2. présidente du syndicat Jeunes médecins IDF, à l'occasion d'un point presse de
l'association de professionnels de santé, Comité développement durable santé (C2DS).
De la même manière, nous avions des sur-blouses en tissus recyclables qui ont été
remplacées par des blouses à usage unique ».
Ce choix d'un recours « au tout jetable » a été justifié par une volonté de réduire les
coûts liés à la réutilisation mais aussi et surtout les risques sanitaires. Notamment le
risque potentiel de transmission par le matériel médical de l'encéphalopathie
spongiforme subaiguë (maladie de la vache folle), peu sensible aux désinfectants ou
traitements thermiques. « Maintenant nous maîtrisons mieux les maladies, mais les
pratiques n'ont pas évolué, a regretté le Dr. Philippe Carenco, médecin hygiéniste au
CH de Hyères, administrateur du C2DS. Nous n'avons pas de contrôle sur la
production de matériel à usage unique, qui est souvent fabriqué ailleurs. Nous
pourrions reprendre la main à travers nos propres filières, par exemple de
blanchisserie ».
Pour la réutilisation des dispositifs médicaux à usage unique, un cadre - récemment
réactualisé - a été fixé au niveau européen pour les opérations de retraitement ou
« reprocessing » (nettoyage, désinfection, stérilisation, et emballage). Mais en France,
cette pratique est interdite.
Un déchet considéré comme Das ou Dastri ?
Le recours « au tout jetable » du secteur de la santé pèse d'autant plus dans la balance
qu'il se double d'une gestion plus complexe des déchets en milieu hospitalier. « Nous
rencontrons des problèmes de tri entre les déchets d'activités de soins à risques
infectieux (Dasri) et les déchets d'activités de soins (DAS) qui peuvent être recyclés, a
pointé Dr. Jane Muret, anesthésiste-réanimatrice à l'Institut Curie, présidente de la
commission développement durable de la Société Française d'Anesthésie-Réanimation
(SFAR), partenaire du C2DS. La réglementation sur les déchets de soins est bien faite
mais son application ne l'est pas et est variable d'une région à l'autre ».
La crise sanitaire a encore exacerbé cette difficulté avec une augmentation de la
consommation (35369) des protections de type blouses, masques et gants. Et en avril
dernier, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (CEPCM) a
recommandé de traiter les déchets non médicaux des parties communes des
établissements de soin comme des déchets cliniques à risques infectieux.
D'une manière générale, même le recyclage des déchets « classiques » doit contourner
des obstacles dans le secteur hospitalier. « On ne peut pas appliquer le tri 5 flux à
l'hôpital, a complété le Dr. Jane Muret. Par exemple pour le papier, souvent les
données sont confidentielles et les poubelles sécurisées coûtent chères ».
Réguler l'usage des biocides
Autre impact important du secteur hospitalier sur l'environnement : l'utilisation de
biocides pour l'entretien des locaux des établissements de santé. Outre la pollution des
La Covid 19 amplifie les limites du « tout jetable » à l'hôpital https://www.actu-environnement.com/ae/news/covid-19-amplifie...
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3. milieux aquatiques, ces derniers pourraient participer au phénomène de résistance
bactérienne aux antibiotiques. « Les désinfectants détruisent les bactéries mais dans
les effluents, ils sont dilués et présentent moins d'effet biocide. Ils sont peu dégradés et
retournent à l'environnement par les boues ou les eaux résiduaires. Les bactéries
apprennent à se défendre et acquièrent des résistances qui sont communes à celles
contre les antibiotiques », aexpliqué le Dr. Philippe Carenco, médecin hygiéniste au
CH de Hyères. Pour ce dernier, l'utilisation des biocides pourrait être réduite de moitié
en passant par des méthodes alternatives comme le nettoyage à la vapeur, l'usage de
microfibres, de laveuses à brosses rotatives, de produits biosourcés ou à base de
probiotique etc. « Les produits bio sourcés sont plus biodégradables, a-t-il souligné.
