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       1. MĂ©tabolisme de l’azote


       Le cycle biogĂ©ochimique de l’azote est alimentĂ© par un rĂ©servoir d’azote
atmosphérique (N2) de plus de 3.8 X 1015 tonnes métriques. Six processus, tous mis
en marche par des microorganismes, permettent aux différentes formes réduites ou
oxydĂ©es de l’azote de circuler dans l’environnement: la fixation, l’assimilation,
l’ammonification, la nitrification, la dĂ©nitrification et l’oxydation anaĂ©robique de
l’ammonium (NH4+) (anammox) (voir figure 1) (Atlas et Bartha, 1998).




Figure 1.   Cycle    de     l’azote.   (Figure   tirĂ©e  de           http://www.mpi-
       bremen.de/en/Nitrogen_Cycling_in_the_Black_Sea.html).



En résumé, la fixation consiste en la réduction du N2 en ammoniac (NH3). Le NH3 est
ensuite assimilé par les plantes et incorporé dans des molécules organiques comme
les acides aminĂ©s, les nuclĂ©otides, etc. Les acides aminĂ©s et d’autres petites
molĂ©cules contenant de l’azote peuvent ĂȘtre assimilĂ©s directement par les animaux,
les champignons et divers hĂ©tĂ©rotrophes. L’azote organique des plantes et des
animaux morts est reconverti en NH3 par ammonification. La nitrification, effectuée
par des bactĂ©ries du sol, consiste en l’oxydation du NH3 jusqu’au nitrate (NO3-) en
passant par le nitrite (NO2-). Les plantes assimilent aussi le NO3- et le réduisent en
NH3. Pour compléter le cycle, le NO3- est réduit en N2 en passant par les
intermĂ©diaires suivants: le NO2-, le monoxyde d’azote (NO) et le protoxyde d’azote
(N2O). Dans l’ocĂ©an, le NH3 et le NO2- peuvent ĂȘtre convertis directement en N2 par
un processus appelé anammox. Dans ce cas, le NH4+, la forme cationique du couple
NH3/NH4+ majoritaire en solution à un pH physiologique, réagit avec le NO2- pour
donner du N2 et deux molĂ©cules d’eau. La premiĂšre partie de cette revue de littĂ©rature
se consacrera à l’assimilation et la fixation de l’azote.


       1.1 L’assimilation de l’azote
3



       Une variĂ©tĂ© de composĂ©s organiques azotĂ©s peut ĂȘtre assimilĂ©e par les
microorganismes. Le NH3 est souvent la source d’azote prĂ©fĂ©rĂ©e. C’est le cas pour
Escherichia coli puisque le NH3 supporte le taux de croissance le plus rapide. E. coli
a servi d’organisme modĂšle pour l’étude de l’assimilation du NH3. Deux voies
métaboliques entrent en jeux pour la génération de glutamate et de glutamine à partir
du NH3. Lorsque le milieu est limité en NH3, la glutamine synthétase (GS) (GlnA) et
la glutamate synthase (GOGAT) (GltBD) catalysent les réactions suivantes:

A) glutamate + ATP + NH3 => glutamine + ADP + PO4-2 (GS)

B) glutamine + α-cétoglurate + NADPH => 2 glutamates + NADP+ (GOGAT)

Lorsque le NH3 est abondant dans le milieu, la glutamate déhydrogénase (GDH)
(GdhA) catalyse la réaction suivante :


C) α-cétoglutarate + NH3 + NADPH => glutamate + NADP+ (GDH)


Chez certaines bactéries pourpres non-sulfureuses telles que Rhodobacter capsulatus
et Rhodoblastus acidophilus, la L-alanine déhydrogénase (AldA) est responsable de
l’assimilation de l’azote dans un milieu riche en NH3 en catalysant la rĂ©action
suivante (Caballero et al., 1989; Herbert et al., 1978) :


D) pyruvate + NADH + NH3 => L-alanine + NAD + H2O


La voie d’assimilation GS-GOGAT est plus appropriĂ©e dans un environnement
pauvre en NH3 parce que l’affinitĂ© de la glutamine synthĂ©tase pour le NH3 est plus
haute que celle de la glutamate déhydrogénase. En effet, la constante de Michaelis
(Km) de la glutamine synthétase pour le NH3 est de <0,2 mM alors que celle de la
glutamate déhydrogénase est de >1 mM (Miller et Stadtman, 1972). Par contre, la
voie GS-GOGAT nĂ©cessite prĂšs de 15 % des molĂ©cules d’ATP disponibles dans la
cellule (Lengeler et al., 1999). Une fois la glutamine et le glutamate synthétisés, et
4


donc le NH3 assimilé, diverses voies métaboliques sont alimentées pour la synthÚse
des composantes azotées de la cellule (Revue par Reitzer, 2003). Le glutamate
fournit ~88 % de l’azote cellulaire et la glutamine fournit le reste (Wohlheuter et al.,
1973). Outre son rĂŽle dans la biosynthĂšse, chez Escherichia coli, le glutamate
participe Ă  la rĂ©ponse de la cellule au stress osmotique. Quand l’osmolaritĂ© externe
s’accentue, la concentration intracellulaire en glutamate et en K+ augmente (Revue
par Csonka et Hanson, 1991). Le glutamate forme le plus important groupe d’anions
contrebalançant la présence de K+. La concentration en glutamate demeure constante
en dĂ©pit de l’ajout d’azote externe (Revue par Csonka et Hanson, 1991). En
permanence inférieure à la concentration en glutamate, la concentration en glutamine
intracellulaire varie selon la disponibilité en azote externe et est un indicateur de
celle-ci (Ikeda et al., 1996). Le rÎle détaillé de la glutamine dans la régulation du
mĂ©tabolisme de l’azote sera abordĂ© ultĂ©rieurement.


       1.1.1 La glutamate déhydrogénase et la L-alanine déhydrogénase


       La glutamate déhydrogénase est un hexamÚre composé de sous-unités
identiques avec un poids moléculaire total de 300 kDa. Cette enzyme est encodée par
le gĂšne monocistronique gdhA Ă  partir d’un promoteur unique σ70-dĂ©pendant (voir
figure 2). Chez Escherichia coli, la prĂ©sence de glutamate ou d’aspartate externe
rĂ©prime l’expression de la glutamate dĂ©hydrogĂ©nase par un mĂ©canisme inconnu
(Revue par Reitzer, 1996). Chez une autre entérobactérie, Klebsiella aerogenes,
l’ajout de lysine dans le milieu rĂ©duit par deux la formation de glutamate
déhydrogénase in vivo (Janes et al., 2001). La pauvreté du milieu en NH3 entraßne
aussi une réduction de la transcription de gdhA. La protéine NAC (Nitrogen
Assimilation Control) cause cette répression chez Escherichia coli, chez Klebsiella
aerogenes et chez Klebsiella pneumoniae (Camarena et al., 1998; Macaluso et al.,
1990; Rosario et Bender, 2005). NAC est composée de deux sous-unités identiques
de 32 kDa et appartient à la famille des régulateurs de la transcription LysR. En effet,
NAC possùde en N-terminal un motif d’attachement à l’ADN HTH (Helix-Turn-
Helix) typique de la famille LysR. Contrairement aux régulateurs de cette famille, la
5


protĂ©ine NAC n’a pas besoin de l’attachement d’une petite molĂ©cule effectrice en C-
terminal pour ĂȘtre active (Schwacha et Bender, 1993). En plus de la glutamate
déhydrogénase, NAC réprime sa propre expression et celle de la glutamate synthase.
NAC active la transcription des opérons hut (histidine utilization), ure (urea
utilization), dad (d-amino acid dehydrogenase) et cod (cytosine deaminase). À
remarquer, tous ces opérons sont transcrits avec une ARN polymérase associée au
facteur σ70. Quant au gĂšne nac, il est transcrit par une ARN polymĂ©rase associĂ©e au
facteur σ54 et nĂ©cessite la prĂ©sence de l’activateur NtrC~P. Cette protĂ©ine est
phosphorylée lorsque la concentration en NH3 dans le milieu est faible. Ainsi, NAC
permet le couplage du systÚme de régulation à deux composantes NtrB (NRII) / NtrC
(NRI) avec des opĂ©rons transcrits Ă  l’aide du facteur σ70 (Bender, 1991). Les sections
1.1.3.2 et 1.1.3.3 apporteront plus de dĂ©tails quant aux facteurs σ et au systĂšme de
régulation à deux composantes Ntr. Chez Klebsiella aerogenes, la transcription de
gdhA est rĂ©duite par trois lorsque NAC s’attache Ă  une sĂ©quence ATC-N9-TAT aux
alentours de la position -89 par rapport au site d’initiation de la transcription. Dans
cette conformation, Nac concurrence probablement un activateur inhibé par la
présence de lysine. La répression est plus forte (10 fois moins de transcription de
gdhA) lorsque NAC, sous une forme tĂ©tramĂ©rique, s’attache aux alentours des
positions -89 et +57 et induit la formation d’une boucle d’ADN bloquant la
transcription (Goss et al., 2002; Rosario et Bender, 2005).




Figure 2. OpĂ©ron gdhA d’Escherichia coli. LĂ©gende: rose = rĂ©presseur. (Figure
      tirée           de              http://biocyc.org/ECOLI/NEW-IMAGE?
      type=OPERON&object=TU0-1201; Keseler et al., 2004).



       Chez Escherichia coli, un site d’attachement pour la protĂ©ine rĂ©gulatrice CRP
(ou CAP) couvrant la région -35 du promoteur de gdhA a été identifié (Riba et al.,
1988). Cet homodimùre de 44 kDa possùde deux motifs d’attachement à l’ADN HTH
et est impliqué dans la répression catabolique; c'est-à-dire dans la gestion de
6


l’expression des enzymes nĂ©cessaires au mĂ©tabolisme de sources de carbone (lactose,
maltose, glycérol, etc.) moins favorables à la croissance bactérienne aprÚs
l’épuisement du glucose, un sucre permettant une croissance plus rapide. CRP active
la transcription Ă  partir de plus d’une centaine de promoteurs et rĂ©prime l’expression
de certains gĂšnes tel que ompA (outer membrane complex A protein), crp et l’opĂ©ron
gal (galactose). En prĂ©sence de l’effecteur allostĂ©rique cAMP (AMP cyclique), la
protĂ©ine CRP s’attache Ă  une sĂ©quence de 22 pb et amĂ©liore ou rend difficile l’accĂšs
au promoteur de l’ARN polymĂ©rase (Revue par Lawson et al., 2004). La
concentration en cAMP est inversement proportionnelle au taux de croissance.
L’enzyme responsable de la synthĂšse du cAMP, l’adĂ©nylate cyclase (Cya), est
probablement activée par la forme phosphorylée de IIAGlc, une protéine jouant un rÎle
dans le systÚme phosphoénolpyruvate:sucre phosphotransférase de transport des
sucres (PTS) (Park et al., 2006). Dans le cas de gdhA, la protéine CRP est un
rĂ©presseur puisque la quantitĂ© d’ARNm et l’activitĂ© de GdhA sont plus importante en
prĂ©sence de glucose qu’en prĂ©sence de glycĂ©rol (Riba et al., 1988).


       La L-alanine déhydrogénase de Rhodobacter capsulatus est composée de six
sous-unités identiques et possÚde un poids moléculaire total de 240 kDa. Le Km de
cette enzyme pour le NH3 se situe entre 8.3 mM et 28 mM dépendant de la souche de
Rhodobacter capsulatus étudiée (Caballero et al., 1989). La régulation de
l’expression ou de l’activitĂ© de la L-alanine dĂ©hydrogĂ©nase est un sujet peu Ă©tudiĂ©.
Chez Rhizobium leguminosarum, une bactĂ©rie symbiotique fixatrice d’azote, un
rĂ©gulateur de la famille AsnC-Lrp, AldR, est nĂ©cessaire pour l’expression d’AldA
(Lodwig et al., 2004). Le régulateur AldR est une protéine de 17 kDa possédant un
motif d’attachement à l’ADN HTH en N-terminal typique de la famille AsnC.


       1.1.2 La glutamate synthase


       La glutamate synthase de la bactérie pourpre non-sulfureuse Azospirillum
brasilense est composĂ©e de quatre hĂ©tĂ©rodimĂšres formĂ©s d’une sous-unitĂ© de 160 kDa
et d’une autre de 52 kDa. gltB encode la grosse sous-unitĂ© alors que gltD encode la
7


petite sous-unité. GltB contient un cofacteur FMN (Flavine Mononucléotide) et un
centre [3Fe-4S]0, +1. GltD contient un cofacteur FAD (Flavine Adénine Dinucléotide)
et probablement deux centres [4Fe-4S]+1. +2 (Agnelli et al., 2005). GltB catalyse la
synthĂšse rĂ©ductive du glutamate Ă  partir de la glutamine et de l’α-cĂ©toglutarate
(αCG). La petite sous-unité GltD est une NADPH oxydoréductase FAD-dépendante
qui transfert des équivalents réducteurs du NADPH en passant par le cofacteur FAD,
le centre [3Fe-4S]0,   +1
                            et au moins l’un des deux centres [4Fe-4S]+1.   +2
                                                                                 jusqu’au
cofacteur FMN de la grosse sous-unité GltB (Revue par Van den Heuvel et al., 2004).


       Les gĂšnes gltB et gltD sont situĂ©s sur l’opĂ©ron gltBDF transcrit Ă  partir d’un
promoteur possĂ©dant un motif reconnu par le facteur σ70 (voir figure 3). Aucun rĂŽle
spĂ©cifique n’a Ă©tĂ© identifiĂ© pour GltF jusqu’à maintenant (Goss et al., 2001). Quatre
rĂ©presseurs et trois activateurs sont impliquĂ©s dans la rĂ©gulation de l’opĂ©ron gltBDF
d’Escherichia coli. Tout comme pour gdhA, CRP-cAMP s’attache en amont de
l’opĂ©ron gltBDF aux alentours de la position -65 et fait office de rĂ©presseur (Paul et
al., 2007). La protéine NAC est aussi impliquée dans la régulation négative de
gltBDF (Zimmer et al., 2000).




Figure 3. OpĂ©ron gltBDF d’Escherichia coli. LĂ©gende: rose = rĂ©presseur; vert =
      activateur. (Figure tirée de http://biocyc.org/ECOLI/NEW-IMAGE?
      type=GENE&object=EG10403; Keseler et al., 2004).



