2. Avant-propos
J’ai présenté cette communication devant le
GEMASS (Paris IV-Sorbonne) le 26 mars 2009. Je
remercie mon collègue et ami Gérald Bronner d’avoir
initié cette visite et permis de réaliser ce projet de
conférence.
Plusieurs questions d’un grand intérêt m’ont été
posées. Mais un participant m’a demandé de me
justifier sur trois points: i) Pourquoi avoir procédé à
cette étude de la théorie d’Arrow puisque la
connaissance n’était pas l’objet de celle-ci?; ii)
Qu’est-ce que la cognition sociale puisqu’il n’en est
pas question dans le texte?; iii) Cette présentation
entend proposer un modèle mais il n’y en a pas non
plus dans le texte
3. Avant-propos
Permettez-moi de reprendre un peu mes réponses à ces
questions:
1. Pourquoi avoir procédé à cette étude de la théorie d’Arrow
puisque la connaissance n’était pas l’objet de celle-ci?
Pourquoi pas? N’est-ce pas le travail de l’épistémologue que
d’étudier la théorie des connaissances et la philosophie qui
s’en dégage, à même l’œuvre des scientifiques?
L’épistémologie n’est pas une discipline scientifique et ne peut
dès lors qu’aspirer à la rigueur et à la précision, s’inspirant
pour ce faire de la science qu’elle étudie; mais ses objets sont
la science et la connaissance, et ses analyses sont par
définition philosophiques. De plus, j’aimerais rappeler que la
philosophie est depuis l’origine partie prenante des sciences
cognitives, de leur développement, comme de leur analyse
critique.
4. Avant-propos
Qu’est-ce que la cognition sociale puisqu’il n’en est pas question dans le
2.
texte? Il n’est pas question ici de fournir ne définition de la cognition sociale,
car c’est l’objet même de ce texte que de tenter d’en fournir une. Elle se
trouve dans l’organisation argumentative des axiomes, corollaires et
définitions que je propose, dans la seconde partie de mon exposé, au titre
uniquement d’esquisse d’un modèle; je ne prétends pas que ce modèle est
définitif voire même complet. En tant qu’esquisse, ce premier pas dans la
modélisation de ma théorie (épistémologique) engage la critique (menée avec
courtoisie et bienveillance, si possible). C’était le but de cet exercice:
soumettre quelques idées à l’évaluation. Une question ainsi formulée évacue
du débat toute possibilité de critique, au sens courant de l’exercice de
l’analyse critique, bien entendu.
Cette présentation entend proposer un modèle mais il n’y en a pas dans le
3.
texte. Cette remarque me semble inutilement sévère. Puisque que j’annonce
dès le début de ma présentation que j’entends soumettre une esquisse de
modèle, il me semble satisfaisant de n’en considérer l’intérêt, s’il y a lieu, que
de ce point de vue, c’est-à-dire en tenant pour acquis qu’il s’agit d’un
ensemble d’idées encore à l’état inchoatif. On aurait pu objecter que
l’esquisse contient un trop grand nombre de postulats, par exemple. Ce à quoi
j’aurais répondu que ces postulats apparaissent ici dans un but de synthèse
car ils sont en fait des thèses que je développe ailleurs et qui me servent
maintenant dans cet exposé à circonscrire ce qui me semble être un nouvel
objet philosophique et théorique.
5. Avant-propos
Une autre question qui m’a été posée concerne cette fois le
statut de la psychologie cognitive dans la formulation d’une
théorie de la cognition sociale. Ma thèse provient en fait d’une
interrogation de nature épistémologique:
Est-il nécessaire de postuler l’existence de représentations
mentales collectivement partagées afin d’expliquer
causalement la formation et l’efficace des structures
sociales?
La réponse que j’explore dans les recherches dont témoignent
partiellement les quelques résultats présentés ici, est: non. Il
n’est pas nécessaire du tout de postuler cette existence des
représentations mentales. Ma thèse est donc, comme
d’ailleurs l’exprime le premier de mes postulats (partie 2), celle
de la non réductibilité à la psychologie, et par voie de
conséquence, une théorie de la cognition sociale peut fort bien
se passer du postulat en question.
