 et 4. Chapitre 7 (p. 121 Ă  128) PrĂ©sente plus en dĂ©tail le rĂŽle des tĂąches dans l’apprentissage et l’enseignement de la langue.
  • 9. Chapitre 8 (p. 129 Ă  134) S’intĂ©resse aux implications de la diversification linguistique dans la conception du curriculum et traite de points tels que : plurilinguisme et pluriculturalisme ; objectifs d’apprentissage diffĂ©renciĂ©s ; principe de conception d’un curriculum ; scĂ©- narios curriculaires ; apprentissage continu des langues ; compĂ©tences modulaires et partielles. Chapitre 9 (p. 135 Ă  148) PrĂ©sente les diverses finalitĂ©s de l’évaluation et les types d’évaluation qui y corres- pondent Ă  la lumiĂšre de la nĂ©cessitĂ© de rĂ©concilier les critĂšres concurrents d’exhaus- tivitĂ©, de prĂ©cision et de possibilitĂ© opĂ©ratoire. Annexe A (p. 148 Ă  154) Commente l’élaboration des descripteurs de compĂ©tence langagiĂšre. On y explique les mĂ©thodes et les critĂšres d’étalonnage ainsi que les exigences pour la formulation des descripteurs des paramĂštres et des catĂ©gories prĂ©sentĂ©s ailleurs. S’accompagne d’une bibliographie sĂ©lective commentĂ©e relative aux Ă©chelles de compĂ©tences langagiĂšres. Annexe B (p. 155 Ă  160) Donne une vue d’ensemble du projet qui a permis, en Suisse, de formuler et d’éta- lonner les exemples de descripteurs. Les Ă©chelles de dĂ©monstration du texte sont inventoriĂ©es avec leur numĂ©ro de page. Annexe C (p. 161 Ă  172) Contient les descripteurs pour l’auto-Ă©valuation d’une sĂ©rie de niveaux adoptĂ©s par le Projet DIALANG de la Commission europĂ©enne pour Internet. Annexe D (p. 173 Ă  184) Contient les descripteurs entrant dans la constitution des seuils fonctionnels d’ap- prentissage Ă©laborĂ©s par ALTE (Association des centres d’évaluation en langues en Europe). Bibliographie gĂ©nĂ©rale Propose un choix d’ouvrages et d’articles que les utilisateurs du Cadre de rĂ©fĂ©rence (p. 185 Ă  192) consulteront pour approfondir les questions soulevĂ©es. La bibliographie renvoie aux publications du Conseil de l’Europe pertinentes ainsi qu’à des ouvrages publiĂ©s ailleurs. UN CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE POUR LES LANGUES – APPRENDRE, ENSEIGNER, ÉVALUER 8
  • 10. PANORAMA 1.1 QU’EST-CE QUE LE CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 1.2 LES BUTS ET LES OBJECTIFS DE LA POLITIQUE LINGUISTIQUE DU CONSEIL DE L’EUROPE . . . . . . . . . 9 1.3 QU’ENTEND-ON PAR « PLURILINGUISME » ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 1.4 POURQUOI LE CADRE DE RÉFÉRENCE EST-IL NÉCESSAIRE ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 1.5 QUELLES UTILISATIONS POUR LE CADRE DE RÉFÉRENCE ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 1.5.1 Les utilisations 1.5.2 Typologie des programmes d’apprentissage et des certifications 1.5.3 Des qualifications adaptĂ©es 1.6 À QUELS CRITÈRES LE CADRE DE RÉFÉRENCE DOIT-IL RÉPONDRE ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 1.1 QU’EST-CE QUE LE CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE ? Le Cadre europĂ©en commun de rĂ©fĂ©rence offre une base commune pour l’élaboration de programmes de langues vivantes, de rĂ©fĂ©rentiels, d’examens, de manuels, etc. en Europe. Il dĂ©crit aussi complĂštement que possible ce que les apprenants d’une langue doivent apprendre afin de l’utiliser dans le but de communiquer ; il Ă©numĂšre Ă©galement les connaissances et les habile- tĂ©s qu’ils doivent acquĂ©rir afin d’avoir un comportement langagier efficace. La description englobe aussi le contexte culturel qui soutient la langue. Enfin, le Cadre de rĂ©fĂ©rence dĂ©finit les niveaux de compĂ©tence qui permettent de mesurer le progrĂšs de l’ap- prenant Ă  chaque Ă©tape de l’apprentissage et Ă  tout moment de la vie. Le Cadre europĂ©en commun de rĂ©fĂ©rence est conçu pour que soient surmontĂ©es les difficultĂ©s de communication rencontrĂ©es par les professionnels des langues vivantes et qui proviennent de la diffĂ©rence entre les systĂšmes Ă©ducatifs. Le Cadre donne des outils aux administratifs, aux concepteurs de programmes, aux enseignants, Ă  leurs formateurs, aux jurys d’examens, etc., pour rĂ©flĂ©chir Ă  leur pratique habituelle afin de situer et de coordonner leurs efforts et de garantir qu’ils rĂ©pondent aux besoins rĂ©els des apprenants dont ils ont la charge. En fournissant une base commune Ă  des descriptions explicites d’objectifs, de contenus et de mĂ©thodes, le Cadre de rĂ©fĂ©- rence amĂ©liorera la transparence des cours, des programmes et des qualifications, favorisant ainsi la coopĂ©ration internationale dans le domaine des langues vivantes. Donner des critĂšres objectifs pour dĂ©crire la compĂ©tence langagiĂšre facilitera la recon- naissance mutuelle des qualifications obtenues dans des contextes d’apprentissage divers et, en consĂ©quence, ira dans le sens de la mobilitĂ© en Europe. Le choix pour le Cadre d’une prĂ©sentation taxinomique constitue Ă  coup sĂ»r une tentative pour traiter la grande complexitĂ© du langage humain en dĂ©coupant la compĂ©tence langagiĂšre selon ses diffĂ©rentes composantes. Ceci nous renvoie Ă  des pro- blĂšmes psychologiques et pĂ©dagogiques d’importance. La communication met tout l’ĂȘtre humain en jeu. Les compĂ©tences iso- lĂ©es et classifiĂ©es ci-aprĂšs se combinent de maniĂšre complexe pour faire de chaque individu un ĂȘtre unique. En tant qu’acteur social, chaque individu Ă©tablit des relations avec un nombre toujours croissant de groupes sociaux qui se chevauchent et qui, tous ensemble, dĂ©finissent une identitĂ©. Dans une approche interculturelle, un objectif essentiel de l’enseignement des langues est de favoriser le dĂ©veloppement harmonieux de la personnalitĂ© de l’apprenant et de son identitĂ© en rĂ©ponse Ă  l’expĂ©rience enri- chissante de l’altĂ©ritĂ© en matiĂšre de langue et de culture. Il revient aux enseignants et aux apprenants eux-mĂȘmes de construire une personnalitĂ© saine et Ă©quilibrĂ©e Ă  partir des Ă©lĂ©ments variĂ©s qui la composeront. Le Cadre de rĂ©fĂ©rence comprend la description de qualifications « partielles » qui conviennent Ă  une connaissance rĂ©duite de la langue (par exemple, s’il s’agit plus de comprendre que de parler), ou lorsque le temps disponible pour l’apprentissage d’une troisiĂšme ou d’une quatriĂšme langue est limitĂ© et que des rĂ©sultats plus rentables peuvent Ă©ventuellement ĂȘtre atteints en visant, par exemple, la reconnaissance plutĂŽt que des habiletĂ©s fondĂ©es sur la mĂ©moire. La reconnaissance formelle de capaci- tĂ©s de ce type aidera Ă  promouvoir le plurilinguisme par l’apprentissage d’une plus grande variĂ©tĂ© de langues europĂ©ennes. 1.2 LES BUTS ET LES OBJECTIFS DE LA POLITIQUE LINGUISTIQUE DU CONSEIL DE L’EUROPE Le Cadre europĂ©en commun de rĂ©fĂ©rence concourt Ă  l’objectif gĂ©nĂ©ral du Conseil de l’Europe tel qu’il est dĂ©fini dans les Recommandations R (82) 18 et R (98) 6 du ComitĂ© des Ministres : « parvenir Ă  une plus grande unitĂ© parmi ses membres » et atteindre ce but « par l’adoption d’une dĂ©marche commune dans le domaine culturel. » CHAPITRE 1 LE CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE DANS SON CONTEXTE POLITIQUE ET ÉDUCATIF 9
  • 11. En ce qui concerne les langues vivantes, le travail du Conseil de la CoopĂ©ration Culturelle du Conseil de l’Europe, structurĂ© depuis sa fondation autour d’une sĂ©rie de projets Ă  moyen terme, a fondĂ© sa cohĂ©rence et sa continuitĂ© sur l’adhĂ©sion Ă  trois prin- cipes Ă©noncĂ©s dans le prĂ©ambule de la Recommandation R (82) 18 du ComitĂ© des Ministres du Conseil de l’Europe considĂ©rant – « que le riche patrimoine que reprĂ©sente la diversitĂ© linguistique et culturelle en Europe constitue une ressource commune prĂ©- cieuse qu’il convient de sauvegarder et de dĂ©velopper et que des efforts considĂ©rables s’imposent dans le domaine de l’éduca- tion afin que cette diversitĂ©, au lieu d’ĂȘtre un obstacle Ă  la communication, devienne une source d’enrichissement et de comprĂ©hension rĂ©ciproques » – « que c’est seulement par une meilleure connaissance des langues vivantes europĂ©ennes que l’on parviendra Ă  faciliter la com- munication et les Ă©changes entre EuropĂ©ens de langue maternelle diffĂ©rente et, partant, Ă  favoriser la mobilitĂ©, la comprĂ©hension rĂ©ciproque et la coopĂ©ration en Europe et Ă  Ă©liminer les prĂ©jugĂ©s et la discrimination » – « que les États membres, en adoptant ou en dĂ©veloppant une politique nationale dans le domaine de l’enseignement et de l’ap- prentissage des langues vivantes, pourraient parvenir Ă  une plus grande concertation au niveau europĂ©en grĂące Ă  des