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Sumer, Akkad, et le quechua des pèlerins du Qoyllur
rit’i, célébration andine au Pérou
Dernière version: 01/06/2023
par Michel LEYGUES, Docteur en Sciences Sociales
En Mésopotamie, les locuteurs des deux langues, sumérienne et akkadienne, ont
cohabité pendant plusieurs siècles, ce qui a abouti à une symbiose suméro-akkadienne.
Le vocabulaire akkadien s'est également enrichi d'autres langues, sémitiques ou non,
comme le hourrite ou l'élamite.
Ce texte présente l'hypothèse qu'une parenté pourrait exister entre les langues des
Indiens qui se rendent en pèlerinage au Chinaq'Ara (Pérou) d'une part, et cette
symbiose suméro-akkadienne d'autre part, ceci malgré une grande distance
géographique entre la Mésopotamie et l’Amérique du Sud, et à différentes périodes
historiques d'utilisation des langues.
Il est le plus souvent admis qu'une comparaison entre langues afin de détecter un lien est
d'autant plus pertinente que cette étude tient compte de la syntaxe. Cependant,
l'approche simple choisie ici par l'auteur est de prendre certains mots du champ
sémantique qui ne font pas partie de la vie séculière - où une parenté peut difficilement
être démontrée - mais qui sont attachés à des symboles de la science sacrée, au centre de
la religion.
L'autorité divine s'y serait maintenue par le langage, elle s'y serait affirmée dans la
continuité de la parole. C'est que le mot sacré lui-même contient le dieu. Mal exprimer,
c'est s'opposer aux directives divines, tuer le dieu ou l'ancêtre, manquer de respect à
leurs intercesseurs, et donc risquer la réprobation. Exprimer correctement c’est
solliciter la bienveillance et prévoir la récompense. Les langues sont parlées par des
humains, qui vivent avec leurs sentiments religieux et leur vision du monde.
Mots-clés
Qoyllu, rit’i, q’ara ch’unchu, capac qolla, apu, ñawpa machu, tinku, ukuku, pauluchu,
usangati, aconcagua, colquepunku
Dictionnaires
.The Assyrian Dictionary of the Oriental Institute of the University of Chicago, USA.
. Manuel d’épigraphie akkadienne, Labat, Paris, France.
. Akkadisches Handwörterbuch, Von Soden, Wiesbaden, Germany.
. Sumerian Lexicon, John Halloran, Los Angeles, USA.
.Dictionario Quechua-Español, Academia Mayor de la lengua Quechua, Pérou.
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Ce texte présente l'hypothèse qu'il existe une parenté entre les valeurs idéographiques des Indiens
(et celles de leurs ancêtres au Pérou), et les valeurs sumériennes et akkadiennes.
La plupart des chercheurs s'accordent à dire que les migrants venus d'Asie ont peu à peu peuplé
l'Amérique, traversant d'abord le détroit de Behring. D'autres ont montré que des migrants voyageaient
en pirogue depuis l'Asie du Sud-Est vers la Mélanésie, la Polynésie et l'Amérique du Sud. La
progression des peuples et des langues en Océanie s'est déroulée comme suit :
- 2400 av. J.-C. : Mélanésie, Îles Salomon, par des peuples de Sumatra, Cambodge, Thaïlande,
Bornéo, Sulawesi, Java.
- 1500 av. J.-C. : de Taïwan et des Philippines au Vanuatu et à la Nouvelle-Calédonie.
- 1000 av. J.-C. : Fidgi, Tonga, Samoa, Îles Marshall.
C'est par ces routes maritimes que des descendants de Sumériens ou d'Akkadiens ont peut-être
atteint les côtes de l'Amérique du Sud avant notre ère. Une autre possibilité serait que des Akkadiens,
des Hittites ou d'autres peuples aient traversé l'Atlantique pour débarquer en Amérique.
***
Le Qoyllur rit’i du Pérou est une cérémonie andine de la Fête-Dieu, un pèlerinage d’initiation. Le
sanctuaire est situé sous un glacier, à 5.200 mètres d’altitude. C’est le lieu de Apu, le Père, le Seigneur
de la Montagne Chinaq’Ara, ou Sinakara, près de la petite ville d’Ocongate, à 130 kms à l’est de
Cusco.
Elle attire chaque année des milliers de pèlerins qui viennent de loin à pied. Les Indiens placent
dans cette fête du Corpus Christi une superstition en rapport à la célébration de leur fête ancienne de
l’Intiraimi (en Quechua: raymi: fête, inti: soleil). La fête du Saint-Sacrement des pèlerins de
Qoyllurit’i a été intégrée au culte ancien de la montagne Colquepunku.
Antoinette Molinié a fait une étude approfondie de cette cérémonie. Le Christ vénéré dans le
sanctuaire fait référence au mythe d’origine. Le dieu-glacier nommé Qoyllurit’i: « glacier éclatant de
blancheur », sur lequel est célébré une grande partie de la cérémonie, est devenue sous l’influence des
Chrétiens une figure eucharistique. La transfiguration du glacier en hostie géante durant la
christianisation est confirmée par les pratiques rituelles. Qu’en était-il avant l’arrivée des Chrétiens ?
.En Quechua:
.qoy: donner, concéder, assigner.
.qoyllur: étoile (sa lumière symbole de pureté).
.qoyllu: blanc immaculé, resplendissant, comme la lumière d’une étoile, ou comme sont les alpacas
(leur toison peut cependant aussi être beige) dont les bergers des hautes terres font sacrifice au
cours d’un rituel dans la montagne.
.qoyllur: planète Vénus, corps céleste, ou encore étoile du Sud (Capricorne).
.rit’i: neige, rit’iy: chute de neige, rit’illana: très blanc, comme la neige.
.qoyllurit’i: « neige blanche resplendissante ».
Le glacier est le corps divin d’Apu: le Seigneur, la manifestation de sa volonté.
-Qoyllu:
.Akkadien:
.Kù ellu: pur, saint. Kù elilu: être pur. Kù-Pad-Du šibirtu: bloc de matière, morceau.
.Ku 10: le signe akkadien désigne les ténèbres, le ciel de nuit, ce qui est sombre, ou noir.
Ku 10 = gig: to be black or dark, night. Ku 10-Ku 10 ekēlu: sombre, to be dark (sky, sun, day).
Les cristaux de neige sont venus des ténèbres sidérales, la neige immaculée est tombée d’un
ciel obscur.
Pictogramme d’origine sumérienne de Ku 10: qui est obscur, ciel sombre, précipitation
3
.An-Ku 10: régions célestes, lieu des étoiles, du bouleversement.
.Ku 11: idée de totalité, profondeur, sanctuaire, sacrifice.
.Kù: fonder, établir + aga 3 = diadème, couronne. Juste, pur, noble, sacré, saint, blanc.
.Kù Babbar: blanc, Kù-Babbar kaspu: argent, reflets d’argent (comme paraît le glacier).
.Ku-Ku: Sumérien: to found + to lie down: les ancêtres.
.Ku 5 nakāsu: tailler, couper, séparer, Ku 4 = Kur 9: apporter, transporter, livrer (comme font
les Ukuku avec les blocs de glace).
.Kú: to feed, to eat (ce que font les pèlerins après la cérémonie).
.Ku-ul-lum: (abtum): tenir quelque chose (exemple: bloc de glace, voir: Ukuku).
-illu:
.Quechua:
.illa: un des noms du dieu Wiracocha. Illa Teysi Wiracocha est en théosophie inca la divinité
suprême de la lumière. Illa Teqsi: fondement de la lumière, en philosophie inka.
.illanpu: resplendissant, blanc réverbérant comme les neiges perpétuelles.
.Akkadien:
.ilu: dieu, être haut, pur, élevé, déterminatif précédant les noms de divinités. Le signe akkadien
a pour origine le pictogramme sumérien qui dépeint une étoile, désignant ce qui est à la base
du ciel, de son fondement.
Kur elû: haut pays.
Le même signe akkadien dépeint aussi:
.Girin kirinnu: bloc de matière.
.Ullūru = Gurun: fruit, symbole du Seigneur qui se manifeste dans la matière.
-rit’i:
.Quechua:
.rit’i: neige, rit’iy : chute de neige.
.rit’illana: très blanc, comme est la neige.
Akkadien:
.rittu A: ri-ti, ri-it-ti, u: main de dieu, favorable, forte, qui préserve, douce comme la paume
de la main. Qui peut aussi Tag-u rit’i, Kiāib rit’i: briser, détruire comme avec un poing,
comme rittu: griffes d’ours, pattes d’ours.
.rittu: main de dieu, saisir, tenir, conserver, gérer. Exemple: « goddess Ištar ri-tu-uš-ša erret
niši ú-ki-a-al »: « la déesse Ištar tient dans sa main la corde avec laquelle elle mène
l’humanité ».
