Raoul Follereau et l'Action française de Charles Maurras
1. Présentation Vendredi 23 avril 2010
Blog : Raoul Follereau, entre ombre et lumiere.
Description : Site non officiel de réflexion et Raoul Follereau et l'Action française
d'information sur la vie et l'œuvre de Raoul Follereau
ainsi que sur la Fondation Raoul Follereau.
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Dans un premier article (ici), nous avons exposé de quelle façon Raoul Follereau soutint et admira le
Articles récents régime fasciste italien de Bénito Mussolini.
Raoul Follereau et le régime collaborationniste de Vichy
Compléments sur l'antisémitisme de Raoul Follereau Dans un second article (ici), nous avons relaté la participation active de Raoul Follereau à une "réunion de
La Fondation Raoul Follereau reprend la fiche propagande" organisée le 10 février 1936 par le Centre de propagande et de documentation, organe
Wikipédia de Raoul Follereau antisémite, anti-bolchevique et anti-maçon, éditeur du journal de la même veine intitulé "La Libre Parole &
Raoul Follereau et la Ligue d'Union latine 2/2 Le Porc- Épic ".
Raoul Follereau et la Ligue d'Union latine 1/2
Le Pen, Follereau et Récipon pour la défense de la Nous allons souligner à présent la proximité d'idées entre Raoul Follereau et le mouvement Action
mémoire du Maréchal Pétain française de Charles Maurras.
Raoul Follereau et l'Action française
Raoul Follereau dans La Libre Parole & Le Porc-Épic
Raoul Follereau et le fascisme italien
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Initialement poète et écrivain, Charles Maurras se lance dans la
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Pourquoi ce blog ? politique à la fin du XIXème siècle. Il devient alors un acteur majeur et
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22/04/2010 09:22:42 Théoricien et idéologue, père du "nationalisme intégral" et du concept
Raoul Follereau et le fascisme italien d’"antisémitisme d’État", Charles Maurras influença la fraction la plus
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L e "complot contre la France" est au centre du corpus idéologique
maurrassien. Ce complot est l'œ uvre de l'anti-France que constituent
les "quatre États confédérés : Juifs, Protestants, Maçons, Métèques".
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Votre eMail Ces quatre forces anti-françaises formaient, selon lui, le "gouvernement
de l'Étranger, à l'intérieur de la France".
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Dès 1908, l'Action française se dote d'un bras armé avec les Camelots
Référencements sur le net du Roi, sorte de milice privée pratiquant coups de mains, coups de cannes et autres manifestations ultra
violentes contre les "ennemis de la France", mais également entre groupuscules d'extrême-droite.
D'un point de vue institutionnel, Charles Maurras fut initialement nationaliste (sous l'influence d'Édouard
Drumont, polémiste et fondateur du journal antisémite La Libre Parole dont nous avons déjà parlé ici) puis
devient monarchiste. Son anti-parlementarisme l'amène également à soutenir des régimes autoritaires et
fascistes tels que Mussolini, Franco ou Pétain. En revanche, profondément germanophobe, il ne soutiendra
jamais Hitler et le nazisme.
D'un point de vue spirituel, Maurras se définit comme agnostique, même à la fin de sa vie, et ne soutient le
catholicisme d'É tat que comme un moyen d'unifier la Nation autour d'un idéal commun. Le catholicisme
n'est donc pour lui qu'un moyen au service d'une finalité ultranationaliste.
Depuis plusieurs années, déjà, le Vatican désapprouve cette doctrine où
rationalisme se conjugue avec antisémitisme. Mais ce n'est qu'en 1926
que le Vatican condamne officiellement l'Action française et met à l'index
ses livres et journaux. En mars 1927, les adhérents à l'Action française
Monsieur Biographie sont interdits de sacrements.
Je suis mort Au cours des années qui suivent, le Vatican rejette formellement un
certain nombre d'idées défendues par l'Action française : en effet, après
la condamnation de l'Action française en 1926, Pie XI condamne le
fascisme italien (1931) et plus particulièrement l'antisémitisme
2. ("L'antisémitisme est inacceptable. Spirituellement, nous sommes tous
des sémites." Pie XI, 6 septembre 1938), comme il condamne d'ailleurs
le nazisme (1937) et le communisme (1938).