disposi- tions ayant pour objet une coopĂ©ration suivie entre eux et une coordination constante de leurs politiques. » Afin de mettre en Ɠuvre ces principes, le ComitĂ© des Ministres demande aux gouvernements des États membres de – « Promouvoir la coopĂ©ration Ă  l’échelon national et international des institutions gouvernementales et non gouvernementales se consacrant Ă  la mise au point des mĂ©thodes d’enseignement et d’évaluation dans le domaine de l’apprentissage des langues vivantes et Ă  la production et Ă  l’utilisation de matĂ©riel, y compris les institutions engagĂ©es dans la production et l’utilisation de matĂ©riel multimĂ©dia. » (F14) – « Faire le nĂ©cessaire pour achever la mise en place d’un systĂšme europĂ©en efficace d’échange d’informations englobant tous les aspects de l’apprentissage et de l’enseignement des langues vivantes et de la recherche dans ce domaine et faisant pleinement usage de la technologie avancĂ©e de l’information. » (F17) En consĂ©quence, les activitĂ©s du Conseil de la CoopĂ©ration Culturelle, son ComitĂ© de l’Éducation et sa Section Langues Vivantes se sont focalisĂ©es sur l’encouragement, le soutien et la coordination des efforts des États membres et des organisa- tions non gouvernementales pour amĂ©liorer l’apprentissage des langues en accord avec ces principes fondamentaux et, notam- ment, la dĂ©marche suivie pour mettre en Ɠuvre les mesures gĂ©nĂ©rales prĂ©sentĂ©es dans l’annexe Ă  la Recommandation R (82) 18 : A. Mesures de caractĂšre gĂ©nĂ©ral 1. Faire en sorte, autant que faire se peut, que toutes les catĂ©gories de la population disposent effectivement des moyens d’acquĂ©rir une connaissance des langues des autres États membres (ou d’autres communautĂ©s au sein de leur propre pays) et une aptitude Ă  utiliser lesdites langues telle qu’elle leur permette de satisfaire leurs besoins de communication et plus particuliĂšrement 1.1 – de faire face aux situations de la vie quotidienne dans un autre pays, et d’aider les Ă©trangers sĂ©journant dans leur propre pays Ă  y faire face 1.2 – d’échanger des informations et des idĂ©es avec des jeunes et des adultes parlant une autre langue et de leur communiquer pensĂ©es et sentiments 1.3 – de mieux comprendre le mode de vie et la mentalitĂ© d’autres peuples et leur patrimoine culturel. 2. Promouvoir, encourager et appuyer les efforts des enseignants et apprenants qui, Ă  tous les niveaux, tendent Ă  appliquer, selon leur situation, les principes de la mise au point de systĂšmes d’apprentissage des langues (tels qu’ils sont progressivement dĂ©finis dans le cadre du programme « Langues Vivantes » du Conseil de l’Europe) 2.1 – en fondant l’enseignement et l’apprentissage des langues sur les besoins, les motivations, les caractĂ©ristiques et les ressources de l’apprenant 2.2 – en dĂ©finissant, avec un maximum de prĂ©cision, des objectifs valables et rĂ©alistes 2.3 – en Ă©laborant des mĂ©thodes et des matĂ©riels appropriĂ©s 2.4 – en mettant au point des modalitĂ©s et des instruments permettant l’évaluation des programmes d’apprentissage. 3. Promouvoir des programmes de recherche et de dĂ©veloppement visant Ă  introduire, Ă  tous les niveaux de l’enseignement, les mĂ©thodes et matĂ©riels les mieux adaptĂ©s pour permettre Ă  des apprenants de catĂ©gories diffĂ©rentes d’acquĂ©rir une aptitude Ă  com- muniquer correspondant Ă  leurs besoins particuliers. Le PrĂ©ambule Ă  la Recommandation R (98) 6 rĂ©affirme les objectifs politiques de ses actions dans le domaine des langues vivantes. – Outiller tous les EuropĂ©ens pour les dĂ©fis de l’intensification de la mobilitĂ© internationale et d’une coopĂ©ration plus Ă©troite les uns avec les autres et ceci non seulement en Ă©ducation, culture et science mais Ă©galement pour le commerce et l’industrie – promouvoir comprĂ©hension et tolĂ©rance mutuelles, respect des identitĂ©s et de la diversitĂ© culturelle par une communication inter- nationale plus efficace – entretenir et dĂ©velopper la richesse et la diversitĂ© de la vie culturelle en Europe par une connaissance mutuelle accrue des langues nationales et rĂ©gionales, y compris les moins largement enseignĂ©es – rĂ©pondre aux besoins d’une Europe multilingue et multiculturelle en dĂ©veloppant sensiblement la capacitĂ© des EuropĂ©ens Ă  com- muniquer entre eux par-delĂ  les frontiĂšres linguistiques et culturelles ; il s’agit lĂ  de l’effort de toute une vie qui doit ĂȘtre encou- ragĂ©, concrĂštement organisĂ© et financĂ© Ă  tous les niveaux du systĂšme Ă©ducatif par les organismes compĂ©tents – Ă©viter les dangers qui pourraient provenir de la marginalisation de ceux qui ne possĂšdent pas les capacitĂ©s nĂ©cessaires pour com- muniquer dans une Europe interactive. Le Premier Sommet des Chefs d’État (8-9 octobre 1993) a mis un accent tout particulier sur cet objectif en identifiant la xĂ©nophobie et les rĂ©actions ultranationalistes brutales non seulement comme l’obstacle principal de la mobilitĂ© et de l’intĂ©gra- tion europĂ©ennes mais Ă©galement comme la menace la plus grave Ă  la stabilitĂ© europĂ©enne et au bon fonctionnement de la dĂ©mo- cratie. Le DeuxiĂšme Sommet a fait de la prĂ©paration Ă  la citoyennetĂ© dĂ©mocratique un objectif Ă©ducatif prioritaire, donnant ainsi une importance accrue Ă  un autre objectif poursuivi dans des projets rĂ©cents, Ă  savoir : UN CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE POUR LES LANGUES – APPRENDRE, ENSEIGNER, ÉVALUER 10
  • 12. « Promouvoir des mĂ©thodes d’enseignement des langues vivantes qui renforcent l’indĂ©pendance de la pensĂ©e, du jugement et de l’action combinĂ©e Ă  la responsabilitĂ© et aux savoir-faire sociaux. » À la lumiĂšre de ces objectifs, le ComitĂ© des Ministres a mis l’accent sur « l’importance politique aujourd’hui et dans l’ave- nir du dĂ©veloppement de domaines d’action particuliers tel que les stratĂ©gies de diversification et d’intensification de l’ap- prentissage des langues afin de promouvoir le plurilinguisme en contexte pan-europĂ©en » et a attirĂ© l’attention sur la valeur du dĂ©veloppement des liens et des Ă©changes Ă©ducatifs et sur l’exploitation de tout le potentiel des nouvelles technologies de l’in- formation et de la communication. 1.3 QU’ENTEND-ON PAR « PLURILINGUISME » ? Ces derniĂšres annĂ©es, le concept de plurilinguisme a pris de l’importance dans l’approche qu’a le Conseil de l’Europe de l’apprentissage des langues. On distingue le « plurilinguisme » du « multilinguisme » qui est la connaissance d’un certain nombre de langues ou la coexistence de langues diffĂ©rentes dans une sociĂ©tĂ© donnĂ©e. On peut arriver au multilinguisme sim- plement en diversifiant l’offre de langues dans une Ă©cole ou un systĂšme Ă©ducatif donnĂ©s, ou en encourageant les Ă©lĂšves Ă  Ă©tu- dier plus d’une langue Ă©trangĂšre, ou en rĂ©duisant la place dominante de l’anglais dans la communication internationale. Bien au-delĂ , l’approche plurilingue met l’accent sur le fait que, au fur et Ă  mesure que l’expĂ©rience langagiĂšre d’un individu dans son contexte culturel s’étend de la langue familiale Ă  celle du groupe social puis Ă  celle d’autres groupes (que ce soit par appren- tissage scolaire ou sur le tas), il/elle ne classe pas ces langues et ces cultures dans des compartiments sĂ©parĂ©s mais construit plu- tĂŽt une compĂ©tence communicative Ă  laquelle contribuent toute connaissance et toute expĂ©rience des langues et dans laquelle les langues sont en corrĂ©lation et interagissent. Dans des situations diffĂ©rentes, un locuteur peut faire appel avec souplesse aux diffĂ©rentes parties de cette compĂ©tence pour entrer efficacement en communication avec un interlocuteur donnĂ©. Des partenaires peuvent, par exemple, passer d’une langue ou d’un dialecte Ă  l’autre, chacun exploitant la capacitĂ© de l’un et de l’autre pour s’exprimer dans une langue et comprendre l’autre. D’aucun peut faire appel Ă  sa connaissance de diffĂ©rentes langues pour com- prendre un texte Ă©crit, voire oral, dans une langue a priori « inconnue », en reconnaissant des mots dĂ©guisĂ©s mais appartenant Ă  un stock international commun. Ceux qui ont une connaissance, mĂȘme faible, peuvent aider ceux qui n’en ont aucune Ă  com- muniquer par la mĂ©diation entre individus qui n’ont aucune langue en commun. En l’absence d’un mĂ©diateur, ces personnes peu- vent toutefois parvenir Ă  un certain niveau de communication en mettant en jeu tout leur outillage langagier, en essayant des expressions possibles en diffĂ©rents dialectes ou langues, en exploitant le paralinguistique (mimique, geste, mime, etc.) et en