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30 A n n a l e s d e s M i n e s
L’innovation est plus que jamais
le moteur de la croissance dans
les pays développés. Mais les
problèmes traditionnels de son
management n’ont rien perdu de
leur actualité. Ce qui a changé,
c’est sa place dans l’entreprise :
au-delà des seuls technologues,
c’est l’ensemble des fonctions de
l’entreprise qu’elle mobilise.
C’est leur capacité à dialoguer
et à travailler en réseau, à
l’intérieur comme au dehors,
qui est désormais le gage d’une
compétitivité durable.
par Thierry Weil,
École des Mines de Paris,
Equipe de recherche
sur le management de l’innovation
et de la technologie (Ermit)
Sans innovation les entreprises ne peu-
vent différencier leur offre par un conte-
nu plus riche, proposer des
fonctionnalités nouvelles ou des services
à valeur ajoutée ; leurs produits devien-
nent alors des commodités banalisées
que le client n’achètera qu’en fonction
de leur prix, c’est-à-dire auprès de four-
nisseurs produisant dans des pays à bas
salaires. De plus, dans une société de
satiété, les consommateurs solvables
renouvellent plus volontiers leurs équi-
pements pour intégrer des innovations,
abandonnant par exemple leurs lecteurs
de disques en vinyle ou de vidéocas-
settes pourtant en bon état pour des lec-
teurs de disques compacts et de DVD
plus modernes. Les économistes confir-
ment que les secteurs les plus innovants
ont des taux de croissance plus élevés
que les autres.
Le moteur
de la croissance
Les conditions d’émergence des innova-
tions ont cependant beaucoup évolué au
cours des dernières décennies. Bien
qu’une concurrence intense pousse les
entreprises à améliorer leur offre,
Schumpeter montre que les innovations
majeures apparaissent plutôt dans des
grandes organisations qui jouissent
d’une rente ou d’une quasi-rente, pou-
vant ainsi s’offrir le luxe d’explorer des
voies nouvelles et de financer des
recherches audacieuses plutôt que de se
focaliser sur l’amélioration incrémentale
des coûts de production. Ainsi, jusque
dans les années 70, les grands innova-
teurs sont des entreprises comme AT&T,
jouissant alors du
monopole des télé-
communications
américaines et qui
met au point le
transistor et les
fibres optiques, ou IBM, dont la domina-
tion est alors écrasante sur le marché des
gros ordinateurs et qui perfectionne les
composants et l’architecture de ceux-ci ;
ou les laboratoires publics qui jettent les
bases du génie génétique, ou encore le
secteur largement subventionné de la
défense qui développe les circuits inté-
grés, les matériaux à haute performance,
les architectures sophistiquées de traite-
ment du signal et des données, les
réseaux de communications, y compris
le protocole Internet.
Avec la dérégulation des marchés des
communications et de l’énergie, l’évolu-
tion des modalités d’achat de la défense,
la globalisation de l’économie et l’ac-
croissement de la pression concurren-
tielle, la plupart de ces quasi-rentes ont
progressivement disparu. Les grands pro-
grammes nationaux ne sont plus d’ac-
tualité, sauf récemment aux Etats-Unis
dans les domaines des technologies bio-
médicales, de la défense et de la sécuri-
té intérieure.
On constate, dans le même temps, une
croissance des coûts de R&D dans des
secteurs comme la pharmacie et les
semi-conducteurs, qui exclut les petits
acteurs et provoque une consolidation
de ces secteurs.
Par ailleurs, une part croissante des inno-
vations repose plus sur de nouveaux
agencements et combinaisons de tech-
nologies existantes que sur le perfection-
nement de composants isolés. Ainsi les
fabricants d’automobiles ne se conten-
tent pas de perfectionner les fonctions
traditionnelles du véhicule. Ils intègrent
des services d’aide à la conduite (GPS et
cartographie), d’aide à la maintenance
(autodiagnostic), de financement et d’en-
tretien (on vend la disponibilité d’un
véhicule, en appor-
tant une voiture de
remplacement pen-
dant la maintenan-
ce de l’automobile
achetée). De telles
offres intégrées reposent sur la maîtrise
de nombreuses compétences (électro-
nique, télécommunications, gestion de
la relation avec la clientèle, etc.).
Intégrer toutes ces compétences au sein
de l’entreprise devient difficile et coû-
teux, et il est souvent plus efficace de
pouvoir s’appuyer sur un réseau de spé-
cialistes.
Enfin, pour intégrer rapidement des
connaissances nouvelles, les entreprises
tendent à localiser des services de
recherche ou de développement à proxi-
mité des sources de savoir et de compé-
tences pertinentes. Il peut s’agir de bien
prendre en compte les spécificités
locales d’un marché (développements
Le management de l’innovation
dans les entreprises
Les économistes confirment que
les secteurs les plus innovants
ont des taux de croissance plus
élevés que les autres
31D é c e m b r e 2 0 0 3
d’adaptation) ou d’interagir avec les
équipes qui développent de nouveaux
concepts et de nouvelles technologies
(recherches à proximité de grands
centres universitaires ou de laboratoires
publics).
Le management
de l’innovation
Pour toutes ces raisons, le management
de l’innovation dépasse largement le
seul cadre des équipes de R&D. Nombre
d’innovations ne sont pas issues de la
technologie, même si leur mise en
œuvre peut réclamer la solution de pro-
blèmes techniques complexes. Il peut
s’agir de l’offre de nouveaux services
autour d’un produit ou d’une prestation
(comme le service de mise à disposition
d’un véhicule évoqué plus haut), d’une
nouvelle architecture de la prestation
(comme la vente d’ordinateurs assem-
blés à la demande et livrés rapidement
après un achat par correspondance ou
par Internet chez Dell, ou l’offre d’un
service « chez vous en 48 heures » par
les entreprises de vente par correspon-
dance, ou la distribution de livres par
Internet). Les nouvelles idées de produits
ou de prestations peuvent venir d’un ser-
vice de marketing ou émerger n’importe
où au sein de l’entreprise, notamment
chez les collaborateurs en contact avec
le client ou confrontés à un problème
particulier.
