Graphisme et mise en page pour la plaquette web d'un documentaire dédié à l'accaparement des terres en Afrique de l'Ouest — Plus d'infos sur www.orianejuster.fr/works/et-maintenant-nos-terres-documentaire-graphisme et sur www.maintenantnosterres.com
Comment les médias au Mali abordent ces différents conflits ?
Maintenant nos terres — Projet documentaire sur l'accaparement des terres en Afrique de l'Ouest
1. et maintenant,
nos terres
documentaire transmédia sur la résistance
à l’accaparement des terres en Afrique
Julien LE NET
06 12 13 28 10
julienlenet@live.fr
Benjamin POLLE
06 45 74 14 82
benjaminpolle@gmail.com
2. et maintenant,
nos terres
documentaire transmédia sur la résistance
à l’accaparement des terres en Afrique
3 résumé du projet
4 déroulé du film
5 note d’intention
6 narration envisagée
14 diffusion & communication
15 interactivité
état d’avancement du projet
16 contenus
19 partis-pris artistiques
24 aspects techniques
25 planning et financement
26 les auteurs
3. 3
Résumé du projet
et maintenant, nos terres… en quelques mots
Contexte
Le 3 octobre 2013, 300 émigrés
clandestins meurent noyés au
large de l’île de Lampedusa. En
mars 2014, ce sont 500 migrants
africains qui forcent le triple
rideau de barbelés aux abords
de Ceuta, l’enclave espagnole au
Nord du Maroc.
Chaque vague de migration suscite
au mieux l’émoi en Europe, mais
ne conduit pas à s’interroger sur
ses causes. « Ce sont en réalité
800 millions d’Africains qui veu-lent
venir en Europe. Toutes les
raisons qui pouvaient les pousser
à rester sur leur continent ont été
supprimées », estime l’économiste
Serge Latouche. L’une de ces
raisons est la dérive des modes
de production agricole industri-els,
alors que 2014 a été déclarée
année de l’agriculture familiale
par l’ONU (Organisation des
nations unies).
Sujet
Le sujet des grandes entreprises
et des investisseurs internation-aux
qui achètent massivement
des terres en Afrique est souvent
abordé, mais demeure difficile-ment
mesurable. Depuis 2000,
plus de 30 millions d’hectares
seraient concernés par ces projets
agricoles de grande ampleur.
Palmiers à huile, hévéa, canne
à sucre, ces projets industriels
que les ONG décrivent comme
“accaparement de terres” sont
tournés vers l’exportation et visent
l’Afrique au premier chef.
Nous voulons raconter une autre
histoire de l’accaparement des
terres. Celle des organisations
paysannes et la société civile qui,
en Afrique, se mobilisent, ont déjà
gagné des combats, et commen-cent
à faire reculer des projets.
Entre le Cameroun et le Sénégal,
nous irons à la rencontre de
quatre organisations qui illustrent
les différents modes de résistance
tout en portant une revendication
commune pour un autre modèle
de développement agricole en
Afrique.
Format
Et maintenant, nos terres est un
documentaire transmédia sur la
résistance des organisations pay-sannes
à l’accaparement de terres
en Afrique.
Le récit est structuré en quatre
chapitres qui présentent des fa-cettes
différentes du sujet.
Le film sera diffusé dans plusieurs
versions : un format linéaire “clas-sique”
de 52 minutes, ainsi qu’un
format numérique interactif. Ce
dernier comportera des vidéos,
sons, photos et écrits supplémen-taires
pour aller plus loin.
Et maintenant, nos terres est un documentaire transmédia sur la
résistance des organisations paysannes à l’accaparement de terres en
Afrique. Le film, qui dure 52 minutes, sera divisé en quatre chapitres
enrichis en contenus additionnels dans sa version digitale.
Depuis 2000, plus
de 30 millions
d’hectares seraient
concernés par les
achats massifs de
terres.
CI-CONTRE 5 juin 2013 à Puteaux (Hauts-de-Seine) : quatre organisations paysannes
remettent en main propre une lettre à Vincent Bolloré pour demander un meilleur partage
des terres. Photo ReAct
4. 4
Héros de la
résistance locale
CAMEROUN À Mundemba, au
sud-ouest du Cameroun, Nasako
Besingi, dirigeant d’une ONG
locale, participe activement à la
lutte des communautés contre le
projet d’Herakles Farms, filiale
d’un fonds d’investissement new-yorkais,
qui veut implanter 60 000
hectares de palmiers à huile au
coeur d’une réserve naturelle.
La coopération
africaine
CAMEROUN, CÔTE D’IVOIRE
LIBÉRIA ET SIERRA LEONE
Le ReAct (Réseaux pour l’action
collective transnationale) a
pris le parti de la coordination
transnationale pour faire pression
sur le groupe Bolloré.
Dans la lignée du community
organizing de l’activiste américain
des années 1930 Saul Alinsky, les
membres du ReAct ont travaillé
avec les syndicats de riverains des
plantations du géant français dans
quatre pays d’Afrique.
Un politicien
pro-paysannerie
SÉNÉGAL La CSS (Compagnie
Sucrière Sénégalaise), filiale du
groupe franco-suisse Mimran,
produit un million de tonnes
de cannes à sucre chaque
année, sur les bords du fleuve
Sénégal. L’entreprise a engagé
un programme d’investissement
de 100 millions d’euros pour
augmenter de 50% sa production
de sucre et compte pour cela
s’étendre sur 1 000 hectares
supplémentaires, au milieu
desquels se trouvent plusieurs
villages peuls. Aliou Diack,
politicien local, entend bien
défendre ses concitoyens.
Coordonner la résis-tance
Nord-Sud
SÉNÉGAL-FRANCE À quelques
dizaines de kilomètres de la CSS,
37 villages sénégalais de Ndaël
(Nord du Sénégal) sont situés au
beau milieu d’un investissement
de 20 000 hectares porté par
Senhuile-Senethanol, un con-sortium
sénégalo-italien arrivé
depuis moins de deux ans.
Ce dernier illustre la profession-nalisation
de la coordination entre
les différents acteurs de la société
civile, au Nord comme au Sud
pour faire pression sur les projets
d’investissement massif dans l’ag-riculture.
Hautement médiatisé au
Sénégal, ce projet est un symbole
du foncier qui s’inscrit de plus en
plus au coeur des politiques des
États d’Afrique.
Déroulé du film
Quatre chapitres principaux
1 2 3 4
À GAUCHE Nasako Besingi s’est engagé
contre l’investissement d’Herakles Farm
dans sa région natale de Mudemba (Sud
Ouest du Cameroun). Photo Grain
À DROITE Aliou Diack, politicien séné-galais,
défend la cause des paysans peuls.