sim- plifiant radicalement leur usage de la langue. De ce point de vue, le but de l’enseignement des langues se trouve profondĂ©ment modifiĂ©. Il ne s’agit plus simplement d’ac- quĂ©rir la « maĂźtrise » d’une, deux, voire mĂȘme trois langues, chacune de son cĂŽtĂ©, avec le « locuteur natif idĂ©al » comme ultime modĂšle. Le but est de dĂ©velopper un rĂ©pertoire langagier dans lequel toutes les capacitĂ©s linguistiques trouvent leur place. Bien Ă©videmment, cela suppose que les langues offertes par les institutions Ă©ducatives seraient diverses et que les Ă©tudiants auraient la possibilitĂ© de dĂ©velopper une compĂ©tence plurilingue. En outre, une fois admis le fait que l’apprentissage d’une langue est le travail de toute une vie, le dĂ©veloppement de la motivation, de la capacitĂ© et de la confiance Ă  affronter une nouvelle expĂ©rience langagiĂšre hors du milieu scolaire devient primordial. La responsabilitĂ© des autoritĂ©s Ă©ducatives, des jurys d’examen et des enseignants ne peut se borner Ă  ce que soit acquis un niveau de compĂ©tence donnĂ© dans telle ou telle langue Ă  un moment donnĂ©, aussi important cela soit-il. Restent encore Ă  rĂ©gler et Ă  traduire en actes toutes les consĂ©quences d’un tel retournement de paradigme. Les dĂ©veloppe- ments rĂ©cents du programme de langue du Conseil de l’Europe ont Ă©tĂ© pensĂ©s afin de produire les outils de promotion du plu- rilinguisme Ă  l’usage de tous les membres du mĂ©tier d’enseignement des langues. Le Portefeuille europĂ©en des langues (Portfolio) propose notamment une mise en forme des expĂ©riences interculturelles et d’apprentissage des langues les plus variĂ©es qui permet de les enregistrer et de leur donner une reconnaissance formelle. Dans ce but, le Cadre europĂ©en de rĂ©fĂ©rence fournit non seulement un barĂšme pour l’évaluation de la compĂ©tence gĂ©nĂ©rale dans une langue donnĂ©e mais aussi une analyse de l’utilisation de la langue et des compĂ©tences langagiĂšres qui facilitera, pour les praticiens, la dĂ©finition des objectifs et la des- cription des niveaux atteints dans toutes les habiletĂ©s possibles, en fonction des besoins variĂ©s, des caractĂ©ristiques et des res- sources des apprenants. 1.4 POURQUOI LE CADRE DE RÉFÉRENCE EST-IL NÉCESSAIRE ? En novembre 1991, Ă  l’initiative du Gouvernement fĂ©dĂ©ral helvĂ©tique, un Symposium intergouvernemental s’est tenu Ă  RĂŒschlikon (Suisse) sur le thĂšme « Transparence et cohĂ©rence dans l’apprentissage des langues en Europe : objectifs, Ă©valua- tion, certification ». Le Symposium a adoptĂ© les conclusions suivantes. 1. Il faut continuer Ă  intensifier l’apprentissage et l’enseignement des langues dans les États membres pour favoriser une plus grande mobilitĂ©, une communication internationale plus efficace qui respecte les identitĂ©s et la diversitĂ© culturelle, un meilleur accĂšs Ă  l’in- formation, une multiplication des Ă©changes interpersonnels, l’amĂ©lioration des relations de travail et de la comprĂ©hension mutuelle. 2. L’apprentissage des langues doit, pour atteindre ces buts, se poursuivre toute une vie durant, et il convient de le promouvoir et de le faciliter tout au long du systĂšme Ă©ducatif, depuis le prĂ©scolaire jusqu’à l’enseignement aux adultes. 3. Il est souhaitable d’élaborer un Cadre europĂ©en commun de rĂ©fĂ©rence pour l’apprentissage des langues Ă  tous les niveaux, dans le but – de promouvoir et faciliter la coopĂ©ration entre les Ă©tablissements d’enseignement de diffĂ©rents pays CHAPITRE 1 : LE CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE DANS SON CONTEXTE POLITIQUE ET ÉDUCATIF 11
  • 13. UN CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE POUR LES LANGUES – APPRENDRE, ENSEIGNER, ÉVALUER 12 – d’asseoir sur une bonne base la reconnaissance rĂ©ciproque des qualifications en langues – d’aider les apprenants, les enseignants, les concepteurs de cours, les organismes de certifications et les administrateurs de l’en- seignement Ă  situer et Ă  coordonner leurs efforts. Il faut resituer le plurilinguisme dans le contexte du pluriculturalisme. La langue n’est pas seulement une donnĂ©e essentielle de la culture, c’est aussi un moyen d’accĂšs aux manifestations de la culture. L’essentiel de ce qui est Ă©noncĂ© ci-dessus s’applique Ă©galement au domaine le plus gĂ©nĂ©ral. Les diffĂ©rentes cultures (nationale, rĂ©gionale, sociale) auxquelles quelqu’un a accĂ©dĂ© ne coexistent pas simplement cĂŽte Ă  cĂŽte dans sa compĂ©tence culturelle. Elles se comparent, s’opposent et interagissent activement pour produire une compĂ©tence pluriculturelle enrichie et intĂ©grĂ©e dont la compĂ©tence plurilingue est l’une des composantes, elle- mĂȘme interagissant avec d’autres composantes. 1.5 QUELLES UTILISATIONS POUR LE CADRE DE RÉFÉRENCE ? 1.5.1 Les utilisations Le Cadre europĂ©en commun de rĂ©fĂ©rence servirait notamment Ă  ț Ă©laborer des programmes d’apprentissage des langues prenant en compte – les savoirs antĂ©rieurs supposĂ©s acquis et l’articulation de ces programmes avec les apprentissages prĂ©cĂ©dents, notam- ment aux interfaces entre le primaire, le premier cycle du secondaire, le second cycle du secondaire, l’enseignement supĂ©rieur et l’enseignement continu – les objectifs – les contenus ț organiser une certification en langues Ă  partir – d’examens dĂ©finis en termes de contenu – de critĂšres d’apprĂ©ciation formulĂ©s en termes de rĂ©sultats positifs, plutĂŽt qu’en soulignant les insuffisances ț mettre en place un apprentissage auto-dirigĂ© qui consiste Ă  – dĂ©velopper chez l’apprenant la prise de conscience de l’état prĂ©sent de ses connaissances et de ses savoir-faire – l’habituer Ă  se fixer des objectifs valables et rĂ©alistes – lui apprendre Ă  choisir du matĂ©riel – l’entraĂźner Ă  l’auto-Ă©valuation. 1.5.2 Typologie des programmes d’apprentissage et des certifications Les programmes d’apprentissage et les certifications peuvent ĂȘtre – globaux, faisant progresser l’apprenant dans tous les domaines de la compĂ©tence langagiĂšre et de la compĂ©tence Ă  la com- munication – modulaires, dĂ©veloppant les compĂ©tences de l’apprenant dans un secteur limitĂ© pour un objectif bien dĂ©terminĂ© – pondĂ©rĂ©s, accordant une importance particuliĂšre Ă  tel ou tel aspect de l’apprentissage et conduisant Ă  un « profil » dans lequel les savoirs et savoir-faire d’un mĂȘme apprenant se situent Ă  des niveaux plus ou moins Ă©levĂ©s – partiels, ne prenant en charge que certaines activitĂ©s et habiletĂ©s (la rĂ©ception, par exemple) et laissant les autres de cĂŽtĂ©. Le Cadre commun doit ĂȘtre construit de maniĂšre Ă  pouvoir intĂ©grer ces diffĂ©rentes formules. 1.5.3 Des qualifications adaptĂ©es Lorsqu’on examine le rĂŽle du Cadre commun Ă  des niveaux avancĂ©s de l’apprentissage des langues, il convient de prendre en compte l’évolution des besoins des apprenants et du contexte dans lequel ils vivent, Ă©tudient et travaillent. Il existe, Ă  un niveau au-delĂ  du Niveau seuil, un besoin de qualifications gĂ©nĂ©rales que l’on peut situer par rapport au Cadre commun, Ă  condi- tion que ces qualifications soient bien dĂ©finies, adaptĂ©es aux situations nationales, et qu’elles couvrent des domaines nouveaux, notamment culturels et plus spĂ©cialisĂ©s. En outre, les modules, ou groupes de modules, adaptĂ©s aux besoins, aux caractĂ©ristiques et aux ressources spĂ©cifiques des apprenants vont probablement jouer un rĂŽle considĂ©rable. 1.6 À QUELS CRITÈRES LE CADRE DE RÉFÉRENCE DOIT-IL RÉPONDRE ? 1.6.1 Pour atteindre ses buts, le Cadre europĂ©en commun doit ĂȘtre suffisamment exhaustif, transparent et cohĂ©rent. 1.6.1.1 Par « suffisamment exhaustif », nous entendons que le Cadre europĂ©en commun spĂ©cifie, autant que faire se peut, toute la gamme des savoirs linguistiques, des savoir-faire langagiers et des emplois de la langue (sans toutefois essayer, bien Ă©videmment, de prĂ©voir a priori, tous les emplois possibles de la langue : tĂąche impossible) et que tout utilisateur devrait pou- voir dĂ©crire ses objectifs, etc., en s’y rĂ©fĂ©rant. Le Cadre europĂ©en commun devra distinguer les diverses dimensions considĂ©rĂ©es dans la description d’une compĂ©tence langagiĂšre et fournir une sĂ©rie de points de rĂ©fĂ©rence (niveaux ou Ă©chelons) permettant d’étalonner les progrĂšs de l’apprentissage. Il convient de garder Ă  l’esprit le fait que le dĂ©veloppement de la compĂ©tence Ă  com- muniquer prend en compte des dimensions autres que purement linguistiques (par exemple, sensibilisation aux aspects socio- culturels, imaginatifs et affectifs ; aptitude Ă  « apprendre Ă  apprendre », etc.).