Le management de l’innovation prend
des formes variées selon le contexte par-
ticulier de l’entreprise et met en œuvre
différents dispositifs pour sensibiliser les
collaborateurs à l’importance de l’inno-
vation, pour les
encourager à expri-
mer leurs idées, à
faire part des obser-
vations sur le com-
portement des
clients, des fournis-
seurs ou des
concurrents et, sur-
tout, pour pousser
la hiérarchie intermédiaire et supérieure
à valoriser ces contributions, à répondre
rapidement aux suggestions, soit pour les
mettre à l’étude soit pour expliquer
pourquoi elles ne sont pas retenues, à
valoriser les innovateurs. Citons, sans
ordre particulier, les journées passées
par des ouvrières de Tefal dans les maga-
sins à observer les attitudes des consom-
mateurs face à leurs produits et à ceux
de la concurrence [Chapel 1999], les
prix de l’innovation dans des entreprises
comme Suez [Tossan 2000], le prix de la
meilleure imitation d’invention faite
ailleurs chez Hutchinson, la gestion de
l’innovation participative chez EDF, à la
RATP ou à la DGA [Durieux 2001], les
séances de créativité mises en place
dans plusieurs entreprises [de
Brabandère et Mikolajczak 2002].
Nous nous limitons ici au management
de la technologie, en restant conscient
que celui-ci ne représente qu’une partie
du dispositif. Nous
utiliserons cepen-
dant le mot techno-
logie dans un sens
assez large,
incluant en fait tout
ensemble organisé
de compétences et
une partie de ce
que nous évoque-
rons pourra s’appliquer à un domaine
plus vaste.
Nous allons considérer successivement
les problèmes traditionnels du manage-
ment des équipes de R&D, puis montrer
la nécessité d’une gestion intégrée de la
technologie fondée sur la capacité de
l’entreprise à détecter et intégrer des
techniques exogènes, à piloter la gestion
de ces compétences en harmonie avec
sa stratégie, à augmenter ses capacités
d’apprentissage, de capitalisation et de
gestion des connaissances, à valoriser
ses savoir-faire au-delà de son champ
d’activité.
Le management
des équipes
Longtemps la littérature sur le manage-
ment de la technologie s’est focalisée sur
la gestion de la R&D. Si, comme on va le
voir, le cadre de réflexion s’est beaucoup
élargi depuis, un certain nombre de pro-
blèmes n’ont cependant rien perdu de
leur actualité.
Première difficulté : Comment gérer une
activité dont les résultats sont incertains,
lointains et ambigus ?
On dit qu’en pharmacie (hors biotech-
nologie) il faut synthétiser dix mille
molécules pour trouver un médicament.
Comment alors juger les chercheurs sur
leurs résultats, si le hasard joue un rôle si
important ? Dans l’idéal, il faudrait pou-
voir évaluer la qualité des procédures
plus que celle des résultats, mais un biais
rétrospectif nous fera apprécier la straté-
LE MANAGEMENT DE LA TECHNOLOGIE.
Ce graphique illustre le fait que le management des ressources technologiques de l’en-
treprise est celui d’un stock de compétences et de connaissances qu’elles maîtrise ainsi
que d’un réseau lui permettant d’accéder à des compétences externes lorsque c’est
judicieux. Le stock est constitué en fonction des besoins anticipés des projets de déve-
loppement de l’entreprise. Son évolution résulte de la surveillance et de l’analyse de
l’évolution des technologies, des marchés et de l’environnement concurrentiel et des
choix stratégiques de l’entreprise (que par ailleurs il conditionne). L’augmentation de
ce stock se fait grâce aux programmes de recherche de l’entreprise, grâce à l’absorp-
tion ou à l’intégration de technologies mises au point ailleurs et grâce à la capitalisa-
tion des savoirs développés lors des projets. Son exploitation se fait à travers l’offre
de l’entreprise, mais aussi, hors de ces marchés, par la valorisation externe des tech-
nologies qu’elle maîtrise.
Le management de l’innovation
dépasse largement le seul cadre
des équipes de R&D. Nombre
d’innovations ne sont pas issues
de la technologie, même
si leur mise en œuvre peut
réclamer la solution de pro-
blèmes techniques complexes
gie qui a conduit à un résultat gagnant
comme plus astucieuse que celle qui
s’est avérée stérile. Les résultats sont non
seulement aléatoires, mais ambigus.
Dans quelle mesure telle amélioration
quantifiable de la productivité d’un ate-
lier de production résulte-t-elle de l’idée
suggérée par la R&D plutôt que des
nombreux bricolages réalisés locale-
ment, à l’occasion de son adaptation
dans le processus de fabrication ? Les
résultats sont incertains, éloignés dans le
temps (il faut dix ans pour mettre un
médicament sur le marché, mais on juge
les chercheurs sur une période de temps
plus courte), éloignés dans l’espace et
combinés à bien d’autres facteurs d’évo-
lution.
Autre écueil, comment gérer des indivi-
dus plus compétents que ceux qui les
encadrent et les évaluent ?
Dans la plupart des postes d’une organi-
sation, les chefs comprennent mieux que
les gens qu’ils dirigent le travail de ceux-
ci, qu’ils ont souvent fait eux-mêmes à
une étape antérieure de leur carrière.
Dans la recherche, les savoirs et les tech-
niques évoluent vite et la connaissance
la plus pointue est souvent à la base de
l’organigramme.
Cette situation est
d’ailleurs assez
fréquente chez les
travailleurs de la
connaissance et
chez les créatifs où, par exemple, un
jeune créateur publicitaire sera plus dif-
ficile à recruter ou à remplacer que le
manager qui vendra ses prestations, ou
dans un hôpital où le directeur aura
moins de légitimité et de notoriété que
tel de ses grands cliniciens. Le problème
a cependant été étudié depuis longtemps
dans la recherche, ainsi que l’impact et
les effets pervers de certains dispositifs
de gestion comme la double échelle
(reconnaître la contribution des experts à
côté de celle des managers) [Allen et
Katz 1988].
La population des chercheurs est très
sensible au regard qu’on porte sur elle et
sa gestion demande un tact particulier.
Un chercheur dont on s’enquiert trop
souvent des résultats a le sentiment
qu’on ne lui fait pas confiance ou qu’on
le croit paresseux. Un autre qu’on laisse
en paix souffre de ce qu’il ressent
comme un manque d’intérêt pour ses
travaux. L’admiration des pairs est un
moteur puissant et on raconte comment
Steve Jobs en usait pour stimuler les
développeurs d’Apple, qui pouvaient
être applaudis ou sifflés selon l’impres-
sion que donnaient leurs démonstrations
[Sculley 1988]. Lotte Bailyn montre,
pour sa part, le contresens qui fait que
les managers donnent souvent peu de
directives sur les objectifs d’une
recherche, estimant que les chercheurs
compren- nent mieux qu’eux les enjeux
dans leur domaine, mais imposent des
procédures de travail assez rigides, alors
que les chercheurs attendent l’inverse,
souhaitant disposer d’une grande marge
de manœuvre tactique dans la manière
de s’organiser, justifiée par leur compé-
tence professionnelle, mais manquant
d’éléments de mise en perspective pour
déterminer seuls les priorités pertinentes
pour leur entreprise ou leur institut de
recherche [Bailyn 1996].