Photo Cesti
conclusion
Dessiner l’avenir d’une
agriculture paysanne
innovante
Pour ces acteurs de la résistance,
il n’est pas simplement question
d’une lutte contre des projets,
mais bien d’un refus du modèle
agricole industriel qui est imposé
à leur continent. Nous ouvrirons
le récit par la découverte du centre
Songhaï de Porto-Novo, la capitale
politique du Bénin. “L’Afrique
relève La Tête”, tel est le leitmo-tiv
du centre Songhaï qui s’est
fixé comme objectif de réduire le
chômage et le sous-emploi des
jeunes en les formant à l’agricul-ture
biologique, à la transforma-tion
agroalimentaire et à la gestion
des ressources naturelles.
5. 5
note d’intention
L’Afrique est traversée par une
contradiction, entre les cen-taines
de milliers de personnes
qui continuent d’avoir faim et
l’Eldorado des fonds d’investisse-ment
qui achètent le sol, entre
les indicateurs économiques
au vert et l’impossibilité pour
des sociétés encore largement
rurales de vivre de leur travail.
Sénégal, Cameroun, Mali, Côte
d’Ivoire, Libéria, Sierra Leone…
Nombreux sont les pays d’Afrique
où des formes de résistance et de
manifestation s’organisent et se
développent.
Ce documentaire s’articule autour
des notions de prise de conscience
et de combat : nous voulons don-ner
à voir quelques figures de ces
sociétés civiles et paysannes qui
s’éveillent. Nous voulons com-prendre
comment s’organise leur
résistance, dans quel contexte,
avec quels outils et pour quels
idéaux.
Notre tournage se déroulera entre
les 21 juillet et 1er septembre 2014,
entre le Cameroun, le Bénin et le
Sénégal.
À notre retour, nous avons pour
ambition de donner à ce film la
plus large de diffusion :
› un déroulé linéaire pour des
télévisions francophones et
anglophones
› un documentaire transmédia
interactif pour des médias
pureplayers francophones et
anglophones
6. 6
Personnages
Nasako Besingi,
résistant de la terre
Mundemba, au sud-ouest du
Cameroun, à quelques kilomètres
de la forêt primaire millénaire du
parc national Korup, l’un des plus
grands et diversifiés d’Afrique.
C’est ici qu’en 2011 Herakles
Farms a créé une filiale, la SGSOC
(Sithe Global Sustainable Oils
Cameroon), avec pour objectif
d’implanter 60 000 hectares de
palmiers à huile.
Nasako Besingi est un “gars du
coin”. Il est le fondateur d’une
ONG de défense de l’environne-ment
et des droits de l’Homme.
Depuis janvier 2014, il est
poursuivi en justice pour avoir
ouvertement protesté contre
les conditions de réalisation de
l’investissement, dont il a pris
connaissance dès 2009, alors que
l’accord était encore en négo-ciation
officieuse avec l’État du
Cameroun.
Il lui est reproché d’avoir organisé
en novembre 2012 une distribu-tion
de t-shirts pour mobiliser
les villageois à l’occasion d’une
cérémonie politique locale. Les
t-shirts sont saisis par la police
dans son bureau, Nasako Besingi
est arrêté, avec quatre autres vil-lageois,
avant même d’arriver sur
le lieu de la cérémonie. Herakles
et les autorités lui intentent deux
procès.
Emmanuel Elong,
Aliou Diack, Ardo Sow
et les femmes de
l’agriculture africaine
Nasako Besingi est l’un de ces
héros de la paysannerie ouest-afr-icaine
avec lesquels nous sommes
en contact et dont nous vou-lons
raconter l’histoire, entre le
Cameroun et le Sénégal.
À Nasako Besingi répondent
Emmanuel Elong, Aliou Diack et
Ardo Sow.
narration envisagée
Les femmes, le coeur de
l’agriculture africaine
Aborder la question de l’agricul-ture
en Afrique sans traiter la
place des femmes qui comptent
pour 75% des producteurs sur le
continent serait une absurdité.
Tout au long du tournage, nous
mettrons en avant le rôle des
femmes dans la défense des
droits paysans. Comme celui de
Mariam Sow (à droite), respons-able
de l’ONG Endat Pronat, que
nous avons rencontrée à l’occa-sion
de sa venue à Paris et à qui
nous donnerons la parole.
7. 7
Emmanuel Elong
Paysan et membre actif du
Synaparcam (Syndicat des pay-sans
riverains de la Socapalm au
Cameroun), Emmanuel Elong
lutte contre les projets d’extension
de la Socapalm, la plus grande
entreprise camerounaise de pro-duction
d’huile de palme, tombée
dans l’escarcelle du groupe Bolloré
en 2000.
Aliou Diack
Autre pays, autre contexte, autre
ethnie, autre langue, mais config-urations
pourtant très analogues.
Aliou Dack est l’ancien président
de la communauté rurale de
Mbane, et défenseur des dizaines
de villageois peuls installés au
milieu des terres sur lesquelles
est implantée la CSS (Compagnie
sucrière sénégalaise) au Nord du
Sénégal depuis quatre décennies.
Ardo Sow
À quelques dizaines de kilomètres
de là, sur une autre des rives
fertiles et très convoitées du
Lac de Guiers, Ardo Sow est le
porte-parole du groupement des
37 villages sénégalais, installés au
beau milieu d’un investissement
de 20 000 hectares porté par
Senhuile-Senethanol.
Contexte
« Accaparement de terres » quèsaco ?
Ardo, Aliou, Emmanuel et Nasako incarnent l’opposition à la ruée sur les
terres, celle-là même que nous voulons donner à voir en images et dont
nous voulons décrire les outils. Une ruée sur les terres dont les grandes
entreprises et certains États sont les premiers acteurs. Ils achètent ou
louent à très long terme (50 ou 99 ans reconductibles) des quantités
massives de terres (à partir de 1 000 hectares) dans les pays en dévelop-pement,
pour y établir des projets agricoles de grande échelle.
Les objectifs des uns et des autres diffèrent.
Pour les entreprises concessionnaires, il s’agit de revendre des matières
premières alimentaires cotées au prix fort sur les marchés internation-aux
et exploitées sur des terres louées pour des sommes modiques.