.ru’tu: émanation, jet, rejet, (ou leurs synonymes) du dieu, idée liée à celle de flamboiement.
(ce qu’est la neige en tant qu’émanation divine.)
.rĭtu: Ú ri-i-ti, ri-it, ri-it-ti: pâturage (resultant des eaux de fonte du glacier), herbage pour
bétail, alpage, Ú rê-ûtu: pastorat, rē’ĭtu: conduite de troupeau. Re-itu: élevage, ou en akkadien
rit, dont le signe est celui de lag: bloc de matière, du prêtre qui apporte des réponses face aux
démons, aux maladies, à la mort.
.rittu B: ri-it-tum, ri-it-ti-im: attitude convenable, appropriée, opportune.
Un recours plus avancé au sumérien conduit aux concepts:
.ri 6: mener, conduire, instructions (de dieu).
.ri: expulser, émettre, lancer (ici: dieu expectore de la neige).
.it: i 7: cours d’eau, = ida: émettre + eau.
.ti: life, i-ti, itu, itud: clair de lune.
Si l’on accepte de faire l’hypothèse d’une parenté entre la langue de ces pèlerins et celle des
Akkadiens, on peut penser que ri’ti: la neige, était ainsi dénommée non en tant que phénomène
physique mais en tant que manifestation divine. Elle était une émanation de la volonté du dieu qui
conduit le monde. Le glacier était la main du dieu capable de stocker la neige en altitude, et de la
libérer progressivement, sous réserve de la bonne conduite et du respect des humains à son égard.
L’eau libérée du glacier durant les beaux jours était garante de ri’ti: de bons alpages pour les animaux
tels que les alpacas (akkadian alpu, al-pa: bétail), donc de nourriture abondante et de récoltes de laine
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nécessaires à la confection des vêtements pour les habitants. La neige du glacier devenue glace
représentait un potentiel inépuisable pour de bons pâturages. Neige et alpage étant désignés de la
même façon, le glacier constituait pour les Indiens un pâturage en réserve, en puissance. C’est
pourquoi symboliquement les ukuku, les hommes-ours (voir après) montaient au glacier la nuit, y
détachaient des blocs de glace comme avec rittu: des griffes d’ours, pour les déposer au sanctuaire
d’altitude où des sacrifices étaient opérés. En accomplissant ces sacrifices, les gens étaient rittu:
convenables, avaient une attitude appropriée, opportune. Puis ils laissaient symboliquement ces blocs
fondre sur les alpages, comme pour imiter dieu, le solliciter à faire de même, perpétuer la tradition,
espérer sa bienveillance et donc une bonne saison.
***
Sur le bonnet rouge de certains acteurs de la cérémonie figure une fleur solaire en forme d’ostensoir,
et qui peut évoquer le dieu et sa manifestation en akkadien.
Quechua :
.wasi illa: rayon de lumière. Chose incomparable ou inimitable, qui a des vertus sacrées.
Akkadien:
.illuriš: teinte rouge.
.illūru: = il-lu-ra, ú Nindá: une plante qui a une fleur rouge caractéristique. Example:
“lamasse gišnuggalli šinni piri ša il-lu-ru našâ kitmusa ritšin …ina bbnišin ulzizma ana
tabrâte ušlik”: “J’ai installé dans les portes des divinités protectrices féminines en albâtre et
ivoire, portant chacune une fleur rouge dans les mains jointes, si bien faites que les gens les
admiraient”.
.illūru: vêtement rouge (au Pérou, les animateurs sur le glacier Usanqati sont habillés de
rouge).
.illūru Im-Kù-Gi = il-lu-ur: fard rouge pour le visage.
.illūru: exclamation, pleurer, chanter.
.illūru: pureté de la fleur, anémone.
Le mot Illūru peut être rapproché du nom du mont Illuru (nommé Ayer’s Rock par les
Australiens anglophones) des aborigènes d’Australie, mont de couleur rouge orange.
.ullūru = ajjaru : rosette, ornement circulaire, fleur extraordinaire, au parfum divin, belle
comme une parure de bijoux, comme ajjaru pani, la bible d’une déesse, ou ajjar ili, une fleur
divine.
ullūru = gurun : fruit, symbole du Prédécesseur, du Seigneur.
= gurún : Seigneur, ancêtre puissant, supérieur, couleur de sang, dont les pictogrammes
sumériens d’origine sont:
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= gurùn : Seigneur qui est dans la matière :
= IM-guškin : couleur de fard rouge ou ocre, liée à la pureté, au tabou.
***
-Apu:
.Quechua:
.Apu Teqsi: le Créateur de la terre, dans la mythologie inca.
.Apu Espíritu: protecteur d’un peuple qui habite sur les cimes de montagnes, près des neiges.
Exemple: Apu Usanqati, dieu tutélaire de la ville de Cusco.
.Apu P’unchaw: image du soleil dans la mythologie inca, représentation du jour comme fils du
Soleil.
.Apu Qañakway: une colline élevée, nommée Balcón del Oriente, située vers Qusqo, près de
Tres Cruces, d’où le lever du soleil est observé, avec des changements de lumière
spectaculaires.
.Apu kamachi: loi, disposition légale, ordre supérieur.
.Akkadien:
.ap = ab, abu: Père, être divin.
.appu: couronne, nez, fin, bord, corne, éperon rocheux.
.apû: briller intensément, apparaître, devenir visible.
.kamāsu: s’agenouiller en suppliant dieu.
Deux ensembles de danseurs, les q’ara ch’unchu et les capac qolla, jouent un rôle essentiel dans le
Qoyllurit’i. Le lieu de pèlerinage correspond à une frontière entre deux étages écologiques opposés,
les terres hautes andines et les terres basses amazoniennes. Leur rencontre est figurée par celle des
principaux ensembles de danseurs qui symbolisent, chacun d’eux, un étage écologique. Les q’ara
ch’unchu représentent les Indiens de la forêt tropicale humide amazonienne, où il pleut fréquemment
et fortement.
Les q’ara ch’unchu portent une coiffe en plumes colorées d’ara. Par opposition, les capac qolla sont
les civilisés des terres hautes, et plus précisément les commerçants des hauts plateaux.
Les q’ara ch’unchu viennent de l’époque qui a précédé l’empire inca, celle des ñawpa machu: les pré-
humains. À l’arrivée des Incas civilisateurs, les pré-humains se sont réfugiés dans la forêt tropicale
pour, dit-on, ne pas être brûlés vifs par la lumière de l’astre divin. Par opposition, les capac qolla des
hautes terres symbolisent le temps de l’humanité présente et socialisée. Ces deux groupes figurent
ainsi deux ères de l’histoire du monde, en espace et en temps.
Cette structure dualiste de l’ensemble des danseurs est dramatisée lors d’un combat rituel entre q’ara
ch’unchu et capac qolla célébré le dernier jour de la fête, dans le village d’Ocongate.
Cette dualité : deux groupes de danseurs, deux étages, écologiques opposés, deux ères du monde, et le
combat des opposés complémentaires pourraient être symbolisés par la montagne Chinaq’Ara, ou
Sinakara, qui serait alors la manifestation du dieu, comme à Akkad le dieu Ara androgyne.
En akkadien, šina: deux ; šen-na qablu: combat, duel.
-ñawpa macchu : les pré-humains.
.ñawpa :
.Sumérien:
.na: être humain, homme né de l’origine (métaphore fréquente: la pierre), ceux qui
viennent du monde d’où est parti le grand bouleversement, de l’origine où a été
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insufflé le monde, où il est apparu, il s’est enflammé, ébranlé, celui des étoiles
flamboyantes; nap, nabātu : briller, resplendir.
.pa: rameau, bourgeon.
Les ñawpa machu pourraient être les rameaux de l’Homme, des ancêtres, de pa 4: le Père.
.Akkadien:
.nâḫu: appeased, pacified, to be slow, to be still.
.peru désigne les descendants, les rejetons.
.pa + usan: berger, nom divin. Na 5 est en sumérien la caisse de résonance du
monde, qui évoque le fondement de l’univers et le signe qui dépeint na 5 est aussi
celui qui dépeint dieu Ara, sorte de Janus babylonien.
.pa: plume; pa... e 3: montrer, faire resplendir.
.macchu :
.Quechua: machu: vieux, ancien
. Akkadian: mašū: tomber dans l’oubli.
Maš: moitié, māšu: jumeau, maš : moitié, division du Premier, de l’Un en deux.
Maš ellu: pur; mūšu: nuit (cf. infra: q’ara ch’unchu), maša’ūtu: dévastation. Le jumeau naît de
la division de DIŠ išten: l’Un, de la cellule initiale. En Quechua, iskay désigne le nombre 2,
division de l’Un ; en akkadien, išku: testicule, est dépeint par un signe dont le pictogramme
sumérien d’origine figure l’Un en deux, qui est voisin de celui de na: homme, déjà mentionné.
