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Index
Avis de décÚs 20
Bourses et changes 18
Fonds 16, 17, 18
Pharmacies 20
Toute la météo 12
L’essentiel
Informations fiscales: la Suisse
de nouveau isolée en Europe
> Secret Le Luxembourg et l’Autriche prĂȘts Ă  l’échange automatique Editorial
Préparer
l’inĂ©luctable
Par Mathilde Farine
La Suisse perd un allié impor-
tant dans son combat contre
l’échange automatique d’infor-
mations fiscales pour lequel
l’Europe milite depuis plusieurs
annĂ©es. Le Luxembourg – et
probablement bientît l’Autriche –
s’est finalement rangĂ© Ă  cette
solution dont les adeptes espĂš-
rent qu’elle permettra d’éviter que
les évadés du fisc ne passent
inaperçus.
Plus que la dĂ©cision elle-mĂȘme,
c’est la rapiditĂ© du revirement qui
surprend. Encore farouchement
opposé à cette solution ces der-
niers mois, le Luxembourg a
entrouvert la porte, le week-end
dernier, Ă  un changement de
systĂšme. L’actualitĂ© – l’affaire
Cahuzac en France et les révéla-
tions des «Offshore Leaks», qui
montrent que l’évasion fiscale
n’est pas seulement le fait d’une
poignĂ©e de riches – n’est peut-ĂȘtre
pas étrangÚre à cette accélération
du changement.
La Suisse pourra difficilement
résister à cette lame de fond.
D’autant que, comme l’a dit le
Luxembourg Ă  son propre Ă©gard,
elle ne pourra «pas refuser aux
EuropĂ©ens» ce qu’elle «accepte
avec les Américains» par le biais
de l’accord Fatca dont le Conseil
fédéral a adopté hier le projet de
loi.
Qu’importe les doutes que l’on
peut avoir sur son efficacité, le
systĂšme de l’échange automati-
que d’informations sera adoptĂ© Ă 
grande échelle de façon quasi
inĂ©luctable. Certaines banques s’y
préparent déjà. Depuis mars 2009
et l’abandon de la distinction
entre Ă©vasion et fraude fiscales,
elles ont eu quatre ans pour
s’adapter à la fin de l’argent non
dĂ©clarĂ©. Certaines ont mĂȘme
récemment imposé un «ultima-
tum» à leurs clients allemands
pour les pousser à se régulariser.
En outre, cela n’empĂȘche pas
les autorités suisses de réfléchir à
une stratégie pour obtenir des
concessions. L’exemple de Fatca
montre qu’il est possible de nĂ©go-
cier des amĂ©nagements, mĂȘme
s’ils restent petits. Dans le cas de
l’Europe, l’accĂšs au marchĂ© euro-
péen est jugé vital. Les banques ne
peuvent y opĂ©rer qu’avec d’impor-
tantes restrictions. Ensuite, il y a
lieu de définir comment régler le
passĂ©, c’est-Ă -dire les avoirs non
déclarés qui occupent encore et
depuis longtemps les coffres des
banques suisses. Enfin, il est
important que les places financiĂš-
res concurrentes soient logées à la
mĂȘme enseigne et ne profitent
pas de rĂšgles plus avantageuses.
Au MusĂ©e Barbier-Mueller, splendeur et fascination de l’art antique
TĂȘte masculine, Rome (Ier siĂšcle avant J.-C. – Ier siĂšcle aprĂšs J.-C.). Ce bronze fait partie de la collection centenaire exposĂ©e ac-
tuellement au musĂ©e genevois. Un trĂ©sor qui reflĂšte la passion de la famille Barbier-Mueller pour les arts de l’AntiquitĂ©.öPage 22
MUSÉEBARBIER-MUELLER/PHOTOSTUDIOFERRAZZINIBOUCHET
La pression sur les oasis fiscales
au sein de l’Europe, et donc sur la
Suisse, a fortement monté. Coup
sur coup, deux Etats européens
qui s’opposaient jusqu’alors à
l’échange automatique d’infor-
mations ont assoupli leurs posi-
tions. Au Luxembourg, le premier
ministre, Jean-Claude Juncker, a
annoncé mercredi que le Grand-
DuchĂ© accepterait l’échange auto-
matique dĂšs le 1er janvier 2015.
DemĂȘme,lechancelierautrichien,
Werner Faymann – autre dĂ©fen-
seur du secret bancaire –, a eu
un geste d’ouverture en estimant
pouvoir faire cohabiter l’échange
automatique d’informations pour
les non-résidents et protéger le se-
cret bancaire pour les Autrichiens.
De plus, à la veille de l’Ecofin à
Dublin, la France, l’Allemagne,
l’Italie, le Royaume-Uni et l’Espa-
gne se disent d’accord pour adop-
terenEuropelemodÚleaméricain
(Fatca) de transparence. Un mo-
dÚle que Berne a accepté de signer
aveclesEtats-Unis.LeConseilfédé-
ral a d’ailleurs transmis mercredi
pourapprobationauparlementle
projet de loi fiscale Fatca qu’il a
conclu avec Washington le 14 fé-
vrier 2013. Face à l’Union euro-
péenne et à la lame de fond, la
Suisse va-t-elle s’aligner? Pourra-t-
elle dire non?öPages 2, 3, 4
La ruée vers la porte de sortie! A
GenĂšve, pas moins de 1106 colla-
borateurs de l’Etat et de ses enti-
tés affiliées ont déposé en début
d’annĂ©e une demande de retraite
anticipée. En 2012 et 2011, ils
Ă©taient 394 et 326. L’Instruction
publique, en particulier, affronte
une situation trĂšs critique puis-
que 331 enseignants prennent
leur retraite par anticipation.
Explications: les modifications
issues de l’assainissement des
caisses de pension et un pont-re-
traite trÚs amputé. öPage8
Pour vous abonner:
www.letemps.ch/abos
00 8000 155 91 92
(appel gratuit)
International
Fausses promesses
En Syrie, la communauté interna-
tionale n’a pas tenu ses promesses,
que ce soit sur le plan humani-
taire, militaire ou financier. Page 5
Suisse
Freysinger Ă  la police?
Pourleministre
OskarFreysinger,
lerĂȘvederepren-
dreleDĂ©parte-
mentdel’éduca-
tions’éloigne.
NombredeValai-
sansleverraientplutĂŽtĂ laSĂ©cu-
ritĂ©,oĂčilretrouveraituncertain
ChristianVarone
 Pages6,10
Zooms
Vous avez dit gratuit

Facebook se prépare-t-il à nous
faire payer pour les messages
envoyés à des personnes hors de
notre rĂ©seau? s’inquiĂšte Jonas
Pulver dans sa chronique. Page 9
DĂ©bats
L’art français de la guerre
Expert en histoire militaire, Henri
Weissenbach revient sur l’opĂ©ra-
tion Serval au Mali en la compa-
rant Ă  l’intervention amĂ©ricaine
de 2001 en Afghanistan.Page 11
Sciences
Une levure anti-palu
Des chercheurs ont inventé un
procédé pour fabriquer une
molécule essentielle des médica-
ments contre la malaria.Page 12
Culture & Société
Pour une «vraie» cuisine
Desgrandschefsfrançaislancent
lelabel«Restaurantdequalité».
Objectif:dĂ©mĂȘlerlagastronomie
artisanaledelacuisineindustrielle.
Qu’enest-ilenSuisse?Page21
Eclairage
Aux Diablerets verts
Spécialistedudéveloppement
durable,leBritanniqueMichael
Liebreichimaginelastationvau-
doiseenforumplanĂ©tairedel’éco-
nomieverte.Rencontre.Page24
GenĂšve:
ruée sur la
préretraite
Rencontre
Le cinéaste argentin qui rouvre
les plaies de la dictature Page 22
MarchĂ© de l’art
Les trĂ©sors de la cave d’El Bulli
en vente chez Sotheby’s Page 23
SOTHEBY’S
Economie & Finance
L’essor inquiĂ©tant des «chasseurs» qui attaquent
des sociétés pour violation de brevet Page 13
Tempsfort
Le Temps
Jeudi 11 avril 2013
2
Secretbancaire,letournant
> Fisc Le Fatca
européen est en
marche. Et la pression
se fait brusquement
forte sur la Suisse.
Retour sur une
semaine oĂč les fronts
ont bougé
> Avec les Etats-Unis,
la Suisse admet
l’échange semi-
automatique
d’informations
> Secoués
par l’accĂ©lĂ©ration
du mouvement,
les politiciens suisses
se disent prĂȘts
Ă  se rallier Ă 
un standard mondial
Ram Etwareea BRUXELLES
La présidence irlandaise de
l’Union europĂ©enne (UE) a con-
firmé mercredi que la lutte contre
l’évasion fiscale serait inscrite au
menu de l’Ecofin (ministres des
Finances de Vingt-Sept) lors de la
réunion informelle qui aura lieu
samedi Ă  Dublin. Ce sujet n’était
pourtant pas à l’agenda. Il est
devenu incontournable depuis ce
week-end.
Dimanche, le ministre luxem-
bourgeois des Finances, Luc Frie-
den, a allumé la mÚche en affir-
mant que son pays n’était plus
opposĂ© Ă  un systĂšme d’échange
automatiqued’informations.C’est
ce que l’UE rĂ©clame depuis plu-
sieurs annĂ©es. C’est un premier
verrou qui a donc sauté.
Depuis, c’est l’emballement. Di-
plomates, lobbyistes et journalis-
tes qui n’avaient pas prĂ©vu de faire
le déplacement à Dublin chan-
gent d’avis. «L’Ecofin ne prendra
pas de décision formelle, mais
nous savons que le point de non-
retour par rapport au secret ban-
caireestatteint»,expliqueunhaut
fonctionnaire européen proche
du dossier.
La déclaration de Luc Frieden a
en effet envoyé une onde choc.
A Luxembourg d’abord, oĂč l’in-
dustrie financiĂšre (141 banques
de 26 pays et 3840 fonds d’inves-
tissement) a bĂąti sa force grĂące au
secret bancaire. L’Association de
banques et de banquiers Luxem-
bourgs’estempressĂ©edĂšslundide
demander des clarifications au
ministre.
Lecoupdécisifaétédonnéhier.
Dans le «Discours à la nation» pro-
noncé devant le parlement, le pre-
mier ministre luxembourgeois
Jean-Claude Juncker a annoncé
que l’échange automatique d’in-
formations entrerait en vigueur Ă 
partir du 1er janvier 2015 dans le
Grand-Duché. Dans un communi-
quépubliédanslajournée,legou-
vernement a confirmé que les
donnĂ©es sur les paiements d’intĂ©-
rĂȘt en faveur des personnes physi-
ques résidant dans un autre pays
de l’UE seraient transmises afin
qu’ellessoientimposĂ©eslĂ oĂčelles
habitent. Jean-Claude Juncker a
rassuré ses concitoyens en indi-
quant que ce n’était pas la fin de la
place financiĂšre luxembour-
geoise, mais cela est une autre his-
toire

L’ondedechocaĂ©tĂ©ressentieen
Autriche, qui, comme le Luxem-
bourg, s’opposait jusqu’alors à
l’échange automatique d’infor-
mations. Lundi, aprĂšs les propos
tenus par Luc Frieden, les autori-
tés de Vienne sont restées fermes;
il n’était pas question de cĂ©der.
Maispourdenombreuxanalystes,
la décision luxembourgeoise al-
lait produire son effet domino.
Vienne a tenu un jour. Par la voix
de son chancelier Werner Fay-
mann, elle a fait savoir mardi
qu’elle Ă©tait prĂȘte Ă  nĂ©gocier la le-
vée du secret bancaire pour les ré-
sidents Ă©trangers ayant des comp-
tes en Autriche. C’est le deuxiùme
verrou qui a sauté.
Une autre initiative, et pas la
moindre, a contribuĂ© Ă  l’embal-
lement. Dans une lettre adressée
Ă  Algirdas Semeta, commissaire
européen chargé de la Fiscalité,
cinq ministres des Finances –
Pierre Moscovici (France), Wolf-
gang SchÀuble (Allemagne), Vit-
torio Grilli (Italie), Cristobal Mon-
toro Romero (Espagne) et George
Osborne (Royaume-Uni) – ont an-
noncé leur décision de mettre en
place, en projet pilote, l’échange
automatique d’informations en-
tre eux, sur le modĂšle du Foreign
Account Tax Compliance Act
(2010) des Etats-Unis, plus connu
sous le nom de Fatca. Cette loi per-
met, entre autres, l’obtention des
informations sur les comptes ban-
caires, les placements et revenus
dans un autre pays sans passer par
les autoritĂ©s. Dans cette mĂȘme let-
tre, le groupe de cinq ministres
invite les autres Etats de l’UE à re-
joindre le Fatca européen.
Le groupe a Ă©galement fait res-
sortir que la clause de la nation la
plus favorisĂ©e (MFN) devait s’ap-
pliquer. Selon cette disposition,
toute concession accordée à un
pays tiers ne peut ĂȘtre refusĂ©e aux
autres. Dans son discours, hier,
Jean-Claude Juncker a expliqué
que la clause MFN avait grande-
ment influencé le revirement
luxembourgeois du fait que l’Etat
négocieunaccordsurleFatcaavec
les Etats-Unis depuis décembre.
La Commission européenne ne
pouvait que se rĂ©jouir de l’initia-
tive des cinq. Dans une premiĂšre
rĂ©action, elle a rappelĂ© qu’elle a
déposé en décembre une tren-
taine de propositions pour lutter
contre l’évasion fiscale et qu’elle
attendaitquelesEtatsluidonnent
lesmoyensd’agir.Hier,lecommis-
saire Semeta a de nouveau plaidé
dans ce sens, ajoutant que les me-
suresproposĂ©esconcernaientl’en-
semble des Vingt-Sept et qu’elles
seraient plus efficaces qu’une ini-
tiative Ă  cinq.
En début de semaine, un porte-
parole de la Commission rappe-
lait que l’évasion fiscale coĂ»tait
plus de 1000 milliards d’euros à
l’économie europĂ©enne, ajoutant
que cette manne serait trĂšs utile
en cette période de crise. «Pour la
Commission, il ne doit y avoir
aucune complaisance pour les in-
dividus, sociétés ou pays tiers qui
contournent les lois internationa-
les pour organiser la fraude fis-
cale», avait-il martelé.
L’évasion fiscale coĂ»te
1000 milliards d’euros
par an Ă  l’économie
européenne
<wm>10CFWMIQ7DQAwEX-TT2l6f0xhWYVFAFH6kKu7_UXthBUNWs7PvFQ03z-24trMUYIg-LBO1mDUwy9Gb0gqEG9RXJSNy6fHnC9CdwJiOgAIfSiHFbeRvV5-FMd-w9nm9v-GU3QuAAAAA</wm>
<wm>10CAsNsjY0MDAx1TW0NDI3NwAAbn5YPQ8AAAA=</wm>
ClassiqueHoraMundi
B O U T I Q U E S B R E G U E T – 4 0 , R U E D U R H Ô N E G E N È V E +4 1 2 2 3 17 4 9 2 0 – B A H N H O F S T R A S S E 1 G S TA A D + 4 1 3 3 7 4 4 3 0 8 8
B A H N H O F S T R A S S E 3 1 Z Ü R I C H + 4 1 4 4 2 15 11 8 8
PUBLICITÉ
L’échange automatique dĂ©cryptĂ©
L’échange automatique est
souvent considéré par ses
détracteurs comme étant
synonyme de mort pour le secret
bancaire. Pour ses partisans, il
s’agit au contraire du meilleur
moyen pour lutter contre
l’évasion fiscale. Le principe est le
suivant: le fisc d’un pays A
collecte les informations
concernant des ressortissants
d’un Etat B auprùs de ses propres
banques. La collecte s’effectue en
rÚgle générale une fois par année
et peut concerner toutes sortes
d’informations (nom du
détenteur de compte, montant du
salaire, rentes, etc.). «Il n’y a pas
de standard, explique Pascal
Saint-Amans, directeur du Centre
de politique et d’administration
fiscales de l’OCDE. Tout dĂ©pend
de l’accord conclu entre les deux
Etats.» Une fois recueillies, ces
informations sont transmises de
maniĂšre automatique Ă 
l’administration fiscale
concernĂ©e. Sans qu’une demande
préalable soit nécessaire. Les
deux Etats coopĂ©rants s’assurent
ainsi que leurs ressortissants ne
dissimulent pas une partie – ou
l’entier – de leur richesse sur un
compte en banque Ă  l’étranger.
L’un des exemples types de ce
systĂšme est la directive
européenne sur la fiscalité de
l’épargne entrĂ©e en vigueur en
juillet 2005. Une directive qui se
limite toutefois aux données
concernant le produit des intĂ©rĂȘts
«de toute nature» (salaires,
rentes, gains immobiliers ou en
capitaux, etc.). SĂ©bastien Dubas
Menacefrançaise:pasdenoms,pasdelicence!
> Les Ă©cologistes
déposent une
proposition de «Fatca
à la française»
Un retrait de l’agrĂ©ment des Ă©ta-
blissements bancaires Ă©trangers
noncoopératifs.Cettenouvelleme-
nace plane désormais sur les ban-
ques et les sociétés financiÚres
Ă©trangĂšres en France, alors que se
propage dans l’Hexagone l’idĂ©e
d’uneloi«FatcaĂ lafrançaise»inspi-
rée de la législation américaine.
Cettesanctionpénaliseraitceuxqui
refusent de dĂ©clarer Ă  l’administra-
tion fiscale le nom des Français qui
possÚdentuncomptedansleuréta-
blissement. Cette nouvelle idée
choc est portée par le groupe écolo-
giste Ă  l’AssemblĂ©e nationale, qui
vient de déposer une proposition
de loi.
Dans le détail, selon la note de
synthÚse présentée par le groupe
Ă©cologiste, si une banque Ă©trangĂšre
souhaite faire des opérations avec
une banque française ou si elle pos-
sĂšde une filiale en France, elle devra
donner les noms de ses clients fran-
çais, personnes physiques et mora-
les. Si le ressortissant français sou-
haite quand mĂȘme conserver
l’anonymat,labanqueseratenuede
prĂ©lever une part extrĂȘmement dis-
suasive de 60% de la somme de tou-
tes ses opérations. Enfin, si la ban-
que Ă©trangĂšre refuse l’une ou l’autre
de ces obligations, elle se verra reti-
rer son agrément. En clair, elle ne
pourra plus avoir d’activitĂ©s sur le
territoire français, ni travailler avec
des banques françaises.
Ce projet national avance en pa-
rallĂšle de la proposition d’échange
automatique d’informations portĂ©e
sur la scÚne européenne par Pierre
Moscovici,leministredel’Economie
etdesfinances,encompagniedeses
homologues britannique, alle-
mand, espagnol et italien (lire ci-
dessus). Mercredi, France Hollande
a insistĂ©: «Ce que je veux, c’est qu’il y
aitunĂ©changeautomatiqued’infor-
mations sur les revenus et les patri-
moines détenus par les Français à
l’étranger ou par des Ă©trangers en
France. Cela doit ĂȘtre la rĂšgle en Eu-
rope pour que nous puissions met-
tre un terme au secret bancaire et Ă 
la dissimulation des avoirs.»
En France, pour ceux qui tra-
vaillent depuis longtemps sur l’éva-
sionfiscale,l’accordFatcaestdevenu
unesortederéférence.«PourquoiPa-
ris et les Etats européens ne se sont-
ilspassaisisplustÎtduprojetaméri-
cain? S’il faut bien sĂ»r mener des
discussionsauniveaumultilatéral,la
France peut dĂ©jĂ  mettre en Ɠuvre
seule certains mécanismes», expli-
que Mathilde Dupré, chargée de
campagne sur les paradis fiscaux Ă 
CCFD-Terre Solidaire. En particulier,
«onpeutĂȘtretrĂšsincisifdanslalutte
contre la fraude» en utilisant la me-
naceduretraitdelalicencebancaire,
estime-t-elle. Eric Alt, magistrat et
coauteurdeL’espritdecorruption*,es-
time aussi qu’une loi Fatca à la fran-
çaise «est une bonne idĂ©e» et «qu’il
n’est pas impossible» de commencer
à la mettre en Ɠuvre sur le plan na-
tional.
Catherine Dubouloz PARIS
* Editions Le Bord de l’eau, 2012.
«Il ne doit pas y avoir
de complaisance pour
ceux qui organisent
la fraude fiscale»
0 300 km
SOURCE: GAO 2008; CPO 2013; «LE MONDE»
Government Accountability Office
(GAO), organisme du CongrĂšs des
Etats-Unis chargé du contrÎle des
comptes publics du budget fédéral
La liste noire de l’OCDE
Ă©tablie en 2009 recensant
les pays non coopératifs
n’a plus cours. L’OCDE
mĂšne actuellement une
revue internationale des
conventions fiscales
signées par les paradis
fiscaux qui pourrait aboutir
Ă  une nouvelle liste.
Conseil des prélÚvements
obligatoires de la Cour des comptes
(France), listes A et B confondues
Irlande
Ile de Man
Guernesey
Jersey
Andorre
Gibraltar
Monaco Saint-Marin
Suisse
Luxembourg
Liechtenstein
Lettonie
Malte
Chypre
14 paradis fiscaux recensés par des organismes officiels
3Tempsfort
Le Temps
Jeudi 11 avril 2013
Banques opposées
L’Association suisse des ban-
quiers (ASB) reste opposée à
l’échange automatique d’infor-
mations. Jeudi, elle a rappelé
que «les banques suisses plai-
dent depuis longtemps en
faveur d’une stratĂ©gie dite de
l’argent propre visant à accepter,
à l’avenir, uniquement des avoirs
conformes fiscalement».
Si l’échange automatique avec
l’Union europĂ©enne ne constitue
«pas une option pour les ban-
ques en Suisse», l’association
faßtiÚre souligne néanmoins
que les banques en Suisse sont
prĂȘtes Ă  discuter avec l’UE au
sujet d’une «extension de l’ac-
cord sur la fiscalitĂ© de l’épar-
gne». Elle précise que les ban-
ques suisses soutiennent le
respect des standards de
l’OCDE pour les questions
relatives à l’entraide en matiùre
fiscale. Pour Didier de Montmol-
lin, associé de DGE Avocats,
spécialiste du domaine financier,
le systĂšme actuel de l’échange
Ă  la demande est efficace et a
l’avantage d’éviter que des noms
soient transmis sans que les
clients concernés ne le sachent
et puissent, le cas échéant, faire
valoir leurs objections devant un
juge suisse en conformité avec
les droits fondamentaux.
Pourtant, pour Michel DĂ©robert,
«la Suisse serait bien inspirée
d’ĂȘtre proactive plutĂŽt que de
devoir céder en bout de course».
Selon le secrétaire général de
l’Association des banquiers
privés suisses, les deux priorités
doivent ĂȘtre de rĂ©gler le passĂ© et
de garantir aux Ă©tablissements
financiers suisses l’accùs au
marché européen. «Sinon, des
affaires risquent de déménager
de Suisse vers le Luxembourg ou
vers Londres», prévient-il.
S. Dub. et M. F.
‘‘Je n’hĂ©siterai pas
à considérer comme
un paradis fiscal tout
pays qui refuserait de
coopérer pleinement
avec la France,,
François Hollande
Président de la France
‘‘Nous pouvons
sans danger introduire
l’échange automatique
d’informations à partir
du 1er janvier 2015,,
Jean-Claude Juncker
Premier ministre du Luxembourg
‘‘Ce projet pilote
nous aidera Ă  attraper
et retrouver les
fraudeurs fiscaux,
mais il apportera aussi
un modĂšle pour des
accords multilatéraux
plus vastes,,
George Osborne
Ministre des Finances
de la Grande-Bretagne, signataire
d’un projet de Fatca europĂ©en
‘‘Oui, nous
négocions. Mais le
secret bancaire, inscrit
dans la Constitution,
devrait ĂȘtre prĂ©servĂ©
pour les Autrichiens,,
Werner Faymann
Chancelier de l’Autriche
Berne:ouiĂ l’échangesemi-automatiqueavecWashington
> Le parlement appelé
Ă  se prononcer sur
l’accord dit Fatca passĂ©
avec le fisc américain
Le projet de loi fiscale Fatca,
adopté mercredi par le Conseil fé-
déral et transmis aux Chambres fé-
dérales pour approbation, auto-
rise l’ingĂ©rence du fisc amĂ©ricain
dans les affaires des banques suis-
ses. Toutes les relations financiĂšres
et commerciales de citoyens amé-
ricains, ou de personnes domici-
liées aux Etats-Unis, avec les éta-
blissements suisses devront ĂȘtre
passéesaucrible,auxfraisdesban-
ques,afinqu’ellespuissentfournir,
directement ou indirectement, les
renseignements dont le fisc améri-
cainabesoinpourprĂ©leverl’impĂŽt
frappant ses ressortissants.
Ces dispositions doivent entrer
en vigueur en janvier 2014, sinon
l’accord, qui permet à la Suisse
d’échapper Ă  l’échange automati-
que formel d’informations, sera
remplacĂ© par une mise en Ɠuvre
unilatérale des dispositions Fatca,
sans la petite marge de manƓuvre
négociéeparlaSuisse,notamment
en faveur des banques cantonales
et des caisses de pension.
