1.
LEHMAN
BROTHERS
GRANDEURS
ET
DÉCADENCES
DU
NUMÉRO
4
DE
WALL
STREET.
Guillaume
ALLEGRE,
Magistère
Droit,
Fiscalité
et
Comptabilité.
2. 2
Nous
sommes
dans
la
nuit
du
14
septembre
2008
(nuit
de
dimanche
à
lundi)
sur
la
septième
avenue
de
Manhattan
à
New
York.
Il
est
exactement
2.18
AM
lorsque
les
lumières
de
la
banque
d’affaires
Lehman
Brothers
s’éteignent
à
tout
jamais,
dans
le
bureau
le
plus
élevé
du
bâtiment.
Harvey
R.
Miller,
le
plus
grand
avocat
américain
en
droit
des
faillites
selon
le
New
York
Times,
vient
de
décréter,
en
compagnie
de
Richard
Fuld
et
de
quelques
collaborateurs,
la
banqueroute
de
l’établissement
bancaire.
Le
11
septembre
2008,
le
Président
du
conseil
d’administration
et
Directeur
général
(PDG)
de
Lehman
Brothers
déclarait
«
on
va
coincer
tous
ceux
qui
pratiquent
la
vente
à
découvert
sur
notre
action,
et
on
va
serrer
très
fort
!
Ce
que
je
veux,
c’est
les
attraper,
leur
arracher
le
cœur
et
le
bouffer
avant
qu’ils
crèvent
!
».
Quelques
jours
plus
tard,
la
multinationale
faisait
faillite
faute
de
repreneurs,
entrainant
pour
les
jours,
semaines,
mois
et
désormais
années
à
venir,
une
crise
sans
précédent
sur
les
places
financières
mondiales.
Malgré
le
sauvetage
des
banques
partout
dans
le
monde
par
les
Etats,
la
faillite
de
Lehman
Brothers
outre
les
marchés
financiers,
aura
également
eu
un
impact
sur
l’économie
réelle,
plongeant
les
USA
et
l’Europe
dans
la
plus
grosse
connue
depuis
1929
et
le
jeudi
noir.
Si
le
contexte
économique
actuel
n’est
qu’en
partie
la
conséquence
de
la
crise
des
dettes
souveraines
qui
a
pris
le
relais
de
la
crise
de
2008,
si
les
erreurs
grossières
commises
par
les
banques
semblent
peu
à
peu
se
faire
oublier
des
citoyens
et
des
Etats,
l’Histoire
se
souviendra
à
jamais
des
employés
de
la
banque
quittant
les
bureaux
du
siège
social
le
lundi
matin,
un
carton
dans
les
mains
et
sensation
que
le
ciel
leur
tomber
sur
la
tête.
Mais
comment
a-‐t-‐on
pu
en
arriver
à
une
telle
désillusion
?
Quels
ont
été
les
facteurs
financiers,
politiques
et
économiques
qui
ont
conduit
Lehman
Brothers
à
la
faillite
?
Comment
l’un
des
plus
gros
établissements
financiers
du
monde
a-‐t-‐il
pu
garder
aussi
longtemps
les
yeux
fermés
sur
les
produits
toxiques
en
circulation
sur
les
marchés
?
Histoire
d’une
faillite
inévitable
aux
conséquences
dramatiques…
En
1844,
Henry
Lehman
quitta
l’Allemagne
pour
se
rendre
à
Montgomery,
en
Alabama,
où
il
créa
une
petite
boutique
vendant
des
produits
d'épicerie,
produits
secs,
et
des
ustensiles
pour
les
producteurs
de
coton
locaux.
En
1850,
ses
deux
frères,
Emanuel
et
Mayer,
le
rejoignent
dans
l'entreprise
qu’ils
décident
ensemble
d’appeler
«
Lehman
Brothers
».
Après
la
mort
de
Henry
Lehman
en
1855
à
l'âge
de
33
ans,
les
deux
jeunes
frères
dirigent
l'entreprise
pour
les
quatre
prochaines
décennies.
3. 3
Peu
de
temps
après
sa
fondation,
Lehman
Brothers
a
rapidement
évolué
vers
une
activité
de
courtier
en
marchandises.
Comme
l'entreprise
grandit
vite,
un
partenariat
est
conclu
avec
le
marchand
de
coton
John
Wesley
Durr
pour
construire
un
entrepôt
de
stockage
de
coton,
ce
qui
permet
à
Lehman
Brothers
se
livrer
à
des
ventes
de
plus
en
plus
importantes.
Un
bureau
de
New
York
ouvre
ses
portes
en
1858,
donnant
à
la
société
une
présence
plus
forte
dans
le
négoce
des
matières
premières
mais
lui
offrant
surtout
un
véritable
pied
dans
la
communauté
financière.
L’essentiel
de
ses
activités
étant
liées
à
l'économie
du
Sud,
Lehman
Brothers
n'a
pas
échappé
à
la
misère
de
la
guerre
civile.
Le
siège
social
fut
reconstruit
après
la
guerre,
en
concentrant
l’activité
au
bureau
de
New
York.
En
1870,
Lehman
Brothers
dirige
la
formation
du
«
New
York
Cotton
Exchange
»,
la
première
entreprise
commerciale.
Mayer
Lehman
fut
nommé
à
son
premier
conseil
d'administration.
Comme
les
ventes
de
marchandises
et
les
activités
commerciales
ont
augmenté
pour
inclure
d'autres
produits,
la
société
a
également
contribué
à
établir
la
Bourse
du
café
et
la
Bourse
du
pétrole.
En
raison
de
son
héritage
du
Sud
et
les
connexions
du
Nord,
Lehman
Brothers
a
été
désigné
pour
être
l'agent
financier
du
gouvernement
de
l'Alabama
afin
d’aider
à
vendre
les
obligations
de
l'État
en
1867.
L’entreprise
a
également
été
affectée
au
service
des
dettes
de
l'Etat,
des
paiements
d'intérêts
et
autres
obligations,
ce
qui
fût
le
commencement
d’une
longue
tradition
dans
les
finances
municipales.
Le
développement
rapide
des
chemins
de
fer
a
contribué
à
transformer
profondément
l’économie
américaine
dans
les
années
suivant
la
guerre
civile.
Le
boom
de
la
construction
du
chemin
de
fer
a
entraîné
une
énorme
activité
sur
Wall
Street,
les
entreprises
se
tournant
évidemment
vers
les
marchés
financiers
pour
lever
les
fonds
nécessaires.
Kuhn,
Loeb
&
Co.,
qui
a
fusionné
avec
Lehman
Brothers
près
d'un
siècle
plus
tard,
a
été
l'un
des
principaux
conseillers
financiers
et
assureurs
de
l'industrie
ferroviaire.
Le
cabinet
a
été
engagé
dans
le
financement
des
chemins
de
fer
à
travers
le
pays.
En
1887,
l'entreprise
est
devenue
membre
de
la
Bourse
de
New
York,
marquant
l'évolution
de
Lehman
Brothers
à
partir
d’une
entreprise
de
matières
premières
à
une
banque
d'affaires.
Le
bureau
de
New
York
développa
une
véritable
activité
de
négoce
de
titres
et
Lehman
Brothers
intensifia
cette
voie.
La
banque
est
également
de
plus
en
plus
impliquée
dans
le
conseil
financier,
ce
qui
fut
la
base
pour
le
développement
de
l'activité
de
souscription
dans
les
années
1900.
Pendant
20
ans
à
compter
de
1906,
le
fils
Emanuel,
Philip
Lehman,
et
Henry
Goldman,
le
partenaire
dominant
de
la
firme
Goldman
Sachs,
ont
formé
petit
à
petit
une
alliance
pour
financer
l'industrie
du
détail
émergent.
4. 4
Lehman
Brothers
était
un
bailleur
de
fonds
au
début
de
l'industrie
du
divertissement,
Comme
l'industrie
du
cinéma
s’est
développée
dans
les
années
1930,
Lehman
Brothers
a
pu,
notamment,
aidé
à
financer
«
20th
Century
Fox
».
Lehman
Brothers
a
été
l'une
des
premières
entreprises
à
mettre
au
point
un
nouveau
mode
de
financement
connu
sous
le
nom
de
private
equity.
Ces
prêts
entre
emprunteurs
de
premier
ordre
et
prêteurs
privés
permettait
aux
emprunteurs
de
lever
des
capitaux
et
aux
prêteurs
de
recevoir
un
rendement
approprié
avec
un
niveau
de
risque
tolérable.
Novatrice
à
l'époque,
le
private
equity
est
une
technique
de
financement
majeure
aujourd'hui.
Le
développement
rapide
du
high-‐tech
depuis
les
années
1980
constitua
un
nouveau
marché
pour
la
banque
d’affaires.
Lehman
Brothers
a
acheté
sur
ces
nouveaux
marchés
des
entreprises
comme
Intel,
la
société
qui
a
introduit
le
premier
microprocesseur
au
monde.
En
1984,
Lehman
Brothers
est
acquis
par
American
Express
et
fusionne
avec
Shearson
(banque
d’investissement
et
société
de
courtage)
pour
former
Shearson
Lehman
Brothers.
Petit
à
petit
American
Express
a
commencé
à
se
séparer
de
ses
services
financiers
et
finalement,
en
1993,
Lehman
Brothers
a
été
cédé.
En
2000,
Lehman
a
célébré
son
150ème
anniversaire.
Les
bureaux
de
la
société
ont
été
détruits
par
les
attentats
terroristes
de
2001,
et
finalement
elle
emménage
dans
son
nouveau
siège
social
mondial
à
Manhattan
en
2002.
Après
avoir
brièvement
décrit
l’histoire
de
Lehman
Brothers,
il
faut,
avant
d’en
étudier
la
faillite,
se
concentrer
quelques
instants
sur
l’origine
de
cette
faillite
à
savoir,
la
crise
des
subprimes.
