1. élections CNESER 2010
SUD-FSE: PoUr Un
SynDicaliSmE DE lUttE
raSSEmblé
Sommaire
I – Le syndicalisme étudiant de lutte: un bilan
II – L’utilité de la présence d’un-e syndicaliste de lutte au CNESER
III – Contre les réformes libérales qui détruisent l’enseignement supérieur
IV – Pour une université publique, gratuite et critique au services des tra-
vailleurs/ses
V – Une université ouverte à tou-te-s
VI – Au delà du monde étudiant: le lien interprofessionnel
VII – L’université: un lieu politique
2. Profession de foi SUD/FSE: CNESER 2010 2
I/ Le syndIcaLIsme de Lutte : un bILan
Depuis 4 ans et les différentes grèves dites de « sciences dures », de sciences éco-
contre la loi dite d’ « égalité des chances » nomiques, de droit et des pôles militants ont
en 2006, la L.R.U (loi d’autonomie) en 2007 commencé à émerger dans des villes univer-
et contre les réformes Pécresse et Darcos en sitaires de plus petite envergure, ce qui nous
2009, le syndicalisme étudiant de lutte, prin- a permis d’acquérir une visibilité hexagonale.
cipalement incarné par SUD-Étudiant et la
FSE, a acquis une certaine visibilité et cré-
dibilité auprès des étudiant-e-s. Les principes
défendus au quotidien et dans les luttes ont en
effet rencontré un écho favorable auprès de
celles et ceux qui prennent part aux luttes et à
la défense des droits des étudiant-e-s.
SUD-Étudiant et la FSE ont connu un
fort développement depuis ces dernières Nos deux organisations ont constam-
années : après les différentes ment cherché l’unité la plus forte,
luttes dans lesquelles nos deux « Nous et ce même lorsque cela est
fédérations ont défendu cherchoNs doNc à difficile, avec les autres
l’auto-organisation ainsi multiplier les lieNs daNs Notre
composantes de l’ensei-
travail quotidieN, taNt avec les
que le refus de céder face gnement supérieur : syn-
orgaNisatioNs étudiaNtes prêtes à
à l’intransigeance gouver- combattre le gouverNemeNt daNs
dicats de lutte et associa-
nementale, des étudiant- ses réformes iNiques qu’avec les tions locales, fédérations
e-s ont ressenti le besoin persoNNels de l’eNseigNemeNt étudiantes parties pre-
de s’organiser syndicale- supérieur et leurs nantes des grèves, person-
orgaNisatioNs »
ment, des syndicats de lutte nels BIATOSS, enseignant-
sont donc apparus dans la plu- e-s et chercheurs/euses. Nous
part des universités. Nos syndicats avons pris la mesure de l’importance
se sont aussi développés suite à notre travail de la grève contre les réformes Pécresse et
de terrain concernant l’aide aux étudiant-e-s Darcos de 2009 au cours desquelles les en-
étranger-e-s (notamment au sein des RUSF), seignant-e-s-chercheur/euses et les BIATOSS
l’aide administrative aux étudiant-e-s, l’aide ont pris une place considérable. Nous cher-
aux examens, etc. chons donc à multiplier les liens dans notre
travail quotidien, tant avec les organisations
Ainsi, notre syndicalisme a évolué. étudiantes prêtes à combattre le gouverne-
D’une forte implantation locale dans quelques ment dans ses réformes iniques qu’avec les
grandes universités de sciences humaines et personnels de l’enseignement supérieur et
sociales, nous avons enfin pu nous dévelop- leurs organisations, ces personnels subissant
per dans deux directions : d’une part de nom- aussi les conséquences néfastes des contre-
breux syndicats se sont créés dans des filières réformes gouvernementales.
3. Profession de foi SUD/FSE: CNESER 2010 3
II/ L'utILIte de La presence d'un-e
syndIcaLIste de Lutte au cneser
Le CNESER ne sert qu’à donner une sentativité s’acquiert d’abord dans notre tra-
caution démocratique aux contre-réformes vail quotidien dans les universités. Pour autant
décidées par le gouvernement, quand il ne ce statut de représentativité confère des avan-
sert pas les préparer lui-même. C’est un or- tages matériels que nous souhaitons utiliser au
gane de cogestion, intégrant les organisa- maximum pour les mettre au service des luttes.