       Le rĂ©gulateur ArgR peut s’attacher aux alentours des sites -352 et -331 en
amont de gltBDF et rĂ©duit l’expression de cet opĂ©ron. ArgR est un hexamĂšre de 98
kDa composé de deux trimÚres liés par six arginine (Van Duyne et al., 1996). La
partie N-terminale de la protĂ©ine contient un site d’attachement Ă  l’ADN HTH alors
que la partie C-terminale contient un site d’attachement pour l’arginine. ArgR
reconnaĂźt un opĂ©rateur constituĂ© de deux sĂ©quences d’ADN plus ou moins
8


palindromiques de 18 pb séparées par 2 ou 3 pb appelées boßtes ARG (Berg, 1988).
En plus de rĂ©primer la transcription d’une trentaine de gĂšnes donc ceux responsables
de la biosynthùse de l’arginine (argE, argI, argCBH, argD, argR, argG, carAB, etc.),
ArgR est impliqué dans la recombinaison site-spécifique permettant la résolution en
monomÚre de multimÚres de plasmides possédant un origine de réplication ColE1
(Stirling et al., 1988). Sachant que le glutamate est un prĂ©curseur de l’ornithine qui Ă 
son tour est convertit en arginine, le produit final de cette voie de synthĂšse exerce
donc une inhibition «feedback» par l’entremise d’ArgR sur la glutamate synthase.


       FNR (Fumarate and Nitrate Reduction) est le dernier facteur de transcription
rĂ©primant lĂ©gĂšrement l’expression de la glutamate synthase (Constantinidou et al.,
2006). De la mĂȘme famille que le rĂ©gulateur CRP, FNR est un homodimĂšre de 56
kDa possĂ©dant un motif d’attachement Ă  l’ADN HTH en C-terminal et un centre Fe-S
en N-terminal (Revue par Körner et al., 2003). FNR contrĂŽle l’expression de plus de
100 gĂšnes impliquĂ©s dans le passage de la bactĂ©rie d’un environnement aĂ©robie Ă  un
environnement anaĂ©robie. En particulier, FNR rĂ©prime l’expression des gĂšnes
responsables de la respiration aérobie et active ceux qui permettent la réduction
d’accepteurs d’électrons alternatifs comme le nitrate et le fumarate. Le centre Fe-S
permet à FNR de sentir le niveau d’O2 dans la cellule. En effet, l’O2 convertit les
deux centres [4Fe-4S]2+ du dimĂšre en centres [2Fe-2S]2+. Dans cette conformation,
FNR devient incapable de se lier à l’ADN à cause d’une diminution de son taux de
dimérisation (Revue par Kiley et Beinert, 2003).


       En absence des activateurs Lrp (Leucine-responsive Regulatory Protein) et
IHF (Integration Host Factor), l’expression de l’opĂ©ron gltBDF est rĂ©duit 30 fois
(Paul et al., 2001). Ces deux protĂ©ines s’attachent simultanĂ©ment en amont de
gltBDF; aux alentours des positions -246, -215 et -152 pour Lrp et des positions -89
et -85 pour IHF. Lrp d’Escherichia coli est un homodimĂšre de ~40 kDa possĂ©dant un
motif d’attachement à l’ADN HTH en N-terminal, un domaine central responsable de
la régulation de la transcription et un domaine C-terminal sensible à la leucine. Lrp
affecte la transcription d’au moins 10% de tous les gùnes d’Escherichia coli; entre
9


autre, ceux impliqués dans le métabolisme des acides aminés ou dans la synthÚse des
pili (Revue par Brinkman et al., 2003). La leucine indique au régulateur Lrp la
quantité disponible de protéines et de peptides dans le milieu. Dépendant de
l’abondance en nutriments, Lrp inhibe habituellement l’expression des gĂšnes associĂ©s
au catabolisme et active l’expression de ceux associĂ©s Ă  l’anabolisme. La leucine peut
attĂ©nuer ou accentuer l’activitĂ© de rĂ©gulation de Lrp ou encore n’avoir aucun effet.
Une cellule d’E. coli contient 3000 dimùres de Lrp. À une concentration comparable
in vitro, les dimÚres Lrp forment un complexe hexadécamÚrique réduit en octamÚre
en présence de leucine (Chen et al., 2001; Chen et Calvo, 2002). Selon le modÚle
proposé par Chen et al. (2001), les deux formes oligomériques de Lrp interagissent
avec différents promoteurs ce qui explique la variabilité des effets de la leucine.
Compte tenu de la grande quantité de Lrp dans la cellule, ce régulateur pourrait agir
aussi en tant qu’organisateur de la structure du chromosome (D’Ari et al., 1993).
Dans le cas de l’opĂ©ron gltBDF, la rĂ©gulation Lrp est peu sensible Ă  la leucine. Par
contre, l’expression de Lrp est stimulĂ©e par le ppGpp (3’, 5’-bipyrophosphate
guanosine), un indicateur d’une limitation en acides aminĂ©s ou en sources d’énergie
(Landgraf et al., 1996). La combinaison d’IHF et de Lrp stabilise le complexe formĂ©
entre l’ARN polymĂ©rase et le promoteur. IHF pourrait plier l’ADN de maniĂšre Ă 
permettre un contact entre les complexes ARN-polymérase-gltBp et Lrp-ADN (Paul
et al., 2007). IHF est un hétérodimÚre composé de deux sous-unités de 10 kDa
chacune encodées par himA et himD. Contrairement aux autres membres de la famille
«DNA-binding Proteins» de type II (HU, TF1, etc.), IHF reconnaßt la séquence
consensus T/AATCAANNNNTTA/G et s’attache spĂ©cifiquement Ă  ce site (Revue
par Travers, 1997). IHF plie l’ADN de 160° et participe, entre autre, à la
condensation du chromosome (Revue par Swinger et Rice, 2004).


       Le troisiĂšme et dernier facteur activant la transcription de gltBDF est GadE,
une protĂ©ine impliquĂ©e dans l’adaptation d’Escherichia coli Ă  un environnement
acide (Hommais et al., 2004). GadE a un poids moléculaire de ~20 kDa et contient un
motif d’attachement à l’ADN en C-terminal typique de la famille LuxR. L’effet
positif de GadE sur la transcription de gltBDF a été démontré par micropuce ADN et
10


l’attachement de GadE au promoteur de gltBDF a Ă©tĂ© observĂ© par retard sur gel.
GadE est exprimée préférentiellement à un pH acide de 4.5 ou 5.5 par rapport à un
pH de 7.4 (Tucker et al., 2002). E. coli possĂšde quatre systĂšmes pour survivre dans
un milieu acide: un systÚme réprimé par le glucose peu caractérisé et trois systÚmes
basĂ©s respectivement sur la dĂ©carboxylation du glutamate, de l’arginine et de la
lysine (Castanie-Cornet et al., 2001; Iyer et al., 2003). De ces quatre mécanismes, la
décarboxylation du glutamate est celui qui consomme le plus de protons. Puisque le
transport du glutamate Ă  l’intĂ©rieur de la cellule entraĂźne l’entrĂ©e simultanĂ©e d’un
proton, la production intracellulaire de glutamate par GltBD est essentielle pour que
ce systÚme de survie soit efficace. En plus de cet opéron, GadE active, entre autre,
l’expression des gĂšnes gadA, gadB et gadC responsables de la dĂ©carboxylation du
glutamate (Ma et al., 2003).


       1.1.3 La glutamine synthétase


        La glutamine synthétase bactérienne est un dodécamÚre de ~620 kDa formé
de deux anneaux hexamĂ©riques se faisant face (voir figure 4i). L’enzyme possĂšde 12
sites actifs localisĂ©s Ă  l’interface entre le domaine C-terminal d’une sous-unitĂ© et le
domaine N-terminal de la sous-unité adjacente. La grande majorité des résidus
composant le site actif provient du domaine C-terminal. Le glutamate et l’ATP
s’attache aux extrĂ©mitĂ©s opposĂ©es du site actif en forme de sablier (voir figures 4i et
4ii). Au centre du site actif, 2 Mg2+ et/ou 2 Mn2+ se lient aux sites n1 et n2. Le cation
n1 stabilise la forme active de la glutamine synthétase et joue un rÎle dans
l’attachement du glutamate. Le cation n2 est impliquĂ© dans le transfert du groupe
phosphoryl-. La synthĂšse de la glutamine se fait en deux Ă©tapes: la formation de
l’intermĂ©diaire Îł-glutamyl phosphate et la production de glutamine. En premier lieu,
le cation n2 coordonne le γ-phosphate de l’ATP pour permettre la phosphorylation du
groupe Îł-carboxylate du glutamate et la synthĂšse de l’intermĂ©diaire. Finalement, le
NH3 attaque le Îł-glutamyl phosphate et entraĂźne la libĂ©ration d’une molĂ©cule de
phosphate et d’une molĂ©cule de glutamine (Revue par Eisenberg et al., 2000). D’un
point de vue structural, l’arrivĂ©e de l’ATP Ă  proximitĂ© du cation n2 provoque la
11


migration de la boucle Asp-50’, la portion N-terminale du site actif, vers le futur site
d’attachement du NH4+ (voir figure 4ii). SimultanĂ©ment, l’arginine 339 se dĂ©place
vers le site d’attachement du groupe γ-carboxylate du glutamate. Ces deux
changements de conformation augmentent l’affinitĂ© de GlnA pour le NH4+ et le
glutamate. Le glutamate pénÚtre ensuite dans le site actif et se lie au-dessus de la
boucle Glu-327 (résidus 323-330) de façon à ce que le groupe γ-carboxylate soit dans
l’entourage du cation n1. La fonction principale de la boucle Glu-327 est d’empĂȘcher
l’hydrolyse aberrante de l’intermĂ©diaire Îł-glutamyl phosphate en bloquant l’entrĂ©e du
site actif. Le groupe amine du glutamate modifie l’orientation de la boucle Asn-264
(rĂ©sidus 255-266) et permet Ă  celle-ci de coopĂ©rer avec la sĂ©rine 53’ de la boucle
Asp-50’ pour stabiliser la boucle Glu-327 dans une conformation favorisant la
protection du site actif. La polarisation par les deux cations et l’arginine 339 du
groupe Îł-phosphate entraĂźne la synthĂšse du Îł-glutamyl phosphate. Une fois cette
Ă©tape franchit, le NH4+ entre dans le site actif et s’ancre dans le vestibule chargĂ©
nĂ©gativement formĂ© par les rĂ©sidus Glu-327, Asp-50’, Tyr-179, Glu-212 et Ser-53’.
Le NH4+ perd un proton au dĂ©pend de la chaĂźne latĂ©rale de l’asparagine 50’. L’attaque
par le NH3+ du Îł-glutamyl phosphate rĂ©sulte en la formation d’un adduit tĂ©traĂ©drique
lié à la glutamine 327 par un pont salin. Finalement, la glutamine est relùchée aprÚs le
transfert d’un proton de l’adduit vers la glutamine 327 et l’ouverture du site actif par
la boucle Glu-327 (Revue par Eisenberg et al., 2000).
12




i

ii



Figure 4. i. Site actif et anneau hexamérique de la glutamine synthétase. ii. Cycle
      de la biosynthÚse de la glutamine effectué par la glutamine synthétase.
      (Figure tirée de Eisenberg et al., 2000).


       1.1.3.1 La régulation transcriptionnelle de la glutamine synthétase


       La glutamine synthĂ©tase est encodĂ©e par le gĂšne glnA situĂ© sur l’opĂ©ron
glnALG (voir figure 5). GlnL (NtrB) et GlnG (NtrC) sont les membres d’un systùme
de régulation à deux composantes sur lequel nous reviendrons dans la section 1.1.3.3.
Chez Escherichia coli, GlnA est transcrit Ă  partir de deux promoteurs: glnAp1 et
glnAp2. Puisque la glutamine synthétase est la seule enzyme capable de fabriquer de
la glutamine, la bactérie doit exprimer un niveau basal de GlnA indépendamment de
la concentration en NH3 dans le milieu. glnAp1 est donc un promoteur plus faible que
glnAp2 permettant une transcription minimale de glnALG lorsqu’il y a abondance de
13


NH3 (Revue par Reitzer, 2003). Le promoteur σ70-dĂ©pendant glnAp1 est situĂ© 116 pb
en amont de glnAp2, un promoteur σ54-dĂ©pendant. glnAp2 est responsable de
l’augmentation draconienne de la transcription de glnA en conditions de croissance
déficientes en azote fixé. glnAp1 et glnAp2 peuvent assurer la transcription de glnA
seul ou de l’opĂ©ron glnALG en entier. En effet, la transcription Ă  partir de ces
promoteurs peut prendre fin ou non au terminateur Rho-indépendant situé dans la
partie 5’ de glnL (Rocha et al., 1985). En aval de glnA, le promoteur glnLp σ70-
dĂ©pendant permet l’expression exclusive de glnLG (Pahel et al., 1982).




Figure 5. OpĂ©ron glnALG d’Escherichia coli. LĂ©gende: rose = rĂ©presseur; vert =
      activateur; brun = activateur et répresseur. (Figure tirée de
      http://biocyc.org/ECOLI/NEW-IMAGE?type=GENE&object=EG10383;
      Keseler et al., 2004).



       Chez les bactéries pourpres non-sulfureuses tel que Rhodobacter capsulatus,
Rhodspirillum rubrum et Azospirillum brasilense, glnA fait partie de l’opĂ©ron glnBA.
glnB code pour un régulateur PII; famille de protéines occupant une place central
dans le mĂ©tabolisme de l’azote. Chez Rhodospirillum rubrum, le promoteur faible
σ70-dĂ©pendant glnBp1 et le promoteur fort σ54-dĂ©pendant glnBp2 ont des fonctions
similaires au couple glnAp1 et glnAp2 d’Escherichia coli (Cheng et al., 1999). Par
contre, la transcription à partir de glnBp2 en présence de NH4+ demeure plus forte que
celle Ă  partir de glnBp1. En plus des promoteurs glnBp1 et glnBp2, l’opĂ©ron glnBA
d’Azospirillum brasilense contient un troisiĂšme promoteur glnAp peu caractĂ©risĂ© et
situé entre les régions codantes de glnB et de glnA (de Zamaroczy et al., 1993). Chez
Rhodobacter capsulatus, malgré la présence de transcrits glnBA et de transcrits glnA,
seulement un couple de promoteurs glnBp1-2 bĂąti sur le mĂȘme modĂšle que celui
retrouvé chez Rhodospirillum rubrum a été détecté en amont de glnBA (Foster-
Hartnett et Kranz, 1994). À la diffĂ©rence de glnBp2 de Rhodospirillum rubrum, le
promoteur fort glnBp2 de Rhodobacter capsulatus est indĂ©pendant du facteur σ54.
14


Pour expliquer l’existence de transcrits glnA, Borghese et Wall (1995) ont recherchĂ©
la prĂ©sence de structures tige-boucle dans l’ARNm. Une structure tige-boucle
potentielle situĂ©e dans la partie 3’ de glnB pourrait ĂȘtre la cible de la RnaseIII et
entraĂźner une dĂ©gradation rapide de l’ARNm en amont. Une seconde structure tige-
boucle comprenant le codon de départ de glnB pourrait compliquer la traduction de
ce gĂšne.