  • 14. 1.6.1.2 Par « transparent », nous voulons dire que les informations doivent ĂȘtre clairement formulĂ©es et explicitĂ©es, accessibles et facilement comprĂ©hensibles par les intĂ©ressĂ©s. 1.6.1.3 Il faut entendre par « cohĂ©rent » le fait que l’analyse proposĂ©e ne comporte aucune contradiction interne. En ce qui concerne les systĂšmes Ă©ducatifs, la cohĂ©rence exige qu’il y ait des rapports harmonieux entre leurs Ă©lĂ©ments – l’identification des besoins – la dĂ©termination des objectifs – la dĂ©finition des contenus – le choix ou la production de matĂ©riaux – l’élaboration de programmes d’enseignement/apprentissage – le choix des mĂ©thodes d’enseignement et d’apprentissage Ă  utiliser – l’évaluation et le contrĂŽle. 1.6.2 La construction d’un Cadre exhaustif, transparent et cohĂ©rent pour l’apprentissage et l’enseignement des langues n’en- traĂźne pas nĂ©cessairement l’adoption d’un systĂšme unique et uniforme. Au contraire, le Cadre commun doit ĂȘtre ouvert et flexible de façon Ă  pouvoir ĂȘtre appliquĂ© Ă  des situations particuliĂšres moyennant les adaptations qui s’imposent. Le Cadre de rĂ©fĂ©rence doit ĂȘtre – Ă  usages multiples : on pourra l’utiliser Ă  toutes fins possibles dans la planification et la mise Ă  disposition des moyens nĂ©cessaires Ă  l’apprentissage d’une langue – souple : on pourra l’adapter Ă  des conditions diffĂ©rentes – ouvert : il pourra ĂȘtre Ă©tendu et affinĂ© – dynamique : il sera en constante Ă©volution en fonction des feed backs apportĂ©s par son utilisation – convivial : il sera prĂ©sentĂ© de façon Ă  ĂȘtre directement comprĂ©hensible et utilisable par ceux Ă  qui il est destinĂ© – non dogmatique : il n’est rattachĂ© de maniĂšre irrĂ©vocable et exclusive Ă  aucune des thĂ©ories ou pratiques concurrentes de la linguistique ou des sciences de l’éducation. CHAPITRE 1 : LE CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE DANS SON CONTEXTE POLITIQUE ET ÉDUCATIF 13
  • 15. PANORAMA 2.1 UNE PERSPECTIVE ACTIONNELLE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 2.1.1 CompĂ©tences gĂ©nĂ©rales individuelles 2.1.2 CompĂ©tence Ă  communiquer langagiĂšrement 2.1.3 ActivitĂ©s langagiĂšres 2.1.4 Domaines 2.2 NIVEAUX COMMUNS DE RÉFÉRENCE D’UNE COMPÉTENCE LANGAGIÈRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 2.3 APPRENTISSAGE ET ENSEIGNEMENT DE LA LANGUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 2.4 ÉVALUATION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 2.1 UNE PERSPECTIVE ACTIONNELLE Un Cadre de rĂ©fĂ©rence pour l’apprentissage, l’enseignement et l’évaluation des langues vivantes, transparent, cohĂ©rent et aussi exhaustif que possible, doit se situer par rapport Ă  une reprĂ©sentation d’ensemble trĂšs gĂ©nĂ©rale de l’usage et de l’appren- tissage des langues. La perspective privilĂ©giĂ©e ici est, trĂšs gĂ©nĂ©ralement aussi, de type actionnel en ce qu’elle considĂšre avant tout l’usager et l’apprenant d’une langue comme des acteurs sociaux ayant Ă  accomplir des tĂąches (qui ne sont pas seulement langagiĂšres) dans des circonstances et un environnement donnĂ©s, Ă  l’intĂ©rieur d’un domaine d’action particulier. Si les actes de parole se rĂ©alisent dans des activitĂ©s langagiĂšres, celles-ci s’inscrivent elles-mĂȘmes Ă  l’intĂ©rieur d’actions en contexte social qui seules leur donnent leur pleine signification. Il y a « tĂąche » dans la mesure oĂč l’action est le fait d’un (ou de plusieurs) sujet(s) qui y mobilise(nt) stratĂ©giquement les compĂ©tences dont il(s) dispose(nt) en vue de parvenir Ă  un rĂ©sultat dĂ©terminĂ©. La perspective actionnelle prend donc aussi en compte les ressources cognitives, affectives, volitives et l’ensemble des capacitĂ©s que possĂšde et met en Ɠuvre l’acteur social. De ce point de vue, on admettra ici que toute forme d’usage et d’apprentissage d’une langue peut ĂȘtre caractĂ©risĂ©e par une proposition telle que celle-ci. ‱ Les compĂ©tences sont l’ensemble des connaissances, des habiletĂ©s et des dispositions qui permettent d’agir. ‱ Les compĂ©tences gĂ©nĂ©rales ne sont pas propres Ă  la langue mais sont celles auxquelles on fait appel pour des activitĂ©s de toutes sortes, y compris langagiĂšres. ‱ Le contexte renvoie Ă  la multitude des Ă©vĂ©nements et des paramĂštres de la situation (physiques et autres), propres Ă  la per- sonne mais aussi extĂ©rieurs Ă  elle, dans laquelle s’inscrivent les actes de communication. ‱ Les activitĂ©s langagiĂšres impliquent l’exercice de la compĂ©tence Ă  communiquer langagiĂšrement, dans un domaine dĂ©ter- minĂ©, pour traiter (recevoir et/ou produire) un ou des textes en vue de rĂ©aliser une tĂąche. ‱ Le processus langagier renvoie Ă  la suite des Ă©vĂ©nements neurologiques et physiologiques qui participent Ă  la rĂ©ception et Ă  la production d’écrit et d’oral. ‱ Est dĂ©finie comme texte toute sĂ©quence discursive (orale et/ou Ă©crite) inscrite dans un domaine particulier et donnant lieu, comme objet ou comme visĂ©e, comme produit ou comme processus, Ă  activitĂ© langagiĂšre au cours de la rĂ©alisation d’une tĂąche. ‱ Par domaine on convient de dĂ©signer de grands secteurs de la vie sociale oĂč se rĂ©alisent les interventions des acteurs sociaux. Au niveau le plus gĂ©nĂ©ral, on s’en tient Ă  des catĂ©gorisations majeures intĂ©ressant l’enseignement/apprentissage des langues : domaine Ă©ducationnel, domaine professionnel, domaine public, domaine personnel. ‱ Est considĂ©rĂ© comme stratĂ©gie tout agencement organisĂ©, finalisĂ© et rĂ©glĂ© d’opĂ©rations choisies par un individu pour accomplir une tĂąche qu’il se donne ou qui se prĂ©sente Ă  lui. CaractĂ©ristiques de toute forme d’usage et d’apprentissage d’une langue L’usage d’une langue, y compris son apprentissage, comprend les actions accomplies par des gens qui, comme individus et comme acteurs sociaux, dĂ©veloppent un ensemble de compĂ©tences gĂ©nĂ©rales et, notamment une compĂ©tence Ă  commu- niquer langagiĂšrement. Ils mettent en Ɠuvre les compĂ©tences dont ils disposent dans des contextes et des conditions variĂ©s et en se pliant Ă  diffĂ©rentes contraintes afin de rĂ©aliser des activitĂ©s langagiĂšres permettant de traiter (en rĂ©ception et en production) des textes portant sur des thĂšmes Ă  l’intĂ©rieur de domaines particuliers, en mobilisant les stratĂ©gies qui parais- sent le mieux convenir Ă  l’accomplissement des tĂąches Ă  effectuer. Le contrĂŽle de ces activitĂ©s par les interlocuteurs conduit au renforcement ou Ă  la modification des compĂ©tences. CHAPITRE 2 APPROCHE RETENUE 15
  • 16. UN CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE POUR LES LANGUES – APPRENDRE, ENSEIGNER, ÉVALUER 16 ‱ Est dĂ©finie comme tĂąche toute visĂ©e actionnelle que l’acteur se reprĂ©sente comme devant parvenir Ă  un rĂ©sultat donnĂ© en fonction d’un problĂšme Ă  rĂ©soudre, d’une obligation Ă  remplir, d’un but qu’on s’est fixĂ©. Il peut s’agir tout aussi bien, suivant cette dĂ©finition, de dĂ©placer une armoire, d’écrire un livre, d’emporter la dĂ©cision dans la nĂ©gociation d’un contrat, de faire une partie de cartes, de commander un repas dans un restaurant, de traduire un texte en langue Ă©trangĂšre ou de prĂ©parer en groupe un journal de classe. Si l’on pose que les diverses dimensions ci-dessus soulignĂ©es se trouvent en interrelation dans toute forme d’usage et d’ap- prentissage d’une langue, on pose aussi que tout acte d’apprentissage/enseignement d’une langue est concernĂ©, en quelque maniĂšre, par chacune de ces dimensions : stratĂ©gies, tĂąches, textes, compĂ©tences individuelles, compĂ©tence langagiĂšre Ă  com- muniquer, activitĂ©s langagiĂšres et domaines. ComplĂ©mentairement, dans toute intervention d’apprentissage et d’enseignement, il peut y avoir focalisation particuliĂšre quant Ă  l’objectif et donc quant Ă  l’évaluation, sur telle ou telle dimension ou tel sous-ensemble de dimensions (les autres dimen- sions Ă©tant alors considĂ©rĂ©es comme moyens par rapport aux objectifs, ou comme Ă  privilĂ©gier Ă  d’autres moments, ou comme non pertinentes en la circonstance). Apprenants, enseignants, responsables de programmes d’études, auteurs de supports pĂ©da- gogiques et concepteurs de tests s’inscrivent nĂ©cessairement dans ce jeu entre focalisation sur une dimension, et degrĂ© et mode de prise en compte des autres. Des exemples illustreront plus loin cette assertion. Mais il est aisĂ© de remarquer dĂšs Ă  prĂ©sent que, si la visĂ©e souvent affichĂ©e (parce que la plus reprĂ©sentative d’une approche mĂ©thodologique ?) est le dĂ©veloppement d’une compĂ©tence Ă  communiquer, certains programmes d’enseignement/apprentissage visent de fait un dĂ©veloppement qualitatif ou quantitatif des activitĂ©s langagiĂšres en langue Ă©trangĂšre, d’autres insistent sur la performance dans un domaine particulier, d’autres encore sur l’épanouissement de certaines compĂ©tences gĂ©nĂ©rales individuelles, d’autres sur l’affinement de stratĂ©gies. Le constat que « tout se tient » n’interdit pas que les objectifs puissent ĂȘtre diffĂ©renciĂ©s. On peut diviser chacune des catĂ©gories ci-dessus en sous-catĂ©gories elles-mĂȘmes encore trĂšs gĂ©nĂ©rales et que l’on Ă©tudiera dans les chapitres suivants. On ne s’intĂ©ressera ici qu’aux diffĂ©rentes dimensions des compĂ©tences gĂ©nĂ©rales, de la compĂ©tence communicative et aux activitĂ©s et domaines langagiers. 