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Préambule
Le Conservatoire/École d’arts plastiques-danse-
musique-théâtre est un lieu d’enseignement, de
création et de diffusion artistiques. Environ cinq cents
élèves fréquentent l'école d'arts plastiques à l’année.
On y pratique la photographie et les arts numériques,
le dessin, la peinture, le volume et la céramique,
l’illustration, l’estampe, l’édition, et l’histoire de l’art.
On y propose aussi des projets pédagogiques aux
écoles à travers différents dispositifs d’éducation
artistique et culturelle :
« L’art aux enfants », pour les enfants de la maternelle
au cycle élémentaire, « Graphèmes » et « Voyages
numériques » pour les élèves du cycle élémentaire,
« Correspondance(s) », pour les lycéens.
L’École d’art a développé depuis de nombreuses
années une spécialité autour des techniques artistiques
de l’impression et de l’édition, qui figure comme un
des points forts à son projet pédagogique.
Cette spécialité l’a renforcée avec un projet d'éducation
connecté aux autres dimensions de l'apprentissage
aux savoirs (rapport aux langages).
Cela nourrit à ce jour un projet qui favorise le
décloisonnement des pratiques artistiques et
envisage l’édition comme un champ privilégié
d’expérimentation, tant pédagogique qu’artistique.
Elle permet aussi un partenariat avec l’enseignement
supérieur et le département Information et
Communication de l’IUT de La Roche-sur-Yon.
Pour la création de Bruire, ce lien se concrétise à
travers un atelier éditorial qui intègre des étudiantes
de BUT/1re
année et 2e
année (SAE).
Le premier numéro de la revue Bruire est paru en
mars 2022.
Le travail réalisé pour la faire vivre s’appuie sur
des expériences transversales et sur la présence
d’artistes intervenant ou résident à l’École d’art.
Les étudiantes rassemblées pour la création de ce
second numéro ont nourri leur réflexion de l’actualité
et axé leur création sur des dimensions chères à
Hugo Marchal et Julia Crinon, artistes du duo
l’Atelier McClane.
Bruire #2 s’aventure alors du côté de la dimension
sociale et critique de l’art, des pratiques artistiques
collaboratives, et de notre lien au vivant.
Nous tenterons alors de nous « faire des cabanes :
imaginer des façons de vivre dans un monde abîmé,
jardiner des possibles », selon les termes de l’essayiste
et historienne de la littérature Marielle Macé.
Nous la citerons pour ouvrir ce projet :
« Poser que le monde a des idées, les entendre et les
suivre, le poème sait très bien faire ça, lui qui écoute
les choses signifier, gémir, rêver, lui qui emploie son
effort à qualifier ces voix non-voix, ces pensées non-
pensées. Prêter l’oreille, discerner, entendre quelque
chose non-parler, entendre le monde muet bruire
d’idées, ça s’apprend. »
Extrait de « Nos cabanes », (p.100), Marielle Macé, Verdier, 2019.
2
ai
Visuels page de couverture et 4ème de couverture :
Maryse Poirier, Geneviève Legros.
Sommre
4 « Je veux », Anaïs Dechancé
5 « Faire collectivement », l’Atelier McClane
6 Danse & dessin, Ateliers partagés
8 Fracas !!!
11 Portraits croisés, Julia & Hugo
12 « Des graphistes », Vincent Perrottet
14 Correspondance(s) avec l’Atelier McClane
16 « De l’art », Nicolas Bourriaud
18 Ruines
21 (Dé)constructions
22 Stuck inside of mobile with the Memphis blues again...
24 Pablo Picasso & « Guernica »
26 Identités remarquables
28 8 lames de tarot
30 « Penser comme une montagne», Aldo Léopold
34 « Aimons-nous », Clara Jammes
35 Remerciements
3
« Je veux », poème d’Anaïs Dechancé.
Extrait du recueil de textes « Anara », d’Anaïs Dechancé et Clara Jammes.
Je veux
Je veux être au sommet
Je veux être au sommet
La tête dans les étoiles
La tête dans les étoiles
Et les pieds sur terre
Et les pieds sur terre
Je veux décrocher la lune
Je veux décrocher la lune
Sans oublier d’où je viens
Sans oublier d’où je viens
Regarder mon chemin
Regarder mon chemin
Et être fière de tout ce que j’ai parcouru
Et être fière de tout ce que j’ai parcouru
Je suis une fille pleine d’espoir
Je suis une fille pleine d’espoir
En apesanteur, je veux tout voir
En apesanteur, je veux tout voir
Je veux tout croire
Je veux tout croire
Et continuer de rêver
Et continuer de rêver
À ce que demain pourrait être
À ce que demain pourrait être
À ce que le destin me réserve
À ce que le destin me réserve
Je veux voir où mes choix me conduiront
Je veux voir où mes choix me conduiront
Pleine d’espoir
Pleine d’espoir
Je veux monter l’Everest
Je veux monter l’Everest
Parcourir l’océan
Parcourir l’océan
Découvrir de nouvelles terres
Découvrir de nouvelles terres
De nouveaux horizons
De nouveaux horizons
Je veux parcourir l’univers
Je veux parcourir l’univers
De long en large et en travers
De long en large et en travers
Je veux aller à bâbord et à tribord
Je veux aller à bâbord et à tribord
Mettre les écoutilles et naviguer vers le large
Mettre les écoutilles et naviguer vers le large
Je veux être l’œil du cyclone
Je veux être l’œil du cyclone
Voir le monde tourner
Voir le monde tourner
Je veux voir les vents changer
Je veux voir les vents changer
Les vagues s’agiter
Les vagues s’agiter
La terre remuer
La terre remuer
Et la lave bouillir
Et la lave bouillir
Je veux voir les galaxies, les voies lactées, les supernovas
Je veux voir les galaxies, les voies lactées, les supernovas
Je veux voir de nouvelles espèces
Je veux voir de nouvelles espèces
Voir le ciel et ses merveilles
Voir le ciel et ses merveilles
Je veux être une super héroïne, une fée, une sirène, une princesse
Je veux être une super héroïne, une fée, une sirène, une princesse
Je veux être Rosa Park, Simone Veil ou Angela Davis
Je veux être Rosa Park, Simone Veil ou Angela Davis
Je veux la voix d’Aretha Franklin, de Nina Simone et d’Édith Piaf
Je veux la voix d’Aretha Franklin, de Nina Simone et d’Édith Piaf
Je veux être institutrice, médecin ou encore policière
Je veux être institutrice, médecin ou encore policière
Je veux être le monde et voir dans ses yeux
Je veux être le monde et voir dans ses yeux
Je veux être de ce monde et laisser une trace
Je veux être de ce monde et laisser une trace
Je veux aller au sommet
Je veux aller au sommet
Et je ne veux pas être oubliée
Et je ne veux pas être oubliée
4
L’ATELIER MCCLANE
« FAIRE COLLECTIVEMENT »
L’Atelier McClane est un duo d’artistes basé
à Rennes, composé de Julia Crinon et Hugo Marchal.
Ce duo s’est formé aux Beaux-Arts en 2013, où est
née leur collaboration artistique. Ces deux artistes
polyvalents ont d’abord utilisé la sérigraphie et
l’auto-édition avant d’explorer d’autres domaines
tels que la photographie ou la peinture murale.
À travers ses différentes œuvres, le duo souhaite
projeter sa vision, ses questionnements sur la place
du politique dans notre quotidien. Le dessin, l’édition
et la sérigraphie sont centraux dans leur travail.
Les œuvres du duo visent en premier lieu à inciter
le spectateur qui les éprouve à poser un regard
critique et à s’interroger sur son environnement.
Elles se caractérisent par l’usage du noir et du blanc,
radical, minimaliste.
Noir et Blanc
Si ces œuvres peuvent sembler au premier
abord abstraites et peu explicites, elles résultent
en réalité de la volonté des artistes à ne représenter
que des images symboliques, afin de laisser
au spectateur la possibilité de les interpréter librement.
Leurs œuvres comportent une part intuitive, mais
naissent aussi d’une réflexion sur la notion de message,
la manière de faire sens et de véhiculer ce sens.
Interrogé sur son processus de création, le duo
le décrit comme « long et constant », nécessitant
beaucoup d’échanges, de discussions et d’inspirations,
combinant des vocabulaires et des pratiques
graphiques complémentaires.
Le travail des McClane est le fruit de multiples
influences et références, toutes époques confondues.
Les artistes s’inspirent entre autres de la nature
et de toutes les ressources que cette dernière nous
offre, de l’univers de J.R.R. Tolkien ou encore de
la littérature engagée du xixe
siècle. Le duo s’inspire
également des travaux d’Hans Arp, cofondateur du
célèbre mouvement Dada, ainsi que ceux du collectif
de graphistes Grapus.
Désireux de partager des valeurs humaines, le duo
organise des ateliers artistiques et participatifs,
permettant d’allier pratique artistique et partage
avec le public.
«Lorsquenousmenonsdesworkshopsetautresateliers,
notre volonté porte en premier lieu sur la nécessité de
faire collectivement. Nous pensons que ces moments
de création et de partage éphémères doivent être des
espaces-temps qui rendent possibles de nouvelles
narrations communes. »
« Enflammer le sommet des montagnes noires », 2021, couverture du livre
éponyme, Actes Nord éditions, Risographie. Résidence et exposition au
Vecteur à Charleroi (52 pages, reliure spirale, 3 couleurs riso, 25cm x 18 cm,
tirage à 250 exemplaires).
https://ateliermcclane.com
« Coexistences », 2022, sérigraphie une couleur, 40 x 60 cm.
« Enflammer le sommet des montagnes noires, c’était
tenter d’émettre l’ultime signal.  Agiter nos bras
fatigués dans la tempête. Avec nos images et nos récits
fictionnels,noustentonsdegénérerdesimaginaires.Ils
sontimaginairesdeluttes,deviesalternatives,d’utopies
imparfaites. Ils prennent forme à partir d’éléments
glanés : des expériences, des lectures, des archives,
des fragments de paysages. Ces imaginaires viennent
habiterlesesprits,ilssontunebéquillenécessaire.Pour
construire.Pourtenir.»
5
Sur une proposition de Lisa David et Juliette Vezat, avec les élèves des cours de dessin adultes et les participantes à l’atelier de recherches chorégraphiques :
BEAULIER Isabelle, BLOIS Brigitte, DOUGE Brigitte, BOCHET Fanny, BOURY Hélène, Céline, POTIER Christine, LÉVEQUE Marie-Françoise, GIRAUDEAU Isabelle, GUIET Marie-Noëlle, HERAULT Florence, HEUZE Sophie,
HUCHOT Christelle, PALUN Claude, TESSON Sandra, VALOIS Karine, AUDUREAU Marie-Annick, BALLEREAU Clarisse, BONIO Betsy, BONNIFET Astrid, BOSSARD Joyce, BOUDEAU Nicole, BRAEMS Isabelle,
Danse & dessin
Ateliers partagés
Deux rencontres ont eu lieu entre les danseurs
de l'Atelier de Recherche chorégraphique
et les dessinateurs du Conservatoire/École d'art
en février et mars 2022.
Il s’agissait pour les participants d’expérimenter
un langage, des gestes, des actions qui pourraient
être communs aux danseurs et dessinateurs,
dont l’interprétation pourrait être singulière à chacun,
et l’expérience en tout cas partagée.
Furent évoquées les recherches graphiques
des danseuses et chorégraphes Carolyn Carlson,
Trisha Brown et Anne Teresa de Keersmaeker,
les performances de Toni Orrico.
Ainsi danseurs et dessinateurs dansèrent et
dessinèrent ensemble : mouvement et trace, trace et
mouvement,surunemusiquedePhilipGlass...
6
CANTET Claudine, CHARIEAU Linette, COUTABLE Guylaine, DOMAIN Lauriane, DUBÉ Maryline, FAUCHART Emmanuelle, FRUCHET Christiane, GHERNAOUT Saliha, GIRARD Marlène, GOGENDEAU Christiane, GUILMINEAU Perrine,
JOUIN Christelle, JOYAU Michel, LEBRUN Pierre, LUSSET Véronique, MAIOROVA Kristina, MASSARELLI Benoît, MAY Bernard.
Empreinte,
respiration, espace.
Articulation, présence,
poids, densité, ancrage.
Initier un mouvement
par différentes
parties du corps,
entourer le corps
de l’autre,
jouer aux miroirs.
Ouvrir un espace sensible
à travers son corps.
Sentir, être présent à soi,
à l’autre, au groupe.
Rencontre, composition
collective, croquis.
Lenteur, répétition,
gestes lancés
et suspendus,
mouvements séquencés
et continus, déplacements,
postures et appuis,
torsions, lignes, volumes
dans le corps,
explorations
par le croquis,
et le mouvement.
Recherche à partir de
verbes d’action liés au
sol, à l’air, au corps :
Effleurer, onduler,
presser, étirer, suspendre,
rectiligne, courbe,
déposer, vibrer.
7
À la fin du xixe
siècle, l’affiche illustrée devient un support
d’information primordial pour communiquer dans l’espace public.
La liberté d’afficher est accordée
par la loi du 29 juillet 1881 sur
la liberté de la presse, et des
imprimeries se spécialisent dans
la réalisation d’affiches. L’essor
des techniques d’impression
permet de travailler en couleur
et en grand format, ainsi que
d’élargir considérablement les
possibilités de diffusion. L’affiche
devient une forme d’expression
artistique à part entière, investie
par les peintres et les artistes de
l’époque.
Tantôt artistique, politique,
commerciale, l’intention de
l’affichiste vise la transmission
d’un message, sa composition
est porteuse d’un sens qui doit
attirer l'oeil et marquer les
esprits.
Questionnant la nature des images et leur
profusion dans l'espace public, le duo d'artistes
l’Atelier McClane a choisi d'explorer les codes
de l'affiche et l'utilisation des formes, des signes pour
faire sens. Désireux de partager son intérêt pour
la sérigraphie, le dessin et l'expérimentation collective,
leduoacrééaveclesélèvesdel’atelierprimaireetducours
dessin & multiples un atelier de production d’affiches.
Les « workshops » sont des ateliers collaboratifs,
tous les participants sont inclus dans la réflexion
et l’expérience partagée, autour d’un projet, d’un sujet
de recherche commun.
De janvier à mai 2022, lors de quatre rendez-vous
à l’École d’art, Julia et Hugo ont expérimenté,
échangé et œuvré avec les élèves pour la création d’un
accrochage collectif et évolutif intitulé FRACAS !!!.
Ils ont proposé des recherches graphiques axées
sur l'association, le détournement et la simplification
d'images préexistantes, pour constituer un nouveau
répertoire graphique et composer des affiches
originales. Ce travail fut visible dans la rue Allende,
et depuis le rez-de-chaussée du CYEL de janvier
à juin 2022.
Atelier de création d’affiches avec le duo d’artistes l’Atelier McClane.
FRACAS
!!!
8
Crédit
photo
et
conservation
:
MUCEM,
Affiches
de
l’Atelier
populaire
des
Beaux-Arts
de
Paris,1968.