       1.1.3.2 Les facteur σ 70 et σ 54


       La transcription des rĂ©gions codantes d’ADN en ARNm nĂ©cessite une
structure en cis, le promoteur, et un complexe enzymatique composé de cinq sous-
unitĂ©s (ÎČÎČ’α2ω), l’ARN polymĂ©rase. Pour s’attacher Ă  une sĂ©quence promoteur
spĂ©cifique et pour initier la transcription, l’ARN polymĂ©rase d’Escherichia coli doit
s’adjoindre une autre sous-unitĂ© sĂ©lectionnĂ©e parmi l’un des sept facteurs σ. Deux
facteurs σ sont impliquĂ©s dans l’expression de la glutamine synthĂ©tase: σ70 (rpoD) et
σ54 (rpoN). La famille σ70 est responsable de l’initiation de la transcription des gĂšnes
mĂ©nage et des gĂšnes facultatifs dans un environnement donnĂ©. C’est la famille de
facteurs σ prĂ©dominante durant la phase exponentielle de croissance. σ70 reconnaĂźt
deux éléments du promoteur de 5-6 pb de long centrés autour des positions -10 et
-35. SubsĂ©quemment Ă  la reconnaissance et Ă  l’ancrage sur le promoteur de l’ARN
polymĂ©rase ÎČÎČ’α2ωσ, les brins d’ADNdb sont sĂ©parĂ©s pour former le complexe
ouvert. Le brin gabarit s’approche du site actif de l’ARN polymĂ©rase et l’autre brin
est sĂ©questrĂ© par des acides aminĂ©s aromatiques du facteur σ. AprĂšs la synthĂšse d’un
brin d’ARN de 8 Ă  10 nuclĂ©otides de long, le relĂąchement du facteur σ permet Ă 
l’ARN polymĂ©rase d’échapper au promoteur et de progresser le long de la sĂ©quence
codante d’ADN jusqu’à la terminaison de la transcription. σ70 est une protĂ©ine de ~36
kDa constituĂ©e de quatre domaines (σ1, σ2, σ3, σ4) ayant des fonctions distinctes: σ1
rĂ©gule la cinĂ©tique de la transcription, σ2 s’attache Ă  la rĂ©gion -10 du promoteur, σ3
stabilise le complexe ouvert et σ4 s’attache Ă  la rĂ©gion -35. L’expression et l’activitĂ©
de σ70 sont contrĂŽlĂ©es par la rĂ©gulation transcriptionnelle, la maturation, la
15


dĂ©gradation protĂ©olytique et l’inhibition post-traductionnelle (revue par Paget et
Helmann, 2003). Le facteur σ54 est nĂ©cessaire pour l’expression de gĂšnes impliquĂ©s
dans l’assimilation de l’azote, l’utilisation de sources de carbone, certaines voies de
fermentation, la synthÚse des flagelles et la virulence bactérienne. De tous les
facteurs σ, σ54 est le seul qui ne soit pas un homologue de σ70. σ54 est une protĂ©ine
de ~54 kDa composée de trois régions. La région N-terminale interagit avec les
protĂ©ines activatrices en amont (ex :NtrC-P) pour contrĂŽler la formation d’un
complexe ouvert au niveau du promoteur. La région centrale contient le domaine
d’attachement minimal Ă  l’ARN polymĂ©rase et un autre domaine qui augmente
l’affinitĂ© de σ54 pour l’ADN. La rĂ©gion C-terminale reconnaĂźt et s’attache Ă  la
séquence consensus du promoteur située autour des positions -24 et -12. La
principale diffĂ©rence entre σ54 et σ70 rĂ©side au niveau de la rĂ©gulation de l’initiation
de la transcription. Une fois l’ARN polymĂ©rase-σ70 attachĂ©e au promoteur et l’ADN
ouverte, la transcription dĂ©bute spontanĂ©ment. Au contraire, l’ARN polymĂ©rase-σ54
doit interagir avec une protéine activatrice située 150 pb en amont du promoteur pour
dĂ©buter sa progression. AprĂšs sa phosphorylation ou l’attachement d’un ligand,
l’activateur hydrolyse l’ATP et utilise l’énergie pour changer la conformation fermĂ©e
du complexe promoteur-ARN polymĂ©rase-σ54 en conformation ouverte ( Revue par
Buck et al., 2000).




       1.1.3.3 Le systÚme de régulation à deux composantes NtrB/NtrC


       NtrC (Nitrogen Regulatory Protein C) contrîle directement ou par l’entremise
de Nac, la transcription de 2% du gĂ©nome d’Escherichia coli. Principalement, NtrC
active l’expression de gĂšnes minimisant le ralentissement de la croissance observĂ© en
conditions limitantes pour l’azote (Zimmer et al., 2000). NtrC est une protĂ©ine de ~52
kDa constituée de trois domaines: le domaine récepteur N-terminal de 124 résidus
qui contient un site de phosphorylation sur l’aspartate 54, le domaine central de 240
rĂ©sidus responsables de l’hydrolyse de l’ATP et par consĂ©quent de l’activation de la
transcription par l’ARN-polymĂ©rase-σ54 et le domaine C-terminal de 90 rĂ©sidus qui
16


permet la dimĂ©risation et l’attachement Ă  l’ADN grĂące Ă  un motif HTH. Sous sa
forme inactive, NtrC est un dimĂšre incapable d’utiliser l’énergie de l’ATP. Lorsque
l’aspartate 54 est phosphorylĂ©e, NtrC forme un anneau de six sous-unitĂ©s possĂ©dant
une activitĂ© ATPase (Revue par Rombel et al., 1998). Cet activateur est membre d’un
systÚme de régulation à deux composantes, type de voie de transduction du signal le
plus rĂ©pandu chez les bactĂ©ries. C’est NtrB (Nitrogen Regulatory Protein B), une
histidine kinase, qui fournit un groupement phosphoryl à NtrC. À souligner, NtrC
catalyse sa propre phosphorylation et peut aussi recevoir le groupement phosphoryl
d’une molĂ©cule centrale dans le mĂ©tabolisme du carbone, l’acĂ©tyl phosphate (Feng et
al., 1992; Keener et Kustu, 1988). Protéine cytoplasmique de 39 kDa sous forme
d’homodimùre in vivo, NtrB possùde trois domaines: le domaine N-terminal
contenant un motif PAS impliquĂ© chez d’autres protĂ©ines dans l’attachement d’un
ligand ou dans des interactions intra- et intermoléculaires, le domaine central siÚge de
la dimérisation et possédant une légÚre activité phosphatase et le domaine C-terminal
regroupant les sites d’attachement pour l’ATP et la protĂ©ine PII (GlnB). Avant de
donner un groupement phosphoryl Ă  NtrC, NtrB doit s’autophosphorylĂ© sur le rĂ©sidu
histidine 139 situé dans le domaine central. Pour ce faire, chaque sous-unité du
dimĂšre hydrolyse une molĂ©cule d’ATP et phosphoryle l’autre sous-unitĂ© (Ninfa et al.,
1993). Deux mĂ©canismes se combinent lorsqu’il s’agit d’enlever le groupement
phosphoryl attachĂ© Ă  l’aspartate 54 de NtrC : une activitĂ© lente autophosphatase de
NtrC et une augmentation de la déphosphorylation induite par le complexe NtrB-PII
(Keener et Kustu, 1988). La nature exacte du second phénomÚne reste à élucider.
S’agit-il d’une activitĂ© phosphatase du complexe NtrB-PII ou encore d’un effet
amplificateur sur l’activitĂ© phosphatase de NtrC?


       L’expression de l’opĂ©ron glnALG d’Escherichia coli Ă  partir du promoteur
σ70-dĂ©pendant glnAp1 est inhibĂ©e par NtrC-P (Reitzer et Magasanik, 1985). Au
contraire, NtrC-P active la transcription Ă  partir du promoteur fort σ54-dĂ©pendant
glnAp2. Par rapport Ă  la premiĂšre base de la sĂ©quence codante, NtrC-P s’attache Ă 
cinq endroits dans la région promoteur: -140, -108, -90, -68 et -45 (voir figure 5). Les
éléments amplificateurs en cis situés aux positions -140 et -108 ont une affinité
17


Ă©levĂ©e pour NtrC-P et sont responsables de l’effet bĂ©nĂ©fique de l’activateur sur
l’expression de glnALG. Par contre, ils ne sont pas essentiels pour que NtrC-P
entraĂźne l’ouverture du complexe fermĂ© promoteur-ARN polymĂ©rase-σ54. Lorsque
prĂ©sent en grande concentration in vitro, un mutant NtrC-P incapable de s’attacher Ă 
l’ADN peut quand mĂȘme interagir avec l’ARN polymĂ©rase-σ54 et initier la
transcription (Porter et al., 1993). Les trois éléments -90, -68 et -45 ont une affinité
faible pour NtrC-P. Deux de ces trois éléments (-90 et -68) sont responsables de
l’inhibition de la transcription de glnALG lorsque la concentration en NtrC-P est
Ă©levĂ©e (Atkinson et al., 2002). -90 et -68 fixent le seuil supĂ©rieur de l’expression de
la glutamine synthĂ©tase en conditions limitantes pour l’azote. La prĂ©sence de copies
de NtrC-P attachĂ©es aux positions -90, -68 et peut-ĂȘtre -45 rĂ©duirait la flexibilitĂ© de
l’ADN et empĂȘcherait la formation d’une boucle permettant un contact entre les
dimĂšres NtrC-P situĂ©s aux positions -140 et -108 et le facteur σ54. La transcription Ă 
partir du promoteur σ70-dĂ©pendant glnLp est rĂ©primĂ©e par NtrC-P (Ueno-Nishio et al.,
1984). Lorsque le milieu contient du NH4+, glnLp et glnAp1 permettent juste assez de
transcription de NtrBC pour assurer l’activation rapide de glnALG aprĂšs l’épuisement
de la source d’azote.


       NtrC-P rĂ©gule aussi l’expression des opĂ©rons glnBA des bactĂ©ries pourpres
non-sulfureuses. NtrC-P active la transcription de glnBA d’Azospirillum brasilense à
partir du promoteur σ54-dĂ©pendant glnBp2 et inhibe la transcription Ă  partir du
promoteur σ70-dĂ©pendant glnBp1. L’expression de glnA seul Ă  partir de glnAp est
indépendante de NtrC-P (Huergo et al., 2003). Chez Rhodobacter capsulatus, un
phĂ©nomĂšne peu frĂ©quent survient: l’activation d’un promoteur fort indĂ©pendant de
σ54 par NtrC-P (glnBp2). Le promoteur faible glnBp1 de cette bactĂ©rie est rĂ©primĂ© par
NtrC-P. Le systĂšme NtrBC de ces deux espĂšces est encodĂ© sur l’opĂ©ron nifR3ntrBC.
NifR3 est une protéine de fonction inconnue présentant une grande similarité avec le
cadre de lecture ouvert YhdG d’Escherichia coli co-transcrit avec le rĂ©gulateur Fis
(Foster-Hartnett et al., 1993). L’expression de nifR3ntrBC d’Azospirillum brasilense
est inhibée par NtrC-P (Machado et al., 1995). Au contraire, chez Rhodobacter
capsulatus, la transcription de nifR3ntrBC est constitutive malgré la présence de deux
18


sites d’attachement de NtrC-P aux positions +1 et -81. En y regardant de plus prĂȘt,
Cullen et al. (1998) se sont aperçus que la synthÚse de la protéine NifR3 est réduite
40 fois par l’inactivation de ntrC et augmentĂ©e 5 fois en absence de NH4+ dans le
milieu. Ces deux situations n’ont pas d’impact sur la concentration de NtrC. Puisque
la stabilitĂ© et la quantitĂ© d’ARNm NifR3 sont similaires chez la souche sauvage et
chez le mutant ntrC, Cullen et al. estiment que NtrC-P s’attacherait aux Ă©lĂ©ments
amplificateurs +1 et -81 et stimulerait la traduction de NifR3. À la fois chez
Azospirillum brasilense et Rhodobacter capsulatus, un autre systÚme de régulation à
deux composantes impliquĂ© dans le mĂ©tabolisme de l’azote est encodĂ© par l’opĂ©ron
ntrYX situé en aval de nifR3ntrBC. NtrY serait une histidine kinase qui au contraire
de NtrB, possĂšderait une extension N-terminale s’insĂ©rant dans la membrane. NtrX
d’Azospirillum brasilense ressemble Ă  NtrC et dĂ©veloppe une activitĂ© ATPase aprĂšs
une phosphorylation in vitro par le carbamyl phosphate (Assumpçao et al., 2007).
Chez Rhodobacter capsulatus, NtrC est absolument essentielle pour la croissance
dans un milieu déficient en azote fixé (Kutsche et al., 1996). La comparaison des
phĂ©notypes de mutants ntrB, ntrY et d’un double-mutant ntrBntrY en absence de
NH4+ Ă  rĂ©vĂ©ler que NtrY peut se substituer Ă  NtrB en tant que donneur d’un
groupement phosphoryl à NtrC (Drepper et al., 2006). Le modÚle proposé pour
expliquer la transmission d’un signal connexe par ces deux kinases à NtrC est que
NtrB sent le niveau intracellulaire d’azote par l’intermĂ©diaire des protĂ©ines PII et que
NtrY, protĂ©ine transmembranaire, sent le niveau extracellulaire d’azote.