2.1.1 CompĂ©tences gĂ©nĂ©rales individuelles Les compĂ©tences gĂ©nĂ©rales individuelles du sujet apprenant ou communiquant (voir 5.1) reposent notamment sur les savoirs, savoir-faire et savoir-ĂȘtre qu’il possĂšde, ainsi que sur ses savoir-apprendre. ‱ Les savoirs, ou connaissance dĂ©clarative (voir 5.1.1) sont Ă  entendre comme des connaissances rĂ©sultant de l’expĂ©rience sociale (savoirs empiriques) ou d’un apprentissage plus formel (savoirs acadĂ©miques). Toute communication humaine repose sur une connaissance partagĂ©e du monde. En relation Ă  l’apprentissage et Ă  l’usage des langues, les savoirs qui inter- viennent ne sont pas, bien entendu, seulement ceux qui ont Ă  voir directement avec les langues et cultures. Les connais- sances acadĂ©miques d’un domaine Ă©ducationnel, scientifique ou technique, les connaissances acadĂ©miques ou empiriques d’un domaine professionnel sont Ă©videmment d’importance dans la rĂ©ception et la comprĂ©hension de textes en langue Ă©trangĂšre relevant des domaines en question. Mais les connaissances empiriques relatives Ă  la vie quotidienne (organisa- tion de la journĂ©e, dĂ©roulement des repas, modes de transport, de communication et d’information), aux domaines public ou personnel, sont tout aussi fondamentales pour la gestion d’activitĂ©s langagiĂšres en langue Ă©trangĂšre. La connaissance des valeurs et des croyances partagĂ©es de certains groupes sociaux dans d’autres rĂ©gions ou d’autres pays telles que les croyances religieuses, les tabous, une histoire commune, etc., sont essentielles Ă  la communication interculturelle. Les multiples domaines du savoir varient d’un individu Ă  l’autre. Ils peuvent ĂȘtre propres Ă  une culture donnĂ©e ; ils renvoient nĂ©anmoins Ă  des constantes universelles. Si l’on admet que toute connaissance nouvelle ne vient pas seulement s’adjoindre Ă  des connaissances prĂ©existantes mais, d’une part, dĂ©pend pour son intĂ©gration de la nature, de la richesse et de la structuration de ces derniĂšres et, d’autre part, contri- bue comme en retour Ă  les modifier et Ă  les restructurer, ne serait-ce que localement, alors il va de soi que les savoirs dont dis- pose l’individu intĂ©ressent directement l’apprentissage d’une langue. Dans de nombreux cas, les mĂ©thodes d’enseignement et d’apprentissage prĂ©supposent que cette connaissance du monde existe. Toutefois, dans certains contextes (expĂ©riences d’im- mersion, scolarisation ou poursuite d’études universitaires en langue autre que maternelle), il y a enrichissement simultanĂ© et articulĂ© de connaissances linguistiques et de connaissances autres. Les relations entre savoirs et compĂ©tence Ă  communiquer demandent qu’on les considĂšre attentivement. ‱ Les habiletĂ©s et savoir-faire (voir 5.1.2), qu’il s’agisse de conduire une voiture, jouer du violon ou prĂ©sider une rĂ©union, relĂšvent de la maĂźtrise procĂ©durale plus que de la connaissance dĂ©clarative, mais cette maĂźtrise a pu nĂ©cessiter, dans l’ap- prentissage prĂ©alable, la mise en place de savoirs ensuite « oubliables » et s’accompagne de formes de savoir-ĂȘtre, tels que dĂ©tente ou tension dans l’exĂ©cution. Ainsi, pour s’en tenir au cas de la conduite automobile ce qui est devenu, par l’accoutumance et l’expĂ©rience, un enchaĂź- nement quasi automatique de procĂ©dures (dĂ©brayer, passer les vitesses, etc.) a demandĂ© Ă  l’origine, une dĂ©composition explicite d’opĂ©rations conscientes et verbalisables (Vous relĂąchez doucement la pĂ©dale d’embrayage, vous passez en troi- siĂšme
) et la mise en place initiale de savoirs (il y a trois pĂ©dales dans une voiture non automatique, qui se situent les unes par rapport aux autres de telle maniĂšre, etc.) auxquels il n’est plus besoin de faire appel consciemment en tant que tels lorsque l’on « sait conduire ». Pendant l’apprentissage de la conduite, une attention forte a gĂ©nĂ©ralement Ă©tĂ© requise, une conscience de soi et de son corps d’autant plus vive que l’image de soi (risque d’échec, de ratĂ©, de manifestation d’in- compĂ©tence) se trouve particuliĂšrement exposĂ©e. Une fois la maĂźtrise atteinte, on attendra du conducteur ou de la conduc- trice une maniĂšre d’ĂȘtre marquant l’aisance et la confiance en soi, sauf Ă  inquiĂ©ter les passagers ou les autres
  • 17. 17 automobilistes. Il est clair que l’analogie avec certaines dimensions de l’apprentissage d’une langue pourrait ici ĂȘtre faci- lement Ă©tablie (par exemple, la prononciation ou certaines parties de la grammaire telle que la conjugaison des verbes). ‱ Les savoir-ĂȘtre (voir 5.1.3), sont Ă  considĂ©rer comme des dispositions individuelles, des traits de personnalitĂ©, des dispo- sitifs d’attitudes, qui touchent, par exemple, Ă  l’image de soi et des autres, au caractĂšre introverti ou extraverti manifestĂ© dans l’interaction sociale. On ne pose pas ces savoir-ĂȘtre comme des attributs permanents d’une personne et ils sont sujets Ă  des variations. Y sont inclus les facteurs provenant de diffĂ©rentes sortes d’acculturation et ils peuvent se modifier. Il est Ă  noter que ces traits de personnalitĂ©, ces maniĂšres d’ĂȘtre, ces dispositions, se trouvent souvent pris en compte dans les considĂ©rations relatives Ă  l’apprentissage et Ă  l’enseignement des langues. C’est en cela aussi que, mĂȘme si ils constituent un ensemble difficile Ă  cerner et Ă  dĂ©signer, ils doivent trouver leur place dans un Cadre de rĂ©fĂ©rence. D’autant plus si on les catĂ©- gorise comme relevant des compĂ©tences gĂ©nĂ©rales individuelles et donc comme, d’une part, constitutifs aussi des capacitĂ©s de l’acteur social et comme, d’autre part, acquĂ©rables ou modifiables dans l’usage et l’apprentissage mĂȘmes (par exemple, d’une ou de plusieurs langues), la formation Ă  ces maniĂšres d’ĂȘtre peut devenir un objectif. Comme le constat en est frĂ©quent, les savoir-ĂȘtre se trouvent culturellement inscrits et constituent dĂšs lors des lieux sensibles pour les perceptions et les relations entre cultures : telle maniĂšre d’ĂȘtre que tel membre d’une culture donnĂ©e adopte comme propre Ă  exprimer chaleur cordiale et intĂ©rĂȘt pour l’autre peut ĂȘtre reçue par tel membre d’une autre culture comme marque d’agressivitĂ© ou de vulgaritĂ©. ‱ Les savoir-apprendre (voir 5.1.4) mobilisent tout Ă  la fois des savoir-ĂȘtre, des savoirs et des savoir-faire et s’appuient sur des compĂ©tences de diffĂ©rents types. En la circonstance, « savoir-apprendre » peut aussi ĂȘtre paraphrasĂ© comme « savoir/ĂȘtre disposĂ© Ă  dĂ©couvrir l’autre », que cet autre soit une autre langue, une autre culture, d’autres personnes ou des connaissances nouvelles. Si la notion de « savoir apprendre » est valable dans tous les domaines, elle trouve un Ă©cho particulier Ă  propos de l’ap- prentissage des langues. Selon les apprenants, savoir apprendre renvoie Ă  des combinaisons diffĂ©rentes Ă  diffĂ©rents degrĂ©s de certains aspects du savoir-ĂȘtre, du savoir-faire et du savoir. Savoir apprendre se combine Ă  – savoir-ĂȘtre : par exemple une disposition Ă  prendre des initiatives, voire des risques dans la communication en face Ă  face, de maniĂšre Ă  se donner des occasions de prise de parole, Ă  provoquer une aide Ă©ventuelle de l’interlocuteur, Ă  demander Ă  ce dernier des reformulations facilitantes, etc. ; par exemple aussi des qualitĂ©s d’écoute, d’attention Ă  ce que dit l’autre, de conscience Ă©veillĂ©e aux possibilitĂ©s de malentendu culturel dans la relation avec l’autre – savoir : par exemple savoir quels types de relations morpho-syntaxiques correspondent Ă  des variations de dĂ©clinaisons pour telle langue Ă  cas ; autre exemple : savoir que les pratiques alimentaires et amoureuses peuvent comporter des tabous ou des rituels particuliers variables suivant les cultures ou marquĂ©s par la religion – savoir-faire : par exemple, se repĂ©rer rapidement dans un dictionnaire ou dans un centre documentaire ; savoir manipuler des supports audiovisuels ou informatiques offrant des ressources pour l’apprentissage. Suivant les apprenants, les savoir-apprendre peuvent prĂ©senter des compositions et des pondĂ©rations variables entre savoir- ĂȘtre, savoirs et savoir-faire ainsi que la capacitĂ© Ă  gĂ©rer l’inconnu. Savoir apprendre peut prĂ©senter des pondĂ©rations en fonction de – variations suivant les objets : selon qu’il a affaire Ă  de nouvelles personnes, Ă  un secteur de connaissance vierge pour lui, Ă  une culture trĂšs peu familiĂšre, Ă  une langue Ă©trangĂšre – variations suivant les projets : face Ă  un mĂȘme objet (par exemple, les rapports parents/enfants dans une communautĂ© don- nĂ©e), les procĂ©dures de dĂ©couverte, de recherche de sens ne seront sans doute pas les mĂȘmes pour un ethnologue, un tou- riste, un missionnaire, un journaliste, un Ă©ducateur, un mĂ©decin, intervenant chacun dans leur perspective propre – variations suivant les moments et l’expĂ©rience antĂ©rieure : les savoir-apprendre mis en Ɠuvre pour une cinquiĂšme langue Ă©trangĂšre ont quelque chance d’ĂȘtre diffĂ©rents de ceux qui avaient Ă©tĂ© mis en Ɠuvre pour une premiĂšre langue Ă©trangĂšre. Il faudra examiner ces variations au mĂȘme titre que des concepts tels que « style d’apprentissage » ou « profil de l’appre- nant » pour autant que ces derniers ne soient pas considĂ©rĂ©s comme immuablement fixĂ©s une fois pour toutes. Dans une visĂ©e d’apprentissage, les stratĂ©gies que l’individu sĂ©lectionne pour accomplir une tĂąche donnĂ©e peuvent jouer de la diversitĂ© des savoir-apprendre qu’il a Ă  sa disposition. Mais c’est aussi au travers de la diversitĂ© des expĂ©riences d’apprentis- sage, dĂšs lors que celles-ci ne sont ni cloisonnĂ©es entre elles ni strictement rĂ©pĂ©titives, qu’il enrichit ses capacitĂ©s Ă  apprendre. 