Gérer les horizons temporels contradic-
toires des opérations et de la recherche
est aussi une difficulté supplémentaire.
Ainsi le manager d’une équipe de cher-
cheurs se comporte comme un imprésa-
rio : il règle les problèmes matériels pour
permettre au cher-
cheur de « se con-
centrer sur son art »,
il promeut à l’exté-
rieur les résultats du
chercheur et la perti-
nence de son travail, il conforte le statut
du chercheur en faisant en sorte que
celui-ci se sente apprécié. Cet impresario
traducteur infléchit l’attention de ses dif-
férents interlocuteurs, en faisant prendre
conscience, au chercheur, des priorités
stratégiques de l’organisation - et donc
des sujets pertinents - et en permettant,
aux dirigeants de l’entreprise, d’apprécier
l’apport du chercheur. Il joue parfois
aussi un rôle d’écran ou de tampon entre
les différentes logiques et, notamment,
entre les horizons temporels en conflit :
celui de l’entreprise qui souhaite une
grande réactivité et celui du chercheur
qui a besoin de temps pour construire
une compétence. Une étude surprenante
montre ainsi que les entreprises dont le
laboratoire central n’est pas situé à proxi-
mité du siège ont une R&D plus perfor-
mante [Cardinal et Hatfield 1998], car
elles sont moins soumises aux fluctua-
tions des stratégies de la direction.
Le management intégré
La gestion de la R&D ne se limite pas à
celle des programmes de recherche.
L’entreprise est surtout préoccupée de
pouvoir disposer des compétences
nécessaires à la réalisation de ses projets
de développement. Ses dirigeants rêve-
raient que la R&D puisse fournir des
réponses aux problèmes soulevés par les
équipes de développement « à la
demande », mais le temps de program-
mation et d’ exécution des projets,
quelques mois à quelques années, est
beaucoup plus court que celui nécessai-
re à la construction d’une compétence
(quelques années, voire beaucoup plus).
On ne peut donc avoir de R&D « juste à
temps » asservie aux besoins des projets.
La R&D construit donc plutôt un stock
de connaissances et de compétences
disponibles, dans lequel les projets peu-
vent puiser. Pour piloter l’évolution de ce
stock, elle s’appuie sur une surveillance
et une analyse de l’évolution des tech-
nologies, des marchés et de l’environne-
ment concurrentiel. Ainsi Kodak,
anticipant l’importance de la photogra-
phie numérique, décida dans les années
1990 de moins investir dans ses compé-
tences traditionnelles de photochimie,
pour choisir de perfectionner les films
argentiques photosensibles, et de recru-
ter des spécialistes de traitement d’image
numériques.
Toutefois, même si cette analyse est bien
faite, les compétences que l’entreprise
construit et les connaissances qu’elle
accumule peuvent ne pas être les plus
adaptées aux besoins des projets, soit
que des solutions plus performantes
aient été développées ailleurs, soit que
l’apport de technologies que l’entreprise
ne maîtrise pas puisse être utile. Elle
devra alors être capable d’identifier ces
technologies utiles, de les récupérer et
de les intégrer à ses systèmes. Cela
constitue un rôle nouveau et essentiel
pour la R&D, traditionnellement plutôt
chargée de développer elle-même les
compétences nécessaires. Nous verrons
que cette nouvelle mission repose sou-
vent sur la construction de réseaux (avec
des organismes de recherches, des four-
nisseurs ou des concurrents) et demande
des qualités différentes de celles que
requiert le développement interne de
connaissances nouvelles.
32 A n n a l e s d e s M i n e s
Identifier les technologies utiles,
les récupérer et les intégrer à
ses systèmes : c’est un nouvel
impératif pour l’entreprise
La maintenance du stock de compé-
tences utiles passe aussi par le dévelop-
pement d’une capacité d’apprentissage à
partir des projets de développement. En
effet, au cours d’un projet, de nom-
breuses options techniques sont envisa-
gées et évaluées, mais celles qui sont
abandonnées sont rarement documen-
tées par des acteurs focalisés sur le res-
pect des échéances et des objectifs du
projet. Il faut donc mettre en place des
dispositifs pour permettre un apprentis-
sage et une capitalisation des connais-
sances qui ne vont pas de soi.
Le stock de compétences disponible à
un moment donné conditionne aussi les
stratégies possibles de l’entreprise, au
moins à court
terme [Penrose
1959] tandis
qu’une évolution
stratégique de l’en-
treprise se traduira
par de nouvelles
demandes sur l’évolution des technolo-
gies disponibles, comme on l’a vu plus
haut dans l’exemple de Kodak.
Enfin, les connaissances que l’entreprise
a construites peuvent avoir un impact
bien au-delà des marchés sur lesquelles
l’entreprise est présente, mais il faut alors
maîtriser des compétences complémen-
taires pour pouvoir en tirer profit et accé-
der à un nouveau marché. Il peut s’agir
de connaissances techniques à intégrer à
une offre différente ou de capacités com-
merciales. Le plus souvent d’autres
acteurs seront donc mieux placés et la
valorisation de ces connaissances repo-
sera sur la concession de licences ou sur
des joint-ventures.
Nous avons déjà évoqué en parlant des
problèmes traditionnels de la gestion de
la R&D les questions du caractère aléa-
toire, ambigu et lointain des résultats de
l’activité de recherche, des difficultés de
gestion des travailleurs de la connaissan-
ce et de la gestion par l’allocation d’at-
tention. Dans ce qui suit, nous allons
nous pencher sur quelques questions
soulevées par le management intégré de
la technologie, notamment la construc-
tion d’une capacité collective d’absorp-
tion de connaissances externes,
l’accumulation de compétences dans
une organisation en projets, l’intégration
du management de la technologie dans
la stratégie pour une meilleure résilience
de l’entreprise.