De ce fait, soit par conviction, soit par obéissance au Pape, de nombreux
catholiques prendront leurs distances avec l'Action française qui
déclinera progressivement.
En France, après juin 1940, l'Action française se déchirera en trois tendances :
- une tendance majoritaire qui suit Charles Maurras dans un soutien au Maréchal Pétain, anti-allemand,
mais également anti-gaulliste ;
- une tendance dont l'antibolchevisme prime sur tout le reste et qui verse alors dans la germanophilie et/ou
la collaboration active avec l'occupant nazi ;
- une tendance résistante à Londres.
Ici, un article complémentaire sur l'Action française.
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Charles Maurras, amateur de belles lettres ...
À Abraham Schrameck, Ministre de l'Intérieur en 1925 : "Ce serait sans haine et sans crainte que je
donnerais l'ordre de répandre votre sang de chien si vous abusiez du pouvoir public pour répandre du sang
français répandu sous les balles et les couteaux des bandits de Moscou que vous aimez".
À propos de Léon Blum, président du Conseil en 1936 : "C'est en tant que Juif qu'il faut voir, concevoir,
entendre, combattre et abattre le Blum. Ce dernier verbe paraîtra un peu fort de café : je me hâte d'ajouter
qu'il ne faudra abattre physiquement Blum que le jour où sa politique nous aura amené la guerre impie qu'il
rêve contre nos compagnons d'armes italiens. Ce jour-là, il est vrai, il ne faudra pas le manquer".
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Qu'en est-il de Raoul Follereau ?
Dans sa biographie qui nous sert de principale référence pour nos travaux (Raoul Follereau, hier et
aujourd'hui, 1992, Fayard), É tienne Thévenin indique que, bien que non adhérent, "Raoul Follereau fait
siennes la plupart des indignations nationalistes et antirépublicaines de l'Action Française. Il est
profondément imprégné de l'œ uvre , de la méthode et des concepts de Maurras. Il lit l'Action française
dont il apprécie le ton polémique, les analyses politiques, et les pages littéraires et artistiques, lesquelles
sont rédigées avec le plus grand soin. (...) Maurras est indéniablement le "Maître à penser" du jeune Raoul
Follereau" (ibid p.30) voire même un "père spirituel" (ibid p.223).
Cet attachement au mouvement de Charles Maurras ne sera pas
affecté par la condamnation, par Pie XI, de l'Action Française, fin
1926. Bravant les sanctions canoniques, Raoul Follereau continue à
suivre l'Action française et à en propager les idées. Il considère, en
effet, que l'infaillibilité pontificale n'est pas en cause, et que cette
interdiction est le fruit d'un "complot" des démocrates chrétiens et
des membres du Sillon de Marc Sangnier (ibid p.52).
Rappelons que Marc Sangnier (photo à droite) est une figure du
catholicisme rallié à la République et à la démocratie républicaine.
En outre, il était du camp des philosémites et combattait ardemment
l'antisémitisme : "la question de la persécution juive dépasse les
affaires intérieures d’un pays ; c’est une affaire qui regarde la
conscience humaine tout entière" (lien ici) ; il est donc à l'opposé
des thèses de l'Action française et incarne la "bête noire de l'Action française" (ibid p.238).
Relevons également qu'il est fait mention du concept du complot, ici à propos de celui dont Pie XI aurait
été victime, du fait des démocrates chrétiens ralliés à la République. Raoul Follereau utilisera également la
théorie du complot, en le qualifiant de "maçonnique", en 1935 à propos des sanctions prises par la Société
des Nations à l'encontre de Mussolini dans l'affaire éthiopienne (voir notre article).
Il ressort donc de ces éléments que Raoul Follereau s'inscrit délibérément et volontairement
dans la ligne de pensée de Charles Maurras qui est, rappelons-le, et entre autres qualificatifs
possibles, antisémite, xénophobe, antiprotestant, anti-maçonnique et anti-parlementariste.