2.1.2 CompĂ©tence Ă  communiquer langagiĂšrement La compĂ©tence Ă  communiquer langagiĂšrement peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme prĂ©sentant plusieurs composantes : une com- posante linguistique, une composante sociolinguistique, une composante pragmatique. Chacune de ces composantes est posĂ©e comme constituĂ©e notamment de savoirs, d’habiletĂ©s et de savoir-faire. ‱ La compĂ©tence linguistique est celle qui a trait aux savoirs et savoir-faire relatifs au lexique, Ă  la phonĂ©tique, Ă  la syn- taxe et aux autres dimensions du systĂšme d’une langue, pris en tant que tel, indĂ©pendamment de la valeur sociolinguis- tique de ses variations et des fonctions pragmatiques de ses rĂ©alisations. Cette composante, considĂ©rĂ©e sous l’angle ici retenu de la compĂ©tence Ă  communiquer langagiĂšrement d’un acteur donnĂ©, a Ă  voir non seulement avec l’étendue et la qualitĂ© des connaissances (par exemple en termes de distinctions phonĂ©tiques Ă©tablies ou d’étendue et de prĂ©cision du lexique), mais aussi avec l’organisation cognitive et le mode de stockage mĂ©moriel de ces connaissances (par exemple les rĂ©seaux associatifs de divers ordres dans lesquels un Ă©lĂ©ment lexical peut se trouver inclus pour ce locuteur) et avec leur accessibilitĂ© (activation, rappel et disponibilitĂ©). Les connaissances peuvent ĂȘtre conscientes et explicitables ou non (par exemple, lĂ  encore, quant Ă  la maĂźtrise d’un systĂšme phonĂ©tique). Leur organisation et leur accessibilitĂ© varient d’un CHAPITRE 2 : APPROCHE RETENUE
  • 18. individu Ă  l’autre et, pour un mĂȘme individu, connaissent aussi des variations internes (par exemple, pour un individu plu- rilingue, selon les variĂ©tĂ©s entrant dans sa compĂ©tence plurilingue). On considĂ©rera aussi que l’organisation cognitive du lexique, le stockage de locutions, etc. dĂ©pendent, entre autres facteurs, des caractĂ©ristiques culturelles de la (ou des) com- munautĂ©(s) oĂč se sont opĂ©rĂ©s la socialisation de l’acteur et ses divers apprentissages. ‱ La compĂ©tence sociolinguistique renvoie aux paramĂštres socioculturels de l’utilisation de la langue. Sensible aux normes sociales (rĂšgles d’adresse et de politesse, rĂ©gulation des rapports entre gĂ©nĂ©rations, sexes, statuts, groupes sociaux, codifi- cation par le langage de nombre de rituels fondamentaux dans le fonctionnement d’une communautĂ©), la composante sociolinguistique affecte fortement toute communication langagiĂšre entre reprĂ©sentants de cultures diffĂ©rentes, mĂȘme si c’est souvent Ă  l’insu des participants eux-mĂȘmes. ‱ La compĂ©tence pragmatique recouvre l’utilisation fonctionnelle des ressources de la langue (rĂ©alisation de fonctions langagiĂšres, d’actes de parole) en s’appuyant sur des scĂ©narios ou des scripts d’échanges interactionnels. Elle renvoie Ă©ga- lement Ă  la maĂźtrise du discours, Ă  sa cohĂ©sion et Ă  sa cohĂ©rence, au repĂ©rage des types et genres textuels, des effets d’ironie, de parodie. Plus encore pour cette composante que pour la composante linguistique, il n’est guĂšre besoin d’in- sister sur les incidences fortes des interactions et des environnements culturels dans lesquels s’inscrit la construction de telles capacitĂ©s. Toutes les catĂ©gories utilisĂ©es ici ont pour but de caractĂ©riser les domaines et les types de compĂ©tences qu’un acteur social a intĂ©grĂ©s, Ă  savoir les reprĂ©sentations, les mĂ©canismes et les capacitĂ©s dont on peut considĂ©rer que la rĂ©alitĂ© cognitive rend compte de comportements et de rĂ©alisations observables. SimultanĂ©ment, tout processus d’apprentissage facilitera le dĂ©velop- pement ou la transformation de ces reprĂ©sentations internes, de ces mĂ©canismes et de ces capacitĂ©s. On Ă©tudiera plus en dĂ©tail chacune de ces composantes dans le Chapitre 5. 2.1.3 ActivitĂ©s langagiĂšres La compĂ©tence Ă  communiquer langagiĂšrement du sujet apprenant et communiquant est mise en Ɠuvre dans la rĂ©alisation d’activitĂ©s langagiĂšres variĂ©es pouvant relever de la rĂ©ception, de la production, de l’interaction, de la mĂ©diation (notamment les activitĂ©s de traduction et d’interprĂ©tation), chacun de ces modes d’activitĂ©s Ă©tant susceptible de s’accomplir soit Ă  l’oral, soit Ă  l’écrit, soit Ă  l’oral et Ă  l’écrit. ‱ Pour autant, les activitĂ©s langagiĂšres de rĂ©ception (orale et/ou Ă©crite) ou de production (orale et/ou Ă©crite) sont Ă©videm- ment premiĂšres car indispensables dans le jeu mĂȘme de l’interaction. Toutefois, dans ce Cadre de rĂ©fĂ©rence, l’usage de ces termes pour des activitĂ©s langagiĂšres se limitera au rĂŽle qu’elles jouent lorsqu’elles sont isolĂ©es. Les activitĂ©s de rĂ©ception supposent le silence et l’attention au support. Elles tiennent Ă©galement une grande place dans bien des formes d’appren- tissage (comprendre le contenu d’un cours, consulter des manuels, des ouvrages de rĂ©fĂ©rence et des documents). Les acti- vitĂ©s de production ont une fonction importante dans nombre de secteurs acadĂ©miques et professionnels (prĂ©sentations et exposĂ©s oraux, Ă©tudes et rapports Ă©crits) et dans l’évaluation sociale Ă  laquelle elles donnent particuliĂšrement lieu (juge- ments portĂ©s sur les prestations Ă©crites ou sur la fluiditĂ©, l’aisance des prises de parole et de l’exposition orale). ‱ Dans l’interaction, au moins deux acteurs participent Ă  un Ă©change oral et/ou Ă©crit et alternent les moments de production et de rĂ©ception qui peuvent mĂȘme se chevaucher dans les Ă©changes oraux. Non seulement deux interlocuteurs sont en mesure de se parler mais ils peuvent simultanĂ©ment s’écouter. MĂȘme lorsque les tours de parole sont strictement respec- tĂ©s, l’auditeur est gĂ©nĂ©ralement en train d’anticiper sur la suite du message et de prĂ©parer une rĂ©ponse. Ainsi, apprendre Ă  interagir suppose plus que d’apprendre Ă  recevoir et Ă  produire des Ă©noncĂ©s. On accorde gĂ©nĂ©ralement une grande impor- tance Ă  l’interaction dans l’usage et l’apprentissage de la langue Ă©tant donnĂ© le rĂŽle central qu’elle joue dans la communi- cation. ‱ Participant Ă  la fois de la rĂ©ception et de la production, les activitĂ©s Ă©crites et/ou orales de mĂ©diation, permettent, par la traduction ou l’interprĂ©tariat, le rĂ©sumĂ© ou le compte rendu, de produire Ă  l’intention d’un tiers une (re)formulation acces- sible d’un texte premier auquel ce tiers n’a pas d’abord accĂšs direct. Les activitĂ©s langagiĂšres de mĂ©diation, (re)traitant un texte dĂ©jĂ  lĂ , tiennent une place considĂ©rable dans le fonctionnement langagier ordinaire de nos sociĂ©tĂ©s. 2.1.4 Domaines Ces activitĂ©s langagiĂšres s’inscrivent Ă  l’intĂ©rieur de domaines eux-mĂȘmes trĂšs divers mais oĂč, en relation Ă  l’apprentissage des langues, il est pertinent de sĂ©parer quatre secteurs majeurs : le domaine public, le domaine professionnel, le domaine Ă©du- cationnel et le domaine personnel. ‱ Sous domaine public, on situe tout ce qui relĂšve des Ă©changes sociaux ordinaires (relations commerçantes et civiles ; ser- vices publics, activitĂ©s culturelles, de loisir dans des lieux publics, relations aux mĂ©dias, etc.). ComplĂ©mentairement, le domaine personnel sera caractĂ©risĂ© aussi bien par les relations familiales que par les pratiques sociales individuelles. ‱ Le domaine professionnel recouvre tout ce qui concerne les interventions et relations des acteurs dans l’exercice de leur activitĂ© professionnelle. Le domaine Ă©ducationnel est celui oĂč l’acteur se trouve dans un contexte (le plus souvent insti- tutionnalisĂ©) de formation et est censĂ© y acquĂ©rir des connaissances ou des habiletĂ©s dĂ©finies. UN CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE POUR LES LANGUES – APPRENDRE, ENSEIGNER, ÉVALUER 18