tions syndicales à la gestion de la pénurie Par exemple, l’accès aux médias est grande-
budgétaire et des contre-réformes libérales. ment facilité, et il est toujours utile pour déve-
Même lorsque le CNESER s’oppose au lopper nos messages lors des mobilisations. Il
gouvernement, il n’est pas écouté, puisqu’il n’y a qu’à voir comment ce sont toujours les
s’agit d’un organe simplement consultatif. mêmes organisations qui sont mises en avant
Pourtant, nous avons déjà eu l’occasion de alors que les étudiant-e-s sur le terrain ne se re-
constater dans nos universités que la pré- connaissent absolument pas dans leur discours.
sence de syndicalistes de lutte dans les Il n’est pas non plus question de se
conseils peut permettre de récolter un cer- le cacher : le CNESER représente un enjeu
tain nombre d’informations en vue d’orga- financier considérable. Les syndicats étu-
niser plus efficacement les luttes étudiantes diants de lutte ne disposent pas de moyens
et de servir les droits étudiant-e-s : connais- démesurés et les finances font parfois cruel-
sance du fonctionnement de l’université, lement défaut lorsqu’il s’agit de mettre en
connaissance de l’application des décrets place du matériel pour nos activités : luttes,
et lois gouvernementales, actions dans les aide aux étudiant-e-s, campagnes d’infor-
commissions (par exemple disciplinaires) mations et de sensibilisation... Par consé-
pour aider concrètement les étudiant-es... quent, l’argent alloué aux syndicats pour
Il en serait de même pour le CNESER chaque élu-e au CNESER serait ainsi une
puisque c’est là-bas que sont évoquées les lois, somme considérable que nous pourrions
circulaires et réformes en préparation. Si des mettre au service des luttes étudiantes à venir.
syndicalistes de lutte recueillaient ces informa- Il est hors de question que les élu-e-s SUD-
tions au CNESER, nous informerions les étu- Étudiant et FSE restent des acteurs/trices passif/
diant-e-s avant que ces textes ne soient rendus ves au sein du CNESER. Les derniers mois nous
publics, nous préparerions nos luttes plus tôt, ont montré que le CNESER pouvait à de très rares
ce qui augmenterait nos chances de les gagner. moments s’opposer au gouvernement et donc
Être élu-e au CNESER permet d’ac- servir de contre-poids symbolique : en décembre
quérir le statut d’organisation représentative, dernier, ses membres élu-e-s se sont ainsi opposé-
statut qui n’est bien sûr qu’une illusion. Nous e-s à une quasi-unanimité à la circulaire mettant
n’avons que faire d’être considérés comme en œuvre la masterisation. C’est pourquoi, nous
représentatifs par le gouvernement, nous nous prenons l’engagement de faire en sorte que la
présence d’un-e syndicaliste de lutte dans ce
battons au contraire pour être reconnus par les
conseil soit enfin la possibilité pour tou-te-s les
étudiant-e-s comme des instruments de leurs
étudiant-e-s de faire entendre la voix des luttes
luttes et de la défense de leurs droits. La repré- de terrain au sein des différentes universités.
4. Profession de foi SUD/FSE: CNESER 2010 4
III/Contre les reformes lIbérales
quI détruIsent l’enseIgnement supérIeur
Les deux années passées ont encore mier et second degrés devront désormais
été l’occasion de nombreuses attaques contre être détenteurs/trices d’un master 1 voire
l’enseignement supérieur de la part du gou- d’un master 2 (pour l’agrégation). Cela
vernement. En effet, la mise en place pro- prolonge la durée d’études pour les étu-
gressive de la loi d’autonomie des universités, diant-e-s se destinant aux métiers de l’en-
couplée à la réforme de la formation et du re- seignement, fermant l’accès à cette voie aux
crutement des enseignant-e-s (mastérisation), étudiant-e-s issu-e-s des classes populaires.
démantèle chaque jour un peu plus le service Surtout, la réforme supprime l’année de stage
public d’enseignement supérieur. Suppres- qui avait lieu après la réussite aux concours,
sions de postes, précarisation des personnels et qui permettaient aux nouveaux/elles ensei-
et des étudiant-e-s, accroissement de la sélec- gnant-e-s de bénéficier d’une formation pra-
tion sociale, sont les résultats de ces réformes. tique avec des horaires de cours allégés. La
formation pratique aura désormais lieu dans
L'autonomie des universités le cadre de « masters enseignement », pendant
la préparation des concours, ce qui aura pour
En 2008, toutes les universités effet de la vider de son contenu pédagogique.
françaises sont passées à la loi d’autonomie.