-q’ara ch’unchu:
.q’ara:
.Quechua: notion d’ancienneté.
.Sumérien:
gar 4: tôt, au début de, ceux qui sont de l’origine ; kar: s ‘échapper, ceux qui se sont échappés.
kár-A, a.ra: personne sans foi ni loi, ne craignant pas les ordres du dieu.
.ch’unchu :
Quechua:
.ch’unchu: peuples autochtones des forêts de l’Amazonie péruvienne (et par extension
d’autres peuples peu incorporés dans la civilisation moderne).
.chunchuwayta: belle plante ornementale avec des fleurs rouges.
Akkadien:
.šumšû: rester éveillé la nuit. Le signe akkadien désigne surtout Par 4 gipâru: la frondaison, la
forêt. Le signe akkadien de šumšû exprime aussi KU 10 (see: quoyllu) et le pictogramme
d’origine est le même:
.u û: forêt de roselière, lieu touffu.
.šún: qui est en rapport avec les étoiles et l’obscurité, avec les météores, en regard sur le
monde du Père, ou de Sú: la Vache sauvage primitive, la Mère.
-capac qolla:
Quechua:
capac: puissant, riche.
.qolla: nom des habitants de la region des hauts plateaux de Qollasuyo, et ville de Qosco.
Akkadien:
.kap, kabâtu: qui est important, honoré, kà-áb-da-ku, qui le devient,
.kulla: ceux qui construisent, ceux qui vénèrent dieu Kulla: le dieu-brique.
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Durant la cérémonie, les ukuku, appelés aussi pauluchu, forment un troisième groupe rituel. Leur
cagoule en laine aux yeux cerclés de noir les identifient aux ours « à lunettes » qui ont les yeux cernés
de poils noirs, - symboliquement: qui « voient » -, et vivent dans le piémont tropical, territoire
intermédiaire entre les deux étages écologiques figurés par les deux autres groupes de danseurs.
L’organisation de l’ensemble des danseurs se présente comme l’opposition entre les q’ara ch’unchu et
les capac qolla médiatisée par la catégorie intermédiaire des ukuku, principaux protagonistes. En
dehors de leur rôle de rappel à l’ordre à l’aide du fouet, l’activité principale très risquée des ukuku
consiste au cours d’un rituel nocturne à découper des morceaux de glace dans le glacier, dans le cœur
de leur dieu salvateur. Ils accomplissent une segmentation individuelle du corps divin en parcelles. À
l’aube, ils les chargent sur leur dos et les portent au sanctuaire. L’eau sacrée du dégel des morceaux de
glace guérit les maladies les plus graves, transfigure le corps des célébrants, et les blocs de glace
restants sont ensuite transportés plus bas dans les communautés. La quête des morceaux de glace est
dangereuse: les crevasses sont nombreuses et profondes et les danseurs en exaltation mystique. De
plus, ils se livrent à des batailles rituelles qui, ailleurs dans les Andes, sont célébrées régulièrement et
se concluent souvent par la mort d’un combattant. Le plus souvent, le culte du glacier se solde par
quelques morts qui restent ensevelis dans les rochers ou la glace, au sein du dieu. Les victimes sont des
héros qui portent chance à leur communauté. Dans les tinku, batailles rituelles andines que se livrent
les moitiés d’une société dualiste, ces victimes représentent des sacrifices à la divinité de la Terre.
Le rôle de l’ukuku est ambigu : il est chargé de maintenir l’ordre avec un énorme fouet en cuir qu’il
fait claquer sur les pèlerins, mais à d’autres moments il sème le chaos par des simulacres de vols et des
blagues.
Le mythe rapporte que l’ancêtre de l’ukuku était le fils d’un ours, - symbole de force vitale comme
peut l’être le jaguar, ailleurs le taureau ou l’éléphant -, et d’une indienne. Il se situe ainsi entre les
catégories du q’ara ch’unchu « sauvage » et du capac qolla « domestique ».
Les ukuku défendent les hommes contre les condenados, morts vivants qui escaladent éternellement la
montagne pour expier le péché d’inceste qu’ils ont commis de leur vivant. L’ukuku et le condenado, -
condamné -, sont tous deux à la limite entre le monde sauvage et le monde civilisé: le premier est
engendré par un humain et un animal, tandis que le second a commis un inceste. Les ukuku
s’expriment dans une voix de fausset pendant toute la durée du rituel, attestant de leur dualité.
L’ukuku occupe une position intermédiaire par l’étage écologique auquel il correspond, par sa fonction
entre l’ordre et le désordre, par son mythe d’origine entre nature, - père ours -, et société, - mère
humaine -, par sa voix intermédiaire entre les deux sexes, par son lien avec le personnage incestueux
du condenado.
La nuit centrale du culte, des ukuku masqués escaladent les pentes de la montagne Colquepunku. Ils
transforment le glacier en chapelle ardente de bougies, et se livrent à des acrobaties et à des combats.
Ils se battent rituellement sur les pentes du Colquepunku.
- Tinku:
.Quecha tinku-i : rencontrer, joindre.
.Sumérien tin : vivre, aller vers le Premier, le dieu, la déesse souveraine, par tik, tikkin : le
travail rituel, la fête, l’orgie ; chercher dieu, s’en approcher, travailler en ce sens.
- Ukuku: « homme-ours ».
Ùku désigne en akkadien le démon de la tempête, ou un animal qui le représente. La forme du signe
akkadien est très voisin de celui de Az asu: ours, de celui de agāgu: la montagne en colère, de celui du
démon de la tempête, et de celui qui désigne níb: le léopard (équivalent: le jaguar en Amérique du
sud). Dans la montagne andine, l’ours représente à ces altitudes la force vitale.
Ukuku, est celui qui accomplit selon l’akkadien Gug guqqû: le sacrifice à Ùku: dieu de la tempête. La
force du dieu, de l’énergie vitale, symbole mésopotamien: labbu : le lion, aggu : furieux, le léopard, le
gouverneur.
.Akkadien:
.ukkuku: see ka.ma.su:
.collecter, apporter (ici: les blocs de glace).
.s’agenouiller pour prier ou marquer sa soumission, supplier dieu.
.Uk uggu, uggugu: colère.
.Sumérien:
.ukù : les gens, le peuple.
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.ug 5: mourir, tuer, les ukuku entreprennent un périple risquant la mort sur le glacier.
.ugú, ugù: représenter ou solliciter la parole du Père, ugùn, ugu 1: l’engendreur, le
progéniteur, Celui qui est à l’origine.
.ukú: qui tombe à terre, en extase, ou s’anime devant Celui qui emporte, et conduit.
.uku 2, ukur 3: les pauvres, ceux qui s’en remettent à dieu ou au prêtre.
.A-Ka, ugu 2: débiteurs devant dieu.
.ug 6: regarder avec étonnement, émerveillement.
.ugu: au sommet de la montagne.
.ug 1: puissance divine qui s’exprime par l’orage, les éclairs.
L’ukuku ou « homme-ours » est aussi nommé en Quechua ukumari. L’ukuku en sa qualité de fils de
l’ours, est confirmé selon l’akkadien:
.māru: dumu = mari, ma-ri : descendant, son, enfant d’animal (ici: l’ours).
.uku: sentinelle, Mer agāgu: en colère.
.Mír est le sumérien dialectal pour gír, gir 10: éclair, ce qui fulgure, brûle, comme le coup de fouet
des ukuku en colère.
.gir 8: qui détachent un morceau (à Sumer, girin : morceau d’argile, au Pérou : de glace ?). Selon le
sumérien, l’ukuku andin pendant la cérémonie (comme l’ours) gur 1 = gir 8: galope, court, conduit la
procession, représente Celui qui est brillant, fort, prééminent, qui se manifeste par mer 1: orage
violent, tourmente.
.Pauluchu: les Pauluchu se revêtent de peaux d’ours ou de vêtements pour figurer l’ours prestigieux.
.Akkadien:
.palû: insigne ou vêtement royal.
.palāsu: regarder, dévisager, causer un trouble, provoquer de l’irritation.
Voir, de même signe que igigallu: les sages, qui tâmartu: observent, examinent l’apparition
d’un astre (on a dit que les ukuku s’identifient à l’ours à lunettes, à ceux qui voient ou
regardent l’astre solaire, les sages qui l’observent), ou ma ārM: reçoivent, affrontent, acceptent
Ma Rû: le Premier, le Prédécesseur, l’Ancêtre commun, du mythe d’origine.