Les États en manque de terres arables disponibles (Arabie Saoudite,
Chine, Inde, États-Unis, Malaisie, pays européens), veulent garantir leur
suffisance alimentaire et énergétique. L’utilisation pour les transports
d’agrocarburants dérivés de produits agricoles, encouragée dans les pays
de l’OCDE pour diminuer leur dépendance aux énergies fossiles (pétrole,
gaz et charbon), jouent un rôle grandissant dans cette pression sur le sol.
Estimations de l’ampleur du phénomène :
45 fois la superficie de la France concédés en 10 ans
Les estimations de l’ampleur du phénomène varient : 36 millions d’hect-ares
via 942 concessions depuis 2000 pour le Land Matrix, 30 millions
d’hectares d’après la Banque mondiale entre 2000 et 2013, et 15 à
20 millions entre 2006 et 2009 selon l’Ifpri (International Food Policy
Research Institute). Quelle que soit l’estimation retenue, la majorité des
investissements se produit en Afrique subsaharienne.
L’Afrique, un “Géant agricole endormi”
particulièrement visé par les accaparements de terres
L’Afrique est le continent par excellence de ces nouveaux investisse-ments
fonciers. Elle est décrite comme disposant d’importantes réserves
foncières peu ou pas valorisées. La Banque mondiale la qualifie ainsi de
8. “Géant endormi”, n’attendant que les investisseurs pour s’éveiller à la 8
croissance agricole. Elle estime à 1 000 milliards de dollars en 2030 le
potentiel agricole du sous-continent.
Sur le papier, les investisseurs, que s’arrachent les États en mal de dével-oppement,
font entrer des capitaux et des devises dans les pays hôtes,
et garantissent des emplois. Dans les faits, si les IDE (Investissements
directs à l’étranger) en Afrique Subsaharienne ont bondi de 5 à 30 mil-liards
de dollars entre 2000 et 2007, une moyenne de 0,005 emploi à
l’hectare est accessible aux populations locales sur les terres ainsi cédées.
Leurs occupants, fermiers et ruraux, établis traditionnellement sur un
continent où seuls 5% des superficies font l’objet d’un cadastre formel,
sont souvent expulsés.
Pourquoi “Et Maintenant nos terres” ?
Ces « accaparements de terres » ressemblent à s’y méprendre à la
compétition coloniale de la fin du XIXe siècle et font craindre à Jacques
Diouf, directeur du FAO (Food and agriculture organisation), « une
forme de néocolonialisme ». Pitso Montwedi, alors ambassadeur
d’Afrique du Sud en charge des droits de l’homme, note lors de la XVIe
session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU en mars 2011 :
« D’abord ils ont pris les hommes, maintenant ils prennent nos terres ».
ET MAINTENANT NOS TERRES.
Les chiffres sont accablants : 90% de la production agricole en Afrique
est de petite échelle, contre 70% dans le reste du monde. Alors que la
population mondiale est à plus de 50% urbaine, 62% de l’Afrique est
rurale. La faim y concerne encore un quart de la population. La pro-duction
agricole y a reculé de 12% en moyenne par habitant depuis
1962, alors qu’elle a crû de 35% mondialement. Pourtant, les solutions
de développement par l’agriculture en Afrique sont là, nombreuses et
variées. C’est celles-là même que Nasako, Aliou, Ardo et Emmanuel
appellent de leurs voeux. Après avoir montré la lutte actuelle, ce sera
la deuxième ambition de ce documentaire transmédia : imaginer une
Afrique de 2050 où l’accès aux crédits est simplifié, où les possibilités de
distribution des productions locales pullulent, où la diversité des espèces
cultivées est protégée et promue. ET MAINTENANT NOS TERRES.
Les quatre principaux chapitres
chapitre 1
S’opposer “en chemise et en sandales”
« Moi, et bien d’autres, nous sommes résolus à nous opposer pacifique-ment
à Herakles. Comprenez bien que je n’ai aucun problème particulier
avec Herakles ou toute autre entreprise qui veut faire des affaires au
Cameroun. Cependant, nous continuerons à nous opposer à ce qui ne
peut être considéré autrement que comme une spoliation de terre »,
écrit Nasako Besingi, fondateur et directeur de l’ONG SEFE (Struggle to
Economize the Future Environment).
Depuis qu’Herakles est arrivée, « la compagnie veut raser la forêt pri-maire
et y installer ses hectares de palmiers à huile à la place », dit-il
dans une tribune au Huffington Post en février 2013. Selon différentes
estimations, environ 14 000 personnes dans 89 villages sont installées
au milieu de la forêt vierge, menacées d’expulsion.
Pour lui et tous les autres villageois qu’il a entrepris de sensibiliser,
l’arrivée d’Herakles est synonyme de promesses très précaires d’em-bauches,
mais surtout de pertes de leurs terres, leur principale source de
revenus. « Je souhaite le développement pour mon pays et mon peuple.
J’ai déjà fait beaucoup de sacrifices dans ce sens et je ne renoncerai pas
tant que le projet Herakles ne sera pas arrêté. Si pour que nos voix soient
entendues, cela veut dire venir à Washington, au beau milieu de l’hiver,
CI-CONTRE Nasako Besingi en train de
manifester contre les impacts de la firme
américaine Herakles Farm
Photo : IPS News
9. en t-shirt et en sandales, qu’il en aille ainsi », poursuit-il, à l’occasion 9
d’un déplacement dans la capitale des États-Unis, invité pour expliquer
la situation à Mundemba.
Herakles, un des fauves de la finance internationale à
l’assaut des terres africaines, est obligé de revoir son
projet camerounais à la baisse
Filiale de la banque d’investissement The Blackstone Group, Herakles
Farm est un symbole. L’entreprise incarne le profil de ces nouveaux
investisseurs, attirés par les perspectives de rendement des projets
agricoles, qui arrivent en Afrique en force. En 2010, Herakles débute le
développement de son exploitation d’huile de palme avant même d’avoir
l’ensemble des autorisations officielles.
Les efforts de Nasako n’ont pas été vains. Ce n’est qu’en novembre 2013
qu’Herakles obtient finalement une concession par décret présidentiel.
La superficie concédée passe de 73 086 à 19 843 hectares ; la durée du
bail naguère de 99 ans est ramenée à 3 ans ; le coût du loyer est relevé à
3 333 FCFA (5 euros) par hectare et par an, contre 500 FCFA par hectare
et par an initialement envisagés.
Des avancées significatives vers “les conditions acceptables pour les
Camerounais et leur environnement naturel”, qui n’ont pas fait que
des amis à Nasako Besingi. Le 31 décembre 2013, il est convoqué, à la
demande d’Herakles Farms, pour « publication d’informations fausses
via internet ». En procès depuis le 28 janvier 2014, c’est l’énième des
menaces, des arrestations et des attaques violentes dont lui et d’autres
sont les victimes. Il risque 6 mois de prison et des dommages et intérêts
de 4 000 de dollars américains.