6. Avant-propos
Mais il y a un prix à payer. Et pas nécessairement celui que
l’on s’attendrait à payer. Ce prix, c’est celui de devoir
considérer la cognition sociale du seul point de vue de la
structure sociale qui l’accueille; une posture épistémologique
qui a droit de cité dans le domaine. Mais tout aussi bien, ce
prix entraîne un effort de changement d’orientation
méthodologique, utilisant d’autres outils de formalisation que
ceux, par exemple, de la psychosociologie cognitive ou de la
psychologie expérimentale. Or, j’estime que le recours à un
concept (généralement non analysé) d’ « émergence » ou que
le holisme ne sont pas justifiables pour autant (mon second
postulat).
7. Avant-propos
La question soulevée de la pertinence du rappel du théorème
étudié ici: on ne peut pas, je pense, tenter de cerner la théorie de
la connaissance d’un auteur si on n’explore pas les arguments
qu’il défend. Je suis convaincu qu’il existe une théorie de la
connaissance, que je rapporte à celle de l’économie néo-
classique. Les modes de représentation de la fonction des agents
économiques y sont tels qu’il est possible d’en déduire une telle
théorie de la connaissance. Dans ce qui suit, ma thèse est que
Arrow a appliqué à sa théorie une théorie de la connaissance qui
nie à l’agent une capacité quelconque de penser à l’intérieur d’un
système de connaissances. Et que, de plus, sur le plan de l’agir
collectif, les concepts de rationalité collective et de culture qu’il
emploie sont triviaux simplement parce que Arrow avoue leur
inaptitude à fournir des phénomènes de choix collectifs une
explication suffisamment robuste.
Finalement, ceux qui connaissent bien le théorème d’Arrow n’ont
qu’a sauter les diapos qui le rappellent et démarrer leur lecture à
la diapo # 36. Je ne veux certainement pas ennuyer personne.
8. Introduction
La thèse d’Arrow est inscrite dans le paradigme de
l’économie dite du bien-être (« welfare economics »)
définie en partie grâce à la notion parétienne de
l’optimalité et de l’allocation distributive des
ressources sur une base individuelle
Optimum de Pareto (rappel):
Est Pareto optimal un état social donné par l’équilibre
entre au moins deux groupes (A, B) dont l’un est
composé d’au moins un individu (x1, …xn-1>0), en vertu
duquel le bien-être (ou son amélioration) de A
n’implique pas la détérioration du bien-être d’au moins
un individu de B
10. Introduction (suite)
Courbe d’indifférence: graphique obtenu par des
couples ordonnés de préférences de consommateurs,
relation transitive, réflexive et symétrique (le choix
entre deux produits est indifférent ssi de deux produits
ont des valeurs de remplacement équivalentes)
Relatif à la théorie du consommateur et à la théorie du
prix optimal parétien en situation d’équilibre et de
concurrence parfaite
D’autres notions de microéconomie (pas le lieu) et de
mathématiques (pas le lieu non plus…)
11. Introduction
Or:
Le théorème d’Arrow traite de préférences
(ordonnées, totalement ou partiellement) de choix
parmi un ensemble donné d’options possibles
« Choix »→ économique ou politique = valeurs
S’appuie sur des notions cardinales non
spécifiquement définies telles que: rationalité
agentive, rationalité collective, connaissance implicite
de la finalité de l’action agrégée ou non
12. Introduction
(Hypo) thèses:
Le théorème d’impossibilité n’est pas un
1.
modèle de cognition sociale
13. Introduction
(Hypo) thèses:
Le théorème d’impossibilité n’est pas un
1.
modèle de cognition sociale
Par généralisation: les modèles néo-
2.
classiques de l’économie ne sont pas
reproductibles ou applicables en sociologie
de la cognition
14. Introduction
(Hypo) thèses:
Le théorème d’impossibilité n’est pas un
1.
modèle de cognition sociale
Par généralisation: les modèles néo-
2.
classiques de l’économie ne sont pas
reproductibles ou applicables en sociologie
de la cognition
Il n’existe pas une telle chose qu’une
3.