Un exemple montre la rigueur
avec laquelle les autorités améri-
caines entendent appliquer leur
droit de maniĂšre extraterritoriale:
la Caisse d’épargne du personnel
de la Confédération, qui abrite
aussi l’argent du personnel diplo-
matique,devras’inscrireauprùsdu
service américain des impÎts (IRS).
Elle devra prouver que les avoirs
déposés par des clients domiciliés
hors de Suisse ou de l’Union euro-
péenne (UE) ne dépassent pas 2%
des fonds sous gestion pour ainsi
Ă©chapper Ă  l’arsenal des contrĂŽles
des flux financiers des «comptes
amĂ©ricains» exigĂ©s par l’IRS. Une
convention internationale consi-
dĂšrelesdiplomatessuissescomme
étant domiciliés en Suisse. Sans
cela, la Caisse du personnel fédéral
devrait sans doute procéder aux
coûteux contrÎles périodiques de
conformitĂ© Ă  l’IRS.
Passage au crible
Les banques cantonales, dont
lesavoirsdepersonnesdomiciliées
en Suisse ou dans l’UE atteignent
au moins 98%, seront aussi traitées
selon ce statut spécial négocié par
la Suisse. L’accord oblige les ban-
ques Ă  passer au crible tous leurs
comptespourdéterminerceuxrat-
tachés de prÚs ou de loin à un ci-
toyen ou à une entreprise améri-
caine. Un seul indice, comme un
numéro de téléphone aux Etats-
Unis, les obligera à récolter des in-
formationscomplĂ©mentaires.L’As-
sociation suisse des banquiers
(ASB) estime la dépense adminis-
trative Ă  100 millions de francs
pour une grande banque comme
UBS ou Credit suisse, et Ă  quelques
dizainesdemillionspouruneban-
que de moyenne importance. Elle
critique ce processus qui rappor-
tera, selon elle, quelque 8,7 mil-
liards de dollars d’impîts sup-
plémentaires au fisc américain,
alors que les dépenses adminis-
tratives Ă  la charge des 100 plus
grandes banques européennes dé-
passeront largement ce montant.
L’ASB admet sa faible marge de
manƓuvre puisque 213 des 320
banques actives en Suisse le sont
aussi au niveau international.
L’accord Fatca couvre le prĂ©sent
et l’avenir. Il permet à la Suisse
d’échapper Ă  l’échange automati-
que d’informations avec les Etats-
Unis et préserve, sur le papier, une
petite partie du secret bancaire. La
banque ne sera pas obligée de
fournir le nom du client américain
jugĂ© «non coopĂ©ratif» parce qu’il
refuse que soit communiqué son
numĂ©ro de contribuable. L’accord
autorise pourtant un Ă©change
semi-automatique d’informations
car la banque devra fournir le vo-
lume global et la nature des fonds
estimés non déclarés. Sur cette
base, l’IRS adressera aux autoritĂ©s
fiscales suisses des «demandes
groupées» permettant une en-
traide administrative efficace re-
posant sur de forts indices d’éva-
sion fiscale.
UnimpĂŽtĂ lasourcede30%sera
prélevé sur les revenus des clients
«non coopératifs». Une banque
jugĂ©e «non coopĂ©rative» par l’IRS
pourra aussi se voir infliger un im-
pĂŽtĂ lasourcede30%surtoutesses
relations commerciales directes et
indirectes avec les Etats-Unis.
Willy Boder BERNE
LesĂ©lussuissestournentleursregardsversl’OCDE
> La mĂȘme rĂšgle doit
s’appliquer à Londres et
dans les paradis fiscaux
La rapidité des changements en
matiÚre de coopération fiscale ne
manquepasdesurprendreenSuisse.
LePartisocialiste,quiréclamedepuis
longtemps l’échange automatique
d’informations, pense que la Suisse
devra suivre le mouvement enclen-
chĂ©. C’est aussi l’avis de Christian
Keuschnigg, directeur de l’Institut
des hautes Ă©tudes (IHS) de Vienne et
professeur d’économie et de finan-
cespubliquesĂ Saint-Gall.
Dans une prise de position pu-
bliĂ©e sur le site de l’IHS, cet excellent
connaisseur du systĂšme fiscal suisse
dit qu’«il faut s’attendre Ă  ce que la
pression des Etats-Unis et de l’UE
conduise Ă  l’échange automatique
d’informations. Ce dĂ©veloppement
se dessine de fait aussi en Suisse.
Quant à l’Autriche, elle ne peut que
retarder l’échange automatique,
maisellenepourrapasl’empĂȘcher.»
PrĂ©sident de l’USAM, l’UDC Jean-
François Rime constate que «la si-
tuation change et qu’on n’admet
plus aujourd’hui ce qu’on admettait
hier». Président du PDC, Christophe
Darbellay juge «prématuré» de
changer la position de la Suisse. «Le
secret bancaire est inscrit dans la
Constitution autrichienne. Atten-
dons de voir si les Autrichiens sont
d’accord de changer cela. Et j’ob-
serve que l’échange automatique
d’informations n’est pas un stan-
dard international. La Suisse s’y
pliera lorsque ce sera un standard
mondial valable pour toutes les pla-
ces financiĂšres, de Londres Ă  Singa-
pour en passant par les Etats-Unis»,
dit-il. Président du PLR, Philipp
MĂŒller est sur la mĂȘme ligne. «Ce
n’est de loin pas un standard pour
lesplacesoffshore»,précise-t-il.
RĂ©unionprochaineduG20
Lesregardssetournentdésormais
vers l’OCDE. PrĂ©sident du PS, Chris-
tian Levrat attend de la Suisse qu’elle
s’engage dans cette enceinte contre
l’évasion fiscale. Jean-François Rime
pensequelaSuissepourraitinterpel-
ler l’OCDE afin que les places finan-
ciĂšres concurrentes et les paradis fis-
caux, «comme Londres, les Bahamas
ou les ßles Anglo-Normandes», res-
pectentaussilesnouvellesrĂšgles.
Que va faire le Conseil fédéral? A
la TV alémanique, Eveline Widmer-
Schlumpf a rappelé mercredi que,
au sein de l’UE, prĂ©valait la rĂšgle de
la nation la plus favorisée. Celle-ci
oblige le Luxembourg et l’Autriche à
accorderàl’UEcequ’elleaccordeaux
USA. «Mais la Suisse n’est pas concer-
née par cette rÚgle», insiste-t-elle.
Quant au Conseil fédéral, il a été
«informé» des derniers développe-
ments, sans plus, indique son porte-
parole,AndréSimonazzi.
Les contacts vont se multiplier
ces prochains jours. Le chef des Af-
faires Ă©trangĂšres, Didier Burkhalter,
rencontre coup sur coup le chef du
gouvernement du Liechtenstein,
Adrian Hasler, et le ministre russe
des Affaires Ă©trangĂšres, SergueĂŻ La-
vrov, dont le pays préside le G20.
Dansunesemaine,EvelineWidmer-
Schlumpf participera Ă  la rencontre
ministérielle du G20 à Washington.
Dans ce cadre, elle compte souli-
gner la nĂ©cessitĂ© d’avoir des rĂšgles
fiscales valables pour tous, places
offshore incluses.
La ministre a mis sur pied en dé-
cembre un groupe d’experts pilotĂ©
par le professeur Aymo Brunetti.
Celui-ciareçulemandatderéfléchir
aux solutions possibles pour régler
le passé par un impÎt libératoire et
gĂ©rer l’avenir. La transmission d’in-
formations fait partie des réflexions.
Bernard Wuthrich BERNE
CHRISTIANHARTMANN/REUTERS
FRANÇOISLENOIR/REUTERSHERWIGPRAMMER/REUTERS
TOBYMELVILLE/REUTERS
International
Le Temps
Jeudi 11 avril 2013
4
CĂ©line ZĂŒnd
La dĂ©sillusion est d’autant plus
profonde que Gilles Bernheim bé-
nĂ©ficie d’une aura intellectuelle,
bien au-delà de la communauté
juive française.
Acculéparlesac-
cusationsquicir-
culent dans la
presse depuis
plusieurs semai-
nes,legrandrab-
bin de France a
finiparadmettremardiavoirusurpé
son titre d’agrĂ©gĂ© en philosophie et
recouruauplagiat.Maisilnecompte
pas quitter son poste pour autant:
«Démissionner sur une initiative
personnelle relĂšverait d’une dĂ©ser-
tion [
], ce serait un acte d’orgueil
alors que je dois agir aujourd’hui
dans la plus grande humilité», a-t-il
déclaré mardi sur Radio Shalom,
aprùs un long silence. L’homme de
60 ans, Ă©lu au grand rabbinat de
France en 2008, a «craqué», dit-il, au
moment du concours de philoso-
phie, Ă  cause d’un «évĂ©nement tragi-
que» qui ne lui aurait pas permis de
se présenter à toutes les épreuves.
Finalement, il a «laissĂ© dire» qu’il
était agrégé, comme on met un
«pansement sur une blessure». Con-
cernant le plagiat, il l’attribue à un
Ă©tudiant qu’il a employĂ© comme nĂš-
gre. Il a aussi expliqué avoir utilisé
lorsdelarédactiondesonlivre(Qua-
rante méditations juives, Stock, 2011)
des notes dans lesquelles il avait
omisdecitersesréférences.
L’argumentaire du grand rabbin
divise la communauté juive de
France. Certains plaident pour un
soutien inconditionnel, d’autres rĂ©-
clament sa démission. Pour le rab-
bin de la communauté israélite libé-
rale de Genùve, François Garaï, c’est
clair: Gilles Bernheim ne peut plus
prétendre à son titre de grand rab-
bin, la plus haute autorité religieuse
juive en France. «C’est l’affaire Cahu-
zac de la communauté israélite,
dit-il. Gilles Bernheim reconnaĂźt
qu’il a tort, mais il n’assume pas la
conséquencedesesactes.»
Avant de passer aux aveux, le
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<wm>10CFWMqw7DMBAEv-isvaftHqzCrICq3CQKzv-jxGUFK81KsztGesEv723_bp9kQIQ4xNFTIop5TelcevSEwQWsL1ZzZWn1zycg1IC5HIIRfD5gRt5mNX3KephrDSnXcd6Gt1bfgAAAAA==</wm>
<wm>10CAsNsjY0MDAy0jU0MzI1sAQAIWPO8w8AAAA=</wm>
9 contre1
nouvelle Ă©mission
La présentation de 9 anciennes parts (coupon No
80)
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CHF 185.– net. Au maximum 394’577 nouvelles parts
seront Ă©mises; elles pourront ĂȘtre souscrites du
29avrilau13mai2013,Ă 12h00auprĂšsdevotrebanque.
Un négoce officiel des droits de souscription sera
organisé à la SIX Swiss Exchange et offrira ainsi à de
nouveaux investisseurs l’opportunitĂ© de participer Ă 
la nouvelle émission en achetant et exerçant des
droits de souscription.
Disclaimer: Cette annonce de cotation ne reprĂ©sente pas un prospectus d’émission
au sens des art. 652a resp. 1156 CO. Une annonce de cotation sera vraisemblable-
ment publiĂ©e le 29 avril 2013. L’émission des parts du fonds s’adresse au public
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FrançoisHollandesonnelacharge
contreladélinquancefinanciÚre
> France Le chef
de l’Etat a prĂ©sentĂ©
de nouvelles mesures
de lutte contre
l’évasion fiscale
> Pas suffisant pour
faire taire les critiques
Catherine Dubouloz PARIS
François Hollande a voulu mé-
nager son effet. Pris dans une crise
politique majeure depuis les aveux
de JĂ©rĂŽme Cahuzac, le chef de l’Etat
s’est Ă  nouveau adressĂ© mercredi
aux Français à la télévision, sa pre-
miùre intervention n’ayant pas
marquĂ© l’opinion. Le prĂ©sident a
voulu prouver sa détermination:
il a eu des mots sévÚres contre les
paradis fiscaux, que la France veut
«éradiquer». Il a également an-
noncé de nouvelles rÚgles pour «as-
surer la transparence de la vie poli-
tique». Mais dans l’ensemble, les
orientations présentées ont été
immédiatement critiquées. Par
l’opposition, mais aussi par ceux
qui travaillent depuis longtemps
sur ces sujets. Le magistrat Eric Alt*
estime certes que «tout va dans le
bon sens, mĂȘme si on n’avance pas
beaucoup», mais il déplore aussi
qu’il «ne s’en dĂ©gage pas de vision
d’ensemble».
Les paradis fiscaux d’abord.
François Hollande explique que les
«banques françaises devront ren-
drepublique,chaqueannée,laliste
de toutes leurs filiales, partout
dans le monde, et pays par pays.
Elles devront indiquer la nature de
leursactivitĂ©s.End’autrestermes,il
ne sera pas possible pour une ban-
que de dissimuler les transactions
effectuées dans un paradis fiscal.»
Cette mesure, pour laquelle les
ONGetlesécologistessesontbeau-
coup battus, est en fait déjà inté-
grée dans la loi bancaire en voie
d’adoption au parlement. Elle est
aussi prévue dans une directive
européenne. Autre avertissement:
mĂȘme s’il en existe dĂ©jĂ , «la France
établira chaque année une liste des
paradis fiscaux». Elle dépendra
«non seulement de signatures de
conventions», mais aussi «de la réa-
litĂ© de l’effectivitĂ© des informations
qui seront données».
DeuxiĂšme axe, le renforcement
de la lutte contre la fraude et l’éva-
sion fiscales. Un parquet financier
sera crĂ©Ă©, annonce le chef de l’Etat.
Pour Eric Alt, cette mesure, comme
d’autres, est de l’ordre «du coup
d’épĂ©e dans l’eau»: «L’inefficacitĂ©
du parquet ne tient pas Ă  la multi-
plicitédesstructuresouàundéficit
d’expertise, mais à sa structure
mĂȘme et Ă  son manque d’indĂ©pen-
dance», puisqu’il est hiĂ©rarchique-
ment soumis Ă  la garde des Sceaux.
Pour résoudre ce dysfonctionne-
ment, un projet de révision consti-
tutionnelle est d’ailleurs en route.
La lutte passant aussi par les
moyens humains, ceux-ci seront
renforcés. A Paris, le pÎle financier,
comme d’autres services de lutte
contre la délinquance financiÚre, a
vu fondre ses effectifs ces derniĂšres
années. Précisant les propos de
François Hollande, le premier mi-
nistre, Jean-Marc Ayrault, a promis
des renforts pour la justice, la po-
lice et l’administration fiscale, avec
50 enquĂȘteurs de police judiciaire
en plus, 50 magistrats et 50 agents
supplémentaires pour la lutte
contrelafraudefiscale.Parailleurs,
«un office central contre la fraude
et la corruption» sera également
mis en place, il regroupera les
moyens du MinistĂšre de l’intĂ©rieur
et de celui des Finances. «Des
outils exceptionnels de procédure
comme d’investigation seront con-
fiés à cet office», a ajouté François
Hollande, sans plus de précisions à
ce stade.
Dernier volet, celui qui occupe
l’ensemble du monde politique de-
puis plusieurs jours, la transpa-
rence et la moralisation de la vie
publique. Eric Alt est aussi scepti-
que, rappelant les nombreux rap-
ports restés sans suite sur ces ques-
tions. Les rĂšgles actuelles de
déclaration du patrimoine seront
revues. Une haute autorité indé-
pendante sera créée, qui pourra
contrÎler les déclarations de patri-
moine et les dĂ©clarations d’intĂ©rĂȘts
des ministres, des collaborateurs
des cabinets ministériels, des par-
lementaires, des responsables de
grands exécutifs locaux et des di-
rigeants de grandes administra-
tions. Les sanctions seront renfor-
cées en cas de déclarations non
sincùres. Pour l’instant, critique le
magistrat, «c’est un peu l’actuelle
commission pour la transparence
delaviepolitique,avecdesmoyens
renforcés».
Pour prĂ©venir les conflits d’in-
tĂ©rĂȘts, François Hollande veut in-
terdire le cumul d’un mandat
parlementaire avec l’exercice de
certaines activités professionnel-
les. Les avocats d’affaires ou les mĂ©-
decins qui travaillent pour des la-
boratoires pharmaceutiques sont
dans le viseur.
L’opposition s’est dĂ©chaĂźnĂ©e con-
tre les propositions touchant les
élus,dénonçantdes«mesuresdedi-
version».«L’écrandefumĂ©equeten-
tent maladroitement d’ériger Fran-
çois Hollande et Jean-Marc Ayrault
ne parvient pas Ă  masquer leurs
propres fautes et défaillances, à la
tĂȘte du PS et Ă  la tĂȘte de l’Etat, atta-
que le député du Nord Sébastien
Huyghe. Aujourd’hui, c’est au PS
de faire sa propre opération mains
propres plutĂŽt que de tenter de
faire porter le chapeau aux autres.»
Les mesures de transparence pla-
cent pourtant la droite dans une
position délicate: il lui est difficile
de s’y opposer sans ĂȘtre soupçon-
née de vouloir dissimuler des com-
portements peu éthiques. «Il ne
s’agit pas d’exhiber», riposte le chef
de l’Etat, mais de garantir aux Fran-
çais qu’élus et ministres ne s’enri-
chissent pas durant leur mandat.
L’ensemble sera prĂ©cisĂ© au cours
des deux prochaines semaines.
Jean-Marc Ayrault rencontrera les
prĂ©sidents de l’AssemblĂ©e et du SĂ©-
nat, ainsi que les groupes parle-
mentaires pour préparer les textes.
Les projets de loi seront ensuite
présentés au Conseil des ministres,
le 24 avril.
* «L’Esprit de corruption», Editions
Le Bord de l’eau, 2012.
«Au PS de faire sa
propre opération mains
propres plutĂŽt que de
tenter de faire porter
le chapeau aux autres»
Compte de Jean-Marie Le Pen Ă  UBS
Documents à l’appui, le site
d’information Mediapart, à
l’origine de l’affaire Cahuzac,
revient dans une enquĂȘte mer-
credi sur l’ouverture par Jean-
Marie Le Pen d’un compte en
Suisse en 1981, à UBS, déjà
évoquée par le passé. Mediapart
rĂ©vĂšle aussi qu’un proche du
fondateur du Front national,
Jean-Pierre Mouchard, trésorier
de son micro-parti Cotelec jus-
qu’en 1997, avait utilisĂ© les servi-
ces d’une sociĂ©tĂ© offshore de
Gibraltar pour ses investisse-
ments. Contacté, le président
d’honneur du FN a dĂ©noncĂ© une
«opération fumigÚne» pour le
dénigrer de la part des «KGBistes
de Mediapart». Il n’a pas dĂ©menti
l’existence du compte ouvert à
UBS mais, selon lui, il s’agissait
alors d’un «emprunt» pour sa
société de disques, la Serp.
Pourquoi passer par une banque
suisse pour cet emprunt? «Parce
que les conditions Ă©taient plus
favorables que dans une autre
banque», a répondu le fondateur
du parti d’extrĂȘme droite. AFP
LecrashdeSmolenskempoisonnetoujourslapolitiquepolonaise
> Pologne Trois ans exactement aprÚs le crash qui a tué le président Kaczynski en Russie, la droite nationaliste campe sur la théorie du complot
PrĂšs de la vieille ville de Varsovie,
le chic hĂŽtel Bristol surplombe
massivement le palais présidentiel.
«Nouscommémoronsleplusgrand
patriote polonais, tué par les Rus-
ses», explique une dame à des tou-
ristesjaponaissortantdeleurhĂŽtel.
Trois ans exactement aprĂšs le
crashdeSmolensk,oĂčs’estĂ©crasĂ©le
Tupolev-154quitransportaitlepré-
sident de l’époque Lech Kaczynski,
son Ă©pouse, et 94 autres dirigeants
politiquesetmilitaires,la«catastro-
phe» continue de diviser la société
et la classe politique polonaises.
Des commémorations étaient pla-
nifiées à travers le pays entier orga-
nisées pour le «peuple de Smo-
lensk», comme se sont appelés ceux
qui professent une véritable «foi»
dans une théorie du complot.
Dont les éléments sont les sui-
vants: la catastrophe ne fut pas un
accident, mais un attentat des Rus-
ses; il a été perpétré avec la compli-
citĂ© du premier ministre de l’épo-
que, réélu depuis, Donald Tusk; et
si, dans le meilleur des cas, Tusk et
les siens n’ont pas Ă©tĂ© complices, lui
et tous les Ă©chelons du pouvoir ac-
tuel s’évertuent depuis trois ans Ă 
entraver l’enquĂȘte afin que jamais
la vĂ©ritĂ© n’éclate au grand jour.
Se battre «pour cette vérité»
«Nous voulons la vérité! Nous
voulons la vérité!» avaient scandé
en début de matinée quelques mil-
liers de personnes rassemblées face
au palais prĂ©sidentiel, oĂč loge de-
puis Bronislaw Komorowski, mem-
bre de la Plateforme civique (PO)
dirigée par Donald Tusk. Lequel a
rĂ©ussi l’exploit inĂ©dit dans la Polo-
gne postcommuniste de remporter
un second mandat en 2011, en plus
de la présidentielle.
Si, Ă  l’étranger, la Pologne des
Tusk et Komorowski a gagné des
galons de respectabilité et de sé-
rieux, Ă  l’intĂ©rieur la catastrophe de
Smolensk ne se rappelle au bon
souvenir des Polonais qu’une fois
par an: elle empoisonne littérale-
ment la vie politique quotidienne,
et assomme les téléspectateurs des
chaünes d’information continue,
abreuvés de théories du complot
développées par la droite catholi-
que, nationaliste et europhobe re-
groupée sous les banniÚres du Parti
Droit et Justice (PIS), dirigé par Ja-
roslaw Kaczynski, frĂšre jumeau de
LechetéphémÚrepremierministre.
«Nousavonsdroitàlavéritéetnous
avons le devoir de nous battre pour
cette vérité», déclarait ce dernier
lors de son discours sous le palais
présidentiel.
Peu importe que, selon tous les
rapports, russe et polonais, officiels
ou indépendants, le crash du Tu-
154 a résulté de toutes les fautes et
manquements aéronautiques pos-
sibles, rendant la catastrophe qua-
siment inévitable. Mais le «peuple
de Smolensk» continue de «croire»
Ă  l’attentat et Ă  la trahison, travaillĂ©
en cela depuis trois ans par les diri-
geants du PIS, par la presse conser-
vatrice et par une bonne partie du
clergé catholique polonais. Selon
un sondage commandé par le quo-
tidien de droite Rzeczpospolita, 32%
des Polonais croient Ă  la thĂšse de
l’attentat (un pourcentage en crois-
sance), tandis qu’un peu moins de
50% pensent qu’il s’agissait d’un ac-
cident. Et 30% seulement pensent
que les enquĂȘtes feront un jour la
lumiĂšre sur les causes.
En face, dans le camp gouverne-
mental, on ne sait plus par quel
bout défaire la «falsification» de
Smolensk. Et ce n’est pas l’agenda
d’hier du premier ministre qui a
calmé les ardeurs des «croyants»:
Donald Tusk était allé se recueillir
sur des tombes de victimes
 à 5 h
du matin, avant de s’envoler pour
un voyage officiel au Nigeria que
mĂȘme des observateurs bien inten-
tionnés jugeaient inopportuné-
ment programmé. Quelques com-
mémorations gouvernementales et
présidentielles avaient bien été or-
ganisĂ©es, dont l’une Ă  Smolensk
mĂȘme, ce sont Ă©videmment celles
organisées par le PIS qui ont ras-
semblé du monde. Surtout celle en
soirée, sous le palais présidentiel,
oĂčJaroslawKaczynskialivrĂ©undis-
cours.
Pourquoi une telle détermina-
tion, chez le chef de la droite natio-
nal-catholique polonaise, Ă  Ă©riger
la catastrophe de Smolensk en
complot? La réponse dépasse évi-
demment la mort du président dé-
funt, qui occulte au passage celle
des 95 autres victimes. Il s’agit pour
le PIS de faire tourner la machine Ă 
délégitimer le pouvoir actuel, de
droite aussi, mais résolument pro-
européen, et malgré tout plus pro-
gressiste et tolérant, comme en té-
moignent des récentes tentatives
(ratées) de légaliser des contrats
d’unioncivile.Depuistroisans,ilya
la Pologne dépravée et soumise aux
diktats de l’Europe et complice de
la Russie de Vladimir Poutine. Et il y
a la «vraie»: celle dans laquelle
pense se reconnaßtre le «peuple de
Smolensk». Jurek Kuczkiewicz
ENVOYÉ SPÉCIAL À VARSOVIE
grand rabbin s’est d’abord empĂȘtrĂ©
dans ses mensonges. Un universi-
taire avait relevé que son ouvrage de
2011 contenait des passages em-
pruntés à un livre du philosophe
Jean-François Lyotard paru en 1996.