Ils seraient ceux qui ont igi: l’œil, ils seraient gub : les préposés ou les extatiques, membres du
clergé, descendants de ceux qui adoraient dieu igi-gub Palil, le premier des Seigneurs; ils
seraient en sumérien palil 1: ses troupes avancées.
Et ils seraient aussi ceux qui:
.palāšu: cassent, percent, entrent par effraction. Example: « la marque de l’arme à droite
indique que la vésicule biliaire est pa-li-iš »: perçée.
Les danseurs somptueusement vêtus sont face à l’Ausangate, le sommet le plus haut de la région.
Quand l’aube s’annonce, la cacophonie est celle des nawpa machu: les pré-humains qui ont précédé
l’apparition du Soleil civilisateur des Incas. L’astre surgit derrière le sommet de l’Ausangate, les
danseurs se jettent à terre pour vénérer le Créateur de l’humanité. C’est la veille du dimanche de la
Fête-Dieu, le disque solaire au-dessus de l’Ausangate évoque un ostensoir sublime: il y a fusion de
Apu Ausangate et du Saint-Sacrement.
Le pauluchu est aussi nommé en Quechua ura mate. En Yanesha, parlé dans la zone amazonienne du
Pérou, pauluchu ou ukuku est nommé orran:
.Sumérien Ur-A, Ur-Ma: animal carnivore, qui représente la force vitale,
.Akkadien mātu: mourir. Ura mate serait la représentation de l’animal carnivore qui tue.
En Chibcha, il est nommé nim, nom qui évoque en sumérien et akkadien ním: prince, premier élément
de nombreuses divinités ou constellations, Nim ellu: haut, Nim-Gír birqu: éclair (l’ours ururu est aussi
nommé « ours des nuages » dans les Andes), nim 4: qui casse, qui écrase.
Les ukuku sont les acteurs essentiels de la transfiguration eucharistique du glacier sacré. Ils jouent un
rôle intermédiaire entre la chrétienté et l’andinité: ils magnifient le glacier en l’éclairant de bougies et
le christianisent en y portant des croix. Ils andinisent le sanctuaire du Christ en portant des fragments
du glacier. Il est peut être utile de mentionner ici que la croix sumérienne figure les idées de dieu Maš,
de Premier, de l’exorciste qui intercède, de pureté, de moitié.
Les Quechua vénèrent les sommets qui entourent les terres de leurs communautés: ils racontent les
mythes qui leur sont liés, ils leur font des offrandes de coca et d’alcool et ils les sollicitent
éventuellement par l’intermédiaire d’un chaman. Près de Qoyllurit’i s’élève Ausangate, l’un des plus
puissants sommets des Andes méridionales. Le glacier Colquepunku qui s’élève au-dessus du
sanctuaire est un dieu important. C’est pour lui que les ukuku, les acteurs essentiels de la cérémonie,
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dressent des cierges sur la glace, et ce sont des morceaux de son corps qu’ils découpent. Il y a
épiphanie de la double divinité Glacier-Eucharistie.
- Ausangate : cette montagne a une symbolique forte dans la mythologie inca. Le nom est hispanisé à
partir du Quechua Usanqati: cuivre.
.Akkadien:
.usaggû =ú sag= Šu-gu: herbe précoce, « festival de l’herbe précoce.
.úsan: qui est rouge, brillant, comme est le cuivre.
.qat = qat, qadûtu: dépôt, sédiment.
.gat: étoffe, déterminatif des vêtements.
Le signe akkadien qui exprime as, ou az, c'est-à-dire l’ours, est très voisin de celui qui
exprime urudu: cuivre.
.ùsan: fouet (see: ukuku).
.Sumérien Uzug: haut sanctuaire, du dieu, du ciel, ou de At: le Père. Sanga: prêtre.
On a dit que la quête des morceaux de glace par les ukuku est dangereuse (cf. supra : sumérien uk 5:
mort). On dit même que les victimes vénérées portent chance à leur communauté, sacrifiées à la
divinité de la Terre, au soleil-énergie contenu dans la matière. Les victimes humaines du Qoyllurit’i
rappellent les sacrifices humains des Incas et font référence au sacrifice de Jésus-Christ. Pour
transformer leur glacier sacré en grandiose ostensoir, les pèlerins combinent le nom du Christ et
Qoyllurit’i, le mythe d’origine qui s’y rattache, les vertus attribuées à l’eau du dégel, la pratique de la
segmentation du corps divin en parcelles attachées aux corps des ukuku, le sacrifice de chair humaine
qui accompagne l’appropriation du corps divin du glacier.
-Colquepunku : glacier de la montagne, signifie en quechua « étang argenté » en raison de la lumière
qui se reflète sur la neige et la glace.
.Colque:
.Quechua qullqi: argent.
.Akkadien qullu: qu-u-lu: fait de métal, blanc comme de l’argent.
.en Sumérien se retrouvent les éléments du mythe: porte du ciel, nuit, argent, collecte des
lourds blocs de glace par les ukuku:
.(Na 4) Kù.Gi: lit d’argent, objet argenté.
.Kul: mettre ensemble (base, fondement + abondant), épais, lourd.
.Kù: argent, noble, brillant, pur, sacré, saint.
.Ku: couché, entrée. Ku 4: entrée.
.Ku 10: nuit.
.Punqu :
.Quechua: porte, ouverture.
.Sumérien: pun = bun, Bunin: baquet, bassin, cuve, réservoir. Le signe akkadien est très voisin
de celui qui désigne l’étang, le marais.
.Akkadien : p=b,
.būnu: bu-un-ni-ka: visage, forme, allure, belle forme du dieu. Ka = appu, bu-nu, bu-
ni-ka.
.būnu: bonne chose.
-Aconcagua : autre région, voici le sommet le plus élevé des Andes. Le nom pourrait provenir du
Quechua akon et kahuak: « sentinelle de pierre ». Le nom de ce dieu-montagne pourrait être rapproché
de l’akkadien agāgu: être en colère, de même signe qu’uku: sentinelle.
.Sumérien aga: couronne, diadème.
.Akkadien:
.agû: couronne.
.aggu: furieux, qui manifeste son courroux, de même signe qu’agāgu et uku. En sumérien, ug 1:
colère. Celui qui a 2...ag 2: commande, ou donne a 2-ag 2-ga 2: les ordres; a 2-gu 2-zi-ga, sous
peine de manifester ug 1: colère, et faire ug 5: mourir (see supra: ukuku).
.akukia: « tant et tant », akukūtu: flamboyer, flamme, briller dans le ciel.
10
RÉFÉRENCES
.MOLINIÉ, Antoinette
La transfiguration eucharistique d'un glacier: une construction andine de la Fête-Dieu
CNRS Ateliers d’anthropologie, mai 2003
.ARRIAGA, Pablo José DE
[1621] 1968 Extirpación de la idolatría del Perú, in Crónicas peruanas de
interés indígena (Madrid, Biblioteca de Autores Españoles), CCIX.
.BLANCO WHITE, José
1822 Letters from Spain.
.COBO, Bernabé
[1653] 1956 Historia del Nuevo Mundo (Madrid, Bibli de Autores
Españoles).
.FLORES OCHOA, Jorge
1990 El Cuzco, resistencia y continuidad (Cuzco, Centro de Estudios Andinos).
.HOBSBAWN, Eric et Terence RANGER
1983 The Invention of the Tradition (Cambridge, Cambridge University
Press).
.LLEÒ CAÑAL, Vicente
1992 Descripción de una liturgia, Ocho tiras dibujadas de la procesión del Corpus
de Sevilla (1747) (Sevilla, Ayuntamiento de Sevilla)
.PLATT, Tristan
1987 The Andean Soldiers of Christ. Confraternity Organization, the
Mass of the Sun and Regenerative Warfare in Rural Potosi (18th-
20th Centuries), Journal de la Société des américanistes, 73 : 139-191.
.POLO DE ONDEGARDO, Juan (Lic.)
[1584] 1916 Los errores y supersticiones de los indios sacados del tratado y averiguación
que hizo el Licenciado Polo (Lima) [Colección de libros referentes
a la historia del Perú, III].
.SPERBER, Dan
1996 La Contagion des idées (Paris, Éditions Odile Jacob).
.TAYLOR, Gerald
[1598] 1987 Ritos y tradiciones de Huarochiri, manuscrito Quechua de comienzos del
siglo XVII (Lima, Instituto de Estudios Peruanos/Instituto Francés
de Estudios Andinos).
.ZUIDEMA, Tom
1996 Fête-Dieu et fête de l’Inca. Châtiment et sacrifice humain comme rites de communion, in A.
Molinié (éd.) Le Corps de Dieu en fêtes
(Paris, Le Cerf) : 175-222.
.AISTHORPE, « Tacusiri, Ausangate and Other Peaks, Cordillera Vilcanota », American Alpine
Journal, 1990, p. 192.