« rationalité collective »: effet de la
procédure de modélisation
15. Introduction
(Hypo) thèses:
Le théorème d’impossibilité n’est pas un modèle de
1.
cognition sociale
Par généralisation: les modèles néo-classiques de
2.
l’économie ne sont pas reproductibles ou applicables
en sociologie de la cognition
Il n’existe pas une telle chose qu’une « rationalité
3.
collective »: effet de la procédure de modélisation
Le sémantisme social est une fonction de
4.
construction interprétative de contenus cognitifs
socialement distribués
16. Introduction
(Hypo) thèses:
Le théorème d’impossibilité n’est pas un modèle de
1.
cognition sociale √
Par généralisation: les modèles néo-classiques de
2.
l’économie ne sont pas reproductibles ou applicables
en sociologie de la cognition
Il n’existe pas une telle chose qu’une « rationalité
3.
collective »: effet de la procédure de modélisation
Le sémantisme social est une fonction de
4.
construction interprétative de contenus cognitifs
socialement distribués √
17. Introduction (suite et fin)
1. Le théorème de (d’im-)possibilité
2. Théorie de la cognition sociale: une
esquisse
3. Conclusion
18. Introduction (suite et fin)
1. Le théorème de (d’im-)possibilité
2. Théorie de la cognition sociale: une
esquisse
3. Conclusion
Note:
L’économie et la démographie mises à part, les sciences
sociales sont peu formalisées ou utilisent peu les
méthodes formelles (logiques, mathématiques,
informatiques) de modélisation.
19. 1. Le théorème de (d’im-) possibilité
1.1 Les cinq conditions formelles
1.2 Formulation du théorème
1.3 Fonction implicite des concepts de
rationalité collective et de connaissance
20. 1. Le théorème de (d’im-) possibilité
1.1 Les cinq conditions formelles
Préalables:
principe de rationalité de l’agir: est rationnelle l’action
planifiée en vue d’une fin décidable
limites de l’espace des choix: un tel espace (p. ex. un
marché) est susceptible de quantification et est
nombrable (applications au calcul des fonctions réelles
et continues)
les choix sont ordonnables et la notion d’ordre obéit ici
aux règles logicomathématiques habituelles
une fonction d’ordre de choix est une fonction sociale
et économique obéissant aux normes de l’économie du
bien-être
21. 1. Le théorème de (d’im-) possibilité
1.1 Les cinq conditions formelles
Préalables:
Deux axiomes:
Axiome 1: ∀ x, ∀ y: x R y ou y R x (ordre)
Définition1: x R y = déf non y R x (antisymétrie),
implique la relation de préférence: x R y ⊃ x P y
Définition 2: x R y et y R x, alors x I y (indifférence =
symétrie)
22. 1. Le théorème de (d’im-) possibilité
Axiome 2:
∀x,∀y,∀z : x R y et y R z, alors x R z
(transitivité)
Définition 3: C(S) est l’ensemble de tous les choix
de x dans S tel que ∀x ∈ S, x R y
(limites de la relation d’ordre)
23. 1. Le théorème de (d’im-) possibilité
Condition 1: Parmi tous les choix il existe un ensemble
S de trois choix tel que pour tout ensemble de choix
individuels ordonnés T1, …, Tn de S, il existe un
ensemble admissible d’ordre individuel R1, …, Rn de
tous les choix tel que, pour tout individu i, x Ri y ssi x Ti y
pour x et y de S.
24. 1. Le théorème de (d’im-) possibilité
Condition 1: Parmi tous les choix il existe un ensemble
S de trois choix tel que pour tout ensemble de choix
individuels ordonnés T1, …, Tn de S, il existe un
ensemble admissible d’ordre individuel R1, …, Rn de
tous les choix tel que, pour tout individu i, x Ri y ssi x Ti y
pour x et y de S.
Condition de la (relative) permanence de la concordance des
choix individuels aux choix socialement ordonnés à
l’intérieur d’un ordre social donné et variant. Cette condition
n’est pas remplie s’il existe plus de deux options possibles:
contradiction et démonstration de la preuve du théorème.
25. 1. Le théorème de (d’im-) possibilité
Condition 2: Soit deux ensembles de relations d’ordre
individuels R1, …, Rn et R1’ , …, Rn’ , R et R’ les relations
d’ordre sociales, et P et P’ les relations sociales de
préférence. Supposons que pour chaque i les deux
relations d’ordre individuelles sont liées de la manière
suivante: x’ et y’ étant distincts d’un choix x quelconque,
x’ Ri’ y’ ssi x’ Ri y’ ; ∀ y’, x Ri y’ alors x Ri’ y’ ; ∀ y’, x Pi y,
alors x Pi’ y’.
Alors, si x P y, alors x P’ y.