Il a commencé par nier le plagiat,
allant mĂȘme jusqu’à suggĂ©rer que
Jean-François Lyotard s’était inspirĂ©
de ses cours donnés à Paris dans les
années1980.Forcéderevenirsurses
propos, il a fini par justifier son acte
parunechargedetravailtropélevée,
qui ne lui aurait pas permis de «por-
ter l’attention nĂ©cessaire Ă  la rĂ©dac-
tiond’unlivre».Pourlegrandrabbin
de GenĂšve, Izhak Dayan, «c’est im-
pardonnable. Le grand rabbin doit
reprĂ©senter l’intĂ©gritĂ©, la droiture et
lasincérité.Siunhommedereligion
n’incarne pas l’éthique et la morale,
alorslemondeperdlenord.»
Il a inspirĂ© l’Eglise
C’est prĂ©cisĂ©ment un traitĂ© de
Gilles Bernheim contre le mariage
pour tous qui lui avait valu l’admira-
tion des autorités religieuses juives,
mais aussi de l’Eglise. «Des Ă©vĂȘques
se sont servis de son texte comme
base de travail pour prendre posi-
tion sur le mariage homosexuel»,
souligne Izhak Dayan. L’ancien pape
Benoßt XVI avait salué son argumen-
taire, qu’il a jugĂ© «profondĂ©ment
touchant». ProblÚme: ce texte com-
porte Ă©galement des passages co-
piés. «Dans la tradition juive, ne pas
citer un auteur Ă  qui on emprunte
des propos, c’est comme l’effacer du
monde», critique François Garaï. Le
grand rabbin Marc Raphaël Guedj,
directeur de la fondation Racines et
Sources, connaĂźt bien Gilles Bern-
heim, qu’il considùre comme un
ami. «Il a en lui une grande fragilité.
Il pense que, malgré ses erreurs, qui
n’îtent rien à sa stature spirituelle, il
a encore quelque chose Ă  apporter Ă 
la communautĂ© juive. C’est Ă  elle dĂ©-
sormais de décider si elle peut en-
core supporter un guide qui com-
met ce type d’erreur.» Alors que de
nouveaux plagiats font surface, le
Consistoire se réunit justement
aujourd’huipourdiscuterdudĂ©part
dugrandrabbindeFrance.
AFP
LegrandrabbindeFrance
danslatourmente
> France Le représentant de la communauté
juive admet avoir usurpé son titre et plagié
La tragédie du 10 avril 2010
Le contexte Le 10 avril 2010,
le président polonais Lech
Kaczynski, accompagné de son
Ă©pouse et d’une dĂ©lĂ©gation de
dirigeants politiques et militaires
de haut niveau, se rendait en
avion en Russie, Ă  Katyn, afin
d’y participer Ă  une cĂ©rĂ©monie
commĂ©morant l’assassinat en
1943 par l’armĂ©e soviĂ©tique de
plusieurs milliers d’officiers de
l’armĂ©e polonaise.
L’accident L’avion prĂ©sidentiel
devait atterrir sur l’aĂ©rodrome
militaire de Smolensk. En dépit
d’un brouillard Ă©pais, et de l’équi-
pement de guidage rudimentaire
de l’aĂ©rodrome, les contrĂŽleurs
aériens russes ont donné au pilote
du Tupolev polonais l’autorisation
de tenter une approche visuelle.
Vingt secondes avant l’accident
proprement dit, les contrĂŽleurs
russes ont donné instruction au
pilote d’interrompre la manƓuvre
pour reprendre de la hauteur.
Sans effet. L’aile gauche du Tu-154
a touché un arbre (un bouleau),
se brisant, provoquant le retour-
nement et l’écrasement de l’aĂ©ro-
nef Ă  8h41. Aucune des 96 per-
sonnes Ă  bord n’a survĂ©cu. J. Kz
5International
Le Temps
Jeudi 11 avril 2013
Syrie:lespromessesnontenues
> Moyen-Orient
Les aides annoncées
ne se concrétisent pas
> Opposition
et humanitaires
manquent de fonds
Boris Mabillard
AMarrakech,Ă KoweĂŻtouĂ Doha,
chaque fois qu’ils se rencontrent
pourparlerdelaSyrie,lesdirigeants
du monde entier affirment haut et
fortleursoutienaupeuplesyrien.Ils
promettent de ne pas abandonner
les victimes du conflit, de fournir
une aide financiÚre. Mais du cÎté de
l’opposition syrienne et des huma-
nitaires,onnevoitrienvenir.L’ONU
tirelasonnetted’alarme.Iln’yaplus
assez d’argent pour aider les rĂ©fu-
giés syriens, a indiqué mardi le Pro-
gramme alimentaire mondial
(PAM), qui pourrait cesser en mai
prochain de distribuer de la nourri-
ture. La Coalition nationale sy-
rienne constate amĂšrement que la
communautĂ©internationalen’apas
tenusesengagements.Enmargedu
sommet du G8 qui a commencé
mercredi, Ă  Londres, les ministres
des Affaires Ă©trangĂšres des pays les
plus riches ont rencontré une délé-
gation de la coalition. A l’ordre du
jour: l’aide militaire à l’opposition,
un serpent de mer. Et obtenir que
les belles paroles se traduisent par
desactes.
Avec la création de la Coalition
nationale des forces de l’opposition
et de la révolution en novembre
2012 à Doha, au Qatar, l’opposition
internationalement reconnue espé-
rait pouvoir recevoir un soutien fi-
nancier, matériel et militaire. Pour
Burhan Ghalioun, membre du bu-
reau politique de la coalition, l’af-
faire était entendue: «En réponse
aux demandes internationales,
nous nous étions réunis dans une
structure légitime et représentative,
nous attendions dĂšs lors que la
communauté internationale se dé-
cide enfin Ă  nous aider, mais nous
attendons encore. Seuls l’Arabie
saouditeetleQatarnousontdonné
de l’argent, mais beaucoup moins
que les sommes qu’ils avaient Ă©vo-
quées.» Au sommet des Amis de la
Syrie, à Marrakech, en décembre
dernier, les promesses d’aide finan-
ciÚre et humanitaire sont réitérées.
Mais la coalition de l’opposition, les
groupes présents sur le terrain et
l’ArmĂ©e syrienne libre (ASL) ne re-
çoivent rien ou presque en dépit de
promesses Ă  hauteur de 145 mil-
lions de dollars. Pour Burhan Gha-
lioun,c’estune«trahison»:«Onnous
reproche notre faiblesse et notre
manquedepopularitésurleterrain.
Faute de moyens, comment pour-
rait-ilenĂȘtreautrement?»
Les divisions au sein de l’opposi-
tionontlassélacommunautéinter-
nationale, explique Fabrice Balan-
che, directeur du Groupe de
recherches et d’études sur la MĂ©di-
terranée et le Moyen-Orient, à Lyon:
«La légitimité de la coalition natio-
naleestcontestĂ©epard’autresgrou-
pes,etmĂȘmeensonsein,lesdissen-
sions rÚgnent. En plus, sa proximité
avec les FrÚres musulmans dé-
range.» Pour ne pas faire le jeu des
islamistes de la coalition, les gou-
vernements ont préféré soutenir les
organisations humanitaires, locales
et internationales, et apporter des
aides ponctuelles aux rebelles: «Du
matĂ©riel militaire a mĂȘme Ă©tĂ© livrĂ©
directement par certains Etats occi-
dentaux à des groupes armés consi-
dérés comme efficaces», dit le spé-
cialiste. L’aide a Ă©tĂ© dissĂ©minĂ©e au
dĂ©trimentd’uncanalunique:«Peut-
ĂȘtre ont-ils aidĂ©, mais cela s’est dĂ©-
roulé sans nous, de maniÚre désor-
donnée»,ditBurhanGhalioun.
La crainte que du matériel, des
armes ou mĂȘme de l’argent ne se
retrouvent en de mauvaises mains
n’expliquepastout,carl’aidehuma-
nitaire souffre elle aussi d’un finan-
cement insuffisant. 400 000 réfu-
giés, au Liban, en Jordanie et en
Turquie, dĂ©pendent de l’assistance
du PAM pour survivre, à court d’ar-
gent. Leur nombre ne cesse d’aug-
menteretleursituationsedétériore.
Au sommet de KoweĂŻt, le 30 janvier
dernier, les nations réunies avaient
pourtantpromis1,6milliarddedol-
lars à l’ONU pour aider les victimes
du conflit syrien. Or, Ă  ce jour, seul
un tiers du montant a été versé. Ce
retard met en pĂ©ril l’ensemble des
programmes d’aide.
A Londres, une délégation de
l’opposition menĂ©e par Ghassan
Hitto, le premier ministre du gou-
vernement syrien en exil, a rencon-
tré des chefs de la diplomatie du G8
dont l’amĂ©ricain John Kerry, pour
les convaincre de lever l’embargo
surlesarmes.SeulelaGrande-Breta-
gne y semble encore favorable. La
France est gagnée par le doute alors
quelesEtats-Unisetl’Allemagneen-
visagentuniquementlalivraisonde
matériel non létal aux rebelles. Une
nouvelle réunion des Amis de la Sy-
riesetiendraĂ Istanbulle20avril.
«On nous reproche
fallacieusement notre
faiblesse et notre
manque de popularité
sur le terrain»
Un combattant de l’ArmĂ©e syrienne libre dans une rue d’une ville de l’est syrien. L’opposition rĂ©clame des armes, en vain. DEIR EZ-ZOR, 2 AVRIL 2013
KHALILASHAWI/REUTERS
DessoldatsmaliensĂ l’écoledesinstructeurseuropĂ©ens
> Mali Avec les premiers départs du contingent français, les unités combattantes suivent dix semaines de cours
Sept cents soldats maliens face Ă 
200 formateurs issus d’une ving-
taine de pays de l’Union euro-
péenne. La France, qui commence
tout juste à retirer ses soldats pré-
sents au Mali (lire encadré), four-
nit prÚs de la moitié des effectifs.
Unnombre«trÚslimité»demilitai-
res suisses non armés pourrait les
rejoindre si le Conseil fédéral ava-
lise la proposition faite en ce sens
fin mars par Didier Burkhalter, le
chef du DĂ©partement des affaires
Ă©trangĂšres.
Chaßne hiérarchique
Le premier bataillon malien est
arrivé dans le camp militaire de
Koulikouro, Ă  60 km de Bamako, le
2 avril dernier. Il suivra dix semai-
nes de formation avant de céder la
place Ă  un autre bataillon. A terme,
ce sont plus de 2500 soldats, «prÚs
de la moitié des forces combattan-
tes maliennes», selon un responsa-
ble du programme, qui passeront
entre les mains des militaires euro-
péens. Le but: renforcer les capaci-
tés techniques mais aussi théori-
ques des soldats pour remettre les
forces nationales Ă  niveau.
«Le premier défaut de cette ar-
mĂ©e, c’est que les gens ne sont pas
habitués à travailler ensemble, ex-
plique le lieutenant-colonel Vieil-
lefosse, responsable de l’entraüne-
ment au sein de la mission de
formation. Ce qui manque, pour-
suit-il, c’est la cohĂ©sion d’une unitĂ©:
lorsque le chef donne un ordre,
tout le monde suit parce que la
confiance vient du subordonné et
l’ordre du supĂ©rieur.» En d’autres
termes, il s’agit en premier lieu de
mettre en Ɠuvre le bon fonction-
nement de la chaßne hiérarchique.
La formation prévoit aussi des
phases techniques spécifiques à
chaque mĂ©tier – fantassin, artilleur
ou encore cavalier – ainsi que des
phases communes Ă  tous les sol-
dats. C’est justement à ce socle fon-
damental que sont consacrées les
premiĂšres semaines de la forma-
tion. Ce matin-là, au milieu d’un
terrain de football, les militaires
maliens s’entraĂźnent au tir. «Videz
les chargeurs! Plus vite!» s’égosille
unformateurlituaniendansunan-
glais brutal. Dans son dos, un tra-
ducteur répÚte en français les ins-
tructions. La mĂȘme scĂšne se rĂ©pĂšte
Ă  quelques mĂštres avec des forma-
teurs finlandais et britanniques –
pour des raisons qui ne seront pas
précisées, Londres a donné la con-
signe de ne pas permettre aux jour-
nalistes anglo-saxons de pénétrer
dans le camp et interdit tout con-
tact avec les soldats anglais. «Relù-
chez!»hurleenfinlemilitairelitua-
nien Ă  ses Ă©lĂšves en nage.
«Ce n’est pas difficile, assure l’un
d’eux en haletant, il suffit de suivre
les instructions. On apprend beau-
coup ici. Par exemple les différen-
tes positions de tir: couché, à ge-
noux ou debout. On connaissait
tout ça, mais on se perfectionne.»
«Ce sont déjà des soldats, rappelle
cetinstructeur.IlspossĂšdentlesba-
ses, mais ont besoin de beaucoup
d’exercice.» Le formateur lituanien
esquisse un sourire: «Ils ne vont pas
assez vite, mais ce n’est que le dĂ©-
but!»
Des cours théoriques sont égale-
ment dispensés sur la stratégie ou
la gestion des troupes. Des modu-
les sont également consacrés au
droit humanitaire et au droit de la
guerre; certains soldats maliens se
sont livrés, depuis le début de la
reconquĂȘte du nord du Mali, Ă  des
violences sur les civils. «Tous les sa-
medis matin, détaille le colonel
Vieillefosse, une formation directe
est dispensée sur le sujet. Le but est
de prĂ©venir les risques d’exactions.
Pour contrer le sentiment d’impu-
nité, nous voulons aussi leur mon-
trer qu’ils sont indissociables, que
l’action de l’un entraĂźne le discrĂ©dit
sur l’intĂ©gralitĂ© de la force.»
Ces cours sont dispensés par des
experts prĂȘtĂ©s par le MinistĂšre bri-
tannique des affaires Ă©trangĂšres. In-
terviennent Ă©galement des ONG et
des organisations internationales,
comme le Bureau des Nations unies
pour les affaires humanitaires
(OCHA). «Le plus important, ce sont
les techniques de combat sur le ter-
rain, tranche cet officier malien, qui
n’oublie pas qu’il partira bientît af-
fronterlesislamistesdanslenorddu
pays.Cesquestionshumanitaires,ça
nousintéresse,maisnousavonsdéjà
reçu des notions sur le sujet avant
mĂȘmedeveniraucentre.»
Un formateur tient enfin Ă  rap-
peler,demaniĂšreanonyme,queles
militaires occidentaux sont lĂ  pour
enseigner le droit de la guerre,
mais pas pour faire la morale.
«Nous serions mal placés», juge-
t-il, en citant les exemples améri-
cains de Guantanamo et d’Abou
Ghraib. David Baché BAMAKO
öUn art de la guerre bien français:
page 11
Panorama
Europe
Thatcher «extraordinaire»
Les députés et lords britanniques
ont suspendu leurs vacances
parlementaires de printemps pour
rendre mercredi un hommage
national Ă  «l’extraordinaire» Mar-
garet Thatcher, selon l’expression
du premier ministre, David Came-
ron, et ont rivalisé de superlatifs
pour Ă©voquer les succĂšs et excĂšs de
la Dame de fer controversée.
«Quelle que soit l’opinion qu’on
avait d’elle, c’était une personna-
lité unique et imposante», a admis
Ed Miliband, le chef de l’opposi-
tion travailliste, dont les rangs
Ă©taient bien garnis. La Dame de fer
est plus populaire que Winston
Churchill, d’aprùs un sondage de
l’institut YouGov pour le quotidien
The Sun publié hier. (AFP)
Mariage gay: oui du SĂ©nat
Le Sénat français a adopté par 179
voix contre 157 le premier article
du projet de loi sur le mariage
homosexuel, le plus important,
celui qui ouvre le mariage aux
personnes de mĂȘme sexe. (AFP)
«Concordia»: amende
La compagnie Costa Crociere,
propriétaire du Concordia dont le
naufrage, il y a quinze mois prĂšs
de l’üle toscane du Giglio, avait
fait 32 morts, a été condamnée
mercredi Ă  une amende de 1 mil-
lion d’euros au terme d’une pro-
cédure négociée. (AFP)
Amériques
Immigration aux Etats-Unis:
accord imminent
Pour la premiĂšre fois depuis un
quart de siÚcle, démocrates et
républicains étaient mercredi sur
le point de dévoiler un projet de
rĂ©forme de l’immigration aux
Etats-Unis qui conduirait Ă  la
lente régularisation de millions
de sans-papiers, ont indiqué des
sources du CongrĂšs. (AFP)
Luis Lema
C’est une image rare. En visite
en Catalogne, le prince Felipe s’est
fait huer mercredi par une petite
foule d’Espagnols en colùre. Parmi
les slogans hostiles, celui-ci, plutĂŽt
étonnant de prime abord: «Com-
bien dois-je voler pour qu’on me
laisse travailler au Qatar?»
En cause? Le beau-frĂšre du
prince, Iñaki Urdangarin, pourrait
devenir bientĂŽt le bras droit du
sĂ©lectionneur de l’équipe natio-
nale de handball du Qatar. Lui-
mĂȘme ancien handballeur de haut
niveau, le gendre du roi Juan
Carlos irait ainsi s’établir dans un
Ă©mirat du Golfe avec lequel l’Espa-
gne, et particuliĂšrement la monar-
chie espagnole, dit entretenir un
lien «trÚs fort».
Mais surtout, notent les mau-
vaises langues, le Qatar n’a pas
signĂ© de traitĂ© d’extradition avec
l’Espagne. Or, il se trouve que
l’époux de l’infante Cristina est
poursuivi dans son pays pour le
détournement de plusieurs mil-
lions d’euros d’argent public.
L’étau s’est mĂȘme resserrĂ© autour
de l’infante, soupçonnĂ©e d’avoir
laissé son mari profiter de ses liens
de parenté avec la famille royale.
Juan Carlos et l’émir Hamad
ben Khalifa Al Thani s’entendent si
bien qu’ils sont «comme des mem-
bres d’une mĂȘme famille», disait Ă 
la presse espagnole une source du
palais de la Zarzuela, la résidence
du roi. L’Espagnol aurait d’ailleurs
appelé son ami qatari à plusieurs
reprises ces derniers jours. Non
pour parler de son gendre, bien
sĂ»r, mais d’un contrat qui con-
cerne la vente de 11 navires mili-
taires, cédés au meilleur prix par
les Espagnols.
L’histoire
La France maintiendra des forces
Pourl’heure,ledĂ©sengagementest
ténumaisilestsymbolique,une
maniĂšredemontrerquelaFrance
comptesurunrelaisdesforces
africaines.Mardi,Parisaretiréune
centainedesoldats,surles4000
qu’elleavaitenvoyĂ©sauMalidepuis
ledĂ©butdel’opĂ©ration«Serval»,le
11janvierdernier.Entroismois,
l’interventionauracausĂ©lamortde
cinqsoldatsfrançaisetfaitune
dizainedeblessĂ©s.L’ElysĂ©ea
indiquénepasvouloircompterplus
de2000soldatsenjuillet.Au-delĂ ,
leQuaid’Orsayenvisagelemain-
tiend’une«forced’appuiperma-
nente»d’unmillierd’hommespour
«luttercontreleterrorisme».
AuditionnéparleCongrÚsaméri-
cainmardi,unhautreprésentant
duPentagone,MichaelSheehan,a
jugé«absolumentexcellente»
l’interventionfrançaise,qualifiant
parcontrede«forcetotalement
incapable»lestroupesenvoyées
parl’Afriquedel’OuestauMali. LT
Al-Qaida, des liens
En décembre 2012, le gouverne-
ment américain a inscrit sur liste
noire le Front Al-Nosra pour ses
liens avec Al-Qaida. Ses soup-
çons se sont confirmés mer-
credi: Abou Mohammed
al-Joulani, le chef du front, a fait
allégeance à Ayman al-Zawa-
hiri, le chef d’Al-Qaida. La veille,
c’est la branche d’Al-Qaida en
Irak qui avait adoubé Al-Nosra.
Ce parrainage embarrasse
l’opposition syrienne, qui craint
que la communauté internatio-
nale s’en prĂ©vale pour rejeter
ses demandes d’aide militaire.
Sur le terrain, grĂące Ă  ses succĂšs
militaires, le groupe force
pourtant l’admiration de nom-
breux combattants. Burhan
Ghalioun, membre de la coali-
tion d’opposition syrienne,
fustige l’attentisme des nations
occidentales: «En refusant de
soutenir l’ArmĂ©e syrienne libre
(ASL), elles ont propulsé le
Front Al-Nosra, qui bénéficie
des fonds de donateurs qataris
et saoudiens. Faute de moyens
financiers et militaires, l’ASL est
restĂ©e faible, alors qu’Al-Nosra
gagnait en puissance et en
popularité.» Bo.M.
Devenir
handballeur
auQatar
Suisse
Le Temps
Jeudi 11 avril 2013
6
L’école,unrĂȘve
quisedérobe
pourFreysinger
> Valais Tous les
partis aimeraient
gérer le Département
de l’éducation, de
la culture et du sport
> L’élu UDC aura
du mal à s’en emparer
Marie Parvex
Tout, mais pas Oskar Freysinger.
C’est ce que semble penser une ma-
jorité des employés du Départe-
ment de l’éducation, de la culture
et du sport (DECS). La premiĂšre
réunion des nouveaux membres
du Conseil d’Etat valaisan a eu lieu
mercredi matin. Mais elle n’a pas
permis de déterminer la réparti-
tion des départements. Les ensei-
gnants devront attendre jusqu’au
1er mai, date de la premiÚre séance
officielle du nouveau collĂšge, pour
savoir qui sera leur chef.
Parmi les tĂȘtes pensantes du dĂ©-
partement, on a «angoissé» Ă  l’idĂ©e
d’avoir le nouvel Ă©lu UDC, lui-
mĂȘme enseignant au collĂšge,
commepatron.Enraisondesespo-
sitions sur l’école. Oskar Freysinger
Ă©crivait par exemple dans son pro-
gramme de campagne qu’il fallait
«renforcer la prise en charge d’élĂš-
ves avec de graves déficits dans des
classes spĂ©ciales » Une idĂ©e qui
hérisse ceux qui, au département,
ontjustementfaitlechoixdel’intĂ©-
gration.
Maisceux-lĂ sontmoinscraintifs
aujourd’hui, voyant que les autres
partis ne semblent pas prĂȘts Ă  ac-
corderĂ l’UDCledĂ©partementdont
il rĂȘvait. StĂ©phane Rossini, con-
seiller national socialiste, a Ă©crit
dans le journal socialiste valaisan
qu’Oskar Freysinger devait se char-
ger de la Sécurité. Et le président du
PDC du Valais romand, Michel Ro-
then, lui aussi enseignant, ne se pri-
vait pas de dire au lendemain des
Ă©lections qu’il n’imaginait pas
l’UDC Ă  la tĂȘte de l’Education.
C’est que ce dĂ©partement en
mains PLR depuis 1981 attise tou-
tes les convoitises, maintenant que
le parti a perdu son siĂšge. Les prin-
cipales rĂ©formes de l’éducation
sont terminĂ©es. Le Valais s’est dotĂ©
d’une haute Ă©cole pĂ©dagogique
(HEP)pourformersesenseignants,
l’enseignement dans les cycles
d’orientation a Ă©tĂ© modifiĂ©, le pro-
gramme de l’école obligatoire a Ă©tĂ©
harmonisĂ© avec les plans d’études
des autres cantons latins. Le parle-
ment doit encore se prononcer sur
la rĂ©organisation de l’enseigne-
ment primaire, mais la nouvelle loi
est prĂȘte.
Aux yeux des partis, il ne reste
plus qu’à inaugurer les onze chai-
res de l’EPFL qui vont s’implanter
prochainement en Valais. «C’est
une Ă©tape qui marquera l’histoire
du canton», dit-on au PDC. Une vi-
sion simpliste de la question pour
Jean-FrançoisLovey,chefduService
de l’enseignement. «Il subsiste en-
core des questions sur l’avenir des
écoles de commerce, sur la durée
des Ă©tudes gymnasiales et, surtout,
il y a toujours plus de jeunes qui ne
trouvent pas de débouchés et sont
en proie à diverses difficultés fami-
liales et professionnelles», souli-
gne-t-il.
Dans les hautes sphùres de l’ad-
ministration cantonale, quelques
hypothÚses récurrentes circulent.
Maurice Tornay avait la charge de
troisdépartementstrÚslourdsavec
les Finances, la Santé et les Institu-
tions.Bientîtàl’ñgedelaretraite,il
ne devrait pas se représenter dans
quatre ans. Ils Ă©taient plusieurs Ă 
imaginer mercredi qu’il pourrait
reprendre l’Ecole et laisser la SantĂ©
aprĂšs les grandes difficultĂ©s qu’il a
rencontrées lors de la réforme du
systĂšme hospitalier. Certains PDC
estiment aussi que Jean-Michel
Cina, qui a ƓuvrĂ© Ă  la venue de
l’EPFL en Valais, devrait pouvoir gĂ©-
rer les hautes Ă©coles puisque ces
derniÚres sont souvent liées au dé-
veloppementéconomiquedontila
la charge.
Deux choses semblent certaines.
PremiĂšrement, il sera trĂšs difficile
pour Oskar Freysinger d’obtenir le
département convoité par le PDC.
