Intervention de Nicolas Oudin (Association Pour Maurice) s’exprime sur la question ‐ Que signifie être créole à l'île Maurice ?
CONFERENCE DONNEE SUR LA QUESTION QU’EST‐CE QU ETRE CREOLE VENDREDI 25
SEPTEMBRE 2009 A L ASSEMBLEE NATIONALE
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Intervention Nicolas Oudin
1. 15h00 - Nicolas Oudin (Mouvement pour le Peuple Mauricien) s’exprime sur la question - Que
signifie être créole à l'île Maurice ?
Chaque mauricien est-il créole ? Selon certains, oui, mais cela reste minoritaire. En effet ces derniers
considèrent que tous les habitants des îles, à quelques nuances et variations près, sont des Créoles.
Donc à leurs yeux tous mauricien, donc eux inclus sont créoles. Pour d'autres, la majorité, être créole,
c'est appartenir à une ethnie/communauté. (Hindous, Musulmans, Chinois et "population générale"
selon la Constitution mauricienne). Ce que l’on entend ici par « créoles » ce sont les diverses
alliances mélangeant les souches africaines ou malgaches à d’autres venues d’Europe, d’inde ou de
chine et qui sont marques par une grande diversité de types et de couleur. Hiérarchie entre les créoles
basée essentiellement sur la clarté de la peau mais aussi mais aussi selon des critères sociales telles
que la profession, le patrimoine économique entre autre. Ceux ayant une peau claire ou ayant une
catégorie sociale élevée sont catégorisés comme étant de « bons créoles » ou « KREOL
BOURZWA » faisant référence à la bourgeoisie et le reste comme étant des "ti créoles" ou « 'KREOL
CITE » faisant référence aux créoles venant des cités. Ceux là même n'ont pas les mêmes accès pour
les biens et services économiques, faible taux de scolarisation, ghettos. Les Créoles sont assimilés à
des notions de : fainéantise, fête, amusement... Connotation négative. Reniement de la langue créole...
Apparu après l’Indépendance proclamée en 1968, le concept de Malaise créole exprimé par le Père
Cerveaux en 1993, fut largement repris par les historiens et chercheurs pour analyser notamment les
circonstances des émeutes de 1999 suscitées par la mort en détention dans des circonstances obscures,
de Kaya, chanteur de Seggae, icône de la communauté créole mauricienne : "Malaise créole : mal
vécu par ceux n'ayant pas réussi à s'intégrer à la vie moderne".
Tout cela est trouve son explication dans le communalisme issu de l’héritage colonial pour être par la
suite sacralisé par nos institutions Etatiques et finalement perpétué par nos politiciens. Ce terme de
communalisme désigne des formes de regroupement et d’entraide reposant sur des bases ethniques et
religieuses :
L’héritage Colonial :
L’héritage colonial contient une bonne part de divisions raciales entre les différents groupes ethniques.
Les puissances colonialistes, France puis Angleterre, utilisèrent pour l’exploitation de l’île. C’est dans
ce contexte qu’il convient de replacer le communalisme mauricien.
.
Directement inspiré de l’exemple indien, il s’étend, à l’île Maurice, à tout ce qui relève de la combine,
de la corruption et de l’arrivisme liés aux réseaux ethniques ou religieux, qu’ils soient hindous, créoles
ou chinois. Pour saisir l’importance et la portée de ces pratiques, il est nécessaire, même brièvement,
de reconstituer les différents mouvements de l’histoire mauricienne qui les ont structurées.
Après l’abolition de l'esclavage, importation de coulies (indiens). Les anciens esclaves se retrouvent
pêcheurs, dockers, les coulies vont dans les plantations. Puis arrivent les sino-mauriciens pour le
commerce. L'Ile Maurice devient une terre multiculturelle mais les nouveaux arrivants conservent bien
leurs différences culturelles (y compris les différentes ethnies indiennes et tamoules).