       1.1.3.4 RĂ©gulation de l’activitĂ© de NtrB par GlnB et GlnK (PII)


       Chez Escherichia coli, les activités kinase et phosphatase de NtrB sont
régulées principalement par GlnB (voir figure 6). Lorsque le ratio glutamine/α-
cĂ©toglutarate (Gln/αCG) intracellulaire est Ă©levĂ©, GlnB s’attache au domaine C-
terminal de NtrB, inhibe l’activitĂ© kinase et stimule l’activitĂ© phosphatase (Revue par
Leigh et Dodsworth, 2007). Le ratio Gln/αCG est un indicateur de la qualité et de la
quantitĂ© des sources de carbone et d’azote disponibles. GlnB est une protĂ©ine de ~12
kDa organisĂ©e en homotrimĂšre contenant deux hĂ©lices α et six feuillets ÎČ (voir figure
19


7). Les boucles T, B et C se dégagent de la structure de la protéine (Carr et al., 1996).
Un ratio Gln/αCG faible favorise l’uridylylation de la tyrosine 51 situĂ©e dans l’apex
de la boucle T par GlnD. Cette enzyme, sur laquelle nous reviendrons dans la section
1.1.3.8, sent directement le niveau intracellulaire de glutamine. Lorsque celui-ci
augmente, GlnD enlĂšve par hydrolyse l’UMP liĂ© Ă  GlnB (Jiang et al., 1998A).
Puisqu’il s’agit d’un trimĂšre, GlnB peut adopter quatre degrĂ©s d’uridylylation
GlnB-0UMP,      GlnB-1UMP,       GlnB-2UMP       et   GlnB-3UMP.      Plus   le   niveau
d’uridylylation est Ă©levĂ©, moins GlnB a la capacitĂ© d’inhiber la phosporylation de
NtrC par NtrB (Atkinson et al., 1994). Deux effecteurs, l’ATP et l’αCG se lient
directement Ă  GlnB. Avant que l’αCG puisse s’attacher Ă  GlnB, l’ATP doit dĂ©jĂ  ĂȘtre
prĂ©sent Ă  la surface de la protĂ©ine (Kamberov et al., 1995). À des concentrations
physiologiques d’ATP, il y a une molĂ©cule d’αCG par trimĂšre de GlnB. La prĂ©sence
de cette molĂ©cule inhibe l’occupation des deux autres sites d’attachement par l’αCG.
En effet, l’affinitĂ© du trimĂšre GlnB pour la deuxiĂšme et la troisiĂšme molĂ©cule d’αCG
est 30 à 40 fois moins élevée que pour la premiÚre (Jiang et al., 1998A). La
cristallisation de GlnK d’Escherichia coli, un homologue identique à GlnB à 67 %, a
montrĂ© que l’ATP s’insĂšre dans un vestibule formĂ© par la boucle B et la base de la
boucle T d’une sous-unitĂ© et la boucle C de la sous-unitĂ© adjacente (Xu et al., 1998).
L’analyse mutationnelle de ce vestibule chez GlnB laisse croire qu’il est aussi
impliquĂ© dans l’attachement de l’αCG (Jiang et al., 1997). Sous sa forme uridylylĂ©e,
GlnB est incapable de former un complexe avec NtrB (Atkinson et al., 1994).
L’introduction de mutations dans la boucle T confirme son importance dans
l’interaction de GlnB avec NtrB et GlnD (Jiang et al., 1997). La somme de ces
observations suggÚre que les résidus UMP bloquent le contact de la boucle T de
GlnB avec NtrB. La prĂ©sence d’une seule molĂ©cule d’αCG Ă  la surface de GlnB
favorise la rĂ©gulation de NtrB. L’attachement de deux αCG supplĂ©mentaires
empĂȘche GlnB de se lier Ă  NtrB, et ce mĂȘme si la protĂ©ine PII est exempte de
groupement uridylyl (Revue par Ninfa et Atkinson, 2000). La structure cristal de
GlnK de l’archaea Methanocaldococcus jannaschii en prĂ©sence d’ATP et d’αCG
donne des indices quant au rĂŽle de ces effecteurs dans l’interaction des protĂ©ines PII
20


avec leurs partenaires. En effet, l’attachement de Mg-ATP dans le vestibule cause la
compaction de la boucle T. Ce changement de conformation génÚre un site
d’attachement pour l’αCG dans l’apex de la boucle T (Yildiz et al., 2007). La
prĂ©sence d’αCG, une molĂ©cule chargĂ©e nĂ©gativement Ă  cette position, changerait les
propriĂ©tĂ©s de l’interface GlnK-protĂ©ine partenaire et provoquerait une rĂ©pulsion
Ă©lectrostatique. GlnK de Methanocaldococcus jannaschii ne subit pas de
modification covalente lorsque le ratio Gln/αCG diminue. Dans ce cas, l’αCG fait le
mĂȘme travail que le groupement uridylyl chargĂ© nĂ©gativement de GlnB
d’Escherichia coli. Il est donc possible que l’attachement d’ATP et d’αCG Ă  GlnB ou
Ă  d’autres protĂ©ines PII bactĂ©riennes altĂšre l’arrangement de la boucle T et prĂ©vienne
l’interaction avec des partenaires protĂ©iques dans la rĂ©gulation du mĂ©tabolisme de
l’azote.




Figure 6. RĂŽle de GlnB d’Escherichia coli dans l’expression et l’activitĂ© de la
      glutamine synthétase. Légende: bleu = environnement riche en azote fixé;
      rouge = environnement pauvre en azote fixé; ligne pleine = modifications
      posttraductionnelles des protéines; ligne pointillée = rÎles des effecteurs et de
      GlnB; flÚche = effets positifs des effecteurs et de GlnB; trait = effets négatifs
      des effecteurs et de GlnB. (Figure tirée de Leigh et Dodsworth, 2007).
21




Figure 7. Structure du trimÚre PII de Synechococcus elongatus représentative de
      la famille GlnB-K. LĂ©gende: vert = hĂ©lice α; jaune = feuillet ÎČ; Bx = boucle
      B; Cx = boucle C; Tx = boucle T; rouge = ions nickel et sulfate présents dans
      le tampon de cristallisation mais absents de la structure de la protéine native.
      (Figure tirée de Leigh et Dodsworth, 2007).

       Un systĂšme levure Ă  deux hybrides a permis d’établir que GlnK, la deuxiĂšme
protĂ©ine PII d’Escherichia coli, interagit aussi avec NtrB (Salinas et Contreras,
2003). Le mutant ∆glnK continue à exprimer les gùnes Ntr 16H aprùs le transfert
dans un milieu pauvre en azote au lieu de 4H pour la souche sauvage. Lorsqu’une
source d’azote devient disponible aprùs plus de 10H de croissance dans le milieu
pauvre, les cellules ∆glnK sont incapables de rĂ©primer la transcription Ă  partir des
promoteurs NtrC-dépendants (Blauwkamp et Ninfa, 2002). Deux raisons expliquent
ce phĂ©notype. Tout comme GlnB, la protĂ©ine GlnK purifiĂ©e stimule l’activitĂ©
phosphatase de NtrB in vitro (Atkinson et Ninfa, 1999). De plus, les deux protéines
PII peuvent ĂȘtre sĂ©questrĂ©es Ă  la membrane cytoplasmique par AmtB suite Ă  un choc
NH4+. Dans la souche sauvage en absence d’azote, il y a une stoechiomĂ©trie de 1:1
entre GlnK et AmtB et de 500:1 entre GlnK et GlnB (Javelle et al., 2004). La
séquestration de GlnB par AmtB est détectable par Western Blot seulement dans une
souche ∆glnK. Ce faisant, il est probable que dans la souche sauvage, GlnB
interagisse trĂšs peu ou pas du tout avec AmtB. En absence de GlnK, GlnB se retrouve
accrochĂ©e en trop grande quantitĂ© Ă  AmtB et ne peut stimuler efficacement l’activitĂ©
phosphatase de NtrB située dans le cytoplasme (Blauwkamp et Ninfa et al., 2003).
22


       glnB d’Escherichia coli est un gùne monocistronique transcrit à partir de trois
promoteurs σ70-dĂ©pendants situĂ©s aux positions -33 (glnBp1), -95 (glnBp2) et -118
(glnBp3). ConsidĂ©rĂ©e gĂ©nĂ©ralement comme constitutive, l’expression de glnB est
rĂ©duite deux fois par un rĂ©gulateur s’attachant autour de la position -44, PurR (He et
al., 1993). Ce répresseur homodimérique de la famille LacI contient un motif HTH
d’ancrage à l’ADN dans sa partie N-terminale et un site d’attachement pour un co-
rĂ©presseur, la guanine ou l’hypoxanthine, dans sa partie C-terminale. Par contre,
PurR n’a aucun effet sur la synthùse de la glutamine par GlnA en conditions
limitantes ou non pour l’azote. L’homologue de GlnB, GlnK est encodĂ©e par l’opĂ©ron
glnKamtB. AmtB est un transporteur de NH4+ homotrimérique de ~45 kDa qui sera
l’objet de la deuxiĂšme partie de cette revue de littĂ©rature. glnKamtB est transcrit Ă 
partir d’un promoteur σ54-dĂ©pendant activĂ© par NtrC et GadX. Comparativement Ă 
glnAp2, glnKp nécessite une concentration de NtrC-P beaucoup plus élevée pour son
activation. À cause de cela et de l’expression constitutive de GlnB, GlnK a un rîle
dans la rĂ©gulation de l’expression des gĂšnes Ntr plus loin dans le temps par rapport
au début de la carence en azote que GlnB (Revue par Ninfa et Atkinson, 2000). Tout
comme GadE, GadX rĂ©gule l’expression de gĂšnes impliquĂ©s dans un systĂšme de
rĂ©sistance Ă  l’acide basĂ© sur la dĂ©carboxylation du glutamate (Tramonti et al., 2002).
GadX est une protéine de la famille AraC/XylS de ~31 kDa ayant la capacité de se
dimĂ©riser in vivo avec un motif HTH d’attachement Ă  l’ADN situĂ© dans sa partie C-
terminale.


       1.1.3.5 Autres régulateurs de la transcription de glnALG


       Le promoteur fort σ54-dĂ©pendant glnAp2 est activĂ© 1.4 fois par Fis (Factor for
Inversion Stimulation), un régulateur global du métabolisme bactérien. Fis, la
protéine la plus abondante dans la chromatine durant la phase exponentielle, joue un
rîle dans l’adaptation de la cellule à des conditions permettant une croissance rapide.
Fis est un homodimĂšre de ~22 kDa possĂ©dant un motif d’attachement Ă  l’ADN HTH
en C-terminal. Cet activateur se fixe autour de la position -55 en amont du promoteur
glnAp2 (Huo et al., 2006). L’introduction d’une courbure dans l’ADN par Fis entre
23


les éléments amplificateurs ayant une affinité élevée pour NtrC-P et le promoteur est
responsable de cette lĂ©gĂšre augmentation de l’expression. Lorsque des bactĂ©ries en
phase stationnaire sont inoculées à nouveau dans un milieu riche, Fis passe de 100 à
50000 copies par cellules avant la premiĂšre division (Ball et al., 1992). Ceci semble
indiquĂ© que la transcription de glnA est positivement rĂ©gulĂ©e par l’entrĂ©e de la culture
bactérienne dans la phase exponentielle.


        En plus de GdhA, CRP rĂ©duit aussi quatre fois l’expression de la glutamine
synthĂ©tase en combinant deux effets contraires. CRP est requise pour l’activation du
promoteur faible σ70-dĂ©pendant glnAp1 et rĂ©prime 21 fois la transcription Ă  partir de
glnAp2 (Tian et al., 2001). Pour établir ce taux de répression, des mutants cya
cultivés dans un milieu déficient en azote avec du glycérol comme source de carbone
ont Ă©tĂ© exposĂ©s ou non Ă  du cAMP. CRP s’attache autour de la position -70 en amont
de glnAp1 (Reitzer et Magasanik, 1985). Deux mécanismes sont impliqués dans
l’inhibition de glnAp2 par CRP. In vitro, CRP s’attache autour de la position -51 en
amont de glnAp2 et rĂ©duit 2 fois l’expression de GlnA en introduisant dans l’ADN
une courbure empĂȘchant NtrC d’approcher efficacement les sites amplificateurs de la
rĂ©gion promoteur (Mao et al., 2007). L’ajout de cAMP exogĂšne augmente trois fois
l’expression de l’opĂ©ron glnHPQ. Ces trois gĂšnes codent pour un systĂšme ABC (Atp-
Binding Cassette) haute-affinité de transport de la glutamine. GlnH est une protéine
périplasmique responsable de la capture de la glutamine et de sa livraison aux autres
sous-unitĂ©s du systĂšme ABC. L’hydrolyse de l’ATP qui fournit l’énergie nĂ©cessaire
au transport unidirectionnel de la glutamine est effectuée par GlnQ. GlnP est la
protĂ©ine transmembranaire permettant le passage de la glutamine. L’augmentation de
l’expression de GlnHPQ accentue l’importation de la glutamine et par consĂ©quent, la
déuridylylation des protéines PII par GlnD. Les interactions entre CRP et le systÚme
PII-Ntr assurent l’intĂ©gration de signaux provenant du mĂ©tabolisme du carbone dans
la rĂ©gulation de l’assimilation de l’azote (Maheswaran et Forchhammer, 2003; Mao
et al., 2007).


        1.1.3.6 La régulation posttraductionnelle de la glutamine synthétase
24



       L’activitĂ© de la glutamine synthĂ©tase purifiĂ©e est inhibĂ©e partiellement par
neuf mĂ©tabolites: la sĂ©rine, l’alanine, la glycine, l’AMP, le CTP, le tryptophane,
l’histidine, le carbamyl phosphate et la glucosamine-6-phosphate. Lorsqu’elles sont
combinĂ©es, ces molĂ©cules rĂ©duisent presque Ă  nĂ©ant l’activitĂ© de la glutamine
synthĂ©tase. C’est ce que Woolfolk et Stadtman (1967) appelle l’inhibition rĂ©troactive
cumulative. La glycine, la serine et l’alanine occupent le site d’attachement du
glutamate de la glutamine synthétase de Salmonella typhimurium (Liaw et al., 1993).
Ces quatre acides aminĂ©s s’attachent Ă  GlnA par l’entremise de la chaĂźne principale,
+
NH3-CH-COO-, qu’ils ont en commun. CTP et AMP s’installent dans le site
d’attachement de l’ATP (Liaw et al., 1994). L’inhibition rĂ©troactive cumulative
rĂ©gule la fonction anabolique de GlnA. C’est-Ă -dire que ce mode de rĂ©pression agit
dans des conditions oĂč GdhA est responsable de l’assimilation du NH3 et oĂč GlnA
produit la glutamine essentielle Ă  la synthĂšse des composantes cellulaires (Revue par
Reitzer, 2003).


       L’AMP participe principalement Ă  un systĂšme de rĂ©gulation de l’activitĂ©
assimilatoire du NH3 de GlnA par adénylylation réversible covalente. Chacune des 12
sous-unitĂ©s de GlnA peut ĂȘtre adĂ©nylylĂ©e sur la tyrosine 397 lorsque le ratio Gln/
αCG est Ă©levĂ©. L’addition d’un rĂ©sidu AMP Ă  une sous-unitĂ© rĂ©sulte en son
inactivation et augmente la susceptibilitĂ© des autres sous-unitĂ©s Ă  l’inhibition
rĂ©troactive cumulative (Revue par Stadtman, 1990). L’intĂ©gration des signaux
carbone et azote dans la régulation de GlnA par la combinaison des deux modes
rĂ©gulateurs principaux, l’adĂ©nylylation et l’activation de la transcription par NtrC-P,
engendre une variété de situations possibles. Lorsque la source de carbone est de
qualité (Ex.: glucose) et que le milieu est pauvre en azote, la concentration de
glutamine synthĂ©tase dĂ©adĂ©nylylĂ©e dans la cellule est Ă©levĂ©e. L’ajout d’azote entraĂźne
une rĂ©duction du nombre de copies intracellulaires de GlnA et l’adĂ©nylylation en
masse des sous-unités. Quand la source de carbone est de moins bonne qualité (Ex.:
glycĂ©rol), la dĂ©adĂ©nylylation et l’activation de la transcription de GlnA surviennent
seulement lorsque le manque d’azote est assez sĂ©vĂšre pour limiter la croissance.
25


L’activation transcriptionnelle et post-traductionnelle de GlnA est aussi induite par le
remplacement d’une source de carbone de mauvaise qualitĂ© par une source de
carbone de bonne qualitĂ© indĂ©pendamment d’une altĂ©ration dans la disponibilitĂ© de
l’azote (Maheswaran et Forchhammer, 2003).