Ce qu’il semble avoir compris. «Je
prendrai ce que l’on m’attribuera,
mais je me battrai pour que la gau-
che n’obtienne pas la gestion de
l’Education en Valais», dĂ©clarait-il
dans Le Matin il y a cinq jours.
DeuxiÚmement, les départe-
mentsserontconsidérablementre-
maniĂ©s. MĂȘme si les conseillers
d’Etat sortants semblent avoir du
mal Ă  se sĂ©parer des services qu’ils
ontconduits.«Parattachementaux
collaborateurs, pour continuer les
projets en cours, et parfois pour ne
pas se faire traiter de couard en
abandonnant un département dif-
ficile», explique-t-on au PDC.
Et les dossiers difficiles ne man-
quent pas en Valais. La construc-
tiondel’autoroutedansleHaut-Va-
lais fait débat depuis des
dĂ©cennies. L’amĂ©nagement du ter-
ritoire promet d’ĂȘtre un sujet brĂ»-
lant avec l’entrĂ©e en vigueur de la
nouvelle LAT et de la Lex Weber. La
correction du lit du RhĂŽne mange
Les autres partis
ne semblent pas prĂȘts
Ă  accorder au ministre
UDC le département
dont il rĂȘvait
Oskar Freysinger le soir de son Ă©lection. Il risque de devoir cĂ©der le DĂ©partement de l’éducation Ă  un ministre PDC. SION, 17 MARS 2012
OLIVIERMAIRE
les terres de paysans furieux. La
construction d’une ligne à trùs
haute tension provoque de multi-
ples oppositions à la veille des né-
gociationssurlescontratsd’exploi-
tation des barrages. Autant de
sujetssurlesquelsl’UDCs’estlaplu-
part du temps positionnée en criti-
que de l’Etat. Et dĂ©sormais autant
de piĂšges potentiels pour le minis-
tre Oskar Freysinger.
EtsileministreUDCdevenaitlechefdesonancienrival?
> A la Sécurité, Oskar
Freysinger se retrouverait
au-dessus du
commandant de la
police, Christian Varone
Selon les bruits de coulisses, la so-
cialisteEstherWaeber-Kalbermatten
semble prĂȘte Ă  lĂącher la SĂ©curitĂ©, un
servicequelePSverraitbienentreles
mains d’Oskar Freysinger pour le
confronteràsesidées.
La solution ne déplairait pas, ni à
la police, ni dans les prisons. Esther
Waeber-Kalbermatten y est décrite
comme une ministre avec qui il est
facile de dialoguer, mais qui prend
peu de décisions. Confrontée à des
conflits au sein des prisons, notam-
ment en raison d’un chef de service
peuapprĂ©ciĂ©,ellen’apasrĂ©ussiĂ s’en
sĂ©parer alors que l’occasion d’une
réorganisation du service aurait pu
le lui permettre. Certains décrivent
encore des dossiers dont elle retarde
la prĂ©sentation au Conseil d’Etat
sans raison apparente. Ou des chan-
gements nécessaires qui tardent à
venir pour les employés sur le ter-
rain.
Oskar Freysinger reprĂ©sente l’es-
poir d’une gestion plus dynamique,
mĂȘme si dans les services concernĂ©s
certains rappellent que la marge de
manƓuvre du conseiller d’Etat sera
limitĂ©e. En raison par exemple d’ac-
cords intercantonaux sur les prisons
oud’effectifslimitĂ©sĂ lapolice.
Mais si l’UDC prend la tĂȘte de la
Sécurité, il sera le supérieur de son
ancien adversaire de campagne,
ChristianVarone,toutjusteréintégré
Ă  son poste. Une situation qui ne po-
serait apparemment pas de pro-
blÚme. Oskar Freysinger répondait à
Darius Rochebin dimanche qu’il
avaitbulecaféavecChristianVarone
etqu’ilavaitunebonnerelationavec
lui. Reste que la campagne pour le
Conseild’Etatlesavuss’affrontervio-
lemment autour de la procédure ju-
ridique de Christian Varone en Tur-
quie. Et que dans tous les débats sur
les questions de sécurité, Christian
Varonecritiquaitvertementlesidées
d’Oskar Freysinger. «Le premier a
beaucoup axé sa gestion sur la pré-
vention alors que le second a une
vision plus répressive de la sécurité»,
décrit-ondanslesservicesconcernés.
Ils sont plusieurs Ă  penser que Chris-
tian Varone ne souhaitera pas rester
longtemps Ă  la tĂȘte de la police dans
ces conditions. D’autant que son re-
tournesemblepassisimplepourles
agents. «Les policiers sont scandali-
sés et se sentent décrédibilisés par la
maniĂšre dont Christian Varone a pu
reprendre son poste sans enquĂȘte
disciplinaire alors qu’eux-mĂȘmes y
sont soumis», décrivent plusieurs
sourcesprochesdelapolice.M.P.
öLedrapeau«schtroumpf»:page10
EnquĂȘtesouvertespourcyberespionnage
> GenĂšve Le clan Khrapunov se dit victime d’attaques informatiques des autoritĂ©s kazakhes
Alors que le conseiller fédéral
Johann Schneider-Ammann a en-
tamé mercredi une visite officielle
au Kazakhstan et en AzerbaĂŻdjan,
la guerre larvée que se livrent les
autorités kazakhes et le clan Khra-
punov se poursuit. Deux procédu-
res pénales ont été ouvertes en jan-
vier Ă  GenĂšve et Ă  Zurich suite au
dépÎt de plaintes contre inconnu
pour «accÚs indu à un systÚme in-
formatique», «soustraction de
données» et «actes exécutés sans
droit pour un Etat étranger».
Les plaintes ont été déposées
par Viktor Khrapunov et par le col-
laborateur de l’étude d’avocats La-
liveàZurich,quitravaillepourl’ex-
ministre kazakh. Une troisiĂšme
plainte a été déposée en mars à
GenĂšve par un avocat de Leila
Khrapunova, l’épouse de Viktor
Khrapunov.
Selon les plaignants, les autori-
tés kazakhes sont derriÚre ces atta-
ques. Responsable de la communi-
cation de Viktor Khrapunov, le
consultant Marc Comina accuse:
«A plusieurs reprises, on a tenté de
placer des virus espions dans les
ordinateurs de Viktor Khrapunov
et de ses avocats.» «Il ne peut pas
s’agir d’autre chose, nous indique
l’avocat genevois, qui a dĂ©posĂ©
plainte et préfÚre rester anonyme.
Les noms des enfants Khrapunov
figurent dans le sujet des e-mails
compromettants, qui ont claire-
ment été fabriqués à notre seule
intention.» Pour Marc Comina, «il
est choquant de constater que le
gouvernement kazakh, qui prati-
que au quotidien la propagande
d’Etat et l’espionnage, adopte sans
vergogne les mĂȘmes mĂ©thodes
autoritaires et antidémocratiques
sur territoire suisse dans le but
d’intimider les opposants au rĂ©-
gime.»Chargédudossier,leprocu-
reur Jean-Bernard Schmid indique
simplement que «les faits dénon-
cĂ©s ne sont pas nĂ©gligeables. L’en-
quĂȘte est en cours.»
Bataille de communicants
La famille Khrapunov, soit le
couple et leurs enfants adultes El-
vira et Iliyas, est elle-mĂȘme sous le
coup d’une enquĂȘte pour blanchi-
ment, ouverte à l’automne dernier.
Le parquet genevois avait donné
suite à une demande d’entraide ju-
diciaire adressée au printemps
2012 par le Kazakhstan. Viktor
Khrapunov est accusĂ© d’avoir usĂ©
de ses fonctions pour permettre Ă 
son Ă©pouse de s’enrichir dans des
opérations immobiliÚres.
Dans cette histoire, les commu-
nicants tentent chacun de tirer
leur épingle du jeu. En février et en
mars derniers, le cabinet juridique
zurichois Homburger, mandaté
par les autorités kazakhes pour ses
relations publiques, avait appro-
ché des journaux alémaniques,
parmi lesquels la NZZ, pour leur
montrer les documents liés à la de-
mande d’entraide judiciaire. Con-
tacté ce mercredi, le cabinet Hom-
burger n’a pas rĂ©pondu au Temps.
Pour Marc Comina, la vindicte
des autorités kazakhes aurait un
motif autre que la corruption. Son
client «donne de nombreuses in-
terviews en Occident et dans les
rares médias indépendants ka-
zakhs pour dénoncer les pratiques
actuelles et passées du gouverne-
ment, en particulier le pillage sys-
tématique des infrastructures et
des ressources de l’Etat. Pour l’Etat
kazakh, qui investit des milliards
dans de grandes campagnes inter-
nationales pour polir son image Ă 
l’étranger, c’est un empĂȘcheur de
tourner en rond qu’il faut faire
taire.» Le mariage du fils Iliyas avec
la fille du milliardaire Mukhtar
Abliyasov, opposant du président
Noursoultan NazarbaĂŻev, au pou-
voir depuis 22 ans, n’aurait pas ar-
rangé les choses. Iliyas Khrapunov
est connu en Suisse pour ses extra-
vagants projets immobiliers. Son
pùre fut ministre et maire de l’an-
ciennecapitaleavantdetrouverre-
fuge Ă  GenĂšve (LT du 28.12.2011).
Le président kazakh, Noursoul-
tan NazarbaĂŻev, Ă©voquera-t-il
cette affaire avec Johann Schnei-
der-Ammann? L’objectif du dĂ©-
placement est clair: «Renforcer les
relations Ă©conomiques avec ces
partenaires toujours plus impor-
tants et membres du groupe de
vote suisse aux institutions de
Bretton Woods», indiquait mardi
le DĂ©partement fĂ©dĂ©ral de l’éco-
nomie.
Lors de la derniĂšre session par-
lementaire, le conseiller national
Carlo Sommaruga (PS/GE) inter-
pellait le Conseil fédéral pour sa-
voir «comment les droits humains
sont-ils mis à l’agenda de ce
voyage». Le porte-parole du DEFR,
Eric Reumann, indiquait mercredi
que«laSuisseatoujourslesoucide
rappeler les valeurs d’une sociĂ©tĂ©
démocratique».
Albertine Bourget BERNE
La libre circulation
sera tranchée plus tard
> Migration Le Conseil fĂ©dĂ©ral dans l’embarras
Le Conseil fédéral a mené mer-
credi une premiĂšre discussion sur
l’activation de la clause de sauve-
gardedanslebutderalentirl’immi-
gration en provenance de l’UE. Mais
il n’a pris aucune dĂ©cision, indique
son porte-parole, André Simonazzi.
Celui-ci rappelle qu’en raison de ca-
lendriers différents, le gouverne-
ment doit se prononcer avant fin
avril sur l’éventuelle reconduction
de la clause de sauvegarde pour les
huit Etats de l’ex-bloc de l’Est entrĂ©s
dans l’UE en 2004, et d’ici à fin mai
auplustardpourles17autresEtats.
«Arguments politiques»
Le Conseil fédéral a ainsi la pos-
sibilité de se prononcer en deux
temps. Mais il paraĂźtrait plus clair
qu’il ne prenne qu’une seule et
unique dĂ©cision, l’utilisation de la
clause de sauvegarde Ă©tant trĂšs
controversĂ©e au sein de l’UE. Pour
se prononcer, le gouvernement se
fondera sur les chiffres «et sur des
arguments politiques», insiste An-
dré Simonazzi.
Pour les huit Etats au bénéfice
de la libre circulation depuis 2006,
le nombre maximal de permis B
a été dépassé en 2012 et la clause
desauvegardeaétémiseenvigueur.
Depuis le 1er mai 2012, 2180 per-
mis B ont été accordés, conformé-
ment au contingent fixé. Cela a
entraßné un accroissement des
autorisations de courte durée de
typeL.Selonlastatistiquedefévrier,
15 182 permis L ont été accordés les
douzemoisprécédentsàdesressor-
tissantsdecesEtats.Or,silenombre
d’autorisations de courte durĂ©e dĂ©-
passe 15 218 entre le 1er mai 2012
et le 30 avril 2013, un nouveau con-
tingentement sera possible pour la
période mai 2013-avril 2014.
Pourles17autresEtatsmembres,
les seuils de référence sont fixés à
56 268 permis B et Ă  57 267 per-
misLpourlapériodejuin2012-mai
2013. Si, Ă  fin mai, le nombre total
depermisBestplusélevé,leConseil
fédéral peut théoriquement mettre
la clause de sauvegarde en Ɠuvre,
mais pour un an seulement. Or,
la statistique de fin février (LT du
10.04.2013) montre qu’on est tout
prÚs des chiffres maximaux prévus.
Bernard Wuthrich BERNE
7Suisse
Le Temps
Jeudi 11 avril 2013
PUBLICITÉ
<wm>10CFWMqw4DMQwEv8jR2us8WsMqLDpwOh5yKu7_oyZlBQtGmtkxIif89urH1c9QwLPog8wezSzBaxAlqVvA0QzKpxqbFub65wtQ6MDcjmBxm6rCKoYJW8D9MHcNps_9_gLXsMOWgAAAAA==</wm>
<wm>10CAsNsjY0MDAx1TW0NDY2NQEATBe2tw8AAAA=</wm>
UnGrandConseilmenacĂ©d’émiettement
> NeuchĂątel
De nouveaux partis
centristes risquent
de priver le parlement
de majorité
> Le niveau
des débats
pourrait souffrir
Serge Jubin
Lalégislature2009-2013duCon-
seil d’Etat a Ă©tĂ© calamiteuse, chacun
Ă  NeuchĂątel en convient. Le Grand
Conseil a lui aussi plongé dans la
crisepolitique,deconfiance,decré-
dibilité. Avec sa majorité de gauche
(60 députés socialistes, verts et Pop-
Sol, face Ă  55 bourgeois, PLR et
UDC),ilavĂ©cudansunrĂ©gimed’op-
position entre blocs, d’hostilitĂ© au
Conseil d’Etat, avec une propension
Ă ladisputepoliticienne.
Certes,Ă©pisodiquement,leparle-
ment s’est appliquĂ© Ă  oublier les
querelles intestines pour chercher
un dénominateur commun. En ma-
tiÚre de fiscalité, de financement du
projet de RER-Transrun, pour sortir
momentanĂ©ment de l’orniĂšre hos-
pitaliĂšre. Mais, le plus souvent, il
s’est empĂȘtrĂ© dans des dĂ©bats inter-
minablesetstériles.Lafauteaucon-
texte neuchĂątelois, au manque de
personnalités influentes, à une or-
ganisation qui fait la part belle aux
«dĂ©bats libres», oĂč chacun, de sa
place, peut prendre la parole pres-
quesansfin.
Le nouveau calendrier Ă©lectoral,
dicté par le décÚs subit du candidat
PDC au Conseil d’Etat Raymond
Traube,braquelesprojecteurssurle
parlement. Sa désignation a été
maintenue au 14 avril, avec dé-
pouillement quinze jours plus tard,
le28avril,nouvelledatepourlepre-
mier tour de l’élection au Conseil
d’Etat.CettedissociationpĂ©jorerala
participation. Franchira-t-elle au
moinslabarredes30%?
Pourtant, bien qu’à l’ombre de
celle des ministres, l’élection des
115 députés du Grand Conseil
comporte des enjeux importants.
Une révolution politique pourrait
survenir Ă  NeuchĂątel, ce 14 avril,
mais on n’en saura rien avant le 28.
Lesblocstraditionnelsbourgeoiset
de gauche pourraient ne plus dis-
poser de majorité «absolue». De
nouveaux partis ont fait leur appa-
ritiondepuislaprécédenteélection
cantonale de 2009, au centre de
l’échiquier, certes apparentĂ©s au
PLR, mais susceptibles, une fois en-
trĂ©s au Grand Conseil, de s’en
Ă©manciper.
Ces «petits partis du centre»,
vert’libĂ©raux, PDC et PBD, pour-
raient profiter de la grogne mani-
festée envers les partis gouverne-
mentaux. Constituée à Neuchùtel
en automne 2012, la section des
vert’libĂ©raux est prĂ©sentĂ©e comme
capable de brouiller l’échiquier tra-
ditionnel. Le président, Raphaël
Grandjean, espÚre décrocher jus-
qu’à dix siùges, qu’il prendra en
priorité au PLR, mais certainement
aussiauxVerts.
AprÚsavoirétédominé,sanspar-
tage, par trois partis (libéraux, radi-
caux et socialistes), aprĂšs avoir
glissé, puis basculé à gauche en
2005–,lagauches’estimeenmesure
deconserversamainmise–,leparle-
ment neuchĂątelois 2013-2017
pourrait expérimenter une nou-
velle culture, celle du multipar-
tisme,sansmajoritépréétablie.
Longtemps,Neuchñteln’acomp-
té que quatre partis représentés au
parlement, protégés par un quo-
rum à 10%, libéraux et radicaux à
droite, socialistes et représentants
de ce qu’on a appelĂ© les «petits par-
tis» (POP, SolidaritéS et Verts) à gau-
che. Premier accroc, en 2005, avec
l’irruption de l’UDC, qui obtient
pour son coup d’essai 17 des 115
siùges. Elle provoque l’effondre-
mentdespartislibéraletradical.En
2009,lafusionlibérale-radicaleper-
metd’enrayerl’érosion.Maislagau-
che l’emporte grĂące Ă  la percĂ©e des
VertsetduPOP.
Lescartespourraientunefoisen-
coreĂȘtreredistribuĂ©esen2013.
Avec l’entrĂ©e en scĂšne des vert’li-
bĂ©raux, du PDC et du PBD, il s’agira
alors de composer des alliances, qui
varieront d’un dossier à l’autre. Les
dĂ©bats pourraient ĂȘtre encore plus
embrouillĂ©s. A moins qu’ils ne per-
mettent de sortir des vieux clivages
tétanisants, entre gauche et droite,
Haut et Bas. Les vert’libĂ©raux ont
promis qu’ils prendraient de la hau-
teur et offriraient de nouvelles clés.
Seront-ilslasourcedelarédemption
politique neuchùteloise? Le prési-
dent Raphaël Grandjean a montré
l’exemple, en prĂ©conisant le com-
promis Ă©lectoral: Ă©lection du Grand
Conseil maintenue le 14 avril, mais
dĂ©pouillĂ©e le 28, en mĂȘme temps
que celle du Conseil d’Etat. Une
«neuchùteloiserie»,positivecelle-là.
La section des
vert’libĂ©raux
est présentée comme
capable de brouiller
l’échiquier traditionnel
La salle du Grand Conseil Ă  NeuchĂątel. Le goĂ»t pour les «dĂ©bats libres» conduits parfois Ă  des discussions interminables, et stĂ©riles. NEUCHÂTEL, 25 MAI 2011
SANDROCAMPARDO
UDCParti libéral-radicalParti libéralParti radicalParti socialisteVertsPopSolPopVertSol
41
14
25
15
17
35
25
24
38
29
38
14
36
10
10
41
7
7
39
9
41
12
39
9
2009-2013:2005-2009:2001-2005:1997-2001:1993-1997:
Composition du Conseil d’Etat:
2 socialistes;
3 PLR
1 Vert, 2 socialistes;
1 radical, 1 libéral
2 socialistes;
1 radical, 2 libéraux
2 socialistes;
1 radical, 2 libéraux
2 socialistes;
1 radical, 2 libéraux
gauche 60 - 55 droitegauche 58 - 57 droitegauche 55 - 60 droitegauche 53 - 62 droitegauche 48 - 67 droite
SOURCE: LT
Le basculement à gauche du parlement neuchùtelois entre 1993 et 2009 Fondslibérés
dansl’enquĂȘte
Mediaset
> Justice Procédure
sur Silvio Berlusconi
ATS
Le Tribunal pénal fédéral (TPF)
donne son feu vert à la levée du
séquestre de prÚs de 30 millions
de francs qui seraient issus du
groupe Mediaset de Silvio Berlus-
coni. En tout, prĂšs de 110 millions
de francs avaient été bloqués en
2005.
Les juges de Bellinzone ont par-
tiellement accepté le recours de
quatre sociétés liées au groupe
italien fondĂ© par l’ex-chef du gou-
vernement de la PĂ©ninsule. DĂ©po-
sés dans une succursale de la ban-
que UBS Ă  Mano, prĂšs de Lugano,
les fonds sont restés intégrale-
ment bloqués depuis octobre
2005.
Selon le TPF, une partie des sé-
questres litigieux n’apparaüt plus
justifiée aprÚs une ordonnance
rendue en octobre 2011 par un
magistrat du Tribunal de Milan et
confirmée en mai 2012 par la
Cour de cassation italienne. La
cause est renvoyée au MinistÚre
public de la Confédération, qui
devra contacter les autorités ita-
liennes pour qu’elles s’expriment
Ă  ce sujet.
Au total, prĂšs de 118 millions
de dollars avaient été placés sous
séquestre en 2005, ce qui corres-
pond aujourd’hui à 110 millions
de francs.
Films et sociétés offshore
Un montant de prĂšs de 87 mil-
lions de dollars, soit environ
80 millions de francs, restera blo-
qué. Un recours au Tribunal fédé-
ral peut encore ĂȘtre dĂ©posĂ©.
Depuis 1997, le TPF et le TF ont
rejeté ou déclaré irrecevables de
multiples recours déposés contre
des mesures d’entraide accordĂ©es
aux autorités judiciaires italien-
nes.Le26octobredernier,leCava-
liere a été condamné à 4 ans de
prison, un verdict ramené à 1 an
en vertu d’une loi d’amnistie.
Derniùrement, l’ex-chef d’Etat
italien a demandé que le parquet
deMilansoitdessaisiduprocĂšsen
appel de l’affaire Mediaset et que
le dossier soit transmis aux juges
de Brescia. Il a fait une demande
similaire concernant l’affaire dite
du Rubygate, oĂč il rĂ©pond de
prostitution de mineure et d’abus
de pouvoir.