26. 1. Le théorème de (d’im-) possibilité
Condition 2: Soit deux ensembles de relations d’ordre
individuels R1, …, Rn et R1’ , …, Rn’ , R et R’ les relations
d’ordre sociales, et P et P’ les relations sociales de
préférence. Supposons que pour chaque i les deux relations
d’ordre individuelles sont liées de la manière suivante: x’ et
y’ étant distincts d’un choix x quelconque, x’ Ri’ y’ ssi x’ Ri y’ ;
∀ y’, x Ri y’ alors x Ri’ y’ ; ∀ y’, x Pi y, alors x Pi’ y’.
Alors, si x P y, alors x P’ y.
Condition de la prédominance invariable du choix social sur les choix
individuels ordonnés. Les changements, dus aux valeurs individuelles
changeantes, dans les ordres et préférences individuelles ne modifient pas
les ordres et préférences sociales: non influence d’un seul individu sur les
choix et préférences sociales et robustesse des choix individuels.
27. 1. Le théorème de (d’im-) possibilité
Condition 3: Soit deux ensembles d’ordres
individuels R1, …, Rn et R1’ , …, Rn’ ; et soit
deux ensembles correspondants de
fonctions de choix sociaux C(S) et C’(S). Si,
pour tout individu i et pour tout x et y donnés
dans un environnement S, x Ri y ssi x Ri’ y,
alors C(S) et C’(S) sont identiques.
28. 1. Le théorème de (d’im-) possibilité
Condition 3: Soit deux ensembles d’ordres
individuels R1, …, Rn et R1’ , …, Rn’ ; et soit deux
ensembles correspondants de fonctions de choix
sociaux C(S) et C’(S). Si, pour tout individu i et pour
tout x et y donnés dans un environnement S, x Ri y
ssi x Ri’ y, alors C(S) et C’(S) sont identiques.
Condition stipulant un principe d’indifférence à l’égard
de choix non pertinents ou extérieurs de l’espace de
choix disponibles, présuppose un environnement stable
et la possibilité de variation des choix individuels sans
influence sur la stabilité environnementale.
29. 1. Le théorème de (d’im-) possibilité
Condition 4: Une fonction sociale de bien-
être ne peut être imposée.
Définition 5: Une fonction sociale de bien-être
sera réputée imposée si, pour un quelconque
couple de choix distincts x et y, x R y pour tout
ensemble d’ordres individuels R1, …, Rn , où R
est l’ordre social correspondant à R1, …, Rn.
30. 1. Le théorème de (d’im-) possibilité
Condition 4: Une fonction sociale de bien-être ne peut
être imposée.
Définition 5: Une fonction sociale de bien-être sera réputée
imposée si, pour un quelconque couple de choix distincts x et y,
x R y pour tout ensemble d’ordres individuels R1, …, Rn , où R
est l’ordre social correspondant à R1, …, Rn.
Cette 4ième condition est généralement désignée: condition de
la souveraineté des citoyens. Elle ne requiert toutefois qu’un
ensemble S de trois choix tel que le choix entre tout couple ne
soit pas contraint à l’avance par la fonction sociale du bien-
être.
31. 1. Le théorème de (d’im-) possibilité
Condition 5: Une fonction sociale de bien-
être ne peut être dictatoriale.
Définition 6: Une fonction sociale de bien-être
sera réputée dictatoriale s’il existe un individu
i tel que pour tout x et y, x Pi y implique x P y
indépendamment de l’ordre R1, …, Rn de tout
individu autre que i, où P est la relation de
préférence sociale correspondant à R1, …,
Rn .
32. 1. Le théorème de (d’im-) possibilité
Condition 5: Une fonction sociale de bien-être ne peut être dictatoriale.
Définition 6: Une fonction sociale de bien-être sera réputée dictatoriale s’il
existe un individu i tel que pour tout x et y, x Pi y implique x P y
indépendamment de l’ordre R1, …, Rn de tout individu autre que i, où P est
la relation de préférence sociale correspondant à R1, …, Rn .
Cette 5ième condition est généralement désignée: condition de la
non-dictature. Il faut toutefois noter que Arrow ne la définit pas
autrement que comme condition suffisante au maintien de
l’équilibre parétien. Il soutient en effet que les préférences d’un
individu comme détermination d’une fonction sociale d’allocation
de ressources (choix) à l’encontre de la fonction sociale est au
détriment des autres individus participant à l’environnement
social.
33. 1. Le théorème de (d’im-) possibilité
1.2 Formulation du théorème (général)
S’il existe au moins trois options possibles que les
membres de la société sont libres d’ordonner de
quelque façon que ce soit, alors toute fonction
sociale de bien-être qui satisfait aux Conditions 2 et
3 et qui appuie un ordre social de ces choix dans le
respect des Axiomes I et II, sera ou bien imposée, ou
bien dictatoriale.