Institut géographique militaire péruvien, feuille 28-T
.CROMBIE, « Andean notes, 1953-54 », Alpine Journal, no
0, 1955, p. 387 (lire en ligne [archive])
Carte UGEL de la province de Quispicanchi (région de Cuzco) sur escale.minedu.gob.pe
***
Contact auteur: mleygues@yahoo.fr

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Sumer, Akkad, le quechua des pèlerins du Qoyllur rit’i, célébration andine au Pérou

  • 1. 1 Sumer, Akkad, et le quechua des pèlerins du Qoyllur rit’i, célébration andine au Pérou Dernière version: 01/06/2023 par Michel LEYGUES, Docteur en Sciences Sociales En Mésopotamie, les locuteurs des deux langues, sumérienne et akkadienne, ont cohabité pendant plusieurs siècles, ce qui a abouti à une symbiose suméro-akkadienne. Le vocabulaire akkadien s'est également enrichi d'autres langues, sémitiques ou non, comme le hourrite ou l'élamite. Ce texte présente l'hypothèse qu'une parenté pourrait exister entre les langues des Indiens qui se rendent en pèlerinage au Chinaq'Ara (Pérou) d'une part, et cette symbiose suméro-akkadienne d'autre part, ceci malgré une grande distance géographique entre la Mésopotamie et l’Amérique du Sud, et à différentes périodes historiques d'utilisation des langues. Il est le plus souvent admis qu'une comparaison entre langues afin de détecter un lien est d'autant plus pertinente que cette étude tient compte de la syntaxe. Cependant, l'approche simple choisie ici par l'auteur est de prendre certains mots du champ sémantique qui ne font pas partie de la vie séculière - où une parenté peut difficilement être démontrée - mais qui sont attachés à des symboles de la science sacrée, au centre de la religion. L'autorité divine s'y serait maintenue par le langage, elle s'y serait affirmée dans la continuité de la parole. C'est que le mot sacré lui-même contient le dieu. Mal exprimer, c'est s'opposer aux directives divines, tuer le dieu ou l'ancêtre, manquer de respect à leurs intercesseurs, et donc risquer la réprobation. Exprimer correctement c’est solliciter la bienveillance et prévoir la récompense. Les langues sont parlées par des humains, qui vivent avec leurs sentiments religieux et leur vision du monde. Mots-clés Qoyllu, rit’i, q’ara ch’unchu, capac qolla, apu, ñawpa machu, tinku, ukuku, pauluchu, usangati, aconcagua, colquepunku Dictionnaires .The Assyrian Dictionary of the Oriental Institute of the University of Chicago, USA. . Manuel d’épigraphie akkadienne, Labat, Paris, France. . Akkadisches Handwörterbuch, Von Soden, Wiesbaden, Germany. . Sumerian Lexicon, John Halloran, Los Angeles, USA. .Dictionario Quechua-Español, Academia Mayor de la lengua Quechua, Pérou.
  • 2. 2 Ce texte présente l'hypothèse qu'il existe une parenté entre les valeurs idéographiques des Indiens (et celles de leurs ancêtres au Pérou), et les valeurs sumériennes et akkadiennes. La plupart des chercheurs s'accordent à dire que les migrants venus d'Asie ont peu à peu peuplé l'Amérique, traversant d'abord le détroit de Behring. D'autres ont montré que des migrants voyageaient en pirogue depuis l'Asie du Sud-Est vers la Mélanésie, la Polynésie et l'Amérique du Sud. La progression des peuples et des langues en Océanie s'est déroulée comme suit : - 2400 av. J.-C. : Mélanésie, Îles Salomon, par des peuples de Sumatra, Cambodge, Thaïlande, Bornéo, Sulawesi, Java. - 1500 av. J.-C. : de Taïwan et des Philippines au Vanuatu et à la Nouvelle-Calédonie. - 1000 av. J.-C. : Fidgi, Tonga, Samoa, Îles Marshall. C'est par ces routes maritimes que des descendants de Sumériens ou d'Akkadiens ont peut-être atteint les côtes de l'Amérique du Sud avant notre ère. Une autre possibilité serait que des Akkadiens, des Hittites ou d'autres peuples aient traversé l'Atlantique pour débarquer en Amérique. *** Le Qoyllur rit’i du Pérou est une cérémonie andine de la Fête-Dieu, un pèlerinage d’initiation. Le sanctuaire est situé sous un glacier, à 5.200 mètres d’altitude. C’est le lieu de Apu, le Père, le Seigneur de la Montagne Chinaq’Ara, ou Sinakara, près de la petite ville d’Ocongate, à 130 kms à l’est de Cusco. Elle attire chaque année des milliers de pèlerins qui viennent de loin à pied. Les Indiens placent dans cette fête du Corpus Christi une superstition en rapport à la célébration de leur fête ancienne de l’Intiraimi (en Quechua: raymi: fête, inti: soleil). La fête du Saint-Sacrement des pèlerins de Qoyllurit’i a été intégrée au culte ancien de la montagne Colquepunku. Antoinette Molinié a fait une étude approfondie de cette cérémonie. Le Christ vénéré dans le sanctuaire fait référence au mythe d’origine. Le dieu-glacier nommé Qoyllurit’i: « glacier éclatant de blancheur », sur lequel est célébré une grande partie de la cérémonie, est devenue sous l’influence des Chrétiens une figure eucharistique. La transfiguration du glacier en hostie géante durant la christianisation est confirmée par les pratiques rituelles. Qu’en était-il avant l’arrivée des Chrétiens ? .En Quechua: .qoy: donner, concéder, assigner. .qoyllur: étoile (sa lumière symbole de pureté). .qoyllu: blanc immaculé, resplendissant, comme la lumière d’une étoile, ou comme sont les alpacas (leur toison peut cependant aussi être beige) dont les bergers des hautes terres font sacrifice au cours d’un rituel dans la montagne. .qoyllur: planète Vénus, corps céleste, ou encore étoile du Sud (Capricorne). .rit’i: neige, rit’iy: chute de neige, rit’illana: très blanc, comme la neige. .qoyllurit’i: « neige blanche resplendissante ». Le glacier est le corps divin d’Apu: le Seigneur, la manifestation de sa volonté. -Qoyllu: .Akkadien: .Kù ellu: pur, saint. Kù elilu: être pur. Kù-Pad-Du šibirtu: bloc de matière, morceau. .Ku 10: le signe akkadien désigne les ténèbres, le ciel de nuit, ce qui est sombre, ou noir. Ku 10 = gig: to be black or dark, night. Ku 10-Ku 10 ekēlu: sombre, to be dark (sky, sun, day). Les cristaux de neige sont venus des ténèbres sidérales, la neige immaculée est tombée d’un ciel obscur. Pictogramme d’origine sumérienne de Ku 10: qui est obscur, ciel sombre, précipitation
  • 3. 3 .An-Ku 10: régions célestes, lieu des étoiles, du bouleversement. .Ku 11: idée de totalité, profondeur, sanctuaire, sacrifice. .Kù: fonder, établir + aga 3 = diadème, couronne. Juste, pur, noble, sacré, saint, blanc. .Kù Babbar: blanc, Kù-Babbar kaspu: argent, reflets d’argent (comme paraît le glacier). .Ku-Ku: Sumérien: to found + to lie down: les ancêtres. .Ku 5 nakāsu: tailler, couper, séparer, Ku 4 = Kur 9: apporter, transporter, livrer (comme font les Ukuku avec les blocs de glace). .Kú: to feed, to eat (ce que font les pèlerins après la cérémonie). .Ku-ul-lum: (abtum): tenir quelque chose (exemple: bloc de glace, voir: Ukuku). -illu: .Quechua: .illa: un des noms du dieu Wiracocha. Illa Teysi Wiracocha est en théosophie inca la divinité suprême de la lumière. Illa Teqsi: fondement de la lumière, en philosophie inka. .illanpu: resplendissant, blanc réverbérant comme les neiges perpétuelles. .Akkadien: .ilu: dieu, être haut, pur, élevé, déterminatif précédant les noms de divinités. Le signe akkadien a pour origine le pictogramme sumérien qui dépeint une étoile, désignant ce qui est à la base du ciel, de son fondement. Kur elû: haut pays. Le même signe akkadien dépeint aussi: .Girin kirinnu: bloc de matière. .Ullūru = Gurun: fruit, symbole du Seigneur qui se manifeste dans la matière. -rit’i: .Quechua: .rit’i: neige, rit’iy : chute de neige. .rit’illana: très blanc, comme est la neige. Akkadien: .rittu A: ri-ti, ri-it-ti, u: main de dieu, favorable, forte, qui préserve, douce comme la paume de la main. Qui peut aussi Tag-u rit’i, Kiāib rit’i: briser, détruire comme avec un poing, comme rittu: griffes d’ours, pattes d’ours. .rittu: main de dieu, saisir, tenir, conserver, gérer. Exemple: « goddess Ištar ri-tu-uš-ša erret niši ú-ki-a-al »: « la déesse Ištar tient dans sa main la corde avec laquelle elle mène l’humanité ». .ru’tu: émanation, jet, rejet, (ou leurs synonymes) du dieu, idée liée à celle de flamboiement. (ce qu’est la neige en tant qu’émanation divine.) .rĭtu: Ú ri-i-ti, ri-it, ri-it-ti: pâturage (resultant des eaux de fonte du glacier), herbage pour bétail, alpage, Ú rê-ûtu: pastorat, rē’ĭtu: conduite de troupeau. Re-itu: élevage, ou en akkadien rit, dont le signe est celui de lag: bloc de matière, du prêtre qui apporte des réponses face aux démons, aux maladies, à la mort. .rittu B: ri-it-tum, ri-it-ti-im: attitude convenable, appropriée, opportune. Un recours plus avancé au sumérien conduit aux concepts: .ri 6: mener, conduire, instructions (de dieu). .ri: expulser, émettre, lancer (ici: dieu expectore de la neige). .it: i 7: cours d’eau, = ida: émettre + eau. .ti: life, i-ti, itu, itud: clair de lune. Si l’on accepte de faire l’hypothèse d’une parenté entre la langue de ces pèlerins et celle des Akkadiens, on peut penser que ri’ti: la neige, était ainsi dénommée non en tant que phénomène physique mais en tant que manifestation divine. Elle était une émanation de la volonté du dieu qui conduit le monde. Le glacier était la main du dieu capable de stocker la neige en altitude, et de la libérer progressivement, sous réserve de la bonne conduite et du respect des humains à son égard. L’eau libérée du glacier durant les beaux jours était garante de ri’ti: de bons alpages pour les animaux tels que les alpacas (akkadian alpu, al-pa: bétail), donc de nourriture abondante et de récoltes de laine