Le volet principal de l’affaire
Mediaset se concentre sur l’achat
de droits de diffusion de films
américains en 1994 et 1995 par le
biais de sociétés offshore. Le mon-
tant des transactions pourrait
avoir été surévalué de prÚs de
170 millions de francs. (ArrĂȘts
RR.2012.215-218 du 4 avril 2013)
14 avril
Le temps20130411
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GIB2015_Increase Investment in Sustainable Infrasructure_Jianzhong
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GIB2015_Closing Financing Gap in Resilient Infrastructure_Pretel
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GIB2015_Closing Financing Gap in Resilient Infrastructure_Bresch
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Le temps20130411

  • 1. J.A. 1211 GenĂšve 2 | www.letemps.ch Jeudi 11 avril 2013 | N° 4576 CHF 3.40, France € 2.60 Le Temps Pl.deCornavin3,CP2570,1211GenĂšve2 TĂ©l.+41228885858 Fax+41228885859 www.letempsarchives.ch CollectionshistoriquesintĂ©grales: JournaldeGenĂšve,Gazettede LausanneetLeNouveauQuotidien Index Avis de dĂ©cĂšs 20 Bourses et changes 18 Fonds 16, 17, 18 Pharmacies 20 Toute la mĂ©tĂ©o 12 L’essentiel Informations fiscales: la Suisse de nouveau isolĂ©e en Europe > Secret Le Luxembourg et l’Autriche prĂȘts Ă  l’échange automatique Editorial PrĂ©parer l’inĂ©luctable Par Mathilde Farine La Suisse perd un alliĂ© impor- tant dans son combat contre l’échange automatique d’infor- mations fiscales pour lequel l’Europe milite depuis plusieurs annĂ©es. Le Luxembourg – et probablement bientĂŽt l’Autriche – s’est finalement rangĂ© Ă  cette solution dont les adeptes espĂš- rent qu’elle permettra d’éviter que les Ă©vadĂ©s du fisc ne passent inaperçus. Plus que la dĂ©cision elle-mĂȘme, c’est la rapiditĂ© du revirement qui surprend. Encore farouchement opposĂ© Ă  cette solution ces der- niers mois, le Luxembourg a entrouvert la porte, le week-end dernier, Ă  un changement de systĂšme. L’actualitĂ© – l’affaire Cahuzac en France et les rĂ©vĂ©la- tions des «Offshore Leaks», qui montrent que l’évasion fiscale n’est pas seulement le fait d’une poignĂ©e de riches – n’est peut-ĂȘtre pas Ă©trangĂšre Ă  cette accĂ©lĂ©ration du changement. La Suisse pourra difficilement rĂ©sister Ă  cette lame de fond. D’autant que, comme l’a dit le Luxembourg Ă  son propre Ă©gard, elle ne pourra «pas refuser aux EuropĂ©ens» ce qu’elle «accepte avec les AmĂ©ricains» par le biais de l’accord Fatca dont le Conseil fĂ©dĂ©ral a adoptĂ© hier le projet de loi. Qu’importe les doutes que l’on peut avoir sur son efficacitĂ©, le systĂšme de l’échange automati- que d’informations sera adoptĂ© Ă  grande Ă©chelle de façon quasi inĂ©luctable. Certaines banques s’y prĂ©parent dĂ©jĂ . Depuis mars 2009 et l’abandon de la distinction entre Ă©vasion et fraude fiscales, elles ont eu quatre ans pour s’adapter Ă  la fin de l’argent non dĂ©clarĂ©. Certaines ont mĂȘme rĂ©cemment imposĂ© un «ultima- tum» Ă  leurs clients allemands pour les pousser Ă  se rĂ©gulariser. En outre, cela n’empĂȘche pas les autoritĂ©s suisses de rĂ©flĂ©chir Ă  une stratĂ©gie pour obtenir des concessions. L’exemple de Fatca montre qu’il est possible de nĂ©go- cier des amĂ©nagements, mĂȘme s’ils restent petits. Dans le cas de l’Europe, l’accĂšs au marchĂ© euro- pĂ©en est jugĂ© vital. Les banques ne peuvent y opĂ©rer qu’avec d’impor- tantes restrictions. Ensuite, il y a lieu de dĂ©finir comment rĂ©gler le passĂ©, c’est-Ă -dire les avoirs non dĂ©clarĂ©s qui occupent encore et depuis longtemps les coffres des banques suisses. Enfin, il est important que les places financiĂš- res concurrentes soient logĂ©es Ă  la mĂȘme enseigne et ne profitent pas de rĂšgles plus avantageuses. Au MusĂ©e Barbier-Mueller, splendeur et fascination de l’art antique TĂȘte masculine, Rome (Ier siĂšcle avant J.-C. – Ier siĂšcle aprĂšs J.-C.). Ce bronze fait partie de la collection centenaire exposĂ©e ac- tuellement au musĂ©e genevois. Un trĂ©sor qui reflĂšte la passion de la famille Barbier-Mueller pour les arts de l’AntiquitĂ©.öPage 22 MUSÉEBARBIER-MUELLER/PHOTOSTUDIOFERRAZZINIBOUCHET La pression sur les oasis fiscales au sein de l’Europe, et donc sur la Suisse, a fortement montĂ©. Coup sur coup, deux Etats europĂ©ens qui s’opposaient jusqu’alors Ă  l’échange automatique d’infor- mations ont assoupli leurs posi- tions. Au Luxembourg, le premier ministre, Jean-Claude Juncker, a annoncĂ© mercredi que le Grand- DuchĂ© accepterait l’échange auto- matique dĂšs le 1er janvier 2015. DemĂȘme,lechancelierautrichien, Werner Faymann – autre dĂ©fen- seur du secret bancaire –, a eu un geste d’ouverture en estimant pouvoir faire cohabiter l’échange automatique d’informations pour les non-rĂ©sidents et protĂ©ger le se- cret bancaire pour les Autrichiens. De plus, Ă  la veille de l’Ecofin Ă  Dublin, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Royaume-Uni et l’Espa- gne se disent d’accord pour adop- terenEuropelemodĂšleamĂ©ricain (Fatca) de transparence. Un mo- dĂšle que Berne a acceptĂ© de signer aveclesEtats-Unis.LeConseilfĂ©dĂ©- ral a d’ailleurs transmis mercredi pourapprobationauparlementle projet de loi fiscale Fatca qu’il a conclu avec Washington le 14 fĂ©- vrier 2013. Face Ă  l’Union euro- pĂ©enne et Ă  la lame de fond, la Suisse va-t-elle s’aligner? Pourra-t- elle dire non?öPages 2, 3, 4 La ruĂ©e vers la porte de sortie! A GenĂšve, pas moins de 1106 colla- borateurs de l’Etat et de ses enti- tĂ©s affiliĂ©es ont dĂ©posĂ© en dĂ©but d’annĂ©e une demande de retraite anticipĂ©e. En 2012 et 2011, ils Ă©taient 394 et 326. L’Instruction publique, en particulier, affronte une situation trĂšs critique puis- que 331 enseignants prennent leur retraite par anticipation. Explications: les modifications issues de l’assainissement des caisses de pension et un pont-re- traite trĂšs amputĂ©. öPage8 Pour vous abonner: www.letemps.ch/abos 00 8000 155 91 92 (appel gratuit) International Fausses promesses En Syrie, la communautĂ© interna- tionale n’a pas tenu ses promesses, que ce soit sur le plan humani- taire, militaire ou financier. Page 5 Suisse Freysinger Ă  la police? Pourleministre OskarFreysinger, lerĂȘvederepren- dreleDĂ©parte- mentdel’éduca- tions’éloigne. NombredeValai- sansleverraientplutĂŽtĂ laSĂ©cu- ritĂ©,oĂčilretrouveraituncertain ChristianVarone
 Pages6,10 Zooms Vous avez dit gratuit
 Facebook se prĂ©pare-t-il Ă  nous faire payer pour les messages envoyĂ©s Ă  des personnes hors de notre rĂ©seau? s’inquiĂšte Jonas Pulver dans sa chronique. Page 9 DĂ©bats L’art français de la guerre Expert en histoire militaire, Henri Weissenbach revient sur l’opĂ©ra- tion Serval au Mali en la compa- rant Ă  l’intervention amĂ©ricaine de 2001 en Afghanistan.Page 11 Sciences Une levure anti-palu Des chercheurs ont inventĂ© un procĂ©dĂ© pour fabriquer une molĂ©cule essentielle des mĂ©dica- ments contre la malaria.Page 12 Culture & SociĂ©tĂ© Pour une «vraie» cuisine Desgrandschefsfrançaislancent lelabel«Restaurantdequalité». Objectif:dĂ©mĂȘlerlagastronomie artisanaledelacuisineindustrielle. Qu’enest-ilenSuisse?Page21 Eclairage Aux Diablerets verts SpĂ©cialistedudĂ©veloppement durable,leBritanniqueMichael Liebreichimaginelastationvau- doiseenforumplanĂ©tairedel’éco- nomieverte.Rencontre.Page24 GenĂšve: ruĂ©e sur la prĂ©retraite Rencontre Le cinĂ©aste argentin qui rouvre les plaies de la dictature Page 22 MarchĂ© de l’art Les trĂ©sors de la cave d’El Bulli en vente chez Sotheby’s Page 23 SOTHEBY’S Economie & Finance L’essor inquiĂ©tant des «chasseurs» qui attaquent des sociĂ©tĂ©s pour violation de brevet Page 13
  • 2. Tempsfort Le Temps Jeudi 11 avril 2013 2 Secretbancaire,letournant > Fisc Le Fatca europĂ©en est en marche. Et la pression se fait brusquement forte sur la Suisse. Retour sur une semaine oĂč les fronts ont bougĂ© > Avec les Etats-Unis, la Suisse admet l’échange semi- automatique d’informations > SecouĂ©s par l’accĂ©lĂ©ration du mouvement, les politiciens suisses se disent prĂȘts Ă  se rallier Ă  un standard mondial Ram Etwareea BRUXELLES La prĂ©sidence irlandaise de l’Union europĂ©enne (UE) a con- firmĂ© mercredi que la lutte contre l’évasion fiscale serait inscrite au menu de l’Ecofin (ministres des Finances de Vingt-Sept) lors de la rĂ©union informelle qui aura lieu samedi Ă  Dublin. Ce sujet n’était pourtant pas Ă  l’agenda. Il est devenu incontournable depuis ce week-end. Dimanche, le ministre luxem- bourgeois des Finances, Luc Frie- den, a allumĂ© la mĂšche en affir- mant que son pays n’était plus opposĂ© Ă  un systĂšme d’échange automatiqued’informations.C’est ce que l’UE rĂ©clame depuis plu- sieurs annĂ©es. C’est un premier verrou qui a donc sautĂ©. Depuis, c’est l’emballement. Di- plomates, lobbyistes et journalis- tes qui n’avaient pas prĂ©vu de faire le dĂ©placement Ă  Dublin chan- gent d’avis. «L’Ecofin ne prendra pas de dĂ©cision formelle, mais nous savons que le point de non- retour par rapport au secret ban- caireestatteint»,expliqueunhaut fonctionnaire europĂ©en proche du dossier. La dĂ©claration de Luc Frieden a en effet envoyĂ© une onde choc. A Luxembourg d’abord, oĂč l’in- dustrie financiĂšre (141 banques de 26 pays et 3840 fonds d’inves- tissement) a bĂąti sa force grĂące au secret bancaire. L’Association de banques et de banquiers Luxem- bourgs’estempressĂ©edĂšslundide demander des clarifications au ministre. LecoupdĂ©cisifaĂ©tĂ©donnĂ©hier. Dans le «Discours Ă  la nation» pro- noncĂ© devant le parlement, le pre- mier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker a annoncĂ© que l’échange automatique d’in- formations entrerait en vigueur Ă  partir du 1er janvier 2015 dans le Grand-DuchĂ©. Dans un communi- quĂ©publiĂ©danslajournĂ©e,legou- vernement a confirmĂ© que les donnĂ©es sur les paiements d’intĂ©- rĂȘt en faveur des personnes physi- ques rĂ©sidant dans un autre pays de l’UE seraient transmises afin qu’ellessoientimposĂ©eslĂ oĂčelles habitent. Jean-Claude Juncker a rassurĂ© ses concitoyens en indi- quant que ce n’était pas la fin de la place financiĂšre luxembour- geoise, mais cela est une autre his- toire
 L’ondedechocaĂ©tĂ©ressentieen Autriche, qui, comme le Luxem- bourg, s’opposait jusqu’alors Ă  l’échange automatique d’infor- mations. Lundi, aprĂšs les propos tenus par Luc Frieden, les autori- tĂ©s de Vienne sont restĂ©es fermes; il n’était pas question de cĂ©der. Maispourdenombreuxanalystes, la dĂ©cision luxembourgeoise al- lait produire son effet domino. Vienne a tenu un jour. Par la voix de son chancelier Werner Fay- mann, elle a fait savoir mardi qu’elle Ă©tait prĂȘte Ă  nĂ©gocier la le- vĂ©e du secret bancaire pour les rĂ©- sidents Ă©trangers ayant des comp- tes en Autriche. C’est le deuxiĂšme verrou qui a sautĂ©. Une autre initiative, et pas la moindre, a contribuĂ© Ă  l’embal- lement. Dans une lettre adressĂ©e Ă  Algirdas Semeta, commissaire europĂ©en chargĂ© de la FiscalitĂ©, cinq ministres des Finances – Pierre Moscovici (France), Wolf- gang SchĂ€uble (Allemagne), Vit- torio Grilli (Italie), Cristobal Mon- toro Romero (Espagne) et George Osborne (Royaume-Uni) – ont an- noncĂ© leur dĂ©cision de mettre en place, en projet pilote, l’échange automatique d’informations en- tre eux, sur le modĂšle du Foreign Account Tax Compliance Act (2010) des Etats-Unis, plus connu sous le nom de Fatca. Cette loi per- met, entre autres, l’obtention des informations sur les comptes ban- caires, les placements et revenus dans un autre pays sans passer par les autoritĂ©s. Dans cette mĂȘme let- tre, le groupe de cinq ministres invite les autres Etats de l’UE Ă  re- joindre le Fatca europĂ©en. Le groupe a Ă©galement fait res- sortir que la clause de la nation la plus favorisĂ©e (MFN) devait s’ap- pliquer. Selon cette disposition, toute concession accordĂ©e Ă  un pays tiers ne peut ĂȘtre refusĂ©e aux autres. Dans son discours, hier, Jean-Claude Juncker a expliquĂ© que la clause MFN avait grande- ment influencĂ© le revirement luxembourgeois du fait que l’Etat nĂ©gocieunaccordsurleFatcaavec les Etats-Unis depuis dĂ©cembre. La Commission europĂ©enne ne pouvait que se rĂ©jouir de l’initia- tive des cinq. Dans une premiĂšre rĂ©action, elle a rappelĂ© qu’elle a dĂ©posĂ© en dĂ©cembre une tren- taine de propositions pour lutter contre l’évasion fiscale et qu’elle attendaitquelesEtatsluidonnent lesmoyensd’agir.Hier,lecommis- saire Semeta a de nouveau plaidĂ© dans ce sens, ajoutant que les me- suresproposĂ©esconcernaientl’en- semble des Vingt-Sept et qu’elles seraient plus efficaces qu’une ini- tiative Ă  cinq. En dĂ©but de semaine, un porte- parole de la Commission rappe- lait que l’évasion fiscale coĂ»tait plus de 1000 milliards d’euros Ă  l’économie europĂ©enne, ajoutant que cette manne serait trĂšs utile en cette pĂ©riode de crise. «Pour la Commission, il ne doit y avoir aucune complaisance pour les in- dividus, sociĂ©tĂ©s ou pays tiers qui contournent les lois internationa- les pour organiser la fraude fis- cale», avait-il martelĂ©. L’évasion fiscale coĂ»te 1000 milliards d’euros par an Ă  l’économie europĂ©enne <wm>10CFWMIQ7DQAwEX-TT2l6f0xhWYVFAFH6kKu7_UXthBUNWs7PvFQ03z-24trMUYIg-LBO1mDUwy9Gb0gqEG9RXJSNy6fHnC9CdwJiOgAIfSiHFbeRvV5-FMd-w9nm9v-GU3QuAAAAA</wm> <wm>10CAsNsjY0MDAx1TW0NDI3NwAAbn5YPQ8AAAA=</wm> ClassiqueHoraMundi B O U T I Q U E S B R E G U E T – 4 0 , R U E D U R H Ô N E G E N È V E +4 1 2 2 3 17 4 9 2 0 – B A H N H O F S T R A S S E 1 G S TA A D + 4 1 3 3 7 4 4 3 0 8 8 B A H N H O F S T R A S S E 3 1 Z Ü R I C H + 4 1 4 4 2 15 11 8 8 PUBLICITÉ L’échange automatique dĂ©cryptĂ© L’échange automatique est souvent considĂ©rĂ© par ses dĂ©tracteurs comme Ă©tant synonyme de mort pour le secret bancaire. Pour ses partisans, il s’agit au contraire du meilleur moyen pour lutter contre l’évasion fiscale. Le principe est le suivant: le fisc d’un pays A collecte les informations concernant des ressortissants d’un Etat B auprĂšs de ses propres banques. La collecte s’effectue en rĂšgle gĂ©nĂ©rale une fois par annĂ©e et peut concerner toutes sortes d’informations (nom du dĂ©tenteur de compte, montant du salaire, rentes, etc.). «Il n’y a pas de standard, explique Pascal Saint-Amans, directeur du Centre de politique et d’administration fiscales de l’OCDE. Tout dĂ©pend de l’accord conclu entre les deux Etats.» Une fois recueillies, ces informations sont transmises de maniĂšre automatique Ă  l’administration fiscale concernĂ©e. Sans qu’une demande prĂ©alable soit nĂ©cessaire. Les deux Etats coopĂ©rants s’assurent ainsi que leurs ressortissants ne dissimulent pas une partie – ou l’entier – de leur richesse sur un compte en banque Ă  l’étranger. L’un des exemples types de ce systĂšme est la directive europĂ©enne sur la fiscalitĂ© de l’épargne entrĂ©e en vigueur en juillet 2005. Une directive qui se limite toutefois aux donnĂ©es concernant le produit des intĂ©rĂȘts «de toute nature» (salaires, rentes, gains immobiliers ou en capitaux, etc.). SĂ©bastien Dubas Menacefrançaise:pasdenoms,pasdelicence! > Les Ă©cologistes dĂ©posent une proposition de «Fatca Ă  la française» Un retrait de l’agrĂ©ment des Ă©ta- blissements bancaires Ă©trangers noncoopĂ©ratifs.Cettenouvelleme- nace plane dĂ©sormais sur les ban- ques et les sociĂ©tĂ©s financiĂšres Ă©trangĂšres en France, alors que se propage dans l’Hexagone l’idĂ©e d’uneloi«FatcaĂ lafrançaise»inspi- rĂ©e de la lĂ©gislation amĂ©ricaine. CettesanctionpĂ©naliseraitceuxqui refusent de dĂ©clarer Ă  l’administra- tion fiscale le nom des Français qui possĂšdentuncomptedansleurĂ©ta- blissement. Cette nouvelle idĂ©e choc est portĂ©e par le groupe Ă©colo- giste Ă  l’AssemblĂ©e nationale, qui vient de dĂ©poser une proposition de loi. Dans le dĂ©tail, selon la note de synthĂšse prĂ©sentĂ©e par le groupe Ă©cologiste, si une banque Ă©trangĂšre souhaite faire des opĂ©rations avec une banque française ou si elle pos- sĂšde une filiale en France, elle devra donner les noms de ses clients fran- çais, personnes physiques et mora- les. Si le ressortissant français sou- haite quand mĂȘme conserver l’anonymat,labanqueseratenuede prĂ©lever une part extrĂȘmement dis- suasive de 60% de la somme de tou- tes ses opĂ©rations. Enfin, si la ban- que Ă©trangĂšre refuse l’une ou l’autre de ces obligations, elle se verra reti- rer son agrĂ©ment. En clair, elle ne pourra plus avoir d’activitĂ©s sur le territoire français, ni travailler avec des banques françaises. Ce projet national avance en pa- rallĂšle de la proposition d’échange automatique d’informations portĂ©e sur la scĂšne europĂ©enne par Pierre Moscovici,leministredel’Economie etdesfinances,encompagniedeses homologues britannique, alle- mand, espagnol et italien (lire ci- dessus). Mercredi, France Hollande a insistĂ©: «Ce que je veux, c’est qu’il y aitunĂ©changeautomatiqued’infor- mations sur les revenus et les patri- moines dĂ©tenus par les Français Ă  l’étranger ou par des Ă©trangers en France. Cela doit ĂȘtre la rĂšgle en Eu- rope pour que nous puissions met- tre un terme au secret bancaire et Ă  la dissimulation des avoirs.» En France, pour ceux qui tra- vaillent depuis longtemps sur l’éva- sionfiscale,l’accordFatcaestdevenu unesortederĂ©fĂ©rence.«PourquoiPa- ris et les Etats europĂ©ens ne se sont- ilspassaisisplustĂŽtduprojetamĂ©ri- cain? S’il faut bien sĂ»r mener des discussionsauniveaumultilatĂ©ral,la France peut dĂ©jĂ  mettre en Ɠuvre seule certains mĂ©canismes», expli- que Mathilde DuprĂ©, chargĂ©e de campagne sur les paradis fiscaux Ă  CCFD-Terre Solidaire. En particulier, «onpeutĂȘtretrĂšsincisifdanslalutte contre la fraude» en utilisant la me- naceduretraitdelalicencebancaire, estime-t-elle. Eric Alt, magistrat et coauteurdeL’espritdecorruption*,es- time aussi qu’une loi Fatca Ă  la fran- çaise «est une bonne idĂ©e» et «qu’il n’est pas impossible» de commencer Ă  la mettre en Ɠuvre sur le plan na- tional. Catherine Dubouloz PARIS * Editions Le Bord de l’eau, 2012. «Il ne doit pas y avoir de complaisance pour ceux qui organisent la fraude fiscale» 0 300 km SOURCE: GAO 2008; CPO 2013; «LE MONDE» Government Accountability Office (GAO), organisme du CongrĂšs des Etats-Unis chargĂ© du contrĂŽle des comptes publics du budget fĂ©dĂ©ral La liste noire de l’OCDE Ă©tablie en 2009 recensant les pays non coopĂ©ratifs n’a plus cours. L’OCDE mĂšne actuellement une revue internationale des conventions fiscales signĂ©es par les paradis fiscaux qui pourrait aboutir Ă  une nouvelle liste. Conseil des prĂ©lĂšvements obligatoires de la Cour des comptes (France), listes A et B confondues Irlande Ile de Man Guernesey Jersey Andorre Gibraltar Monaco Saint-Marin Suisse Luxembourg Liechtenstein Lettonie Malte Chypre 14 paradis fiscaux recensĂ©s par des organismes officiels