       1.1.3.7 L’adĂ©nylyltransfĂ©rase (GlnE)


        L’adĂ©nylylation et la dĂ©adĂ©nylylation de GlnA sont catalysĂ©es par la mĂȘme
adĂ©nylyltransfĂ©rase (GlnE). Cette enzyme est encodĂ©e par l’opĂ©ron ygiFglnE. Le
gÚne ygiF code pour une adénylate cyclase potentielle. Quoique la région promoteur
de cet opéron soit peu caractérisée, ygiFglnE est exprimé de façon constitutive
indĂ©pendamment du niveau d’azote fixĂ© (Van Heeswijk et al., 1993). ProtĂ©ine
cytoplasmique de ~108 kDa, GlnE serait composée de trois domaines et de deux
séquences de liaison: le domaine de déadénylylation N-terminal (AT-N) (acides
aminées 1-440), le domaine central de régulation (R) (463-606), le domaine
d’adĂ©nylylation C-terminal (AT-C) (628-946) et les deux sĂ©quences de liaison Q1 et
Q2 (respectivement les résidus 441 à 462 et 607 à 627) (Clancy et al., 2007). AT-N et
AT-C      contiennent    chacun      un    motif     ÎČ-polymĂ©rase      distinctif   des
nucléotidyltransférases. Ce site comprend une boucle riche en glycine suivie par une
paire d’aspartates participant Ă  la chĂ©lation de deux Mg2+. Ces cations positionnent le
substrat et stabilisent les Ă©tats transitionnels du phosphate pentavalent. AT-N catalyse
la phosphorolyse de GlnA-AMP et produit une molĂ©cule d’ADP en consommant un
phosphate (Anderson et Stadtman, 1970). AT-C utilise un ATP et libĂšre un
pyrophosphate pour adénylyler GlnA (Shapiro et Stadtman, 1968).


       GlnB, GlnB-UMP et la glutamine rĂ©gule l’activitĂ© de GlnE en s’y attachant
(voir figure 6). GlnK peut aussi jouer ce rĂŽle mais avec beaucoup moins d’efficacitĂ©
que GlnB (Revue par Ninfa et Atkinson, 2000). GlnB et la glutamine stimulent
l’adĂ©nylylation de GlnA et inhibent la dĂ©adĂ©nylylation. Ces effecteurs agissent en
synergie. L’attachement de trois molĂ©cules d’ATP et d’une molĂ©cule d’αCG Ă  GlnB
accentue sa capacitĂ© Ă  activer l’adĂ©nylylation. La saturation de l’homotrimĂšre par
26


trois αCG empĂȘche la stimulation de l’adĂ©nylylation par GlnB. GlnB-UMP activent
la dĂ©adĂ©nylylation et inhibent l’adĂ©nylylation. Ces deux actions de GlnB-UMP
requiÚrent une concentration élevée de αCG (Jiang et al., 1998B). La glutamine se lie
à un site inconnu localisé dans le domaine AT-C (Jiang et al., 2007). Selon Clancy et
al. (2007), la région de GlnE interagissant avec GlnB et GlnB-UMP serait comprise
entre les acides aminés 466 et 507 dans le domaine R. Ce résultat a été obtenu en
ajoutant des anticorps monoclonaux de souris bloquant l’accĂšs Ă  diffĂ©rentes rĂ©gions
de GlnE Ă  des rĂ©actions in vitro d’adĂ©nylylation/dĂ©adĂ©nylyation en prĂ©sence de
glutamine, de GlnB et de GlnB-UMP. Il reste Ă  dĂ©terminer l’identitĂ© du site exact
d’attachement et si c’est le mĂȘme ou non pour GlnB et GlnB-UMP. Chez la bactĂ©rie
pourpre non-sulfureuse fixatrice d’azote Rhodospirillum rubrum, la rĂ©gulation de
l’activitĂ© de GlnE exhibe des caractĂ©ristiques diffĂ©rentes par rapport Ă  ce qui est
observĂ© chez Escherichia coli. La glutamine n’a aucun effet sur l’adĂ©nylylation et la
déadénylylation de GlnA par GlnE in vitro. Les trois protéines PII (GlnB, GlnK,
GlnJ) de R. rubrum stimulent l’adĂ©nylylation mais n’inhibent pas la dĂ©adĂ©nylylation.
Dans ce cas, il semblerait que l’αCG joue un rĂŽle plus important dans la rĂ©gulation
de GlnE et par consĂ©quent dans l’activitĂ© de la glutamine synthĂ©tase (Jonsson et al.,
2007).


         La capacitĂ© de GlnK et de GlnB d’Escherichia coli de former des
hĂ©tĂ©rotrimĂšres in vivo est un autre phĂ©nomĂšne dont il faut tenir compte lorsque l’on
Ă©tudie le rĂŽle de ces protĂ©ines dans l’assimilation de l’azote (Forchhammer et al.,
1999; Van Heeswijk et al., 2000). Cette interaction entre GlnB et GlnK augmente
considĂ©rablement le nombre d’espĂšces possibles de protĂ©ines PII dans la bactĂ©rie:
GlnB3, GlnB2GlnK, GlnBGlnK2, GlnK3, GlnB-UMP3, GlnB-UMP2GlnK-UMP,
GlnB-UMPGlnK-UMP2, GlnK-UMP3 et toutes les espÚces partiellement urydylylées.
Jusqu’à maintenant, il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© qu’un hĂ©tĂ©rotrimĂšre GlnB-GlnK uridylylĂ© est
capable de stimuler la déadénylylation de la glutamine synthétase in vitro mais avec
moins d’efficacitĂ© que l’homotrimĂšre GlnB uridylylĂ©. Ce niveau diffĂ©rent d’activitĂ© Ă 
mener à l’hypothùse que la formation de complexes GlnB-GlnK raffine davantage la
27


transduction du signal dans le cadre, entre autre, de la rĂ©gulation de l’activitĂ© de
GlnA (Forchhammer et al., 1999; Van Heeswijk et al., 2000).


       1.1.3.8 L’uridylyltransfĂ©rase (GlnD)


       Tel que mentionné furtivement dans la section 1.1.3.4, GlnD fixe et enlÚve un
résidu uridylyl à la tyrosine 51 des protéines PII. Lorsque la cellule contient peu de
glutamine, GlnD catalyse la formation de PII-UMP et de pyrophosphate Ă  partir de
PII et d’UTP. La protĂ©ine PII s’attache en premier Ă  GlnD suivie de l’UTP. AprĂšs la
rĂ©action, le pyrophosphate est relĂąchĂ© avant PII-UMP. L’augmentation du niveau
intracellulaire de glutamine entraüne l’hydrolyse de PII-UMP (voir figure 8). Dans ce
cas, UMP et PII ne sont pas libérés dans un ordre précis par GlnD. Dans des
conditions physiologiques, le cation Mg2+ est essentiel pour les deux activités de
GlnD. Les molĂ©cules d’αCG et d’ATP liĂ©es aux protĂ©ines PII activent les deux types
de rĂ©action in vitro. La glutamine rĂ©prime l’uridylylation et stimule la dĂ©uridylylation
simultanĂ©ment (Jiang et al., 1998A). Chez Escherichia coli, l’uridylylation de GlnK
est aussi efficace que celle de GlnB. Par contre, la déuridylylation de GlnK est 10
fois plus lente (Atkinson et Ninfa, 1999).




Figure 8. Uridylylation/déuridylylation des protéines PII. Légende: UR/Utase =
      GlnD; GLN = glutamine; 2KG = α-cétoglutarate; Encadré = Effet répresseur.
      (Figure tirée de Jiang et al., 1998C).



       GlnD est encodĂ©e sur l’opĂ©ron mapglnDdapD et transcrit Ă  partir d’un
promoteur peu caractĂ©risĂ© indĂ©pendant du facteur σ54 et du niveau d’azote fixĂ© (Van
Heeswijk et al., 1993). Map est une méthionine aminopeptidase qui enlÚve la
mĂ©thionine prĂ©sente Ă  l’extrĂ©mitĂ© N-terminal de toutes les chaĂźnes peptidiques
28


synthétisées chez Escherichia coli. Une paire de sous-unités DapD constitue la
tetrahydrodipicolinate succinylase. Impliquée dans la voie métabolique de synthÚse
de la lysine, DapD catalyse la formation de N-succinyl-2-amino-6-ketopimelate Ă 
partir du tetrahydrodipicolinate et de succinyl-CoA. GlnD est une enzyme
monomĂšrique de ~102 kDa avec un motif ÎČ-polymĂ©rase en N-terminal entre les
résidus 70 à 169 (domaine NT). Tondervik et al. (2006) ont conduit une recherche
dans des banques de donnĂ©es permettant d’identifier d’autres domaines potentiels
dans GlnD: un domaine signature présent dans toutes les uridylyltransférase de la
famille GlnD (résidus 191 à 400), un domaine His-Asp (résidus 468 à 602), un
domaine IMP déhydrogénase (résidus 332 à 686) et deux domaines aspartokinase-
chorismate mutase TyrA (ACT). L’identitĂ© des domaines de GlnD impliquĂ©s dans
l’uridylylation, la dĂ©uridylylation, l’attachement de la glutamine et l’interaction avec
les protĂ©ines PII n’a pas encore Ă©tĂ© Ă©tablie avec certitude. Les Ă©tudes cinĂ©tiques
menĂ©es par Jiang et al. (1998A) laissait croire Ă  un seul site actif pour l’uridylylation
et la dĂ©uridylylation dans le domaine NT et Ă  un seul site d’attachement pour la
glutamine. L’introduction de mutations ponctuelles dans le domaine NT va dans le
sens de l’analyse cinĂ©tique quant Ă  une rĂ©gion exclusive responsable des deux
rĂ©actions catalysĂ©es par GlnD (Ninfa et al., 2000). RĂ©cemment, l’observation qu’un
mutant GlnD tronquĂ© (acides aminĂ©s 1 Ă  358) catalyse l’uridylylation des protĂ©ines
PII mais pas la dĂ©urydylylation contredit l’hypothĂšse du site unique. Selon Tondervik
et al. (2006), le site actif pour la dĂ©urydylylation pourrait ĂȘtre contenu dans le
domaine His-Asp que l’on retrouve aussi chez plusieurs enzymes possĂ©dant une
activitĂ© phosphohydrolase. Quant au site d’attachement de la glutamine, il serait situĂ©
dans la région des deux séquences ACT en C-terminal. Présent chez plusieurs
enzymes impliquées dans la régulation du métabolisme des acides aminés, le
domaine ACT est une structure Ă  laquelle s’attache une variĂ©tĂ© de ligands.


       GlnD de Rhodospirillum rubrum est requise pour l’uridylylation et la
déuridylylation des trois protéines PII: GlnB, GlnJ et GlnK. Cette protéine GlnD
prĂ©sente deux diffĂ©rences majeures par rapport Ă  celle que l’on retrouve chez
Escherichia coli. Tout d’abord, la glutamine stimule la dĂ©uridylylation mais n’inhibe
29


pas l’uridylylation in vitro. Ensuite, l’αCG rĂ©gule positivement l’uridylylation mais
n’a pas d’effet sur la dĂ©uridylylation par GlnD (Jonsson et Nordlund, 2007). GlnD
d’Azospirillum brasilense catalyse l’uridylylation de GlnB et de GlnZ. Quoique GlnD
d’A. brasilense soit exprimĂ©e en absence ou en prĂ©sence d’azote fixĂ©, le nombre de
copies de cette enzyme augmente 4 fois lorsque la cellule croĂźt dans des conditions
propices Ă  la rĂ©duction du N2. Cette rĂ©gulation positive n’est que partiellement
dépendante du systÚme NtrB/NtrC (Van Dommelen et al., 2002).




       1.2 La fixation de l’azote


       L’atmosphĂšre terrestre est composĂ©e Ă  78% de N2. La rĂ©duction de l’azote
atmosphérique en NH3 est une réaction essentielle pour la vie sur terre puisque la
majoritĂ© des organismes vivants sont incapables d’utiliser le N2 sous cette forme. Le
triple lien unissant les deux molĂ©cules d’azote, rend le N 2 extrĂȘmement stable et
coĂ»teux Ă©nergĂ©tiquement Ă  rĂ©duire. Le N2 peut ĂȘtre modifiĂ© par trois processus: la
foudre, la réduction industrielle et la réduction biologique. La foudre participe à la
fixation de 10 millions de tonnes métriques de N2 par an, la réduction industrielle est
responsable de la fixation de 80 millions de tonnes métriques par an et la réduction
biologique fixe entre 100 et 175 millions de tonnes métriques par an (Burns et Hardy,
1975; Hardy, 1993). L’énergie libĂ©rĂ©e par la foudre brise le triple lien du N2 et
entraĂźne la formation de nitrate qui plus tard est assimilĂ© par les plantes. L’industrie
utilise le procédé de Haber-Bosch pour produire du NH3 à partir du N2 et du H2. Cette
rĂ©action se fait Ă  l’aide d’un catalyseur de Fe3+ Ă  une pression situĂ©e entre 200 et 400
atm et à une température de 450 à 500 °C. Le procédé Haber-Bosch nécessite
annuellement 1% de toutes les sources d’énergie mondiales (Smith, 2002). Les
engrais azotĂ©s dĂ©coulant de ce procĂ©dĂ© permettent d’alimenter 40% de la population
totale et coûtent annuellement 20 milliards de dollars US. En contraste, la réduction
biologique du N2 se fait dans des conditions de température et de pression courante
sur terre. Jusqu’à maintenant, la capacitĂ© de fixer l’azote a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©e seulement
chez des procaryotes.
30