Contrairement
à
ce
que
pense
la
majorité
des
analystes
aujourd’hui,
cette
crise
est
selon
moi
au
moins
aussi
grave
que
la
crise
financière
(et
non
pas
la
crise
économique)
de
1929.
Tout
commence
à
l’éclatement
de
la
bulle
internet
en
2000
aux
Etats
Unis.
La
bulle
internet
représente
ce
que
l’on
pourrait
appeler
l’engouement
très
rapide
pour
le
world
wide
web
avec
un
retour
de
bâton
fracassant.
Dans
les
années
1990,
le
développement
d’internet
aux
Etats
Unis
prend
un
envol
décisif,
notamment
par
la
naissance
du
premier
navigateur
grand
public.
D’innombrables
start-‐ups
voient
fleurissent
comme
des
champignons
et
beaucoup
de
grandes
sociétés
commencent
à
investir
massivement
en
la
matière.
L’euphorie
atteint
une
première
apogée
en
1995
avec
l’IPO
de
Netscape.
Le
prix
d’introduction
est
de
28
dollars
au
matin
de
l’introduction
en
bourse,
il
clôturera
à
plus
de
75
en
fin
de
journée,
de
la
pure
folie,
la
société
est
valorisée
en
quelques
heures
à
2
milliards
de
dollars
de
capitalisation.
Alan
Greenspan,
le
patron
de
la
Fed
aux
Etats
Unis,
voie
là
une
opportunité
pour
booster
encore
plus
le
développement
de
l’économie,
il
décide
d’abaisser
le
taux
directeur
de
la
Fed
ce
qui
incite
de
plus
en
plus
de
start-‐ups
à
se
lancer
dans
la
grande
aventure
d’internet.
L’apogée
de
la
stupidité
5. 5
financière
est
atteinte
en
1999
lorsque
Nokia
connaît
une
croissance
de
246%
en
un
an.
On
croirait
rêver.
Devant
ce
signal
alarmiste
de
déconnection
absolument
totale
de
l’économie
réelle
avec
les
marchés
financiers,
Greenspan
sait
qu’il
doit
absolument
relever
le
taux
de
refinancement.
C’est
ce
qu’il
fera
en
1999,
à
six
reprises.
Malheureusement,
il
est
déjà
trop
tard,
en
mars
2000,
un
krach
boursier
commence
à
se
profiler
et
les
pertes
sur
Wall
Street
sont
démentielles.
Plusieurs
sociétés
font
faillites
et
comme
si
cela
ne
suffisait
pas,
des
scandales
financiers
frappent
certains
grands
noms
comme
Enron
qui
était
parvenu
à
dissimuler
des
pertes
via
des
actifs
non
consolidés.
Il
faudra
plus
de
deux
ans
au
NASDAQ,
pour
s’en
remettre
et
retrouver
des
niveaux
habituels.
En
effet,
le
11
septembre
2001
éclatent
les
attentats
des
tours
jumelles
du
World
Trade
Center
implantées
à
New
York
en
plein
quartier
d’affaires.
L’Amérique,
symbole
de
la
puissance
économique
et
militaire
mondiale,
est
touchée
en
plein
cœur
et
l’économie
des
Etats
Unis
est
sur
le
point
d’être
asphyxiée.
La
bulle
internet
en
2000
et
les
attentats
de
2001
ont
presque
eu
raison
des
américains.
La
Fed
(Federal
Reserve,
la
banque
centrale
des
Etats
Unis)
est
alors
contrainte
de
prendre
deux
mesures
afin
d’éviter
le
drame
financier.
Deux
mesures
d’essence
keynésienne
vont
être
adoptées,
Alan
Greenspan
étant
encore
à
la
tête
de
la
Fed.
D’une
part,
l’injection
d’argent
dans
le
système
monétaire
pour
relancer
l’économie
via
un
quantitative
easing
massif.
L’afflux
de
liquidités
via
la
planche
à
billets
permettra
selon
Greenspan
de
relancer
la
croissance
en
berne.
D’autre
part,
le
maintien
du
principal
taux
directeur
dit
«
taux
REFI
»
(c’est
à
dire
le
taux
auquel
les
banques
se
refinancent
auprès
de
Fed)
à
1%.
L’action
sur
le
taux
de
refinancement
d’une
banque
centrale
est
l’emprunte
keynésienne
par
nature.
Les
hauts
fonctionnaires
peuvent
ainsi
maitriser
l’émission
et
surtout,
la
valeur
de
la
monnaie
en
circulation
dans
l’économie.
On
a
coutume
de
dire
que
la
valeur
de
la
monnaie
dépend
uniquement
de
la
confiance
qu’en
ont
les
épargnants
et
investisseurs,
et
c’est
vrai.
Quelle
valeur
peut
bien
avoir
un
bout
de
papier
si
ce
n’est
représenter
la
confiance
accordée
par
celui
qui
l’accepte
à
celui
qui
l’émet
?
Dès
lors,
il
apparaît
comme
une
évidence
que
plus
un
Etat
produit
de
monnaie,
moins
celle-‐ci
a
de
la
valeur
par
rapport
aux
autres
(il
est
intéressant
de
faire
le
parallèle
avec
la
politique
mondiale
menée
actuellement
par
la
BoJ
–
Bank
of
Japan,
la
Fed,
et
depuis
le
2
mais
2013,
la
BCE
qui
par
l’intermédiaire
de
Mario
Draghi
consent
à
entrainer
l’Europe
dans
la
course
folle
vers
les
ruine
qui
semblait
pourtant
déjà
acquise
aux
Etats
Unis
via
le
quantitative
easing
infini
appliqué
par
Bernanke,
nouveau
directeur
de
la
Fed
ayant
succédé
à
Greenspan).
La
décision
prise
en
ce
sens
par
Greenspan
avait
donc
deux
objectifs
principaux.
En
premier
lieu,
diminuer
le
taux
directeur
aurait
permis
de
faire
baisser
le
dollar
et
donc
de
booster
les
exportations
américaines.
En
second
lieu,
la
pratique
d’un
taux
d’intérêt
à
1%
aurait
eu
une
conséquence
également
sur
les
ménages
américains
qui,
y
voyant
une
condition
de
financement
préférentielle
et
exceptionnelle,
auraient
tout
le
loisir
de
consommer
d’avantage
et
d’accentuer
massivement
l’offre
sur
le
marché.
6. 6
Quoi
qu’il
en
soit,
libéraux
et
keynésiens
sont
d’accord
sur
un
point.
La
politique
de
Greenspan
soutenue
par
Bush
aura
contribué
en
très
grande
partie
à
la
crise
des
subprimes
que
connaîtront
les
Etats
Unis
en
2007.
Dans
le
jargon
bancaire,
le
«
prime
»
est
un
prêt
dont
la
solvabilité
estimée
du
débiteur
permet
de
considérer
comme
très
faible
la
probabilité
d’un
défaut
de
paiement,
bénéficiant
par
conséquent
du
taux
d’intérêt
le
plus
favorable
possible.
Par
conséquent
a
contrario,
le
terme
«
subprimes
»
représente
quant
à
lui
les
prêts
octroyés
à
des
débiteurs
de
moindre
solvabilité,
d’où
le
risque
de
non
remboursement
élevé,
d’où
évidemment
le
taux
d’intérêt
de
plus
en
plus
élevé
au
fil
du
temps.
Les
ménages
américains
qui,
malheureusement
pour
eux,
ont
consenti
à
emprunter
des
fonds
aux
banques
spécialisées
en
subprimes,
sont
appelés
«
ménages
subprimes
».
Les
prêts
subprimes
étaient
dits
prêts
menteurs,
ou
encore
prêts
à
neutrons
dans
le
milieu
financier
de
l’époque
(cette
dénomination
tire
en
réalité
sa
source
du
fait
que
le
neutron
est
une
arme
qui
détruit
les
hommes
mais
laisse
intacts
les
bâtiments).
Quelles
étaient
les
cibles
privilégiées
des
prêts
subprimes
?
D’une
manière
générale,
toutes
les
catégories
vulnérables
de
la
société
américain
:
les
minorités
ethniques,
les
hispaniques,
les
noirs,
les
pauvres,
les
vieux
et
les
handicapés.
Les
contrats
de
prêts
étaient
le
plus
souvent
conclu
en
infraction
avec
les
règles
pénales
classiques
:
abus
de
confiance,
escroquerie,
abus
de
faiblesse
etc.
Le
prix
de
maison
lui
aussi,
était
très
souvent
truqué
et
élaboré
de
manière
frauduleuse,
ce
qui
fait
dire
à
certains
auteurs
que
la
crise
des
subprimes
est
une
crise
criminelle.
Les
banques
spécialisées
en
subprimes
ne
sont
pas
toutes
des
banques
comme
les
autres
que
l’on
a
l’habitude
de
voir
dans
le
paysage
bancaire
américain.
On
croise
en
effet
plus
souvent
des
institutions
bancaires
constituées
par
le
gouvernement
lui-‐même,
dont
les
plus
connues
sont
Freddie
Mac
et
Fannie
Mae.
Elles
ont
pour
objet
l’achat
d’hypothèques
sur
le
marché
des
prêts
hypothécaires
et
leur
revente
sur
le
marché
financier
mondial,
contaminant
ainsi
tout
le
système
boursier.
Dans
les
années
2004/2005,
le
rêve
américain
si
on
peut
l’appeler
ainsi,
en
est
à
son
apogée.
Tout
américain
quel
qu’il
soit,
du
cadre
supérieur
au
maçon,
rêve
de
devenir
propriétaire
de
son
logement.
Il
faut
dire
que
la
politique
interventionniste
étatique
conduite
jusqu’alors
n’a
fait
qu’accentuer
le
symbole
bobo
et
inciter
les
particuliers
quel
que
soit
le
niveau
de
leurs
revenus,
à
solliciter
un
prêt
pour
être
propriétaires
de
leurs
toits.