Transition
Face à des décisions nationales qui donnent la priorité aux inves-tisseurs
étrangers, la résistance n’est pas que locale. Des formes de
coopération africaines émergent. Ainsi, du travail mis en oeuvre par
l’association ReAct (Réseaux pour l’action collective transnationale).
Leur méthode, inaugurée en 2010, a fait ses preuves.
CI-DESSOUS Vincent Bolloré, interpellé
le 5 juin 2013 devant le siège du groupe
dans les Hauts-de-Seine Photo : ReAct
chapitre 2
Des villageois ouest-africains poussent le géant
français Bolloré à une négociation directe
Bel aboutissement qui pourrait en appeler d’autres : le 5 juin 2013,
plusieurs organisations paysannes et civiles ouest-africaines manifestent
chacune dans leur pays pour faire entendre leur ras-le-bol vis-à-vis des
conditions d’investissement de la Socfin, un groupe belge et luxembour-geois
spécialisé dans la culture de palmiers à huile et d’hévéa. La holding
contrôle 150 000 hectares d’hévéa et de palmiers à huile en Afrique de
l’Ouest et en Asie. Le groupe familial de Vincent Bolloré en est un des
actionnaires principaux. Un an plus tard, les discussions ont abouti à
l’organisation d’une première rencontre entre le groupe français et les
syndicats paysans à la fin du mois de juin 2014 à Paris. Nous tournerons
intensivement à ce moment et suivrons le mini sommet au plus près.
La manifestation internationale n’est pas l’oeuvre du hasard. C’est le plus
gros coup du ReAct. Créée voilà deux ans, l’association abrite un groupe
de Grenoblois engagés, qui s’est donné pour mission d’accompagner
les luttes des travailleurs et des riverains des firmes multinationales
françaises. Leur seul outil est l’action directe non violente, sur le modèle
des méthodes de Saul Alinsky.
C’est au Cameroun, en Côte d’Ivoire, en Sierra Leone et au Libéria que le
ReAct a coordonné pendant plusieurs mois et par un travail de fourmis
quatre organisations de “riverains”. Quand ces derniers manifestent le
5 juin 2013, le même jour, leurs représentants à Paris, spontanément
regroupés dans le Repar (Relai parisien des riverains des plantations),
10. remettent un courrier à Vincent Bolloré, le PDG du groupe éponyme, 10
devant le siège à Puteaux dans les Hauts-de-Seine.
Un début de négociation inédite entre un groupe
international et des agriculteurs africains
Dans ce courrier, le Comité des Riverains de la SOGB (Société des
caoutchoucs de Grand-Béréby) en Côte d’Ivoire, de la Synaparcam au
Cameroun, de la Maloa en Sierra Leone et du Concern Citizen Union au
Libéria demandent le respect d’un espace vital de 250 hectares de terres
cultivables autour des villages riverains pour les paysans locaux. Elles
rappellent que les baux de longue durée concédés par les États aux inves-tisseurs
étaient assortis de services sociaux, qui souvent n’ont jamais
vu le jour. Le courrier appelle à ce que les engagements pris à ce sujet
soient tenus. Enfin, les signataires demandent la tenue d’une rencontre
internationale en Afrique, en présence des groupements de riverains et
des représentants de Bolloré.
Interpellé par des représentants du Repar venus lui remettre la lettre,
Vincent Bolloré prend quelques minutes pour les entendre devant l’en-trée
du siège et s’étonne : “Mais qu’est-ce que j’ai fait de mal ?”
Il décide cependant de jouer le jeu. Après une nouvelle rencontre tenue
le 27 novembre 2013 à Vaucresson (Hauts-de-Seine) réunissant plu-sieurs
représentants du Repar, de la Socfin (Pierre Bois d’Enghien) et du
groupe Bolloré (Cédric Bolloré, directeur des activités industrie et Marie-
Annick Darmaillac, secrétaire générale adjointe du groupe), ces derniers
s’accordent sur le principe d’une rencontre entre des représentants de la
Socfin et les riverains des plantations.
Transition
Bolloré n’est en rien comparable à Herakles. Le Groupe Bolloré
fait partie des entreprises étrangères historiquement présentes en
Afrique. Elles ont profité des vagues de privatisations initiées à la fin
des années 1990 et sont devenues des acteurs économiques impor-tants,
pourvoyeurs d’emplois et de devises.
chapitre 3
40 ans d’agriculture intensive
contre 200 ans d’agriculture traditionnelle
« La question des achats massifs de terre en Afrique subsaharienne n’est
pas neuve. Les investisseurs historiques ont installé des monocultures
agricoles sur de larges superficies de terre au moment de la Guerre
Froide, à la différence des investissements plus récents portés par le
développement des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du
Sud). Le cas de Jean-Claude Mimran au Nord du Sénégal est typique de
cette première typologie. La première interrogation porte alors sur le
bénéfice réel que retire le pays de la présence de l’entreprise, et ce qu’elle
lui apporte sur le long terme », analyse Antoine Glaser, journaliste spé-cialiste
des questions africaines, à l’occasion d’un entretien qu’il nous a
accordé.
Difficile question qui taraude les villageois de Pathé Badio, d’Ala Indé,
Silama, Dioukaly, Mambaye. La CSS (Compagnie sucrière sénégalaise)
voisine se présente à la fois comme le premier employeur privé du pays,
avec 6 000 salariés, mais n’a eu de cesse depuis son arrivée à Richard-
Toll dans le Nord du Sénégal dans les années 1970 de réduire les espaces
d’agriculture vivrière et de pâturage. « Des emplois, d’accord, mais à quel
prix ? Et pour quel développement ? », s’interrogaient nombre des locaux,
rencontrés par Benjamin Polle à l’occasion d’un premier reportage écrit
sur place à l’été 2012.
11. 11
Aujourd’hui, l’entreprise occupe 10 000 hectares à quelques encablures
de la frontière mauritanienne sur les bords du fleuve Sénégal et du Lac
de Guiers, et entend les agrandir encore pour porter sa capacité annu-elle
de production de sucre de 100 000 à 150 000 tonnes par an. Pour y
parvenir, l’entreprise s’apprête à étendre son exploitation de 1 000 hect-ares
supplémentaires, au milieu desquels se trouvent les villages peuls,
parfois implantés depuis deux siècles.