Précisons, accessoirement, que son catholicisme n'est qu'utilitariste et que Pie XI prendra formellement
ses distances avec lui.
Raoul Follereau "s'inscrit dans la mouvance de l'Action française. Il fait siens la plupart de ses concepts"
(ibid p.52).
Cet attachement à la personne de Charles Maurras et aux idées de l'Action française ne sera jamais
démenti, même après les atrocités de la seconde guerre. Et afin de sceller pour l'éternité leur communion
de pensée, Raoul Follereau fera graver sur sa propre tombe une citation. Une seule. Une citation signée
Charles Maurras (ibid p.223).
3. "Peut-on considérer Raoul Follereau comme un fasciste authentique
?"
C'est É tienne Thévenin qui se pose à lui-même la question (ibid p.128). Il y donne une réponse trop peu
étayée pour être réellement convaincante.
De notre point de vue, l'adhésion de Raoul Follereau pour les régimes fascistes, qu'ils soient autrichien,
italien, hongrois, argentin ou tout simplement pétainiste ne saurait se limiter à une simple communion de
convictions anti-bolcheviques. Pourtant, É tienne Thévenin écrit, page 128, qu'aux yeux de Raoul Follereau
"seuls des É tats autoritaires s'appuyant sur des références chrétiennes et nationales peuvent résister au
danger allemand et russe, nazi et communiste".
Il est vrai et indéniable que l'option fasciste a pu parfois être un choix par défaut , sorte de moindre mal
face au danger soviétique. Mais, en ce qui concerne Raoul Follereau, nous pensons qu'il a adhéré
aux régimes fascisants pour un ensemble de convictions qui ne sauraient se réduire à un anti-
bolchevisme, même primaire.
Raoul Follereau et l'antisémitisme
Sur l'antisémitisme de Raoul Follereau, É tienne Thévenin écrit cette phrase que nous trouvons
particulièrement ambiguë : "On peut remarquer qu'à aucun moment, dans ses écrits, Raoul Follereau ne
verse dans l'antisémitisme. Ses sentiments chrétiens le préservent de semblables égarements et il sait la
réalité que prend alors l'antisémitisme" (ibid p.133).
T d'abord, il convient de relever la mention "dans ses écrits" qui nous semble soit maladroite, soit
out
destinée à cacher des choses que le lecteur n'est pas sensé connaître. Cela insinue-t-il que, ailleurs que
dans des écrits, Raoul Follereau ait tenu des propos antisémites ? Rappelons ici que le métier principal de
Raoul Follereau était conférencier. Le sujet nous semble donc évacué un peu trop rapidement. Et ce
d'autant plus qu'un certain nombre d'éléments factuels et écrits noir sur blanc nous amènent à penser le
contraire.
Sans doute É tienne Thévenin ne connaissait-il pas ce numéro 5 de La Libre Parole à propos duquel nous
avons déjà écrit un article (ici) et qui démontre la participation délibérée et volontaire de Raoul Follereau en
qualité de conférencier à une réunion de propagande principalement antisémite et anti-maçonne, le 10
février 1936.
Sans doute É tienne Thévenin ne sait-il pas que parmi les collègues conférenciers qui partagèrent le micro
avec Raoul Follereau, présent ce soir-là en qualité de président de la Ligue d'Union latine, se trouvaient
Henry Coston et Henri-Robert Petit lesquels seront, quelques semaines plus tard, candidat aux
législatives en Algérie sous l'étiquette "candidat anti-juif d'Union latine" (voir notre article sur ce sujet
ici).
Sans doute É tienne Thévenin ne connait-il pas non plus le livre La trahison de l'intelligence de Raoul
Follereau dans lequel il qualifie Lénine de "Moïse rouge" (Œuvres Complètes de Raoul Follereau, Les
livres, partie A, É ditions Fondation Raoul Follereau, page 152).