« Par ces images je traverse la collectivité
des hommes, leur labeur et leur distraction,
leur tristesse et leur rêve. Dans ces formes,
je retrouve la question que je me pose
chaque jour : et ce trait, et cette couleur,
et ce volume, sont-ils justes ? »
Jean Schneider – scénographe.
9
La sérigraphie est un procédé d’impression directe,
proche du pochoir. Elle fut créée en Chine durant
la dynastie Song (960-1279). Au xviie
siècle,
les Japonais s’approprient cette technique et
transforment le procédé en utilisant des écrans
tissés à partir de cheveux humains.
Il faut attendre la fin du xviiie
siècle pour que la sérigraphie
se diffuse en Europe, puis
qu’elle évolue grâce à
l’industrialisation. Elle inspi-
rera plus tard des artistes
tels qu’Henri Matisse, Andy
Warhol, Roy Lichtenstein et
Robert Rauschenberg.
Cette technique permet de
déposer l’encre directement
sur des supports très variés, à
travers un écran (pochoir).
À l’origine, les écrans étaient en
soie, mais ils sont aujourd’hui
en polyester ou en nylon
finement tissé.
Ce procédé nécessite la création d’un écran
par couleur. Les différentes couleurs sont imprimées
l’une après l’autre, et se « surimpriment » pour
recomposer une image complète.
En France, les étudiants contestataires de Mai 1968
ouvrirent un atelier de production d’affiches : l’Atelier
populaire des Beaux-Arts de Paris.
Ils choisirent la sérigraphie, méthode facile à mettre
en œuvre pour produire plus de deux mille affiches
par jour. Certaines de ces œuvres sont restées célèbres
dans l’iconographie de la culture populaire française,
et une sélection d’entre elles est conservée par
les archives du Musée des Civilisations de l’Europe
et de la Méditerranée (MUCEM) de Marseille.
Sur une proposition de l’Atelier McClane, avec Sophie Pouchain, Adélaïde Gaudéchoux, les élèves des cours dessin & multiples, et l’atelier primaire du mercredi :
HALLOUL Lina, GRAVOUEILLE Luana, MOREAU Lili-Jeanne, MALARD Lucas, CHBANI Amandine, AGHVANYAN Daniella, VARENNE GILLET Luze, SIMON Emeline, FILLATRE COUTELLIER Inès, BOUCHER Emma, BOUCHEZ Roxane,
CAMAND Justine, DESFOSSÉ Angèle, DUCEPT Charline, JULES Ariane, LE GLEUT Loïse, LEGOUPIL Lise, PEYRAUD Lucie, SERGENT Mathilde, SOULARD Elisa.
Sérigraphie
10
Si Julia était un type de peinture ?
Le romantisme noir anglais et allemand.
Ou bien aussi les images réalisées par le See Red Women’s Workshop.
Si elle était une de vos œuvres ?
Je dirais le livre There is fog on the path. C’est un bel équilibre entre photo et dessin,
assez sobre mais qui reflète très bien la sensibilité artistique de Julia.
Si elle était un poème ?
Un texte de Gloria Anzaldúa.
Si elle était une couleur?
Le noir.
Si elle était une discipline artistique ?
J’hésite entre le dessin (évidemment) et l’écriture.
Si elle était un livre ?
Impossible de la définir par un seul livre, c’est une bibliothèque,
ou au moins une étagère de livres dans laquelle on trouverait : Silvia Fedirici,
Virginia Woolf, J.R.R. Tolkien, Henry David Thoreau et Bell Hooks.
Si elle était un souvenir ?
Un retour de la plage en voiture vers la fin d’une journée estivale et avoir
les pieds nus, plein de sable dans l'habitacle, avec les fenêtres ouvertes.
Si elle était un.e artiste célèbre ?
Un mélange entre Valentine Schlegel et Virginia Woolf.
Si elle était un film ?
Un film d’époque qui se déroule en Angleterre.
Si elle était un bruit ?
Probablement un son très doux, voire une absence de bruits,
un environnement calme loin de l’agitation.
Si elle était une émotion ?
L’empathie.
Si elle était un trait de caractère ?
L’intégrité car elle reste toujours cohérente et fidèle à ses principes.
Si Hugo était un type de peinture ?
Un folk-art un peu naïf.
S'il était une de vos oeuvres ?
Notre fanzine Association au potager.
S'il était un poème ?
A Walking Song de J.R.R. Tolkien.
S'il était une couleur ?
Noir ou vert forêt.
S'il était une discipline artistique ?
La peinture.
S'il était un livre ?
Walden de Henry David Thoreau.
S'il était un souvenir ?
Notre premier festival de micro-édition/illustration underground
à Rome.
S'il était un.e artiste célèbre ?
Un mélange étrange de Raymond Pettibon et Hans Arp.
S'il était un film ?
The Fellowship of the Ring de Peter Jackson.
S'il était un bruit ?
Le crépitement du feu.
S'il était une émotion ?
La surprise.
S'il était un trait de caractère ?
Volontaire.
Ces entretiens, menés par Clara Menon, Romane Pichon et Audrey Roger, ont été réalisés avec l’atelier McClane sous la forme de portraits
chinois croisés.
PORTRAITS CROISÉS, JULIA & HUGO
11
Des
Graphistes
Le graphiste ( ou designer graphique ) est un généraliste
de la mise en forme visuelle, il dessine « à dessein » -    
souvent dans le cadre d’une commande - les différents
éléments graphiques d’un processus de communication.
(Définition donnée par une assemblée de graphistes
en juin 1987 lors des états généraux de la Culture).
Vincent Perrottet est un graphiste indépendant
qui a contribué au collectif Grapus où il a œuvré
de 1983 à 1989 après ses études de vidéo et cinéma
à l’Ensad à Paris. En 1989, Vincent Perrottet
et Gérard Paris-Clavel créent les Graphistes Associés,
atelier issu de Grapus : « un atelier de conception
d’images publiques d’utilité sociale ». De 2000 à 2013,
Vincent Perrottet travaille avec Anette Lenz, pour
les théâtres d’Angoulême, de Mulhouse, de Chaumont
et d’Auxerre. Il enseigne également à l’Esad d’Amiens,
à l’École d’Art du Havre, à l’École d’Architecture
de Marne la Vallée, et participe à l’organisation et
à la direction artistique du Festival international
de l’affiche de Chaumont de 2002 à 2009. Il explore
la relation entre le texte et les images, ancre son travail
dans l’actualité, les expériences de travail collaboratif
et une pensée militante face au monde de la publicité
et de la propagande visuelle.
L’intégralité du texte ici présenté est accessible sur le
site officiel de Vincent Perrottet :
https://vincentperrottet.com.
Qu’est ce qu’un graphiste ?
Quelqu’un qui lit, écrit et, s’il le peut, invente
des formes graphiques, des signes et combinaisons
de signes.
Que signifie le graphisme ?
Le graphisme est un domaine d’expression
au service ou non de la collectivité, ce qui suppose de
maîtriser le langage et le sens des formes, leur usage
et leur mode de diffusion.
Quel est le rôle du graphiste dans la société ?
Le même que celui d’un médecin, d’un boulanger,
d’une actrice, d’un ouvrier....
- par sa pratique, améliorer les rapports et les relations
entre les humains,
- améliorer la qualité du regard,
- rendre les choses lisibles lorsque c’est nécessaire,
- sans cesse réinventer son vocabulaire formel
et sa grammaire.
Peut-il être considéré comme un artiste ?
Pour créer réellement, il faut être libre de son
temps, de son économie et raisonner en doutant.
Tout le monde doit essayer d’être un artiste ;
c’est à cet endroit que l’on perçoit le mieux le sens
de la vie et des choses.
Le graphiste a t-il une responsabilité sociale
spécifique ?
Comme toute personne qui maîtrise une tech-
nique ou un langage nécessaire à l’organisation
humaine, le graphiste est responsable de ses
actes et de ses images. Un grand nombre de
graphistes produit des messages auxquels il ne
croit pas, sans y mettre d’exigence artistique, en
calquant l’idéologie et les méthodes des comman-
ditaires. C’est le domaine de la publicité rempli
d’irresponsables visuels corrompus par l’argent,
le confort petit-bourgeois et l’illusion de côtoyer
le pouvoir. Aujourd’hui dans les pays dévelop-
pés, il y a saturation et pollution visuelle des
espaces publics et privés par les images (sans ima-
gination ni invention) de la consommation de
masse.
La grande majorité des graphistes participe
à ce mouvement qui abîme le regard et
l’intelligence de leurs concitoyens.
Le graphisme politique et social existe-t-il ?
Comment le définir ?
Tout le monde peut et doit s’intéresser à la vie
de la cité, c’est la signification de l’engagement
politique et social. Il existe un grand nombre
d’associations et de groupes auxquels le graphiste
peut participer en mettant en forme les idées s’il
en partage les valeurs. Un graphiste, quand il a
une idée originale ne doit pas hésiter à la traduire
dans son art et à la diffuser par ses propres
moyens.
Quels sujet / commandes traitez-vous le plus
souvent ou préférez-vous traiter ?
Tout sujet qui nous donne l’envie et
la possibilité de réfléchir, de créer, de s’amuser, de
développer une relation de complicité avec
les commanditaires et surtout qui par sa nature
respecte le public et nous-même. Le choix est
aujourd’hui assez simple : un(e) metteur en scène
de théâtre ou d’expositions, un(e) responsable
d’association ou d’organisation œuvrant pour le
bien collectif, un(e) responsable de la santé
publique, un(e) architecte de talent proposent plus à
nos yeux qu’un directeur de marketing qui
veut vendre le millionième rasoir jetable non
recyclable. [...]
Quels sont vos médias ou moyens d’expression
préférés ?
Pour nous, tout support qui ne dégrade pas
l’environnement (un panneau 3 x 4 m abîme souvent
l’espace urbain), est bon dès lors que l’on nous
laisse être bons. L’affiche est un support d’image
que nous apprécions. C’est beau de réussir à
concentrer en une image le sens d’une mise en
scène de théâtre ou d’une revendication. Une fois
sa fonction d’information remplie, une affiche
réussie, parce qu’elle est forte, belle ou réellement
subversive et bien imprimée, peut encore
continuer à nourrir l’œil et l’esprit de générations de
spectateurs, musées ou fonds particuliers. [...]
Vincent Perrottet
En 1998, un jeune graphiste allemand posa une
série de questions à des créateurs de formes
graphiques dont les Graphistes Associés.
Voici les réflexions que notre collectif lui renvoya et
qui valent encore pour aujourd’hui.
12
Trouvez-vous intéressant de vous servir des
mass media ?
Pour s’en servir, il faudrait les libérer et les
réinventer. Il faut la force d’un Jean Genet ou d’un
Nelson Mandela pour réussir à s’exprimer d’une
prison.
Considérez-vous que l’affiche est un moyen de
communication efficace ?
Lorsqu’une affiche est bonne, elle est aussi
efficace et utile pour l’intelligence humaine qu’un
bon livre, un bon film, une bonne peinture, une
bonne mise en scène... Une affiche pour toucher
l’autre ne doit pas chercher à communiquer
(terme dévoyé par la pub) mais à subvertir avec
bonheur le regard. Les affiches que nous aimons
faire n’ont presque plus de place ou d’avenir
avec les lois et les prix exorbitants des supports
privés qui interdisent le collage sauvage. Il n’y a
plus d’affichage public ; il n’y a que des messages
payants.
Comment financez-vous les projets à but non
lucratif ?
En étant nous-mêmes à but non-lucratif, avec une
économie limitée à nos besoins. Sans épargner
ses forces ni son argent, on peut alors produire
quelques images pour nous et pour les autres.
L’argent d’aujourd’hui est celui de la consommation
de masse, des inégalités, des injustices et
des frustrations sociales. Ce n’est pas un moyen
d’échange, c’est une arme pour soumettre, avilir
et même assassiner.
Vive la gratuité et le partage ! [...]
À découvrir :
www.centrenationaldugraphisme.fr/le-signe
« Espoir », image de Vincent Perrottet et Anette Lenz, 2006.
13
Correspondance(s)
avec l’Atelier McClane
Le dispositif Correspondance(s) s’adresse
aux lycéens et leur permet la découverte
d’un processus créatif, de questionner la notion
de référence en art, de rencontrer des œuvres
et des artistes. Ces rencontres donnent lieu chaque
année à la réalisation d’une édition collective.
Pour la deuxième édition de Correspondance(s),
l’Atelier McClane est intervenu à l’école
d’art de janvier à mai 2022. Les artistes ont
proposé une sélection de huit œuvres issues de
la collection de l’Artothèque et amorcé avec les
élèves une réflexion sur la culture de masse,
la standardisation et la reproductibilité des images.
Suite à la présentation de ces œuvres aux élèves par
lesmédiateursdel’Artothèque, lespremièresrecherches
graphiques ont débuté avec l’Atelier McClane.
Ces recherches ont permis l’élaboration et
la réalisation d’affiches imprimées en sérigraphie.
Suite à l’impression des affiches dans l’atelier de
l’École d’art, l’établissement des élèves a permis le
collage des affiches réalisées. Chacun s’est questionné
sur les correspondances entre les lieux envisagés pour
le collage et les messages véhiculés par les affiches.
14
Sur une proposition de l’atelier McClane, avec Sonia Campos, Hélène Delépine, la classe de 1ère STAV du Lycée Nature et leur enseignant Vincent Lepley.
Œuvres prêtées par l’Artothèque :
Léo Dorfner, « Démocratia Corinthiana », Paul Pouvreau, « Les Veilleuses », Jean-Michel Alberola « Abécédaire, un conte pour enfants », 2000, Ernest T, « Hé, Hé », 2016, Joël Hubo , « Gob spin », 2016, Bernard Rancillac,
« Les Cyclistes », 1931, Laurent Sfar, « Supermâché », numéro 1, 2004, Sandrine Péron, « Neuf Femmes », 2008.
15
«Del’Art»
Au début des années 1990, une nouvelle génération
d’artistes s’est soudain focalisée sur la sphère
relationnelle, sur les rapports interhumains -
qu’ils soient individuels ou sociaux, conviviaux
ou antagoniques. Ce mouvement de la pensée
correspondait alors à la volonté de se tenir au plus
près de la ligne de front, évolutive, qui oppose
les forces de la réification à celles du vivant,
la marchandise aux sujets. Mais le vivant des artistes
n’est pas celui des biologistes : c’est l’apparition
d’internet, la montée en puissance des industries
du service et la marchandisation des rapports humains
qui intéressaient les premiers et qui les amenèrent
à explorer les motifs de cette sphère relationnelle,
à s’en emparer comme autant d’outils ou de matériaux,
en tous cas comme sujet de leur pratique. 		
Depuis, l’art contemporain semble avoir entamé
un dialogue élargi avec le vivant (avec l’objet
aussi, d’ailleurs, pour peu que ces catégories aient
conservé leur pertinence). Ils et elles introduisent de
la subjectivité dans les formes : étendre le domaine
de la subjectivité, peupler le monde d’interlocuteurs,
tel est l’enjeu esthétique dominant aujourd’hui et
il rejoint évidemment le champ politique. 		