Aliou Diack, politicien local
et défenseur infatigable de la cause paysanne
Un rapport de force “inacceptable” pour Aliou Diack, l’ancien prési-dent
de la communauté rurale de Mbane qui regroupe l’ensemble des
villageois. Il s’est manifesté par des prises de parole et une grève de la
faim. « Ces peuls ont le droit de vivre de leur culture sur leurs terres. Des
agronomes ont sérieusement travaillé la question et estiment que chaque
famille africaine devrait pouvoir bénéficier de 3 hectares de terre pour en
vivre décemment. Ils ne peuvent pas se nourrir exclusivement de cannes
à sucre », dit-il.
Transition
Depuis 2008, l’accaparement des terres est devenu le cheval de
bataille de nombres d’ONG internationales qui soutiennent active-ment
les résistances paysannes locales. Ainsi sur la rive opposée du
Lac de Guiers.
Chapitre 4
40 000 Européens opposés
à l’expulsion de 37 villages sénégalais
Une pleine page dans le journal Libération, et de multiples relais dans
des médias italiens : la venue en février 2014 de quatre représentants de
37 villages de Ndiaël, au Nord du Sénégal, aura eu un petit écho, quatre
ans après le début du conflit au Nord de la Teranga entre les villageois et
un groupe sénégalo-italien.
CI-DESSUS L’usine de la Compagnie Sucrière Sénégalaise à Richard-Toll au milieu de
10 000 ha de canne à sucre Photo : NDARinfo & CSS
12. 12
Senethanol, société anonyme inscrite à Dakar le 14 juillet 2010, est à
l’origine d’un projet d’investissement foncier dans la région. Dans un
premier temps, la société signe un bail avec la communauté rurale de
Fanaye pour la production de patates douces, d’éthanol et de graisses
animales sur une superficie de 20 000 hectares.
Divisés sur le bien-fondé de ces exploitations pour le développement
économique régional, les villageois pros et antis s’affrontent le 26 octo-bre
2011. Bilan de l’altercation avec la police : deux morts et plusieurs
blessés graves.
L’ancien président Abdoulaye Wade arrête le projet et le relocalise finale-ment
30 kilomètres plus loin, dans la réserve naturelle de Ndiaël, où 20
000 hectares de terres forestières sont reclassés en terres agricoles. Cette
concession est gérée par une nouvelle société enregistrée à Dakar le 26
juillet 2011, à la même adresse que Senethanol. Elle s’appelle Senhuile,
à 51% la propriété de Senethanol et à 49% de Tampieri Financial Group,
groupe familial italien mis sur pied en 1965. Élu en mars 2012, Macky
Sall appelle à des concertations avec les populations locales quelques
mois après sa prise de fonction mais ne remet pas en cause le projet.
« La résistance locale et le plaidoyer au Nord doivent strictement aller
de pair », estime Katia Roux, chargée de la souveraineté alimentaire à
l’ONG Peuples Solidaires, dans un entretien qu’elle nous a accordé.
Avec Renée Vellvé de l’ONG GRAIN, elle est à l’origine de l’invitation
lancée à Ardo Sow, porte-parole du groupement des 37 villages, Fatou
Ngom, coordinatrice d’ActionAid au Sénégal, El Hadji Thierno Cisse,
membre du CNCR (Conseil national de concertation et de coopération
des ruraux) et Mariam Sow, d’ENDA Pronat, fin février 2014.
Leur déplacement, à Paris et à Rome en l’espace d’une semaine, servait
à donner le coup d’envoi aux “Appels urgents” imaginés par Peuples
Solidaires, depuis la création de l’ONG en 1983. Il s’agit de cam-pagnes
de lettres et d’emails destinés à faire pression sur les décideurs
économiques et politiques, après avoir été sollicités par des associations,
des syndicats ou tout groupe organisé localement. « Un appel citoyen à
mobilisation et un relais international qui peut changer la situation sur
place. Un dialogue politique ou une négociation économique peuvent
en découler », dit Katia Roux. En avril, l’Appel Urgent en faveur de la
continuation de l’agriculture paysanne à Ndiaël avait rassemblé quelque
40 000 signatures entre la France et l’Italie.
“Une manière de remotiver les paysans sur place”
Les villageois, situés au milieu des nouvelles exploitations et regroupés
en association, critiquent vertement les impacts du projet sur leurs con-ditions
de vie. « 9 000 personnes sont menacées d’exode, 100 000 têtes
d’animaux sont en danger, des écoles, mosquées et cimetières risquent
de ne plus exister, des milliers d’arbres et flores sont menacés de dispari-tion,
des millions de litres d’eau douce sont gaspillés », estime Ardo Sow,
le porte-parole des populations.
Pour eux, “l’Appel Urgent” constitue un coup de collier salvateur. « C’est
une manière de remotiver les paysans sur place. C’est une sorte de sec-ond
souffle pour la mobilisation », se réjouit Ardo Sow. Pour lui, « Il ne
faut pas le laisser passer, sinon beaucoup d’autres suivront ».
Transition
Pour ces acteurs de la mobilisation locale, il est bien entendu
question d’un combat contre un investisseur – le refus du projet
Senhuile-Senethanol est total – mais également de promouvoir une
autre forme d’agriculture : familiale, fondée sur les savoirs paysans,
respectueuse de l’environnement et économiquement plus intelli-gente.
« On affecte 200 kilomètres carrés à une firme qui produit
des biocarburants pour l’Europe au moment où le gouvernement
décaisse des milliards afin d’importer pour nourrir le pays », résume
Ardo Sow.
13. Conclusion / Ouverture 13
L’après “Révolutions vertes”
« Les réponses du système alimentaire du XXe siècle ne sont pas celle du
XXIe siècle. Le système alimentaire mondial doit désormais se donner
d’autres objectifs que la quantité. Nombreux sont ceux qui caricaturent
l’agroécologie comme un retour en arrière et une forme de nostalgie pour
l’agriculture de nos grands-parents, alors que c’est une forme d’agricul-ture
fondée sur un système riche en savoir-faire transmis d’un agricul-teur
à l’autre. Elle repose sur une connaissance fine des liens entre les
plantes, les arbres et les animaux, et réplique à l’échelle d’un champ les
interactions des écosystèmes naturels. Et pour les agriculteurs du Sud,
qui ne peuvent ni hypothéquer leurs terres ni acheter à prix d’or des
intrants, c’est sûrement là une voie de développement bien plus dura-ble,
» estime Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations Unies
sur le droit à l’alimentation depuis mai 2008, qui finit son 2e mandat à
ce poste en 2014.