7. 7
Les
ménages
à
faibles
revenus
sont
en
outre
attirés
par
la
pratique
d’un
accroissement
progressif
des
taux
d’intérêts
qui
demeurent
très
faibles
lors
de
la
conclusion
du
contrat
de
prêt,
mais
ne
cessent
d’augmenter
au
fil
du
remboursement.
Pour
ne
prendre
aucun
risque
démesuré,
les
banques
ont
veillé
à
prendre
les
garanties
qui
s’imposaient.
Des
clauses
d’indexation
du
taux
d’intérêt
sur
le
taux
directeur
de
la
Fed
étaient
en
effet
systématiquement
incluses
dans
les
contrats
de
prêts
conclus
avec
les
ménages
subprimes.
Par
conséquent,
le
prêteur
prévoyait
contractuellement
la
possibilité
de
relever,
à
sa
guise,
le
taux
d’intérêt
du
prêt
si
Greenspan
au
cours
d’un
instant
de
folie
eut
l’idée
de
rehausser
le
taux
REFI.
Enfin,
dans
l’hypothèse
où
le
ménage
ne
parviendrait
pas
à
rembourser
sa
dette,
l’établissement
créditeur
conserverait
bien
évidemment
la
possibilité
de
faire
saisir
le
bien
et
de
le
faire
vendre
pour
se
payer
sur
le
prix
de
vente.
Malgré
cette
couverture
contractuelle,
quel
peut
bien
être
l’intérêt
pour
une
banque
de
prêter
à
des
personnes
dont
elle
sait
pertinemment
qu’elle
ne
remboursera
pas
le
capital
versé?
Aucun
pourriez
vous
penser
a
priori,
mais
il
convient
de
se
poser
la
question
inverse.
Quel
est
le
risque
encouru
par
la
banque
en
prêtant
à
un
insolvable
?
Aucun
non
plus
puisque
les
prix
de
l’immobilier
en
Amérique
à
cette
époque
ne
cessent
de
croitre.
Comme
l’immobilier
augmente,
la
valeur
du
logement
vaut
(x)
fois
plus
que
la
valeur
qu’il
avait
lors
de
la
mise
à
disposition
des
fonds
dans
le
cadre
du
prêt
contracté.
Dès
lors,
les
deux
parties
au
contrat
sont
gagnantes
dans
tous
les
cas
de
figure.
La
banque
impayée
revend
l’immeuble
et
retrouvera
quoi
qu’il
en
soit
le
montant
qu’elle
a
prêté.
Le
particulier
s’il
parvient
à
rembourser
le
prêt
peut
quant
à
lui
réaliser
une
incroyable
plus-‐value
(on
remarque
ici,
qu’il
s’agit
ni
plus
ni
moins
d’une
application
de
l’acquisition
à
effet
de
levier
par
une
personne
physique).
Courant
2006,
les
impayés
pour
les
banques
s’accentuent
assez
fortement
et
l’équation
mathématique
jusque
là
très
simple
se
complique
légèrement
pour
les
banques.
En
effet,
quand
la
proportion
de
ménages
insolvables
qui
ne
parviennent
pas
à
rembourser
leur
prêt
reste
faible
et
que
l’immobilier
augmente,
la
banque
ne
court
aucun
risque,
mais
quand
cette
proportion
augmente
et
que
la
hausse
de
l’immobilier
se
tasse,
l’opération
jusqu’alors
ultra-‐bénéfique
et
bénéficiaire
pour
la
banque
peut
basculer
et
se
transformer
à
une
opération
à
perte.
Mais,
cela
serait
bien
mal
connaître
les
banquiers
de
la
place
qui,
plus
que
jamais
attirés
par
l’appât
du
gain,
vont
trouver
un
remède
à
ce
premier
obstacle
financier.
Les
dispensateurs
de
crédits
bien
décidés
à
ne
pas
porter
à
eux
mêmes
la
majeure
partie
du
risque,
eurent
l’ingénieuse
idée
d’acheter
des
bons
du
Trésor
américain,
obligations
dont
la
valeur
est
sûre
et
qui
inspire
confiance
à
tous
les
investisseurs.
Très
simplement,
le
bon
du
Trésor,
américain
ou
autre
peu
importe,
est
un
titre
de
créance
que
détient
le
propriétaire
(l’investisseur/épargnant)
sur
l’Etat.
Ce
titre
de
créance
est
dénommé
«
obligation
»
par
opposition
à
l’action
(l’actionnaire
contrairement
à
l’obligataire
est
détenteur
d’un
titre
de
propriété).
Le
raisonnement
des
banques
était
bien
huilé.
Qui
mieux
que
l’Etat
offre
une
capacité
de
remboursement
infaillible
?
Pour
renforcer
le
raisonnement,
il
faut
noter
qu’en
2005/2006,
l’Etat
américain
s’est
d’ores
8. 8
et
déjà
bien
désendetté,
sa
capacité
de
rembourser
le
capital
investi
par
les
détenteurs
de
bons
du
Trésor
est
quasi
parfaite,
aucun
risque
donc
pour
nos
banques,
qui
se
lancent
dans
une
course
folle
à
l’achat
sur
le
marché
de
ces
titres
de
créances
négociables.
Pendant
ce
temps,
la
bulle
immobilière
continue
de
grossir.
Fin
2005,
les
analystes
font
les
comptes
:
l’immobilier
a
pris
15%
en
seulement
une
année,
incroyable.
Parallèlement
à
ces
acquisitions
d’obligations,
les
banques
commencent
dès
2005
à
regrouper
les
crédits
subprimes
dans
un
pool
structuré
(asset
backed
securities
–
ABS),
titrisé
et
déplacé
dans
un
véhicule
spécial
d’investissement
(special
purpose
vehicle
–
SPV)
par
le
biais
d’un
CDO
–
collateralized
debt
obligation.
Le
CDO
est
un
malin
moyen
pour
se
défaire
du
risque
d’un
crédit,
surtout
quand
ce
dernier
est
douteux.
Il
permet
en
effet
de
déconnecter
le
risque
de
crédit
du
portefeuille
de
la
banque
qui
a
consenti
le
prêt
et
ce
comme
dit
ci-‐dessus
par
la
création
d’un
véhicule
ad
hoc
c’est
à
dire,
crée
pour
l’occasion
(en
France,
ce
véhicule
est
appelé
«
Fonds
commun
de
titrisation
»).
Les
techniques
d’émission
des
CDO
sont
diverses
et
extrêmement
complexes,
mais
pour
faire
simple,
il
s’agit
d’un
titre
qui
représente
un
portefeuille
de
créances
bancaires
(ici,
le
CDO
représente
donc
les
créances
de
prêt
et
indirectement,
les
créances
portant
sur
le
prix
de
vente
de
l’immeuble
si
le
ménage
subprime
ne
rembourse
pas
le
capital
dû).
Les
CDO
sont
découpés
en
plusieurs
tranches
et
les
banques
y
ont
vu
là
l’opportunité
de
créer
un
millefeuille
incroyable.
Elles
avaient
le
choix
de
vendre
aux
acquéreurs
des
produits
plus
ou
moins
risqués
selon
la
tranche
choisie.
Les
praticiens
et
financiers
présentent
la
mise
en
place
d’un
CDO
en
trois
étapes.
Dans
un
premier
temps
comme
exposé
précédemment,
la
banque
cède
son
portefeuille
de
créances
bancaires
au
SPV.
Ces
créances
bancaires
peuvent
être
adossées
à
des
obligations,
d’où
le
lien
avec
l’achat
de
bons
du
Trésor.
Une
masse
inestimable
de
créances
douteuses
adossées
à
des
bons
du
Trésor
US
ont
été
transférées
par
montages
financiers
à
des
véhicules
fictifs
par
les
plus
grosses
banques
d’affaires
comme
Lehman
Brothers.
Une
fois
la
créance
cédée
(et
le
risque
avec
!),
le
SPV
émet
des
tranches
de
CDO
comme
exposé
ci
dessus
pour
se
refinancer.
Très
schématiquement,
le
SPV
a
un
bilan
composé
à
l’actif
par
les
créances
cédées,
et
au
passif
par
les
tranches
de
CDO
plus
ou
moins
sûres.
La
tranche
la
plus
sûre
est
dite
«
tranche
super
senior
».
Intervient
ensuite
la
tranche
senior,
la
tranche
mezzanine
ou
dite
encore
«
tranche
subordonnée
»
puis
la
tranche
equity.
Les
tranches
composant
les
titres
font
l’objet
d’une
notation
par
les
agences
de
rating
(agences
de
notation
comme
Fitch
ou
S&P).
Par
exemple,
la
tranche
super
senior
est
systématiquement
notée
AAA,
quoi
de
plus
normal,
elle
représente
une
créance
sûre
et
9. 9
certaine
qui
porte
soit
sur
un
emprunteur
solvable
soit
sur
les
obligations
du
Trésor
US.
La
tranche
senior
est
notée
AA
ou
A
pour
les
moins
sûres.
Toutes
les
composantes
de
la
tranche
mezzanine
sont
notées
de
BBB
à
BB.
Enfin,
la
tranche
equity
est
le
plus
mal
notée,
elle
absorbe
tous
les
risques
attachés
au
portefeuille
d’actifs
titrisés
(donc
les
créances
douteuses
des
subprimes
font
partie
de
cette
tranche).
Nous
venons
de
comprendre
le
point
de
départ
de
la
crise
des
subprimes
:
la
titrisation
de
créances.
Titriser
une
créance,
c’est
donc
tout
simplement
le
fait
d’incorporer
une
créance
dans
un
titre
négociable
et
échangeable
sur
les
marchés
financiers.
