1. LE BOUDDHISME
A l’heure actuelle, nous pouvons distinguer dans la philosophie
bouddhiste deux grands courants. Dans un premier temps le Theravada, pensée
la plus ancienne signifiant « L’école des sages » et enfin la branche Mahayana
« Le grand véhicule », à laquelle nous allons nous intéresser plus
particulièrement.
Le bouddhisme mahayana consiste en une forme de bouddhisme développée aux alentours
du Ier ou du IIème siècle après J-C. à partir de la doctrine des Anciens, jugée trop austère.
Cette doctrine apparait tout d’abord en Inde puis va sa propager au fil du temps sur tout le
continent asiatique.
Parti de l’Inde en l’an 0, le bouddhisme Mahayana va arriver en Chine au premier siècle
après J-C. La première église bouddhique fut créée en 65. Les courants taoïste et
confucianiste, déjà présents vont freiner son expansion. Cependant cela n’empêchera pas le
Mahayana de se développer, il sera ainsi très répandu en Chine entre le Vème et le Xème siècle.
Elle va être le fait de traducteurs, qui vont retranscrire les sutras en chinois et de pèlerins,
qui, visitant l'Inde, en rapporteront des textes. Si de nombreux courants se développent au
fil des siècles, le Chan et l'école de la Terre Pure vont s'implanter durablement, se mêlant
aux croyances taoïstes locales.
En rupture idéologique avec les Anciens, les
écoles Mahayaniques affirment que le Bouddha
possède une triple nature qui se manifeste par un
« Triple Corps » (Trikaya) dont seul le dernier est
apparu sur terre : un « Corps Essentiel »
(Dharmakaya), transcendantal et symbolisant
l’Être absolu, un « Corps de Félicité »
(Sambhokaya) issu des incarnations antérieures
du Bouddha habitant la « Terre pure », et un
« Corps de transformation » (Nirmanakaya) qui
peut prendre n’importe quelle forme et que le
Bouddha emprunte chaque fois qu’il venait en
aide aux hommes.
Au travers du Mahayana, chacun a donc la
possibilité de parvenir au nirvana en réalisant la
« Nature du Bouddha » qui est en lui.
2. Dans la suite de l’exposé vous rencontrerez souvent le terme « sutra ». Pour une meilleure
compréhension et assimilation je vais vous la définir.
Une sūtra désigne ce que l'on nomme en Occident un « classique », un « canon »
voire, simplement, un « livre ». Le terme s'applique à des écrits spéculatifs ou
philosophiques rédigés sous forme d'aphorismes. Soit l'appellation est métaphorique ce sont
les « fils de la pensée », la « trame des idées », soit elle est métonymique on entend : « les
fils qui servent à coudre les pages ensemble ». Par métonymie, on nomme aussi sūtra les
livres contenant de tels écrits.
Enfin, par extension, le terme en vient à désigner toutes sortes de traités, grammaires,
analyses. C'est le cas par exemple du Kāmasūtra, "Livre de Kāma" (ou "sūtra du désir" - Kāma
signifie "désir" en sanskrit ; il est le dieu de l'amour charnel).
En somme, le Mahayana met l'accent sur la pratique de la compassion universelle,
l'idéal du bodhisattva, avance la notion de vacuité du soi individuel et des phénomènes ainsi
que la doctrine des trois corps d'un bouddha. Il est riche d'un grand nombre de bouddhas et
bodhisattvas, toujours prêts à aider les êtres prisonniers du samsara.
Les sūtras mahāyāna sont très nombreux. Certains (Sūtra du Diamant et Sūtra du Cœur
notamment), sont récités quotidiennement dans de grandes parties du monde bouddhiste.
D'autres sont plus spécifiquement liés à une école.