En conséquence, elles ont dû mettre en place Ces mesures n’ont pas d’autre but que
des services de ressources humaines pour des économies budgétaires. Parallèlement,
« gérer » leur masse salariale et auront bientôt l’État réduit continuellement les postes ou-
également la charge de leur parc immobilier, verts aux concours, tout en augmentant les
pourtant dégradé dans de nombreux établisse- postes ouverts aux concours de l’enseigne-
ments. L’État a utilisé le prétexte du passage ment privé. L’objectif est de recruter de
à de nouvelles compétences pour baisser ses moins en moins de fonctionnaires, et de dé-
enveloppes budgétaires à certaines universités velopper l’emploi d’enseignant-e-s précaires
ce qui a entraîné un déficit se chiffrant en mil- par les écoles, les collèges et les lycées, qui
lions d’euros pour une dizaine d’universités en pourront aisément puiser dans le vivier des
2009. Le passage au nouveau stade de l’auto- étudiant-e-s qui auront obtenu leur master
nomie, nommé « compétences élargies », qui a enseignement mais échoué aux concours.
déjà été opéré dans certaines universités, s’est
ILs nous soutIennent
mis en place dans la précipitation et la désor-
ganisation, aggravant considérablement les
cLasHes
conditions de travail des personnels BIATOSS.
(Collectif de lutte contre le harcélement sexuel dans
l’enseignement supérieur)
RéfoRme de la foRmation et du
epIces
RecRutement des enseignant-e-s aGec
unIon syndIcaLe soLIdaIres
Les candidat-e-s aux concours de sud recHercHe epst
recrutement des enseignant-e-s des pre- FédératIon sud educatIon
5. Profession de foi SUD/FSE: CNESER 2010 5
OpératiOn campus
Nous dénonçons l’injustice de l’Opé-
ration campus qui vise à modifier profondé-
ment le paysage universitaire français. La
mise en place de 10 campus d’excellence Les fusions d’universités
va entraîner un accroissement des inégali-
tés entre les différents établissements. Les
Nous luttons contre les fusions d’uni-
universités délaissées par cette opération
versité, déjà mises en place à Aix-Marseille
immobilière verront leurs crédits, leurs cher-
et à Strasbourg. Ces fusions accentuent la
cheur/euses et au final leurs étudiant-e-s fuir
très faible représentation étudiante dans les
vers les campus d’excellence. En outre, loin
conseils, servent de prétexte à des suppres-
d’être un havre de paix pour les étudiant-
sions de postes et créent de fait des pôles
e-s, les enseignant-e-s et les BIATOSS, les
d’excellence qui affaiblissent encore plus
10 futurs campus verront le semblant de
le cadrage national des diplômes et l’équité
démocratie étudiante et des personnels ad-
dans les services publics. Après l’autonomie,
ministratifs et techniques disparaître au pro-
le gouvernement organise donc la concur-
fit d’une gestion assurée seulement par les
rence entre établissements universitaires.
chefs d’établissements concernés, quelques
En outre, les fusions d’universités sont des
enseignant-e-s trié-e-s sur le volet ainsi que
cadres extrêmement attractifs pour les inves-
les partenaires privés de ces campus. Nous
tissements privés qui se servent des fondations
estimons que l’argent de l’Opération cam-
universitaires. Les conséquences sont faciles à
pus issu du fameux Grand emprunt aurait
prévoir : accroissement des inégalités entre les
dû servir à la rénovation de toutes les uni-
disciplines universitaires, contrôle accru du
versités, et ce sans aucune contrepartie.
monde privé sur les objectifs des universités.
6. Profession de foi SUD/FSE: CNESER 2010 6
IV/ pour une unIVersIté publIque,
gratuIte et CrItIque,
au serVICe des traVaIlleurs/euses
Contrairement à ce qu’il indique, le sentant-e-s extérieur-e-s à l'université y sont de
gouvernement réduit constamment le bud- plus en plus présent-e-s (membres du MEDEF
get réel de l’enseignement supérieur. Il or- ou des chambres de commerce par exemple).
ganise la pénurie budgétaire, notamment Seule une université gérée collecti-
en développant toujours plus les « crédits vement par les étudiant-e-s, les enseignant-
impôts recherche », qui exonèrent les entre- e-s et les BIATOSS, de manière égalitaire
prises faisant de la recherche et du dévelop- peut être caractérisée de démocratique.