Titriser,
c’est
rendre
un
actif
peu
liquide
en
un
actif
extrêmement
liquide
et
circulant
rapidement
entre
les
investisseurs.
Titriser,
c’est
aussi
et
surtout
se
débarrasser
du
risque
d’insolvabilité
du
client
en
dissimulant
ce
risque
dans
un
titre
qui
regroupe
des
actifs
risqués
et
non
risqués.
Une
fois
les
titres
échangés
sur
le
marché,
d’énormes
gains
furent
réalisés
par
les
SPV,
lesquels
remontaient
aux
sociétés
mères,
les
banques
d’investissement,
par
voie
d’intérêts
et
primes
diverses.
Les
banques
avaient
trouvé
là
un
moyen
bien
commode
pour
cacher
les
défauts
de
paiement
des
ménages
subprimes.
J’emploie
le
mot
cacher
volontairement,
car
s’il
convient
d’affirmer
que
la
banque
mère
ne
détient
plus
les
créances
douteuses,
elle
détient
quand
même
les
participations
du
fonds
commun
de
titrisation
ou
SPV
qu’elle
a
crée
et
auquel
elle
a
cédé
les
créances.
Par
conséquent,
si
en
apparence,
la
situation
financière
des
banques
d’investissement
comme
Lehman
apparaissait
saine
dans
les
années
2005/2006,
en
réalité,
il
en
allait
déjà
tout
autrement,
et
il
est
par
conséquent
faux
de
dire
que
la
crise
des
subprimes
s’est
produite
d’un
coup
l’été
2007.
Il
est
faux
de
dire
que
le
système
financier
s’est
écroulé
en
quelques
jours,
ce
système
était
en
réalité
en
survie
artificielle
depuis
déjà
au
moins
un
an.
La
dérive
s’accentuait
au
fil
des
mois
et
la
défaillance
des
ménages
dans
le
remboursement
des
prêts
ne
cessait
de
s’accroitre.
Courant
2006,
les
banques,
conscientes
de
la
défaillance
qui
s’accentue,
continuent
à
diluer
les
titres
subprimes
dans
les
SPV
et
les
banquiers/avocats
d’affaires
réfléchissent
à
un
mécanisme
permettant
de
prendre
des
garanties
supplémentaires
afin
d’éviter
au
maximum
les
défauts
de
paiement
qu’accusent
les
ménages
américains.
Eureka,
les
financiers
avaient
inventé
les
CDS
–
credit
default
swaps.
Le
credit
default
swaps
est
un
titre
assurance
contre
le
défaut
de
paiement.
Le
principe
est
simple
:
la
banque
achète
à
un
«
vendeur
de
protection
«
(protection
seller)
des
CDS
en
versant
une
prime
à
l’émetteur,
prime
dont
le
montant
varie
selon
le
degré
de
risque
attaché
au
prêt
accordé
aux
ménages.
En
contrepartie
de
la
prime,
le
vendeur
s’engage
à
couvrir
l’impayé
en
cas
d’incident
de
paiement.
Le
CDS
est
un
produit
dérivé
et
plus
précisément
un
dérivé
de
crédit
puisqu’il
porte
dans
notre
cas
sur
le
prêt.
10. 10
La
transaction
d’achat
du
CDS
se
fait
via
un
PSI
–
prestataire
de
services
d’investissement
qui
la
réalise
sous
la
forme
d’un
OTC
–
over
the
counter
(marché
de
gré
à
gré
non
organisé
et
non
contrôlé
qui
se
trouve
en
dehors
du
marché
régulé
comme
l’est
NYSE
Euronext
par
exemple).
Ce
PSI
est
un
IS
–
internalisateur
systématique
dont
les
activités
échappent
aux
autorités
de
contrôle
nationales
et
internationales.
Les
incidents
de
paiement
en
proportion
des
titres
demeurent
encore
assez
rares
début
2007
et
grâce
aux
CDS,
les
banques
imaginent
pouvoir
faire
face
aux
plus
grandes
catastrophes.
Elles
savent
que
la
situation
est
malsaine
mais
n’ont
plus
réellement
connaissance
du
niveau
de
solvabilité
des
emprunteurs
primaires
(dits
emprunteurs
«
NINJA
»
pour
no
income,
no
jobs,
no
assets),
et
ce
en
raison
de
l’importance
du
marché.
Toutes
les
banques
sont
concernées,
américaines,
européennes,
asiatiques.
Les
prêts
toxiques
qui
étaient
à
l’origine
cantonnés
sur
le
marché
hypothécaire
américain
ont
été
titrisés.
Les
titres
circulent
sur
toutes
les
places
financières
et
devant
le
haut
niveau
de
rendement
offert
par
ces
titres,
toutes
les
banques
en
achètent
:
Société
Générale,
BNP
Paribas,
Santander.
Le
potentiel
de
risque
est
grand,
mais
devant
une
supercherie
aussi
complexe,
seuls
les
banquiers
d’affaires
et
financiers
dotés
d’une
connaissance
du
marché
sont
au
courant.
Ceux
qui
ne
veulent
pas
l’avouer
sont
des
menteurs,
car
en
réalité,
si
la
crise
continue
à
faire
la
une
des
médias
aujourd’hui,
elle
n’était
pas
une
surprise
pour
ceux
qui
l’ont
provoqué.
Face
à
ce
potentiel
de
risque,
les
banques
tentent
de
se
rassurer
du
fait
qu’elles
ont
acheté
un
nombre
de
CDS
pour
un
montant
bien
supérieur
au
risque
encouru.
Par
conséquent,
quand
la
crise
relèvera
son
étendue,
les
banquiers
imaginent
qu’ils
revendront
ces
garanties/CDS
excédentaires
à
prix
d’or.
Voilà
bon
sang,
l’attractivité
et
l’opportunité
qu’offrent
ces
fameux
CDS
:
acheter
à
découvert
c’est
à
dire
sans
courir
un
risque
et
en
s’exonérant
de
verser
la
garantie
normalement
exigée
pour
couvrir
le
défaut
de
la
livraison
du
sous
jacent
(produit
qui
correspond
au
CDS).
Les
CDS
sont
donc
achetés
à
découverts
et
sont
dits
«
à
nu
»,
ils
ne
représentent
aucune
charge
pour
la
banque.
Les
défaillances
se
multiplient,
le
CDS
devient
très
recherché
et
les
banques
les
revendent
comme
prévu
à
prix
d’or
en
réalisant
des
plus-‐values
considérables.
Comme
les
ventes
de
CDS
ont
lieu
par
le
biais
d’un
PSI
internalisateur
systématique,
les
profits
n’apparaissent
nul
part
et
seuls
les
banquiers
sont
au
courant
de
la
supercherie
qui
est
en
train
de
se
produire
sous
les
yeux
du
monde
entier.
Fascinées
par
le
profit,
ce
que
recherche
quoi
qu’on
en
dise
tout
entrepreneur,
les
banques
rachètent
des
CDS
en
masse,
mais
comme
le
risque
pour
lequel
elles
les
achètent
a
déjà
été
couvert,
aux
mêmes
causes
s’appliquent
les
mêmes
effets
et
la
crise
s’accentue
hiver
2006/printemps
2007.
Le
premier
signe
qu’une
crise
majeure
s’annonce
intervient
en
février
2007.
Peu
d’analystes
en
parlent
et
pourtant,
ce
signal
11. 11
représente
selon
moi
un
élément
clef
à
prendre
en
compte
dans
le
déclenchement
de
la
crise.
Le
8
février
2007
au
matin,
HSBC
à
la
réputation
impeccable
trébuche.
La
banque
annonce
un
profit
warning
en
raison
d’impayés
immobiliers
plus
importants
que
prévus.
Le
titre
dégringole
en
bourse.
Il
sort
brutalement
du
canal
haussier
par
le
bas
et
vient
taper
un
plus
bas
depuis
9
mois.
La
cause
?
HSBC
relève
de
10
milliards
de
dollars
soit
une
hausse
de
20%
par
rapport
à
ce
que
prévoyait
UBS
ou
Morningstar,
de
ses
provisions
pour
créances
douteuses.
Mais
pourquoi
les
provisions
doivent
elles
être
revues
à
la
hausse
?
La
raison
est
très
simple,
dès
l’hiver
2006,
début
2007,
la
pente
des
prix
de
l’immobilier
s’inverse.
Le
secteur
perd
4%
en
quelques
mois.
La
bulle
immobilière
est
bel
et
bien
en
train
d’exploser.
Le
8
février
2007
est
une
date
décisive,
c’est
le
premier
profit
warning
de
HSBC
dans
son
histoire.
Pourtant,
les
médias
n’en
ont
quasiment
pas
parlé
et
les
banques
quant
à
elles,
continuaient
leur
course
folle
vers
l’argent.
Elles
ne
sont
pas
toujours
pas
satisfaites,
elles
veulent
plus
de
profit
et
moins
de
risques,
le
beurre
et
l’argent
du
beurre.
Elles
décident
de
changer
d’échelle
et
de
s’attaquer
aux
Etats
en
achetant
de
la
dette
souveraine
notée
AAA
qu’elles
couvrent
(pour
le
risque
quasi
nul
évidemment,
à
cette
époque
la
crise
de
la
dette
souveraine
n’existe
pas
ou
du
moins,
personne
ne
veut
la
voir)
en
achetant
des
CDS.
Même
opération
que
pour
les
ménages
subprimes,
les
banques
achètent
énormément
de
CDS,
beaucoup
trop.
Elles
vendent
à
perte
la
part
de
dette
des
Etats
sous
forme
de
titres.
Les
agences
de
rating
sont
dans
le
coup
et
aident
alors
les
banques
à
dégrader
la
notation
de
certains
opérateurs
économiques
afin
de
les
affaiblir
financièrement.