Les solutions alternatives pullulent…
Notamment celles fondées sur l’agroécologie
Que ce soit par les trésors d’inventivité qui sont déployés pour améliorer
la production. Comme au Malawi où 120 000 agriculteurs pratiquent
les implantations d’arbres à même de capter le nitrogène dans le sol,
ce qui multiplie ensuite les rendements de blé par quatre sans aucun
ajout d’engrais. Ou que ce soit par la distribution. L’association Wouol
– “entraide” et “solidarité” – au Burkina Faso rassemble une soixantaine
de groupements agricoles, et 2 500 membres individuels. Elle parvient à
rassembler chaque année 60 tonnes de mangues fraîches et séchées, 100
tonnes de noix de cajou, bissap (boisson préparée à partir d’une variété
d’hibiscus), gingembre, piments ou ananas, dont une partie est exportée
en Allemagne.
Nasako, Emmanuel, Ardo et Aliou, chacun à sa façon, sont à nos yeux
porteurs d’un message d’avenir pour un développement africain intégré
par l’agriculture, dont nous voulons apporter l’illustration en conclusion
de ce travail.
Les Centres Songhaï au Bénin font des émules
dans le reste de l’Afrique de l’Ouest
Cette illustration nous irons la chercher au Bénin, en conclusion du film.
Le Centre Songhaï de Porto-Novo, la capitale politique du Bénin, vise à
réduire le chômage et le sous-emploi des jeunes en les formant à l’agri-culture
biologique, la transformation agroalimentaire et à la gestion des
ressources naturelles. L’accès aux terres, semences, et outils est égale-ment
facilité pour permettre aux jeunes de se prendre en charge dans
leur communauté et éviter l’exode rural.
Créé en octobre 1985 par le prêtre dominicain, docteur en électronique,
en microbiologie et en sciences de développement, Godfrey Nzamujo,
le centre de Porto-Novo accueille 300 jeunes par an. Ils y passent 18
mois, partagés entre les salles de cours et les champs. En plus de 20 ans,
5 000 fermiers y ont été formés. Une réussite qui a valu au centre les
honneurs du secrétaire général des Nations Unis Ban Ki-moon, ainsi que
de nombreux autres chefs d’États africains. Pourquoi autant d’intérêt ?
Cette formation fixe les paysans dans les campagnes et offre un modèle
de développement rural, aux antipodes des bidonvilles urbains et à
l’immigration massive. Le modèle fait tâche d’huile et s’exporte dans une
quinzaine de pays d’Afrique de l’Ouest.
14. 14
support de diffusion et de communication
Nous avons lancé le projet début 2014, en mettant en ligne le site
Internet du projet, la Page Facebook et le fil Twitter. Peu de
temps après, nous avons mis en ligne le blog, que nous alimentons
régulièrement depuis.
Un chantier en
construction
Depuis plusieurs mois, nous avons
mis sur pied une page de présen-tation
du projet, un blog, une page
Facebook et un fil Twitter.
Ce sont les premières pierres
du projet interactif que nous
construisons.
La base de données d’interviews et
d’articles que nous avons com-mencé
à constituer viendra, pour
certains éléments, alimenter des
capsules du documentaire.
Celui-ci, une fois monté et dével-oppé,
sera intégré sur la page de
notre site,
www.maintenantnosterres.com
15. interactivité prévue pour la diffusion web 15
Le film, squelette du
documentaire
Structuration en grands
chapitres
Mix d’images du terrain,
d’entretien avec des experts,
d’infographies pédagogiques et
d’images d’archive
Format 52 minutes
Les capsules de contenu
enrichi
Contenus supplémentaires
venant compléter l’information
du film : portraits d’acteurs
de la résistance, entretiens
complets avec les experts,
zooms thématiques sur
l’accaparement (pays, cas,
mouvements historiques, etc.)
Le retour au film est facile et les
capsules ont une page dédiée.
Format vidéos, sons,
photos, infographies,
textes…
Les parcours
En fonction de son profil, l’utili-sateur
aura différents parcours :
Le “pressé”
› un chapitre
Visite 9 minutes
Le “spectateur”
› tous les chapitres
Visite 52 minutes
Le “curieux”
› tous les chapitres
+ quelques capsules
Visite 60 min en 2 visites
Le “militant”
› tous les chapitres
+ toutes les capsules
Visite 90 min en 3 visites
16. 16
État d’avancement du projet / contenus
Juin 2014 — deux mois avant le tournage
Séquence d’introduction
L’enjeu est de rendre facilement intelligible un phénomène dont la
majorité ignore tout. Pour cela, nous souhaitons nous appuyer sur
deux outils.
Animation
Une vidéo d’animation de une à deux minutes, sur une musique type
Staff Benda Bilili et une voix off, viendra expliciter les enjeux de l’acca-parement
des terres est prévue. Le synospsis ainsi que le contenu de la
voix-off seront validés début juin. La réalisation de l’animation est prise
en charge par Oriane Juster, graphiste freelance en charge des aspects
artistiques du projet depuis ses origines, et est prévue pour début juillet.
Extraits d’entretien
Plusieurs experts en expliqueront les enjeux :
- Mathieu Boche, chercheur au CIRAD (Centre de coopération
International en recherche agronomique pour le développement)
- Jacques Berthelot, agroéconomiste
- Mamadou Cissokho, président du Roppa (Réseau des organisations
paysannes et de producteurs de l’Afrique de l’Ouest)
Chapitre 1
Raphaël Meigno, membre actif de la Coalition nationale contre les acca-parements
de terres au Cameroun, sera l’un de nos contacts référents
une fois arrivés à Yaoundé le 22 juillet. Il s’est engagé à nous conduire
dans les villages concernés par le cas Herakles. Nous passerons du temps
avec Nasako Besingi, qui nous racontera son histoire et le développe-ment
agricole qu’il imagine pour sa région natale. Nous assisterons à son
procès.
Une fois notre terrain achevé, nous interviewerons des responsables
de la SGSOC, du ministère de l’agriculture et du développement rural
camerounais, et des représentants d’Herakles, au Cameroun et dans la
maison-mère aux États-Unis.
Chapitre 2
Nous resterons auprès d’Emmanuel Elong, qui fera le récit de l’impact de
la Socapalm sur les modes de vie locaux et qui nous a donné son accord
pour participer à notre film.
