3. Introduction:
Avant 1830, le nord de l’Algérie est sous domination ottomane,
avec à sa tête un dey, vassal de l’empereur. La France a des vues sur
Alger renfermant des fortunes immenses.
Quelles sont les différents aspects de la conquête de l’Algérie par les
Français ?
4. I. La prise d’Alger:
A partir des années 1830, l’Europe se
relance dans l’aventure coloniale débutée au
XVIème siècle. La France a des vues sur le
territoire algérien contrôlé alors par l’empire
Ottoman. Charles X, roi de France, souhaite
affirmer sa puissance et accroître le prestige de
la France en mettant la main sur cette colonie.
La France va utiliser de multiples raisons pour
s’imposer en Algérie.
6. « La raison invoquée pour l’invasion est un incident diplomatique assez mal élucidé entre le consul
français et le dey d’Alger au sujet d’un contentieux financier vieux de 31 ans entre le gouvernement français
et la régence d’Alger. A cette époque, en 1799, afin de nourrir les soldats de l’expédition d’Egypte menée par
le général Bonaparte, Talleyrand négocie un paiement différé pour deux négociants juifs d’Alger, chargés
d’importer du blé algérien en France. Mais ils ne furent pas payés, et ne purent s’acquitter des taxes imposés
par le dey. En 1827, celui-ci réclame le paiement de la dette par la France aux deux marchands, afin de
percevoir des taxes dont il a grand besoin. Exaspéré par le fait que la France laisse trainer l’affaire, et se
jugeant offensé par le consul français réputé pour son caractère difficile et arrogant, le dey aurait porté un
coup d’éventail au diplomate. Selon des sources locales, il ne fit que le toucher du bout de son éventail pour
lui indiquer la sortie.
Charles X, roi de France très conservateur, veut renouer avec le prestige monarchique, et décide de
laver l’honneur du pays. Il saisit l’occasion pour monter une expédition punitive sur les côtes algériennes.
Cette opération militaire doit lui permettre de détourner l’attention de l’opinion publique face aux difficultés
intérieures, ainsi que de se débarrasser des pirates barbaresques qui infestaient la mer Méditerranée depuis
trois siècles, et dont un des repaires était justement le port d’Alger ; ainsi qu’à mettre fin à l’esclavage des
chrétiens par eux. Un blocus maritime est mis en place. Le roi renoue avec la tradition des croisades contre
l’Empire ottoman.
On cherche surtout dans un contexte de troubles sociaux où la révolte gronde en France à envoyer
outre Méditerranée des populations présentant un danger pour l’ordre social. Charles X était à court de
trésorerie et la colère du peuple parisien menaçait. Dès lors, l’immense pactole que constituait la fortune du
dey d’Alger (48 millions de francs or) attirait sa convoitise. S’emparer de ce trésor était le véritable objectif de
cette expédition. Il faut rappeler que la côté barbaresque (nom donné jadis au Maghreb et à la Libye) était
particulièrement riche en corail, et que l’arrière-pays exportait de la cire, des cuirs, de la laine et surtout des
grains. »
D’après Pierre Péant, Main basse sur Alger, Enquête sur un Pillage : juillet 1830, Editions Plon, Paris 2004.
7. L’insulte faite le 29 avril 1827 à M.
Deval [consul de France] devenait un prétexte
d’intervention suffisant. La punition éclatante
du dey était un devoir impérieux. (…) Le
gouvernement arrêta ses idées sur une
expédition militaire qui offrit à la fois de la
gloire à l’armée, de grands avantages au pays,
et qui vînt frapper les imaginations par la
grandeur de son but. La conquête d’Alger
délivrait l’Europe de la plus humiliante
servitude. Elle servait la cause de l’humanité;
elle devait offrir à l’agriculture, au commerce,
à l’industrie et à la civilisation d’immenses
moyens de succès, et à l’ambition, un des
plus beaux pays du globe et les richesses
d’une ville qui, depuis trois cent ans,
enfouissait les trésors de la chrétienté et le
fruit des brigandages de ses habitants.
J.-T. Merle, Anecdotes historiques et politiques pour servir
à l’histoire de la conquête d’Alger en 1830, Paris, 1831.
8. La régence d’Alger s’était
arrogé le droit d’écumer les mers.
Quelques milliers de brigands
entravaient le commerce et
répandaient l’effroi et la désolation
sur toutes les côtes de l’Europe que
baigne la Méditerranée.