Le Canada et l'Italie sont des précurseurs dans l'utilisation des probiotiques dans ce
domaine. Les bactéries ont appris bien avant nous à faire le ménage autour d'elles : si
nous voulons éviter certains habitants, il faut remplir l'espace par d'autres
occupants ». L'utilisation de ce type de méthodes alternatives se heurtent toutefois
aujourd'hui à un manque de formation et une non prise en compte de ce critère lors du
recrutement.
Coordonner les actions de santé environnement
« L'impact des établissements de santé sur l'environnement n'est pas évalué, ils ne font
pas l'objet d'un classement dans la réglementation pour la protection de
l'environnement contrairement aux autres établissements techniques ou industriels à
fort impact », a également noté le Dr. Philippe Carenco.
Réduction des émissions de CO2 ou de gaz à effet de serre (comme le protoxyde
d'azote utilisé en anesthésie), améliorer la performance énergétique des bâtiments,
arrêt de la ventilation/climatisation/chauffage lorsque les blocs opératoires sont
inoccupés, réduction du gaspillage alimentaire et recours à des produits locaux ou bio :
un certain nombre d'autres leviers pourraient être activés ou le sont déjà …mais à
petite échelle.
« Ce n'est pas une alerte, c'est un cri de détresse, a pointé Olivier Toma porte-parole
du Comité Développement Durable Santé (C2DS). Des solutions sont déjà appliquées
mais n'ont pas d'ampleur suffisante car elles ne sont pas coordonnées ».
L'association appelle de ses vœux une formation des professionnels à ces sujets, des
moyens financiers mais également des interlocuteurs au niveau de l'État pour une
meilleure coordination des actions santé environnement.
Quel levier du Ségur de la Santé pour la rénovation énergétique des bâtiments ?
« Vous nous dites : l'hôpital n'a pas pris le virage du développement durable, a quant à
lui indiqué Olivier Véran, ministre de la Santé, lors du discours pour présenter les
conclusions du Ségur de la santé. A l'image de la société tout entière, c'est une
aspiration qui grandit à l'hôpital (…). L'une des grandes priorités, qui n'est pas la
seule mais qui nous préoccupe tous, c'est la rénovation des bâtiments, parce que les
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4. passoires énergétiques, il y en a beaucoup dans les établissements de santé et médico-
sociaux ».
La mesure 14 issue des conclusions du Ségur de la santé ambitionne ainsi
« d'accélérer la transition écologique à l'hôpital et dans les établissements médicaux-
sociaux ». Pour cela, le ministère de la santé compte évaluer les besoins en termes de
rénovation énergétique hospitalière et du secteur médico-social et mobiliser les
financements issus du plan de relance européen. Autre proposition : réduire les coûts
de gestion des déchets d'activité de soins à risques infectieux (Dasri). En s'appuyant
sur le Ségur, le ministère compte expérimenter des projets pilotes pour mettre fin au
plastique à usage unique dans la restauration collective et réduire le gâchis alimentaire
dans les hôpitaux et les établissements d'hébergement pour personnes âgées
dépendantes (Ehpad).
La portée réelle de l'ensemble de ces objectifs dépendra toutefois du budget et des
moyens accordés à ceux-ci. Le ministère compte bien introduire une règle « verte »
pour contribuer, grâce au plan de relance, au financement des travaux de rénovation
thermique des hôpitaux et des Ehpad mais sans préciser les conditions et mécanismes
de cette dernière. Interrogé sur ces points, le ministère de la Santé n'a toujours pas
répondu à notre demande. Et la question se pose de la même manière pour le 4e plan
santé environnement, pour lequel le budget n'est pas encore connu.
Article publié le 19 novembre 2020
Dorothée Laperche , journaliste
Rédactrice spécialisée
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rapidement Les déchets d'activités de soins à risques infectieux (Dasri) imposent des délais de traitement de
72 heures. Deux possibilités s'offrent aux gros producteurs de déchets comme les hôpitaux : une collecte
sélective ou un prétraitement in situ. Reportage. - 15/05/2017
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