Par ces seuls deux mots, "Moïse rouge", c'est toute une sémantique
antisémite que Raoul Follereau reprend à son compte dans laquelle la
révolution russe est une première étape vers la domination sioniste
universelle. Le lien entre Moïse et la couleur rouge trouve son origine
dans un pamphlet antisémite (Der Bolschewismus von Moses bis
Lenin ou, en français, L e Bolchevisme de Moïse à Lénine) écrit au
début des années 1920 par Dietrich Eckart, complice d'un certain
Adolf Hitler lors de sa tentative de putsch de 1923. Le moins qu'on
puisse dire, c'est qu'en matière d'antisémitisme, Raoul Follereau
sélectionne les meilleures références.
A gauche, affiche de propagande antisémite mêlant Trotski, le
fondateur de l'Armée rouge et l'étoile de David.
Sans doute É tienne Thévenin ignore-t-il également que, page 74 de ce
même ouvrage (Œuvres complètes de Raoul Follereau, Les
Conférences ...), Raoul Follereau affirme que "L'heure est plus grave
qu'on ne le pense ; les conflits sont moins de nations que de races". Or, en ce début des années
trente, la notion de race est très clairement au centre de toute la dialectique antisémite, afin, justement, de
démontrer la supériorité de telle race (aryenne) sur telle autre (juive) (lien sur la hiérarchie des races ici).
Enfin, É tienne Thévenin semble ne pas devoir relever, que, dans cette même conférence, page 70, Raoul
Follereau exprime sa xénophobie dans les termes les plus explicites : "J'ai cité Freud, j'eus pu en citer
d'autres. Je n'ai rien contre cet étranger, sinon qu'il est étranger, et dangereux comme tel ".
4. Raoul Follereau et l'anti-parlementarisme
Très tôt, Raoul Follereau manifeste une sincère détestation pour la IIIème République française.
Il faut dire que cette dernière est arrivée un petit peu par accident. Cet
épisode fait partie des anecdotes les plus étonnantes de l'Histoire de
France : le prétendant au trône de France, Henri d'Artois (photo à droite),
qui aurait du régner sous le nom d'Henri V de France, a refusé la
couronne que lui offrait pourtant l'assemblée de 1871 composée aux deux
tiers de députés monarchistes. Officiellement, pour une histoire de
drapeau : "Non, je ne laisserai pas arracher de mes mains l'étendard
d'Henri IV, de François Ier et de Jeanne d'Arc". Certes, il y avait du
panache dans cette décision. Mais elle signa la fin définitive de la
monarchie française.
Autre sujet de mécontentement, la IIIème République a pratiqué un
anticléricalisme violent, ce qui lui a valu une opposition des plus radicales
de la part des populations attachées à la religion catholique.
Mais, cette détestation pour le régime parlementaire va bien au delà d'une
simple aversion liée à un contexte.
Raoul Follereau est tout simplement opposé au suffrage universel. Pour lui, la nation doit se confier à une
élite : "les hommes ne naissent pas égaux ; ils ne le deviennent ni ne le demeurent (...) La nécessité d'une
élite est pour une nation une question capitale, vitale. Le pays doit penser par elle, agir par elle. (...)
Le cerveau d'un peuple est nécessaire, mais il ne doit pas tenir le corps tout entier . Une planète de
penseurs crèverait de faim." (Les œ uvre s complètes de Raoul Follereau, Les conférences, É ditions
Fondation Raoul Follereau, pages 71, repris dans Les livres, partie A, page 147)
Adepte d'un pouvoir fort, Raoul Follereau accordera son soutien à la plupart des régimes autoritaires des
années trente :
- l'Autriche de Dolfuss ;
- l'Italie de Mussolini (voir notre article antérieur) ;
- l'Espagne de Franco (Thévenin, p.128) ;
- le Portugal de Salazar (Thévenin, p.68) ;
- l'Argentine de Uriburu et de Fresco ;
- ainsi que divers régimes d'Europe centrale.
Le 10 juillet 1940, lors de la passation des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, Raoul Follereau est à Vichy
(Thévenin, p.150) : avec la Révolution Nationale qui s'annonce, Raoul Follereau sait que ses idées,
toutes ses idées, seront à l'honneur.
Par Entre ombre et lumière
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