Conférence Sommet de la formation 2024 : Développer des compétences pour la m...
Sef printemps 2015
1. Société d’Etudes françaises de Bâle
printemps 2015
Identité, altérité, interculturalité
Hélène Carrère d’Encausse Comprendre la politique russe
Historienne, spécialiste de la Russie, professeur à la Sorbonne et à l’Institut d’Etudes
politique de Paris, Hélène Carrère d’Encausse a été élue à l’Académie française en 1990.
En 1999, elle a succédé à Maurice Druon comme Secrétaire perpétuel (titre auquel elle
tient à conserver, par respect pour la langue française dont elle est la gardienne, la forme
masculine). Ses livres sur l’histoire de la Russie et sur l’Union soviétique font autorité.
Citons, parmi les ouvrages les plus récents: Russie, la transition manquée (Fayard, 2005),
La Russie entre deux mondes (Fayard, 2010), Les Romanov, une dynastie sous le règne
du sang (Fayard, 2013). Nombreuses sont aussi les biographies qu’elle a consacrées aux
grandes personnalités de l’histoire russe : Catherine II, Alexandre II, Nicolas II, Lénine,
Staline. Elle a également retracé l’histoire séculaire de l’institution qu’elle préside:
Des siècles d’immortalité, l’Académie française, 1635 - …, (Fayard, 2011). Nous sommes
heureux de l’accueillir une nouvelle fois dans le sein notre Société qu’elle a souvent
honorée de sa présence.
Dominique de Font-Réaulx Peinture et photographie: une rencontre singulière
Depuis un an, Dominique de Font-Réaulx dirige le Musée Delacroix, place Fürstemberg, à
Paris. Elle vient d’y ouvrir une exposition extraordinairement novatrice sur les objets
marocains dans l’œuvre du grand maître. Celui-ci avait rapporté de son seul grand
voyage, en Afrique du Nord au début des années 1830, toute une collection de vêtements,
d’ustensiles, d’armes, de petits meubles qu’il a transportés d’un atelier à l’autre sans pour
autant les exposer, mais en s’inspirant d’eux dans ses dessins et ses tableaux. Ce n’est
pas la première fois que Dominique de Font-Réaulx explore des domaines nouveaux.
Dix-neuvièmiste réputée, conservateur au musée d’Orsay, puis conservateur en chef au
musée du Louvre et en charge de la coordination scientifique du projet du Louvre Abou
Dhabi, elle a notamment étudié les rapports complexes entre peinture et photographie.
Témoignent de ses recherches plusieurs expositions, dont Le daguerréotype français,
Un objet photographique (2003, musée d‘Orsay et Metropolitain Museum of Art), L’œuvre
d’art et sa reproduction photographique (2006, musée d’Orsay), ainsi qu’un grand livre:
Peinture et Photographie, Les enjeux d’une rencontre, 1839-1914 (Flammarion, 2012).
Dominique de Font-Réaulx a également été commissaire des expositions Courbet
(Grand Palais, Metropolitain Museum of Art, musée Fabre) et Gérôme (musée d’Orsay,
Getty Museum, Fondation Thyssen à Madrid).
Michel Delon Faut-il prendre Sade au mot?
Professeur à la Sorbonne depuis 1997, Michel Delon a commencé sa carrière à Caen, l’a
poursuivie à Orléans, puis à Paris-X-Nanterre. En 1985, il obtient son doctorat d’Etat sous
la direction de Robert Mauzi avec un travail sur L’Idée d’énergie au tournant des Lumières
(1770-1800), qui devient très vite un ouvrage de référence (PUF, 1988). Reconnu comme
un des meilleurs connaisseurs du XVIIIe siècle, il se voit confier, dans la « Bibliothèque de
la Pléiade », chez Gallimard, l’édition des oeuvres de Sade (trois volumes, 1990-1995) et
de Diderot (premier volume en 2004). Il est également l’auteur d’un grand nombre
d’études sur le siècle des Lumières. La plupart d’entre elles ne s’adressent pas seulement
aux spécialistes, mais font entrer le lecteur curieux de plein pied dans cette époque aussi
éloignée de nous socialement et politiquement qu’elle nous est proche par l’esprit.
L’Invention du boudoir (Zulma, 1999), Le savoir-vivre libertin (Hachette, 2000, réédition en
poche, collection « Pluriel », 2004). Le principe de la délicatesse: libertinage et mélancolie
au XVIIIe siècle (Albin Michel, 2011), Casanova, histoire de sa vie (Gallimard, 2011,
collection « Découvertes ») sont autant de livres où l’érudition s’allie au bonheur d’une
écriture digne des meilleurs conteurs du temps de Diderot. Michel Delon est également le
commissaire de l’exposition Sade qui se tient actuellement à la Fondation Bodmer à
Genève et dont la presse a largement rendu compte.