  • 19. 19 2.1.5 TĂąches, stratĂ©gies et textes Communication et apprentissage passent par la rĂ©alisation de tĂąches qui ne sont pas uniquement langagiĂšres mĂȘme si elles impliquent des activitĂ©s langagiĂšres et sollicitent la compĂ©tence Ă  communiquer du sujet. Dans la mesure oĂč ces tĂąches ne sont ni routiniĂšres ni automatisĂ©es, elles requiĂšrent le recours Ă  des stratĂ©gies de la part de l’acteur qui communique et apprend. Dans la mesure oĂč leur accomplissement passe par des activitĂ©s langagiĂšres, elles comportent le traitement (par la rĂ©ception, la pro- duction, l’interaction, la mĂ©diation) de textes oraux ou Ă©crits. Le modĂšle d’ensemble ainsi esquissĂ© est de type rĂ©solument actionnel. Il se trouve centrĂ© sur la relation entre, d’un cĂŽtĂ©, les stratĂ©gies de l’acteur elles-mĂȘmes liĂ©es Ă  ses compĂ©tences et Ă  la perception/reprĂ©sentation qu’il a de la situation oĂč il agit et, d’un autre cĂŽtĂ©, la ou les tĂąche(s) Ă  rĂ©aliser dans un environnement et des conditions donnĂ©s. Ainsi, quelqu’un qui doit dĂ©placer une armoire (tĂąche) peut essayer de la pousser, la dĂ©monter pour la transporter plus faci- lement et la remonter, faire appel Ă  une main-d’Ɠuvre extĂ©rieure, renoncer et se convaincre que ça peut attendre demain, etc. (autant de stratĂ©gies). Suivant la stratĂ©gie retenue, l’exĂ©cution (ou l’évitement, le report, la redĂ©finition) de la tĂąche, passera ou non par une activitĂ© langagiĂšre et un traitement de texte (lire une notice de dĂ©montage, passer un coup de tĂ©lĂ©phone, etc.). De mĂȘme un Ă©lĂšve qui doit traduire un texte de langue Ă©trangĂšre (tĂąche) peut rechercher s’il existe dĂ©jĂ  une traduction, demander Ă  un autre Ă©lĂšve de lui montrer ce qu’il a fait, recourir Ă  un dictionnaire, reconstruire vaille que vaille un sens Ă  partir de quelques mots ou agencements syntaxiques qu’il connaĂźt, imaginer une bonne excuse pour ne pas rendre ce devoir, etc. (stratĂ©gies mul- tiples). Pour tous les cas ici envisagĂ©s, il y aura nĂ©cessairement, cette fois, activitĂ© langagiĂšre et traitement de texte (traduction/ mĂ©diation, nĂ©gociation verbale avec un camarade, lettre ou paroles d’excuse au professeur, etc.). La relation entre stratĂ©gies, tĂąche et texte est fonction de la nature de la tĂąche. Celle-ci peut ĂȘtre essentiellement langa- giĂšre, c’est-Ă -dire que les actions qu’elle requiert sont avant tout des activitĂ©s langagiĂšres et que les stratĂ©gies mises en Ɠuvre portent d’abord sur ces activitĂ©s langagiĂšres (par exemple : lire un texte et en faire un commentaire, complĂ©ter un exercice Ă  trous, donner une confĂ©rence, prendre des notes pendant un exposĂ©). Elle peut comporter une composante langagiĂšre, c’est-Ă - dire que les actions qu’elle requiert ne sont que pour partie des activitĂ©s langagiĂšres et que les stratĂ©gies mises en Ɠuvre portent aussi ou avant tout sur autre chose que ces activitĂ©s (par exemple : confectionner un plat Ă  partir de la consultation d’une fiche- recette). La tĂąche peut s’effectuer aussi bien sans recours Ă  une activitĂ© langagiĂšre ; dans ce cas, les actions qu’elle requiert ne relĂš- vent en rien de la langue et les stratĂ©gies mobilisĂ©es portent sur d’autres ordres d’actions. Par exemple, le montage d’une tente de camping par plusieurs personnes compĂ©tentes peut se faire en silence. Il s’accom- pagnera Ă©ventuellement de quelques Ă©changes oraux liĂ©s Ă  la procĂ©dure technique, se doublera, le cas Ă©chĂ©ant, d’une conversa- tion n’ayant rien Ă  voir avec la tĂąche en cours, voire d’airs fredonnĂ©s par tel ou tel. L’usage de la langue s’avĂšre nĂ©cessaire lorsqu’un membre du groupe ne sait plus ce qu’il doit faire ou si, pour une raison quelconque, la procĂ©dure habituelle ne marche pas. Dans la perspective retenue, stratĂ©gies de communication et stratĂ©gies d’apprentissage ne sont donc que des stratĂ©gies parmi d’autres, tout comme tĂąches communicationnelles et tĂąches d’apprentissage ne sont que des tĂąches parmi d’autres. De mĂȘme, textes « authentiques » ou textes fabriquĂ©s Ă  des fins pĂ©dagogiques, textes de manuels ou textes produits par les apprenants ne sont que des textes parmi d’autres. Les chapitres suivants proposent une prĂ©sentation dĂ©taillĂ©e de chaque dimension et des sous-catĂ©gories, accompagnĂ©e d’exemples et de barĂšmes s’il y a lieu. – Le Chapitre 4 traite de la dimension de l’utilisation de la langue – ce qu’on exige qu’un apprenant ou un utilisateur sache faire. – Le Chapitre 5 traite des compĂ©tences qui permettent Ă  un usager de la langue d’agir. 2.2 NIVEAUX COMMUNS DE RÉFÉRENCE D’UNE COMPÉTENCE LANGAGIÈRE Outre la description commentĂ©e ci-dessus, le Chapitre 3 fournit une « dimension verticale » et prĂ©sente une sĂ©rie ascendante de niveaux de rĂ©fĂ©rence communs pour dĂ©crire la compĂ©tence de l’apprenant. Les catĂ©gories descriptives qu’introduisent les Chapitres 4 et 5 tracent les grandes lignes d’une « dimension horizontale » constituĂ©e de paramĂštres d’activitĂ© communicative et de compĂ©tence langagiĂšre communicative. Il est courant de prĂ©senter une sĂ©rie de niveaux dans une sĂ©rie de paramĂštres sous forme d’une grille avec une entrĂ©e horizontale et une entrĂ©e verticale. Il s’agit lĂ , bien sĂ»r, d’une simplification considĂ©rable puisqu’il suffirait, par exemple, d’ajouter le domaine pour donner une troisiĂšme dimension et transformer cette grille en cube notionnel. ReprĂ©senter le degrĂ© de multidimensionnalitĂ© en cause sur un diagramme constituerait un vĂ©ritable dĂ©fi, peut-ĂȘtre une impossibilitĂ©. L’addition d’une dimension verticale au Cadre de rĂ©fĂ©rence permet nĂ©anmoins de dessiner ou d’ébaucher l’espace d’ap- prentissage de façon simplifiĂ©e certes, mais utile pour un certain nombre de raisons. – L’effort de dĂ©finition de la compĂ©tence de l’apprenant en regard des catĂ©gories utilisĂ©es dans le Cadre de rĂ©fĂ©rence peut aider Ă  rendre plus concret ce qu’il est appropriĂ© d’attendre Ă  diffĂ©rents niveaux de rĂ©alisation en fonction de ces catĂ©go- ries. En retour, cela peut faciliter la rĂ©daction d’énoncĂ©s clairs et rĂ©alistes d’objectifs gĂ©nĂ©raux d’apprentissage. CHAPITRE 2 : APPROCHE RETENUE
  • 20. – L’apprentissage Ă  moyen ou long terme doit s’organiser en unitĂ©s qui tiennent compte de la progression et assurent un suivi. Les programmes et les supports doivent se situer les uns par rapport aux autres. Un cadre de rĂ©fĂ©rence de niveaux peut faciliter cette opĂ©ration. – Les efforts d’apprentissage relatifs Ă  ces objectifs et Ă  ces unitĂ©s doivent aussi se placer sur cette ligne verticale de pro- grĂšs, c’est-Ă -dire ĂȘtre Ă©valuĂ©s en fonction de la compĂ©tence acquise. L’existence d’énoncĂ©s de compĂ©tences ou de savoir- faire peut faciliter cette opĂ©ration. – Une Ă©valuation de ce type doit tenir compte des apprentissages alĂ©atoires, hors systĂšme scolaire, tels que les enrichisse- ments marginaux Ă©voquĂ©s prĂ©cĂ©demment. L’existence d’un ensemble d’énoncĂ©s de compĂ©tences qui dĂ©passent les limites d’un programme donnĂ© peut faciliter cette opĂ©ration. – L’apport d’une batterie d’énoncĂ©s de compĂ©tences facilitera la comparaison des objectifs, des niveaux, du matĂ©riel, des tests et des rĂ©alisations dans des situations et des systĂšmes diffĂ©rents. – Un cadre de rĂ©fĂ©rence qui prend en compte Ă  la fois la dimension horizontale et la dimension verticale facilite la dĂ©fini- tion d’objectifs partiels et la reconnaissance de compĂ©tences partielles et de profils non Ă©quilibrĂ©s en termes d’aptitudes. – Un cadre de niveaux et de catĂ©gories qui facilite l’établissement du profil d’objectifs peut ĂȘtre un outil pour l’inspecteur. Un cadre de rĂ©fĂ©rence de ce type peut aider Ă  Ă©valuer si les apprenants travaillent au niveau convenable dans diffĂ©rents domaines et si leur performance dans ces domaines se situe dans une norme correspondant Ă  leur niveau d’apprentissage, Ă  leurs buts immĂ©diats et, Ă  plus long terme, aux rĂ©sultats plus larges escomptĂ©s en termes de compĂ©tence langagiĂšre rĂ©elle et de dĂ©veloppement personnel. – Enfin, durant leur carriĂšre d’apprenants de langues, les Ă©tudiants seront amenĂ©s Ă  frĂ©quenter un certain nombre d’institu- tions Ă©ducatives et d’organismes offrant des cours de langue ; l’existence d’une Ă©chelle de niveaux peut faciliter la colla- boration de ces secteurs entre eux. Avec une mobilitĂ© personnelle accrue, il est de plus en plus courant que des apprenants passent d’un systĂšme Ă©ducatif Ă  un autre Ă  la fin, voire au milieu, d’un cycle. Ce phĂ©nomĂšne rend encore plus importante l’existence d’une Ă©chelle commune qui rende compte de leurs acquisitions. En examinant la dimension verticale du Cadre de rĂ©fĂ©rence, il ne faut pas oublier que le processus d’apprentissage d’une langue est continu et individuel. Il n’y a pas deux usagers d’une langue, qu’ils soient locuteurs natifs ou apprenants Ă©trangers, qui aient exactement les mĂȘmes compĂ©tences ou qui les dĂ©veloppent de la mĂȘme façon. Toute tentative pour dĂ©finir des « niveaux » de compĂ©tence est arbitraire, dans une large mesure, comme elle le serait dans tout autre domaine de savoir ou de savoir-faire. Toutefois, il est utile, pour des raisons pratiques, de mettre en place une Ă©chelle de niveaux afin de segmenter le processus d’apprentissage en vue de l’élaboration de programmes, de rĂ©daction d’examens, etc. Leur nombre et le niveau qu’ils atteignent dĂ©pendront largement de l’organisation particuliĂšre de tel ou tel systĂšme Ă©ducatif et de l’objectif qui a prĂ©sidĂ© Ă  leur Ă©laboration. On peut dĂ©finir les dĂ©marches et les critĂšres pour l’étalonnage et la formulation des descripteurs comme pour carac- tĂ©riser les niveaux successifs de compĂ©tence. Les questions soulevĂ©es et les options possibles sont approfondies dans l’Annexe A. On recommande vivement aux utilisateurs de ce Cadre de rĂ©fĂ©rence de consulter cette partie et la bibliographie qui l’ac- compagne avant de prendre leurs propres dĂ©cisions quant Ă  l’étalonnage. Il faut Ă©galement se souvenir que les niveaux ne reflĂštent qu’une dimension verticale. Ils ne tiennent que trĂšs peu compte du fait que l’apprentissage d’une langue se joue sur un progrĂšs horizontal autant que vertical, au fur et Ă  mesure que les apprenants deviennent performants dans une gamme plus large d’activitĂ©s. Le progrĂšs ne consiste pas seulement Ă  gravir une Ă©chelle ver- ticale. Il n’y a pas d’obligation logique particuliĂšre, pour un apprenant, de passer par tous les niveaux Ă©lĂ©mentaires d’une Ă©chelle. Il peut prendre une entrĂ©e horizontale (en passant par une catĂ©gorie voisine) en Ă©largissant ses aptitudes