17. 17
Nous nous appuierons également sur l’expertise de Samuel Nguiffo,
directeur du CED (Centre pour l’environnement et le développement),
qui suit la résistance depuis le début. Notre présence sur le terrain nous
permettra de vérifier la réalité des engagements pris par le Groupe
Bolloré dans le cadre du “plan d’actions” mis sur pied au Cameroun
après que deux associations camerounaises et l’association Sherpa
formée de juristes et d’avocats ont déposé plainte en 2010 pour violation
des « principes directeurs » (non contraignants) édictés par l’OCDE à
l’intention des entreprises multinationales.
Il nous racontera de quelle manière la coordination des mobilisations
s’organise via le ReAct et nous espérons pouvoir assister à une réunion
organisée par le groupe Bolloré en France ou au Cameroun. De son
côté, Éloïse Maulet, représentante du ReAct avec laquelle nous sommes
en contact depuis octobre 2013, nous expliquera les principes de
fonctionnement du ReAct et ses objectifs.
Enfin, nous interviewerons des responsables de la holding Socfin et
du groupe Bolloré pour saisir leurs motivations à s’engager dans une
démarche de dialogue avec des représentants locaux, et mettre en images
leur vision du développement agricole en Afrique.
Au Cameroun, après nos terrains et à notre retour à Yaoundé, nous
prendrons l’attache de Yannick Vernet, nommé directeur général de
la Socapalm (Société camerounaise des palmeraies) et de la Safacam
(Société africaine forestière et agricole du Cameroun), en juin 2013.
Chapitre 3
Aliou Diack, avec lequel nous sommes en contact, s’est dit vivement
intéressé par le principe du film et souhaite y apporter son soutien. Il
nous facilitera l’accès aux villages aux alentours de la CSS, dans lesquels
nous irons passer plusieurs jours, pour saisir l’état d’esprit, les attentes
et les initiatives.
Aliou Diack nous présentera sa compréhension de la situation et ce
qui, selon lui, constituerait un rapport de force plus équitable entre la
société et les populations environnantes. Nous interviewerons plusieurs
représentants locaux de la CSS et Antoine Glaser, journaliste spécialiste
de l’Afrique que nous avons déjà rencontré, apportera un éclairage plus
historique sur les investissements agricoles en Afrique.
Chapitre 4
Lors de leur venue en France, nous avons rencontré Ardo Sow, Fatou
Ngom, El Hadji Thierno Cisse, et Mariam. Nous rencontrerons
à nouveau chacun d’eux au Sénégal. Ardo Sow a accepté de nous
accompagner dans les villages de Ndiaël. Nous y interrogerons les
communautés sur l’impact de la mobilisation internationale quelques
mois après son lancement.
Katia Roux, que nous avons déjà rencontrée à plusieurs reprises,
nous a expliqué le principe des “Appels Urgents”. Nous confronterons
son analyse et ses ambitions à la réalité du terrain. À notre retour,
nous contacterons les responsables de Tampieri Financial Group
pour recueillir leur position par rapport au projet et à la mobilisation
internationale.
Ouverture
Pour la conclusion béninoise du film, nous nous appuierons sur les
points de vue d’experts aux positions différentes, avec qui nous sommes
en contact ou que nous avons déjà rencontrés :
- Olivier de Schutter, rapporteur spécial pour le droit à
l’alimentation à l’ONU
- Pierre Rabhi - agriculteur écrivain
- Lionel Zinzou - banquier d’affaires
Enfin, Godfrey Nzamujo, fondateur du projet Songhaï, nous présentera
son modèle d’agriculture lors de notre séjour à Porto-Novo.
contenus
18. 18
premières images des contenus
À GAUCHE Novembre 2013 : cinq mois
après avoir remis une lettre de protesta-tion
au groupe Bolloré, les représentants
parisiens des “riverains” (groupement de
syndicats paysans en Afrique de l’Ouest)
sont reçus au siège social du groupe à
Puteaux (Hauts-de-Seine).
Durée 25 min.
À GAUCHE David Ngangang, l’un des
représentants parisiens des “riverains”,
nous reçoit chez lui à Mantes-la-Jolie en
décembre 2013.
Durée 25 min.
À DROITE Katia Roux explique le
principe des “Appels Urgents”, méthode
développée par l’ONG Peuples Solidaires
à notre caméra le 18 mars 2014 dans ses
bureaux à Montreuil (Seine-Saint-Denis).
Durée 10 min
Quelques captures d’écran de
nos premiers rushes.
À DROITE En février 2014, quatre
représentants des paysans de Ndiaël,
au Nord du Sénégal, lancent un “Appel
Urgent” en faveur de 37 villages menacés
d’expulsion.
Portfolio d’env. 20 photos
19. 19
partis-pris artistiques
Quelques partis pris donneront une
réelle identité à notre travail, avec
l’objectif de susciter l’intérêt et
d’impliquer le spectateur dans le récit.
Macroscopique /
microscopique
Notre sujet joue avec des échelles
très variées. Aux grandes déci-sions
internationales de dével-oppement
agricole répondent les
problématiques ultra-locales des
communautés.
Les projets industriels qui s’étal-ent
sur des milliers d’hectares
côtoient les petites exploitations
familiales de quelques ares. Ce
jeu d’échelles se retrouvera dans
nos images. Nous alternerons des
plans serrés sur les hommes, les
acteurs que nous rencontrerons,
et des plans larges et longs sur
les terres, encore sauvages ou
cultivées.
20. partis-pris artistiques 20
Musique et ambiance
sonore
Nous souhaitons utiliser la
musique comme un élément fort
du récit. En plus des ambiances
sonores et musicales que nous
capterons sur place, nous utili-serons
des musiques d’artistes
africains avec qui nous sommes en
relation. Engagés par leur travail
artistique et sensibles à notre
approche, certains d’entre eux
sont prêts à nous laisser utiliser
certains de leurs titres.
21. 21
partis-pris artistiques
Routes : liens et ruptures
Sur le terrain, les trajets ryth-meront
notre itinéraire. Les
routes, capricieuses, feront le
lien entre les cas et délimiter-ont
les chapitres du récit. Les
temps de transports nous servi-ront
également à recueillir plus
d’informations de la part de nos
interlocuteurs, qui seront souvent
nos guides sur le terrain.
22. 22
Terres et nature
d’Afrique
La nature aura également une
place prépondérante dans notre
travail. Les différences entre les
modèles agricoles sont visuelle-ment
fortes. Elles se voient par
leurs impacts sur les milieux
naturels. Alors que dans les pro-jets
industriels la nature disparaît
au profit d’espaces symétriques et
de plants ordonnés, les parcelles
paysannes s’inscrivent dans une
nature monumentale, à peine
domptée. Nous jouerons avec l’al-ternance
des images pour rythmer
et contextualiser notre récit.
partis-pris artistiques
23. 23
Réalités des portraits
Notre propos s’appuiera en
grande partie sur des entretiens,
des rencontres. Nous voulons les
retranscrire de la manière la plus
naturelle possible. Nous utili-serons
peu d’effets, nos images
seront celles de la perception
humaine. Nous voulons retran-scrire
la réalité du terrain et des
témoignages, sans magnification
ni sophistication de l’image.
partis-pris artistiques
24. 24
Matériel
Note Ce matériel est déjà en
notre possession.