pement d’impôts. Ce désengagement oblige
les universités à chercher de plus en plus de Le leitmotiv au tout à la professionnali-
financements hors des sphères publiques. sation est monnaie courante aujourd’hui dans
Cela se fait toujours au détriment des étu- l’enseignement supérieur. Malheureusement,
diant-e-s : parfois de manière directe, ils/elles cette notion cache des réalités très disparates
sont contraint-e-s à payer des frais d'inscrip- qu’il faut comprendre. Nous estimons que les
tions exorbitants ; parfois de manière indi- étudiant-e-s doivent tou-te-s avoir la possibi-
recte, ce sont les entreprises qui investissent lité de trouver un emploi au sortir de l’uni-
des fonds en contrepartie d'un contrôle accru versité. Cependant, les déclarations gouver-
sur le contenu pédagogique des formations. nementales opèrent un lien entre le chômage
Pour nous, l'enseignement supérieur doit des étudiant-e-s à la sortie de leurs études et le
être un service public de l'éducation et de la contenu pédagogique des formations. La réali-
recherche, ce qui signifie que se sont des fi- té est toute autre. En effet, trop d’étudiant-e-s
nancements publics qui doivent faire fonc- se retrouvent au chômage ou en emploi pré-
tionner l’université car eux seuls permet- caire après leurs études à causes du fonction-
tent d’assurer l’égalité entre tou-te-s les nement du monde du travail. D’une part le fort
usager-e-s. Ils doivent être au service des taux de chômage, notamment en ces temps de
étudiant-e-s et personnels de l’université, crises, ne relève pas de l’enseignement supé-
pour des formations qualifiantes et de qualité. rieur mais des failles du système économique.
D’autre part, la précarité accrue qui subis-
Quelle démocratie à l’université? sent les étudiant-e-s est dû à la « flexibilité
Nous constatons qu'il n'y a aucune dé- » du monde du travail qui cherche à rogner
mocratie réelle au sein de l'université : ce sont toujours plus toutes les sources de profits.
les conseils centraux, et surtout le Conseil d’ad-
ministration, seul organe à n’être pas simple- Face à ces pratiques, nous nous battons
ment consultatif depuis la L.R.U, qui en gèrent pour une université publique, gratuite et cri-
la majeure partie. Cette démocratie de façade tique. L’enseignement supérieur doit être orga-
laisse une place très restreinte aux étudiant-e-s nisé en fonction des besoins de la majorité de la
et aux personnels BIATOSS, alors que les repré- population et non d’une minorité privilégiée.
7. Profession de foi SUD/FSE: CNESER 2010 7
V/ pour de meIlleures CondItIons d’études
Les conditions d'études sont tou- quelles il ne laissera plus ces frais illégaux
jours plus difficiles pour les étudiant-e-s. perdurer. Cependant, aucune mesure coerci-
L'université devrait être accessible à tous tive n'est réellement prise à l'encontre des
et à toutes, cependant, les étudiant-e-s sont universités ayant ce genre de méthodes.
contraint-e-s de payer des sommes chaque
année plus élevées afin de pouvoir s'ins- À cela s'ajoutent des amphis et des
crire. À ces frais d'inscription établis par groupes de TD ou TP surchargés, faute de
le ministère s'ajoutent dans de nombreux moyens financiers pour multiplier les cours.
établissements des frais supplémentaires et Les établissements ne bénéficient en effet
illégaux, directs ou indirects (sous formes pas des fonds nécessaires pour ouvrir des
de fascicules, par exemple) dont doivent groupes de TD ou de TP. Le ministère prétend
s’acquitter y compris les étudiant-e-s bé- avoir augmenté les moyens des universités et
néficiant de bourses sur critères sociaux, résolu ces problèmes grâce au « Plan Réus-
pourtant exonéré-e-s de frais ministériels. site en Licence » mis en place en 2008, mais
À cette réalité, le gouvernement répond dans les faits, ce plan aligne les gadgets ne
chaque année par des promesses selon les- répondant pas aux besoins des étudiant-e-s .
La condItIon doctorante
La situation des doctorant-e-s s’est mun des doctorant-e-s, le doctorat demeure
également aggravée. Le nouveau contrat un diplôme réservé à une élite sociale.