Les
agences
de
notation,
encore
elles,
diffusent
l’information
financière
à
travers
le
monde,
les
marchés
baissent
et
les
investisseurs
s’inquiètent
de
voir
le
marché
s’écrouler
ainsi.
Ils
vendent
à
leur
tour
leurs
titres,
à
perte
puisque
les
cours
sur
les
différentes
places
boursières
sont
bien
en
deçà
de
leur
valeur
normale.
Les
investisseurs
sont
obligés
d’assumer
des
pertes
de
plus
en
plus
importantes
jusqu’à
se
rendre
dépendants
des
CDS
que
détiennent
les
banques.
La
demande
étant
disproportionnée
par
rapport
à
l’offre,
les
prix
des
CDS
augmentent
et
les
banques
les
vendent
par
millions
et
par
minute,
c’est
ce
que
l’on
a
appelé
le
trading
haute
fréquence.
Le
12
mars
2007,
onde
de
choc
à
Wall
Street,
la
SEC
(Securuties
and
Exchanges
Commission,
le
gendarme
de
la
bourse
aux
US)
annonce
que
la
New
Century
Financial
Corporation
est
décotée
du
NYSE
(New
York
Stock
Exchange).
Les
choses
s’accélèrent.
Courant
mars,
la
compagnie
annonce
qu’elle
ne
peut
plus
accorder
de
prêts
car
elle
n’arrive
plus
à
se
refinancer.
Par
ailleurs,
comme
HSBC,
elle
relève
le
niveau
de
ses
provisions
pour
créances
douteuses.
Elle
frôle
le
ravin.
Un
pas
de
plus
et
la
crise
des
subprimes
fera
sa
première
«
grande
»
victime.
Ce
pas
est
franchi.
Le
2
avril
2007,
la
NCFC
se
déclare
en
faillite
et
se
place
sous
la
protection
du
chapitre
11
de
la
loi
sur
les
faillites.
KPMG,
cabinet
d’audit
comptable
et
financier
est
nommé
vérificateur
et
la
boite
est
chargée
de
vérifier
les
états
financiers
de
la
compagnie.
Mark
Kim,
Directeur
12. 12
Senior
de
KPMG
affirmait
dans
la
presse
«
avoir
failli
à
son
devoir
de
conseil
»
en
refusant
d’alerter
(et
ce
dès
2004
!)
la
compagnie
sur
la
sous
estimation
de
ses
provisions.
Pourtant,
le
monde
de
la
finance
se
porte
au
mieux.
Le
1er
juin
2007,
le
CAC
touche
une
résistance
majeure
et
fait
son
plus
haut
de
l’année
à
6.168
points.
Si
l’on
regarde
les
graphiques
historiques,
ce
point
correspond
clairement
à
la
fin
d’un
cycle
2003/2007,
cycle
globalement
haussier
et
ce,
bien
évidemment,
grâce
aux
politiques
monétaires
très
accommodantes
appliquées
dans
le
monde
entier
par
les
banques
centrales,
BCE
et
Fed
(énormes
injections
de
liquidités
sur
le
marché
en
2003
pour
la
BCE
et
2004
pour
la
Fed).
Le
1er
juin,
c’est
aussi
le
jour
du
DAX,
l’indice
allemand
qui
tape
également
une
résistance
majeure
et
fait
un
plus
haut.
Mais
encore
le
S&P500
pour
les
US,
plus
haut
qui
a
été
récemment
battu
(plusieurs
fois
à
répétition
courant
avril
2013,
encore
une
fois
grâce
à
la
politique
folle
de
Bernanke
et
des
quantitative
easing).
Le
17
juillet
2007,
le
DJ
–
dow
jones
–
franchit
les
14.000
points,
le
plus
haut
de
son
histoire
(record
battu
également
pour
l’indice
phare
américain
courant
avril
2013).
Le
18
juillet
2007,
un
jour
plus
tard,
un
hedge
fund
de
la
banque
d’investissement
Bear
Stearns
accuse
des
pertes
importantes.
Dans
la
presse,
ce
fait
reste
invisible,
personne
n’en
parle
pourtant,
quelques
mois
plus
tard
en
2008,
la
faillite
devra
être
prononcée
comme
nous
allons
le
voir.
Le
lendemain,
l’atmosphère
commence
à
se
tendre
chez
certains
financiers.
On
sent
que
les
choses
sont
en
train
de
basculer
et
ces
trois
jours
consécutifs
représentent
pour
moi
un
moment
décisif
dans
la
crise
des
subprimes.
Alors
que
l’indice
américain
bat
un
record
historique,
deux
jours
plus
tard,
l’agence
de
rating
S&P
dégrade
plus
de
400
titres
subprimes,
les
fameux
titres
émis
par
les
SPV
divisés
en
tranches.
C’est
la
panique
sur
les
marchés
financiers.
6
ans
plus
tard,
avec
un
peu
de
recul,
on
peut
dire
que
la
crise
des
subprimes
prend
véritablement
un
tournant
majeur
le
19
juillet
2007.
Jusqu’à
cette
date
comme
nous
l’avons
vu
jusqu’à
présent,
les
banques
avaient
connaissance
des
risques,
parfois
même,
elles
avaient
accusé
des
pertes
importantes
et
leur
capacité
de
refinancement
était
bien
endommagée.
Mais
ces
difficultés
financières
étaient
masquées
et
il
est
vrai
que
les
CEO
(chief
executive
officers)
de
certaines
grandes
banques
comme
Dick
Fuld
à
la
tête
de
Lehman
Brothers
ont
réellement
cru
pouvoir
s’en
sortir.
Mais
il
n’y
avait
rien
à
faire,
début
aout,
IKB
Deutsche
Industriebank,
grande
banque
allemande,
fait
l’objet
d’un
plan
de
sauvetage
par
le
gouvernement.
La
crise
apparaît
pour
la
première
fois
en
Europe.
Elle
finira
par
succomber
et
sera
cédée
pour
un
prix
ridicule
en
2008
à
un
fonds
de
pension
américain.
En
France
maintenant,
toujours
courant
aout
2007,
la
BNP
ferme
temporairement
trois
fonds
d’investissement
implantés
aux
USA
et
très
investis
en
titres
subprimes
dont
BNP
13. 13
Paribas
ABS
Euribor.
Suite
à
cette
annonce,
le
CAC
dévisse
et
perd
plus
de
5%
en
deux
jours.
Le
17
aout,
le
CAC
n’est
plus
qu’à
5.200
points,
la
chute
est
inquiétante
selon
les
analystes.
Le
22
aout
2007,
Lehman
Brothers
ferme
à
son
tour
une
filiale
de
crédit
à
risques
–
BNC
Mortgage.
BNC
Mortgage
était
tout
simplement
une
filiale
de
crédit
immobilier
subprime,
elle
s’était
rapidement
mise
à
prêter
de
l’argent
aux
ménages
définis
comme
insolvables.
Premier
coup
de
semonce
pour
le
numéro
4
de
Wall
Street
qui
va
accuser
à
cette
occasion
une
perte
de
25
millions
de
dollars.
Cette
fermeture
entraina
la
suppression
de
plus
de
1200
emplois
aux
USA.
Pour
ne
pas
créer
de
panique,
Lehman
Brothers
publie
dans
la
journée
un
communiqué
de
presse.
Dick
Fuld
prend
contact
avec
une
connaissance
haut
placée
dans
la
presse
américaine
afin
de
d’enjoliver
l’information
(de
la
fausser…).
Ainsi
apprend-‐t-‐on
que
Lehman
Brothers,
malgré
cette
fermeture,
ne
compte
pas
cesser
d’octroyer
des
prêts
à
ses
clients.
A
cet
effet,
son
autre
filiale
dénommée
Aurora
Loan
Services
assurera
dès
lors
cette
activité.
Le
maquillage
médiatique
marche
!
La
fermeture
de
la
filiale
est
passée
presque
inaperçue,
plus
personne
ne
parle
de
Lehman
dans
les
journaux.
En
réalité,
si
personne
ne
parle
de
Lehman,
c’est
parce
que
la
crise
a
frappé
ailleurs,
et
cette
fois,
un
géant
de
la
finance.
Le
14
septembre
2007,
Northern
Rock,
numéro
5
du
crédit
immobilier
au
Royaume
Uni
est
au
bord
de
la
faillite.
Les
clients
de
la
banque
sont
affolés,
ils
se
ruent
dans
les
agences
pour
vider
leurs
comptes
en
banque.
En
à
peine
24
heures,
1
milliard
de
livres
sont
retirées
par
les
anglais.
Le
cours
de
bourse
plonge
de
plus
de
25%.
Les
médias
sont
présents
sur
place
et
filment
les
scènes.
Certains
journalistes
de
Times
racontent
que
certains
clients
se
battent
avec
les
agents
de
sécurité
pour
récupérer
à
tout
prix
leurs
fonds.
Sur
internet,
le
service
de
consultation
des
comptes
à
distance
ne
fonctionne
plus,
les
clients
ne
peuvent
plus
accéder
à
leurs
comptes.
Nous
sommes
dans
les
heures
les
plus
enfiévrées
de
2007.
Dans
un
premier
temps,
la
Banque
d’Angleterre
consent
un
prêt
de
25
milliards
de
livres,
prêt
bien
évidemment
garanti
par
l’Etat.
Finalement,
la
banque
sera
nationalisée,
les
autorités
britanniques
ne
voulant
pas
laisser
une
telle
emblème
nationale
faire
faillite
(cette
banque
était
un
véritable
symbole
en
Angleterre
car
elle
résultait
de
la
fusions
de
deux
anciennes
banques,
dont
l’une
servait
la
cause
ouvrières
et
l’autre
l’aristocratie.
Les
anglais
étaient
très
attachés
à
cette
institution).
Octobre
2007,
les
mauvaises
nouvelles
s’enchainent
les
unes
sur
les
autres.