  • 3. 3Tempsfort Le Temps Jeudi 11 avril 2013 Banques opposĂ©es L’Association suisse des ban- quiers (ASB) reste opposĂ©e Ă  l’échange automatique d’infor- mations. Jeudi, elle a rappelĂ© que «les banques suisses plai- dent depuis longtemps en faveur d’une stratĂ©gie dite de l’argent propre visant Ă  accepter, Ă  l’avenir, uniquement des avoirs conformes fiscalement». Si l’échange automatique avec l’Union europĂ©enne ne constitue «pas une option pour les ban- ques en Suisse», l’association faĂźtiĂšre souligne nĂ©anmoins que les banques en Suisse sont prĂȘtes Ă  discuter avec l’UE au sujet d’une «extension de l’ac- cord sur la fiscalitĂ© de l’épar- gne». Elle prĂ©cise que les ban- ques suisses soutiennent le respect des standards de l’OCDE pour les questions relatives Ă  l’entraide en matiĂšre fiscale. Pour Didier de Montmol- lin, associĂ© de DGE Avocats, spĂ©cialiste du domaine financier, le systĂšme actuel de l’échange Ă  la demande est efficace et a l’avantage d’éviter que des noms soient transmis sans que les clients concernĂ©s ne le sachent et puissent, le cas Ă©chĂ©ant, faire valoir leurs objections devant un juge suisse en conformitĂ© avec les droits fondamentaux. Pourtant, pour Michel DĂ©robert, «la Suisse serait bien inspirĂ©e d’ĂȘtre proactive plutĂŽt que de devoir cĂ©der en bout de course». Selon le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’Association des banquiers privĂ©s suisses, les deux prioritĂ©s doivent ĂȘtre de rĂ©gler le passĂ© et de garantir aux Ă©tablissements financiers suisses l’accĂšs au marchĂ© europĂ©en. «Sinon, des affaires risquent de dĂ©mĂ©nager de Suisse vers le Luxembourg ou vers Londres», prĂ©vient-il. S. Dub. et M. F. ‘‘Je n’hĂ©siterai pas Ă  considĂ©rer comme un paradis fiscal tout pays qui refuserait de coopĂ©rer pleinement avec la France,, François Hollande PrĂ©sident de la France ‘‘Nous pouvons sans danger introduire l’échange automatique d’informations Ă  partir du 1er janvier 2015,, Jean-Claude Juncker Premier ministre du Luxembourg ‘‘Ce projet pilote nous aidera Ă  attraper et retrouver les fraudeurs fiscaux, mais il apportera aussi un modĂšle pour des accords multilatĂ©raux plus vastes,, George Osborne Ministre des Finances de la Grande-Bretagne, signataire d’un projet de Fatca europĂ©en ‘‘Oui, nous nĂ©gocions. Mais le secret bancaire, inscrit dans la Constitution, devrait ĂȘtre prĂ©servĂ© pour les Autrichiens,, Werner Faymann Chancelier de l’Autriche Berne:ouiĂ l’échangesemi-automatiqueavecWashington > Le parlement appelĂ© Ă  se prononcer sur l’accord dit Fatca passĂ© avec le fisc amĂ©ricain Le projet de loi fiscale Fatca, adoptĂ© mercredi par le Conseil fĂ©- dĂ©ral et transmis aux Chambres fĂ©- dĂ©rales pour approbation, auto- rise l’ingĂ©rence du fisc amĂ©ricain dans les affaires des banques suis- ses. Toutes les relations financiĂšres et commerciales de citoyens amĂ©- ricains, ou de personnes domici- liĂ©es aux Etats-Unis, avec les Ă©ta- blissements suisses devront ĂȘtre passĂ©esaucrible,auxfraisdesban- ques,afinqu’ellespuissentfournir, directement ou indirectement, les renseignements dont le fisc amĂ©ri- cainabesoinpourprĂ©leverl’impĂŽt frappant ses ressortissants. Ces dispositions doivent entrer en vigueur en janvier 2014, sinon l’accord, qui permet Ă  la Suisse d’échapper Ă  l’échange automati- que formel d’informations, sera remplacĂ© par une mise en Ɠuvre unilatĂ©rale des dispositions Fatca, sans la petite marge de manƓuvre nĂ©gociĂ©eparlaSuisse,notamment en faveur des banques cantonales et des caisses de pension. Un exemple montre la rigueur avec laquelle les autoritĂ©s amĂ©ri- caines entendent appliquer leur droit de maniĂšre extraterritoriale: la Caisse d’épargne du personnel de la ConfĂ©dĂ©ration, qui abrite aussi l’argent du personnel diplo- matique,devras’inscrireauprĂšsdu service amĂ©ricain des impĂŽts (IRS). Elle devra prouver que les avoirs dĂ©posĂ©s par des clients domiciliĂ©s hors de Suisse ou de l’Union euro- pĂ©enne (UE) ne dĂ©passent pas 2% des fonds sous gestion pour ainsi Ă©chapper Ă  l’arsenal des contrĂŽles des flux financiers des «comptes amĂ©ricains» exigĂ©s par l’IRS. Une convention internationale consi- dĂšrelesdiplomatessuissescomme Ă©tant domiciliĂ©s en Suisse. Sans cela, la Caisse du personnel fĂ©dĂ©ral devrait sans doute procĂ©der aux coĂ»teux contrĂŽles pĂ©riodiques de conformitĂ© Ă  l’IRS. Passage au crible Les banques cantonales, dont lesavoirsdepersonnesdomiciliĂ©es en Suisse ou dans l’UE atteignent au moins 98%, seront aussi traitĂ©es selon ce statut spĂ©cial nĂ©gociĂ© par la Suisse. L’accord oblige les ban- ques Ă  passer au crible tous leurs comptespourdĂ©terminerceuxrat- tachĂ©s de prĂšs ou de loin Ă  un ci- toyen ou Ă  une entreprise amĂ©ri- caine. Un seul indice, comme un numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone aux Etats- Unis, les obligera Ă  rĂ©colter des in- formationscomplĂ©mentaires.L’As- sociation suisse des banquiers (ASB) estime la dĂ©pense adminis- trative Ă  100 millions de francs pour une grande banque comme UBS ou Credit suisse, et Ă  quelques dizainesdemillionspouruneban- que de moyenne importance. Elle critique ce processus qui rappor- tera, selon elle, quelque 8,7 mil- liards de dollars d’impĂŽts sup- plĂ©mentaires au fisc amĂ©ricain, alors que les dĂ©penses adminis- tratives Ă  la charge des 100 plus grandes banques europĂ©ennes dĂ©- passeront largement ce montant. L’ASB admet sa faible marge de manƓuvre puisque 213 des 320 banques actives en Suisse le sont aussi au niveau international. L’accord Fatca couvre le prĂ©sent et l’avenir. Il permet Ă  la Suisse d’échapper Ă  l’échange automati- que d’informations avec les Etats- Unis et prĂ©serve, sur le papier, une petite partie du secret bancaire. La banque ne sera pas obligĂ©e de fournir le nom du client amĂ©ricain jugĂ© «non coopĂ©ratif» parce qu’il refuse que soit communiquĂ© son numĂ©ro de contribuable. L’accord autorise pourtant un Ă©change semi-automatique d’informations car la banque devra fournir le vo- lume global et la nature des fonds estimĂ©s non dĂ©clarĂ©s. Sur cette base, l’IRS adressera aux autoritĂ©s fiscales suisses des «demandes groupĂ©es» permettant une en- traide administrative efficace re- posant sur de forts indices d’éva- sion fiscale. UnimpĂŽtĂ lasourcede30%sera prĂ©levĂ© sur les revenus des clients «non coopĂ©ratifs». Une banque jugĂ©e «non coopĂ©rative» par l’IRS pourra aussi se voir infliger un im- pĂŽtĂ lasourcede30%surtoutesses relations commerciales directes et indirectes avec les Etats-Unis. Willy Boder BERNE LesĂ©lussuissestournentleursregardsversl’OCDE > La mĂȘme rĂšgle doit s’appliquer Ă  Londres et dans les paradis fiscaux La rapiditĂ© des changements en matiĂšre de coopĂ©ration fiscale ne manquepasdesurprendreenSuisse. LePartisocialiste,quirĂ©clamedepuis longtemps l’échange automatique d’informations, pense que la Suisse devra suivre le mouvement enclen- chĂ©. C’est aussi l’avis de Christian Keuschnigg, directeur de l’Institut des hautes Ă©tudes (IHS) de Vienne et professeur d’économie et de finan- cespubliquesĂ Saint-Gall. Dans une prise de position pu- bliĂ©e sur le site de l’IHS, cet excellent connaisseur du systĂšme fiscal suisse dit qu’«il faut s’attendre Ă  ce que la pression des Etats-Unis et de l’UE conduise Ă  l’échange automatique d’informations. Ce dĂ©veloppement se dessine de fait aussi en Suisse. Quant Ă  l’Autriche, elle ne peut que retarder l’échange automatique, maisellenepourrapasl’empĂȘcher.» PrĂ©sident de l’USAM, l’UDC Jean- François Rime constate que «la si- tuation change et qu’on n’admet plus aujourd’hui ce qu’on admettait hier». PrĂ©sident du PDC, Christophe Darbellay juge «prĂ©maturé» de changer la position de la Suisse. «Le secret bancaire est inscrit dans la Constitution autrichienne. Atten- dons de voir si les Autrichiens sont d’accord de changer cela. Et j’ob- serve que l’échange automatique d’informations n’est pas un stan- dard international. La Suisse s’y pliera lorsque ce sera un standard mondial valable pour toutes les pla- ces financiĂšres, de Londres Ă  Singa- pour en passant par les Etats-Unis», dit-il. PrĂ©sident du PLR, Philipp MĂŒller est sur la mĂȘme ligne. «Ce n’est de loin pas un standard pour lesplacesoffshore»,prĂ©cise-t-il. RĂ©unionprochaineduG20 LesregardssetournentdĂ©sormais vers l’OCDE. PrĂ©sident du PS, Chris- tian Levrat attend de la Suisse qu’elle s’engage dans cette enceinte contre l’évasion fiscale. Jean-François Rime pensequelaSuissepourraitinterpel- ler l’OCDE afin que les places finan- ciĂšres concurrentes et les paradis fis- caux, «comme Londres, les Bahamas ou les Ăźles Anglo-Normandes», res- pectentaussilesnouvellesrĂšgles. Que va faire le Conseil fĂ©dĂ©ral? A la TV alĂ©manique, Eveline Widmer- Schlumpf a rappelĂ© mercredi que, au sein de l’UE, prĂ©valait la rĂšgle de la nation la plus favorisĂ©e. Celle-ci oblige le Luxembourg et l’Autriche Ă  accorderĂ l’UEcequ’elleaccordeaux USA. «Mais la Suisse n’est pas concer- nĂ©e par cette rĂšgle», insiste-t-elle. Quant au Conseil fĂ©dĂ©ral, il a Ă©tĂ© «informé» des derniers dĂ©veloppe- ments, sans plus, indique son porte- parole,AndrĂ©Simonazzi. Les contacts vont se multiplier ces prochains jours. Le chef des Af- faires Ă©trangĂšres, Didier Burkhalter, rencontre coup sur coup le chef du gouvernement du Liechtenstein, Adrian Hasler, et le ministre russe des Affaires Ă©trangĂšres, SergueĂŻ La- vrov, dont le pays prĂ©side le G20. Dansunesemaine,EvelineWidmer- Schlumpf participera Ă  la rencontre ministĂ©rielle du G20 Ă  Washington. Dans ce cadre, elle compte souli- gner la nĂ©cessitĂ© d’avoir des rĂšgles fiscales valables pour tous, places offshore incluses. La ministre a mis sur pied en dĂ©- cembre un groupe d’experts pilotĂ© par le professeur Aymo Brunetti. Celui-ciareçulemandatderĂ©flĂ©chir aux solutions possibles pour rĂ©gler le passĂ© par un impĂŽt libĂ©ratoire et gĂ©rer l’avenir. La transmission d’in- formations fait partie des rĂ©flexions. Bernard Wuthrich BERNE CHRISTIANHARTMANN/REUTERS FRANÇOISLENOIR/REUTERSHERWIGPRAMMER/REUTERS TOBYMELVILLE/REUTERS
  • 4. International Le Temps Jeudi 11 avril 2013 4 CĂ©line ZĂŒnd La dĂ©sillusion est d’autant plus profonde que Gilles Bernheim bĂ©- nĂ©ficie d’une aura intellectuelle, bien au-delĂ  de la communautĂ© juive française. AcculĂ©parlesac- cusationsquicir- culent dans la presse depuis plusieurs semai- nes,legrandrab- bin de France a finiparadmettremardiavoirusurpĂ© son titre d’agrĂ©gĂ© en philosophie et recouruauplagiat.Maisilnecompte pas quitter son poste pour autant: «DĂ©missionner sur une initiative personnelle relĂšverait d’une dĂ©ser- tion [
], ce serait un acte d’orgueil alors que je dois agir aujourd’hui dans la plus grande humilité», a-t-il dĂ©clarĂ© mardi sur Radio Shalom, aprĂšs un long silence. L’homme de 60 ans, Ă©lu au grand rabbinat de France en 2008, a «craqué», dit-il, au moment du concours de philoso- phie, Ă  cause d’un «évĂ©nement tragi- que» qui ne lui aurait pas permis de se prĂ©senter Ă  toutes les Ă©preuves. Finalement, il a «laissĂ© dire» qu’il Ă©tait agrĂ©gĂ©, comme on met un «pansement sur une blessure». Con- cernant le plagiat, il l’attribue Ă  un Ă©tudiant qu’il a employĂ© comme nĂš- gre. Il a aussi expliquĂ© avoir utilisĂ© lorsdelarĂ©dactiondesonlivre(Qua- rante mĂ©ditations juives, Stock, 2011) des notes dans lesquelles il avait omisdecitersesrĂ©fĂ©rences. L’argumentaire du grand rabbin divise la communautĂ© juive de France. Certains plaident pour un soutien inconditionnel, d’autres rĂ©- clament sa dĂ©mission. Pour le rab- bin de la communautĂ© israĂ©lite libĂ©- rale de GenĂšve, François GaraĂŻ, c’est clair: Gilles Bernheim ne peut plus prĂ©tendre Ă  son titre de grand rab- bin, la plus haute autoritĂ© religieuse juive en France. «C’est l’affaire Cahu- zac de la communautĂ© israĂ©lite, dit-il. Gilles Bernheim reconnaĂźt qu’il a tort, mais il n’assume pas la consĂ©quencedesesactes.» Avant de passer aux aveux, le PUBLICITÉ <wm>10CFWMqw7DMBAEv-isvaftHqzCrICq3CQKzv-jxGUFK81KsztGesEv723_bp9kQIQ4xNFTIop5TelcevSEwQWsL1ZzZWn1zycg1IC5HIIRfD5gRt5mNX3KephrDSnXcd6Gt1bfgAAAAA==</wm> <wm>10CAsNsjY0MDAy0jU0MzI1sAQAIWPO8w8AAAA=</wm> 9 contre1 nouvelle Ă©mission La prĂ©sentation de 9 anciennes parts (coupon No 80) Solvalor 61 donne droit Ă  une nouvelle part au prix de CHF 185.– net. Au maximum 394’577 nouvelles parts seront Ă©mises; elles pourront ĂȘtre souscrites du 29avrilau13mai2013,Ă 12h00auprĂšsdevotrebanque. Un nĂ©goce officiel des droits de souscription sera organisĂ© Ă  la SIX Swiss Exchange et offrira ainsi Ă  de nouveaux investisseurs l’opportunitĂ© de participer Ă  la nouvelle Ă©mission en achetant et exerçant des droits de souscription. Disclaimer: Cette annonce de cotation ne reprĂ©sente pas un prospectus d’émission au sens des art. 652a resp. 1156 CO. Une annonce de cotation sera vraisemblable- ment publiĂ©e le 29 avril 2013. L’émission des parts du fonds s’adresse au public uniquement en Suisse. En dehors de la Suisse, la vente, le courtage ou le transfert des parts de fonds ainsi que la distribution de ce prospectus et d’autres documents relatifs Ă  l’offre et la vente des parts de ce fonds peuvent ĂȘtre limitĂ©s ou interdits. SOLVALORFUNDMANAGEMENTSA AV.MON-REpOS14–Cp7491–1002LAUSANNE TÉL.0584040300–WWW.SOLVALOR.CH FrançoisHollandesonnelacharge contreladĂ©linquancefinanciĂšre > France Le chef de l’Etat a prĂ©sentĂ© de nouvelles mesures de lutte contre l’évasion fiscale > Pas suffisant pour faire taire les critiques Catherine Dubouloz PARIS François Hollande a voulu mĂ©- nager son effet. Pris dans une crise politique majeure depuis les aveux de JĂ©rĂŽme Cahuzac, le chef de l’Etat s’est Ă  nouveau adressĂ© mercredi aux Français Ă  la tĂ©lĂ©vision, sa pre- miĂšre intervention n’ayant pas marquĂ© l’opinion. Le prĂ©sident a voulu prouver sa dĂ©termination: il a eu des mots sĂ©vĂšres contre les paradis fiscaux, que la France veut «éradiquer». Il a Ă©galement an- noncĂ© de nouvelles rĂšgles pour «as- surer la transparence de la vie poli- tique». Mais dans l’ensemble, les orientations prĂ©sentĂ©es ont Ă©tĂ© immĂ©diatement critiquĂ©es. Par l’opposition, mais aussi par ceux qui travaillent depuis longtemps sur ces sujets. Le magistrat Eric Alt* estime certes que «tout va dans le bon sens, mĂȘme si on n’avance pas beaucoup», mais il dĂ©plore aussi qu’il «ne s’en dĂ©gage pas de vision d’ensemble». Les paradis fiscaux d’abord. François Hollande explique que les «banques françaises devront ren- drepublique,chaqueannĂ©e,laliste de toutes leurs filiales, partout dans le monde, et pays par pays. Elles devront indiquer la nature de leursactivitĂ©s.End’autrestermes,il ne sera pas possible pour une ban- que de dissimuler les transactions effectuĂ©es dans un paradis fiscal.» Cette mesure, pour laquelle les ONGetlesĂ©cologistessesontbeau- coup battus, est en fait dĂ©jĂ  intĂ©- grĂ©e dans la loi bancaire en voie d’adoption au parlement. Elle est aussi prĂ©vue dans une directive europĂ©enne. Autre avertissement: mĂȘme s’il en existe dĂ©jĂ , «la France Ă©tablira chaque annĂ©e une liste des paradis fiscaux». Elle dĂ©pendra «non seulement de signatures de conventions», mais aussi «de la rĂ©a- litĂ© de l’effectivitĂ© des informations qui seront donnĂ©es». DeuxiĂšme axe, le renforcement de la lutte contre la fraude et l’éva- sion fiscales. Un parquet financier sera crĂ©Ă©, annonce le chef de l’Etat. Pour Eric Alt, cette mesure, comme d’autres, est de l’ordre «du coup d’épĂ©e dans l’eau»: «L’inefficacitĂ© du parquet ne tient pas Ă  la multi- plicitĂ©desstructuresouĂ undĂ©ficit d’expertise, mais Ă  sa structure mĂȘme et Ă  son manque d’indĂ©pen- dance», puisqu’il est hiĂ©rarchique- ment soumis Ă  la garde des Sceaux. Pour rĂ©soudre ce dysfonctionne- ment, un projet de rĂ©vision consti- tutionnelle est d’ailleurs en route. La lutte passant aussi par les moyens humains, ceux-ci seront renforcĂ©s. A Paris, le pĂŽle financier, comme d’autres services de lutte contre la dĂ©linquance financiĂšre, a vu fondre ses effectifs ces derniĂšres annĂ©es. PrĂ©cisant les propos de François Hollande, le premier mi- nistre, Jean-Marc Ayrault, a promis des renforts pour la justice, la po- lice et l’administration fiscale, avec 50 enquĂȘteurs de police judiciaire en plus, 50 magistrats et 50 agents supplĂ©mentaires pour la lutte contrelafraudefiscale.Parailleurs, «un office central contre la fraude et la corruption» sera Ă©galement mis en place, il regroupera les moyens du MinistĂšre de l’intĂ©rieur et de celui des Finances. «Des outils exceptionnels de procĂ©dure comme d’investigation seront con- fiĂ©s Ă  cet office», a ajoutĂ© François Hollande, sans plus de prĂ©cisions Ă  ce stade. Dernier volet, celui qui occupe l’ensemble du monde politique de- puis plusieurs jours, la transpa- rence et la moralisation de la vie publique. Eric Alt est aussi scepti- que, rappelant les nombreux rap- ports restĂ©s sans suite sur ces ques- tions. Les rĂšgles actuelles de dĂ©claration du patrimoine seront revues. Une haute autoritĂ© indĂ©- pendante sera crĂ©Ă©e, qui pourra contrĂŽler les dĂ©clarations de patri- moine et les dĂ©clarations d’intĂ©rĂȘts des ministres, des collaborateurs des cabinets ministĂ©riels, des par- lementaires, des responsables de grands exĂ©cutifs locaux et des di- rigeants de grandes administra- tions. Les sanctions seront renfor- cĂ©es en cas de dĂ©clarations non sincĂšres. Pour l’instant, critique le magistrat, «c’est un peu l’actuelle commission pour la transparence delaviepolitique,avecdesmoyens renforcĂ©s». Pour prĂ©venir les conflits d’in- tĂ©rĂȘts, François Hollande veut in- terdire le cumul d’un mandat parlementaire avec l’exercice de certaines activitĂ©s professionnel- les. Les avocats d’affaires ou les mĂ©- decins qui travaillent pour des la- boratoires pharmaceutiques sont dans le viseur. L’opposition s’est dĂ©chaĂźnĂ©e con- tre les propositions touchant les Ă©lus,dĂ©nonçantdes«mesuresdedi- version».«L’écrandefumĂ©equeten- tent maladroitement d’ériger Fran- çois Hollande et Jean-Marc Ayrault ne parvient pas Ă  masquer leurs propres fautes et dĂ©faillances, Ă  la tĂȘte du PS et Ă  la tĂȘte de l’Etat, atta- que le dĂ©putĂ© du Nord SĂ©bastien Huyghe. Aujourd’hui, c’est au PS de faire sa propre opĂ©ration mains propres plutĂŽt que de tenter de faire porter le chapeau aux autres.» Les mesures de transparence pla- cent pourtant la droite dans une position dĂ©licate: il lui est difficile de s’y opposer sans ĂȘtre soupçon- nĂ©e de vouloir dissimuler des com- portements peu Ă©thiques. «Il ne s’agit pas d’exhiber», riposte le chef de l’Etat, mais de garantir aux Fran- çais qu’élus et ministres ne s’enri- chissent pas durant leur mandat. L’ensemble sera prĂ©cisĂ© au cours des deux prochaines semaines. Jean-Marc Ayrault rencontrera les prĂ©sidents de l’AssemblĂ©e et du SĂ©- nat, ainsi que les groupes parle- mentaires pour prĂ©parer les textes. Les projets de loi seront ensuite prĂ©sentĂ©s au Conseil des ministres, le 24 avril. * «L’Esprit de corruption», Editions Le Bord de l’eau, 2012. «Au PS de faire sa propre opĂ©ration mains propres plutĂŽt que de tenter de faire porter le chapeau aux autres» Compte de Jean-Marie Le Pen Ă  UBS Documents Ă  l’appui, le site d’information Mediapart, Ă  l’origine de l’affaire Cahuzac, revient dans une enquĂȘte mer- credi sur l’ouverture par Jean- Marie Le Pen d’un compte en Suisse en 1981, Ă  UBS, dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©e par le passĂ©. Mediapart rĂ©vĂšle aussi qu’un proche du fondateur du Front national, Jean-Pierre Mouchard, trĂ©sorier de son micro-parti Cotelec jus- qu’en 1997, avait utilisĂ© les servi- ces d’une sociĂ©tĂ© offshore de Gibraltar pour ses investisse- ments. ContactĂ©, le prĂ©sident d’honneur du FN a dĂ©noncĂ© une «opĂ©ration fumigĂšne» pour le dĂ©nigrer de la part des «KGBistes de Mediapart». Il n’a pas dĂ©menti l’existence du compte ouvert Ă  UBS mais, selon lui, il s’agissait alors d’un «emprunt» pour sa sociĂ©tĂ© de disques, la Serp. Pourquoi passer par une banque suisse pour cet emprunt? «Parce que les conditions Ă©taient plus favorables que dans une autre banque», a rĂ©pondu le fondateur du parti d’extrĂȘme droite. AFP LecrashdeSmolenskempoisonnetoujourslapolitiquepolonaise > Pologne Trois ans exactement aprĂšs le crash qui a tuĂ© le prĂ©sident Kaczynski en Russie, la droite nationaliste campe sur la thĂ©orie du complot PrĂšs de la vieille ville de Varsovie, le chic hĂŽtel Bristol surplombe massivement le palais prĂ©sidentiel. «NouscommĂ©moronsleplusgrand patriote polonais, tuĂ© par les Rus- ses», explique une dame Ă  des tou- ristesjaponaissortantdeleurhĂŽtel. Trois ans exactement aprĂšs le crashdeSmolensk,oĂčs’estĂ©crasĂ©le Tupolev-154quitransportaitleprĂ©- sident de l’époque Lech Kaczynski, son Ă©pouse, et 94 autres dirigeants politiquesetmilitaires,la«catastro- phe» continue de diviser la sociĂ©tĂ© et la classe politique polonaises. Des commĂ©morations Ă©taient pla- nifiĂ©es Ă  travers le pays entier orga- nisĂ©es pour le «peuple de Smo- lensk», comme se sont appelĂ©s ceux qui professent une vĂ©ritable «foi» dans une thĂ©orie du complot. Dont les Ă©lĂ©ments sont les sui- vants: la catastrophe ne fut pas un accident, mais un attentat des Rus- ses; il a Ă©tĂ© perpĂ©trĂ© avec la compli- citĂ© du premier ministre de l’épo- que, rĂ©Ă©lu depuis, Donald Tusk; et si, dans le meilleur des cas, Tusk et les siens n’ont pas Ă©tĂ© complices, lui et tous les Ă©chelons du pouvoir ac- tuel s’évertuent depuis trois ans Ă  entraver l’enquĂȘte afin que jamais la vĂ©ritĂ© n’éclate au grand jour. Se battre «pour cette vĂ©rité» «Nous voulons la vĂ©ritĂ©! Nous voulons la vĂ©ritĂ©!» avaient scandĂ© en dĂ©but de matinĂ©e quelques mil- liers de personnes rassemblĂ©es face au palais prĂ©sidentiel, oĂč loge de- puis Bronislaw Komorowski, mem- bre de la Plateforme civique (PO) dirigĂ©e par Donald Tusk. Lequel a rĂ©ussi l’exploit inĂ©dit dans la Polo- gne postcommuniste de remporter un second mandat en 2011, en plus de la prĂ©sidentielle. Si, Ă  l’étranger, la Pologne des Tusk et Komorowski a gagnĂ© des galons de respectabilitĂ© et de sĂ©- rieux, Ă  l’intĂ©rieur la catastrophe de Smolensk ne se rappelle au bon souvenir des Polonais qu’une fois par an: elle empoisonne littĂ©rale- ment la vie politique quotidienne, et assomme les tĂ©lĂ©spectateurs des chaĂźnes d’information continue, abreuvĂ©s de thĂ©ories du complot dĂ©veloppĂ©es par la droite catholi- que, nationaliste et europhobe re- groupĂ©e sous les banniĂšres du Parti Droit et Justice (PIS), dirigĂ© par Ja- roslaw Kaczynski, frĂšre jumeau de LechetĂ©phĂ©mĂšrepremierministre. «NousavonsdroitĂ lavĂ©ritĂ©etnous avons le devoir de nous battre pour cette vĂ©rité», dĂ©clarait ce dernier lors de son discours sous le palais prĂ©sidentiel. Peu importe que, selon tous les rapports, russe et polonais, officiels ou indĂ©pendants, le crash du Tu- 154 a rĂ©sultĂ© de toutes les fautes et manquements aĂ©ronautiques pos- sibles, rendant la catastrophe qua- siment inĂ©vitable. Mais le «peuple de Smolensk» continue de «croire» Ă  l’attentat et Ă  la trahison, travaillĂ© en cela depuis trois ans par les diri- geants du PIS, par la presse conser- vatrice et par une bonne partie du clergĂ© catholique polonais. Selon un sondage commandĂ© par le quo- tidien de droite Rzeczpospolita, 32% des Polonais croient Ă  la thĂšse de l’attentat (un pourcentage en crois- sance), tandis qu’un peu moins de 50% pensent qu’il s’agissait d’un ac- cident. Et 30% seulement pensent que les enquĂȘtes feront un jour la lumiĂšre sur les causes. En face, dans le camp gouverne- mental, on ne sait plus par quel bout dĂ©faire la «falsification» de Smolensk. Et ce n’est pas l’agenda d’hier du premier ministre qui a calmĂ© les ardeurs des «croyants»: Donald Tusk Ă©tait allĂ© se recueillir sur des tombes de victimes