34. 1. Le théorème de (d’im-) possibilité
1.2 Formulation du théorème (général)
Interprétation et justification:
« Si l’on exclut la possibilité d’une comparaison
interindividuelle des utilités, alors les seules
méthodes qui permettent de manière satisfaisante de
passer des goûts individuels aux préférences sociales
et qui seront définies en fonction d’un vaste éventail
d’ensembles d’ordres individuels, sont ou bien
imposées ou bien dictatoriales. » (P. 59, ital. orig.)
35. 1. Le théorème de (d’im-) possibilité
Ce qui revient à dire que:
« Si les valeurs des consommateurs peuvent être
représentées grâce à un grand éventail d’ordres
individuels, la doctrine de la souveraineté des
électeurs votants est incompatible avec celle de la
rationalité collective. » (P. 60)
36. 1. Le théorème de (d’im-) possibilité
1.3 Fonction implicite des concepts de
rationalité collective et de connaissance
L’axiome 2 (transitivité) et la condition 1 (pluralité
et variance des choix individuels) sont les
principaux déterminants du théorème.
Le théorème et sa démonstration visent à préserver
le principe de rationalité agentive des théories
économiques classiques et celui de la rationalité
collective des théories politiques libérales non
utilitaristes
37. 1. Le théorème de (d’im-) possibilité
Mais:
La rationalité collective n’est pas pour Arrow un
simple transfert de propriétés individuelles aux
mécanismes des choix sociaux et collectifs « mais
un attribut important d’un véritable système
démocratique capable de s’adapter aux variations
environnementales. » (P. 120)
Le problème: est-ce que la démonstration du
théorème peut servir à caractériser un mécanisme
rationnel collectif par définition? Si oui, pourquoi
et comment?
38. 1. Le théorème de (d’im-) possibilité
Ce problème est celui du présupposé de la
connaissance des options possibles
La théorie suppose avérée cette connaissance:
ordonner x R y, c’est nommer une relation d’ordre
mais surtout représenter la connaissance que tel est
le cas (réellement ou possiblement: dans tous les
cas, il s’agit d’une distribution probabiliste)
Connaissance de qui? Connaissance de quoi?
39. 1. Le théorème de (d’im-) possibilité
Connaissance de qui?
Agents individuels
Collectivité d’agents par agrégation (statistique)
Arrow insiste sur l’existence d’une homéomorphie
générale entre les choix individuels et collectifs
L’Axiome 2 et la Condition 1 sont les paramètres de
cette homéomorphie
Définition: bijection continue de l’ensemble des
ordres individuels et celui des ordres sociaux, et dont
la réciproque est continue:
f : X → Y telle que f et f -1 sont continues
40. 1. Le théorème de (d’im-) possibilité
Connaissance de quoi?
Incertitude
Valeurs individuelles finales – versus – valeurs
instrumentales
Comparabilité réduite en raison de la faible fiabilité
de la mesure des valeurs
Valeurs sociales finales – versus – valeurs instrumentales
L’information disponible est rare et incertaine aussi: tout
processus de décision collective est dès lors paramétrable
selon les mécanismes individuels
recours à une psychologie et à une anthropologie
comportementales: toutes deux minimales et posées
comme non paramétrables
41. 2. Théorie de la cognition sociale:
une esquisse
1. Postulats
2. Principaux axiomes
3. Principales thèses
42. 2. Théorie de la cognition sociale:
une esquisse
1. Postulats
1.1 Non psychologisme et non réductibilité à
la psychologie:
La cognition sociale n’est ni identique
(modélisable en terme de, connaissable en tant
que, etc.) ni réductible à la psychologie
cognitive.
43. 2. Théorie de la cognition sociale:
une esquisse
1. Postulats
1.2 Non émergentisme des propriétés
sociocognitives:
La cognition sociale n’est pas un phénomène
repérable comme un événement (ou un ensemble
d’événements) émergeant des interactions
sociales.
44. 2. Théorie de la cognition sociale:
une esquisse
1. Postulats
1.3 Non déterminisme et causalisme partiel:
Les conditions sociales de la connaissance ne
sont pas les seules causes de l’avènement
(apparition ↔ diffusion) de contenus cognitifs au
sein d’une population humaine donnée.
45. 2. Théorie de la cognition sociale:
une esquisse
Postulats
1.