Les plus anciennes versions à nous être
parvenues sont les traductions
chinoises que le moine Lokaksema fit
entre 178 et 189 à Luoyang, en
particulier le Pratyutpanna Sūtra qui
introduit le bouddha Amitābha et les
Prajñāpāramitā Sūtras dont font partie
le Sūtra du Cœur et le Sūtra du
Diamant Selon certaines sources, un
travail de traduction de sūtras du
gandhari en sanscrit s’étendant sur 12
ans aurait été entrepris sous le règne
de Kanishka Ier (127-147) dans
l’Empire kouchan lors d’un concile.
La tradition mahāyāna préconise que
Gautama Bouddha a dispensé son
enseignement selon les différents
3. degrés d’avancement spirituel de ses disciples. Selon cette perspective, les sūtras hīnayāna,
dits « de la première mise en mouvement de la roue de l'enseignement » (premier exposé
de la doctrine prononcé au Parc aux daims), sont destinés à un auditoire moins avancé. C'est
plus tard, au Pic des vautours, qu'il aurait débuté l'enseignement des textes « de la
deuxième mise en mouvement de la roue de l'enseignement », destinés aux disciples les plus
avancés. Néanmoins, l’école Huayan présente le Sūtra Avatamsaka sur lequel elle s’appuie
comme le premier dicté par le Bouddha juste après son éveil. Certains considèrent les sûtras
dans lesquels le concept de tathāgatagarbha tient une place importante comme relevant
d'une « troisième mise en mouvement de la roue de l'enseignement». Le vajrayāna
reconnaît l’importance des sūtras mahāyānas mais fait surtout appel aux tantras considérés
comme plus efficaces.
Maintenant traitons un peu plus en détail les notions de Nirvana et de réincarnation
qui sont très importantes dans la doctrine bouddhiste.
Littéralement, le mot nirvana est la
combinaison de deux mots « nir et vana
», où «Nir» signifie la liberté et «vana»
signifie chemin de la renaissance: ainsi,
le Bouddhisme Nirvana est un mode de
vie où l'esprit et l'âme restent en paix
complète et se libèrent de toute
influence du monde extérieur. Le
bouddhisme Nirvana est souvent décrit
comme « Deathless », c'est-à-dire un
état ou il n’ya pas de mort.
Le Nirvana ne correspond pas un état
physique ou un état de bonheur collectif,
il correspond plutôt à un état de
bonheur spirituel, de cohérence et
d’immortalité.
Le Nirvana est ainsi considéré comme un état ultime de la vie, les bouddhistes l’appellent
l’état des «Lumières» ou de «l’illumination».
4. Pour les bouddhistes la notion d’âme n'a pas d'existence permanente, donc ce qui
subsiste après la mort n'est pas une "âme immortelle" à proprement parler mais une forme
d'énergie psychique, et dans le bouddhisme on ne parle pas de réincarnation mais plutôt de
renaissance, cette énergie psychique réapparait sous une autre forme.
Les hommes sont assujettis au Samsara (le cycle des renaissances). Le monde dans lequel ils
renaîtront après leur mort dépendra de
leur karma, c'est-à-dire de leurs actions passées.
Cette renaissance ne fait donc que prolonger
indéfiniment la souffrance. Conformément à la
philosophie bouddhiste, ce n'est ni le même, ni un
autre qui renaît. Ce n'est donc pas, comme dans le
principe de la réincarnation, une âme immortelle
qui se « réincarne ». En effet, la notion de
réincarnation implique l’existence d’une âme
immortelle qui entre et sort d’un corps et entre à
nouveau dans un autre, mais, selon la croyance
bouddhiste, il n’existe rien de tel. Ce qui
subsisterait après la mort ne serait pas une « âme », mais une énergie psychique qui
réapparaîtrait ensuite sous une autre forme lors de la renaissance.
Le Bouddha propose de se réveiller de ce cauchemar, de chasser la confusion et l'illusion
pour être illuminé par la réalité. Ainsi, la souffrance et le cycle karmique seraient brisés. Il
définit le but ultime de son enseignement comme étant « la délivrance », le
« dénouement », « la libération de la souffrance » ou nirvāna.