À l’heure où le gouvernement néo-zélandais octroie
à une rivière le statut de sujet légal (l’Équateur
en faisant de même avec son sol), il apparaît
crucial de freiner, partout où c’est possible,
le processus de réification de la planète. Les artistes
se tiennent sur cette ligne de front, contribuent
à ce que le sociologue Bruno Latour appelait
le « Parlement des choses », parce qu’ils et elles
sont volontiers et spontanément totémistes. L’art
matérialise des rapports au monde, produit des
liens et des connexions inédites entre les êtres
et les choses. Comme le dit magistralement l’artiste
Pierre Huyghe, une exposition ne consiste pas à
« exposer quelque chose à quelqu’un, mais à exposer
quelqu’un à quelque chose », et le regardeur y joue
un rôle de témoin actif. Les conventions (sociales
et culturelles) qui lient l’artiste et le regardeur,
la conscience humaine et ses objets, se voient
repensées de fond en comble par l’art contemporain.
Il ne faut pas considérer l’art comme une catégorie
d’objets, mais comme une série d’expériences, placées
sous le signe de la contingence absolue.
Une exposition est une forêt amazonienne dont
les visiteurs seraient les Indiens Runa, dont
l’anthropologue Eduardo Kohn écrivait qu’ils la
considéraient comme une gigantesque sémiose,
c’est-à-dire que les choses ne prennent sens
qu’en fonction de leur contexte. Car dans
une exposition, nous sommes aux aguets :
tout est signe, et notre regard se reconfigure.
Nous évoluons dans un espace de dialogue,
d’interlocution : entourés de sujets qui nous parlent,
nous avons quitté le monde inerte des consommateurs
pour endosser celui de témoin actif. Notre époque
voit s’amplifier ce que l’on pourrait décrire
comme un processus d’évacuation de l’humain.
Ce que l’on a reproché à ces pratiques artistiques
que j’ai désignées comme « relationnelles »,
c’est leur supposé anthropocentrisme.
Il me semble, au contraire, que l’un des enjeux
politiques majeurs du xxie
siècle consistera à remettre
de l’humain partout où celui-ci s’est retiré : dans
la finance informatisée, dans les marchés livrés à des
régulations mécaniques, dans les politiques fixées
sur le seul horizon du profit, c’est-à-dire le monde
du quantifiable.
Toutefois, il ne s’agit pas de replacer l’humain au centre
de quoi que ce soit, car rien ne saurait en constituer
un. Nous vivons dans un univers de coactivités,
dans un écosystème partagé. Mais comment ne
pas sursauter quand on apprend que sur internet,
on rencontre aujourd’hui davantage de machines
que d’êtres humains ? Les moteurs de recherches, les
serveurs publicitaires et les algorithmes collecteurs de
nos « données personnelles » représentent désormais
la population dominante d’un réseau au sein duquel
l’être humain devient un animal traqué, une matière
première. Pris dans les rets d’un appareillage massif de
domination, nous entrons dans l’ ère du « néolithique
numérique » : ce ne sont plus les animaux et les
plantes qui se voient domestiqués, c’est nous.
L’Anthropocène, ou plutôt le capitalocène, signifie
l’apparition d’un nouveau paysage relationnel au
sein duquel l’humain occupe une place secondaire,
celle d’une matière première, au même rang que
les combustibles fossiles, les animaux d’élevage ou
la lumière du soleil. Or, l’art occupe une position
spécifique et rare dans notre écosystème, en ce qu’il
donne aux choses et aux êtres une tout autre valeur
que le fétichisme sec du capitalisme mondialisé. En
conclusion, je citerai les premières lignes de mon
dernier essai, Inclusions, Esthétique du capitalocène :
« Ce que le monde occidental appelle la nature ne
produit ni déchets, ni œuvres d’art. Bien qu’on ne
puisse ni les concilier, ni les dissocier, ces deux objets
forment les pôles du monde humain. Personne ne
veut du premier, qui jouit du privilège d’échapper
à la propriété privée. Le second possède, à l’inverse,
une incontestable valeur sociale. On retrouve cette
polarité dans le monde industriel, où la surproduction
industrielle génère une couche proliférante de rebuts,
tandis que ce que nous nommons culture naît de
l’excédent d’énergie.
Mais les délais se raccourcissent sans cesse de la
marchandise à l’ordure, réduisant le temps d’usage des
choses et la durée des représentations. Jeter un objet en
plastique, chasser du doigt une image entrevue sur un
écran, sont deux gestes qui font partie d’une symbolique
générale, d’une vision du monde pour laquelle l’être
humain n’est plus un acteur à part entière de la vie
terrestre, mais un matériau pris dans un mécanisme.
La crise climatique, que résume désormais le terme
d’anthropocène, s’accompagne d’une crise planétaire
de la culture. Que signifie l’art dans un monde où
prédomine l’urgence et qui épuise désormais dès juillet
ses ressources annuelles renouvelables? »
Texte de Nicolas Bourriaud, « De l’art », p23, extrait de « RELIONS-
NOUS ! La constitution des liens – l’An 01 »,
©LLL éditions (Les Liens qui Libèrent), Paris, 2021.
Nicolas Bourriaud
16
Marion DAVIAUD, estampe, « Ruines ».
L’anthropocène, l’âge de l’homme :
Prix Nobel de chimie en 1995, Paul Josef Crutzen a théorisé l’idée de l’anthropocène : l’âge de l’homme. Ce terme évoque une nouvelle ère géologique dans
laquelle l’homme acquiert une influence centrale sur la biosphère. Cette ère débuterait avec la Révolution industrielle en 1850. L’empreinte indélébile que
l’homme laisse sur la planète (à travers l’agriculture intensive, la déforestation, l’expansion des mégalopoles, les exploitations nucléaires par exemple) ferait
de lui l’acteur le plus influent, transformant durablement notre système terrestre et les équilibre naturels de la terre. L’anthropocène succèderait à l’Holocène,
une ère interglaciaire qui favorisa la croissance des sociétés humaines et dura plus de dix mille ans.
17
Ruines
Inspirées par les ruines de Pompéi, d’Angkor, des
friches
industri
elles, ou encore le travail des artistes tels qu’Anne et
Patrick
Poirier,
Clé
ment Richem, Jérome Maillet, Jeremy Perrodeau, Oliv
ier
Morel
et
HU
Shu,
les propositions singulières des élèves sont l’abou
tissement
d’un
travail de plusieurs mois sur la pratique de la gravure
à
l’eau
forte.(Gravu
res à l’eau forte sur plaques de zinc, imprimées sur
Processus de dégradation
et
d’écroulement
d’une
construction pouvant aboutir à sa destruction com
-plète.
18
un papier Fabriano). Convoquant des lignes stru
cturées,
ordo
nnées, brisées, courbes, aléatoires, voire anarchiques,
et
impulsées
par
le sujet des ruines, les réalisations des élèves évoqu-
ent
le
passage
du
temps,
et
l’empreinte
de
l’homme
sur
l’environnement.
19
Sur une proposition de Sonia Campos, avec les élèves des cours d’estampe :
BARRE Guylène, BOUTAUD Gabrielle, CHAMPIGNY Catherine, DAVIAUD Marion, DURAND Julien, FRADIN Maryse,
GEAY Catherine, GIRARD Marlène, GOURMAUD France, GUESDON Armelle, GUESDON Jean-Pierre, LEBRUN Pierre,
LEGROS Geneviève, LENOIR Michèle, LUSSET Véronique, PALUN Claude, PAUMIER Harmonie, POIRIER Maryse.
20
(Dé)
Carte blanche à l’IUT - estampe, 2022
constructions
Clara Menon, « Enfant jeu, Enfant bleu ».
Romane Pichon, « L’œil dit le contraire ».
Audrey Roger, « La Femme ».
21
Stuck inside of mobile with the Memphis blues again... est une chanson de
Bob Dylan, qui a inspiré son nom au « groupe Memphis ».
De septembre 2021 à janvier 2022, les céramistes de l’école ont imaginé
la conception de théières en s’inspirant des créations emblématiques
du groupe Memphis, ce groupe de penseurs, artistes et designers
né en Italie dans les années 1980.
En réaction au design industriel et purement fonctionnaliste hérité
du « good design » d’après-guerre, le groupe Memphis propose
un ensemble d’objets et de mobiliers humoristiques et parfois loufoques,
aux formes asymétriques et aux couleurs joyeuses, et révolutionne l’approche
d’un design consensuel et rationnel.
Des objets aux formes atypiques, géométriques, décalées et colorées ont ainsi
été réalisés. Les élèves ont utilisé et expérimenté la technique du modelage
à la plaque. Les pièces sont en faïence blanche et les décors sont à base
d’engobes colorés appliqués sur terre crue et sèche.
Après une première cuisson à 980°C, chaque pièce est recouverte d’un émail
transparent donnant la brillance et l’éclat des couleurs après un passage
en deuxième cuisson pour l’émail.
Chaque proposition a fait l’objet d’une prise de vue au studio photo par
les participants des cours de photographie. Un travail sur la lumière, la mise
en scène, le cadrage et les reflets a été mené à partir de ces objets.
Stuck inside of mobile
22
Sur une proposition de Jean Herpin et Hélène Delépine, avec les élèves des cours de photographie et de céramique :
COUSSEAU Patrice, DURAND Jacques, GAUTRON Benoît , GUILLEMARD Dominique, HARMAND Gérard, HILLEREAU Vincent, L'HOSTIS Sandra, BARRAUD Amélie, BOSSARD Joyce, BREFFEIL Marie-Bernadette, SCHAEFFER Florence,
BARBAUD Danielle, DE SURIREY DE SAINT REMY Claire, TESSON Diana, MATHÉ Antonin, GENIN Emilie, CALVET Enola, LEGROS Geneviève, LENOIR Michèle, BABAUD Marie-Josée, YVAGNES Elisabeth, LEYMONERIE Françoise,
BLOIS NOLLEAU Brigitte, TESSON Laetitia, CHAMPIGNY Catherine, GEAY Catherine, CANTIN Elisabeth, GAILLARD Dominique, NICOU Paulette, BREGEON Aulde-Myriam, LHERMENIER Rose, PORTÉ Philippe, LONGUEVILLE Catherine,
BARBEREAU Marie-Thérèse, COUTABLE Guylaine, QUINTON Laura, CHIRON Stéphanie, BONNIFET Astrid, MOUSSION Charline, FRANÇOIS Christine, GORON Clémence.
with the Memphis blues again…
23
Guernica est une des œuvres les plus célèbres du
monde. Elle fait référence aux événements du
26 avril 1937, lorsque la légion Condor allemande
nazie, alliée à Francisco Franco, général espagnol,
bombarda la ville de Guernica et terrorisa
la population. La tragédie dura plus de trois heures,
durant lesquelles 1 645 habitants sur 7 000 furent
tués et 889 furent blessés. Soixante tonnes de bombes
incendiaires furent lâchées, les flammes détruisirent
la ville et 70% de ses habitations.
Après ces événements, la République espagnole
commanda une toile au célèbre peintre Pablo
Picasso afin de représenter l’Espagne lors de
l’Exposition Universelle de Paris de 1937.
Il peignit alors Guernica de mai à juin 1937.
Par sa puissance évocatrice et descriptive,
cette peinture devint le symbole de la dénonciation
de l'horreur de la guerre.
Picasso a utilisé le noir, le blanc et quelques
nuances de gris chauds et froids pour accentuer
la dimension dramatique de la scène. Ce choix
de la « non-couleur » est probablement en lien avec
les documents ressources du peintre issus d’articles
et de photographies de presse, qui ont annoncés
la terrible nouvelle au monde entier.
La composition de l'image est semblable à celle des
triptyques (forme classique des retables chrétiens) :
un panneau central et deux panneaux latéraux.
L'ensemble de la composition s'inscrit dans un grand
triangle dont la pointe supérieure effleure le bord
supérieur du format.
Cette toile monumentale (3,49 m x 7,77 m) est
la dénonciation engagée de cette atrocité envers une
population civile. Malgré les visions inhumaines
de la guerre, on remarque des évocations d’espoir
et de paix : la colombe, le fantôme tenant dans
sa main une bougie qui indique l’indignation et
la colère des pays à l’international. On voit également
une fleur au centre de la toile, symbolisant la fragilité,
la paix et l'espérance. Enfin, l’objet central de cette
œuvre : la lampe. Elle représente l'œil de Pablo
Picasso, montrant sa perception de la scène ainsi que
la tragédie de ce bombardement.
Ce chef-d'œuvre lui valut une grande partie
de sa renommée.
« Guernica », 04/06/1937, huile sur toile, 349,3 x 776,6 cm, Pablo Picasso.
Conservée au Musée National Centre d’Art Reina Sofia, Madrid Espagne © Succession Picasso 2023.
Pablo Picasso & « Guernica »
24
Pierre-Yves Gervais a proposé au groupe de lycéens
du mercredi après-midi, la réalisation d'une copie
grandeur nature (moins quelques centimètres)
de la toile Guernica de Picasso.
Après avoir divisé l'image en dix-huit parties égales,
chacun des élèves s'est vu confier la réalisation d’un
panneau. Une fois assemblé, l'ensemble de l'ouvrage
peut être restitué, permettant ainsi de vivre pleinement
ce que l'on appelle « l'expérience de l’œuvre ».
Les élèves ont pu aborder au mieux l'approche
technique et physique d'une peinture monumentale,
comprenant ainsi l'énergie et l’inertie du geste ample
et virtuose de l'auteur original.
La véritable peinture se trouve à Madrid. C'est donc
l'occasion d'être un peu plus proche de cette œuvre
majeure du xxe
siècle.
Sur une proposition de Pierre-Yves Gervais, avec les élèves du cours « Du dessin au volume » :
AUBRY Mérine, BARGET Louison, BERNADET Alexandra, BIRON Gabin, BLANCHARD Candice, CAILLE Pierre, CHIALE Robin, DAILLEUX Marie, GRENON Nino, GUIBERT Julien, GUILLEMET Romane, GUILLET Lilou,
MONGODIN Juliette, OBAMBI DJANGA Julie, POIRIER Jean, ROUILLARD Suzanne, TRIPOTEAU Tiphaine, VILLENEUVE Sarah, VION Judith.
25
I
dentités
REMARQUABLES
Sur une proposition de Sonia Campos et Lisa David, avec les élèves du cours
d’édition :
BABEAU Séverine, BRAEMS Isabelle, DE MARQUÉ Lorraine,
LEFEBVRE Eric, LEGROS Geneviève, LENOIR Michèle, MASSON Marie Françoise,
POIRIER Maryse, PORTÉ Annie.
26
Ce projet réalisé en septembre 2021 avec le cours
d'édition, a permis la réalisation d'une galerie
des portraits des différents participants.