Construire une capacité
d’absorption
Pour proposer des « solutions com-
plètes » intégrant de nombreuses fonc-
tionnalités et des services divers, les
entreprises doivent combiner des com-
pétences qu’elles ne peuvent toutes maî-
triser. Elles doivent donc développer une
capacité à repérer les technologies et les
connaissances qui peuvent leur être
utile, à intégrer celles-ci à leur offre, soit
en acquérant la maîtrise directe de ces
compétences, par
développement
interne ou transfert
de technologie, soit
en s’assurant de la
collaboration loya-
le d’un partenaire
qui maîtrise cette compétence. Elles
devront aussi développer une architectu-
re permettant d’intégrer ces briques
diverses dans un produit ou un service
cohérent. De telles capacités d’absorp-
tion ne s’improvisent pas et il faut sou-
vent avoir développé une expertise de
bon niveau au sein de l’entreprise pour
avoir la capacité de repérer et d’évaluer
des solutions pertinentes développées
ailleurs [Cohen et Levinthal 1990]. Il faut
aussi organiser la R&D pour qu’une
équipe d’intégration exerce une vigilan-
ce constante sur les technologies dispo-
nibles, sans privilégier les pistes
explorées par les services internes de
recherche, mais en mobilisant la compé-
tence des experts locaux [Iansiti et West
1997].
Le problème se complexifie encore lors-
qu’il ne s’agit pas de trouver le partenai-
re maîtrisant déjà la technologie qui
compléterait l’offre de l’entreprise, mais
celui qui est susceptible de développer
efficacement celle-ci. Il faut faire partici-
per un partenaire extérieur, aux objectifs
et aux intérêts différents, à un effort de
R&D amont aux résultats incertains et
définir à l’avance les droits et devoirs de
chacun (financement, propriété des
résultats, délais de réalisation) à propos
d’un objet encore inexistant et incom-
plètement spécifié [Segrestin 2003,
Aggeri & al. 2002].
L’organisation en projets a considérable-
ment accru l’efficacité des services de
développement [Midler 1993, Jolivet
2003], mais parfois au prix de la capita-
lisation des connaissances car les acteurs
des projets sont surtout soucieux de res-
pecter leurs impératifs de performance,
de délais et de coûts. Il faut donc mettre
en place des dispositifs spécifiques pour
recueillir les connaissances générées au
cours du projet sans perturber celui-ci.
Cela passe, par exemple, par la présence
d’acteurs spécifiques dans l’équipe pro-
jet, par l’organisation de debriefings
après les projets ou par des projets parti-
culiers dédiés à la capitalisation des
connaissances [Moisdon et Weil 1998].
De même que l’entreprise a besoin de
mobiliser des connaissances externes,
de même ces compétences peuvent
avoir des applications bien au-delà de
ses marchés traditionnels. Des dévelop-
pements complémentaires sont cepen-
dant souvent nécessaires et les
compétences ne sont pas toujours suffi-
samment bien codifiées pour qu’une
concession de licence ou un transfert de
technologie soit facilement envisa-
geable. Il faut alors explorer des modes
variés de valorisation pouvant passer par
des incubateurs et du capital-risque
d’entreprise, par la création de joint-ven-
tures spécifiques ou bien d’autres moda-
lités [Weil 2000a].
Les nouveaux rôles
des experts
Les nouvelles missions que nous venons
d’évoquer supposent que les experts ne
soient plus seulement jugés sur ce qui
constituait autrefois leur tâche principa-
le, la construction de nouvelles solutions
aux problèmes techniques de l’entrepri-
se, mais sur l’ensemble de leur contribu-
tion à la découverte et à l’intégration de
solutions pertinentes, à la valorisation
des compétences de l’entreprise, à l’ani-
mation de réseaux internes et externes
permettant de faire circuler les connais-
sances et de les rendre disponibles là où
elles sont utiles [Weil 2000b]. Cela sup-
pose parfois des aménagements maté-
riels (outils de CAO et de prototypage
rapide, de communication et de partage
des connaissances, plateaux projets
reconfigurables, etc.). Cela influe sur les
33D é c e m b r e 2 0 0 3
Pour proposer des « solutions
complètes » les entreprises
doivent combiner des
compétences qu’elles ne
peuvent toutes maîtriser
critères de recrutement et de promotion
ainsi que sur le déroulement des car-
rières (recherche de profil « en T », ayant
une compétence pointue dans leur
domaine mais de bonnes connaissances
générales sur les activités connexes,
rôles de « gatekeepers », d’imprésarios et
d’architectes de réseaux) [Allen 1977,
Weil 2000c] . Cela
repose aussi sur
une évaluation
prenant en compte
la contribution aux
projets des autres
au-delà des objec-
tifs personnels
(évaluation à 360°) mais aussi sur de
nouvelles relations contractuelles avec
les fournisseurs et partenaires [Garel
2000]. Cela dépend aussi de facteurs
culturels, comme la valorisation de la
coopération et du partage [Saxenian
1994]. Le management joue un rôle
important en évitant les comportements
opportunistes pour construire des rela-
tions pérennes et équitables, privilégiant
la confiance et la bonne réputation
[Powell 1990,Weil 2000c].
Une compétitivité durable
La mode est bien passée du monopoly
industriel où de grands groupes étaient
gérés comme des
holdings financiers
vendant et acqué-
rant des outils de
production et des
compétences de
conception en
fonction de l’at-
tractivité plus ou
moins grande des marchés. Les années
1990 ont plutôt mis en valeur le recen-
trage sur les compétences-clés (avec des
définitions souvent tautologiques de
celles-ci), en découvrant que celles-ci
sont longues à construire, difficiles à
entretenir et à faire évoluer et constituent
donc un des principaux facteurs de com-
pétitivité durable pour l’entreprise et un
défi majeur pour ses stratèges [Hamel et
Prahalad 1990]. Dans un univers turbu-
lent, les entreprises visent plutôt la rési-
lience [Hamel et Valikangas 2003], la
capacité à s’adapter à un environnement
changeant sans attendre de passer par
une crise majeure. Cela passe par le
développement de la réactivité, facilitée
par la prise d’option
sur différentes tech-
nologies émer-
gentes, plus que par
la planification. La
R&D, l’investisse-
ment dans des start-
up, voire la
surveillance active d’un domaine tech-
nologique et l’utilisation d’architectures
ouvertes permettant l’intégration facile
de nouveaux composants sont autant
d’options réelles prises en situation d’in-
certitude pour permettre à l’entreprise de
saisir les opportunités qui peuvent se
présenter ou parer des menaces poten-
tielles [Jacquet 1999]. Le management
de la technologie et plus généralement
de l’innovation est donc devenu trop
stratégique pour rester l’affaire des seuls
technologues et requiert une implication
forte des différentes fonctions de l’entre-
prise et l’organisation d’un dialogue
constructif entre elles.
La capacité à organiser ce dialogue et,
plus généralement, à travailler en
réseau tant au sein
de l’entreprise
qu’avec les parte-
naires les plus
divers devient elle-
même une compé-
tence-clé, capable
de procurer un
avantage écono-
mique durable à l’entreprise [Powell
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ploration : spécificités, crises et formes de rationali-
sation, thèse de doctorat de l’École des mines de
Paris, spécialité « sciences de gestion », mai 2003.