Les
indices
boursiers
dévissent,
Citigroup
annonce
une
baisse
de
60%
de
son
bénéfice
au
3ème
trimestre
2007,
le
PDG
de
Merril
Lynch,
Stanley
O’Neal,
démissionne
sous
la
pression,
la
banque
a
déjà
perdu
plus
de
2
milliards
de
dollars.
Un
mois
plus
tard
en
novembre,
Charles
Prince,
le
PDG
de
Citigroup
démissionne
à
son
tour.
Pendant
ce
temps,
la
Fed
14. 14
s’inquiète
de
plus
en
plus,
Greenspan
est
sur
tous
les
fronts,
il
sait
qu’une
catastrophe
est
inévitable
mais
il
cherche
la
meilleure
solution
pour
la
retarder.
Décembre
2007,
baisse
du
taux
directeur
de
la
Fed
accompagnée
d’une
injection
de
plusieurs
milliards
de
dollars
dans
l’économie.
Effets
de
secousses
garantis
!
La
parité
EUR/USD
se
déséquilibre
de
plus
en
plus,
chaque
jour,
la
monnaie
européenne
prend
le
pas
quand
le
dollar
américain
prend
l’eau.
La
politique
de
Greenspan
soutenu
par
Bush
porte
ses
fruits,
le
dollar
chute.
Pourtant,
la
mascarade
continue.
Le
9
décembre,
AIG
–
American
International
Group,
immense
compagnie
d’assurance,
annonce
que
je
cite
«
la
crise
des
subprimes
est
sous
contrôle
».
Elle
en
profite
pour
annoncer
une
perte
de
352
millions
de
dollars
(en
réalité
en
février
2008,
la
compagnie
révisera
cette
estimation
de
quelques
chiffres…
Il
lui
suffira
finalement
d’y
ajouter
un
zéro
et
de
multiplier
le
résultat
par
deux).
Toujours
en
décembre,
la
Fed
baisse
encore
son
taux
directeur
et
contacte
ses
homologues
dans
le
monde
entier
pour
en
faire
de
même.
Appel
entendu
!
Courant
décembre,
la
majorité
des
banques
centrales
entament
une
action
concertée
:
les
fonctionnaires
ont
prit
conscience
de
la
crise
de
liquidités.
Désormais,
ce
n’est
plus
une
crise
à
laquelle
il
faut
faire
face,
mais
deux
:
la
crise
des
subprimes
qui
n’en
a
pas
fini
(au
contraire,
elle
vient
juste
de
commencer)
et
la
crise
de
liquidités
des
banques
qui
ne
peuvent
plus
prêter
et
donc,
ne
peuvent
plus
financer
l’économie
réelle.
Le
monde
va
mal,
très
mal.
Le
début
2008
s’annonce
déjà
tonitruant,
plusieurs
entreprises
industrielles,
commerciales,
se
déclarent
déjà
en
faillite.
En
réalité,
la
crise
de
liquidités
se
poursuit,
les
banques
ne
prêtent
plus
aux
entreprises,
elles
ne
peuvent
plus.
Or,
quel
est
le
rôle
d’une
banque
si
ce
n’est
faire
le
pont
entre
les
dépôts
des
épargnants
et
les
besoins
en
cash
des
investisseurs
et
des
entreprises
?
Le
8
janvier
2008,
James
Cayne,
CEO
de
Bear
Stearns
démissionne.
Les
pertes
s’accentuent
et
Merril
Lynch
bat
tous
les
records
jusqu’alors
atteints
:
pas
moins
de
9
milliards
de
pertes
au
quatrième
trimestre
2007.
Bush
doit
agir.
C’est
ce
qu’il
fait.
Il
convoque
une
conférence
de
presse
et
annonce
un
plan
d’aide
de
150
milliards
de
dollars,
la
folie
outrancière
continue.
24
janvier
2008,
date
clef
pour
la
Société
Générale.
C’est
sa
fête.
Elle
fête
deux
chiffres,
2
milliards
d’euros
de
pertes
sur
la
crise
des
subprimes,
5
milliards
de
pertes
sur
les
opérations
de
Kerviel.
En
février,
l’affaire
AIG
revient
au
devant
de
la
scène.
Le
groupe
annonce
des
problèmes
de
survalorisation
sur
ses
dérivés
mais,
deuxième
mensonge,
il
annonce
avoir
pris
les
mesures
nécessaires
pour
valoriser
correctement
ses
investissements
dans
les
fameux
CDO.
Enfin
les
investisseurs
se
réveillent
!
Le
titre
chute
et
le
spectacle
donné
se
transforme
en
tragédie.
Les
agences
de
notation
deviennent
bien
moins
clémentes
qu’auparavant.
Elles
ne
sont
plus
dans
le
coup
et
préviennent
qu’elles
vont
abaisser
la
note
d’AIG.
Mais
pendant
ce
temps,
la
plaisanterie
sur
les
titres
subprimes
continue
et
s’étend
au
delà
des
banques.
Les
titres
toxiques
sont
vendus
à
des
fonds
dits
agressifs
que
sont
les
hedge
funds
(fonds
de
couverture
en
français)
contrôlés
eux
mêmes
par
des
fonds
de
15. 15
private
equity.
Les
titres
sont
également
cédés
à
des
fonds
dits
non
agressifs
comme
les
fonds
de
pension
ou
encore,
les
fonds
d’assurance.
Le
marché
s’enlise.
Les
prix
de
l’immobilier
baissent
de
plus
en
plus,
les
ménages
ne
peuvent
plus
rembourser
et
la
pyramide
s’écroule
comme
un
château
de
cartes
et
comme
le
veut
la
théorie
des
risques
de
contrepartie.
Cette
théorie
tente
d’expliquer
les
conséquences
des
relations
qu’entretiennent
les
banques
d’affaires
avec
les
hedge
funds,
fonds
spéculatifs
agressifs
très
investis
dans
les
crédits
subprimes.
Lorsque
les
prix
de
l’immobilier
baissent,
les
crédits
subprimes
créent
des
pertes
de
plus
en
plus
importantes
pour
les
hedge
funds.
Pendant
longtemps,
aucun
problème
n’apparaît
au
grand
jour
car
ces
immenses
groupes
reçoivent
énormément
d’argent
de
la
part
de
fonds
de
pensions,
et
grâce
à
la
règle
du
lock
up,
l’argent
investi
ne
peut
pas
être
retiré
avant
un
certain
temps.
Surtout,
les
hedge
funds
ne
sont
pas
obligés
d’évaluer
en
valeur
de
marché
leurs
actifs.
Par
conséquent,
seuls
les
spécialistes
avaient
connaissance
de
la
tromperie
qu’ils
pratiquaient
sur
leurs
propres
comptes.
Mais
en
mars
2008,
l’un
des
hedge
funds
les
plus
puissants,
Carlyle
Capital
Corporation
(dirigé
par
un
ami
intime
des
Bush,
David
Rubinstein)
dépendant
du
fond
de
Private
equity
Carlyle
Group,
accuse
des
pertes
énormes
avoisinant
les
16
milliards
de
dollars
et
ne
parvient
plus
à
refinancer
les
actifs
en
pertes.
Il
est
sur
le
point
d’être
liquidé.
La
banque
d’investissement
Bear
Stearn,
numéro
5
de
Wall
Street,
qui
alimente
Carlyle
Capital
en
liquidités
sous
forme
de
prêts
se
trouve
donc
devant
un
trou
immédiat
d’argent
frais,
le
fonds
n’alimentant
plus
en
cash
l’établissement
bancaire.
Comme
la
Bear
Stearns
avait
déjà
été
très
agressive
dans
la
titrisation
et
accusait
des
pertes
considérables
dès
l’été
2007,
ce
choc
fut
l’ultime.
C’est
le
plus
grand
bank
run
de
Wall
Street
à
cette
époque.
Le
16
mars
2008,
la
Fed
décida
de
soutenir
la
cinquième
banque
de
Wall
Street
en
lui
procurant
des
financements
sur
28
jours
par
l’intermédiaire
de
la
banque
JP
Morgan
Chase.
Le
17
mars
2008,
on
apprenait
que
les
conseils
d’administration
des
deux
banques
s’étaient
mis
d’accord
pour
que
Bear
Stearns
soit
rachetée
par
JP
Morgan
et
ce
par
échange
de
titres,
certes
avec
une
faible
valorisation
(l’action
BS
vaut
environ
30
dollars
alors
qu’elle
en
valait
encore
110
en
2007).
Les
médias
et
politiques
prennent
réellement
conscience
de
la
dureté
de
la
crise.
Si
Bear
Stearns,
la
cinquième
banque
de
Wall
Street
prend
froid,
la
quatrième
risque
d’éternuer.
La
situation
de
Lehman
Brothers
inquiète.
En
mars
2008,
le
titre
perdait
déjà
14%
en
bourse
le
même
jour
que
Bear
Stearns
était
rachetée
par
JPMC.
Toutefois,
bien
malin
est
celui
qui
peut
prédire
à
cet
instant
précis
que
le
numéro
4
de
Wall
Street
sera
en
faillite
quelques
mois
plus
tard.
Et
pourtant…
Le
mois
d’avril
commence
mal,
très
mal.
En
Europe,
la
Deutsche
Bank
que
les
montants
de
dépréciations
sur
des
dettes
LBO
(leveraged
buyouts)
pourraient
être
de
3
milliards
16. 16
(contre
750
millions
selon
les
prévisions
des
analystes).
L’Europe
prend
l’eau
tout
autant
que
les
USA.
Le
PDG
d’UBS
Marcel
Ospel
démissionne
le
1er
avril
et
le
lendemain,
UBS
annonce
une
augmentation
de
capital
pour
15
milliards
de
francs
suisses.
Lehman
Brothers
fait
de
même
dans
une
moindre
mesure.