2. Hélène Giannecchini Alix Cléo Roubaud: la résurrection par l’image
Conservateur à la Bibliothèque nationale, spécialiste de l’histoire de la photographie,
Hélène Giannecchini vient de publier, dans « La Librairie du XXIe siècle » dirigée par
Maurice Olender, un livre remarquable et remarqué par la critique: Une image peut-être
vraie. Alix Cléo Roubaud (Seuil, 2014). Photographe, écrivain, complice de son mari, le
poète Jacques Roubaud, Alix Cléo (née en 1952 à Mexico et morte à Paris en 1983) a
laissé une œuvre secrète et profonde, plus de six cents photographies (dont elle a
systématiquement détruit les négatifs), ainsi qu’un Journal intime, publié aux éditions du
Seuil en 1984 et réédité en 2009. Minces traces d’une existence évanescente qui se
cherche désespérément à travers des images fragmentées à l’infini qu’Hélène
Giannecchini a essayé de reconstituer tel un détective menant son enquête. Son livre
n’est pas seulement la biographie d’une grande artiste, mais aussi l’histoire d’une véritable
filature
Philippe Dagen Gauguin, la résurrection du primitif ?
Normalien, agrégé d’histoire, professeur à la Sorbonne et critique d’art au journal
Le Monde, Philippe Dagen est un des meilleurs spécialistes de l’art moderne et
contemporain qu’il défend souvent contre ses détracteurs. Ainsi, dans La haine de l’art
(Grasset, 1997), puis dans L’Art impossible, De l’inutilité de la création dans le monde
contemporain (Grasset, 2002), il plaide la cause des jeunes créateurs en butte aux
académismes de tout genre. Pour lui, les musées ressemblent trop souvent à des
sarcophages et le culte du passé nous empêche d’apprécier les œuvres de notre temps.
Philippe Dagen a également consacré plusieurs ouvrages à l’art de la Belle Epoque et de
la Première Guerre: Pour ou contre le fauvisme (Somogy, 1994), Le Silence des peintres,
Les artistes face à la Grande Guerre (Fayard, 1996). Il a aussi publié quatre romans, où
l’humour s’allie à l’émotion, tous publiés chez Grasset: Le jugement dernier (1989), La
Guerre (1996), Les Poissons rouges (2000), Arthur Cravan n’est pas mort noyé (2006).
Celles et ceux qui désirent se préparer à sa conférence se reporteront d’autant plus
facilement à son étude, Le Peintre, le poète, le sauvage, les voies du primitivisme dans
l’art français, qu’elle est disponible en édition de poche (Flammarion, coll. « Champs »).
Olivier Barrot L’Age d’or du Boulevard: Labiche, Flers et Caillavet, Feydeau, Guitry
Journaliste et homme de plume, Olivier Barrot présente quotidiennement l’émission
littéraire « Un livre, un jour », diffusée sur France 3 et TV5, et anime ses « Petites histoires
de cinéma » aux côtés de Pierre Tchernia. Rédacteur en chef du magazine Senso, il
assure également une chronique sur Radio Classique et des entretiens sur France 5 qu’il
mène avec des célébrités du monde littéraire. Écrivain passionné de voyages depuis
l’adolescence, Olivier Barrot est l’auteur de Je ne suis pas là (La Table Ronde, 2004), un
livre qui célèbre l’envie de partir, de Lettres d’Amérique. Un voyage en littérature
(Gallimard, 2004) avec Philippe Labro, un ouvrage qui rend hommage aux romanciers
américains, et de Noir et Blanc (Flammarion, 2000) avec Raymond Chirat, sur les deux
cent cinquante stars qui ont marqué le cinéma français. En 2008, il a publié L’ami
posthume: Gérard Philipe 1922-1959 (Grasset & Fasquelle) et en 2010, un récit
autobiographique, Le Fils perdu (Gallimard).
Alain Borer Langue française et identité nationale
La langue française est en danger. Malheureusement, ce constat ne date pas
d’aujourd’hui. Dans les années soixante, le bouillant comparatiste René Etiemble avait
vainement lutté contre le « franglais ». Depuis, plusieurs mesures ont été prises dans le
droit fil de l’ordonnance de Villers-Cotterêts et depuis 1992, l’article 2 de la Constitution
stipule « La langue de la République est le français ». Alain Borer, poète, essayiste et
critique d’art, grand spécialiste de Rimbaud et qui enseigne à l’université de Southern
California, Los Angeles, reprend le combat, en publiant, en 2014, un plaidoyer brillant en
faveur d’un trésor méconnu et souvent inexploité. Pour lui, le projet d’une langue est un
projet de civilisation et la mort d’une langue est la mort d’une civilisation. Il essaie donc de
mettre à jour cet héritage collectif inestimable qu’est le français. De quel amour blessée,
Réflexion sur la langue française (Gallimard) se lit moins comme un éloge ou une
célébration, mais comme une suite de dévoilements par lesquels se révèle la richesse
d’un français que nous utilisons en sous-régime, inconscients le plus souvent de ses
immenses possibilités. Description d’un désastre à venir, ce livre est aussi un chant
d’amour (d’où le titre emprunté à Racine) à une langue dont le sauvetage serait une
œuvre de salut public.