Vesselina Tossan, L’action d’un service central
Innovation dans un Groupe de services décentrali-
sé: le cas Suez. Quelle instrumentation sous-jacen-
te? Thèse de doctorat de l’École des Mines.
Thierry Weil (a), La valorisation du patrimoine tech-
nologique, ANRT, Paris, mars 2000.
Thierry Weil (b), Innovation as Creative
Recombination and Integration of Existing
Components of Knowledge, Conference on
Knowledge and Innovation, Helsinki, 25 mai 2000.
Thierry Weil (c), Le management de l’innovation en
réseau, ANRT, Paris, mars 2000.
34 A n n a l e s d e s M i n e s
De même que l’entreprise a
besoin de mobiliser des connais-
sances externes, de même ces
compétences peuvent avoir des
applications bien au-delà
de ses marchés traditionnels
Les nouvelles missions suppo-
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  • 1. 30 A n n a l e s d e s M i n e s L’innovation est plus que jamais le moteur de la croissance dans les pays développés. Mais les problèmes traditionnels de son management n’ont rien perdu de leur actualité. Ce qui a changé, c’est sa place dans l’entreprise : au-delà des seuls technologues, c’est l’ensemble des fonctions de l’entreprise qu’elle mobilise. C’est leur capacité à dialoguer et à travailler en réseau, à l’intérieur comme au dehors, qui est désormais le gage d’une compétitivité durable. par Thierry Weil, École des Mines de Paris, Equipe de recherche sur le management de l’innovation et de la technologie (Ermit) Sans innovation les entreprises ne peu- vent différencier leur offre par un conte- nu plus riche, proposer des fonctionnalités nouvelles ou des services à valeur ajoutée ; leurs produits devien- nent alors des commodités banalisées que le client n’achètera qu’en fonction de leur prix, c’est-à-dire auprès de four- nisseurs produisant dans des pays à bas salaires. De plus, dans une société de satiété, les consommateurs solvables renouvellent plus volontiers leurs équi- pements pour intégrer des innovations, abandonnant par exemple leurs lecteurs de disques en vinyle ou de vidéocas- settes pourtant en bon état pour des lec- teurs de disques compacts et de DVD plus modernes. Les économistes confir- ment que les secteurs les plus innovants ont des taux de croissance plus élevés que les autres. Le moteur de la croissance Les conditions d’émergence des innova- tions ont cependant beaucoup évolué au cours des dernières décennies. Bien qu’une concurrence intense pousse les entreprises à améliorer leur offre, Schumpeter montre que les innovations majeures apparaissent plutôt dans des grandes organisations qui jouissent d’une rente ou d’une quasi-rente, pou- vant ainsi s’offrir le luxe d’explorer des voies nouvelles et de financer des recherches audacieuses plutôt que de se focaliser sur l’amélioration incrémentale des coûts de production. Ainsi, jusque dans les années 70, les grands innova- teurs sont des entreprises comme AT&T, jouissant alors du monopole des télé- communications américaines et qui met au point le transistor et les fibres optiques, ou IBM, dont la domina- tion est alors écrasante sur le marché des gros ordinateurs et qui perfectionne les composants et l’architecture de ceux-ci ; ou les laboratoires publics qui jettent les bases du génie génétique, ou encore le secteur largement subventionné de la défense qui développe les circuits inté- grés, les matériaux à haute performance, les architectures sophistiquées de traite- ment du signal et des données, les réseaux de communications, y compris le protocole Internet. Avec la dérégulation des marchés des communications et de l’énergie, l’évolu- tion des modalités d’achat de la défense, la globalisation de l’économie et l’ac- croissement de la pression concurren- tielle, la plupart de ces quasi-rentes ont progressivement disparu. Les grands pro- grammes nationaux ne sont plus d’ac- tualité, sauf récemment aux Etats-Unis dans les domaines des technologies bio- médicales, de la défense et de la sécuri- té intérieure. On constate, dans le même temps, une croissance des coûts de R&D dans des secteurs comme la pharmacie et les semi-conducteurs, qui exclut les petits acteurs et provoque une consolidation de ces secteurs. Par ailleurs, une part croissante des inno- vations repose plus sur de nouveaux agencements et combinaisons de tech- nologies existantes que sur le perfection- nement de composants isolés. Ainsi les fabricants d’automobiles ne se conten- tent pas de perfectionner les fonctions traditionnelles du véhicule. Ils intègrent des services d’aide à la conduite (GPS et cartographie), d’aide à la maintenance (autodiagnostic), de financement et d’en- tretien (on vend la disponibilité d’un véhicule, en appor- tant une voiture de remplacement pen- dant la maintenan- ce de l’automobile achetée). De telles offres intégrées reposent sur la maîtrise de nombreuses compétences (électro- nique, télécommunications, gestion de la relation avec la clientèle, etc.). Intégrer toutes ces compétences au sein de l’entreprise devient difficile et coû- teux, et il est souvent plus efficace de pouvoir s’appuyer sur un réseau de spé- cialistes. Enfin, pour intégrer rapidement des connaissances nouvelles, les entreprises tendent à localiser des services de recherche ou de développement à proxi- mité des sources de savoir et de compé- tences pertinentes. Il peut s’agir de bien prendre en compte les spécificités locales d’un marché (développements Le management de l’innovation dans les entreprises Les économistes confirment que les secteurs les plus innovants ont des taux de croissance plus élevés que les autres
  • 2. 31D é c e m b r e 2 0 0 3 d’adaptation) ou d’interagir avec les équipes qui développent de nouveaux concepts et de nouvelles technologies (recherches à proximité de grands centres universitaires ou de laboratoires publics). Le management de l’innovation Pour toutes ces raisons, le management de l’innovation dépasse largement le seul cadre des équipes de R&D. Nombre d’innovations ne sont pas issues de la technologie, même si leur mise en œuvre peut réclamer la solution de pro- blèmes techniques complexes. Il peut s’agir de l’offre de nouveaux services autour d’un produit ou d’une prestation (comme le service de mise à disposition d’un véhicule évoqué plus haut), d’une nouvelle architecture de la prestation (comme la vente d’ordinateurs assem- blés à la demande et livrés rapidement après un achat par correspondance ou par Internet chez Dell, ou l’offre d’un service « chez vous en 48 heures » par les entreprises de vente par correspon- dance, ou la distribution de livres par Internet). Les nouvelles idées de produits ou de prestations peuvent venir d’un ser- vice de marketing ou émerger n’importe où au sein de l’entreprise, notamment chez les collaborateurs en contact avec le client ou confrontés à un problème particulier. Le