       1.2.1 La nitrogénase


       L’enzyme responsable de la rĂ©duction de l’azote diatomique en NH3 est la
nitrogénase. La réaction catalysée par la nitrogénase est la suivante : N2 + 8 é- + 8 H+
=> 2 NH3 + H2. Cette rĂ©action est extrĂȘmement coĂ»teuse d’un point de vue
Ă©nergĂ©tique puisqu’il faut hydrolyser 2 molĂ©cules d’ATP par Ă©lectrons transfĂ©rĂ©s.
Possiblement Ă  cause d’un lĂ©ger dĂ©couplage entre le transfert d’électrons et
l’hydrolyse d’ATP, la consommation finale d’ATP nĂ©cessaire pour rĂ©duire une
molécule de N2 se situe entre 20 et 30 ATP (Pelmont, 1993). La nitrogénase étant
inactivĂ©e irrĂ©versiblement par la prĂ©sence d’O2, la production d’une molĂ©cule d’H2
permet l’élimination de l’oxygĂšne de l’environnement immĂ©diat de l’enzyme par
oxydation de l’hydrogùne diatomique (Revue par Robson et Postgate, 1980). Trois
autres stratĂ©gies on Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es pour prĂ©venir l’inactivation de l’enzyme par
l’O2 : une activitĂ© respiratoire Ă©levĂ©e pour les microorganismes qui rĂ©duisent le N2 en
aérobie comme Azotobacter, un métabolisme anaérobie ou encore, chez certaines
cyanobactĂ©ries, le dĂ©veloppement de cellules relativement Ă©tanches Ă  l’O2, les
hétérocystes. La nitrogénase est un enzyme peu spécifique qui réduit de nombreux
substrats en plus du NH3. L’acĂ©tylĂšne, le cyanure, l’acĂ©tonitrile et l’azoture sont des
exemples parmi d’autres (Revue par Burgess et Lowe, 1996). PrĂ©sente chez certaines
protéobactéries, cyanobactéries, firmicutes, bactéries vertes sulfureuses, spirochÚtes
et archaea, la nitrogénase est construite sur un modÚle présentant relativement peu de
variations. Deux composantes forment la métalloenzyme: la dinitrogénase réductase
(protĂ©ine Fe) et la dinitrogĂ©nase (protĂ©ine FeMo). L’étude structurale de l’enzyme, en
particulier les diverses techniques de spectroscopie et la cristallographie Ă  rayon X, a
Ă©tĂ© effectuĂ©e Ă  partir de la nitrogĂ©nase molybdĂšne d’Azotobacter vinelandii.
       1.2.1.1 La dinitrogénase réductase


       Protéine de 30 à 32 kDa, la dinitrogénase réductase (NifH) est organisée en
homodimÚre contenant un centre [4Fe-4S]-Cys4 à cheval entre les deux sous-unités
(Georgiadis et al., 1992; Hausinger et Howard, 1983) (voir figure 9i et 9ii). Une
31


molécule de Mg-ATP peut se lier à chacune des sous-unités de la dinitrogénase
réductase (Revue par Burgess et Lowe, 1996). La principale fonction de cette
protéine est de transférer à la dinitrogénase les électrons nécessaires à la réduction du
N2. De plus, la protĂ©ine Fe est essentielle pour l’insertion du cofacteur FeMo dans la
dinitrogénase et pour la maturation de cette enzyme (Revue par Burgess et Lowe,
1996; Revue par Peters et al., 1995). La premiĂšre Ă©tape du cycle de transfert des
électrons de la dinitrogénase réductase à la dinitrogénase consiste en la réduction de
la forme oxydée du centre [4Fe-4S]-Cys4 de la protéine Fe (voir figure 9iii). Deux
Mg-ADP sont ensuite relùchés et remplacés par deux Mg-ATP (Thorneley, 1992). La
dinitrogĂ©nase rĂ©ductase forme un complexe avec la dinitrogĂ©nase, l’électron est
transféré et les deux Mg-ATP sont hydrolysés. Subséquemment, la forme oxydée de
la protéine Fe se dissocie trÚs lentement de la protéine FeMo. Cette étape limite le
taux d’activitĂ© de la nitrogĂ©nase lorsque toutes les composantes de la rĂ©action de
fixation du N2 sont en excÚs (Thorneley et Lowe, 1985). Le cycle est répété huit fois
jusqu’à la complĂ©tion de la rĂ©action (Revue par Burgess et Lowe, 1996).

       1.2.1.2 La dinitrogénase


       La dinitrogĂ©nase est un hĂ©tĂ©rotĂ©tramĂšre α2ÎČ2 (voir figure 9i et 9ii).
Respectivement, les protĂ©ine α (NifD) et ÎČ (NifK) ont un poids molĂ©culaire
d’approximativement 59 et 54 kDa. Le contact entre les paires de protĂ©ines αÎČ se fait
presque exclusivement par l’entremise des protĂ©ines ÎČ. Deux centres P font la
jonction entre les protĂ©ines α et ÎČ (Kim et Rees, 1992). ConstituĂ© de 8 molĂ©cules de
fer et de 6 molĂ©cules de soufre, le centre P reçoit l’électron transfĂ©rĂ© Ă  partir de la
dinitrogénase réductase (Peters et al., 1997; Revue par Dance, 2007). Site
d’attachement et de rĂ©duction du N2, le cofacteur FeMo est situĂ© dans la sous-unitĂ© α.
Ce cofacteur est constituĂ© d’une molĂ©cule de molybdĂšne, de 7 molĂ©cules de fer, de 9
molĂ©cules de soufre et d’un acide essentiel pour l’activitĂ© de l’enzyme, l’homocitrate
(Revue par Burgess et Lowe, 1996; Revue par Dance, 2007; Imperial et al., 1989).
Au centre du cofacteur, l’on retrouve une molĂ©cule dont l’identitĂ© reste Ă  confirmer
(Einsle et al., 2002). La densitĂ© d’électrons de cet inconnu laisse prĂ©sumer qu’il s’agit
32


d’une molĂ©cule de carbone ou d’azote ou encore d’oxygĂšne. En ce qui concerne les
étapes de la réduction du substrat au niveau du cofacteur, beaucoup de travail reste à
faire. Toutefois, deux intermĂ©diaires, l’hydrazine et le diazĂšne ont Ă©tĂ© identifiĂ©s par
                15
spectroscopie     N-ENDOR permettant d’esquisser un cycle hypothĂ©tique de la
rĂ©duction du N2 (voir figure 10) (Barney et al., 2005). Le site initial d’attachement du
N2, l’acheminement des Ă©lectrons du centre P au cofacteur FeMo et le mode
d’évacuation du NH3 sont autant de phĂ©nomĂšnes mĂ©connus qui font actuellement
l’objet d’investigations.




ii

iii


Figure 9. i. Structure de la dinitrogénase (MoFe-protein) et de la dinitrogénase
      réductase (Fe-protein). ii. Cofacteur FeMo et centre P de la
      dinitrogénase. Légende: noir = Fe et Mo; gris foncé = S; gris pùle = atome
      inconnu (X). iii. Circulation des électrons entre la dinitrogénase réductase
      et la dinitrogénase. (Figure tirée de Rees et al., 2005).




Figure 10. Intermédiaires dans la réduction du N2 au niveau du cofacteur FeMo.
       (Figure tirée de Barney et al., 2007).
33




1.2.1.3 Les nitrogénases alternatives


       En plus de la nitrogénase molybdÚne décrite dans les deux sections
précédentes, il existe trois nitrogénases alternatives moins communes à travers les
diazothrophes; ces microorganismes capables de réduire le N2. Dans la nitrogénase
vanadium (VnfHDGK), la molĂ©cule de molybdĂšne prĂ©sente au cƓur du cofacteur
FeMo est remplacée par une molécule de vanadium. Cette enzyme est retrouvée,
entre autre, chez le genre Azotobacter et chez les cyanobactéries du genre Anabeana
(Boison et al., 2006; Revue par Rehder, 2000). Au point de vue structurale, la seule
différence majeure entre la protéine MoFe et la protéine VFe est que celle-ci possÚde
deux sous-unités Ύ (VnfG) supplémentaires de 13 kDa (Robson et al., 1989). Quant à
la nitrogénase fer, son cofacteur FeFe ne contient aucune molécule de molybdÚne ou
de vanadium(Chisnell et al., 1988). Tout comme la dinitrogénase vanadium, la
dinitrogénase Fer possÚde aussi deux sous-unités Ύ (AnfG) de 15 kDa (Pau et al.,
1993). Une combinaison de deux ou de trois de ces nitrogĂ©nases peut ĂȘtre synthĂ©tisĂ©e
par la mĂȘme espĂšce bactĂ©rienne. Par exemple, Azotobacter vinelandii possĂšde ces
trois types de nitrogénases alors que les bactéries pourpres non-sulfureuses
Rhodobacter capsulatus et Rhodospirillum rubrum possÚdent la Mo-nitrogénase et la
Fe-nitrogĂ©nase (Loveless et Bishop, 1999). Dans tous les cas de figure, l’expression
des nitrogénases Fe et V est inhibée par la présence de molybdÚne dans le milieu de
culture (Revue par Masepohl et al., 2002; Revue par Rehder, 2000). Les
microorganismes pourvus d’une ou de deux nitrogĂ©nases alternatives auraient un
avantage sélectif sur les autres diazotrophes puisqu'ils seraient capables de réduire le
N2 dans un milieu pauvre en molybdĂšne comme un sol acide ou riche en fer
(Pelmont, 1993).


       Le systÚme nitrogénase de Streptomyces thermoautotrophicus diffÚre des trois
autres nitrogénases sur plusieurs points. Trois enzymes sont impliquées dans la
réduction du N2 chez cette bactérie : la CO déhydrogénase, la superoxyde
34


oxydoréductase et la dinitrogénase FeMo. La CO déhydrogénase oxyde le CO et
gĂ©nĂšre un anion superoxyde Ă  partir de l’O2. Ce superoxyde est oxydĂ© Ă  son tour par
la superoxyde oxydoréductase qui, ce faisant, libÚre des électrons. Ce dimÚre
composé de sous-unités de 48 kDa agit ensuite comme une dinitrogénase réductase
standard puisqu’il fournit des Ă©lectrons Ă  la dinitrogĂ©nase FeMo. La dinitrogĂ©nase de
Streptomyces thermoautotrophicus est un hétérotrimÚre constitué de sous-unités de,
respectivement, 18 kDa, 33 kDa et 93 kDa (Ribbe et al., 1997). Pour fonctionner ce
systÚme nitrogénase à besoin de seulement 4 ATP par molécule de N 2 réduite. Autre
caractĂ©ristique surprenante, c’est l’oxygĂšne, toxique pour les autres nitrogĂ©nases, qui
sert de transporteur d’électrons.


       1.2.1.4 Transport des Ă©lectrons jusqu’à la dinitrogĂ©nase rĂ©ductase


       Deux familles de protéines sont impliquées dans le transport des électrons
jusqu’à la dinitrogĂ©nase rĂ©ductase de la nitrogĂ©nase molybdĂšne: les flavodoxines et
les ferrĂ©doxines. Les flavodoxines sont des protĂ©ines acides d’une longueur variant
entre 140 et 180 acides aminés et contenant un seul groupement prosthétique FMN.
Les ferrĂ©doxines sont des protĂ©ines acides d’une longueur variant entre 50 et 120
acides aminés et contenant 1 ou 2 centres Fe-S. Le cheminement des électrons
jusqu’à la dinitrogĂ©nase rĂ©ductase varie d’un microorganisme Ă  l’autre. Trois
exemples seront donnés dans cette section. Chez Klebsiella pneumoniae, la
flavodoxine NifF est le seul transporteur d’électron associĂ© Ă  la nitrogĂ©nase. Cette
protéine est réduite par les électrons libérés par la pyruvate-Fd oxydoréductase (NifJ)
lors de la gĂ©nĂ©ration d’acĂ©tyl-coA Ă  partir du pyruvate et de la coenzymeA (Nieva-
Gomez et al., 1980; Shah et al., 1983). NifJ est constituée de deux sous-unités de 120
kDa contenant chacune trois groupes Fe-S et un groupement prosthétique thiamine
pyrophosphate. Chez Azotobacter vinelandii, la flavodoxine NifF est le transporteur
d’électrons principal (Bennett et al., 1988). Les ferrĂ©doxines FdxA, FdxN, FixFd,
VnfFd et trois autres flavodoxines sont des candidates potentiellement impliquées
dans l’approvisionnement en Ă©lectrons de la dinitrogĂ©nase rĂ©ductase (Revue par
Saeki, 2004). Lorsque la ferrĂ©doxine FdxN est inactivĂ©e, l’activitĂ© de la nitrogĂ©nase
35


molybdĂšne est rĂ©duite de 60 Ă  65%. Par contre, ce phĂ©notype pourrait ĂȘtre dĂ» Ă  un
rîle possible de FdxN dans l’assemblage du cofacteur FeMo (Rodriguez-Quinones et
al., 1993). Dans des conditions ou seulement la nitrogénase vanadium est
fonctionnelle, la ferrĂ©doxine VnfFd est essentielle pour la croissance d’Azotobacter
vinelandii (Raina et al, 1993). Tout comme chez Klebsiella pneumoniae, NifJ fournit
les électrons à la flavodoxine NifF ou aux autres flavodoxines/ferrédoxines.


       La bactérie pourpre non-sulfureuse Rhodobacter capsulatus possÚde six
ferrédoxines et une flavodoxine (FdxN, FdxA, FdxB, FdxC, FdxD, FdxE, NifF). De
ce groupe, l’importance de la ferrĂ©doxine FdxN et de la flavodoxine NifF dans le
transport d’électrons jusqu’à la dinitrogĂ©nase rĂ©ductase a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©e par des
analyses mutationnelles. Lorsque fdxN est muté, la nitrogénase molybdÚne est 20 fois
moins active que dans la souche sauvage. De plus, ce mutant contient 4 fois moins de
nitrogénase molybdÚne. Cette ferrédoxine aurait un rÎle à la fois dans la stabilisation
de la nitrogénase Mo et dans le transport des électrons (Jouanneau et al., 1995). Dans
un milieu limité en fer (formation de ferrédoxine problématique) et sans source
d’azote rĂ©duit, la mutation de nifF empĂȘche Rhodobacter capsulatus de croĂźtre. Dans
un milieu abondant en fer, l’activitĂ© de la nitrogĂ©nase molybdĂšne dans la souche nifF
est réduite à 55% (Gennaro et al., 1996). FdxN est aussi impliqué dans
l’approvisionnement en Ă©lectrons de la nitrogĂ©nase fer de Rhodobacter capsulatus
puisque dans un milieu dépourvu de molybdÚne, la souche fdxN croßt trÚs mal
(SchĂŒddekopf et al., 1993).