  • 4. 4 nécessaires à la confection des vêtements pour les habitants. La neige du glacier devenue glace représentait un potentiel inépuisable pour de bons pâturages. Neige et alpage étant désignés de la même façon, le glacier constituait pour les Indiens un pâturage en réserve, en puissance. C’est pourquoi symboliquement les ukuku, les hommes-ours (voir après) montaient au glacier la nuit, y détachaient des blocs de glace comme avec rittu: des griffes d’ours, pour les déposer au sanctuaire d’altitude où des sacrifices étaient opérés. En accomplissant ces sacrifices, les gens étaient rittu: convenables, avaient une attitude appropriée, opportune. Puis ils laissaient symboliquement ces blocs fondre sur les alpages, comme pour imiter dieu, le solliciter à faire de même, perpétuer la tradition, espérer sa bienveillance et donc une bonne saison. *** Sur le bonnet rouge de certains acteurs de la cérémonie figure une fleur solaire en forme d’ostensoir, et qui peut évoquer le dieu et sa manifestation en akkadien. Quechua : .wasi illa: rayon de lumière. Chose incomparable ou inimitable, qui a des vertus sacrées. Akkadien: .illuriš: teinte rouge. .illūru: = il-lu-ra, ú Nindá: une plante qui a une fleur rouge caractéristique. Example: “lamasse gišnuggalli šinni piri ša il-lu-ru našâ kitmusa ritšin …ina bbnišin ulzizma ana tabrâte ušlik”: “J’ai installé dans les portes des divinités protectrices féminines en albâtre et ivoire, portant chacune une fleur rouge dans les mains jointes, si bien faites que les gens les admiraient”. .illūru: vêtement rouge (au Pérou, les animateurs sur le glacier Usanqati sont habillés de rouge). .illūru Im-Kù-Gi = il-lu-ur: fard rouge pour le visage. .illūru: exclamation, pleurer, chanter. .illūru: pureté de la fleur, anémone. Le mot Illūru peut être rapproché du nom du mont Illuru (nommé Ayer’s Rock par les Australiens anglophones) des aborigènes d’Australie, mont de couleur rouge orange. .ullūru = ajjaru : rosette, ornement circulaire, fleur extraordinaire, au parfum divin, belle comme une parure de bijoux, comme ajjaru pani, la bible d’une déesse, ou ajjar ili, une fleur divine. ullūru = gurun : fruit, symbole du Prédécesseur, du Seigneur. = gurún : Seigneur, ancêtre puissant, supérieur, couleur de sang, dont les pictogrammes sumériens d’origine sont:
  • 5. 5 = gurùn : Seigneur qui est dans la matière : = IM-guškin : couleur de fard rouge ou ocre, liée à la pureté, au tabou. *** -Apu: .Quechua: .Apu Teqsi: le Créateur de la terre, dans la mythologie inca. .Apu Espíritu: protecteur d’un peuple qui habite sur les cimes de montagnes, près des neiges. Exemple: Apu Usanqati, dieu tutélaire de la ville de Cusco. .Apu P’unchaw: image du soleil dans la mythologie inca, représentation du jour comme fils du Soleil. .Apu Qañakway: une colline élevée, nommée Balcón del Oriente, située vers Qusqo, près de Tres Cruces, d’où le lever du soleil est observé, avec des changements de lumière spectaculaires. .Apu kamachi: loi, disposition légale, ordre supérieur. .Akkadien: .ap = ab, abu: Père, être divin. .appu: couronne, nez, fin, bord, corne, éperon rocheux. .apû: briller intensément, apparaître, devenir visible. .kamāsu: s’agenouiller en suppliant dieu. Deux ensembles de danseurs, les q’ara ch’unchu et les capac qolla, jouent un rôle essentiel dans le Qoyllurit’i. Le lieu de pèlerinage correspond à une frontière entre deux étages écologiques opposés, les terres hautes andines et les terres basses amazoniennes. Leur rencontre est figurée par celle des principaux ensembles de danseurs qui symbolisent, chacun d’eux, un étage écologique. Les q’ara ch’unchu représentent les Indiens de la forêt tropicale humide amazonienne, où il pleut fréquemment et fortement. Les q’ara ch’unchu portent une coiffe en plumes colorées d’ara. Par opposition, les capac qolla sont les civilisés des terres hautes, et plus précisément les commerçants des hauts plateaux. Les q’ara ch’unchu viennent de l’époque qui a précédé l’empire inca, celle des ñawpa machu: les pré- humains. À l’arrivée des Incas civilisateurs, les pré-humains se sont réfugiés dans la forêt tropicale pour, dit-on, ne pas être brûlés vifs par la lumière de l’astre divin. Par opposition, les capac qolla des hautes terres symbolisent le temps de l’humanité présente et socialisée. Ces deux groupes figurent ainsi deux ères de l’histoire du monde, en espace et en temps. Cette structure dualiste de l’ensemble des danseurs est dramatisée lors d’un combat rituel entre q’ara ch’unchu et capac qolla célébré le dernier jour de la fête, dans le village d’Ocongate. Cette dualité : deux groupes de danseurs, deux étages, écologiques opposés, deux ères du monde, et le combat des opposés complémentaires pourraient être symbolisés par la montagne Chinaq’Ara, ou Sinakara, qui serait alors la manifestation du dieu, comme à Akkad le dieu Ara androgyne. En akkadien, šina: deux ; šen-na qablu: combat, duel. -ñawpa macchu : les pré-humains. .ñawpa : .Sumérien: .na: être humain, homme né de l’origine (métaphore fréquente: la pierre), ceux qui viennent du monde d’où est parti le grand bouleversement, de l’origine où a été
  • 6. 6 insufflé le monde, où il est apparu, il s’est enflammé, ébranlé, celui des étoiles flamboyantes; nap, nabātu : briller, resplendir. .pa: rameau, bourgeon. Les ñawpa machu pourraient être les rameaux de l’Homme, des ancêtres, de pa 4: le Père. .Akkadien: .nâḫu: appeased, pacified, to be slow, to be still. .peru désigne les descendants, les rejetons. .pa + usan: berger, nom divin. Na 5 est en sumérien la caisse de résonance du monde, qui évoque le fondement de l’univers et le signe qui dépeint na 5 est aussi celui qui dépeint dieu Ara, sorte de Janus babylonien. .pa: plume; pa... e 3: montrer, faire resplendir. .macchu : .Quechua: machu: vieux, ancien . Akkadian: mašū: tomber dans l’oubli. Maš: moitié, māšu: jumeau, maš : moitié, division du Premier, de l’Un en deux. Maš ellu: pur; mūšu: nuit (cf. infra: q’ara ch’unchu), maša’ūtu: dévastation. Le jumeau naît de la division de DIŠ išten: l’Un, de la cellule initiale. En Quechua, iskay désigne le nombre 2, division de l’Un ; en akkadien, išku: testicule, est dépeint par un signe dont le pictogramme sumérien d’origine figure l’Un en deux, qui est voisin de celui de na: homme, déjà mentionné. -q’ara ch’unchu: .q’ara: .Quechua: notion d’ancienneté. .Sumérien: gar 4: tôt, au début de, ceux qui sont de l’origine ; kar: s ‘échapper, ceux qui se sont échappés. kár-A, a.ra: personne sans foi ni loi, ne craignant pas les ordres du dieu. .ch’unchu : Quechua: .ch’unchu: peuples autochtones des forêts de l’Amazonie péruvienne (et par extension d’autres peuples peu incorporés dans la civilisation moderne). .chunchuwayta: belle plante ornementale avec des fleurs rouges. Akkadien: .šumšû: rester éveillé la nuit. Le signe akkadien désigne surtout Par 4 gipâru: la frondaison, la forêt. Le signe akkadien de šumšû exprime aussi KU 10 (see: quoyllu) et le pictogramme d’origine est le même: .u û: forêt de roselière, lieu touffu. .šún: qui est en rapport avec les étoiles et l’obscurité, avec les météores, en regard sur le monde du Père, ou de Sú: la Vache sauvage primitive, la Mère. -capac qolla: Quechua: capac: puissant, riche. .qolla: nom des habitants de la region des hauts plateaux de Qollasuyo, et ville de Qosco. Akkadien: .kap, kabâtu: qui est important, honoré, kà-áb-da-ku, qui le devient, .kulla: ceux qui construisent, ceux qui vénèrent dieu Kulla: le dieu-brique.