doctoral dit « unique » ne l’a pas améliorée
: il n’a ni augmenté le nombre de C’est Nous défendons également un
financements de thèses, ni pourquoi nous meilleur encadrement des
réduit l’opacité des cri- revendiquons : doctorant-e-s et une
tères d’attribution des meilleure insertion
financements et des • la création d’un statut stable pour les dans les équipes de re-
charges de TD. Au doctorant-e-s cherche. Cela passe par
contraire, il a préca- • le financement de toutes les thèses, une offre élargie de sé-
risé les doctorant-e-s pendant toute la durée nécessaire et minaires de recherche
sous contrat, qui sont jusqu’à la soutenance et d’ateliers, sans pour
désormais des em- • la possibilité pour tou-te-s les autant que ces acti-
ployé-e-s des universi- doctorant-e-s qui le souhaitent vités soient assorties
tés et non de l’État, et sont de dispenser des de crédits ECTS comp-
ainsi à la merci de toutes enseignements. tant pour l’obtention du di-
les pressions (leur contrat peut plôme de doctorat, comme cela
en effet être rompu plus facilement). se fait dans de plus en plus d’écoles
Tant que les financements sont insuffi- doctorales, sous l’effet d’une vision sco-
sants et que la précarité reste le lot com- laire et comptable du travail de thèse.
8. Profession de foi SUD/FSE: CNESER 2010 8
VI/ une unIVersIté ouVerte à toutes et tous
Parler d'une université ouverte à tou-te- sur critères sociaux en nombre et en mon-
s ne doit pas se limiter à produire un discours tant et de la fourniture de biens gratuits ou
abstrait sur l'égalité des chances. Pour nous en-dessous de leur coût de production (RU,
cela signifie une lutte quotidienne contre les cités-U, etc.), financées par les cotisations
discriminations, les injustices et les inégalités. sociales, afin de permettre aux enfants des
Une université ouverte, cela signifie d'abord classes populaires d'accéder plus facilement à
que toutes les classes sociales puissent avoir l'enseignement supérieur. Ce système d'aides
également accès à l'université. Aujourd'hui, sociales devrait être géré communément
les enfants des classes populaires sont très par les étudiant-e-s et les travailleurs-euses.
peu nombreux à accéder à l'université et à
pouvoir y poursuivre des études longues. Il les étudiant-e-s étranger-e-s
reste encore bien des luttes à mener pour en
arriver à une égalité d'accès à l'enseignement Contre les discriminations, nous avons
supérieur : la moitié des étudiant-e-s sont en- aussi un rôle à jouer dans la lutte pour une
core contraint-e-s de se salarier pour financer égalité des droits entre étudiant-e-s français
leurs études, ce qui réduit leurs chances de et étranger-e-s et pour des conditions d'études
réussite, compte tenu de la difficulté de conci- décentes pour les sans-papiers, dont les diffi-
lier travail salarié et travail universitaire. cultés ont été accentuées par les lois CESEDA
puis par la création d'un ministère en charge
les bourses de l'immigration. Face à cela, notre revendi-
cation demeure inchangée : une carte d'étu-
Les bourses sont en effet un système diant-e doit donner droit à une carte de séjour!
insuffisant pour aider les étudiant-e-s en diffi- Il est inacceptable de voir des études brisées
culté financière. De surcroît, ce système d'aide par des gouvernant-e-s à la recherche de
laisse de côté toute une partie des étudiant-e-s bouc-émissaires. Inversement, et comme le
souhaitant accéder à une véritable autonomie prévoit la loi, aucun titre de séjour ne doit être
vis-à-vis de leur famille. À terme, SUD-Étu- demandé à l’inscription à l’université : nous
diant défend la perspective du salaire univer- nous battons au jour le jour pour l’application
sel. L'étudiant-e étant un-e travailleur-euse du droit en vigueur, et contre les pratiques
comme les autres (salarié-e-s, chômeur-euse- d’universités zélées qui continuent à deman-
s, retraité-es), il devrait bénéficier d'un droit à der des titres de séjour lors des inscriptions.
un salaire d'un montant équivalent au SMIC,
financé par une hausse générale des cotisations Les luttes des sans-papiers qui se dé-
sociales. Une part du salaire socialisé serait veloppent avec force depuis des années pour
ainsi dédiée aux études, comme cela est déjà le réaffirmer le droit à la dignité humaine dans
cas pour la santé, les retraites ou le chômage. une société où la libre circulation des capitaux
l'emporte de loin sur celle des personnes, sont
La FSE quant à elle reven- d'une importance capitale dans ce rapport de
dique une Garantie Sociale Étudiante. force engagé avec un gouvernement qui discri-
Il s'agit en fait de l'augmentation des bourses mine une frange importante de la population.