management de l’innovation prend des formes variées selon le contexte par- ticulier de l’entreprise et met en œuvre différents dispositifs pour sensibiliser les collaborateurs à l’importance de l’inno- vation, pour les encourager à expri- mer leurs idées, à faire part des obser- vations sur le com- portement des clients, des fournis- seurs ou des concurrents et, sur- tout, pour pousser la hiérarchie intermédiaire et supérieure à valoriser ces contributions, à répondre rapidement aux suggestions, soit pour les mettre à l’étude soit pour expliquer pourquoi elles ne sont pas retenues, à valoriser les innovateurs. Citons, sans ordre particulier, les journées passées par des ouvrières de Tefal dans les maga- sins à observer les attitudes des consom- mateurs face à leurs produits et à ceux de la concurrence [Chapel 1999], les prix de l’innovation dans des entreprises comme Suez [Tossan 2000], le prix de la meilleure imitation d’invention faite ailleurs chez Hutchinson, la gestion de l’innovation participative chez EDF, à la RATP ou à la DGA [Durieux 2001], les séances de créativité mises en place dans plusieurs entreprises [de Brabandère et Mikolajczak 2002]. Nous nous limitons ici au management de la technologie, en restant conscient que celui-ci ne représente qu’une partie du dispositif. Nous utiliserons cepen- dant le mot techno- logie dans un sens assez large, incluant en fait tout ensemble organisé de compétences et une partie de ce que nous évoque- rons pourra s’appliquer à un domaine plus vaste. Nous allons considérer successivement les problèmes traditionnels du manage- ment des équipes de R&D, puis montrer la nécessité d’une gestion intégrée de la technologie fondée sur la capacité de l’entreprise à détecter et intégrer des techniques exogènes, à piloter la gestion de ces compétences en harmonie avec sa stratégie, à augmenter ses capacités d’apprentissage, de capitalisation et de gestion des connaissances, à valoriser ses savoir-faire au-delà de son champ d’activité. Le management des équipes Longtemps la littérature sur le manage- ment de la technologie s’est focalisée sur la gestion de la R&D. Si, comme on va le voir, le cadre de réflexion s’est beaucoup élargi depuis, un certain nombre de pro- blèmes n’ont cependant rien perdu de leur actualité. Première difficulté : Comment gérer une activité dont les résultats sont incertains, lointains et ambigus ? On dit qu’en pharmacie (hors biotech- nologie) il faut synthétiser dix mille molécules pour trouver un médicament. Comment alors juger les chercheurs sur leurs résultats, si le hasard joue un rôle si important ? Dans l’idéal, il faudrait pou- voir évaluer la qualité des procédures plus que celle des résultats, mais un biais rétrospectif nous fera apprécier la straté- LE MANAGEMENT DE LA TECHNOLOGIE. Ce graphique illustre le fait que le management des ressources technologiques de l’en- treprise est celui d’un stock de compétences et de connaissances qu’elles maîtrise ainsi que d’un réseau lui permettant d’accéder à des compétences externes lorsque c’est judicieux. Le stock est constitué en fonction des besoins anticipés des projets de déve- loppement de l’entreprise. Son évolution résulte de la surveillance et de l’analyse de l’évolution des technologies, des marchés et de l’environnement concurrentiel et des choix stratégiques de l’entreprise (que par ailleurs il conditionne). L’augmentation de ce stock se fait grâce aux programmes de recherche de l’entreprise, grâce à l’absorp- tion ou à l’intégration de technologies mises au point ailleurs et grâce à la capitalisa- tion des savoirs développés lors des projets. Son exploitation se fait à travers l’offre de l’entreprise, mais aussi, hors de ces marchés, par la valorisation externe des tech- nologies qu’elle maîtrise. Le management de l’innovation dépasse largement le seul cadre des équipes de R&D. Nombre d’innovations ne sont pas issues de la technologie, même si leur mise en œuvre peut réclamer la solution de pro- blèmes techniques complexes
  • 3. gie qui a conduit à un résultat gagnant comme plus astucieuse que celle qui s’est avérée stérile. Les résultats sont non seulement aléatoires, mais ambigus. Dans quelle mesure telle amélioration quantifiable de la productivité d’un ate- lier de production résulte-t-elle de l’idée suggérée par la R&D plutôt que des nombreux bricolages réalisés locale- ment, à l’occasion de son adaptation dans le processus de fabrication ? Les résultats sont incertains, éloignés dans le temps (il faut dix ans pour mettre un médicament sur le marché, mais on juge les chercheurs sur une période de temps plus courte), éloignés dans l’espace et combinés à bien d’autres facteurs d’évo- lution. Autre écueil, comment gérer des indivi- dus plus compétents que ceux qui les encadrent et les évaluent ? Dans la plupart des postes d’une organi- sation, les chefs comprennent mieux que les gens qu’ils dirigent le travail de ceux- ci, qu’ils ont souvent fait eux-mêmes à une étape antérieure de leur carrière. Dans la recherche, les savoirs et les tech- niques évoluent vite et la connaissance la plus pointue est souvent à la base de l’organigramme. Cette situation est d’ailleurs assez fréquente chez les travailleurs de la connaissance et chez les créatifs où, par exemple, un jeune créateur publicitaire sera plus dif- ficile à recruter ou à remplacer que le manager qui vendra ses prestations, ou dans un hôpital où le directeur aura moins de légitimité et de notoriété que tel de ses grands cliniciens. Le problème a cependant été étudié depuis longtemps dans la recherche, ainsi que l’impact et les effets pervers de certains dispositifs de gestion comme la double échelle (reconnaître la contribution des experts à côté de celle des managers) [Allen et Katz 1988]. La population des chercheurs est très sensible au regard qu’on porte sur elle et sa gestion demande un tact particulier. Un chercheur dont on s’enquiert trop souvent des résultats a le sentiment qu’on ne lui fait pas confiance ou qu’on le croit paresseux. Un autre qu’on laisse en paix souffre de ce qu’il ressent comme un manque d’intérêt pour ses travaux. L’admiration des pairs est un moteur puissant et on raconte comment Steve Jobs en usait pour stimuler les développeurs d’Apple, qui pouvaient être applaudis ou sifflés selon l’impres- sion que donnaient leurs démonstrations [Sculley 1988]. Lotte Bailyn montre, pour sa part, le contresens qui fait que les managers donnent souvent peu de directives sur les objectifs d’une recherche, estimant que les chercheurs compren- nent mieux qu’eux les enjeux dans leur domaine, mais imposent des procédures de travail assez rigides, alors que les chercheurs attendent l’inverse, souhaitant disposer d’une grande marge de manœuvre tactique dans la manière de s’organiser, justifiée par leur compé- tence