Le
2
avril
également,
la
banque
d’investissement
de
NY
procède
à
une
augmentation
de
capital
de
4
milliards
de
dollars.
En
mai,
c’est
le
Crédit
Agricole
SA
qui
procède
à
son
tour
à
l’augmentation
de
capital
pour
6
milliards
d’euros.
La
banque
est
assez
exposée
aux
subprimes
et
risque
d’y
laisser
des
plumes.
Début
juin,
Lehman
coule
petit
à
petit,
mais
toujours
pas
d’alerte
dans
la
presse
ou
pour
le
pouvoir
politique.
Le
9
juin,
Dick
Fuld
demande
à
son
Directeur
général
Joe
Gregory
de
démissionner.
La
banque
annonce
plus
de
2,8
milliards
de
pertes
pour
son
deuxième
trimestre,
la
situation
est
réellement
alarmante.
La
topline
(le
chiffre
d’affaires)
est
aussi
mauvais
:
-‐
668
millions
de
dollars
ce
qui
prouve
l’ampleur
de
la
dépréciation
des
actifs
de
l’établissement.
Depuis
début
2007,
la
banque
a
déjà
lâché
17
milliards
pour
les
dépréciations…
La
crise
chez
Lehman
se
poursuit.
La
même
semaine,
le
directeur
financier
démissionne
à
son
tour.
L’action
perd
6%
en
une
journée.
Il
est
urgent
pour
Lehman
de
se
renflouer,
sinon,
son
sort
en
est
jeté.
L’été
2008,
ce
sont
deux
établissements
dont
nous
avons
déjà
parlé
qui
sont
dans
le
rouge
:
Fannie
Mae
et
Freddie
Mac.
Le
gouvernement
ne
peut
pas
laisser
des
institutions
qu’il
a
lui
même
créées,
non
!
Greenspan
le
Magnifique
déverse
100
milliards
de
dollars
sur
les
deux
établissements.
Nous
sommes
le
vendredi
13
septembre
2008,
les
limousines
noires
des
maîtres
du
monde,
en
clair,
une
trentaine
de
banquiers
de
Wall
Street
(Goldman
Sachs,
JPMC,
Citigroup,
Bank
of
America,
Barclays…),
s’agglutinent
aux
pieds
de
la
Banque
centrale
de
New
York.
Timothy
Geithner
qui
est
le
Président,
a
convoqué
une
réunion
le
vendredi
12
septembre,
à
6.00
PM,
pour
évoquer
sort
de
Lehman.
La
réunion
se
prolongera
en
réalité
tout
le
week-‐end
devant
la
gravité
de
la
situation.
Henry
Paulson,
le
grand
argentier
de
l’Etat,
s’est
déplacé
tout
comme
Christopher
Cox,
le
patron
de
la
SEC,
qui
a
suivi
tout
comme
Ben
Bernanke,
le
numéro
1
de
la
Réserve
fédérale.
Les
plus
grands
sont
là,
c’est
une
réunion
au
sommet
entre
les
puissants.
Le
message
de
Washington
aux
banquiers
new-‐yorkais
ne
variera
pas
d’un
iota
tout
au
long
du
week
end:
la
solution
doit
venir
de
l’industrie.
Aux
banquiers
de
se
mobiliser
pour
sauver
l’un
des
leurs.
L’Etat,
cette
fois-‐ci,
ne
bougera
pas.
L’heure
est
grave.
Le
maire
de
New
York,
Michael
Bloomberg,
qui
fut
en
son
temps
un
salarié
de
la
société
Salomon
Brothers,
a
annulé
sa
petite
escapade
en
Californie
pour
rencontrer
Arnold
Schwarzenegger.
Il
préfère
rester
près
de
son
téléphone
pour
savoir
à
quelle
sauce
vont
être
mangés
les
25.000
employés
de
Lehman
Brothers.
17. 17
Nous
sommes
désormais
le
dimanche
14
septembre
2008.
La
crise
ne
faiblit
pas,
bien
au
contraire,
elle
s’aggrave.
A
la
manière
du
loto,
une
question
taraude
les
financiers
:
à
qui
le
tour
?
Aujourd’hui,
c’est
le
jour
du
seigneur.
En
principe,
personne
ne
travaille.
En
principe
seulement.
Chez
Lehman
Brothers,
au
siège
social
à
Manhattan,
dans
les
bureaux
les
plus
élevés
du
bâtiment,
les
influents
sont
inquiets.
Une
réunion
est
organisée
vers
3.00
PM
avec
les
avocats
et
banquiers
d’affaires
de
la
société.
La
situation
est
grave,
mais
elle
est
pire
que
prévu.
Harvey
Miller,
l’avocat
d’affaires
spécialisé
en
droit
des
faillites
prévient
Richard
Fuld
que
Lehman
Brothers
va
devoir
se
déclarer
en
faillite.
Pourtant,
plus
tôt
dans
la
journée,
l’espoir
était
toujours
là,
notamment
lorsque
Bank
of
America
a
envisagé
le
rachat
de
Lehman.
John
Thain,
ex-‐Goldman
boy
mais
désormais
PDG
de
Merill
Lynch,
a,
lui,
retourné
sa
veste
le
samedi
matin
lors
de
la
réunion
organisée
par
Geithner.
Comprenant
que
sa
banque
serait
très
probablement
la
prochaine
à
tomber,
il
appelle
sur
le
champ
Ken
Lewis,
le
PDG
de
Bank
of
America,
pour
lui
offrir…
Merrill
Lynch
!
Pendant
ce
temps,
un
autre
ancien
de
Goldman
Sachs,
Christopher
Flowers,
épluche
la
comptabilité
de
Lehman
avec
les
équipes
de
Bank
of
America.
Tout
cela
ressemble
à
un
complot
(encore
faut
il
savoir
que
Goldman
Sachs
est
la
banque
rivale
de
Lehman…).
Au
final,
les
représentants
de
Bank
of
America
ont
analysé
les
livres
de
compte
de
Lehman
pendant
douze
jours
en
vue
du
rachat,
et
en
un
seul
week-‐end,
Merrill
Lynch
a
raflé
la
mise.
Bank
of
America
accepte
de
payer
50
milliards
de
dollars
pour
racheter
Merril.
Lehman
ne
l’intéresse
plus,
c’est
une
grande
opportunité
qui
s’envole.
C’est
alors
que
Barclays,
banque
d’investissement
britannique,
contacte
Lehman
qu’elle
sait
sur
le
point
de
faire
faillite.
Elle
lui
propose
de
l’acheter.
Dick
Fuld
sûr
de
lui
n’imagine
pas
une
seule
seconde
sa
boite
faire
banqueroute,
surtout
qu’il
l’a
amère
depuis
la
trahison
de
Bank
of
America.
Il
est
donc
prêt
à
accepter
la
proposition
de
la
banque
britannique.
Il
en
parle
aux
avocats
mais
ces
derniers
l’alerte
sur
un
point
sensible
:
l’accord
des
pouvoirs
publics
américains.
En
effet,
une
acquisition
de
cette
envergure
est
risquée
pour
Barclays,
très
risquée,
d’autant
plus
que
les
conseilles
financiers
de
la
banque
britannique
savent
très
bien
que
la
situation
«
officielle
»
de
Lehman
cache
de
graves
irrégularités,
et
qu’en
réalité,
l’état
de
sa
situation
financière
officieuse
est
dramatique.
Barclays
demande
donc
à
Fuld
pour
concrétiser
le
rachat
de
Lehman
la
meilleure
garantie
qu’il
soit
:
la
Fed
ou
le
Trésor
américain.
Sans
plus
tarder,
Fuld
et
ses
collaborateurs
se
précipitent
sur
le
téléphone
pour
contacter
Greenspan,
le
boss
de
la
Fed.
Ils
obtiennent
un
rendez
et
s’y
rendent
sur
le
champ.
Les
négociations
ont
lieu,
longtemps,
très
longtemps,
et
le
verdict
finit
par
tomber
dans
l’après
midi.
La
Fed
refuse
d’aider
Lehman
Brothers
et
ne
donnera
pas
de
garanties
à
Barclays
pour
finaliser
le
rachat.
Aux
alentours
de
4.00
PM,
la
situation
semble
acquise
:
Lehman
Brothers
va
se
déclarer
en
faillite.
Ce
sera
une
onde
de
choc
terrible,
du
jamais
vu,
18. 18
explique
un
proche
collaborateur
de
Fuld.
Mais,
le
CEO
est
tenace,
il
ne
supporte
pas
l’idée
de
voir
sa
société
plonger.
Mais,
quelle
solution
lui
proposer
?
Par
quels
moyens
peut-‐il
donner
des
garanties
à
Barclays,
la
Fed
ayant
refusé
?
Ah
oui,
demander
la
garantie
du
Trésor
américain,
bon
sang,
pourquoi
ne
pas
y
avoir
pensé
plus
tôt.
Lehman
est
sauvé.
Si
le
Trésor
accepte
de
donner
une
garantie
à
Barclays,
Fuld
restera
à
la
tête
de
Lehman.
Toutefois,
il
y
a
un
petit
problème
dans
cette
mécanique.
En
réalité,
le
problème,
c’est
le
secrétaire
du
Trésor,
Heny
Paulson.
Henry
Paulson
est
un
homme
d’affaires
américain,
mais
avant
d’être
le
secrétaire
du
Trésor,
il
a
occupé
un
poste
bien
plus
gratifiant
de
1998
à
2006:
CEO
de
Goldman
Sachs,
or,
Goldman
Sachs
est
l’ennemi
juré
de
Lehman
Brothers.
Dès
lors,
le
petit
problème
est
en
réalité
énorme.