Sous le signe de la rencontre et des présentations,
chacun a exploré la forme de l’autoportrait par des
entrées symboliques ou plus littérales, dessinées,
photographiées, gravées, écrites, typographiées.
Ces recherches ont nourri la création collective
d'un ensemble de douze portraits.
En mathématiques, les identités remarquables sont
des égalités entre deux expressions algébriques, qui
permettent d’accélérer des calculs. Un jeu de mots
poétique pour évoquer l’efficace synergie du collectif
d’édition du jeudi soir.
Les portraits réalisés ont été imprimés au format
21 cm x 14.8 cm, pour former une édition tirée
à vingt-cinq exemplaires, sur papier Fedrigoni
Arcoprint 200g. Chaque jeu de cartes a été rassemblé
en un étui également sérigraphié et façonné
à l’École d’art.
27
Caractérisé par des coeurs plein
les yeux, l’Amoureux symbolise
l’amour qui aveugle.
L’Amoureux fait face à une fleur
symbolisant celle que l’on offre
par amour. Les étoiles représentent
le paradoxe entre un amour
qui aveugle et l’amour rempli
d’affection dans sa dimension
mystérieuse, magique.
Symbolisée par des arbres, cette
carte signifie l’omniprésence
et la sûreté. En effet, les arbres sont
partout et survivront à tout, comme
les hommes.
Représentée par un personnage
qui fume, cette carte symbolise
le point de non-retour dans une
expérience, l’excès de ses limites.
Le tarot de Marseille est un jeu de cartes
du xvie
siècle, qui intègre la cartomancie
au xviiie
siècle. Aujourd’hui, il appartient
aux arts divinatoires, on dit qu’il permet
deprédirel’avenir.Pourcela, lescartessonttiréespar
le consultant1
ou par le taromancien2
. Il interprète
le tirage en utilisant les allégories3
qui ornent les
cartes.
Le tarot de Marseille est composé de deux
grands groupes de cartes : lames et arcanes.
Les arcanes majeurs métaphorisent le cycle de la vie,
du commencement à la fin. Chacun a alors gravé
un jeu doté de significations qui résonneraient pour
lui-même. Les lames sont réalisées en Tetra-gravure
(taille douce sur supports d’emballage Tetra brik !)
L
’Amoureux
L
’Excès
L
e
Souvenir
1
Personne qui consulte pour avoir des réponses
2
Personne qui interprète les cartes. Le taromancien peut aussi être le consultant s’il consulte les cartes pour lui-même.
3 Dans ce cas, images à laquelle on attribue une signification
8 lames de tarot
28
Méduse, issue de la mythologie
grecque, est capable de pétrifier
ses ennemis par la seule force
de son regard.
Illustré par la carte de Uno5
,
le 9 représente le monstre dans
la surprise.
L’Arbre caractérisé par une robe
arbre représentant les dryades4
,
symbolise la nature.
Sur une proposition d’Adélaïde Gaudéchoux, avec les élèves du cours
Dessin & multiples :
BOUCHER Emma, BOUCHEZ Roxane, CAMAND Justine, DESFOSSÉ
Angèle, DUCEPT Charline, JULES Ariane, LE GLEUT Loïse, LEGOUPIL
Lise, PEYRAUD Lucie, SERGENT Mathilde, SOULARD Elisa.
La Curiosité est d’interprétation
libre, elle prend tout son sens
avec un tirage de six cartes.
Chaque carte de ce tarot représente
le trait de caractère d’un proche
de la dessinatrice. Ici, le temps
représente la tante à la ponctualité
infaillible.
L
a
Méduse
L
’Arbre
L
e
9
L
e
Temps
L
a
Curiosité
4
Esprit des arbres dans la mythologie grecque
5
Jeu de société
29
Penser comme une montagne
Aldo Léopold (1949)
Un hurlement profond se répercute d’arête en arête,
dévale la montagne et se fond dans les lointains
de la nuit. C’est une explosion de chagrin primitif
aux accents de mépris et de défi face à toutes les
adversités du monde. Tout ce qui vit (et peut-être aussi
une bonne part de ce qui n’est plus) dresse l’oreille
à cet appel. Pour le cerf, il est un rappel du destin de
toute chair ; pour le pin, l’annonce d’échauffourées
nocturnes et de sang sur la neige ; pour le coyote,
la promesse de glanures à venir ; pour l’éleveur,
la menace d’un découvert en banque ; pour le
chasseur, un défi, crocs contre plombs. Cependant,
derrière ces craintes et ces espoirs aussi manifestes
qu’immédiats se cache une montagne, signification
plus profonde connue de la seule montagne.
Elle seule a vécu suffisamment longtemps pour
entendre objectivement le hurlement du loup.
Ceux qui sont incapables de déchiffrer ce sens caché
savent néanmoins qu’il est là, car il est ressenti
dans tout pays de loups et distingue cette contrée
de toutes les autres. Il fait frissonner la moelle épinière
de quiconque entend des loups dans la nuit ou relève
de jour leurs empreintes. Même si on ne les voit
ni ne les entend, leur existence est implicite dans
cent menus événements : le hennissement nocturne
d’un cheval de bât, le cliquetis de pierres qui roulent,
le bond d’un cerf qui décampe, la façon dont les
ombres s’étendent sous les épicéas. Seul l’inéducable
béjaune peut ne pas sentir leur présence ou leur
absence, ou encore le fait que les montagnes ont
une opinion secrète à leur sujet. Ma conviction sur
ce point remonte au jour où je vis mourir une louve.
Nous étions en train de déjeuner sur un ressaut élevé
au pied duquel une rivière tumultueuse se frayait
un passage. Nous aperçûmes ce qui nous sembla être
une biche en train de la traverser, de l’écume jusqu’au
poitrail. Quand elle remonta la rive dans notre
direction et agita la queue, nous comprîmes notre
erreur : il s’agissait d’un loup. Une demi-douzaine
de ses congénères, à l’évidence des louveteaux déjà
grands, jaillirent d’entre les saules pour former
une mêlée de bienvenue toute en remuements
de queues et coups de pattes enjoués. Ce qui était
littéralement un amoncellement de loups gigotait
et cabriolait à découvert sur un plat au pied de notre
promontoire.
En ce temps-là, jamais nous n’avions entendu parler
de laisser passer une occasion de tuer un loup.
Aussitôt, nous voilà en train de décharger
du plomb sur la bande, mais avec plus d’exaltation que
de précision, tant il n’est jamais aisé d’ajuster un tir
plongeant. Quand nos carabines furent déchargées,
la louve adulte était à terre et l’un des petits traînait
la patte sur d’infranchissables éboulis.
Nous arrivâmes auprès de la louve à temps pour voir
s’éteindre la flamme verte de son regard farouche.
Je réalisai alors, et n’ai jamais oublié, qu’il y avait
quelque chose de nouveau pour moi dans ces yeux,
quelque chose qui n’était connu que d’elle et de
la montagne. 						
J’étais jeune alors et prompt à la détente ; je croyais
que moins de loups signifiait plus de cervidés,
que plus du tout de loups ferait le paradis des
chasseurs. Mais après avoir vu s’éteindre cette flamme
verte, je sentis que ni les loups ni la montagne
ne partageaient une telle idée. Depuis cette époque,
j’ai vu les États exterminer leurs loups les uns après
les autres. J’ai contemplé le visage de maintes
montagnes récemment débarrassées de ces prédateurs
et j’ai vu leurs adrets se rider d’un labyrinthe de
nouvelles coulées de cervidés. J’ai vu que tout buisson
et jeune plant comestibles étaient broutés, tombant
d’abord dans une désuétude anémique, puis finissant
par mourir. J’ai vu tous les arbres comestibles se faire
défolier jusqu’à la hauteur d’un pommeau de selle.
30
Semblable montagne donne l’impression qu’on a
donné à Dieu une paire de cisailles toute neuve
en lui interdisant toute autre activité. Pour finir,
les ossements de la harde de cerfs espérée, morte
de ses excès, blanchissent à côté des tiges desséchées
des armoises ou moisissent sous les genévriers.
Aujourd’hui, je soupçonne que, de même qu’une
harde a une peur mortelle de ses loups, une montagne
vit dans la peur mortelle de ses cerfs. Et peut-être
à plus forte raison, car si un cerf tué par des loups
peut être remplacé en l’espace de deux ou trois ans,
il faudra autant de décennies pour que se reconstitue
un massif dévasté par une surpopulation d’herbivores.
Il en va de même avec les vaches. L’éleveur qui
débarrasse ses pâturages des loups ne réalise pas
qu’il les remplace dans leur travail de régulation
du troupeau à hauteur de ce que le milieu peut offrir.
Il n’a pas appris à penser comme une montagne.
C’est ainsi que nous nous retrouvons avec des déserts
de poussière et des cours d’eau qui charrient l’avenir
vers la mer.
Tous, nous nous évertuons à nous assurer prospérité,
confort, longue vie et ennui. Le cerf s’y emploie avec
ses pattes graciles, l’éleveur à coups de pièges et de
poison, l’homme politique avec son stylo, la plupart
d’entre nous avec des machines, des bulletins de vote
et des dollars, mais tout cela se ramène à une même
chose : la paix pour le temps présent. Une certaine
mesure de réussite en cela n’est pas nuisible, et
peut-être est-ce nécessaire à une réflexion objective ;
mais trop de sécurité semble ne produire à long terme
que du danger. Peut-être est-ce là ce que recouvre
l’affirmation de Thoreau : le salut du monde est
dans la nature. Peut-être est-ce là le sens caché du
hurlement du loup, connu depuis toujours au sein des
montagnes, mais rarement perçu parmi les hommes.
Aldo Léopold, « Almanach d’un comté des sables », © Gallmeister, 2022,
traduit de l’américain par Éric Chédaille.
Clin d’œil à l’équipe de La Maison Gueffier et à Fred Bernard, venus rencontrer les
élèves de l’école d’art en mars 2022, dans le cadre des rendez-vous « Ça tient dans
la poche ».
31
« Paysages », sur une proposition de Lisa David avec les cours de dessin adultes :
AUDUREAU Marie-Annick, BALLEREAU Clarisse, BONIO Betsy, BONNIFET Astrid, BOSSARD Joyce, BOUDEAU Nicole, BRAEMS Isabelle, CANTET Claudine, CHARIEAU Linette, COUTABLE Guylaine, DOMAIN Lauriane,
DUBÉ Maryline, FAUCHART Emmanuelle, FRUCHET Christiane, GHERNAOUT Saliha, GIRARD Marlène, GOGENDEAU Christiane, GUILMINEAU Perrine, JOUIN Christelle, JOYAU Michel, LEBRUN Pierre, LUSSET Véronique,
MAIOROVA Kristina, MASSARELLI Benoît, MAY Bernard.
32
33
Pourquoi tant de haine,
Pourquoi tant de haine,
Envers nous-même ?
Envers nous-même ?
Pourquoi ne pas se dire je t’aime
Pourquoi ne pas se dire je t’aime
Au lieu de se détruire soi-même...
Au lieu de se détruire soi-même...
Pourquoi se détester
Pourquoi se détester
Jusqu’à se tuer ?
Jusqu’à se tuer ?
Nous sommes tous pareils,
Nous sommes tous pareils,
Nous sommes tous une merveille,
Nous sommes tous une merveille,
Nous sommes humains,
Nous sommes humains,
C’est l’oubli de certains
C’est l’oubli de certains
Qui voient dans notre couleur de peau
Qui voient dans notre couleur de peau
Une différence, un fléau.
Une différence, un fléau.
« Aimons-nous », poème de Clara Jammes.
Extrait du recueil de textes « Anara », d’Anaïs Dechancé et Clara Jammes.
Nous sommes tous les mêmes
Nous sommes tous les mêmes
Alors pourquoi ne pas se dire je t’aime
Alors pourquoi ne pas se dire je t’aime
Au lieu de continuer cette guerre.
Au lieu de continuer cette guerre.
A
i
m
o
n
s
A
i
m
o
n
s
nous
nous
-
-
34
Remerciements
Tou.s.tes les participant.e.s aux différents cours et
ateliers de l'école d'art.
Les artistes Julia Crinon et Hugo Marchal, qui forment
le duo de l’Atelier McClane qui sont intervenus à
l'école de décembre 2021 à mai 2022, pour réaliser
Mickael Lambert, Yoann Delestre et l’équipe technique
du CYEL pour son aide à la réalisation du projet
FRACAS !!!
Nadine Martin, Pascale Gagnaire, Romain Barré
pour leur aide logistique.
Les élèves du Lycée Nature et leur enseignant Vincent
Lepley pour leur participation au projet
Correspondance(s).
Ekaterina Koulechova pour les éditions Gallmeister.
Nicolas Deschamps pour les éditions LLL
(Les liens qui libèrent).
Nicolas Bourriaud, Vincent Perrottet.
Le CCR du MUCEM de Marseille.
La Succession Picasso et Sandra Houel.
Éloïse Guénégues et Fred Bernard pour la Maison
Gueffier.
Les papiers Fedrigoni et Hervé Cano.
L’imprimerie Offset 5 et Camille Imhof.
L’Adjoint à la Culture et à la Communication
Maximilien Schnel, le Directeur des Affaires
culturelles de La Roche-sur-Yon Jean-François
Brunel et le Directeur du Conservatoire/École d'art
Xavier Jamin. Brigitte Pirio, Caroline Olié, Denis
Ferré, David Robert, Laurianne Raimbault, Malvina
Sirisawat, Muriel Hillairet, Fabrice Braud et la DRAC
des Pays de la Loire.
L'équipe de l'IUT de La Roche-sur-Yon : Kennocha
Bohème, Clara Menon, Romane Pichon, Audrey
Roger, Andréa Sannier. Leurs enseignant.es Olivier
Ertzscheid, Christelle Capo-Chichi, François-Jean
Goudeau, Yves Guilloux, Marc Jahjah, Claudine
Paque.
L'équipe pédagogique de l'École d'art : Claudie
Pateau, Sonia Campos, Hélène Delépine, Adélaïde
Gaudéchoux, Pierre-Yves Gervais, Jean Herpin,
Olivier Josso-Hamel, Sophie Pouchain, Lisa David
et Juliette Vezat pour le département danse du
Conservatoire/École d’art.
Une édition de l'École d'art de La Roche-sur-Yon,
réalisée dans le cadre d'un partenariat pédagogique
avec l'IUT de La Roche-sur-Yon.
Revue imprimée à 1000 exemplaires, sur un papier
Fedrigoni, Symbol Oikos white 115g, par l'imprimerie
Offset 5 de La Mothe Achard.
Typographies : Candara, Impact, Minion Variable
Concept, Old Newspaper.
30 cm x 32 cm, 36 pages.
Le papier recyclé Oikos est produit dans le respect
de l’environnement et une démarche d’éco-durabilité.
Disponible en version numérique du 09/03/2023 au
09/03/2024 sur les sites suivants :
Site de la ville de la Roche-sur-Yon et site du média
étudiant Hashtag Infos.