9. Profession de foi SUD/FSE: CNESER 2010 9
C’est pourquoi, nos fédérations s’engagent
avec force dans le soutien aux luttes de sans-
papiers que cela soit au sein du collectif
UCIJ, en soutenant la longue et exemplaire
grève en cours de 6000 travailleurs/ses sans
papiers ou par l’investissement dans diverses
initiatives et bien entendu dans le RESF et
dans la création de RUSF (Réseau Univer-
sité Sans Frontière) dans les universités.
Enfin, pour nous, la principale revendication
réside dans la liberté de circulation et la régu-
larisation de toutes et tous les sans-papiers!
VII/ au-delà du monde étudIant :
le lIen InterprofessIonnel
Nous considérons que les étudiant-e-s et d’autre part la transformation de la société.
sont des travailleurs/euses et que leurs inté- SUD-Étudiant et la FSE travaillent égale-
rêts sont par conséquent indissociables de ment avec d’autres organisations syndicales
ceux de l’ensemble des travailleurs/euses. de salarié-e-s, chaque fois que nous pouvons
C'est entre autres pour cette raison que nous faire converger nos luttes avec des salarié-
estimons que le travail avec des organisations e-s qui partagent notre conception de l’ac-
syndicales de salarié-e-s est un élément indis- tion collective : intransigeante et combattive.
pensable de notre syndicalisme. Nous nous
inscrivons en opposition complète à celles et Si nous faisons nôtres les revendi-
ceux qui défendent le corporatisme étudiant. cations des mouvements des salarié e s, ce
n’est pas uniquement par simple solidarité:
Ce lien interprofessionnel, SUD-Étu- les attaques contre les retraites, le droit du
diant fait le choix de le concrétiser à travers travail, la sécurité sociale, les services pu-
son appartenance et sa participation à l’Union blics… nous concernent directement. Ce
syndicale Solidaires qui regroupe notamment n’est pas en luttant de manière isolée, secteur
les syndicats SUD (Rail, PTT, Éducation, Re- par secteur, que nous pourrons résister effi-
cherche-EPST…). Cela nous permet, tout en cacement aux attaques gouvernementales et
conservant notre autonomie quant à nos po- patronales ; il est donc fondamental de faire
sitionnements et aux actions que nous déve- le lien entre les différentes situations et de
loppons dans notre secteur, de nous associer produire des analyses globales afin de faire
pleinement à l’ensemble des luttes interpro- converger nos luttes. Ce n’est qu’ainsi que
fessionnelles aux côtés d’organisations syn- nous pourrons construire le mouvement de
dicales avec lesquelles nous partageons la grève générale reconductible qui, seul, nous
conception d’un syndicalisme de lutte, indé- permettra de gagner sur nos revendications.
pendant et sans concessions, qui lie d’une part Les mobilisations du printemps 2009, aux-
la défense quotidienne des travailleurs/euses, quelles nous avons participé, l’ont bien mon-
10. Profession de foi SUD/FSE: CNESER 2010 10
tré : les journées d’action mensuelles ne peuvent suffire à faire plier gouvernement et pa-
tronat. Dès la rentrée prochaine, une mobilisation de l’ensemble des travailleurs/euses sera
nécessaire pour contrecarrer la contre-réforme des retraites qui s’annonce. Cette tâche in-
combe à l’ensemble du syndicalisme et nos organisations entendent y prendre toute leur part.
VIII/ l’unIVersIté : un lIeu polItIque
Nous considérons que l'université n'est en e-s-chercheurs/euses ne condamnent jamais les
aucun cas un sanctuaire imperméable aux enjeux harceleurs/euses. Nous revendiquons la mise en
politiques locaux, nationaux et parfois même in- place de cellules d'aide contre le harcèlement
ternationaux. C'est pour cela que nous défendons sexuel à l'instar de l'Université Lille 3, et des rè-
un certain nombre de valeurs dans nos universités. glements et des commissions disciplinaire quali-
fiées incluant une représentation étudiante. Nous
antiracisme, anti-sexisme travaillons dans ce sens avec le CLASCHES
et (Collectif de Lutte antisexiste contre le Harcè-
lutte contre l'homophobie lement sexuel dans l'Enseignement supérieur).