2. Sacralisation par les institutions étatiques :
Les élections du 11 juin 1982, à l’île Maurice, remportées par la coalition de gauche formée du
Mouvement militant mauricien (MMM) et du Parti socialiste mauricien (PSM) laissa croire l’histoire
de quelques semaines la fin du communaliste et du castéisme. En effet, la gauche remportait ces
élections par un score sans appel de soixante-deux à zéro, soixante-deux députés pour soixante-deux
sièges à pourvoir.
Mais c’était sans compter « le best loser system ». A l’île Maurice, la loi électorale prévoit, en effet, un
système de « best losers », c’est-à-dire une clause permettant aux élus normaux des élections
législatives quelques députés supplémentaires trouvés parmi les a meilleurs perdants, afin de rattraper
les proportions raciales (calculées selon le dernier recensement) que le scrutin a pu chambouler. Ce
système a été mis au point en juillet 1966 par la commission « Stonehouse », et chaque candidat doit,
en déposant sa candidature, indiquer sur le formulaire la communauté à laquelle il appartient. Ceux des
perdants qui ont réalisé dans leur circonscription un score proche de celui des trois élus ont donc une
chance d’accéder tout de même au Parlement en profitant de ce repêchage, communaliste. Le coup de
théâtre eut lieu quand la Cour suprême décida, le 29 juin, de donner quatre sièges supplémentaires à
des membres de l’opposition selon justement le principe du best Loser.
Ainsi que le démontre le système des « best losers », c’est bien dans les institutions de I’ État, dans sa
nature sociale même, que se situe la source du communalisme. Les gros commerçants et les industriels
hindous, musulmans ou créoles ne doivent leur enrichissement qu’à des mesures politiques, à des
combines financières ou à des marchés organisés par 1’Etat.
Le Jeu communale des politiciens
Se forge en parallèle entre les communautés un peur de l’autre. Les politiciens jouent sur cette peur. Ils
martèlent que les gens de leurs communautés doivent voter pour eux, sans quoi, ce sont les autres
communautés qui seront favorisées. Dans cette même logique, le choix des candidats par les partis se
fait essentiellement sur une base communautaire. Exemple : Un candidat indou posera dans une
circonscription à forte consonance indou…
La résultante de tout cela est un repliement des différentes communautés sur elles même et ceci à pour
conséquence justement à maintenir la communauté créole dans un état de précarité dont j’ai fait état
auparavant…
Dans ce sens divers associations créoles ont vu le jour, la dernière et aussi la plus connue et celle
rassemblant le plus de personnes étant la Fédération des Créoles Mauriciens, fondée par le Père
Jocelyn Grégoire. La fédération se donne en autre pour mission de veiller à ce que les droits des
créoles à Maurice soient reconnus et acceptés à tous les niveaux - social, éducationnel, économique,
politique ainsi que culture!; de travailler à faire disparaître toutes formes de communalisme, de
discrimination, de racisme et de haines envers les créole et dans la société Mauricienne en général ; et
de promouvoir la solidarité sociale et économique entre les créoles, ainsi que réhabiliter l'esprit créole
et ses valeurs culturelles dans notre ile Maurice arc-en-ciel, ainsi que de répondre à des questions
posaient depuis quelques années telles que "Qu'est-ce qu'être créole ?" - Serons-nous toujours liés à
l'esclavage ?
Cette dernière qui se disait apolitique est actuellement au centre de la polémique car le Père Jocelyn
Grégoire a été au cœur de la réunification de deux partis politiques mauriciens. Sans compter que les
actions pourraient être interprétées par les autres communautés comme une menace et donc un besoin
d’encore plus se replier sur eux-mêmes. C’est là, ou le débat fait aussi rage, en plus de laisser les
questions posées en suspens…
3. Depuis la deuxième bagarre raciale de 1968, l’île Maurice est un pays ou les différentes communautés
cohabitent paisiblement mais nous devons rester vigilent, car en 1999, nous avons vu comment les
choses pouvaient déraper très rapidement…