Conçu collégialement par un comité éditorial
rassemblant des étudiantes de BUT Information
et communication de l’IUT de La Roche-sur-Yon
et l’École d’art, ce numéro réunit les contributions
des élèves, des enseignant.es et des étudiantes, mais
aussi celles de Julia Crinon, Hugo Marchal (Atelier
McClane), Vincent Perrottet et les textes de Nicolas
Bourriaud et Aldo Léopold.
Responsable de la publication : Lisa David
Relecture : Claudie Pateau, Christelle Capo-Chichi
et le comité éditorial.
Contact : revue.ecoledart2020@gmail.com
Bruire #2 - Possible(s)
Dépôt légal : mars 2023
ISSN print : 2825-1687
ISSN web: 2824-0723
ISBN : 978-2 9562191-3-2
Cet exemplaire ne peut être vendu.
Nous remercions très sincèrement les différent.es contributeur.ices de la revue
Nous remercions très sincèrement les différent.es contributeur.ices de la revue Bruire
Bruire #2 !!!
#2 !!!
Comité éditorial associé à ce numéro & design graphique et mise en page :
Kennocha Bohème, Clara Menon, Romane Pichon,
Audrey Roger, Andréa Sannier.
FRACAS !!!
Spéciale dédicace à Pierre-Yves Gervais & un immense merci à Claudie Pateau.
35
École d’art de La Roche-sur-Yon
BRUIRE #2
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  • 1. 1
  • 2. Préambule Le Conservatoire/École d’arts plastiques-danse- musique-théâtre est un lieu d’enseignement, de création et de diffusion artistiques. Environ cinq cents élèves fréquentent l'école d'arts plastiques à l’année. On y pratique la photographie et les arts numériques, le dessin, la peinture, le volume et la céramique, l’illustration, l’estampe, l’édition, et l’histoire de l’art. On y propose aussi des projets pédagogiques aux écoles à travers différents dispositifs d’éducation artistique et culturelle : « L’art aux enfants », pour les enfants de la maternelle au cycle élémentaire, « Graphèmes » et « Voyages numériques » pour les élèves du cycle élémentaire, « Correspondance(s) », pour les lycéens. L’École d’art a développé depuis de nombreuses années une spécialité autour des techniques artistiques de l’impression et de l’édition, qui figure comme un des points forts à son projet pédagogique. Cette spécialité l’a renforcée avec un projet d'éducation connecté aux autres dimensions de l'apprentissage aux savoirs (rapport aux langages). Cela nourrit à ce jour un projet qui favorise le décloisonnement des pratiques artistiques et envisage l’édition comme un champ privilégié d’expérimentation, tant pédagogique qu’artistique. Elle permet aussi un partenariat avec l’enseignement supérieur et le département Information et Communication de l’IUT de La Roche-sur-Yon. Pour la création de Bruire, ce lien se concrétise à travers un atelier éditorial qui intègre des étudiantes de BUT/1re année et 2e année (SAE). Le premier numéro de la revue Bruire est paru en mars 2022. Le travail réalisé pour la faire vivre s’appuie sur des expériences transversales et sur la présence d’artistes intervenant ou résident à l’École d’art. Les étudiantes rassemblées pour la création de ce second numéro ont nourri leur réflexion de l’actualité et axé leur création sur des dimensions chères à Hugo Marchal et Julia Crinon, artistes du duo l’Atelier McClane. Bruire #2 s’aventure alors du côté de la dimension sociale et critique de l’art, des pratiques artistiques collaboratives, et de notre lien au vivant. Nous tenterons alors de nous « faire des cabanes : imaginer des façons de vivre dans un monde abîmé, jardiner des possibles », selon les termes de l’essayiste et historienne de la littérature Marielle Macé. Nous la citerons pour ouvrir ce projet : « Poser que le monde a des idées, les entendre et les suivre, le poème sait très bien faire ça, lui qui écoute les choses signifier, gémir, rêver, lui qui emploie son effort à qualifier ces voix non-voix, ces pensées non- pensées. Prêter l’oreille, discerner, entendre quelque chose non-parler, entendre le monde muet bruire d’idées, ça s’apprend. » Extrait de « Nos cabanes », (p.100), Marielle Macé, Verdier, 2019. 2
  • 3. ai Visuels page de couverture et 4ème de couverture : Maryse Poirier, Geneviève Legros. Sommre 4 « Je veux », Anaïs Dechancé 5 « Faire collectivement », l’Atelier McClane 6 Danse & dessin, Ateliers partagés 8 Fracas !!! 11 Portraits croisés, Julia & Hugo 12 « Des graphistes », Vincent Perrottet 14 Correspondance(s) avec l’Atelier McClane 16 « De l’art », Nicolas Bourriaud 18 Ruines 21 (Dé)constructions 22 Stuck inside of mobile with the Memphis blues again... 24 Pablo Picasso & « Guernica » 26 Identités remarquables 28 8 lames de tarot 30 « Penser comme une montagne», Aldo Léopold 34 « Aimons-nous », Clara Jammes 35 Remerciements 3
  • 4. « Je veux », poème d’Anaïs Dechancé. Extrait du recueil de textes « Anara », d’Anaïs Dechancé et Clara Jammes. Je veux Je veux être au sommet Je veux être au sommet La tête dans les étoiles La tête dans les étoiles Et les pieds sur terre Et les pieds sur terre Je veux décrocher la lune Je veux décrocher la lune Sans oublier d’où je viens Sans oublier d’où je viens Regarder mon chemin Regarder mon chemin Et être fière de tout ce que j’ai parcouru Et être fière de tout ce que j’ai parcouru Je suis une fille pleine d’espoir Je suis une fille pleine d’espoir En apesanteur, je veux tout voir En apesanteur, je veux tout voir Je veux tout croire Je veux tout croire Et continuer de rêver Et continuer de rêver À ce que demain pourrait être À ce que demain pourrait être À ce que le destin me réserve À ce que le destin me réserve Je veux voir où mes choix me conduiront Je veux voir où mes choix me conduiront Pleine d’espoir Pleine d’espoir Je veux monter l’Everest Je veux monter l’Everest Parcourir l’océan Parcourir l’océan Découvrir de nouvelles terres Découvrir de nouvelles terres De nouveaux horizons De nouveaux horizons Je veux parcourir l’univers Je veux parcourir l’univers De long en large et en travers De long en large et en travers Je veux aller à bâbord et à tribord Je veux aller à bâbord et à tribord Mettre les écoutilles et naviguer vers le large Mettre les écoutilles et naviguer vers le large Je veux être l’œil du cyclone Je veux être l’œil du cyclone Voir le monde tourner Voir le monde tourner Je veux voir les vents changer Je veux voir les vents changer Les vagues s’agiter Les vagues s’agiter La terre remuer La terre remuer Et la lave bouillir Et la lave bouillir Je veux voir les galaxies, les voies lactées, les supernovas Je veux voir les galaxies, les voies lactées, les supernovas Je veux voir de nouvelles espèces Je veux voir de nouvelles espèces Voir le ciel et ses merveilles Voir le ciel et ses merveilles Je veux être une super héroïne, une fée, une sirène, une princesse Je veux être une super héroïne, une fée, une sirène, une princesse Je veux être Rosa Park, Simone Veil ou Angela Davis Je veux être Rosa Park, Simone Veil ou Angela Davis Je veux la voix d’Aretha Franklin, de Nina Simone et d’Édith Piaf Je veux la voix d’Aretha Franklin, de Nina Simone et d’Édith Piaf Je veux être institutrice, médecin ou encore policière Je veux être institutrice, médecin ou encore policière Je veux être le monde et voir dans ses yeux Je veux être le monde et voir dans ses yeux Je veux être de ce monde et laisser une trace Je veux être de ce monde et laisser une trace Je veux aller au sommet Je veux aller au sommet Et je ne veux pas être oubliée Et je ne veux pas être oubliée 4
  • 5. L’ATELIER MCCLANE « FAIRE COLLECTIVEMENT » L’Atelier McClane est un duo d’artistes basé à Rennes, composé de Julia Crinon et Hugo Marchal. Ce duo s’est formé aux Beaux-Arts en 2013, où est née leur collaboration artistique. Ces deux artistes polyvalents ont d’abord utilisé la sérigraphie et l’auto-édition avant d’explorer d’autres domaines tels que la photographie ou la peinture murale. À travers ses différentes œuvres, le duo souhaite projeter sa vision, ses questionnements sur la place du politique dans notre quotidien. Le dessin, l’édition et la sérigraphie sont centraux dans leur travail. Les œuvres du duo visent en premier lieu à inciter le spectateur qui les éprouve à poser un regard critique et à s’interroger sur son environnement. Elles se caractérisent par l’usage du noir et du blanc, radical, minimaliste. Noir et Blanc Si ces œuvres peuvent sembler au premier abord abstraites et peu explicites, elles résultent en réalité de la volonté des artistes à ne représenter que des images symboliques, afin de laisser au spectateur la possibilité de les interpréter librement. Leurs œuvres comportent une part intuitive, mais naissent aussi d’une réflexion sur la notion de message, la manière de faire sens et de véhiculer ce sens. Interrogé sur son processus de création, le duo le décrit comme « long et constant », nécessitant beaucoup d’échanges, de discussions et d’inspirations, combinant des vocabulaires et des pratiques graphiques complémentaires. Le travail des McClane est le fruit de multiples influences et références, toutes époques confondues. Les artistes s’inspirent entre autres de la nature et de toutes les ressources que cette dernière nous offre, de l’univers de J.R.R. Tolkien ou encore de la littérature engagée du xixe siècle. Le duo s’inspire également des travaux d’Hans Arp, cofondateur du célèbre mouvement Dada, ainsi que ceux du collectif de graphistes Grapus. Désireux de partager des valeurs humaines, le duo organise des ateliers artistiques et participatifs, permettant d’allier pratique artistique et partage avec le public. «Lorsquenousmenonsdesworkshopsetautresateliers, notre volonté porte en premier lieu sur la nécessité de faire collectivement. Nous pensons que ces moments de création et de partage éphémères doivent être des espaces-temps qui rendent possibles de nouvelles narrations communes. » « Enflammer le sommet des montagnes noires », 2021, couverture du livre éponyme, Actes Nord éditions, Risographie. Résidence et exposition au Vecteur à Charleroi (52 pages, reliure spirale, 3 couleurs riso, 25cm x 18 cm, tirage à 250 exemplaires). https://ateliermcclane.com « Coexistences », 2022, sérigraphie une couleur, 40 x 60 cm. « Enflammer le sommet des montagnes noires, c’était tenter d’émettre l’ultime signal. Agiter nos bras fatigués dans la tempête. Avec nos images et nos récits fictionnels,noustentonsdegénérerdesimaginaires.Ils sontimaginairesdeluttes,deviesalternatives,d’utopies imparfaites. Ils prennent forme à partir d’éléments glanés : des expériences, des lectures, des archives, des fragments de paysages. Ces imaginaires viennent habiterlesesprits,ilssontunebéquillenécessaire.Pour construire.Pourtenir.» 5
  • 6. Sur une proposition de Lisa David et Juliette Vezat, avec les élèves des cours de dessin adultes et les participantes à l’atelier de recherches chorégraphiques : BEAULIER Isabelle, BLOIS Brigitte, DOUGE Brigitte, BOCHET Fanny, BOURY Hélène, Céline, POTIER Christine, LÉVEQUE Marie-Françoise, GIRAUDEAU Isabelle, GUIET Marie-Noëlle, HERAULT Florence, HEUZE Sophie, HUCHOT Christelle, PALUN Claude, TESSON Sandra, VALOIS Karine, AUDUREAU Marie-Annick, BALLEREAU Clarisse, BONIO Betsy, BONNIFET Astrid, BOSSARD Joyce, BOUDEAU Nicole, BRAEMS Isabelle, Danse & dessin Ateliers partagés Deux rencontres ont eu lieu entre les danseurs de l'Atelier de Recherche chorégraphique et les dessinateurs du Conservatoire/École d'art en février et mars 2022. Il s’agissait pour les participants d’expérimenter un langage, des gestes, des actions qui pourraient être communs aux danseurs et dessinateurs, dont l’interprétation pourrait être singulière à chacun, et l’expérience en tout cas partagée. Furent évoquées les recherches graphiques des danseuses et chorégraphes Carolyn Carlson, Trisha Brown et Anne Teresa de Keersmaeker, les performances de Toni Orrico. Ainsi danseurs et dessinateurs dansèrent et dessinèrent ensemble : mouvement et trace, trace et mouvement,surunemusiquedePhilipGlass... 6
  • 7. CANTET Claudine, CHARIEAU Linette, COUTABLE Guylaine, DOMAIN Lauriane, DUBÉ Maryline, FAUCHART Emmanuelle, FRUCHET Christiane, GHERNAOUT Saliha, GIRARD Marlène, GOGENDEAU Christiane, GUILMINEAU Perrine, JOUIN Christelle, JOYAU Michel, LEBRUN Pierre, LUSSET Véronique, MAIOROVA Kristina, MASSARELLI Benoît, MAY Bernard. Empreinte, respiration, espace. Articulation, présence, poids, densité, ancrage. Initier un mouvement par différentes parties du corps, entourer le corps de l’autre, jouer aux miroirs. Ouvrir un espace sensible à travers son corps. Sentir, être présent à soi, à l’autre, au groupe. Rencontre, composition collective, croquis. Lenteur, répétition, gestes lancés et suspendus, mouvements séquencés et continus, déplacements, postures et appuis, torsions, lignes, volumes dans le corps, explorations par le croquis, et le mouvement. Recherche à partir de verbes d’action liés au sol, à l’air, au corps : Effleurer, onduler, presser, étirer, suspendre, rectiligne, courbe, déposer, vibrer. 7
  • 8. À la fin du xixe siècle, l’affiche illustrée devient un support d’information primordial pour communiquer dans l’espace public. La liberté d’afficher est accordée par la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, et des imprimeries se spécialisent dans la réalisation d’affiches. L’essor des techniques d’impression permet de travailler en couleur et en grand format, ainsi que d’élargir considérablement les possibilités de diffusion. L’affiche devient une forme d’expression artistique à part entière, investie par les peintres et les artistes de l’époque. Tantôt artistique, politique, commerciale, l’intention de l’affichiste vise la transmission d’un message, sa composition est porteuse d’un sens qui doit attirer l'oeil et marquer les esprits. Questionnant la nature des images et leur profusion dans l'espace public, le duo d'artistes l’Atelier McClane a choisi d'explorer les codes de l'affiche et l'utilisation des formes, des signes pour faire sens. Désireux de partager son intérêt pour la sérigraphie, le dessin et l'expérimentation collective, leduoacrééaveclesélèvesdel’atelierprimaireetducours dessin & multiples un atelier de production d’affiches. Les « workshops » sont des ateliers collaboratifs, tous les participants sont inclus dans la réflexion et l’expérience partagée, autour d’un projet, d’un sujet de recherche commun. De janvier à mai 2022, lors de quatre rendez-vous à l’École d’art, Julia et Hugo ont expérimenté, échangé et œuvré avec les élèves pour la création d’un accrochage collectif et évolutif intitulé FRACAS !!!. Ils ont proposé des recherches graphiques axées sur l'association, le détournement et la simplification d'images préexistantes, pour constituer un nouveau répertoire graphique et composer des affiches originales. Ce travail fut visible dans la rue Allende, et depuis le rez-de-chaussée du CYEL de janvier à juin 2022. Atelier de création d’affiches avec le duo d’artistes l’Atelier McClane. FRACAS !!! 8