plutĂŽt qu’en les accrois- sant dans une mĂȘme catĂ©gorie. RĂ©ciproquement, l’expression « approfondir ses connaissances » reconnaĂźt que l’on peut, Ă  un moment donnĂ©, ressentir le besoin de consolider ses gains pragmatiques par un « retour aux sources » (en l’occurrence, les niveaux Ă©lĂ©mentaires) dans un domaine dans lequel on s’est dĂ©placĂ© latĂ©ralement. Enfin, il faut ĂȘtre prudent dans l’interprĂ©tation d’un ensemble de niveaux et d’échelles de la compĂ©tence langagiĂšre et ne pas les considĂ©rer comme un instrument de mesure semblable Ă  un mĂštre. Il n’existe pas d’échelle ni d’ensemble de niveaux qui puisse se prĂ©valoir d’ĂȘtre ainsi linĂ©aire. Selon les termes des sĂ©ries de spĂ©cifications du contenu du Conseil de l’Europe, mĂȘme si le Waystage (Niveau intermĂ©diaire ou de survie) se situe Ă  mi-parcours du Niveau seuil (Threshold) sur une Ă©chelle de niveaux, et le Niveau seuil (Threshold) Ă  mi-parcours du Vantage (Niveau avancĂ© ou indĂ©pendant), l’expĂ©rience que l’on a des Ă©chelles existantes tend Ă  prouver que les apprenants prendront plus de deux fois le temps nĂ©cessaire pour atteindre le Niveau seuil qu’ils ne l’avaient fait pour atteindre le Waystage, et probablement aussi plus de deux fois le temps qu’il leur a fallu pour le Niveau seuil avant d’atteindre le Vantage – et ce mĂȘme si ces niveaux paraissent Ă©quidistants sur l’échelle. La cause en est l’indispen- sable Ă©largissement de la gamme des activitĂ©s, des aptitudes et des discours. Cet Ă©tat de fait se reflĂšte dans la prĂ©sentation frĂ©- quente d’une Ă©chelle de niveaux sous la forme d’un diagramme qui ressemble Ă  un cornet de glace, un cĂŽne en trois dimensions qui s’élargit vers le haut. Il faut user d’une extrĂȘme prudence lorsqu’on utilise une Ă©chelle de niveaux, quelle qu’elle soit, pour calculer le temps moyen de « face Ă  face » nĂ©cessaire pour atteindre des objectifs donnĂ©s. 2.3 APPRENTISSAGE ET ENSEIGNEMENT DE LA LANGUE 2.3.1 De tels exposĂ©s des objectifs d’apprentissage ne rĂ©vĂšlent rien des opĂ©rations par lesquelles les apprenants deviennent capables d’agir comme il se doit, ou de celles par lesquelles ils construisent ou dĂ©veloppent les compĂ©tences qui rendent les actes langagiers possibles. Ils ne disent rien non plus des moyens utilisĂ©s par les enseignants pour faciliter le processus d’ac- quisition et d’apprentissage de la langue. Cependant, puisque l’une des fonctions principales du Cadre de rĂ©fĂ©rence est d’en- courager tous les diffĂ©rents partenaires de l’enseignement et de l’apprentissage des langues et de leur donner les moyens UN CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE POUR LES LANGUES – APPRENDRE, ENSEIGNER, ÉVALUER 20
  • 21. 21 d’informer les autres de maniĂšre aussi transparente que possible, non seulement de leurs buts et de leurs objectifs mais aussi des mĂ©thodes qu’ils utilisent et des rĂ©sultats rĂ©ellement obtenus, il apparaĂźt clairement que le Cadre de rĂ©fĂ©rence ne peut se limiter au savoir, aux aptitudes et aux attitudes que les apprenants doivent acquĂ©rir afin de fonctionner en utilisateurs compĂ©tents de la langue, mais qu’il doit aussi traiter du processus d’acquisition et d’apprentissage de la langue ainsi que des mĂ©thodes d’en- seignement. Ces questions seront traitĂ©es au Chapitre 6. 2.3.2 Il faut toutefois clarifier une fois encore le rĂŽle du Cadre de rĂ©fĂ©rence eu Ă©gard Ă  l’acquisition, l’apprentissage et l’en- seignement des langues. En accord avec les principes fondamentaux d’une dĂ©mocratie plurielle, le Cadre de rĂ©fĂ©rence se veut aussi exhaustif que possible, ouvert, dynamique et non dogmatique. C’est pour cela qu’il ne peut prendre position d’un cĂŽtĂ© ou de l’autre dans les dĂ©bats thĂ©oriques actuels sur la nature de l’acquisition des langues et sa relation Ă  l’apprentissage ; pas plus qu’il ne saurait prĂ©coniser une approche particuliĂšre de l’enseignement. Il a pour fonction d’encourager tous ceux qui s’inscri- vent comme partenaires dans le processus d’enseignement/apprentissage Ă  Ă©noncer de maniĂšre aussi explicite et claire que pos- sible leurs propres bases thĂ©oriques et leurs dĂ©marches pratiques. Afin de jouer ce rĂŽle, il dresse un inventaire de paramĂštres, de catĂ©gories, de critĂšres et d’échelles dans lesquels les utilisateurs peuvent puiser ; cet inventaire peut aussi Ă©ventuellement les stimuler Ă  prendre en considĂ©ration un choix d’options plus large ou Ă  mettre en question les hypothĂšses traditionnelles sur lesquelles ils fonctionnent et qu’ils n’avaient pas examinĂ©es auparavant. Cela ne signifie en aucune façon que ces hypothĂšses soient fausses mais seulement que tous ceux qui sont responsables de planification ont Ă  gagner d’un rĂ©examen de la thĂ©orie et de la pratique dans lequel ils prendront en compte les dĂ©cisions que d’autres partenaires ont prises de leur cĂŽtĂ© et, notamment, dans d’autres pays d’Europe. Un Cadre de rĂ©fĂ©rence ouvert et « neutre » ne suppose pas, bien Ă©videmment, une absence de politique. En proposant ce Cadre de rĂ©fĂ©rence, le Conseil de l’Europe ne s’éloigne en aucune façon des principes Ă©noncĂ©s plus haut dans le Chapitre 1 ou dans les Recommandations R (82) 18 et R (98) 6 que le ComitĂ© des Ministres a adressĂ©es aux gouvernements membres. 2.3.3 Les Chapitres 4 et 5 traitent essentiellement des actes de parole et des compĂ©tences exigĂ©s d’un apprenant/utilisateur par rapport Ă  une langue donnĂ©e afin de communiquer avec les autres usagers de cette langue. L’essentiel du Chapitre 6 porte sur la façon de dĂ©velopper les capacitĂ©s nĂ©cessaires et comment faciliter ce dĂ©veloppement. Le Chapitre 7 s’intĂ©resse plus particuliĂšrement au rĂŽle des tĂąches dans l’utilisation et l’apprentissage de la langue. Toutefois, il reste Ă  explorer toutes les rĂ©percussions de l’adoption d’une approche plurilingue et pluriculturelle. En consĂ©quence, le Chapitre 8 Ă©tudie plus en dĂ©tail d’abord la nature et le dĂ©veloppement d’une compĂ©tence plurilingue et, ensuite, ses consĂ©quences sur la diversification des politiques Ă©ducatives et en matiĂšre d’enseignement des langues. 2.4 ÉVALUATION Le titre complet du Cadre europĂ©en commun de rĂ©fĂ©rence pour les langues mentionne Ă©galement : apprendre, enseigner, Ă©va- luer. Jusqu’ici, on a mis l’accent sur la nature de l’utilisation de la langue et sur celle de l’utilisateur ainsi que sur les rĂ©percus- sions sur l’enseignement et l’apprentissage. Le Chapitre 9 (et dernier) s’occupe plus particuliĂšrement des fonctions du Cadre de rĂ©fĂ©rence par rapport Ă  l’évaluation de la compĂ©tence en langue. Ce chapitre signale trois directions possibles d’utilisation du Cadre de rĂ©fĂ©rence 1. pour la dĂ©finition du contenu des tests et examens 2. pour l’exposĂ© des critĂšres de rĂ©alisation des objectifs d’apprentissage, par rapport Ă  la fois Ă  l’évaluation d’une perfor- mance orale ou Ă©crite donnĂ©e et Ă  l’évaluation continue qu’elle soit auto-Ă©valuation, paritaire ou magistrale 3. pour la description des niveaux de compĂ©tence dans les tests et examens existants, permettant ainsi de comparer des sys- tĂšmes diffĂ©rents de qualifications. Le chapitre expose ensuite en dĂ©tail les choix qui ont Ă©tĂ© faits par ceux qui dirigent les opĂ©rations d’évaluation. Ces choix sont prĂ©sentĂ©s en opposition par deux. Dans chaque cas, les termes utilisĂ©s sont clairement dĂ©finis et l’on prĂ©sente les avantages et les inconvĂ©nients relatifs par rapport au but de l’évaluation dans son contexte Ă©ducatif. Les consĂ©quences du choix de l’une ou de l’autre option sont Ă©galement Ă©noncĂ©es. Le chapitre se poursuit par l’étude de la faisabilitĂ© en Ă©valuation. L’approche retenue se fonde sur l’observation qu’un sys- tĂšme pratique d’évaluation ne saurait ĂȘtre trop compliquĂ©. Il faut faire preuve de bon sens en ce qui concerne la quantitĂ© de dĂ©tails Ă  y faire entrer, par exemple dans la publication d’un programme d’examen, par rapport aux dĂ©cisions extrĂȘmement dĂ©taillĂ©es que l’on doit prendre en rĂ©digeant un sujet d’examen ou en rĂ©alisant une banque d’items. Les examinateurs, en parti- culier Ă  l’oral, travaillent sous tension en temps limitĂ© et ne peuvent manipuler qu’un nombre restreint de critĂšres. Les appre- nants qui souhaitent Ă©valuer leur propre capacitĂ© pour savoir, par exemple, ce qu’ils doivent faire ensuite, disposent de plus de temps ; mais ils devront ĂȘtre sĂ©lectifs quant aux composantes de la compĂ©tence communicative gĂ©nĂ©rale significative pour eux. Ceci est une illustration du principe plus gĂ©nĂ©ral selon lequel le Cadre de rĂ©fĂ©rence doit ĂȘtre aussi exhaustif que possible mais que ses utilisateurs doivent ĂȘtre sĂ©lectifs. Leur mode de sĂ©lection peut se fonder sur l’usage d’un systĂšme de classification plus simple qui, comme nous l’avons vu relativement aux « activitĂ©s communicatives », peut effectuer un regroupement de catĂ©go- ries sĂ©parĂ©es dans le systĂšme gĂ©nĂ©ral. D’un autre cĂŽtĂ©, les buts de l’utilisateur peuvent le conduire Ă  dĂ©velopper certaines catĂ©- gories dans des domaines qui les concernent plus particuliĂšrement. Le chapitre commente les questions soulevĂ©es et illustre le commentaire en prĂ©sentant des ensembles de critĂšres adoptĂ©s pour l’évaluation de la compĂ©tence par un certain nombre de centres d’examens. CHAPITRE 2 : APPROCHE RETENUE