Nous nous opposons à toute forme de dis-
crimination et d'oppression. Le sexisme, le ra- écologie
cisme et l’homophobie en sont les formes parmi Pour certain-e-s, ces derniers mois au-
les plus répandues, y compris au sein de nos uni- raient marqué un tournant décisif dans la «
versités. Les préjugés racistes freinent nombre prise de conscience écologiste » dans l'hexa-
d'étudiant-e-s dans leurs études. Les fêtes étu- gone, mais aussi au niveau mondial. Ce tour-
diantes, loin de permettre l'épanouissement de nant s'expliquerait notamment par les mobili-
la vie étudiante pour toutes et tous, diffusent sations populaires lors du contre-sommet de
souvent des stéréotypes sexistes et homophobes. Copenhague. Ces manifestations ont permis de
L'homophobie n'a pas sa place à l'Université, renouveler les approches des problématiques
et nous soutenons pour cette raison les groupes environnementales, en insistant de plus en plus
LGBTI qui luttent contre la prégnance de préju- sur les liens entre enjeux sociaux et environne-
gés hétéronormés dans l’enseignement supérieur. mentaux, sur la parenté entre inégalités sociales
Nous constatons aussi au quotidien que les et inégalités environnementales. Il devient de
femmes, majoritaires à l'entrée en licence, plus en plus clair que les dégradations de l'en-
sont de moins en moins nombreuses à l'en- vironnement ne seront pas résolues si elles sont
trée en master puis en doctorat, et que les combattues séparément des logiques écono-
femmes professeures sont encore rares. miques productivistes qui en sont les causes.
De même, force est de remarquer que les
femmes n'ont pas toujours la possibilité de me- Dans nos campus, pour la première fois,
ner leurs études dans de bonnes conditions. cette campagne a été l'occasion pour les organi-
Ainsi, les mères seules avec un enfant ne dis- sations étudiantes d'agir de manière unitaire sur
posent pas de crèches dans les universités. les enjeux écologiques. Il existe en effet de nom-
De nombreux/euses étudiant-e-s et personnels breux enjeux écologiques sur lesquels nous de-
des universités sont également opprimé-e-s au vons lutter au sein de l’enseignement supérieur.
cours de leurs études et de leur carrière par les
pratiques de harcèlement sexuel, qui sont exer- En juillet 2009, la ministre de l’ensei-
cées en toute impunité, puisque les enseignant- gnement supérieur et de la recherche a ainsi fait
11. Profession de foi SUD/FSE: CNESER 2010 11
connaître sa « stratégie pour la recherche ». Pour dans nombre d'anciennes colonies, il soutient
lutter contre le réchauffement climatique, il a diverses dictatures, n'hésitant pas à intervenir
ainsi été proposé deux mesures plus aberrantes militairement lorsque ses intérêts économiques
l'une que l'autre. En premier lieu, accroître les sont en jeu. Le temps des guerres impérialistes
financements pour la recherche dans le nucléaire est loin d'être fini. Les guerres en Afghanistan
(sous le prétexte que cette technologie n'aurait en Irak continuent, avec le soutien tacite ou
aucun effet sur la réduction des émissions de gaz concret des États occidentaux. Nous soutenons
à effet de serre). En second lieu, développer des les mobilisations étudiantes sur ces questions.
technologies dites « propres » pour renouveler Ces derniers temps, l'actualité a renforcé le sou-
intégralement le parc automobile français. Pen- tien de nos organisations aux droits du peuple
dant que la ministre instrumentalise la recherche palestinien à disposer de lui-même. Depuis 1967,
au bénéfice du patronat des entreprises automo- l'État d'Israël se livre à une occupation grandis-
biles et du lobby nucléaire, le gouvernement sante des territoires palestiniens niant dans ce
refuse de développer une politique cohérente processus colonial tous les droits élémentaires
en matière de transports en commun, qui per- du peuple palestinien, y compris le droit à la vie,
mettrait une réelle diminution des gaz à effet de comme lors des récents massacres de Gaza, et
serre – et offrirait aux plus précaires, notamment le blocus qui prive les gazaouis depuis quatre
aux étudiant-e-s, un réel accès aux transports. ans de leur liberté ainsi que de leurs moyens de
survie. Les palestinien-ne-s ont accepté maintes
L'orientation même de la recherche au fois un compromis basé sur la terre contre la
niveau national soulève donc des enjeux envi- paix, compromis soutenu par le droit internatio-
ronnementaux, sur lequel le CNESER est amené nal. Pendant ce temps-là, et en dépit de toutes
à se prononcer. Les organisations présentes au les règles du droit international, l'État d'Israël
CNESER se doivent donc d'intervenir avec force intensifie sa politique coloniale, tout en instau-
sur ces enjeux. Cependant, nous ne pouvons nous rant un système d'apartheid comparable à celui
contenter d'agir à cette échelle : à ces perspectives de l'Afrique du Sud. Tant que la colonisation et
politiques globales qui nécessitent un projet de la ségrégation raciale ne seront pas démantelées,
transformation sociale, nous devons faire corres- SUD-Étudiant et la FSE soutiendront le mouve-
pondre un militantisme de terrain quotidien pour ment de résistance palestinien et international.