  • 9. Crédit photo et conservation : MUCEM, Affiches de l’Atelier populaire des Beaux-Arts de Paris,1968. « Par ces images je traverse la collectivité des hommes, leur labeur et leur distraction, leur tristesse et leur rêve. Dans ces formes, je retrouve la question que je me pose chaque jour : et ce trait, et cette couleur, et ce volume, sont-ils justes ? » Jean Schneider – scénographe. 9
  • 10. La sérigraphie est un procédé d’impression directe, proche du pochoir. Elle fut créée en Chine durant la dynastie Song (960-1279). Au xviie siècle, les Japonais s’approprient cette technique et transforment le procédé en utilisant des écrans tissés à partir de cheveux humains. Il faut attendre la fin du xviiie siècle pour que la sérigraphie se diffuse en Europe, puis qu’elle évolue grâce à l’industrialisation. Elle inspi- rera plus tard des artistes tels qu’Henri Matisse, Andy Warhol, Roy Lichtenstein et Robert Rauschenberg. Cette technique permet de déposer l’encre directement sur des supports très variés, à travers un écran (pochoir). À l’origine, les écrans étaient en soie, mais ils sont aujourd’hui en polyester ou en nylon finement tissé. Ce procédé nécessite la création d’un écran par couleur. Les différentes couleurs sont imprimées l’une après l’autre, et se « surimpriment » pour recomposer une image complète. En France, les étudiants contestataires de Mai 1968 ouvrirent un atelier de production d’affiches : l’Atelier populaire des Beaux-Arts de Paris. Ils choisirent la sérigraphie, méthode facile à mettre en œuvre pour produire plus de deux mille affiches par jour. Certaines de ces œuvres sont restées célèbres dans l’iconographie de la culture populaire française, et une sélection d’entre elles est conservée par les archives du Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MUCEM) de Marseille. Sur une proposition de l’Atelier McClane, avec Sophie Pouchain, Adélaïde Gaudéchoux, les élèves des cours dessin & multiples, et l’atelier primaire du mercredi : HALLOUL Lina, GRAVOUEILLE Luana, MOREAU Lili-Jeanne, MALARD Lucas, CHBANI Amandine, AGHVANYAN Daniella, VARENNE GILLET Luze, SIMON Emeline, FILLATRE COUTELLIER Inès, BOUCHER Emma, BOUCHEZ Roxane, CAMAND Justine, DESFOSSÉ Angèle, DUCEPT Charline, JULES Ariane, LE GLEUT Loïse, LEGOUPIL Lise, PEYRAUD Lucie, SERGENT Mathilde, SOULARD Elisa. Sérigraphie 10
  • 11. Si Julia était un type de peinture ? Le romantisme noir anglais et allemand. Ou bien aussi les images réalisées par le See Red Women’s Workshop. Si elle était une de vos œuvres ? Je dirais le livre There is fog on the path. C’est un bel équilibre entre photo et dessin, assez sobre mais qui reflète très bien la sensibilité artistique de Julia. Si elle était un poème ? Un texte de Gloria Anzaldúa. Si elle était une couleur? Le noir. Si elle était une discipline artistique ? J’hésite entre le dessin (évidemment) et l’écriture. Si elle était un livre ? Impossible de la définir par un seul livre, c’est une bibliothèque, ou au moins une étagère de livres dans laquelle on trouverait : Silvia Fedirici, Virginia Woolf, J.R.R. Tolkien, Henry David Thoreau et Bell Hooks. Si elle était un souvenir ? Un retour de la plage en voiture vers la fin d’une journée estivale et avoir les pieds nus, plein de sable dans l'habitacle, avec les fenêtres ouvertes. Si elle était un.e artiste célèbre ? Un mélange entre Valentine Schlegel et Virginia Woolf. Si elle était un film ? Un film d’époque qui se déroule en Angleterre. Si elle était un bruit ? Probablement un son très doux, voire une absence de bruits, un environnement calme loin de l’agitation. Si elle était une émotion ? L’empathie. Si elle était un trait de caractère ? L’intégrité car elle reste toujours cohérente et fidèle à ses principes. Si Hugo était un type de peinture ? Un folk-art un peu naïf. S'il était une de vos oeuvres ? Notre fanzine Association au potager. S'il était un poème ? A Walking Song de J.R.R. Tolkien. S'il était une couleur ? Noir ou vert forêt. S'il était une discipline artistique ? La peinture. S'il était un livre ? Walden de Henry David Thoreau. S'il était un souvenir ? Notre premier festival de micro-édition/illustration underground à Rome. S'il était un.e artiste célèbre ? Un mélange étrange de Raymond Pettibon et Hans Arp. S'il était un film ? The Fellowship of the Ring de Peter Jackson. S'il était un bruit ? Le crépitement du feu. S'il était une émotion ? La surprise. S'il était un trait de caractère ? Volontaire. Ces entretiens, menés par Clara Menon, Romane Pichon et Audrey Roger, ont été réalisés avec l’atelier McClane sous la forme de portraits chinois croisés. PORTRAITS CROISÉS, JULIA & HUGO 11
  • 12. Des Graphistes Le graphiste ( ou designer graphique ) est un généraliste de la mise en forme visuelle, il dessine « à dessein » - souvent dans le cadre d’une commande - les différents éléments graphiques d’un processus de communication. (Définition donnée par une assemblée de graphistes en juin 1987 lors des états généraux de la Culture). Vincent Perrottet est un graphiste indépendant qui a contribué au collectif Grapus où il a œuvré de 1983 à 1989 après ses études de vidéo et cinéma à l’Ensad à Paris. En 1989, Vincent Perrottet et Gérard Paris-Clavel créent les Graphistes Associés, atelier issu de Grapus : « un atelier de conception d’images publiques d’utilité sociale ». De 2000 à 2013, Vincent Perrottet travaille avec Anette Lenz, pour les théâtres d’Angoulême, de Mulhouse, de Chaumont et d’Auxerre. Il enseigne également à l’Esad d’Amiens, à l’École d’Art du Havre, à l’École d’Architecture de Marne la Vallée, et participe à l’organisation et à la direction artistique du Festival international de l’affiche de Chaumont de 2002 à 2009. Il explore la relation entre le texte et les images, ancre son travail dans l’actualité, les expériences de travail collaboratif et une pensée militante face au monde de la publicité et de la propagande visuelle. L’intégralité du texte ici présenté est accessible sur le site officiel de Vincent Perrottet : https://vincentperrottet.com. Qu’est ce qu’un graphiste ? Quelqu’un qui lit, écrit et, s’il le peut, invente des formes graphiques, des signes et combinaisons de signes. Que signifie le graphisme ? Le graphisme est un domaine d’expression au service ou non de la collectivité, ce qui suppose de maîtriser le langage et le sens des formes, leur usage et leur mode de diffusion. Quel est le rôle du graphiste dans la société ? Le même que celui d’un médecin, d’un boulanger, d’une actrice, d’un ouvrier.... - par sa pratique, améliorer les rapports et les relations entre les humains, - améliorer la qualité du regard, - rendre les choses lisibles lorsque c’est nécessaire, - sans cesse réinventer son vocabulaire formel et sa grammaire. Peut-il être considéré comme un artiste ? Pour créer réellement, il faut être libre de son temps, de son économie et raisonner en doutant. Tout le monde doit essayer d’être un artiste ; c’est à cet endroit que l’on perçoit le mieux le sens de la vie et des choses. Le graphiste a t-il une responsabilité sociale spécifique ? Comme toute personne qui maîtrise une tech- nique ou un langage nécessaire à l’organisation humaine, le graphiste est responsable de ses actes et de ses images. Un grand nombre de graphistes produit des messages auxquels il ne croit pas, sans y mettre d’exigence artistique, en calquant l’idéologie et les méthodes des comman- ditaires. C’est le domaine de la publicité rempli d’irresponsables visuels corrompus par l’argent, le confort petit-bourgeois et l’illusion de côtoyer le pouvoir. Aujourd’hui dans les pays dévelop- pés, il y a saturation et pollution visuelle des espaces publics et privés par les images (sans ima- gination ni invention) de la consommation de masse. La grande majorité des graphistes participe à ce mouvement qui abîme le regard et l’intelligence de leurs concitoyens. Le graphisme politique et social existe-t-il ? Comment le définir ? Tout le monde peut et doit s’intéresser à la vie de la cité, c’est la signification de l’engagement politique et social. Il existe un grand nombre d’associations et de groupes auxquels le graphiste peut participer en mettant en forme les idées s’il en partage les valeurs. Un graphiste, quand il a une idée originale ne doit pas hésiter à la traduire dans son art et à la diffuser par ses propres moyens. Quels sujet / commandes traitez-vous le plus souvent ou préférez-vous traiter ? Tout sujet qui nous donne l’envie et la possibilité de réfléchir, de créer, de s’amuser, de développer une relation de complicité avec les commanditaires et surtout qui par sa nature respecte le public et nous-même. Le choix est aujourd’hui assez simple : un(e) metteur en scène de théâtre ou d’expositions, un(e) responsable d’association ou d’organisation œuvrant pour le bien collectif, un(e) responsable de la santé publique, un(e) architecte de talent proposent plus à nos yeux qu’un directeur de marketing qui veut vendre le millionième rasoir jetable non recyclable. [...] Quels sont vos médias ou moyens d’expression préférés ? Pour nous, tout support qui ne dégrade pas l’environnement (un panneau 3 x 4 m abîme souvent l’espace urbain), est bon dès lors que l’on nous laisse être bons. L’affiche est un support d’image que nous apprécions. C’est beau de réussir à concentrer en une image le sens d’une mise en scène de théâtre ou d’une revendication. Une fois sa fonction d’information remplie, une affiche réussie, parce qu’elle est forte, belle ou réellement subversive et bien imprimée, peut encore continuer à nourrir l’œil et l’esprit de générations de spectateurs, musées ou fonds particuliers. [...] Vincent Perrottet En 1998, un jeune graphiste allemand posa une série de questions à des créateurs de formes graphiques dont les Graphistes Associés. Voici les réflexions que notre collectif lui renvoya et qui valent encore pour aujourd’hui. 12
  • 13. Trouvez-vous intéressant de vous servir des mass media ? Pour s’en servir, il faudrait les libérer et les réinventer. Il faut la force d’un Jean Genet ou d’un Nelson Mandela pour réussir à s’exprimer d’une prison. Considérez-vous que l’affiche est un moyen de communication efficace ? Lorsqu’une affiche est bonne, elle est aussi efficace et utile pour l’intelligence humaine qu’un bon livre, un bon film, une bonne peinture, une bonne mise en scène... Une affiche pour toucher l’autre ne doit pas chercher à communiquer (terme dévoyé par la pub) mais à subvertir avec bonheur le regard. Les affiches que nous aimons faire n’ont presque plus de place ou d’avenir avec les lois et les prix exorbitants des supports privés qui interdisent le collage sauvage. Il n’y a plus d’affichage public ; il n’y a que des messages payants. Comment financez-vous les projets à but non lucratif ? En étant nous-mêmes à but non-lucratif, avec une économie limitée à nos besoins. Sans épargner ses forces ni son argent, on peut alors produire quelques images pour nous et pour les autres. L’argent d’aujourd’hui est celui de la consommation de masse, des inégalités, des injustices et des frustrations sociales. Ce n’est pas un moyen d’échange, c’est une arme pour soumettre, avilir et même assassiner. Vive la gratuité et le partage ! [...] À découvrir : www.centrenationaldugraphisme.fr/le-signe « Espoir », image de Vincent Perrottet et Anette Lenz, 2006. 13
  • 14. Correspondance(s) avec l’Atelier McClane Le dispositif Correspondance(s) s’adresse aux lycéens et leur permet la découverte d’un processus créatif, de questionner la notion de référence en art, de rencontrer des œuvres et des artistes. Ces rencontres donnent lieu chaque année à la réalisation d’une édition collective. Pour la deuxième édition de Correspondance(s), l’Atelier McClane est intervenu à l’école d’art de janvier à mai 2022. Les artistes ont proposé une sélection de huit œuvres issues de la collection de l’Artothèque et amorcé avec les élèves une réflexion sur la culture de masse, la standardisation et la reproductibilité des images. Suite à la présentation de ces œuvres aux élèves par lesmédiateursdel’Artothèque, lespremièresrecherches graphiques ont débuté avec l’Atelier McClane. Ces recherches ont permis l’élaboration et la réalisation d’affiches imprimées en sérigraphie. Suite à l’impression des affiches dans l’atelier de l’École d’art, l’établissement des élèves a permis le collage des affiches réalisées. Chacun s’est questionné sur les correspondances entre les lieux envisagés pour le collage et les messages véhiculés par les affiches. 14
  • 15. Sur une proposition de l’atelier McClane, avec Sonia Campos, Hélène Delépine, la classe de 1ère STAV du Lycée Nature et leur enseignant Vincent Lepley. Œuvres prêtées par l’Artothèque : Léo Dorfner, « Démocratia Corinthiana », Paul Pouvreau, « Les Veilleuses », Jean-Michel Alberola « Abécédaire, un conte pour enfants », 2000, Ernest T, « Hé, Hé », 2016, Joël Hubo , « Gob spin », 2016, Bernard Rancillac, « Les Cyclistes », 1931, Laurent Sfar, « Supermâché », numéro 1, 2004, Sandrine Péron, « Neuf Femmes », 2008. 15