 Ă  5 h du matin, avant de s’envoler pour un voyage officiel au Nigeria que mĂȘme des observateurs bien inten- tionnĂ©s jugeaient inopportunĂ©- ment programmĂ©. Quelques com- mĂ©morations gouvernementales et prĂ©sidentielles avaient bien Ă©tĂ© or- ganisĂ©es, dont l’une Ă  Smolensk mĂȘme, ce sont Ă©videmment celles organisĂ©es par le PIS qui ont ras- semblĂ© du monde. Surtout celle en soirĂ©e, sous le palais prĂ©sidentiel, oĂčJaroslawKaczynskialivrĂ©undis- cours. Pourquoi une telle dĂ©termina- tion, chez le chef de la droite natio- nal-catholique polonaise, Ă  Ă©riger la catastrophe de Smolensk en complot? La rĂ©ponse dĂ©passe Ă©vi- demment la mort du prĂ©sident dĂ©- funt, qui occulte au passage celle des 95 autres victimes. Il s’agit pour le PIS de faire tourner la machine Ă  dĂ©lĂ©gitimer le pouvoir actuel, de droite aussi, mais rĂ©solument pro- europĂ©en, et malgrĂ© tout plus pro- gressiste et tolĂ©rant, comme en tĂ©- moignent des rĂ©centes tentatives (ratĂ©es) de lĂ©galiser des contrats d’unioncivile.Depuistroisans,ilya la Pologne dĂ©pravĂ©e et soumise aux diktats de l’Europe et complice de la Russie de Vladimir Poutine. Et il y a la «vraie»: celle dans laquelle pense se reconnaĂźtre le «peuple de Smolensk». Jurek Kuczkiewicz ENVOYÉ SPÉCIAL À VARSOVIE grand rabbin s’est d’abord empĂȘtrĂ© dans ses mensonges. Un universi- taire avait relevĂ© que son ouvrage de 2011 contenait des passages em- pruntĂ©s Ă  un livre du philosophe Jean-François Lyotard paru en 1996. Il a commencĂ© par nier le plagiat, allant mĂȘme jusqu’à suggĂ©rer que Jean-François Lyotard s’était inspirĂ© de ses cours donnĂ©s Ă  Paris dans les annĂ©es1980.ForcĂ©derevenirsurses propos, il a fini par justifier son acte parunechargedetravailtropĂ©levĂ©e, qui ne lui aurait pas permis de «por- ter l’attention nĂ©cessaire Ă  la rĂ©dac- tiond’unlivre».Pourlegrandrabbin de GenĂšve, Izhak Dayan, «c’est im- pardonnable. Le grand rabbin doit reprĂ©senter l’intĂ©gritĂ©, la droiture et lasincĂ©ritĂ©.Siunhommedereligion n’incarne pas l’éthique et la morale, alorslemondeperdlenord.» Il a inspirĂ© l’Eglise C’est prĂ©cisĂ©ment un traitĂ© de Gilles Bernheim contre le mariage pour tous qui lui avait valu l’admira- tion des autoritĂ©s religieuses juives, mais aussi de l’Eglise. «Des Ă©vĂȘques se sont servis de son texte comme base de travail pour prendre posi- tion sur le mariage homosexuel», souligne Izhak Dayan. L’ancien pape BenoĂźt XVI avait saluĂ© son argumen- taire, qu’il a jugĂ© «profondĂ©ment touchant». ProblĂšme: ce texte com- porte Ă©galement des passages co- piĂ©s. «Dans la tradition juive, ne pas citer un auteur Ă  qui on emprunte des propos, c’est comme l’effacer du monde», critique François GaraĂŻ. Le grand rabbin Marc RaphaĂ«l Guedj, directeur de la fondation Racines et Sources, connaĂźt bien Gilles Bern- heim, qu’il considĂšre comme un ami. «Il a en lui une grande fragilitĂ©. Il pense que, malgrĂ© ses erreurs, qui n’îtent rien Ă  sa stature spirituelle, il a encore quelque chose Ă  apporter Ă  la communautĂ© juive. C’est Ă  elle dĂ©- sormais de dĂ©cider si elle peut en- core supporter un guide qui com- met ce type d’erreur.» Alors que de nouveaux plagiats font surface, le Consistoire se rĂ©unit justement aujourd’huipourdiscuterdudĂ©part dugrandrabbindeFrance. AFP LegrandrabbindeFrance danslatourmente > France Le reprĂ©sentant de la communautĂ© juive admet avoir usurpĂ© son titre et plagiĂ© La tragĂ©die du 10 avril 2010 Le contexte Le 10 avril 2010, le prĂ©sident polonais Lech Kaczynski, accompagnĂ© de son Ă©pouse et d’une dĂ©lĂ©gation de dirigeants politiques et militaires de haut niveau, se rendait en avion en Russie, Ă  Katyn, afin d’y participer Ă  une cĂ©rĂ©monie commĂ©morant l’assassinat en 1943 par l’armĂ©e soviĂ©tique de plusieurs milliers d’officiers de l’armĂ©e polonaise. L’accident L’avion prĂ©sidentiel devait atterrir sur l’aĂ©rodrome militaire de Smolensk. En dĂ©pit d’un brouillard Ă©pais, et de l’équi- pement de guidage rudimentaire de l’aĂ©rodrome, les contrĂŽleurs aĂ©riens russes ont donnĂ© au pilote du Tupolev polonais l’autorisation de tenter une approche visuelle. Vingt secondes avant l’accident proprement dit, les contrĂŽleurs russes ont donnĂ© instruction au pilote d’interrompre la manƓuvre pour reprendre de la hauteur. Sans effet. L’aile gauche du Tu-154 a touchĂ© un arbre (un bouleau), se brisant, provoquant le retour- nement et l’écrasement de l’aĂ©ro- nef Ă  8h41. Aucune des 96 per- sonnes Ă  bord n’a survĂ©cu. J. Kz
  • 5. 5International Le Temps Jeudi 11 avril 2013 Syrie:lespromessesnontenues > Moyen-Orient Les aides annoncĂ©es ne se concrĂ©tisent pas > Opposition et humanitaires manquent de fonds Boris Mabillard AMarrakech,Ă KoweĂŻtouĂ Doha, chaque fois qu’ils se rencontrent pourparlerdelaSyrie,lesdirigeants du monde entier affirment haut et fortleursoutienaupeuplesyrien.Ils promettent de ne pas abandonner les victimes du conflit, de fournir une aide financiĂšre. Mais du cĂŽtĂ© de l’opposition syrienne et des huma- nitaires,onnevoitrienvenir.L’ONU tirelasonnetted’alarme.Iln’yaplus assez d’argent pour aider les rĂ©fu- giĂ©s syriens, a indiquĂ© mardi le Pro- gramme alimentaire mondial (PAM), qui pourrait cesser en mai prochain de distribuer de la nourri- ture. La Coalition nationale sy- rienne constate amĂšrement que la communautĂ©internationalen’apas tenusesengagements.Enmargedu sommet du G8 qui a commencĂ© mercredi, Ă  Londres, les ministres des Affaires Ă©trangĂšres des pays les plus riches ont rencontrĂ© une dĂ©lĂ©- gation de la coalition. A l’ordre du jour: l’aide militaire Ă  l’opposition, un serpent de mer. Et obtenir que les belles paroles se traduisent par desactes. Avec la crĂ©ation de la Coalition nationale des forces de l’opposition et de la rĂ©volution en novembre 2012 Ă  Doha, au Qatar, l’opposition internationalement reconnue espĂ©- rait pouvoir recevoir un soutien fi- nancier, matĂ©riel et militaire. Pour Burhan Ghalioun, membre du bu- reau politique de la coalition, l’af- faire Ă©tait entendue: «En rĂ©ponse aux demandes internationales, nous nous Ă©tions rĂ©unis dans une structure lĂ©gitime et reprĂ©sentative, nous attendions dĂšs lors que la communautĂ© internationale se dĂ©- cide enfin Ă  nous aider, mais nous attendons encore. Seuls l’Arabie saouditeetleQatarnousontdonnĂ© de l’argent, mais beaucoup moins que les sommes qu’ils avaient Ă©vo- quĂ©es.» Au sommet des Amis de la Syrie, Ă  Marrakech, en dĂ©cembre dernier, les promesses d’aide finan- ciĂšre et humanitaire sont rĂ©itĂ©rĂ©es. Mais la coalition de l’opposition, les groupes prĂ©sents sur le terrain et l’ArmĂ©e syrienne libre (ASL) ne re- çoivent rien ou presque en dĂ©pit de promesses Ă  hauteur de 145 mil- lions de dollars. Pour Burhan Gha- lioun,c’estune«trahison»:«Onnous reproche notre faiblesse et notre manquedepopularitĂ©surleterrain. Faute de moyens, comment pour- rait-ilenĂȘtreautrement?» Les divisions au sein de l’opposi- tionontlassĂ©lacommunautĂ©inter- nationale, explique Fabrice Balan- che, directeur du Groupe de recherches et d’études sur la MĂ©di- terranĂ©e et le Moyen-Orient, Ă  Lyon: «La lĂ©gitimitĂ© de la coalition natio- naleestcontestĂ©epard’autresgrou- pes,etmĂȘmeensonsein,lesdissen- sions rĂšgnent. En plus, sa proximitĂ© avec les FrĂšres musulmans dĂ©- range.» Pour ne pas faire le jeu des islamistes de la coalition, les gou- vernements ont prĂ©fĂ©rĂ© soutenir les organisations humanitaires, locales et internationales, et apporter des aides ponctuelles aux rebelles: «Du matĂ©riel militaire a mĂȘme Ă©tĂ© livrĂ© directement par certains Etats occi- dentaux Ă  des groupes armĂ©s consi- dĂ©rĂ©s comme efficaces», dit le spĂ©- cialiste. L’aide a Ă©tĂ© dissĂ©minĂ©e au dĂ©trimentd’uncanalunique:«Peut- ĂȘtre ont-ils aidĂ©, mais cela s’est dĂ©- roulĂ© sans nous, de maniĂšre dĂ©sor- donnĂ©e»,ditBurhanGhalioun. La crainte que du matĂ©riel, des armes ou mĂȘme de l’argent ne se retrouvent en de mauvaises mains n’expliquepastout,carl’aidehuma- nitaire souffre elle aussi d’un finan- cement insuffisant. 400 000 rĂ©fu- giĂ©s, au Liban, en Jordanie et en Turquie, dĂ©pendent de l’assistance du PAM pour survivre, Ă  court d’ar- gent. Leur nombre ne cesse d’aug- menteretleursituationsedĂ©tĂ©riore. Au sommet de KoweĂŻt, le 30 janvier dernier, les nations rĂ©unies avaient pourtantpromis1,6milliarddedol- lars Ă  l’ONU pour aider les victimes du conflit syrien. Or, Ă  ce jour, seul un tiers du montant a Ă©tĂ© versĂ©. Ce retard met en pĂ©ril l’ensemble des programmes d’aide. A Londres, une dĂ©lĂ©gation de l’opposition menĂ©e par Ghassan Hitto, le premier ministre du gou- vernement syrien en exil, a rencon- trĂ© des chefs de la diplomatie du G8 dont l’amĂ©ricain John Kerry, pour les convaincre de lever l’embargo surlesarmes.SeulelaGrande-Breta- gne y semble encore favorable. La France est gagnĂ©e par le doute alors quelesEtats-Unisetl’Allemagneen- visagentuniquementlalivraisonde matĂ©riel non lĂ©tal aux rebelles. Une nouvelle rĂ©union des Amis de la Sy- riesetiendraĂ Istanbulle20avril. «On nous reproche fallacieusement notre faiblesse et notre manque de popularitĂ© sur le terrain» Un combattant de l’ArmĂ©e syrienne libre dans une rue d’une ville de l’est syrien. L’opposition rĂ©clame des armes, en vain. DEIR EZ-ZOR, 2 AVRIL 2013 KHALILASHAWI/REUTERS DessoldatsmaliensĂ l’écoledesinstructeurseuropĂ©ens > Mali Avec les premiers dĂ©parts du contingent français, les unitĂ©s combattantes suivent dix semaines de cours Sept cents soldats maliens face Ă  200 formateurs issus d’une ving- taine de pays de l’Union euro- pĂ©enne. La France, qui commence tout juste Ă  retirer ses soldats prĂ©- sents au Mali (lire encadrĂ©), four- nit prĂšs de la moitiĂ© des effectifs. Unnombre«trĂšslimité»demilitai- res suisses non armĂ©s pourrait les rejoindre si le Conseil fĂ©dĂ©ral ava- lise la proposition faite en ce sens fin mars par Didier Burkhalter, le chef du DĂ©partement des affaires Ă©trangĂšres. ChaĂźne hiĂ©rarchique Le premier bataillon malien est arrivĂ© dans le camp militaire de Koulikouro, Ă  60 km de Bamako, le 2 avril dernier. Il suivra dix semai- nes de formation avant de cĂ©der la place Ă  un autre bataillon. A terme, ce sont plus de 2500 soldats, «prĂšs de la moitiĂ© des forces combattan- tes maliennes», selon un responsa- ble du programme, qui passeront entre les mains des militaires euro- pĂ©ens. Le but: renforcer les capaci- tĂ©s techniques mais aussi thĂ©ori- ques des soldats pour remettre les forces nationales Ă  niveau. «Le premier dĂ©faut de cette ar- mĂ©e, c’est que les gens ne sont pas habituĂ©s Ă  travailler ensemble, ex- plique le lieutenant-colonel Vieil- lefosse, responsable de l’entraĂźne- ment au sein de la mission de formation. Ce qui manque, pour- suit-il, c’est la cohĂ©sion d’une unitĂ©: lorsque le chef donne un ordre, tout le monde suit parce que la confiance vient du subordonnĂ© et l’ordre du supĂ©rieur.» En d’autres termes, il s’agit en premier lieu de mettre en Ɠuvre le bon fonction- nement de la chaĂźne hiĂ©rarchique. La formation prĂ©voit aussi des phases techniques spĂ©cifiques Ă  chaque mĂ©tier – fantassin, artilleur ou encore cavalier – ainsi que des phases communes Ă  tous les sol- dats. C’est justement Ă  ce socle fon- damental que sont consacrĂ©es les premiĂšres semaines de la forma- tion. Ce matin-lĂ , au milieu d’un terrain de football, les militaires maliens s’entraĂźnent au tir. «Videz les chargeurs! Plus vite!» s’égosille unformateurlituaniendansunan- glais brutal. Dans son dos, un tra- ducteur rĂ©pĂšte en français les ins- tructions. La mĂȘme scĂšne se rĂ©pĂšte Ă  quelques mĂštres avec des forma- teurs finlandais et britanniques – pour des raisons qui ne seront pas prĂ©cisĂ©es, Londres a donnĂ© la con- signe de ne pas permettre aux jour- nalistes anglo-saxons de pĂ©nĂ©trer dans le camp et interdit tout con- tact avec les soldats anglais. «RelĂą- chez!»hurleenfinlemilitairelitua- nien Ă  ses Ă©lĂšves en nage. «Ce n’est pas difficile, assure l’un d’eux en haletant, il suffit de suivre les instructions. On apprend beau- coup ici. Par exemple les diffĂ©ren- tes positions de tir: couchĂ©, Ă  ge- noux ou debout. On connaissait tout ça, mais on se perfectionne.» «Ce sont dĂ©jĂ  des soldats, rappelle cetinstructeur.IlspossĂšdentlesba- ses, mais ont besoin de beaucoup d’exercice.» Le formateur lituanien esquisse un sourire: «Ils ne vont pas assez vite, mais ce n’est que le dĂ©- but!» Des cours thĂ©oriques sont Ă©gale- ment dispensĂ©s sur la stratĂ©gie ou la gestion des troupes. Des modu- les sont Ă©galement consacrĂ©s au droit humanitaire et au droit de la guerre; certains soldats maliens se sont livrĂ©s, depuis le dĂ©but de la reconquĂȘte du nord du Mali, Ă  des violences sur les civils. «Tous les sa- medis matin, dĂ©taille le colonel Vieillefosse, une formation directe est dispensĂ©e sur le sujet. Le but est de prĂ©venir les risques d’exactions. Pour contrer le sentiment d’impu- nitĂ©, nous voulons aussi leur mon- trer qu’ils sont indissociables, que l’action de l’un entraĂźne le discrĂ©dit sur l’intĂ©gralitĂ© de la force.» Ces cours sont dispensĂ©s par des experts prĂȘtĂ©s par le MinistĂšre bri- tannique des affaires Ă©trangĂšres. In- terviennent Ă©galement des ONG et des organisations internationales, comme le Bureau des Nations unies pour les affaires humanitaires (OCHA). «Le plus important, ce sont les techniques de combat sur le ter- rain, tranche cet officier malien, qui n’oublie pas qu’il partira bientĂŽt af- fronterlesislamistesdanslenorddu pays.Cesquestionshumanitaires,ça nousintĂ©resse,maisnousavonsdĂ©jĂ  reçu des notions sur le sujet avant mĂȘmedeveniraucentre.» Un formateur tient enfin Ă  rap- peler,demaniĂšreanonyme,queles militaires occidentaux sont lĂ  pour enseigner le droit de la guerre, mais pas pour faire la morale. «Nous serions mal placĂ©s», juge- t-il, en citant les exemples amĂ©ri- cains de Guantanamo et d’Abou Ghraib. David BachĂ© BAMAKO öUn art de la guerre bien français: page 11 Panorama Europe Thatcher «extraordinaire» Les dĂ©putĂ©s et lords britanniques ont suspendu leurs vacances parlementaires de printemps pour rendre mercredi un hommage national Ă  «l’extraordinaire» Mar- garet Thatcher, selon l’expression du premier ministre, David Came- ron, et ont rivalisĂ© de superlatifs pour Ă©voquer les succĂšs et excĂšs de la Dame de fer controversĂ©e. «Quelle que soit l’opinion qu’on avait d’elle, c’était une personna- litĂ© unique et imposante», a admis Ed Miliband, le chef de l’opposi- tion travailliste, dont les rangs Ă©taient bien garnis. La Dame de fer est plus populaire que Winston Churchill, d’aprĂšs un sondage de l’institut YouGov pour le quotidien The Sun publiĂ© hier. (AFP) Mariage gay: oui du SĂ©nat Le SĂ©nat français a adoptĂ© par 179 voix contre 157 le premier article du projet de loi sur le mariage homosexuel, le plus important, celui qui ouvre le mariage aux personnes de mĂȘme sexe. (AFP) «Concordia»: amende La compagnie Costa Crociere, propriĂ©taire du Concordia dont le naufrage, il y a quinze mois prĂšs de l’üle toscane du Giglio, avait fait 32 morts, a Ă©tĂ© condamnĂ©e mercredi Ă  une amende de 1 mil- lion d’euros au terme d’une pro- cĂ©dure nĂ©gociĂ©e. (AFP) AmĂ©riques Immigration aux Etats-Unis: accord imminent Pour la premiĂšre fois depuis un quart de siĂšcle, dĂ©mocrates et rĂ©publicains Ă©taient mercredi sur le point de dĂ©voiler un projet de rĂ©forme de l’immigration aux Etats-Unis qui conduirait Ă  la lente rĂ©gularisation de millions de sans-papiers, ont indiquĂ© des sources du CongrĂšs. (AFP) Luis Lema C’est une image rare. En visite en Catalogne, le prince Felipe s’est fait huer mercredi par une petite foule d’Espagnols en colĂšre. Parmi les slogans hostiles, celui-ci, plutĂŽt Ă©tonnant de prime abord: «Com- bien dois-je voler pour qu’on me laisse travailler au Qatar?» En cause? Le beau-frĂšre du prince, Iñaki Urdangarin, pourrait devenir bientĂŽt le bras droit du sĂ©lectionneur de l’équipe natio- nale de handball du Qatar. Lui- mĂȘme ancien handballeur de haut niveau, le gendre du roi Juan Carlos irait ainsi s’établir dans un Ă©mirat du Golfe avec lequel l’Espa- gne, et particuliĂšrement la monar- chie espagnole, dit entretenir un lien «trĂšs fort». Mais surtout, notent les mau- vaises langues, le Qatar n’a pas signĂ© de traitĂ© d’extradition avec l’Espagne. Or, il se trouve que l’époux de l’infante Cristina est poursuivi dans son pays pour le dĂ©tournement de plusieurs mil- lions d’euros d’argent public. L’étau s’est mĂȘme resserrĂ© autour de l’infante, soupçonnĂ©e d’avoir laissĂ© son mari profiter de ses liens de parentĂ© avec la famille royale. Juan Carlos et l’émir Hamad ben Khalifa Al Thani s’entendent si bien qu’ils sont «comme des mem- bres d’une mĂȘme famille», disait Ă  la presse espagnole une source du palais de la Zarzuela, la rĂ©sidence du roi. L’Espagnol aurait d’ailleurs appelĂ© son ami qatari Ă  plusieurs reprises ces derniers jours. Non pour parler de son gendre, bien sĂ»r, mais d’un contrat qui con- cerne la vente de 11 navires mili- taires, cĂ©dĂ©s au meilleur prix par les Espagnols. L’histoire La France maintiendra des forces Pourl’heure,ledĂ©sengagementest tĂ©numaisilestsymbolique,une maniĂšredemontrerquelaFrance comptesurunrelaisdesforces africaines.Mardi,ParisaretirĂ©une centainedesoldats,surles4000 qu’elleavaitenvoyĂ©sauMalidepuis ledĂ©butdel’opĂ©ration«Serval»,le 11janvierdernier.Entroismois, l’interventionauracausĂ©lamortde cinqsoldatsfrançaisetfaitune dizainedeblessĂ©s.L’ElysĂ©ea indiquĂ©nepasvouloircompterplus de2000soldatsenjuillet.Au-delĂ , leQuaid’Orsayenvisagelemain- tiend’une«forced’appuiperma- nente»d’unmillierd’hommespour «luttercontreleterrorisme». AuditionnĂ©parleCongrĂšsamĂ©ri- cainmardi,unhautreprĂ©sentant duPentagone,MichaelSheehan,a jugé«absolumentexcellente» l’interventionfrançaise,qualifiant parcontrede«forcetotalement incapable»lestroupesenvoyĂ©es parl’Afriquedel’OuestauMali. LT Al-Qaida, des liens En dĂ©cembre 2012, le gouverne- ment amĂ©ricain a inscrit sur liste noire le Front Al-Nosra pour ses liens avec Al-Qaida. Ses soup- çons se sont confirmĂ©s mer- credi: Abou Mohammed al-Joulani, le chef du front, a fait allĂ©geance Ă  Ayman al-Zawa- hiri, le chef d’Al-Qaida. La veille, c’est la branche d’Al-Qaida en Irak qui avait adoubĂ© Al-Nosra. Ce parrainage embarrasse l’opposition syrienne, qui craint que la communautĂ© internatio- nale s’en prĂ©vale pour rejeter ses demandes d’aide militaire. Sur le terrain, grĂące Ă  ses succĂšs militaires, le groupe force pourtant l’admiration de nom- breux combattants. Burhan Ghalioun, membre de la coali- tion d’opposition syrienne, fustige l’attentisme des nations occidentales: «En refusant de soutenir l’ArmĂ©e syrienne libre (ASL), elles ont propulsĂ© le Front Al-Nosra, qui bĂ©nĂ©ficie des fonds de donateurs qataris et saoudiens. Faute de moyens financiers et militaires, l’ASL est restĂ©e faible, alors qu’Al-Nosra gagnait en puissance et en popularitĂ©.» Bo.M. Devenir handballeur auQatar