       La pyruvate-Fd oxydoréductase, quoique capable de supporter la réduction du
N2 in vitro par la nitrogĂ©nase molybdĂšne, n’est pas la source d’électrons principale de
FdxN ou de NifF chez Rhodobacter capsulatus (Yakunin et Hallenbeck, 1998A). Un
groupe de dix protéines Rnf (RnfA, RnfB, RnfC, RnfD, RnfE, RnfF, RnfG, RnfH,
RnfX, RnfY) pourrait accomplir ce travail. L’inactivation par mutation de chacun des
gùnes rnf, à l’exception de rnfH pour lequel la construction d’un mutant reste à faire,
empĂȘche la croissance de Rhodobacter capsulatus dans des conditions oĂč la
réduction du N2 est obligatoire (Saeki et al., 1993; Schmehl et al., 1993). Autre
36


Ă©vidence de l’implication de ces protĂ©ines dans le transport d’électrons, lorsque
l’opĂ©ron rnfABCDGEH est surexprimĂ©, l’activitĂ© de la nitrogĂ©nase molybdĂšne in
vivo augmente de 50% Ă  100% mais l’activitĂ© in vitro et la quantitĂ© de nitrogĂ©nases
molybdÚne dans la cellule demeurent inchangées (Jouanneau et al., 1998). Les
protĂ©ines Rnf d’Azotobacter vinelandii, au contraire, seraient plutĂŽt associĂ©es Ă 
l’expression des protĂ©ines NifHDK de la nitrogĂ©nase molybdĂšne et Ă  l’assemblage du
centre [4Fe-4S]-Cys4 de la dinitrogénase réductase (Curatti et al., 2005). Les
protĂ©ines Rnf jouent aussi un rĂŽle dans l’alimentation en Ă©lectrons de la nitrogĂ©nase
fer de Rhodobacter capsulatus puisque dans une souche nifHDK, tous les gĂšnes rnf, Ă 
l’exception de rnfB, sont essentiels pour la croissance diazotrophique (Masepohl et
Klipp, 1996; SchĂŒddekopf et al., 1993).


       L’hypothĂšse selon laquelle les protĂ©ines Rnf rĂ©duisent FdxN et/ou NifF a pris
naissance suite Ă  trois observations. PremiĂšrement, RnfABCDGE forment un
complexe protéique associé à la membrane (Jouanneau et al., 1998). DeuxiÚmement,
la comparaison des séquences en acides aminés a révélé que RnfC possÚde des
rĂ©gions similaires Ă  ce que l’on retrouve chez les H+-NADH-quinone oxydorĂ©ductase
(H+-NQR); entre autre des sites d’attachement pour le NADH et le FMN.
TroisiÚmement, les protéines RnfA, RnfD et RnfE ont entre 25% et 40%
d’homologie avec NqrA, NqrC et NqrF, trois membres du complexe protĂ©ique
membranaire formant la Na+-NADH-quinone oxydoréductase (NqrA, NqrB, NqrC,
NqrD, NqrE, NqrF) (Na+-NQR) de Vibrio alginolyticus (Nakayama et al., 1998). Les
enzymes H+-NQR et Na+-NQR sont respectivement impliquées dans la translocation
à travers la membrane de H+ et de Na+. Donc, il a été proposé que le complexe
protĂ©ique membranaire Rnf pourrait ĂȘtre organisĂ© en deux sous-complexes: l’un
comprenant RnfB et RnfC, ressemblant à la H+-NQR et couplant l’oxydation du
NADH Ă  la rĂ©duction de FdxN/NifF et l’autre, comprenant RnfADGE, ressemblant Ă 
la Na+-NQR et fournissant l’énergie nĂ©cessaire, par l’entremise d’une force proton
motrice, à la réduction de FdxN/NifF par le NADH (Kumagai et al., 1997).


       1.2.1.5 Maturation de la nitrogénase
37



       La grande majorité des expériences visant à bien comprendre les étapes de la
maturation de la nitrogénase molybdÚne a été effectuée chez Azotobacter vinelandii
et chez Klebsiella pneumoniae. Trois protéines sont essentielles pour la maturation de
la dinitrogénase réductase: NifM, NifS et NifU. NifM est une peptidyl-prolyl
cis/trans isomĂšrase (PPI). Cette enzyme convertit en trans le lien peptidyl-prolyl du
résidu Pro258 et permet le repliement adéquat de la dinitrogénase réductase (Gavini
et al., 2006). NifS est une cystéine désulfurase qui fournit le soufre nécessaire pour
l’assemblage du centre [4Fe-4S]-Cys4 alors que NifU est la chaperone oĂč se fait cette
assemblage (Yuvaniyama et al., 2000; Zheng et al., 1994). La maturation de la
dinitrogĂ©nase FeMo se fait en plusieurs Ă©tapes (voir figure 11). D’abord, deux paires
de groupes [4Fe-4S] sont insĂ©rĂ©es dans le tĂ©tramĂšre α2ÎČ2 probablement par
l’entremise du couple de protĂ©ines NifS et NifU. La dinitrogĂ©nase rĂ©ductase en
prĂ©sence de Mg-ATP, amorce, par un mĂ©canisme inconnu n’impliquant pas sa
fonction transport d’électrons, la transformation des deux paires de groupes [4Fe-4S]
en deux groupes P et rend accessible le site d’insertion du cofacteur FeMo (Revue
par Rubio et Ludden, 2005). Ensuite, la protĂ©ine NafY s’attache Ă  la dinitrogĂ©nase
immature et participe à l’insertion du cofacteur FeMo. Le rîle exact de NafY dans ce
processus est soit de stabiliser le site d’insertion labile du cofacteur FeMo ou d’ĂȘtre
elle-mĂȘme Ă  l’origine de l’insertion. SubsĂ©quemment, NafY se dissocie du tĂ©tramĂšre
mature α2ÎČ2. Les chaperones GroEL sont requises pour l’expression d’une
nitrogĂ©nase FeMo fonctionnelle. Ces protĂ©ines s’associent Ă  NifHDK et serait
nĂ©cessaires pour le repliement correct de l’activateur NifA. Le rĂŽle dĂ©taillĂ© de NifA
sera décrit dans la section 1.2.2.3. Les chaperones GroEL sont aussi impliquées, soit
directement ou via la maturation de d’autres protĂ©ines de maturation, dans
l’activation du cofacteur FeMo (Ribbe et Burgess, 2001).
38


Figure 11. Maturation de la dinitrogénase. Légende: ovale = α (NifD); rectangle
      = ÎČ (NifK); octogone = NafY. Étape 1: chargement initial du tĂ©tramĂšre α2ÎČ2
      avec 2 paires de centres [4Fe-4S]. Étape 2: formation des centres P et
      prĂ©paration du site d’insertion du cofacteur FeMo. Étape 3. Attachement de
      NafY et stabilisation du site d’insertion du cofacteur FeMo. Étape 4. Insertion
      du cofacteur FeMo, dissociation de NafY et génération de la dinitrogénase
      mature. (Figure modifiée à partir de Rubio et Ludden, 2005).



L’assemblage du cofacteur FeMo se fait avant l’insertion dans la dinitrogĂ©nase. La
protĂ©ine NifB chaperonne l’assemblage du cofacteur NifB, un groupe Fe-S
précurseur du cofacteur FeMo (Shah et al., 1994). Le cofacteur NifB est ensuite pris
en charge et transformé par le couple de protéines NifEN (Revue par Rubio et
Ludden, 2005). NifX s’attache au cofacteur NifB et contrîlerait le flux de cofacteurs
NifB dans la voie de synthĂšse du cofacteur FeMo (Hernandez et al., 2007).
SubsĂ©quemment, la nitrogĂ©nase rĂ©ductase catalyse l’insertion Mg-ATP-dĂ©pendante
du molybdĂšne et de l’homocitrate (synthĂ©tisĂ© par NifV) dans le cofacteur FeMo (Hu
et al., 2006). Le cofacteur FeMo mature s’attache ensuite Ă  la protĂ©ine NafY.


       1.2.1.6 Diversité des organismes réducteurs de N2


       Le groupe des diazotrophes est restreint en nombre mais étalé à travers
plusieurs familles de bactĂ©ries et d’archaea (voir tableau I). L’identification de ces
microorganismes dans l’environnement rĂ©sulte de la dĂ©tection du gĂšne nifH ou
quelquefois du gĂšne nifD (Zehr et McReynolds, 1989; Ueda et al., 1995). Pour ce
faire, une sĂ©rie de techniques de biologie molĂ©culaire est utilisĂ©e: l’extraction de
l’ADN ou des ARNm provenant d’échantillons environnementaux, la PCR, la RT-
PCR, le clonage, le séquençage, les micropuces ADN, etc. Une similarité élevée entre
les gÚnes nifH des différentes espÚces réductrices laisse croire que la nitrogénase
molybdĂšne aurait atteint sa forme actuelle tĂŽt dans l’évolution et se serait propagĂ©e
chez les diazotrophes Ă  partir d’un ancĂȘtre commun (Postgate et Eady, 1988). Voici
un bref survol des principaux groupes de diazotrophes.
39


       Dans la nature, les diazotrophes entretiennent souvent des relations
symbiotiques avec des organismes incapables de rĂ©duire le N2. L’éventail des
associations bénéfiques pour les deux membres du couple diazotrophes-eucaryotes
est assez large. Par exemple, certaines cyanobactéries fournissent les éponges
marines et les coraux en molĂ©cules d’azote fixĂ© (Revue par Kneip et al., 2007). Dans
l’intestin du termite, l’on retrouve des protozoaires flagellĂ©s contenant Ă  leur tour des
espÚces de bactéries réductrices du N2 constituant un phylum distinct nommé
Endomicrobia (Stingl et al., 2005). Les champignons aussi se servent des
cyanobactĂ©ries pour avoir accĂšs Ă  de l’azote fixĂ©. C’est le cas du cyanolichen oĂč il y a
symbiose tripartite entre un champignon, une algue et une cyanobactérie. Dans ce
mĂ©nage Ă  trois, la cyanobactĂ©rie rĂ©duit l’azote et fournit aussi des molĂ©cules de
carbone organique, l’algue se spĂ©cialise dans la photosynthĂšse et le champignon
protĂšge les cyanobactĂ©ries d’une concentration en O2 inhibitrice pour l’activitĂ© de la
nitrogĂ©nase (Honegger, 2001). Autre forme d’interaction trĂšs commune dans la
nature, une structure appelée mycorhize à arbuscules résulte de la symbiose entre les
racines d’un arbre et un champignon. Dans ce cas, le champignon contient des ÎČ-
protĂ©obactĂ©ries fixatrices d’azote intracellulaires du genre Burkholderia (Revue par
Kneip et al., 2007). La symbiose bipartite entre un protozoaire et un diazotrophe est
plus rare et dans un seul cas, l’interaction entre le diatomĂ© Rhopalia gibba et des
cyanobactéries du genre Cyanothece, la fixation du N2 par le partenaire procaryotique
a été démontrée (Floener et Bothe, 1985).


       La symbiose la plus commune dans la nature ayant pour but l’assimilation de
l’azote est l’association entre une plante et un diazotrophes. Les α-protĂ©obactĂ©ries
des genres Rhizobium, Azorhizobium et Bradyrhizobium sont contenues Ă  l’intĂ©rieur
de nodules attachés au systÚme racinaire de diverses plantes légumineuses. Ces
diazotrophes fournissent de l’azote rĂ©duit et reçoivent en retour de la plante des
composĂ©s organiques de carbone. À remarquer, les bactĂ©ries des genres Rhizobium et
Bradyrhizobium sont incapables de rĂ©duire le N2 lorsqu’elles sont libres dans
l’environnement (Atlas et Bartha, 1998). La formation des nodules fait l’objet d’un
processus complexe et d’une rĂ©gulation extrĂȘmement serrĂ©e. Les Rhizobia sont attirĂ©s
40


par les flavonoides ou isoflavonoides secrĂ©tĂ©s par la plante. L’expression des gĂšnes
nod impliqués dans la synthÚse des lipochitines oligosaccharides est alors induite.
Ces molécules permettent aux Rhizobia de reconnaßtre la bonne espÚce de plante à
coloniser, provoquent le repliement des racines et la division des cellules
méristématiques (Atlas et Bartha, 1998). Les racines excrÚtent aussi du tryptophane
récupéré par les Rhizobia et transformé en acide indolacétique, une autre molécule
participant au repliement des racines. Les diazotrophes pénÚtrent ensuite dans les
racines, s’installent dans des vĂ©sicules membranaires situĂ©es Ă  l’intĂ©rieur des cellules
du parenchyme et prennent une forme bactéroïde. La nitrogénase des Rhizobia est
protĂ©gĂ©e de l’oxygĂšne par une compartimentation dans les nodules et par la
leghĂ©moglobine qui capture l’O2 (de Billy et al., 1991). Les Rhizobia ne sont pas les
seuls diazothropes à pratiquer la symbiose avec les plantes. Les actinobactéries du
genre Frankia forment des nodules attachĂ©s aux racines de plantes de l’ordre des
angiospermes (Torrey et Tjepkema, 1979). Les cyanobactéries sont aussi des
symbiontes des plantes mais cette interaction ne rĂ©sulte pas en la gĂ©nĂ©ration d’une
structure spéciale comme les nodules. En effet, les cyanobactéries résident dans des
cavités symbiotiques, structure qui existe chez les plantes indépendamment de la
symbiose. Tel que mentionné dans la section 1.2.1, une fraction des cyanobactéries
produisent des hétérocystes pour prémunir leurs nitrogénases contre les effets
nĂ©fastes de l’O2 et c’est probablement pour cette raison qu’un nodule est inutile.
D’ailleurs les cyanobactĂ©ries symbiotiques ont une proportion d’hĂ©tĂ©rocystes plus
Ă©levĂ©e que les cyanobactĂ©ries libres. Autre caractĂ©ristique, le spectre d’hĂŽte vĂ©gĂ©tal
pouvant accueillir les cyanobactéries est plus large que pour les Rhizobia ou Frankia.
Les cyanobactéries symbiotiques ont un taux de fixation du N2 plus élevé que les
cyanobactéries libres et elles sont incapables de faire la photosynthÚse pour prévenir
une compétition pour le CO2 entre la plante et le diazotrophe (Meeks, 1998; Revue
par Kneip, 2007).


       Deux groupes de bactĂ©ries libres rĂ©ductrices d’azote et phototrophes sont
présents à travers la majorité des écosystÚmes: les cyanobactéries et les bactéries
pourpres non-sulfureuses (Revue par Zehr et al., 2003). En effet, les cyanobactéries
41


n’ont pas besoin d’ĂȘtre en symbiose avec des Ă©ponges, coraux, champignons ou
plantes pour réduire le N2. Retrouvées dans la nature sous forme unicellulaire ou sous
forme de filament pluricellulaire (trichome), les cyanobactéries pratiquent une
photosynthĂšse oxygĂ©nique. C'est-Ă -dire que l’eau est utilisĂ©e comme donneur final
d’électrons et que la photolyse de l’eau produit de l’O2. Les cyanobactĂ©ries peuvent
ĂȘtre divisĂ©es en deux groupes : les formatrices d’hĂ©tĂ©rocystes et les non-formatrices
d’hĂ©tĂ©rocystes. Anabeana et Nostoc sont les deux genres de cyanobactĂ©ries
formatrices d’hĂ©tĂ©rocystes les plus Ă©tudiĂ©s. Dans le trichome de ce type de
microorganisme, les hétérocystes sont retrouvés à travers les cellules végétatives à
intervalle plus ou moins rĂ©gulier. Donc, la fixation de l’azote se fait dans les
hétérocystes et est séparée spatialement de la photosynthÚse oxygénique effectuée
dans les cellules végétatives (Revue par Thiel, 2004). La majorité des espÚces de
cyanobactĂ©ries non-formatrices d’hĂ©tĂ©rocystes sont incapables de rĂ©duire le N2 ou
encore elles le font seulement en anaérobie ou en présence de faibles concentrations
d’O2. Par contre, selon Gallon (2004), les quelques cyanobactĂ©ries non-formatrices
d’hĂ©tĂ©rocystes fixatrices de N2 en aĂ©robie, tel que Trichodesmium et Gleothece, sont
probablement responsables de 50% du total annuel de N2 réduit sur terre. La stratégie
adoptĂ©e par certains de ces microorganismes pour rĂ©duire au minimum l’impact de
l’O2 sur l’activitĂ© de la nitrogĂ©nase est de faire la photosynthĂšse oxygĂ©nique le jour et
la fixation du N2 la nuit (Revue par Gallon, 2004).