  • 16. «Del’Art» Au début des années 1990, une nouvelle génération d’artistes s’est soudain focalisée sur la sphère relationnelle, sur les rapports interhumains - qu’ils soient individuels ou sociaux, conviviaux ou antagoniques. Ce mouvement de la pensée correspondait alors à la volonté de se tenir au plus près de la ligne de front, évolutive, qui oppose les forces de la réification à celles du vivant, la marchandise aux sujets. Mais le vivant des artistes n’est pas celui des biologistes : c’est l’apparition d’internet, la montée en puissance des industries du service et la marchandisation des rapports humains qui intéressaient les premiers et qui les amenèrent à explorer les motifs de cette sphère relationnelle, à s’en emparer comme autant d’outils ou de matériaux, en tous cas comme sujet de leur pratique. Depuis, l’art contemporain semble avoir entamé un dialogue élargi avec le vivant (avec l’objet aussi, d’ailleurs, pour peu que ces catégories aient conservé leur pertinence). Ils et elles introduisent de la subjectivité dans les formes : étendre le domaine de la subjectivité, peupler le monde d’interlocuteurs, tel est l’enjeu esthétique dominant aujourd’hui et il rejoint évidemment le champ politique. À l’heure où le gouvernement néo-zélandais octroie à une rivière le statut de sujet légal (l’Équateur en faisant de même avec son sol), il apparaît crucial de freiner, partout où c’est possible, le processus de réification de la planète. Les artistes se tiennent sur cette ligne de front, contribuent à ce que le sociologue Bruno Latour appelait le « Parlement des choses », parce qu’ils et elles sont volontiers et spontanément totémistes. L’art matérialise des rapports au monde, produit des liens et des connexions inédites entre les êtres et les choses. Comme le dit magistralement l’artiste Pierre Huyghe, une exposition ne consiste pas à « exposer quelque chose à quelqu’un, mais à exposer quelqu’un à quelque chose », et le regardeur y joue un rôle de témoin actif. Les conventions (sociales et culturelles) qui lient l’artiste et le regardeur, la conscience humaine et ses objets, se voient repensées de fond en comble par l’art contemporain. Il ne faut pas considérer l’art comme une catégorie d’objets, mais comme une série d’expériences, placées sous le signe de la contingence absolue. Une exposition est une forêt amazonienne dont les visiteurs seraient les Indiens Runa, dont l’anthropologue Eduardo Kohn écrivait qu’ils la considéraient comme une gigantesque sémiose, c’est-à-dire que les choses ne prennent sens qu’en fonction de leur contexte. Car dans une exposition, nous sommes aux aguets : tout est signe, et notre regard se reconfigure. Nous évoluons dans un espace de dialogue, d’interlocution : entourés de sujets qui nous parlent, nous avons quitté le monde inerte des consommateurs pour endosser celui de témoin actif. Notre époque voit s’amplifier ce que l’on pourrait décrire comme un processus d’évacuation de l’humain. Ce que l’on a reproché à ces pratiques artistiques que j’ai désignées comme « relationnelles », c’est leur supposé anthropocentrisme. Il me semble, au contraire, que l’un des enjeux politiques majeurs du xxie siècle consistera à remettre de l’humain partout où celui-ci s’est retiré : dans la finance informatisée, dans les marchés livrés à des régulations mécaniques, dans les politiques fixées sur le seul horizon du profit, c’est-à-dire le monde du quantifiable. Toutefois, il ne s’agit pas de replacer l’humain au centre de quoi que ce soit, car rien ne saurait en constituer un. Nous vivons dans un univers de coactivités, dans un écosystème partagé. Mais comment ne pas sursauter quand on apprend que sur internet, on rencontre aujourd’hui davantage de machines que d’êtres humains ? Les moteurs de recherches, les serveurs publicitaires et les algorithmes collecteurs de nos « données personnelles » représentent désormais la population dominante d’un réseau au sein duquel l’être humain devient un animal traqué, une matière première. Pris dans les rets d’un appareillage massif de domination, nous entrons dans l’ ère du « néolithique numérique » : ce ne sont plus les animaux et les plantes qui se voient domestiqués, c’est nous. L’Anthropocène, ou plutôt le capitalocène, signifie l’apparition d’un nouveau paysage relationnel au sein duquel l’humain occupe une place secondaire, celle d’une matière première, au même rang que les combustibles fossiles, les animaux d’élevage ou la lumière du soleil. Or, l’art occupe une position spécifique et rare dans notre écosystème, en ce qu’il donne aux choses et aux êtres une tout autre valeur que le fétichisme sec du capitalisme mondialisé. En conclusion, je citerai les premières lignes de mon dernier essai, Inclusions, Esthétique du capitalocène : « Ce que le monde occidental appelle la nature ne produit ni déchets, ni œuvres d’art. Bien qu’on ne puisse ni les concilier, ni les dissocier, ces deux objets forment les pôles du monde humain. Personne ne veut du premier, qui jouit du privilège d’échapper à la propriété privée. Le second possède, à l’inverse, une incontestable valeur sociale. On retrouve cette polarité dans le monde industriel, où la surproduction industrielle génère une couche proliférante de rebuts, tandis que ce que nous nommons culture naît de l’excédent d’énergie. Mais les délais se raccourcissent sans cesse de la marchandise à l’ordure, réduisant le temps d’usage des choses et la durée des représentations. Jeter un objet en plastique, chasser du doigt une image entrevue sur un écran, sont deux gestes qui font partie d’une symbolique générale, d’une vision du monde pour laquelle l’être humain n’est plus un acteur à part entière de la vie terrestre, mais un matériau pris dans un mécanisme. La crise climatique, que résume désormais le terme d’anthropocène, s’accompagne d’une crise planétaire de la culture. Que signifie l’art dans un monde où prédomine l’urgence et qui épuise désormais dès juillet ses ressources annuelles renouvelables? » Texte de Nicolas Bourriaud, « De l’art », p23, extrait de « RELIONS- NOUS ! La constitution des liens – l’An 01 », ©LLL éditions (Les Liens qui Libèrent), Paris, 2021. Nicolas Bourriaud 16
  • 17. Marion DAVIAUD, estampe, « Ruines ». L’anthropocène, l’âge de l’homme : Prix Nobel de chimie en 1995, Paul Josef Crutzen a théorisé l’idée de l’anthropocène : l’âge de l’homme. Ce terme évoque une nouvelle ère géologique dans laquelle l’homme acquiert une influence centrale sur la biosphère. Cette ère débuterait avec la Révolution industrielle en 1850. L’empreinte indélébile que l’homme laisse sur la planète (à travers l’agriculture intensive, la déforestation, l’expansion des mégalopoles, les exploitations nucléaires par exemple) ferait de lui l’acteur le plus influent, transformant durablement notre système terrestre et les équilibre naturels de la terre. L’anthropocène succèderait à l’Holocène, une ère interglaciaire qui favorisa la croissance des sociétés humaines et dura plus de dix mille ans. 17
  • 18. Ruines Inspirées par les ruines de Pompéi, d’Angkor, des friches industri elles, ou encore le travail des artistes tels qu’Anne et Patrick Poirier, Clé ment Richem, Jérome Maillet, Jeremy Perrodeau, Oliv ier Morel et HU Shu, les propositions singulières des élèves sont l’abou tissement d’un travail de plusieurs mois sur la pratique de la gravure à l’eau forte.(Gravu res à l’eau forte sur plaques de zinc, imprimées sur Processus de dégradation et d’écroulement d’une construction pouvant aboutir à sa destruction com -plète. 18
  • 19. un papier Fabriano). Convoquant des lignes stru cturées, ordo nnées, brisées, courbes, aléatoires, voire anarchiques, et impulsées par le sujet des ruines, les réalisations des élèves évoqu- ent le passage du temps, et l’empreinte de l’homme sur l’environnement. 19
  • 20. Sur une proposition de Sonia Campos, avec les élèves des cours d’estampe : BARRE Guylène, BOUTAUD Gabrielle, CHAMPIGNY Catherine, DAVIAUD Marion, DURAND Julien, FRADIN Maryse, GEAY Catherine, GIRARD Marlène, GOURMAUD France, GUESDON Armelle, GUESDON Jean-Pierre, LEBRUN Pierre, LEGROS Geneviève, LENOIR Michèle, LUSSET Véronique, PALUN Claude, PAUMIER Harmonie, POIRIER Maryse. 20
  • 21. (Dé) Carte blanche à l’IUT - estampe, 2022 constructions Clara Menon, « Enfant jeu, Enfant bleu ». Romane Pichon, « L’œil dit le contraire ». Audrey Roger, « La Femme ». 21
  • 22. Stuck inside of mobile with the Memphis blues again... est une chanson de Bob Dylan, qui a inspiré son nom au « groupe Memphis ». De septembre 2021 à janvier 2022, les céramistes de l’école ont imaginé la conception de théières en s’inspirant des créations emblématiques du groupe Memphis, ce groupe de penseurs, artistes et designers né en Italie dans les années 1980. En réaction au design industriel et purement fonctionnaliste hérité du « good design » d’après-guerre, le groupe Memphis propose un ensemble d’objets et de mobiliers humoristiques et parfois loufoques, aux formes asymétriques et aux couleurs joyeuses, et révolutionne l’approche d’un design consensuel et rationnel. Des objets aux formes atypiques, géométriques, décalées et colorées ont ainsi été réalisés. Les élèves ont utilisé et expérimenté la technique du modelage à la plaque. Les pièces sont en faïence blanche et les décors sont à base d’engobes colorés appliqués sur terre crue et sèche. Après une première cuisson à 980°C, chaque pièce est recouverte d’un émail transparent donnant la brillance et l’éclat des couleurs après un passage en deuxième cuisson pour l’émail. Chaque proposition a fait l’objet d’une prise de vue au studio photo par les participants des cours de photographie. Un travail sur la lumière, la mise en scène, le cadrage et les reflets a été mené à partir de ces objets. Stuck inside of mobile 22
  • 23. Sur une proposition de Jean Herpin et Hélène Delépine, avec les élèves des cours de photographie et de céramique : COUSSEAU Patrice, DURAND Jacques, GAUTRON Benoît , GUILLEMARD Dominique, HARMAND Gérard, HILLEREAU Vincent, L'HOSTIS Sandra, BARRAUD Amélie, BOSSARD Joyce, BREFFEIL Marie-Bernadette, SCHAEFFER Florence, BARBAUD Danielle, DE SURIREY DE SAINT REMY Claire, TESSON Diana, MATHÉ Antonin, GENIN Emilie, CALVET Enola, LEGROS Geneviève, LENOIR Michèle, BABAUD Marie-Josée, YVAGNES Elisabeth, LEYMONERIE Françoise, BLOIS NOLLEAU Brigitte, TESSON Laetitia, CHAMPIGNY Catherine, GEAY Catherine, CANTIN Elisabeth, GAILLARD Dominique, NICOU Paulette, BREGEON Aulde-Myriam, LHERMENIER Rose, PORTÉ Philippe, LONGUEVILLE Catherine, BARBEREAU Marie-Thérèse, COUTABLE Guylaine, QUINTON Laura, CHIRON Stéphanie, BONNIFET Astrid, MOUSSION Charline, FRANÇOIS Christine, GORON Clémence. with the Memphis blues again… 23
  • 24. Guernica est une des œuvres les plus célèbres du monde. Elle fait référence aux événements du 26 avril 1937, lorsque la légion Condor allemande nazie, alliée à Francisco Franco, général espagnol, bombarda la ville de Guernica et terrorisa la population. La tragédie dura plus de trois heures, durant lesquelles 1 645 habitants sur 7 000 furent tués et 889 furent blessés. Soixante tonnes de bombes incendiaires furent lâchées, les flammes détruisirent la ville et 70% de ses habitations. Après ces événements, la République espagnole commanda une toile au célèbre peintre Pablo Picasso afin de représenter l’Espagne lors de l’Exposition Universelle de Paris de 1937. Il peignit alors Guernica de mai à juin 1937. Par sa puissance évocatrice et descriptive, cette peinture devint le symbole de la dénonciation de l'horreur de la guerre. Picasso a utilisé le noir, le blanc et quelques nuances de gris chauds et froids pour accentuer la dimension dramatique de la scène. Ce choix de la « non-couleur » est probablement en lien avec les documents ressources du peintre issus d’articles et de photographies de presse, qui ont annoncés la terrible nouvelle au monde entier. La composition de l'image est semblable à celle des triptyques (forme classique des retables chrétiens) : un panneau central et deux panneaux latéraux. L'ensemble de la composition s'inscrit dans un grand triangle dont la pointe supérieure effleure le bord supérieur du format. Cette toile monumentale (3,49 m x 7,77 m) est la dénonciation engagée de cette atrocité envers une population civile. Malgré les visions inhumaines de la guerre, on remarque des évocations d’espoir et de paix : la colombe, le fantôme tenant dans sa main une bougie qui indique l’indignation et la colère des pays à l’international. On voit également une fleur au centre de la toile, symbolisant la fragilité, la paix et l'espérance. Enfin, l’objet central de cette œuvre : la lampe. Elle représente l'œil de Pablo Picasso, montrant sa perception de la scène ainsi que la tragédie de ce bombardement. Ce chef-d'œuvre lui valut une grande partie de sa renommée. « Guernica », 04/06/1937, huile sur toile, 349,3 x 776,6 cm, Pablo Picasso. Conservée au Musée National Centre d’Art Reina Sofia, Madrid Espagne © Succession Picasso 2023. Pablo Picasso & « Guernica » 24
  • 25. Pierre-Yves Gervais a proposé au groupe de lycéens du mercredi après-midi, la réalisation d'une copie grandeur nature (moins quelques centimètres) de la toile Guernica de Picasso. Après avoir divisé l'image en dix-huit parties égales, chacun des élèves s'est vu confier la réalisation d’un panneau. Une fois assemblé, l'ensemble de l'ouvrage peut être restitué, permettant ainsi de vivre pleinement ce que l'on appelle « l'expérience de l’œuvre ». Les élèves ont pu aborder au mieux l'approche technique et physique d'une peinture monumentale, comprenant ainsi l'énergie et l’inertie du geste ample et virtuose de l'auteur original. La véritable peinture se trouve à Madrid. C'est donc l'occasion d'être un peu plus proche de cette œuvre majeure du xxe siècle. Sur une proposition de Pierre-Yves Gervais, avec les élèves du cours « Du dessin au volume » : AUBRY Mérine, BARGET Louison, BERNADET Alexandra, BIRON Gabin, BLANCHARD Candice, CAILLE Pierre, CHIALE Robin, DAILLEUX Marie, GRENON Nino, GUIBERT Julien, GUILLEMET Romane, GUILLET Lilou, MONGODIN Juliette, OBAMBI DJANGA Julie, POIRIER Jean, ROUILLARD Suzanne, TRIPOTEAU Tiphaine, VILLENEUVE Sarah, VION Judith. 25
  • 26. I dentités REMARQUABLES Sur une proposition de Sonia Campos et Lisa David, avec les élèves du cours d’édition : BABEAU Séverine, BRAEMS Isabelle, DE MARQUÉ Lorraine, LEFEBVRE Eric, LEGROS Geneviève, LENOIR Michèle, MASSON Marie Françoise, POIRIER Maryse, PORTÉ Annie. 26