professionnelle, mais manquant d’éléments de mise en perspective pour déterminer seuls les priorités pertinentes pour leur entreprise ou leur institut de recherche [Bailyn 1996]. Gérer les horizons temporels contradic- toires des opérations et de la recherche est aussi une difficulté supplémentaire. Ainsi le manager d’une équipe de cher- cheurs se comporte comme un imprésa- rio : il règle les problèmes matériels pour permettre au cher- cheur de « se con- centrer sur son art », il promeut à l’exté- rieur les résultats du chercheur et la perti- nence de son travail, il conforte le statut du chercheur en faisant en sorte que celui-ci se sente apprécié. Cet impresario traducteur infléchit l’attention de ses dif- férents interlocuteurs, en faisant prendre conscience, au chercheur, des priorités stratégiques de l’organisation - et donc des sujets pertinents - et en permettant, aux dirigeants de l’entreprise, d’apprécier l’apport du chercheur. Il joue parfois aussi un rôle d’écran ou de tampon entre les différentes logiques et, notamment, entre les horizons temporels en conflit : celui de l’entreprise qui souhaite une grande réactivité et celui du chercheur qui a besoin de temps pour construire une compétence. Une étude surprenante montre ainsi que les entreprises dont le laboratoire central n’est pas situé à proxi- mité du siège ont une R&D plus perfor- mante [Cardinal et Hatfield 1998], car elles sont moins soumises aux fluctua- tions des stratégies de la direction. Le management intégré La gestion de la R&D ne se limite pas à celle des programmes de recherche. L’entreprise est surtout préoccupée de pouvoir disposer des compétences nécessaires à la réalisation de ses projets de développement. Ses dirigeants rêve- raient que la R&D puisse fournir des réponses aux problèmes soulevés par les équipes de développement « à la demande », mais le temps de program- mation et d’ exécution des projets, quelques mois à quelques années, est beaucoup plus court que celui nécessai- re à la construction d’une compétence (quelques années, voire beaucoup plus). On ne peut donc avoir de R&D « juste à temps » asservie aux besoins des projets. La R&D construit donc plutôt un stock de connaissances et de compétences disponibles, dans lequel les projets peu- vent puiser. Pour piloter l’évolution de ce stock, elle s’appuie sur une surveillance et une analyse de l’évolution des tech- nologies, des marchés et de l’environne- ment concurrentiel. Ainsi Kodak, anticipant l’importance de la photogra- phie numérique, décida dans les années 1990 de moins investir dans ses compé- tences traditionnelles de photochimie, pour choisir de perfectionner les films argentiques photosensibles, et de recru- ter des spécialistes de traitement d’image numériques. Toutefois, même si cette analyse est bien faite, les compétences que l’entreprise construit et les connaissances qu’elle accumule peuvent ne pas être les plus adaptées aux besoins des projets, soit que des solutions plus performantes aient été développées ailleurs, soit que l’apport de technologies que l’entreprise ne maîtrise pas puisse être utile. Elle devra alors être capable d’identifier ces technologies utiles, de les récupérer et de les intégrer à ses systèmes. Cela constitue un rôle nouveau et essentiel pour la R&D, traditionnellement plutôt chargée de développer elle-même les compétences nécessaires. Nous verrons que cette nouvelle mission repose sou- vent sur la construction de réseaux (avec des organismes de recherches, des four- nisseurs ou des concurrents) et demande des qualités différentes de celles que requiert le développement interne de connaissances nouvelles. 32 A n n a l e s d e s M i n e s Identifier les technologies utiles, les récupérer et les intégrer à ses systèmes : c’est un nouvel impératif pour l’entreprise
  • 4. La maintenance du stock de compé- tences utiles passe aussi par le dévelop- pement d’une capacité d’apprentissage à partir des projets de développement. En effet, au cours d’un projet, de nom- breuses options techniques sont envisa- gées et évaluées, mais celles qui sont abandonnées sont rarement documen- tées par des acteurs focalisés sur le res- pect des échéances et des objectifs du projet. Il faut donc mettre en place des dispositifs pour permettre un apprentis- sage et une capitalisation des connais- sances qui ne vont pas de soi. Le stock de compétences disponible à un moment donné conditionne aussi les stratégies possibles de l’entreprise, au moins à court terme [Penrose 1959] tandis qu’une évolution stratégique de l’en- treprise se traduira par de nouvelles demandes sur l’évolution des technolo- gies disponibles, comme on l’a vu plus haut dans l’exemple de Kodak. Enfin, les connaissances que l’entreprise a construites peuvent avoir un impact bien au-delà des marchés sur lesquelles l’entreprise est présente, mais il faut alors maîtriser des compétences complémen- taires pour pouvoir en tirer profit et accé- der à un nouveau marché. Il peut s’agir de connaissances techniques à intégrer à une offre différente ou de capacités com- merciales. Le plus souvent d’autres acteurs seront donc mieux placés et la valorisation de ces connaissances repo- sera sur la concession de licences ou sur des joint-ventures. Nous avons déjà évoqué en parlant des problèmes traditionnels de la gestion de la R&D les questions du caractère aléa- toire, ambigu et lointain des résultats de l’activité de recherche, des difficultés de gestion des travailleurs de la connaissan- ce et de la gestion par l’allocation d’at- tention. Dans ce qui suit, nous allons nous pencher sur quelques questions soulevées par le management intégré de la technologie, notamment la construc- tion d’une capacité collective d’absorp- tion de connaissances externes, l’accumulation de compétences dans une organisation en projets, l’intégration du management de la technologie dans la stratégie pour une meilleure résilience de l’entreprise. Construire une capacité d’absorption Pour proposer des « solutions com- plètes » intégrant de nombreuses fonc- tionnalités et des services divers, les entreprises doivent combiner des com- pétences qu’elles ne peuvent toutes maî- triser. Elles doivent donc développer une capacité à repérer les technologies et les connaissances qui peuvent leur être utile, à intégrer celles-ci à leur offre, soit en acquérant la maîtrise directe de ces compétences, par développement interne ou transfert de technologie, soit en s’assurant de la collaboration loya- le d’un partenaire qui maîtrise cette compétence. Elles devront aussi développer une architectu- re permettant d’intégrer ces briques diverses dans un produit ou un service cohérent. De telles capacités d’absorp- tion ne s’improvisent pas et il faut sou- vent avoir développé une expertise de bon niveau au sein de l’entreprise