3. Dominique Borne L’histoire de France entre identité et pluralisme
L’histoire de France est en panne. Elle s’est construite, dit Dominique Borne, « en un
temps où elle pouvait dire la montée en puissance d’un Royaume, l’édification d’un Etat, la
prise de conscience d’une nation. Cette histoire était faite pour magnifier la trajectoire,
européenne et mondiale, d’un territoire prédestiné ». Mais la victoire dans la douleur, en
1918, et la défaite dans la honte, en 1940, la disparition de la paysannerie millénaire, des
colonies, de l’industrie lourde, du citoyen en armes que symbolisait la conscription abolie
en 1998, ont porté à ce roman national, mis en place par la Troisième République, des
coups irrémédiables. A l’histoire-récit a succédé celle des « lieux de mémoire », préconisé
par Pierre Nora. Mais quelles sont les conséquences de ce changement pour
l’enseignement de l’histoire et donc pour la constitution d’une identité nationale?
Dominique Borne a enseigné l’histoire dans plusieurs lycées, avant d’être inspecteur
général de l’Education nationale, où il a été, entre autre, responsable des programmes. Il
tire les leçons de sa longue expérience dans un livre passionnant, Quelle histoire pour la
France? (Gallimard, 2014). Bilan désabusé face à des générations de plus en plus
amnésiques, mais aussi livre de combat pour une nouvelle manière de transmettre
l’histoire à nos jeunes.
Sophie Basch Proust et le ’modern style’
Actuellement professeur (sic) de littérature française à l’université Paris-IV-Sorbonne,
Sophie Basch a enseigné à l’Université de Haute Alsace (où elle a dirigé le département
de lettres), puis à l’université de Poitiers. Elle a publié de nombreuses éditions de textes
et d’études, consacrées principalement à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Les
plus connues sont: Le Mirage grec. La Grèce moderne dans la littérature française depuis
la création de l’Ecole française d’Athènes jusqu’à la guerre civile grecque (1846-1946)
(Hatier, 1995), Paris-Venise, 1887-1932. La « folie vénitienne » dans le roman français de
Paul Bourget à Maurice Dekobra (Champion, 2000), Les Sublimes Portes. D’Alexandrie à
Venise, parcours dans l’Orient romanesque (Champion, 2004). En 2002, Sophie Basch a
réuni pour la collection « Bouquins » un volume de Romans de cirque; elle a également
collaboré à l’exposition de Jean Clair, La Grande Parade (Grand Palais, 2004). Son livre le
plus récent fera l’objet de sa conférence: Rastaquarium, Marcel Proust et le ‘modern style’
(Brepols, 2014).
Mohammed Aïssaoui Liberté et identité
Mohammed Aïssaoui est né en Algérie en 1964. Après des études de lettres et de
journalisme en France, il est entré au Figaro, où il est un des responsables de la rubrique
des livres. Ecrivain lui-même, il a publié des livres de souvenirs et des romans, ainsi
Le goût d’Alger (Mercure de France, 2006), L’Affaire de l’esclave Furcy (Gallimard, 2010),
qui a été couronné par le Prix Renaudot de l’essai et le Prix RFO. Egalement adapté au
théâtre, réédité en livre de poche, promu lecture scolaire, L’Affaire de l’esclave Furcy
relate l’histoire d’un procès intenté en 1817 par un esclave réunionnais à son maître,
procès qui dura jusqu’en 1843, couvrant ainsi la période de l’interdiction de la traite
jusqu’à l’abolition de l’esclavage. Une histoire exemplaire qui montre que la conquête de
la liberté n’est rien sans la conquête d’un nom. En 2012, Mohammed Aïssaoui a publié
L’Etoile jaune et le Croissant (Gallimard) et en 2014, Petit éloge des souvenirs.
Michel Ciment Cinéma
Les cinéphiles du monde entier consultent ses articles dans Positif, la revue de référence
qu’il dirige depuis de nombreuses années, connaissent sa voix grâce au Masque et la
Plume (France Inter), ont lu ses livres sur Kubrick, Elia Kazan, Fritz Lang (Gallimard, coll.
« Découvertes », 2003) et sur Joseph Losey, tous se reportent à sa Petite Encyclopédie
du cinéma (Editions du Regard-RMN, 1998). C’est dire qu’il n’est guère possible de
s’intéresser au cinéma sans rencontrer le nom et les travaux de Michel Ciment. Pratiquant
le cinéma depuis son enfance, Michel Ciment en a exploré tous les aspects. Auteur d’une
vingtaine d’ouvrages de référence, producteur à Radio France, critique internationalement
reconnu, auteur de documentaires, président d’honneur de la Fédération Internationale de
la Presse Cinématographique et maître de conférence à Paris-VII-Diderot, Michel Ciment,
dans un livre d’entretiens avec N.T. Binh, Le Cinéma en partage (Rivages, 2014), revient
sur son parcours exceptionnel, qui l’a conduit de l’apprentissage spontané de la cinéphilie
dans des cinémas de quartiers après la Libération aux diverses étapes de la critique
professionnelle, du plaisir d’enseigner à la participation aux jurys les plus prestigieux, en
passant par les rencontres avec tous les grands cinéastes et interprètes de notre temps.
Un amour du cinéma qui est contagieux !