C.-A. Rozet, Relation de la guerre
d’Afrique pendant les années 1830 et
1831, Paris, 1831.
9. La flotte française bombarde Alger
Les troupes françaises débarquent, le 13 juin
1830, sur la plage de Sidi Ferruch, à 25 km d’Alger
pendant que la flotte bombarde les défenses de la
ville. Le ministre français de la guerre, le comte de
Bourmont, commande l’expédition et faut
bombarder le fort d’Alger qui résiste encore le 4
juillet 1830.
Suite à de violents combats entre les troupes
turques et l’armée française (plus de 400 morts), le
dey capitule le 5 juillet. Le trésor du dey est pris et
les soldats se livrent à une mise à sac de la ville.
10. II. Une difficile conquête du territoire
algérien:
Malgré la capitulation du dey d’Alger, l’Algérie
n’est pas entièrement sous domination
française. La résistance se met en place contre
la présence étrangère. Abd el-Kader en prend
la tête en 1832.
11. « Les habitants des régions de Mascara, des deux Ghéris, celui de l’est
et celui de l’ouest, leurs voisins et alliés, les Beni Abbas, les Yacoubia, les
Beni Amer et les Beni Mahajer et d’autres encore sont unaninement
convenus de me confier l’autorité suprême de notre pays; en
s’engageant à me suivre dans la victoire comme dans la défaite, dans
l’adversité comme dans la prospérité et à consacrer leur personne, leurs
fils et leurs biens à une cause qui est grande et juste. J’ai accepté
d’assumer cette lourde tâche, dans l’espoir de pouvoir être le moyen
d’unir la communauté des musulmans, d’éteindre leurs querelles
intestines et d’apporter une sécurité générale à tous les habitants de ce
pays, et de refouler et de battre l’ennemi qui envahit notre territoire
dans le dessein de nous imposer son joug. »
Déclaration d’investiture d’Abd el-Kader
le 21 novembre 1832
12. Les Algériens Les Français
Chef - Abd el-Kader : nommé par quelques tribus
« sultan des Arabes » en 1832
- Le général Bugeaud à la tête de l’armée française.
Gouverneur général de l’Algérie de 1840 à 1847.
Objectifs - Il mène une guerre sainte contre les Français,
au nom de la nation arabe dont il veut faire un
Etat : l’Algérie.
- Il est considéré comme un adversaire sérieux.
- Il livre une guerre totale, sans pitié: « Il ne faut pas
courir après les Arabes, il faut les empêcher de semer,
de récolter, de pâturer. »
Techniques
militaires
- Création d’une capitale mobile, constituée de
tentes et organisée de façon circulaire : la
smala. Elle abrite les familles et les blessés,
pendant que les guerres partent au loin
combattre les Français.
- Massacre des populations européennes
- Pour répondre à la mobilité d’Abd el-Kader,
organisation de colonnes de 6000 à 7000 hommes
légèrement équipés pour des interventions rapides.
- Harcèlement de l’ennemi : destruction des récoltes,
enfumage des populations dans des grottes.
Effectifs - Entre 20 000 et 60 000 hommes - 100 000 hommes
13. « Lettre du 18 janvier 1843: « Les otages sont
un moyen de plus, nous l’emploierons, mais je
compte avant tout sur la guerre active et la
destruction des récoltes et des vergers… Nous
attaquerons aussi souvent que nous le
pourrons pour empêcher Abd el-Kader de
faire des progrès et ruiner quelques unes des
tribus les plus hostiles ou les plus félonnes. »
« Lettre du 24 janvier 1843: « J’espère
qu’après votre heureuse razzia le temps vous
aura permis de pousser en avant et de tomber
sur ces populations que vous avez si souvent
mises en fuite et que vous finirez par détruire,
sinon par la force du moins par la famine et
les autres misères »
Lettres de Bugeaud au général de la
Moricière.
Cher frère, au moment où tu
écrivais ta lettre du 11 mai, j’entrais dans
les montagnes de la Kabylie. Les journaux te
raconteront les détails de mon expédition,
une des plus rudes et des plus belles qui
aient été entreprises en Afrique… Jusqu’à
Djidjelli, où je suis arrivé le 16, je me suis
battu presque tous les jours, de cinq heures
du matin jusqu’à sept heures du soir; j’ai
laissé sur mon passage un vaste incendie.