  • 7. 7 Durant la cérémonie, les ukuku, appelés aussi pauluchu, forment un troisième groupe rituel. Leur cagoule en laine aux yeux cerclés de noir les identifient aux ours « à lunettes » qui ont les yeux cernés de poils noirs, - symboliquement: qui « voient » -, et vivent dans le piémont tropical, territoire intermédiaire entre les deux étages écologiques figurés par les deux autres groupes de danseurs. L’organisation de l’ensemble des danseurs se présente comme l’opposition entre les q’ara ch’unchu et les capac qolla médiatisée par la catégorie intermédiaire des ukuku, principaux protagonistes. En dehors de leur rôle de rappel à l’ordre à l’aide du fouet, l’activité principale très risquée des ukuku consiste au cours d’un rituel nocturne à découper des morceaux de glace dans le glacier, dans le cœur de leur dieu salvateur. Ils accomplissent une segmentation individuelle du corps divin en parcelles. À l’aube, ils les chargent sur leur dos et les portent au sanctuaire. L’eau sacrée du dégel des morceaux de glace guérit les maladies les plus graves, transfigure le corps des célébrants, et les blocs de glace restants sont ensuite transportés plus bas dans les communautés. La quête des morceaux de glace est dangereuse: les crevasses sont nombreuses et profondes et les danseurs en exaltation mystique. De plus, ils se livrent à des batailles rituelles qui, ailleurs dans les Andes, sont célébrées régulièrement et se concluent souvent par la mort d’un combattant. Le plus souvent, le culte du glacier se solde par quelques morts qui restent ensevelis dans les rochers ou la glace, au sein du dieu. Les victimes sont des héros qui portent chance à leur communauté. Dans les tinku, batailles rituelles andines que se livrent les moitiés d’une société dualiste, ces victimes représentent des sacrifices à la divinité de la Terre. Le rôle de l’ukuku est ambigu : il est chargé de maintenir l’ordre avec un énorme fouet en cuir qu’il fait claquer sur les pèlerins, mais à d’autres moments il sème le chaos par des simulacres de vols et des blagues. Le mythe rapporte que l’ancêtre de l’ukuku était le fils d’un ours, - symbole de force vitale comme peut l’être le jaguar, ailleurs le taureau ou l’éléphant -, et d’une indienne. Il se situe ainsi entre les catégories du q’ara ch’unchu « sauvage » et du capac qolla « domestique ». Les ukuku défendent les hommes contre les condenados, morts vivants qui escaladent éternellement la montagne pour expier le péché d’inceste qu’ils ont commis de leur vivant. L’ukuku et le condenado, - condamné -, sont tous deux à la limite entre le monde sauvage et le monde civilisé: le premier est engendré par un humain et un animal, tandis que le second a commis un inceste. Les ukuku s’expriment dans une voix de fausset pendant toute la durée du rituel, attestant de leur dualité. L’ukuku occupe une position intermédiaire par l’étage écologique auquel il correspond, par sa fonction entre l’ordre et le désordre, par son mythe d’origine entre nature, - père ours -, et société, - mère humaine -, par sa voix intermédiaire entre les deux sexes, par son lien avec le personnage incestueux du condenado. La nuit centrale du culte, des ukuku masqués escaladent les pentes de la montagne Colquepunku. Ils transforment le glacier en chapelle ardente de bougies, et se livrent à des acrobaties et à des combats. Ils se battent rituellement sur les pentes du Colquepunku. - Tinku: .Quecha tinku-i : rencontrer, joindre. .Sumérien tin : vivre, aller vers le Premier, le dieu, la déesse souveraine, par tik, tikkin : le travail rituel, la fête, l’orgie ; chercher dieu, s’en approcher, travailler en ce sens. - Ukuku: « homme-ours ». Ùku désigne en akkadien le démon de la tempête, ou un animal qui le représente. La forme du signe akkadien est très voisin de celui de Az asu: ours, de celui de agāgu: la montagne en colère, de celui du démon de la tempête, et de celui qui désigne níb: le léopard (équivalent: le jaguar en Amérique du sud). Dans la montagne andine, l’ours représente à ces altitudes la force vitale. Ukuku, est celui qui accomplit selon l’akkadien Gug guqqû: le sacrifice à Ùku: dieu de la tempête. La force du dieu, de l’énergie vitale, symbole mésopotamien: labbu : le lion, aggu : furieux, le léopard, le gouverneur. .Akkadien: .ukkuku: see ka.ma.su: .collecter, apporter (ici: les blocs de glace). .s’agenouiller pour prier ou marquer sa soumission, supplier dieu. .Uk uggu, uggugu: colère. .Sumérien: .ukù : les gens, le peuple.