obtenir un maximum d'avancées. C'est pourquoi,
dans nos universités, nous développons d'ores La France n’est pas non plus exemplaire
et déjà des interventions sur différents enjeux dans sa politique intérieure. Trop souvent elle
environnementaux tels que la politique éner- nie la diversité culturelle de ses propres régions
gétique de nos établissements, l'aménagement et territoires et refuse de prendre en compte
des campus pour limiter les nuisances sani- leurs revendications. C’est le cas en Corse, en
taires – les campus étant souvent situés dans les Bretagne, au pays basque et en Occitanie par
zones les plus polluées des agglomérations, etc. exemple. Dans les Antilles, l’exploitation sociale
se double d’une non-reconnaissance des spécifi-
anti-impérialisme et autodétermination des cités culturelles et de l’histoire des peuples qui
peuples y vivent. Au sein de l’enseignement supérieur,
La lutte pour le droit à l'autodétermina- nous nous prononçons pour la reconnaissance
tion et contre les guerres impérialistes fait plei- des diversités culturelles et historiques et reven-
nement partie de nos activités. Aujourd'hui l'im- diquons la promotion de la diversité linguistique
périalisme français continue d'imposer sa loi et notamment des langues dites « régionales ».
12. notre lIste
1. LAGARDE Victor 7. SCHMIDT Pierre-Antoine
(Université de Dijon, Licence Histoire, deuxième année) (Université Pierre Mendès France Grenoble 2, Licence de
1.bis CHEVALIER Clara Psychologie, deuxième année)
(École des Hautes Études en Sciences Sociales, Master His- 7.bis JUGE Mélissa
toire, deuxième année) (Université de Nantes, Licence Histoire, deuxième et troisième
année)
2. MARCHAND Flora
(Université Sorbonne-Nouvelle Paris 3, Master Études Ciné- 8. CHAMBINAUD Marc-Aurèle
matographiques et Audiovisuelles, première année) (Université Diderot Paris 7, Licence Histoire, troisième année)
2.bis ALOUSSI Rajaa 8.bis HORVAT Louis
(Université Panthéon-Sorbonne Paris 1, Master Philosophie, (Université Paris-Sorbonne Paris 4, Licence Philosophie, troi-
première année) sième année)
3. HAMEL Clément 9. GARSMEUR Jean-François
(Université de Caen Basse-Normandie, Master STAPS, pre- (Université Lille 3, Master ICD Sciences de l'Information et du
mière année) Document, première année)
3.bis MATHON Romain 9.bis HUET Léa
(Institut National des Sciences Appliquées de Toulouse, Di- (Université d'Orléans, CAPES Histoire-Géographie)
plôme d’Ingénieur option Génie Mécanique, cinquième année)
10. GUEGAN Nicolas
4. CHARNY Athénaïs (Université Toulouse 2 Le Mirail, Master Sciences de l'éduca-
(Université Bordeaux 2, Licence de Psychologie, première tion et de la formation, première année)
année) 10.bis BOUDET Jean-Baptiste
4.bis PONCE-NAZABAL Peio (Université de Poitiers, Licence LLCE Anglais, première an-
(Université de Pau et des Pays de l'Adour, Master Histoire His- née)
toire de l'Art Archéologie Anthropologie, première année)
11. AGUITON Denis
(Université Saint-Denis Paris 8, Master Science Politique, pre-
5. SECLET Alicia mière année)
(Université Lumière Lyon 2, Licence Sciences du Langage, deu- 11.bis GARDIEN Gaëtan
xième année, Licence Anthropologie, première année) (Université François Rabelais de Tours, Licence d'Anglais, troi-
5.bis BIREE Florian sième année)
(Université Paul Sabatier Toulouse 3, Master Informatique,
première année)
6. POCHET Aline
(Université d'Artois, Master FLE/FLS, première année, Master
Littérature et Linguistique FR VR, deuxième année)
6.bis MARTINI Jean-Baptiste
(Université de Provence Aix Marseille 1, Licence Philosophie
première et deuxième année)
nous ContaCter
Fédération SUD Etudiant Fédération Syndicale Etudiante
25/27 rue des envierges
75020 Paris
www.sud-etudiant.org www.luttes-etudiantes.com/FSE/
sud-etudiantsud-etudiant.org fse.relations@luttes-etudiantes.com