  • 27. Ce projet réalisé en septembre 2021 avec le cours d'édition, a permis la réalisation d'une galerie des portraits des différents participants. Sous le signe de la rencontre et des présentations, chacun a exploré la forme de l’autoportrait par des entrées symboliques ou plus littérales, dessinées, photographiées, gravées, écrites, typographiées. Ces recherches ont nourri la création collective d'un ensemble de douze portraits. En mathématiques, les identités remarquables sont des égalités entre deux expressions algébriques, qui permettent d’accélérer des calculs. Un jeu de mots poétique pour évoquer l’efficace synergie du collectif d’édition du jeudi soir. Les portraits réalisés ont été imprimés au format 21 cm x 14.8 cm, pour former une édition tirée à vingt-cinq exemplaires, sur papier Fedrigoni Arcoprint 200g. Chaque jeu de cartes a été rassemblé en un étui également sérigraphié et façonné à l’École d’art. 27
  • 28. Caractérisé par des coeurs plein les yeux, l’Amoureux symbolise l’amour qui aveugle. L’Amoureux fait face à une fleur symbolisant celle que l’on offre par amour. Les étoiles représentent le paradoxe entre un amour qui aveugle et l’amour rempli d’affection dans sa dimension mystérieuse, magique. Symbolisée par des arbres, cette carte signifie l’omniprésence et la sûreté. En effet, les arbres sont partout et survivront à tout, comme les hommes. Représentée par un personnage qui fume, cette carte symbolise le point de non-retour dans une expérience, l’excès de ses limites. Le tarot de Marseille est un jeu de cartes du xvie siècle, qui intègre la cartomancie au xviiie siècle. Aujourd’hui, il appartient aux arts divinatoires, on dit qu’il permet deprédirel’avenir.Pourcela, lescartessonttiréespar le consultant1 ou par le taromancien2 . Il interprète le tirage en utilisant les allégories3 qui ornent les cartes. Le tarot de Marseille est composé de deux grands groupes de cartes : lames et arcanes. Les arcanes majeurs métaphorisent le cycle de la vie, du commencement à la fin. Chacun a alors gravé un jeu doté de significations qui résonneraient pour lui-même. Les lames sont réalisées en Tetra-gravure (taille douce sur supports d’emballage Tetra brik !) L ’Amoureux L ’Excès L e Souvenir 1 Personne qui consulte pour avoir des réponses 2 Personne qui interprète les cartes. Le taromancien peut aussi être le consultant s’il consulte les cartes pour lui-même. 3 Dans ce cas, images à laquelle on attribue une signification 8 lames de tarot 28
  • 29. Méduse, issue de la mythologie grecque, est capable de pétrifier ses ennemis par la seule force de son regard. Illustré par la carte de Uno5 , le 9 représente le monstre dans la surprise. L’Arbre caractérisé par une robe arbre représentant les dryades4 , symbolise la nature. Sur une proposition d’Adélaïde Gaudéchoux, avec les élèves du cours Dessin & multiples : BOUCHER Emma, BOUCHEZ Roxane, CAMAND Justine, DESFOSSÉ Angèle, DUCEPT Charline, JULES Ariane, LE GLEUT Loïse, LEGOUPIL Lise, PEYRAUD Lucie, SERGENT Mathilde, SOULARD Elisa. La Curiosité est d’interprétation libre, elle prend tout son sens avec un tirage de six cartes. Chaque carte de ce tarot représente le trait de caractère d’un proche de la dessinatrice. Ici, le temps représente la tante à la ponctualité infaillible. L a Méduse L ’Arbre L e 9 L e Temps L a Curiosité 4 Esprit des arbres dans la mythologie grecque 5 Jeu de société 29
  • 30. Penser comme une montagne Aldo Léopold (1949) Un hurlement profond se répercute d’arête en arête, dévale la montagne et se fond dans les lointains de la nuit. C’est une explosion de chagrin primitif aux accents de mépris et de défi face à toutes les adversités du monde. Tout ce qui vit (et peut-être aussi une bonne part de ce qui n’est plus) dresse l’oreille à cet appel. Pour le cerf, il est un rappel du destin de toute chair ; pour le pin, l’annonce d’échauffourées nocturnes et de sang sur la neige ; pour le coyote, la promesse de glanures à venir ; pour l’éleveur, la menace d’un découvert en banque ; pour le chasseur, un défi, crocs contre plombs. Cependant, derrière ces craintes et ces espoirs aussi manifestes qu’immédiats se cache une montagne, signification plus profonde connue de la seule montagne. Elle seule a vécu suffisamment longtemps pour entendre objectivement le hurlement du loup. Ceux qui sont incapables de déchiffrer ce sens caché savent néanmoins qu’il est là, car il est ressenti dans tout pays de loups et distingue cette contrée de toutes les autres. Il fait frissonner la moelle épinière de quiconque entend des loups dans la nuit ou relève de jour leurs empreintes. Même si on ne les voit ni ne les entend, leur existence est implicite dans cent menus événements : le hennissement nocturne d’un cheval de bât, le cliquetis de pierres qui roulent, le bond d’un cerf qui décampe, la façon dont les ombres s’étendent sous les épicéas. Seul l’inéducable béjaune peut ne pas sentir leur présence ou leur absence, ou encore le fait que les montagnes ont une opinion secrète à leur sujet. Ma conviction sur ce point remonte au jour où je vis mourir une louve. Nous étions en train de déjeuner sur un ressaut élevé au pied duquel une rivière tumultueuse se frayait un passage. Nous aperçûmes ce qui nous sembla être une biche en train de la traverser, de l’écume jusqu’au poitrail. Quand elle remonta la rive dans notre direction et agita la queue, nous comprîmes notre erreur : il s’agissait d’un loup. Une demi-douzaine de ses congénères, à l’évidence des louveteaux déjà grands, jaillirent d’entre les saules pour former une mêlée de bienvenue toute en remuements de queues et coups de pattes enjoués. Ce qui était littéralement un amoncellement de loups gigotait et cabriolait à découvert sur un plat au pied de notre promontoire. En ce temps-là, jamais nous n’avions entendu parler de laisser passer une occasion de tuer un loup. Aussitôt, nous voilà en train de décharger du plomb sur la bande, mais avec plus d’exaltation que de précision, tant il n’est jamais aisé d’ajuster un tir plongeant. Quand nos carabines furent déchargées, la louve adulte était à terre et l’un des petits traînait la patte sur d’infranchissables éboulis. Nous arrivâmes auprès de la louve à temps pour voir s’éteindre la flamme verte de son regard farouche. Je réalisai alors, et n’ai jamais oublié, qu’il y avait quelque chose de nouveau pour moi dans ces yeux, quelque chose qui n’était connu que d’elle et de la montagne. J’étais jeune alors et prompt à la détente ; je croyais que moins de loups signifiait plus de cervidés, que plus du tout de loups ferait le paradis des chasseurs. Mais après avoir vu s’éteindre cette flamme verte, je sentis que ni les loups ni la montagne ne partageaient une telle idée. Depuis cette époque, j’ai vu les États exterminer leurs loups les uns après les autres. J’ai contemplé le visage de maintes montagnes récemment débarrassées de ces prédateurs et j’ai vu leurs adrets se rider d’un labyrinthe de nouvelles coulées de cervidés. J’ai vu que tout buisson et jeune plant comestibles étaient broutés, tombant d’abord dans une désuétude anémique, puis finissant par mourir. J’ai vu tous les arbres comestibles se faire défolier jusqu’à la hauteur d’un pommeau de selle. 30
  • 31. Semblable montagne donne l’impression qu’on a donné à Dieu une paire de cisailles toute neuve en lui interdisant toute autre activité. Pour finir, les ossements de la harde de cerfs espérée, morte de ses excès, blanchissent à côté des tiges desséchées des armoises ou moisissent sous les genévriers. Aujourd’hui, je soupçonne que, de même qu’une harde a une peur mortelle de ses loups, une montagne vit dans la peur mortelle de ses cerfs. Et peut-être à plus forte raison, car si un cerf tué par des loups peut être remplacé en l’espace de deux ou trois ans, il faudra autant de décennies pour que se reconstitue un massif dévasté par une surpopulation d’herbivores. Il en va de même avec les vaches. L’éleveur qui débarrasse ses pâturages des loups ne réalise pas qu’il les remplace dans leur travail de régulation du troupeau à hauteur de ce que le milieu peut offrir. Il n’a pas appris à penser comme une montagne. C’est ainsi que nous nous retrouvons avec des déserts de poussière et des cours d’eau qui charrient l’avenir vers la mer. Tous, nous nous évertuons à nous assurer prospérité, confort, longue vie et ennui. Le cerf s’y emploie avec ses pattes graciles, l’éleveur à coups de pièges et de poison, l’homme politique avec son stylo, la plupart d’entre nous avec des machines, des bulletins de vote et des dollars, mais tout cela se ramène à une même chose : la paix pour le temps présent. Une certaine mesure de réussite en cela n’est pas nuisible, et peut-être est-ce nécessaire à une réflexion objective ; mais trop de sécurité semble ne produire à long terme que du danger. Peut-être est-ce là ce que recouvre l’affirmation de Thoreau : le salut du monde est dans la nature. Peut-être est-ce là le sens caché du hurlement du loup, connu depuis toujours au sein des montagnes, mais rarement perçu parmi les hommes. Aldo Léopold, « Almanach d’un comté des sables », © Gallmeister, 2022, traduit de l’américain par Éric Chédaille. Clin d’œil à l’équipe de La Maison Gueffier et à Fred Bernard, venus rencontrer les élèves de l’école d’art en mars 2022, dans le cadre des rendez-vous « Ça tient dans la poche ». 31
  • 32. « Paysages », sur une proposition de Lisa David avec les cours de dessin adultes : AUDUREAU Marie-Annick, BALLEREAU Clarisse, BONIO Betsy, BONNIFET Astrid, BOSSARD Joyce, BOUDEAU Nicole, BRAEMS Isabelle, CANTET Claudine, CHARIEAU Linette, COUTABLE Guylaine, DOMAIN Lauriane, DUBÉ Maryline, FAUCHART Emmanuelle, FRUCHET Christiane, GHERNAOUT Saliha, GIRARD Marlène, GOGENDEAU Christiane, GUILMINEAU Perrine, JOUIN Christelle, JOYAU Michel, LEBRUN Pierre, LUSSET Véronique, MAIOROVA Kristina, MASSARELLI Benoît, MAY Bernard. 32
  • 33. 33
  • 34. Pourquoi tant de haine, Pourquoi tant de haine, Envers nous-même ? Envers nous-même ? Pourquoi ne pas se dire je t’aime Pourquoi ne pas se dire je t’aime Au lieu de se détruire soi-même... Au lieu de se détruire soi-même... Pourquoi se détester Pourquoi se détester Jusqu’à se tuer ? Jusqu’à se tuer ? Nous sommes tous pareils, Nous sommes tous pareils, Nous sommes tous une merveille, Nous sommes tous une merveille, Nous sommes humains, Nous sommes humains, C’est l’oubli de certains C’est l’oubli de certains Qui voient dans notre couleur de peau Qui voient dans notre couleur de peau Une différence, un fléau. Une différence, un fléau. « Aimons-nous », poème de Clara Jammes. Extrait du recueil de textes « Anara », d’Anaïs Dechancé et Clara Jammes. Nous sommes tous les mêmes Nous sommes tous les mêmes Alors pourquoi ne pas se dire je t’aime Alors pourquoi ne pas se dire je t’aime Au lieu de continuer cette guerre. Au lieu de continuer cette guerre. A i m o n s A i m o n s nous nous - - 34
  • 35. Remerciements Tou.s.tes les participant.e.s aux différents cours et ateliers de l'école d'art. Les artistes Julia Crinon et Hugo Marchal, qui forment le duo de l’Atelier McClane qui sont intervenus à l'école de décembre 2021 à mai 2022, pour réaliser Mickael Lambert, Yoann Delestre et l’équipe technique du CYEL pour son aide à la réalisation du projet FRACAS !!! Nadine Martin, Pascale Gagnaire, Romain Barré pour leur aide logistique. Les élèves du Lycée Nature et leur enseignant Vincent Lepley pour leur participation au projet Correspondance(s). Ekaterina Koulechova pour les éditions Gallmeister. Nicolas Deschamps pour les éditions LLL (Les liens qui libèrent). Nicolas Bourriaud, Vincent Perrottet. Le CCR du MUCEM de Marseille. La Succession Picasso et Sandra Houel. Éloïse Guénégues et Fred Bernard pour la Maison Gueffier. Les papiers Fedrigoni et Hervé Cano. L’imprimerie Offset 5 et Camille Imhof. L’Adjoint à la Culture et à la Communication Maximilien Schnel, le Directeur des Affaires culturelles de La Roche-sur-Yon Jean-François Brunel et le Directeur du Conservatoire/École d'art Xavier Jamin. Brigitte Pirio, Caroline Olié, Denis Ferré, David Robert, Laurianne Raimbault, Malvina Sirisawat, Muriel Hillairet, Fabrice Braud et la DRAC des Pays de la Loire. L'équipe de l'IUT de La Roche-sur-Yon : Kennocha Bohème, Clara Menon, Romane Pichon, Audrey Roger, Andréa Sannier. Leurs enseignant.es Olivier Ertzscheid, Christelle Capo-Chichi, François-Jean Goudeau, Yves Guilloux, Marc Jahjah, Claudine Paque. L'équipe pédagogique de l'École d'art : Claudie Pateau, Sonia Campos, Hélène Delépine, Adélaïde Gaudéchoux, Pierre-Yves Gervais, Jean Herpin, Olivier Josso-Hamel, Sophie Pouchain, Lisa David et Juliette Vezat pour le département danse du Conservatoire/École d’art. Une édition de l'École d'art de La Roche-sur-Yon, réalisée dans le cadre d'un partenariat pédagogique avec l'IUT de La Roche-sur-Yon. Revue imprimée à 1000 exemplaires, sur un papier Fedrigoni, Symbol Oikos white 115g, par l'imprimerie Offset 5 de La Mothe Achard. Typographies : Candara, Impact, Minion Variable Concept, Old Newspaper. 30 cm x 32 cm, 36 pages. Le papier recyclé Oikos est produit dans le respect de l’environnement et une démarche d’éco-durabilité. Disponible en version numérique du 09/03/2023 au 09/03/2024 sur les sites suivants : Site de la ville de la Roche-sur-Yon et site du média étudiant Hashtag Infos. Conçu collégialement par un comité éditorial rassemblant des étudiantes de BUT Information et communication de l’IUT de La Roche-sur-Yon et l’École d’art, ce numéro réunit les contributions des élèves, des enseignant.es et des étudiantes, mais aussi celles de Julia Crinon, Hugo Marchal (Atelier McClane), Vincent Perrottet et les textes de Nicolas Bourriaud et Aldo Léopold. Responsable de la publication : Lisa David Relecture : Claudie Pateau, Christelle Capo-Chichi et le comité éditorial. Contact : revue.ecoledart2020@gmail.com Bruire #2 - Possible(s) Dépôt légal : mars 2023 ISSN print : 2825-1687 ISSN web: 2824-0723 ISBN : 978-2 9562191-3-2 Cet exemplaire ne peut être vendu. Nous remercions très sincèrement les différent.es contributeur.ices de la revue Nous remercions très sincèrement les différent.es contributeur.ices de la revue Bruire Bruire #2 !!! #2 !!! Comité éditorial associé à ce numéro & design graphique et mise en page : Kennocha Bohème, Clara Menon, Romane Pichon, Audrey Roger, Andréa Sannier. FRACAS !!! Spéciale dédicace à Pierre-Yves Gervais & un immense merci à Claudie Pateau. 35
  • 36. École d’art de La Roche-sur-Yon BRUIRE #2 Possible(s)