Tous les villages, environ deux cents, ont
été brûlés, tous les jardins saccagés, les
oliviers coupés. Nous avons passé le 14 non
loin du lieu où l’armée du Bey Osman avait
été complètement détruite en 1804. Les
Kabyles avaient annoncé qu’ils feraient
subir le même désastre à ma colonne. J’ai
passé le fer à la main.
Maréchal de Saint-Arnaud, Lettre du 25 mai 1851.
14. Rappelez-vous, Français, comment
nous avons chargé à Khanq-en-Nit’ah, tels des
braves défendant leur étendard.
Que des têtes, ce jour-là, mon sabre
a tranché, tandis que ma lance semait des
blessures mortelles!
Mon alezan fut blessé huit fois par les
baïonnettes ennemies, mais les douleurs ne
lui arrachent aucune plainte, au contraire, il
redoublait d’ardeur.
Ce jour-là mon frère mourut.
Il s’en fut au paradis rejoindre le
Prophète.
Poème extrait d’un recueil de poésies d’Abd
el-Kader, Diwan, publié par son fils en 1903 au
Caire.
15. Jusqu’en 1840, Abd el-Kader parvient à remporter un grand
nombre de victoires face aux armées coloniales. Par la suite, Bugeaud,
menant une guerre totale, parvient à s’emparer de la smala d’Abd el-
Kader en 1844.
Après 3 ans de guérilla, Abd el-Kader se soumet à l’armée coloniale le
23 décembre 1847
17. Les conquêtes se font de façon générale par la guerre. Les
Européens ont la supériorité en armement et peuvent compter sur la
division des peuples. De plus, les territoires conquis n’ont que très
rarement un Etat fort pour se défendre.
18. L’Algérie est
officiellement
annexée par la
France en 1848 et
son territoire est
divisé en 3
départements.
La pacification du
territoire s’achève
dans les années
1870.
19. III. Les fonctions de l’Algérie Française
« Des colonies agricoles en Algérie seront fondées par des citoyens
français. Les colons cultivateurs recevront de l’Etat, à titre gratuit, des
concessions de terre d’une étendue de 2 à 10 hectares par famille et les
subventions nécessaires à leur établissement. Les colons ouvriers d’art
exécuteront tous les travaux d’installations des familles. Lorsque les
colons ouvriers d’art voudront se fixer, ils recevront un lot à bâtir, un lot
de terre er les aides nécessaires pour faciliter leur établissement. »
D’après un décret de l’Assemblée nationale, 20 septembre 1848.
20. Les puissances européennes colonisent le reste du monde pour :
- avoir accès à de nombreuses matières premières, pour vendre leurs
produits manufacturés.
- Apporter le progrès : « mission civilisatrice ». Les Européens jugent
les populations conquises comme arriérées.
- Peupler le territoire de colons : « colonie de peuplement » (exemple
de l’Algérie)
21. Au fur et à mesure, les partisans
de la colonisation, comme Jules Ferry,
parviennent à intéresser l’opinion
publique à l’idée coloniale, assez peu
passionnée au début.
D’autres voix s’élèvent contre la
colonisation comme Alexis de
Tocqueville ou Georges Clemenceau
qu’ils jugent mauvaise pour les
populations colonisées.
Nous avions rendu la société
musulmane beaucoup plus misérable, plus
désordonnée, plus ignorante et plus
barbare qu’elle n’était avant de nous
connaître. Les terres très fertiles ont été
arrachées des mains des Arabes et
données à des Européens qui, ne pouvant
ou ne voulant pas les cultiver eux-mêmes,
les ont louées à ces mêmes indigènes qui
sont ainsi devenus les simples fermiers du
domaine qui appartenait à leurs pères. (…)
Je me demandais quel pouvait
être l’avenir d’un pays livré à de pareils
hommes et où aboutirait enfin cette
cascade de violences et d’injustices, sinon
à la révolte des indigènes et à la ruine des
Européens.
Alexis de Tocqueville, Notes sur l’Algérie
(1841), Rapport sur l’Algérie (1847).
22. CONCLUSION:
La France décide de coloniser l’Algérie à partir de 1830. Les
raisons de cette colonisation sont multiples : supériorité, commerce,
lutte contre la piraterie, besoin de terres agricoles et de matières
premières. Après plusieurs années de lutte des troupes d’Abd el-
Kader, l’Algérie devient française et va la rester jusqu’en 1962.