  • 6. Suisse Le Temps Jeudi 11 avril 2013 6 L’école,unrĂȘve quisedĂ©robe pourFreysinger > Valais Tous les partis aimeraient gĂ©rer le DĂ©partement de l’éducation, de la culture et du sport > L’élu UDC aura du mal Ă  s’en emparer Marie Parvex Tout, mais pas Oskar Freysinger. C’est ce que semble penser une ma- joritĂ© des employĂ©s du DĂ©parte- ment de l’éducation, de la culture et du sport (DECS). La premiĂšre rĂ©union des nouveaux membres du Conseil d’Etat valaisan a eu lieu mercredi matin. Mais elle n’a pas permis de dĂ©terminer la rĂ©parti- tion des dĂ©partements. Les ensei- gnants devront attendre jusqu’au 1er mai, date de la premiĂšre sĂ©ance officielle du nouveau collĂšge, pour savoir qui sera leur chef. Parmi les tĂȘtes pensantes du dĂ©- partement, on a «angoissé» Ă  l’idĂ©e d’avoir le nouvel Ă©lu UDC, lui- mĂȘme enseignant au collĂšge, commepatron.Enraisondesespo- sitions sur l’école. Oskar Freysinger Ă©crivait par exemple dans son pro- gramme de campagne qu’il fallait «renforcer la prise en charge d’élĂš- ves avec de graves dĂ©ficits dans des classes spĂ©ciales » Une idĂ©e qui hĂ©risse ceux qui, au dĂ©partement, ontjustementfaitlechoixdel’intĂ©- gration. Maisceux-lĂ sontmoinscraintifs aujourd’hui, voyant que les autres partis ne semblent pas prĂȘts Ă  ac- corderĂ l’UDCledĂ©partementdont il rĂȘvait. StĂ©phane Rossini, con- seiller national socialiste, a Ă©crit dans le journal socialiste valaisan qu’Oskar Freysinger devait se char- ger de la SĂ©curitĂ©. Et le prĂ©sident du PDC du Valais romand, Michel Ro- then, lui aussi enseignant, ne se pri- vait pas de dire au lendemain des Ă©lections qu’il n’imaginait pas l’UDC Ă  la tĂȘte de l’Education. C’est que ce dĂ©partement en mains PLR depuis 1981 attise tou- tes les convoitises, maintenant que le parti a perdu son siĂšge. Les prin- cipales rĂ©formes de l’éducation sont terminĂ©es. Le Valais s’est dotĂ© d’une haute Ă©cole pĂ©dagogique (HEP)pourformersesenseignants, l’enseignement dans les cycles d’orientation a Ă©tĂ© modifiĂ©, le pro- gramme de l’école obligatoire a Ă©tĂ© harmonisĂ© avec les plans d’études des autres cantons latins. Le parle- ment doit encore se prononcer sur la rĂ©organisation de l’enseigne- ment primaire, mais la nouvelle loi est prĂȘte. Aux yeux des partis, il ne reste plus qu’à inaugurer les onze chai- res de l’EPFL qui vont s’implanter prochainement en Valais. «C’est une Ă©tape qui marquera l’histoire du canton», dit-on au PDC. Une vi- sion simpliste de la question pour Jean-FrançoisLovey,chefduService de l’enseignement. «Il subsiste en- core des questions sur l’avenir des Ă©coles de commerce, sur la durĂ©e des Ă©tudes gymnasiales et, surtout, il y a toujours plus de jeunes qui ne trouvent pas de dĂ©bouchĂ©s et sont en proie Ă  diverses difficultĂ©s fami- liales et professionnelles», souli- gne-t-il. Dans les hautes sphĂšres de l’ad- ministration cantonale, quelques hypothĂšses rĂ©currentes circulent. Maurice Tornay avait la charge de troisdĂ©partementstrĂšslourdsavec les Finances, la SantĂ© et les Institu- tions.BientĂŽtĂ l’ñgedelaretraite,il ne devrait pas se reprĂ©senter dans quatre ans. Ils Ă©taient plusieurs Ă  imaginer mercredi qu’il pourrait reprendre l’Ecole et laisser la SantĂ© aprĂšs les grandes difficultĂ©s qu’il a rencontrĂ©es lors de la rĂ©forme du systĂšme hospitalier. Certains PDC estiment aussi que Jean-Michel Cina, qui a ƓuvrĂ© Ă  la venue de l’EPFL en Valais, devrait pouvoir gĂ©- rer les hautes Ă©coles puisque ces derniĂšres sont souvent liĂ©es au dĂ©- veloppementĂ©conomiquedontila la charge. Deux choses semblent certaines. PremiĂšrement, il sera trĂšs difficile pour Oskar Freysinger d’obtenir le dĂ©partement convoitĂ© par le PDC. Ce qu’il semble avoir compris. «Je prendrai ce que l’on m’attribuera, mais je me battrai pour que la gau- che n’obtienne pas la gestion de l’Education en Valais», dĂ©clarait-il dans Le Matin il y a cinq jours. DeuxiĂšmement, les dĂ©parte- mentsserontconsidĂ©rablementre- maniĂ©s. MĂȘme si les conseillers d’Etat sortants semblent avoir du mal Ă  se sĂ©parer des services qu’ils ontconduits.«Parattachementaux collaborateurs, pour continuer les projets en cours, et parfois pour ne pas se faire traiter de couard en abandonnant un dĂ©partement dif- ficile», explique-t-on au PDC. Et les dossiers difficiles ne man- quent pas en Valais. La construc- tiondel’autoroutedansleHaut-Va- lais fait dĂ©bat depuis des dĂ©cennies. L’amĂ©nagement du ter- ritoire promet d’ĂȘtre un sujet brĂ»- lant avec l’entrĂ©e en vigueur de la nouvelle LAT et de la Lex Weber. La correction du lit du RhĂŽne mange Les autres partis ne semblent pas prĂȘts Ă  accorder au ministre UDC le dĂ©partement dont il rĂȘvait Oskar Freysinger le soir de son Ă©lection. Il risque de devoir cĂ©der le DĂ©partement de l’éducation Ă  un ministre PDC. SION, 17 MARS 2012 OLIVIERMAIRE les terres de paysans furieux. La construction d’une ligne Ă  trĂšs haute tension provoque de multi- ples oppositions Ă  la veille des nĂ©- gociationssurlescontratsd’exploi- tation des barrages. Autant de sujetssurlesquelsl’UDCs’estlaplu- part du temps positionnĂ©e en criti- que de l’Etat. Et dĂ©sormais autant de piĂšges potentiels pour le minis- tre Oskar Freysinger. EtsileministreUDCdevenaitlechefdesonancienrival? > A la SĂ©curitĂ©, Oskar Freysinger se retrouverait au-dessus du commandant de la police, Christian Varone Selon les bruits de coulisses, la so- cialisteEstherWaeber-Kalbermatten semble prĂȘte Ă  lĂącher la SĂ©curitĂ©, un servicequelePSverraitbienentreles mains d’Oskar Freysinger pour le confronterĂ sesidĂ©es. La solution ne dĂ©plairait pas, ni Ă  la police, ni dans les prisons. Esther Waeber-Kalbermatten y est dĂ©crite comme une ministre avec qui il est facile de dialoguer, mais qui prend peu de dĂ©cisions. ConfrontĂ©e Ă  des conflits au sein des prisons, notam- ment en raison d’un chef de service peuapprĂ©ciĂ©,ellen’apasrĂ©ussiĂ s’en sĂ©parer alors que l’occasion d’une rĂ©organisation du service aurait pu le lui permettre. Certains dĂ©crivent encore des dossiers dont elle retarde la prĂ©sentation au Conseil d’Etat sans raison apparente. Ou des chan- gements nĂ©cessaires qui tardent Ă  venir pour les employĂ©s sur le ter- rain. Oskar Freysinger reprĂ©sente l’es- poir d’une gestion plus dynamique, mĂȘme si dans les services concernĂ©s certains rappellent que la marge de manƓuvre du conseiller d’Etat sera limitĂ©e. En raison par exemple d’ac- cords intercantonaux sur les prisons oud’effectifslimitĂ©sĂ lapolice. Mais si l’UDC prend la tĂȘte de la SĂ©curitĂ©, il sera le supĂ©rieur de son ancien adversaire de campagne, ChristianVarone,toutjusterĂ©intĂ©grĂ© Ă  son poste. Une situation qui ne po- serait apparemment pas de pro- blĂšme. Oskar Freysinger rĂ©pondait Ă  Darius Rochebin dimanche qu’il avaitbulecafĂ©avecChristianVarone etqu’ilavaitunebonnerelationavec lui. Reste que la campagne pour le Conseild’Etatlesavuss’affrontervio- lemment autour de la procĂ©dure ju- ridique de Christian Varone en Tur- quie. Et que dans tous les dĂ©bats sur les questions de sĂ©curitĂ©, Christian VaronecritiquaitvertementlesidĂ©es d’Oskar Freysinger. «Le premier a beaucoup axĂ© sa gestion sur la prĂ©- vention alors que le second a une vision plus rĂ©pressive de la sĂ©curité», dĂ©crit-ondanslesservicesconcernĂ©s. Ils sont plusieurs Ă  penser que Chris- tian Varone ne souhaitera pas rester longtemps Ă  la tĂȘte de la police dans ces conditions. D’autant que son re- tournesemblepassisimplepourles agents. «Les policiers sont scandali- sĂ©s et se sentent dĂ©crĂ©dibilisĂ©s par la maniĂšre dont Christian Varone a pu reprendre son poste sans enquĂȘte disciplinaire alors qu’eux-mĂȘmes y sont soumis», dĂ©crivent plusieurs sourcesprochesdelapolice.M.P. öLedrapeau«schtroumpf»:page10 EnquĂȘtesouvertespourcyberespionnage > GenĂšve Le clan Khrapunov se dit victime d’attaques informatiques des autoritĂ©s kazakhes Alors que le conseiller fĂ©dĂ©ral Johann Schneider-Ammann a en- tamĂ© mercredi une visite officielle au Kazakhstan et en AzerbaĂŻdjan, la guerre larvĂ©e que se livrent les autoritĂ©s kazakhes et le clan Khra- punov se poursuit. Deux procĂ©du- res pĂ©nales ont Ă©tĂ© ouvertes en jan- vier Ă  GenĂšve et Ă  Zurich suite au dĂ©pĂŽt de plaintes contre inconnu pour «accĂšs indu Ă  un systĂšme in- formatique», «soustraction de donnĂ©es» et «actes exĂ©cutĂ©s sans droit pour un Etat Ă©tranger». Les plaintes ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es par Viktor Khrapunov et par le col- laborateur de l’étude d’avocats La- liveĂ Zurich,quitravaillepourl’ex- ministre kazakh. Une troisiĂšme plainte a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e en mars Ă  GenĂšve par un avocat de Leila Khrapunova, l’épouse de Viktor Khrapunov. Selon les plaignants, les autori- tĂ©s kazakhes sont derriĂšre ces atta- ques. Responsable de la communi- cation de Viktor Khrapunov, le consultant Marc Comina accuse: «A plusieurs reprises, on a tentĂ© de placer des virus espions dans les ordinateurs de Viktor Khrapunov et de ses avocats.» «Il ne peut pas s’agir d’autre chose, nous indique l’avocat genevois, qui a dĂ©posĂ© plainte et prĂ©fĂšre rester anonyme. Les noms des enfants Khrapunov figurent dans le sujet des e-mails compromettants, qui ont claire- ment Ă©tĂ© fabriquĂ©s Ă  notre seule intention.» Pour Marc Comina, «il est choquant de constater que le gouvernement kazakh, qui prati- que au quotidien la propagande d’Etat et l’espionnage, adopte sans vergogne les mĂȘmes mĂ©thodes autoritaires et antidĂ©mocratiques sur territoire suisse dans le but d’intimider les opposants au rĂ©- gime.»ChargĂ©dudossier,leprocu- reur Jean-Bernard Schmid indique simplement que «les faits dĂ©non- cĂ©s ne sont pas nĂ©gligeables. L’en- quĂȘte est en cours.» Bataille de communicants La famille Khrapunov, soit le couple et leurs enfants adultes El- vira et Iliyas, est elle-mĂȘme sous le coup d’une enquĂȘte pour blanchi- ment, ouverte Ă  l’automne dernier. Le parquet genevois avait donnĂ© suite Ă  une demande d’entraide ju- diciaire adressĂ©e au printemps 2012 par le Kazakhstan. Viktor Khrapunov est accusĂ© d’avoir usĂ© de ses fonctions pour permettre Ă  son Ă©pouse de s’enrichir dans des opĂ©rations immobiliĂšres. Dans cette histoire, les commu- nicants tentent chacun de tirer leur Ă©pingle du jeu. En fĂ©vrier et en mars derniers, le cabinet juridique zurichois Homburger, mandatĂ© par les autoritĂ©s kazakhes pour ses relations publiques, avait appro- chĂ© des journaux alĂ©maniques, parmi lesquels la NZZ, pour leur montrer les documents liĂ©s Ă  la de- mande d’entraide judiciaire. Con- tactĂ© ce mercredi, le cabinet Hom- burger n’a pas rĂ©pondu au Temps. Pour Marc Comina, la vindicte des autoritĂ©s kazakhes aurait un motif autre que la corruption. Son client «donne de nombreuses in- terviews en Occident et dans les rares mĂ©dias indĂ©pendants ka- zakhs pour dĂ©noncer les pratiques actuelles et passĂ©es du gouverne- ment, en particulier le pillage sys- tĂ©matique des infrastructures et des ressources de l’Etat. Pour l’Etat kazakh, qui investit des milliards dans de grandes campagnes inter- nationales pour polir son image Ă  l’étranger, c’est un empĂȘcheur de tourner en rond qu’il faut faire taire.» Le mariage du fils Iliyas avec la fille du milliardaire Mukhtar Abliyasov, opposant du prĂ©sident Noursoultan NazarbaĂŻev, au pou- voir depuis 22 ans, n’aurait pas ar- rangĂ© les choses. Iliyas Khrapunov est connu en Suisse pour ses extra- vagants projets immobiliers. Son pĂšre fut ministre et maire de l’an- ciennecapitaleavantdetrouverre- fuge Ă  GenĂšve (LT du 28.12.2011). Le prĂ©sident kazakh, Noursoul- tan NazarbaĂŻev, Ă©voquera-t-il cette affaire avec Johann Schnei- der-Ammann? L’objectif du dĂ©- placement est clair: «Renforcer les relations Ă©conomiques avec ces partenaires toujours plus impor- tants et membres du groupe de vote suisse aux institutions de Bretton Woods», indiquait mardi le DĂ©partement fĂ©dĂ©ral de l’éco- nomie. Lors de la derniĂšre session par- lementaire, le conseiller national Carlo Sommaruga (PS/GE) inter- pellait le Conseil fĂ©dĂ©ral pour sa- voir «comment les droits humains sont-ils mis Ă  l’agenda de ce voyage». Le porte-parole du DEFR, Eric Reumann, indiquait mercredi que«laSuisseatoujourslesoucide rappeler les valeurs d’une sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique». Albertine Bourget BERNE La libre circulation sera tranchĂ©e plus tard > Migration Le Conseil fĂ©dĂ©ral dans l’embarras Le Conseil fĂ©dĂ©ral a menĂ© mer- credi une premiĂšre discussion sur l’activation de la clause de sauve- gardedanslebutderalentirl’immi- gration en provenance de l’UE. Mais il n’a pris aucune dĂ©cision, indique son porte-parole, AndrĂ© Simonazzi. Celui-ci rappelle qu’en raison de ca- lendriers diffĂ©rents, le gouverne- ment doit se prononcer avant fin avril sur l’éventuelle reconduction de la clause de sauvegarde pour les huit Etats de l’ex-bloc de l’Est entrĂ©s dans l’UE en 2004, et d’ici Ă  fin mai auplustardpourles17autresEtats. «Arguments politiques» Le Conseil fĂ©dĂ©ral a ainsi la pos- sibilitĂ© de se prononcer en deux temps. Mais il paraĂźtrait plus clair qu’il ne prenne qu’une seule et unique dĂ©cision, l’utilisation de la clause de sauvegarde Ă©tant trĂšs controversĂ©e au sein de l’UE. Pour se prononcer, le gouvernement se fondera sur les chiffres «et sur des arguments politiques», insiste An- drĂ© Simonazzi. Pour les huit Etats au bĂ©nĂ©fice de la libre circulation depuis 2006, le nombre maximal de permis B a Ă©tĂ© dĂ©passĂ© en 2012 et la clause desauvegardeaĂ©tĂ©miseenvigueur. Depuis le 1er mai 2012, 2180 per- mis B ont Ă©tĂ© accordĂ©s, conformĂ©- ment au contingent fixĂ©. Cela a entraĂźnĂ© un accroissement des autorisations de courte durĂ©e de typeL.SelonlastatistiquedefĂ©vrier, 15 182 permis L ont Ă©tĂ© accordĂ©s les douzemoisprĂ©cĂ©dentsĂ desressor- tissantsdecesEtats.Or,silenombre d’autorisations de courte durĂ©e dĂ©- passe 15 218 entre le 1er mai 2012 et le 30 avril 2013, un nouveau con- tingentement sera possible pour la pĂ©riode mai 2013-avril 2014. Pourles17autresEtatsmembres, les seuils de rĂ©fĂ©rence sont fixĂ©s Ă  56 268 permis B et Ă  57 267 per- misLpourlapĂ©riodejuin2012-mai 2013. Si, Ă  fin mai, le nombre total depermisBestplusĂ©levĂ©,leConseil fĂ©dĂ©ral peut thĂ©oriquement mettre la clause de sauvegarde en Ɠuvre, mais pour un an seulement. Or, la statistique de fin fĂ©vrier (LT du 10.04.2013) montre qu’on est tout prĂšs des chiffres maximaux prĂ©vus. Bernard Wuthrich BERNE
  • 7. 7Suisse Le Temps Jeudi 11 avril 2013 PUBLICITÉ <wm>10CFWMqw4DMQwEv8jR2us8WsMqLDpwOh5yKu7_oyZlBQtGmtkxIif89urH1c9QwLPog8wezSzBaxAlqVvA0QzKpxqbFub65wtQ6MDcjmBxm6rCKoYJW8D9MHcNps_9_gLXsMOWgAAAAA==</wm> <wm>10CAsNsjY0MDAx1TW0NDY2NQEATBe2tw8AAAA=</wm> UnGrandConseilmenacĂ©d’émiettement > NeuchĂątel De nouveaux partis centristes risquent de priver le parlement de majoritĂ© > Le niveau des dĂ©bats pourrait souffrir Serge Jubin LalĂ©gislature2009-2013duCon- seil d’Etat a Ă©tĂ© calamiteuse, chacun Ă  NeuchĂątel en convient. Le Grand Conseil a lui aussi plongĂ© dans la crisepolitique,deconfiance,decrĂ©- dibilitĂ©. Avec sa majoritĂ© de gauche (60 dĂ©putĂ©s socialistes, verts et Pop- Sol, face Ă  55 bourgeois, PLR et UDC),ilavĂ©cudansunrĂ©gimed’op- position entre blocs, d’hostilitĂ© au Conseil d’Etat, avec une propension Ă ladisputepoliticienne. Certes,Ă©pisodiquement,leparle- ment s’est appliquĂ© Ă  oublier les querelles intestines pour chercher un dĂ©nominateur commun. En ma- tiĂšre de fiscalitĂ©, de financement du projet de RER-Transrun, pour sortir momentanĂ©ment de l’orniĂšre hos- pitaliĂšre. Mais, le plus souvent, il s’est empĂȘtrĂ© dans des dĂ©bats inter- minablesetstĂ©riles.Lafauteaucon- texte neuchĂątelois, au manque de personnalitĂ©s influentes, Ă  une or- ganisation qui fait la part belle aux «dĂ©bats libres», oĂč chacun, de sa place, peut prendre la parole pres- quesansfin. Le nouveau calendrier Ă©lectoral, dictĂ© par le dĂ©cĂšs subit du candidat PDC au Conseil d’Etat Raymond Traube,braquelesprojecteurssurle parlement. Sa dĂ©signation a Ă©tĂ© maintenue au 14 avril, avec dĂ©- pouillement quinze jours plus tard, le28avril,nouvelledatepourlepre- mier tour de l’élection au Conseil d’Etat.CettedissociationpĂ©jorerala participation. Franchira-t-elle au moinslabarredes30%? Pourtant, bien qu’à l’ombre de celle des ministres, l’élection des 115 dĂ©putĂ©s du Grand Conseil comporte des enjeux importants. Une rĂ©volution politique pourrait survenir Ă  NeuchĂątel, ce 14 avril, mais on n’en saura rien avant le 28. Lesblocstraditionnelsbourgeoiset de gauche pourraient ne plus dis- poser de majoritĂ© «absolue». De nouveaux partis ont fait leur appa- ritiondepuislaprĂ©cĂ©denteĂ©lection cantonale de 2009, au centre de l’échiquier, certes apparentĂ©s au PLR, mais susceptibles, une fois en- trĂ©s au Grand Conseil, de s’en Ă©manciper. Ces «petits partis du centre», vert’libĂ©raux, PDC et PBD, pour- raient profiter de la grogne mani- festĂ©e envers les partis gouverne- mentaux. ConstituĂ©e Ă  NeuchĂątel en automne 2012, la section des vert’libĂ©raux est prĂ©sentĂ©e comme capable de brouiller l’échiquier tra- ditionnel. Le prĂ©sident, RaphaĂ«l Grandjean, espĂšre dĂ©crocher jus- qu’à dix siĂšges, qu’il prendra en prioritĂ© au PLR, mais certainement aussiauxVerts. AprĂšsavoirĂ©tĂ©dominĂ©,sanspar- tage, par trois partis (libĂ©raux, radi- caux et socialistes), aprĂšs avoir glissĂ©, puis basculĂ© Ă  gauche en 2005–,lagauches’estimeenmesure deconserversamainmise–,leparle- ment neuchĂątelois 2013-2017 pourrait expĂ©rimenter une nou- velle culture, celle du multipar- tisme,sansmajoritĂ©prĂ©Ă©tablie. Longtemps,NeuchĂąteln’acomp- tĂ© que quatre partis reprĂ©sentĂ©s au parlement, protĂ©gĂ©s par un quo- rum Ă  10%, libĂ©raux et radicaux Ă  droite, socialistes et reprĂ©sentants de ce qu’on a appelĂ© les «petits par- tis» (POP, SolidaritĂ©S et Verts) Ă  gau- che. Premier accroc, en 2005, avec l’irruption de l’UDC, qui obtient pour son coup d’essai 17 des 115 siĂšges. Elle provoque l’effondre- mentdespartislibĂ©raletradical.En 2009,lafusionlibĂ©rale-radicaleper- metd’enrayerl’érosion.Maislagau- che l’emporte grĂące Ă  la percĂ©e des VertsetduPOP. Lescartespourraientunefoisen- coreĂȘtreredistribuĂ©esen2013. Avec l’entrĂ©e en scĂšne des vert’li- bĂ©raux, du PDC et du PBD, il s’agira alors de composer des alliances, qui varieront d’un dossier Ă  l’autre. Les dĂ©bats pourraient ĂȘtre encore plus embrouillĂ©s. A moins qu’ils ne per- mettent de sortir des vieux clivages tĂ©tanisants, entre gauche et droite, Haut et Bas. Les vert’libĂ©raux ont promis qu’ils prendraient de la hau- teur et offriraient de nouvelles clĂ©s. Seront-ilslasourcedelarĂ©demption politique neuchĂąteloise? Le prĂ©si- dent RaphaĂ«l Grandjean a montrĂ© l’exemple, en prĂ©conisant le com- promis Ă©lectoral: Ă©lection du Grand Conseil maintenue le 14 avril, mais dĂ©pouillĂ©e le 28, en mĂȘme temps que celle du Conseil d’Etat. Une «neuchĂąteloiserie»,positivecelle-lĂ . La section des vert’libĂ©raux est prĂ©sentĂ©e comme capable de brouiller l’échiquier traditionnel La salle du Grand Conseil Ă  NeuchĂątel. Le goĂ»t pour les «dĂ©bats libres» conduits parfois Ă  des discussions interminables, et stĂ©riles. NEUCHÂTEL, 25 MAI 2011 SANDROCAMPARDO UDCParti libĂ©ral-radicalParti libĂ©ralParti radicalParti socialisteVertsPopSolPopVertSol 41 14 25 15 17 35 25 24 38 29 38 14 36 10 10 41 7 7 39 9 41 12 39 9 2009-2013:2005-2009:2001-2005:1997-2001:1993-1997: Composition du Conseil d’Etat: 2 socialistes; 3 PLR 1 Vert, 2 socialistes; 1 radical, 1 libĂ©ral 2 socialistes; 1 radical, 2 libĂ©raux 2 socialistes; 1 radical, 2 libĂ©raux 2 socialistes; 1 radical, 2 libĂ©raux gauche 60 - 55 droitegauche 58 - 57 droitegauche 55 - 60 droitegauche 53 - 62 droitegauche 48 - 67 droite SOURCE: LT Le basculement Ă  gauche du parlement neuchĂątelois entre 1993 et 2009 FondslibĂ©rĂ©s dansl’enquĂȘte Mediaset > Justice ProcĂ©dure sur Silvio Berlusconi ATS Le Tribunal pĂ©nal fĂ©dĂ©ral (TPF) donne son feu vert Ă  la levĂ©e du sĂ©questre de prĂšs de 30 millions de francs qui seraient issus du groupe Mediaset de Silvio Berlus- coni. En tout, prĂšs de 110 millions de francs avaient Ă©tĂ© bloquĂ©s en 2005. Les juges de Bellinzone ont par- tiellement acceptĂ© le recours de quatre sociĂ©tĂ©s liĂ©es au groupe italien fondĂ© par l’ex-chef du gou- vernement de la PĂ©ninsule. DĂ©po- sĂ©s dans une succursale de la ban- que UBS Ă  Mano, prĂšs de Lugano, les fonds sont restĂ©s intĂ©grale- ment bloquĂ©s depuis octobre 2005. Selon le TPF, une partie des sĂ©- questres litigieux n’apparaĂźt plus justifiĂ©e aprĂšs une ordonnance rendue en octobre 2011 par un magistrat du Tribunal de Milan et confirmĂ©e en mai 2012 par la Cour de cassation italienne. La cause est renvoyĂ©e au MinistĂšre public de la ConfĂ©dĂ©ration, qui devra contacter les autoritĂ©s ita- liennes pour qu’elles s’expriment Ă  ce sujet. Au total, prĂšs de 118 millions de dollars avaient Ă©tĂ© placĂ©s sous sĂ©questre en 2005, ce qui corres- pond aujourd’hui Ă  110 millions de francs. Films et sociĂ©tĂ©s offshore Un montant de prĂšs de 87 mil- lions de dollars, soit environ 80 millions de francs, restera blo- quĂ©. Un recours au Tribunal fĂ©dĂ©- ral peut encore ĂȘtre dĂ©posĂ©. Depuis 1997, le TPF et le TF ont rejetĂ© ou dĂ©clarĂ© irrecevables de multiples recours dĂ©posĂ©s contre des mesures d’entraide accordĂ©es aux autoritĂ©s judiciaires italien- nes.Le26octobredernier,leCava- liere a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  4 ans de prison, un verdict ramenĂ© Ă  1 an en vertu d’une loi d’amnistie. DerniĂšrement, l’ex-chef d’Etat italien a demandĂ© que le parquet deMilansoitdessaisiduprocĂšsen appel de l’affaire Mediaset et que le dossier soit transmis aux juges de Brescia. Il a fait une demande similaire concernant l’affaire dite du Rubygate, oĂč il rĂ©pond de prostitution de mineure et d’abus de pouvoir. Le volet principal de l’affaire Mediaset se concentre sur l’achat de droits de diffusion de films amĂ©ricains en 1994 et 1995 par le biais de sociĂ©tĂ©s offshore. Le mon- tant des transactions pourrait avoir Ă©tĂ© surĂ©valuĂ© de prĂšs de 170 millions de francs. (ArrĂȘts RR.2012.215-218 du 4 avril 2013) 14 avril