  • 8. 8 .ug 5: mourir, tuer, les ukuku entreprennent un périple risquant la mort sur le glacier. .ugú, ugù: représenter ou solliciter la parole du Père, ugùn, ugu 1: l’engendreur, le progéniteur, Celui qui est à l’origine. .ukú: qui tombe à terre, en extase, ou s’anime devant Celui qui emporte, et conduit. .uku 2, ukur 3: les pauvres, ceux qui s’en remettent à dieu ou au prêtre. .A-Ka, ugu 2: débiteurs devant dieu. .ug 6: regarder avec étonnement, émerveillement. .ugu: au sommet de la montagne. .ug 1: puissance divine qui s’exprime par l’orage, les éclairs. L’ukuku ou « homme-ours » est aussi nommé en Quechua ukumari. L’ukuku en sa qualité de fils de l’ours, est confirmé selon l’akkadien: .māru: dumu = mari, ma-ri : descendant, son, enfant d’animal (ici: l’ours). .uku: sentinelle, Mer agāgu: en colère. .Mír est le sumérien dialectal pour gír, gir 10: éclair, ce qui fulgure, brûle, comme le coup de fouet des ukuku en colère. .gir 8: qui détachent un morceau (à Sumer, girin : morceau d’argile, au Pérou : de glace ?). Selon le sumérien, l’ukuku andin pendant la cérémonie (comme l’ours) gur 1 = gir 8: galope, court, conduit la procession, représente Celui qui est brillant, fort, prééminent, qui se manifeste par mer 1: orage violent, tourmente. .Pauluchu: les Pauluchu se revêtent de peaux d’ours ou de vêtements pour figurer l’ours prestigieux. .Akkadien: .palû: insigne ou vêtement royal. .palāsu: regarder, dévisager, causer un trouble, provoquer de l’irritation. Voir, de même signe que igigallu: les sages, qui tâmartu: observent, examinent l’apparition d’un astre (on a dit que les ukuku s’identifient à l’ours à lunettes, à ceux qui voient ou regardent l’astre solaire, les sages qui l’observent), ou ma ārM: reçoivent, affrontent, acceptent Ma Rû: le Premier, le Prédécesseur, l’Ancêtre commun, du mythe d’origine. Ils seraient ceux qui ont igi: l’œil, ils seraient gub : les préposés ou les extatiques, membres du clergé, descendants de ceux qui adoraient dieu igi-gub Palil, le premier des Seigneurs; ils seraient en sumérien palil 1: ses troupes avancées. Et ils seraient aussi ceux qui: .palāšu: cassent, percent, entrent par effraction. Example: « la marque de l’arme à droite indique que la vésicule biliaire est pa-li-iš »: perçée. Les danseurs somptueusement vêtus sont face à l’Ausangate, le sommet le plus haut de la région. Quand l’aube s’annonce, la cacophonie est celle des nawpa machu: les pré-humains qui ont précédé l’apparition du Soleil civilisateur des Incas. L’astre surgit derrière le sommet de l’Ausangate, les danseurs se jettent à terre pour vénérer le Créateur de l’humanité. C’est la veille du dimanche de la Fête-Dieu, le disque solaire au-dessus de l’Ausangate évoque un ostensoir sublime: il y a fusion de Apu Ausangate et du Saint-Sacrement. Le pauluchu est aussi nommé en Quechua ura mate. En Yanesha, parlé dans la zone amazonienne du Pérou, pauluchu ou ukuku est nommé orran: .Sumérien Ur-A, Ur-Ma: animal carnivore, qui représente la force vitale, .Akkadien mātu: mourir. Ura mate serait la représentation de l’animal carnivore qui tue. En Chibcha, il est nommé nim, nom qui évoque en sumérien et akkadien ním: prince, premier élément de nombreuses divinités ou constellations, Nim ellu: haut, Nim-Gír birqu: éclair (l’ours ururu est aussi nommé « ours des nuages » dans les Andes), nim 4: qui casse, qui écrase. Les ukuku sont les acteurs essentiels de la transfiguration eucharistique du glacier sacré. Ils jouent un rôle intermédiaire entre la chrétienté et l’andinité: ils magnifient le glacier en l’éclairant de bougies et le christianisent en y portant des croix. Ils andinisent le sanctuaire du Christ en portant des fragments du glacier. Il est peut être utile de mentionner ici que la croix sumérienne figure les idées de dieu Maš, de Premier, de l’exorciste qui intercède, de pureté, de moitié. Les Quechua vénèrent les sommets qui entourent les terres de leurs communautés: ils racontent les mythes qui leur sont liés, ils leur font des offrandes de coca et d’alcool et ils les sollicitent éventuellement par l’intermédiaire d’un chaman. Près de Qoyllurit’i s’élève Ausangate, l’un des plus puissants sommets des Andes méridionales. Le glacier Colquepunku qui s’élève au-dessus du sanctuaire est un dieu important. C’est pour lui que les ukuku, les acteurs essentiels de la cérémonie,
  • 9. 9 dressent des cierges sur la glace, et ce sont des morceaux de son corps qu’ils découpent. Il y a épiphanie de la double divinité Glacier-Eucharistie. - Ausangate : cette montagne a une symbolique forte dans la mythologie inca. Le nom est hispanisé à partir du Quechua Usanqati: cuivre. .Akkadien: .usaggû =ú sag= Šu-gu: herbe précoce, « festival de l’herbe précoce. .úsan: qui est rouge, brillant, comme est le cuivre. .qat = qat, qadûtu: dépôt, sédiment. .gat: étoffe, déterminatif des vêtements. Le signe akkadien qui exprime as, ou az, c'est-à-dire l’ours, est très voisin de celui qui exprime urudu: cuivre. .ùsan: fouet (see: ukuku). .Sumérien Uzug: haut sanctuaire, du dieu, du ciel, ou de At: le Père. Sanga: prêtre. On a dit que la quête des morceaux de glace par les ukuku est dangereuse (cf. supra : sumérien uk 5: mort). On dit même que les victimes vénérées portent chance à leur communauté, sacrifiées à la divinité de la Terre, au soleil-énergie contenu dans la matière. Les victimes humaines du Qoyllurit’i rappellent les sacrifices humains des Incas et font référence au sacrifice de Jésus-Christ. Pour transformer leur glacier sacré en grandiose ostensoir, les pèlerins combinent le nom du Christ et Qoyllurit’i, le mythe d’origine qui s’y rattache, les vertus attribuées à l’eau du dégel, la pratique de la segmentation du corps divin en parcelles attachées aux corps des ukuku, le sacrifice de chair humaine qui accompagne l’appropriation du corps divin du glacier. -Colquepunku : glacier de la montagne, signifie en quechua « étang argenté » en raison de la lumière qui se reflète sur la neige et la glace. .Colque: .Quechua qullqi: argent. .Akkadien qullu: qu-u-lu: fait de métal, blanc comme de l’argent. .en Sumérien se retrouvent les éléments du mythe: porte du ciel, nuit, argent, collecte des lourds blocs de glace par les ukuku: .(Na 4) Kù.Gi: lit d’argent, objet argenté. .Kul: mettre ensemble (base, fondement + abondant), épais, lourd. .Kù: argent, noble, brillant, pur, sacré, saint. .Ku: couché, entrée. Ku 4: entrée. .Ku 10: nuit. .Punqu : .Quechua: porte, ouverture. .Sumérien: pun = bun, Bunin: baquet, bassin, cuve, réservoir. Le signe akkadien est très voisin de celui qui désigne l’étang, le marais. .Akkadien : p=b, .būnu: bu-un-ni-ka: visage, forme, allure, belle forme du dieu. Ka = appu, bu-nu, bu- ni-ka. .būnu: bonne chose. -Aconcagua : autre région, voici le sommet le plus élevé des Andes. Le nom pourrait provenir du Quechua akon et kahuak: « sentinelle de pierre ». Le nom de ce dieu-montagne pourrait être rapproché de l’akkadien agāgu: être en colère, de même signe qu’uku: sentinelle. .Sumérien aga: couronne, diadème. .Akkadien: .agû: couronne. .aggu: furieux, qui manifeste son courroux, de même signe qu’agāgu et uku. En sumérien, ug 1: colère. Celui qui a 2...ag 2: commande, ou donne a 2-ag 2-ga 2: les ordres; a 2-gu 2-zi-ga, sous peine de manifester ug 1: colère, et faire ug 5: mourir (see supra: ukuku). .akukia: « tant et tant », akukūtu: flamboyer, flamme, briller dans le ciel.
  • 10. 10 RÉFÉRENCES .MOLINIÉ, Antoinette La transfiguration eucharistique d'un glacier: une construction andine de la Fête-Dieu CNRS Ateliers d’anthropologie, mai 2003 .ARRIAGA, Pablo José DE [1621] 1968 Extirpación de la idolatría del Perú, in Crónicas peruanas de interés indígena (Madrid, Biblioteca de Autores Españoles), CCIX. .BLANCO WHITE, José 1822 Letters from Spain. .COBO, Bernabé [1653] 1956 Historia del Nuevo Mundo (Madrid, Bibli de Autores Españoles). .FLORES OCHOA, Jorge 1990 El Cuzco, resistencia y continuidad (Cuzco, Centro de Estudios Andinos). .HOBSBAWN, Eric et Terence RANGER 1983 The Invention of the Tradition (Cambridge, Cambridge University Press). .LLEÒ CAÑAL, Vicente 1992 Descripción de una liturgia, Ocho tiras dibujadas de la procesión del Corpus de Sevilla (1747) (Sevilla, Ayuntamiento de Sevilla) .PLATT, Tristan 1987 The Andean Soldiers of Christ. Confraternity Organization, the Mass of the Sun and Regenerative Warfare in Rural Potosi (18th- 20th Centuries), Journal de la Société des américanistes, 73 : 139-191. .POLO DE ONDEGARDO, Juan (Lic.) [1584] 1916 Los errores y supersticiones de los indios sacados del tratado y averiguación que hizo el Licenciado Polo (Lima) [Colección de libros referentes a la historia del Perú, III]. .SPERBER, Dan 1996 La Contagion des idées (Paris, Éditions Odile Jacob). .TAYLOR, Gerald [1598] 1987 Ritos y tradiciones de Huarochiri, manuscrito Quechua de comienzos del siglo XVII (Lima, Instituto de Estudios Peruanos/Instituto Francés de Estudios Andinos). .ZUIDEMA, Tom 1996 Fête-Dieu et fête de l’Inca. Châtiment et sacrifice humain comme rites de communion, in A. Molinié (éd.) Le Corps de Dieu en fêtes (Paris, Le Cerf) : 175-222. .AISTHORPE, « Tacusiri, Ausangate and Other Peaks, Cordillera Vilcanota », American Alpine Journal, 1990, p. 192. Institut géographique militaire péruvien, feuille 28-T .CROMBIE, « Andean notes, 1953-54 », Alpine Journal, no 0, 1955, p. 387 (lire en ligne [archive]) Carte UGEL de la province de Quispicanchi (région de Cuzco) sur escale.minedu.gob.pe *** Contact auteur: mleygues@yahoo.fr