Image
- caméra JVC GY-HM100
- appareil photo réflex Canon
EOS 500d
Son
- magnétophone Roland R05
- micro cravate
Autres
- Réflecteur
- Projecteur / LED
- Disques durs
- Ordinateur portable
Le plus
Jean-Baptiste Verwaerde, réalisa-teur,
cinéaste-vidéaste, ingénieur
du son, cameraman, Journaliste
Reporter d’Images, nous apporte
son aide dans le choix des matéri-els
les plus adaptés et dans leur
meilleure utilisation.
Diffusion
Le public du film sera franco-phone
et anglophone, sous le dou-ble
format d’un film au déroulé
autonome et d’un documentaire
transmédia. Nous voulons sollic-iter
plusieurs médias au Sénégal et
au Cameroun.
Peu habitués à ces formats, plu-sieurs
d’entre eux pourraient être
intéressés par un document de
terrain multimédias sur un sujet
au coeur des enjeux du développe-ment
de l’Afrique.
Sollicité, le directeur du
Quotidien, où Benjamin Polle a
travaillé en 2012, a dit son intérêt
pour le projet. À l’occasion de
notre déplacement à Dakar, nous
irons le rencontrer.
En France, nous sommes
en contact avec Alternatives
Économiques et Mediapart, et
souhaitons élargir le spectre de
nos recherches à des médias
audiovisuels, plus à même de
développer un documentaire
transmédia (une partie télévi-suelle,
une partie numérique).
Par ailleurs, notre site a été lancé
en anglais et nous avons l’am-bition
de sous-titrer le film et le
documentaire. Nous recherchons
des partenaires pour traduire les
textes et d’éventuels diffuseurs
anglo-saxons.
Développement web
post-production
Nous sommes en relation avec
Nicolas Servain, concepteur réal-isateur
richmedia, à la maîtrise
d’ouvrage de plusieurs webdoc-umentaires
dont Exilés au large
de Damas (diffusé sur La Vie en
septembre 2013) et Les déplacés
du Mali racontent l’attente (dif-fusé
sur Rue 89 en juin 2013). Il
s’est dit très intéressé par le projet
et nous a fait part de son souhait
de contribuer à sa mise en forme
au retour du tournage.
aspects techniques
25. 25
Planning prévisionnel
11/2013 › 04/2014
Écriture
07/2014
Sortie d’un premier teaser
07/2014 › 09/2014
Tournage
09/2014 › 10/2014
Développement d’une charte vidéo
Montage
10/2014 › 11/2014
Développement web et graphisme
12/2014
Diffusion
Financement
Le budget du film et la campagne
de crowdfunding sur la route
Pour contribuer au financement
de notre projet, nous avons déposé
un dossier au CNC dans le cadre
de l’Aide à l’écriture et à la Scam
pour la bourse d’écriture Brouillon
d’un rêve multimédia.
Afin de faire vivre la communauté
autour du projet et de recueil-lir
une source de financement
complémentaire, nous lancerons
en juillet prochain une campagne
de crowdfunding (financement
participatif) qui se déroulera
durant notre tournage et que
nous animerons à chacune de ses
étapes.
Nous mettrons au point un teaser,
composé de l’animation sur l’acca-parement
des terres et de plu-sieurs
des rushs que nous avons
déjà à notre disposition. Nous la
mettrons en ligne peu avant notre
départ. Nous envisageons égale-ment
de nous porter candidat à
la deuxième édition du Concours
Première Caméra coorganisé par
AB Groupe, Capa, France Info,
KissKissBankBank et Racontr. Les
lauréats, présélectionnés sur la
base d’une collecte réussie sur la
plateforme de financement collab-oratif,
seront choisis en septembre
2014, à notre retour de tournage.
planning & financement
Budget prévisionnel
Pré-production et tournage
Frais de communication : hébergement web,
graphisme… 1 500 €
Déplacements 5 000 €
Matériel 1 500 €
Frais divers : logement, administratif, santé… 3 000 €
Total 11 000 €
Post-production
Montage et développement web 7 000 €
Graphisme et communication 2 000 €
Total 9 000 €
Total 20 000 €
26. 26
les auteurs
Benjamin Polle
Diplômé d’un baccalauréat lit-téraire,
d’une licence de philos-ophie
à la Sorbonne et d’un
master de conseil en stratégie des
entreprises de l’école Audencia à
Nantes.
Il a réalisé plusieurs stages de
journalistes et reporters à l’agence
AEF, les Échos, Alternatives
Économiques, le magazine Paris
Berlin, l’AFP et le journal sénégal-ais
Le Quotidien.
Il a collaboré avec Alternatives
internationales, Le Monde dans
le cadre de la première édition
du Monde Académie et le site
économique spécialisé consultor.fr
Benjamin travaille depuis deux
ans pour l’agence d’information
News Tank Culture en tant que
rédacteur.
06 45 74 14 82
benjaminpolle@gmail.com
Julien Le Net
Ingénieur agronome, diplômé
d’Oniris (Ecole Nationale
Vétérinaire, Agroalimentaire et de
l’Alimentation) et d’un master de
conseil en stratégie des entre-prises
à Audencia Nantes.
Il a réalisé plusieurs expériences
dans l’aide au développement au
Cameroun dans la microfinance
communautaire (ONG SAIMED)
et au Brésil auprès de coopératives
agricoles familiales, travaille aujo-urd’hui
depuis 2 ans pour weave
AIR, en tant que consultant en
stratégie et innovation sociale.
Expériences de rédaction pour
le Goethe-Institut, le réseau
européen GLEN, le site musical
exportMusic et de réalisation
d’entretiens vidéo pour le festi-val
Make It Up et l’ONG Le Cap
Durable en Afrique du Sud.
06 12 13 28 10
julienlenet@live.fr
Oriane Juster
Le graphisme de Et Maintenant,
nos terres est assuré par Oriane
Juster, graphiste freelance
diplômée de l’ESAG Penninghen.
orianejuster.fr
Note Toutes les photos non-légendées dans ce
document ont été prises par Julien Le Net ou
Benjamin Polle.