1.4 Rationalité épistémique et
représentationnalisme méthodologique:
Un modèle est épistémiquement rationnel s’il
respecte les règles et les normes d’une quelconque
théorie de l’inférence (logique, mathématique, statistique,
informatique), et ce, sans considération quant à la
rationalité du phénomène sociocognitif empiriquement
observable
46. 2. Théorie de la cognition sociale:
une esquisse
2. Principaux axiomes
Axiome 1: Tout ce qui peut être communiqué peut
être connu.
Idée de la réduction à des formes de
contenus communicables
Ouverture à une représentation sous forme
de fonction probabilitaire
47. 2. Théorie de la cognition sociale:
une esquisse
Principaux axiomes
2.
A1 – Corollaire 1: Tout ce qui peut être socialement
communiqué peut être socialement connu.
« Socialement » :
Modalité (condition) soutenant l’idée du causalisme
partiel des interactions et de l’avènement en
contexte de contenus cognitifs partagés (postulats 3
et 4)
Permet de définir: Pour tout ensemble C de
contenus cognitifs x1, … xn, il existe un ensemble de
contenus sociocognitifs S = {y1, …, yn}, t.q. S ∈ C;
C = U → C -1 = S.
Maintien de l’analyse au niveau social
48. 2. Théorie de la cognition sociale:
une esquisse
2. Principaux axiomes
Axiome 2: Est socialement connu un contenu
cognitif partagé par au moins deux membres
d’un groupe social donné sur la base d’une
attribution interindividuelle de propriétés de
sémantisation.
« partagé » :
Modalité (condition) soutenant les postulats 1 et
2 (non psychologisme et non émergentisme des
activités ou événements sociocognitifs)
Maintien de l’analyse au niveau social
49. 2. Théorie de la cognition sociale:
une esquisse
Principaux axiomes
2.
A2 – Corollaire 2: Il existe un mécanisme d’attribution
interindividuelle de propriétés de sémantisation.
A2 – Corollaire 3: Ce mécanisme caractérise un sujet
collectif en tant que concept formel: Un sujet collectif est
la somme des interactions de sémantisation (non la
somme des sujets psychologiques)
Caractéristique d’un contexte social observable
Concept de socialité
Postulats 1, 2, 3, 4 et Corollaire 1.
50. 2. Théorie de la cognition sociale:
une esquisse
2. Principaux axiomes
Axiome 3: La communicabilité des contenus
cognitifs est une famille F de fonctions
composées sur des applications sur l’ensemble X
de contenus cognitifs (1), l’ensemble Y des
actions de communication observables, et
l’ensemble Z des opérations de sémantisation.
F est analysable comme un espace vectoriel
F = (X(Y(Z)))(x)
Les ensembles sont réputés non vides.
51. 2. Théorie de la cognition sociale:
une esquisse
3.Principales thèses:
Le cœur du modèle est le concept
d’attribution de propriétés interindividuelles de
sémantisation
Ce concept suppose que la production du
sémantisme social est une action d’au moins
deux individus engagés dans un contexte
communicationnel ayant pour objet un contenu
cognitif (une croyance, une théorie scientifique,
etc.)
52. 2. Théorie de la cognition sociale:
une esquisse
3.Principales thèses:
Le modèle entraîne l’analyse vers la
spécification des paramètres de la modélisation
formelle (M) des contenus cognitifs:
∀ x ∈ A : {p1, …, pn} ⊃ F , R(M,A) p1, …, pn
→ MA(x=x)
La sémantisation de x est liée à sa forme
catégorique et à sa communicabilité
La communication sociale qui en résulte est
une pratique décrivant un contexte
sociocommunicationnel: une forme sociale
53. 3. Conclusion
L’exemple du théorème d’impossibilité illustre
que la théorie économique se prête mal à
une analyse des phénomènes de cognition
sociale:
Arrow présuppose une psychologie et une
culture
Psychologie et culture sont postulées comme
non paramétrables (degré d’incertitude des
sciences humaines et sociales)
Elles sont traitées comme des « boîtes
noires »
54. 3. Conclusion
Mes hypothèses et mon modèle esquissé ne
présupposent pas d’activité psycho-cognitive
Ils ne tiennent compte que des actions
observables en contexte de socialité fondée
sur une attribution interindividuelle de
propriétés de sémantisation
Une prochaine étape consistera à développer
et à expérimenter ce modèle au moyen de la
simulation informatique multi-agents.