pour avoir la capacité de repérer et d’évaluer des solutions pertinentes développées ailleurs [Cohen et Levinthal 1990]. Il faut aussi organiser la R&D pour qu’une équipe d’intégration exerce une vigilan- ce constante sur les technologies dispo- nibles, sans privilégier les pistes explorées par les services internes de recherche, mais en mobilisant la compé- tence des experts locaux [Iansiti et West 1997]. Le problème se complexifie encore lors- qu’il ne s’agit pas de trouver le partenai- re maîtrisant déjà la technologie qui compléterait l’offre de l’entreprise, mais celui qui est susceptible de développer efficacement celle-ci. Il faut faire partici- per un partenaire extérieur, aux objectifs et aux intérêts différents, à un effort de R&D amont aux résultats incertains et définir à l’avance les droits et devoirs de chacun (financement, propriété des résultats, délais de réalisation) à propos d’un objet encore inexistant et incom- plètement spécifié [Segrestin 2003, Aggeri & al. 2002]. L’organisation en projets a considérable- ment accru l’efficacité des services de développement [Midler 1993, Jolivet 2003], mais parfois au prix de la capita- lisation des connaissances car les acteurs des projets sont surtout soucieux de res- pecter leurs impératifs de performance, de délais et de coûts. Il faut donc mettre en place des dispositifs spécifiques pour recueillir les connaissances générées au cours du projet sans perturber celui-ci. Cela passe, par exemple, par la présence d’acteurs spécifiques dans l’équipe pro- jet, par l’organisation de debriefings après les projets ou par des projets parti- culiers dédiés à la capitalisation des connaissances [Moisdon et Weil 1998]. De même que l’entreprise a besoin de mobiliser des connaissances externes, de même ces compétences peuvent avoir des applications bien au-delà de ses marchés traditionnels. Des dévelop- pements complémentaires sont cepen- dant souvent nécessaires et les compétences ne sont pas toujours suffi- samment bien codifiées pour qu’une concession de licence ou un transfert de technologie soit facilement envisa- geable. Il faut alors explorer des modes variés de valorisation pouvant passer par des incubateurs et du capital-risque d’entreprise, par la création de joint-ven- tures spécifiques ou bien d’autres moda- lités [Weil 2000a]. Les nouveaux rôles des experts Les nouvelles missions que nous venons d’évoquer supposent que les experts ne soient plus seulement jugés sur ce qui constituait autrefois leur tâche principa- le, la construction de nouvelles solutions aux problèmes techniques de l’entrepri- se, mais sur l’ensemble de leur contribu- tion à la découverte et à l’intégration de solutions pertinentes, à la valorisation des compétences de l’entreprise, à l’ani- mation de réseaux internes et externes permettant de faire circuler les connais- sances et de les rendre disponibles là où elles sont utiles [Weil 2000b]. Cela sup- pose parfois des aménagements maté- riels (outils de CAO et de prototypage rapide, de communication et de partage des connaissances, plateaux projets reconfigurables, etc.). Cela influe sur les 33D é c e m b r e 2 0 0 3 Pour proposer des « solutions complètes » les entreprises doivent combiner des compétences qu’elles ne peuvent toutes maîtriser
  • 5. critères de recrutement et de promotion ainsi que sur le déroulement des car- rières (recherche de profil « en T », ayant une compétence pointue dans leur domaine mais de bonnes connaissances générales sur les activités connexes, rôles de « gatekeepers », d’imprésarios et d’architectes de réseaux) [Allen 1977, Weil 2000c] . Cela repose aussi sur une évaluation prenant en compte la contribution aux projets des autres au-delà des objec- tifs personnels (évaluation à 360°) mais aussi sur de nouvelles relations contractuelles avec les fournisseurs et partenaires [Garel 2000]. Cela dépend aussi de facteurs culturels, comme la valorisation de la coopération et du partage [Saxenian 1994]. Le management joue un rôle important en évitant les comportements opportunistes pour construire des rela- tions pérennes et équitables, privilégiant la confiance et la bonne réputation [Powell 1990,Weil 2000c]. Une compétitivité durable La mode est bien passée du monopoly industriel où de grands groupes étaient gérés comme des holdings financiers vendant et acqué- rant des outils de production et des compétences de conception en fonction de l’at- tractivité plus ou moins grande des marchés. Les années 1990 ont plutôt mis en valeur le recen- trage sur les compétences-clés (avec des définitions souvent tautologiques de celles-ci), en découvrant que celles-ci sont longues à construire, difficiles à entretenir et à faire évoluer et constituent donc un des principaux facteurs de com- pétitivité durable pour l’entreprise et un défi majeur pour ses stratèges [Hamel et Prahalad 1990]. Dans un univers turbu- lent, les entreprises visent plutôt la rési- lience [Hamel et Valikangas 2003], la capacité à s’adapter à un environnement changeant sans attendre de passer par une crise majeure. Cela passe par le développement de la réactivité, facilitée par la prise d’option sur différentes tech- nologies émer- gentes, plus que par la planification. La R&D, l’investisse- ment dans des start- up, voire la surveillance active d’un domaine tech- nologique et l’utilisation d’architectures ouvertes permettant l’intégration facile de nouveaux composants sont autant d’options réelles prises en situation d’in- certitude pour permettre à l’entreprise de saisir les opportunités qui peuvent se présenter ou parer des menaces poten- tielles [Jacquet 1999]. Le management de la technologie et plus généralement de l’innovation est donc devenu trop stratégique pour rester l’affaire des seuls technologues et requiert une implication forte des différentes fonctions de l’entre- prise et l’organisation d’un dialogue constructif entre elles. La capacité à organiser ce dialogue et, plus généralement, à travailler en réseau tant au sein de l’entreprise qu’avec les parte- naires les plus divers devient elle- même une compé- tence-clé, capable de procurer un avantage écono- mique durable à l’entreprise [Powell 1996]. • BIBLIOGRAPHIE Franck Aggeri, Blanche Segrestin, Yves Dubreil Comment concilier innovation et réduction des délais ? Annales de l’École de Paris du management, volume IX, 2003 Thomas J. Allen, Managing the Flow of Technology, MIT Press, Cambridge, MAThomas J. Allen, Ralph Katz, The dual ladder: motivational solution or managerial delusion?, R&D Management Lotte Bailyn , Autonomy in the Industrial R&D Lab, Human Resource Management Summer 85, 24, nº2, 129-146 - 5/8/96 Luc de Brabandere & Anne Mikolajczak, Le plaisir des idées, Dunod 2002 Laura B. Cardinal et Donald E. 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