Fuld
et
Paulson
se
détestent,
mais
une
lueur
d’espoir
reste
permise
si
la
morale
et
la
conscience
humaine
de
Paulson
le
pousse
à
se
rendre
à
l’évidence
:
comment
pourrait-‐il,
même
par
vengeance
personnelle
et
par
le
plaisir
qu’il
prendrait
à
faire
couler
son
rival,
refuser
de
venir
en
aide
au
numéro
4
de
Wall
Street
?
Osera-‐t-‐il
mettre
la
banque
en
faillite,
osera-‐
t-‐il
créer
l’onde
de
choc
qu’il
combat
depuis
des
mois
?
Les
négociations
commencent
dans
la
soirée,
par
voie
téléphonique
uniquement.
Les
deux
hommes
se
contactent
directement,
pas
d’entremetteur,
paroles
d’homme
à
homme.
Les
deux
puissants
ont
le
destin
du
monde
entre
leurs
mains.
Si
Paulson
refuse
de
venir
en
aide
à
Lehman,
il
condamnera
le
monde
à
des
années
de
récession
économique.
Vers
01.00
AM,
le
lundi
15
septembre,
les
négociations
échouent.
Maintenant,
c’est
sûr,
Lehman
va
faire
faillite,
les
banquiers
d’affaires
quittent
la
tour,
les
avocats
quant
à
eux
se
mettent
au
travail
et
rédigent
la
mise
en
faillite
de
la
banque
américaine.
Paulson
se
justifie
en
mettant
en
avant
le
fait
que
«
l’Etat
refuse
de
payer
les
bêtises
des
uns
par
l’argent
des
contribuables
».
Nul
ne
saura
jamais
s’il
était
sincère
ou
s’il
a
refusé
d’aider
Lehman
par
pure
fierté.
Seul
probablement
Richard
Fuld
le
sait,
étant
le
seul
lui
ayant
parlé
au
téléphone
dans
la
nuit
de
dimanche
à
lundi.
Quoi
qu’il
en
soit,
cette
nuit
du
14
au
15
septembre
2008
fût
l’événement
le
plus
médiatisé
depuis
2007,
et
encore
aujourd’hui.
La
journée
de
lundi
s’annonçait
déjà
comme
dramatique…
Le
15
septembre
2008
au
petit
matin,
plusieurs
institutions
financières
sont
dans
la
tourmente.
En
France,
les
agences
de
presse
attendent,
postées
devant
les
entrées
des
principales
banques
françaises
(BNP,
CA,
SG).
Les
patrons
arrivent
en
avance,
ils
savent
à
cette
heure
que
Lehman
à
fait
faillite
mais
ce
qu’ils
ne
savent
pas,
c’est
la
réaction
du
marché.
Et
le
pire
arriva…
les
Bourses
chutent.
L’indice
dow
jones
finit
la
séance
à
10
917.5
points,
en
retrait
de
plus
de
4
%.
C’est
la
plus
forte
baisse
depuis
sept
ans.
Le
titre
Goldman
Sachs
s’affiche
en
recul
de
19
%,
l’action
Citigroup
suit
de
près
à
15
%.
La
société
Lehman
Brothers,
créée
en
1850
par
l’immigré
allemand
Henry
Lehman
dans
un
coin
perdu
de
19. 19
l’Alabama,
n’est
plus.
Rideau
sur
Lehman
Brothers.
L’image
que
l’on
voit
en
direct
grâce
aux
médias
au
journal
de
13H00
restera
à
jamais
gravée
dans
les
mémoires
des
gens.
Les
employés
quittent
le
siège
de
Lehman,
un
par
un…
Une
page
de
l’histoire
se
tourne
pour
le
monde
entier.
Pendant
ce
temps,
le
flux
stable
de
dollars
américains
qui
abreuve
habituellement
le
monde
n’est
plus
là.
Les
prêts
interbancaires
cessent
et
le
marché
des
billets
de
trésorerie
qui
anime
habituellement
les
relations
interentreprises
coince,
laissant
les
entreprises
dans
un
vide
financier
sans
précédent.
Depuis
1980,
les
américains
investissent
leurs
économies
dans
les
fonds
du
marché
monétaire
qui
prête
ensuite
l’argent
aux
entreprises.
Au
moment
de
sa
chute,
Lehman
devait
800
millions
de
dollars
à
un
fond
de
marché
monétaire,
argent
qu’il
ne
reverra
jamais.
Les
actionnaires
des
fonds
mutuels
retirent
peu
à
peu
leur
argent
du
marché
monétaire,
les
liquidités
disparaissent
au
fil
de
la
journée
et
c’est
une
grande
menace
pour
les
entreprises
qui
ont
besoin
de
ces
liquidités
à
très
court
terme.
Le
mercredi,
tous
les
établissements
n’ont
plus
accès
aux
crédits,
la
crise
franchit
un
nouveau
seuil.
Les
entreprises
américaines
les
plus
puissantes
n’avaient
plus
de
cash
pour
les
salaires
ou
les
stocks
!
Pendant
les
3
jours
qui
suivent
la
chute
de
Lehman,
les
gouvernements
gèrent
les
problèmes
au
cas
par
cas.
Ils
doivent
notamment
s’occuper
d’un
patient
malade
depuis
déjà
plusieurs
mois,
AIG.
Le
groupe
approche
du
ravin
dans
lequel
Lehman
vient
de
tomber.
L’Etat
ne
veut
pas
prendre
le
risque
de
le
laisser
s’écrouler,
il
s’engage
à
investir
85
milliards
de
dollars
en
échange
de
85%
de
participation
dans
le
groupe.
Les
banques
britanniques
quant
à
elle
sont
au
fond
du
trou.
Prochaine
victime,
HBOS
(Halifax
Bank
of
Scotland),
l’Etat
doit
en
effet
renégocier
sa
revente
pour
12
milliards
de
livres.
Gordon
Brown
pense
alors
que
c’est
au
Royaume
Uni
de
lancer
un
plan
de
sauvetage
financier.
Ce
plan
changera
radicalement
le
cours
de
choses
mais
pour
l’heure,
les
USA
doivent
faire
face
à
la
situation
qui
est
la
leur.
Ce
qui
menace
les
banques,
ce
sont
toujours
ces
actifs
toxiques
acquis
par
les
banques
avec
un
effet
de
levier
qui
ne
cesse
de
s’accroitre.
L’effet
de
levier
augmente
les
bénéfices
mais
décuple
les
pertes…
Il
est
impossible
pour
les
banques
de
vendre
des
actifs
au
prix
du
marché,
elles
vendent
20. 20
toutes
à
pertes.
Elles
n’avaient
plus
assez
de
capitaux
et
de
liquidités,
elles
étaient
vraiment
coincées.
En
fin
d’après
midi,
le
mercredi
17
septembre,
le
Trésor
américain
par
la
voie
du
fameux
Paulson
décide
de
prendre
le
problème
à
bras
le
corps.
En
réalité,
quatre
options
lui
été
proposées
:
soit
racheter
directement
les
actifs
toxiques,
soit
assurer
ces
actifs,
soit
injecter
des
capitaux
en
achetant
des
parts
aux
fonds,
soit
le
renflouement
monétaire.
Toutes
ces
options
sont
chères
et
nécessitent
dans
tous
les
cas
l’accord
du
Congrès.
Une
conférence
a
lieu
à
01.00
AM
dans
la
nuit
le
jeudi
18
septembre.
Paulson
demande
alors
à
Bush
de
soutenir
le
projet
de
rachat
des
actifs
toxiques,
c’est
la
première
option
qui
a
été
retenue.
Bush
hésite,
mais
sous
l’importance
la
rapidité
de
décision
qu’appelle
la
situation,
le
Président
accepte
que
la
demande
soit
faite
au
Congrès
pour
introduire
une
motion
d’urgence.
La
nouvelle
se
répand
très
vite.
Une
heure
plus
tard,
Bernanke
et
Paulson
s’entretiennent
avec
les
hommes
les
plus
influents
de
Washington.
Paulson
demande
l’autorisation
d’acheter
des
centaines
de
milliards
d’actifs
toxiques
avec
l‘argent
du
contribuable
(que
c’est
bizarre,
ce
cher
Paulson
qui
quelques
jours
plus
tôt
refuser
d’utiliser
l’argent
de
ce
même
contribuable
pour
renflouer
Lehman).
Lors
des
discussions,
un
membre
du
Congrès
suggère
que
l’Etat
achète
des
parts
aux
banques
et
les
nationalise
en
partie,
mais
cela
n’était
pas
concevable
dans
la
politique
de
Bush
donc
cette
proposition
fut
rejetée.
Suite
à
la
réunion,
Paulson
parle
d’une
Amérique
unie.
Le
secrétaire
au
Trésor
fit
une
déclaration
retentissante
parlant
d’un
pays
capable
de
s’unir
et
d’agir
vite
quand
la
situation
l’exigeait
pour
le
bien
de
ses
citoyens.
Cette
action
malgré
la
mauvaise
foi
flagrante
suffit
à
dynamiser
les
marchés
du
monde
entier.
A
Londres
le
FTSE
(dit
«
footsie
»,
l’indice
boursier
des
100
entreprises
les
plus
capitalisées
à
la
Bourse
de
Londres)
gagne
plus
de
400
points.
À
6
semaines
des
élections,
il
ne
sera
toutefois
pas
facile
d’obtenir
l’accord
des
législateurs.
Paulson
s’est
adressé
aux
congrès
3
jours
après
la
faillite
de
Lehman.
La
facture
est
de
700
milliards
de
dollars.
John
McCain,
candidat
républicain
à
la
Présidence,
refusa
de
se
prononcer
pour
ou
contre
le
projet
de
loi,
ce
qui
retarda
considérablement
l’adoption
du
plan.
Le
plan
de
sauvetage
s’enlise,
comme
toujours
quand
les
politiques
s’en
mêlent.
Cela
fait
10
jours
que
Lehman
Brothers
n’est
plus,
les
bourses
mondiales
s’affolent,
l’Irlande