       Les     bactéries     pourpres     non-sulfureuses      (Rhodospirillaceae      et
Rhodobacteriaceae) sont des α-protéobactéries possédant un métabolisme trÚs
polyvalent. Par exemple, Rhodobacter capsulatus est capable d’adopter 5 modes de
croissances différents : photoautotrophe, photohétérotrophe, chimioorganotrophe par
respiration aĂ©robie, chimioorganotrophe par fermentation et chimiolithotrophe. À
cause de l’énergie nĂ©cessaire pour la fixation de l’azote, l’activitĂ© de la nitrogĂ©nase
est optimale dans les modes de croissance impliquant la photosynthĂšse. Les
Rhodospirillaceae    et    les   Rhodobacteriaceae    pratiquent   une    photosynthĂšse
anoxygĂ©nique qui n’utilise pas l’eau comme donneur d’électrons final et donc, qui ne
produit pas d’O2. Des petites molĂ©cules organiques, du H2S, du S ou du H2 peuvent
42


remplacer l’eau (Imhoff, 1995). Azospirillum, Rhodospirillum et Rhodobacter sont
les principaux genres étudiés de cette famille. Du lot, Azospirillum est le seul genre
de Rhodospirillaceae actuellement reconnu pour ĂȘtre Ă©troitement associĂ© Ă  une
plante, Oryza sativa (Revue par Bashan et al., 2004). Le reste des Rhodospirillaceae
et Rhodobacteriaceae évolue sous forme de bactéries libres présentes, entre autre,
dans le sol et les marais (Revue par Masepohl et al., 2004).




                 Cluster   Group         Subcluster   Genera
                 I         Alpha         1J           Azospirillum
                                                      Gluconacetobacte
                                                      r
                                                      Mesorhizobium
                                                      Rhodobacter
                                                      Rhodospirillum
                                                      Rhizobium
                                                      Sinorhizobium
                                         1K           Beijerinckia
                                                      Methylocella
                                                      Methylosinus
                                                      Methylocystis
                                                      Rhizobium
                                                      Xanthobacter
                           Beta          1J           Burkholderia
                                         1K           Burkholderia
                                                      Herbaspirillum
                                         1P           Azoarcus
                                         1U           Alcaligenes
                           Epsilon       1F           Arcobacter
                           Gamma         1H           Vibrio
                                         1K           Acidothiobacillus
                                         1I           Klebsiella
                                                      Vibrio
                                         1M           Marichromatium
                                                      Methylomonas
                                         1N           Azotobacter
                                                      (vnfH)
                                                      Klebsiella
43

                              1P        Methylobacter
                              1T        Azomonas
                                        Azotobacter
                              1U        Pseudomonas
          Cyanobacteri        1B        Anabaena
          a
                                        Chiorogioeopsis
                                        Calothrix
                                        Cyanothece
                                        Dermacarpa
                                        Fischerella
                                        Gloeothece
                                        Lyngbya
                                        Myxosarcina
                                        Nostoc
                                        Oscillatoria
                                        Phormidium
                                        Plectonema
                                        Pseudanabaena
                                        Scytonema
                                        Sympioca
                                        Synechococcus




Cluster   Group          Subcluster   Genera
I                                     Synechocystis
                                      Tolypothrix
                                      Trichodesmium
                                      Xenococcus
          Firmicutes     1D           Frankia
                         1E           Paenibacillus
II        Alpha          2C           Rhodobacter
          Delta          2E           Desulfobacter
          Gamma          2C           Azotobacter
          Firmicutes     2D           Paenibacillus
                         2E           Clostridium
          Spirochaete    2C           Spirochaeta
          s
                                      Treponema
          Archaea        2B           Methanobrevibacter
                                      Methanococcus
                                      Methanothermobacte
                                      r
                         2F           Methanosarcina
III       Delta          3B           Desulfobacter
                         3E           Desulfomicrobium
                                      Desulfovibrio
                         3J           Desulfotomaculum
44

                                        3L           Desulfonema
                                        3P           Desulfovibrio
                                        3T           Desulfovibrio
                          Firmicutes    3A           Clostridium
                                        3C           Clostridium
                                        3D           Acetobacterium
                                                     Clostridium
                                        3J           Desulfosporosinus
                          Spirochaete   3C           Spirochaeta
                          s
                                                     Treponema
                                        3K           Spirochaeta
                                        3L           Spirochaeta
                                                     Treponema
                                        3S           Spirochaeta
                          Archaea       3C           Methanosarcina
                          Green         3L           Chlorobium
                          sulphur
                                                     Pelodictyon
                IV        Spirochaete   4A           Treponema
                          s
                                        4C           Treponema
                          Archaea       4            Methanobrevibacter
                                                     Methanocaldococcus
                Cluster   Group         Subcluster   Genera
                IV                                   Methanococcus
                                                     Methanopyrus
                                                     Methanosarcina
                                                     Methanothermobacte
                                                     r
                                        4A           Methanosarcina
                                        4D           Methanosarcina


Tableau I. Distribution phylogénétique des gÚnes nifH à travers les espÚces
      cultivables. Les groupes phylogénétiques (group) majeurs sont basés sur
      l’ARNr et les sous-clusters (subcluster) sur nifH, (Tableau tirĂ© de Zehr et al.,
      2003).



       1.2.2 La rĂ©gulation de l’expression et de l’activitĂ© de la nitrogĂ©nase


       Puisque la nitrogénase catalyse une réaction coûteuse en énergie, les
diazotrophes ont développé une série de mécanismes pour réguler de maniÚre trÚs
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  • 1. 2 1. MĂ©tabolisme de l’azote Le cycle biogĂ©ochimique de l’azote est alimentĂ© par un rĂ©servoir d’azote atmosphĂ©rique (N2) de plus de 3.8 X 1015 tonnes mĂ©triques. Six processus, tous mis en marche par des microorganismes, permettent aux diffĂ©rentes formes rĂ©duites ou oxydĂ©es de l’azote de circuler dans l’environnement: la fixation, l’assimilation, l’ammonification, la nitrification, la dĂ©nitrification et l’oxydation anaĂ©robique de l’ammonium (NH4+) (anammox) (voir figure 1) (Atlas et Bartha, 1998). Figure 1. Cycle de l’azote. (Figure tirĂ©e de http://www.mpi- bremen.de/en/Nitrogen_Cycling_in_the_Black_Sea.html). En rĂ©sumĂ©, la fixation consiste en la rĂ©duction du N2 en ammoniac (NH3). Le NH3 est ensuite assimilĂ© par les plantes et incorporĂ© dans des molĂ©cules organiques comme les acides aminĂ©s, les nuclĂ©otides, etc. Les acides aminĂ©s et d’autres petites molĂ©cules contenant de l’azote peuvent ĂȘtre assimilĂ©s directement par les animaux, les champignons et divers hĂ©tĂ©rotrophes. L’azote organique des plantes et des animaux morts est reconverti en NH3 par ammonification. La nitrification, effectuĂ©e par des bactĂ©ries du sol, consiste en l’oxydation du NH3 jusqu’au nitrate (NO3-) en passant par le nitrite (NO2-). Les plantes assimilent aussi le NO3- et le rĂ©duisent en NH3. Pour complĂ©ter le cycle, le NO3- est rĂ©duit en N2 en passant par les intermĂ©diaires suivants: le NO2-, le monoxyde d’azote (NO) et le protoxyde d’azote (N2O). Dans l’ocĂ©an, le NH3 et le NO2- peuvent ĂȘtre convertis directement en N2 par un processus appelĂ© anammox. Dans ce cas, le NH4+, la forme cationique du couple NH3/NH4+ majoritaire en solution Ă  un pH physiologique, rĂ©agit avec le NO2- pour donner du N2 et deux molĂ©cules d’eau. La premiĂšre partie de cette revue de littĂ©rature se consacrera Ă  l’assimilation et la fixation de l’azote. 1.1 L’assimilation de l’azote
  • 2. 3 Une variĂ©tĂ© de composĂ©s organiques azotĂ©s peut ĂȘtre assimilĂ©e par les microorganismes. Le NH3 est souvent la source d’azote prĂ©fĂ©rĂ©e. C’est le cas pour Escherichia coli puisque le NH3 supporte le taux de croissance le plus rapide. E. coli a servi d’organisme modĂšle pour l’étude de l’assimilation du NH3. Deux voies mĂ©taboliques entrent en jeux pour la gĂ©nĂ©ration de glutamate et de glutamine Ă  partir du NH3. Lorsque le milieu est limitĂ© en NH3, la glutamine synthĂ©tase (GS) (GlnA) et la glutamate synthase (GOGAT) (GltBD) catalysent les rĂ©actions suivantes: A) glutamate + ATP + NH3 => glutamine + ADP + PO4-2 (GS) B) glutamine + α-cĂ©toglurate + NADPH => 2 glutamates + NADP+ (GOGAT) Lorsque le NH3 est abondant dans le milieu, la glutamate dĂ©hydrogĂ©nase (GDH) (GdhA) catalyse la rĂ©action suivante : C) α-cĂ©toglutarate + NH3 + NADPH => glutamate + NADP+ (GDH) Chez certaines bactĂ©ries pourpres non-sulfureuses telles que Rhodobacter capsulatus et Rhodoblastus acidophilus, la L-alanine dĂ©hydrogĂ©nase (AldA) est responsable de l’assimilation de l’azote dans un milieu riche en NH3 en catalysant la rĂ©action suivante (Caballero et al., 1989; Herbert et al., 1978) : D) pyruvate + NADH + NH3 => L-alanine + NAD + H2O La voie d’assimilation GS-GOGAT est plus appropriĂ©e dans un environnement pauvre en NH3 parce que l’affinitĂ© de la glutamine synthĂ©tase pour le NH3 est plus haute que celle de la glutamate dĂ©hydrogĂ©nase. En effet, la constante de Michaelis (Km) de la glutamine synthĂ©tase pour le NH3 est de <0,2 mM alors que celle de la glutamate dĂ©hydrogĂ©nase est de >1 mM (Miller et Stadtman, 1972). Par contre, la voie GS-GOGAT nĂ©cessite prĂšs de 15 % des molĂ©cules d’ATP disponibles dans la cellule (Lengeler et al., 1999). Une fois la glutamine et le glutamate synthĂ©tisĂ©s, et
  • 3. 4 donc le NH3 assimilĂ©, diverses voies mĂ©taboliques sont alimentĂ©es pour la synthĂšse des composantes azotĂ©es de la cellule (Revue par Reitzer, 2003). Le glutamate fournit ~88 % de l’azote cellulaire et la glutamine fournit le reste (Wohlheuter et al., 1973). Outre son rĂŽle dans la biosynthĂšse, chez Escherichia coli, le glutamate participe Ă  la rĂ©ponse de la cellule au stress osmotique. Quand l’osmolaritĂ© externe s’accentue, la concentration intracellulaire en glutamate et en K+ augmente (Revue par Csonka et Hanson, 1991). Le glutamate forme le plus important groupe d’anions contrebalançant la prĂ©sence de K+. La concentration en glutamate demeure constante en dĂ©pit de l’ajout d’azote externe (Revue par Csonka et Hanson, 1991). En permanence infĂ©rieure Ă  la concentration en glutamate, la concentration en glutamine intracellulaire varie selon la disponibilitĂ© en azote externe et est un indicateur de celle-ci (Ikeda et al., 1996). Le rĂŽle dĂ©taillĂ© de la glutamine dans la rĂ©gulation du mĂ©tabolisme de l’azote sera abordĂ© ultĂ©rieurement. 1.1.1 La glutamate dĂ©hydrogĂ©nase et la L-alanine dĂ©hydrogĂ©nase La glutamate dĂ©hydrogĂ©nase est un hexamĂšre composĂ© de sous-unitĂ©s identiques avec un poids molĂ©culaire total de 300 kDa. Cette enzyme est encodĂ©e par le gĂšne monocistronique gdhA Ă  partir d’un promoteur unique σ70-dĂ©pendant (voir figure 2). Chez Escherichia coli, la prĂ©sence de glutamate ou d’aspartate externe rĂ©prime l’expression de la glutamate dĂ©hydrogĂ©nase par un mĂ©canisme inconnu (Revue par Reitzer, 1996). Chez une autre entĂ©robactĂ©rie, Klebsiella aerogenes, l’ajout de lysine dans le milieu rĂ©duit par deux la formation de glutamate dĂ©hydrogĂ©nase in vivo (Janes et al., 2001). La pauvretĂ© du milieu en NH3 entraĂźne aussi une rĂ©duction de la transcription de gdhA. La protĂ©ine NAC (Nitrogen Assimilation Control) cause cette rĂ©pression chez Escherichia coli, chez Klebsiella aerogenes et chez Klebsiella pneumoniae (Camarena et al., 1998; Macaluso et al., 1990; Rosario et Bender, 2005). NAC est composĂ©e de deux sous-unitĂ©s identiques de 32 kDa et appartient Ă  la famille des rĂ©gulateurs de la transcription LysR. En effet, NAC possĂšde en N-terminal un motif d’attachement Ă  l’ADN HTH (Helix-Turn- Helix) typique de la famille LysR. Contrairement aux rĂ©gulateurs de cette famille, la
  • 4. 5 protĂ©ine NAC n’a pas besoin de l’attachement d’une petite molĂ©cule effectrice en C- terminal pour ĂȘtre active (Schwacha et Bender, 1993). En plus de la glutamate dĂ©hydrogĂ©nase, NAC rĂ©prime sa propre expression et celle de la glutamate synthase. NAC active la transcription des opĂ©rons hut (histidine utilization), ure (urea utilization), dad (d-amino acid dehydrogenase) et cod (cytosine deaminase). À remarquer, tous ces opĂ©rons sont transcrits avec une ARN polymĂ©rase associĂ©e au facteur σ70. Quant au gĂšne nac, il est transcrit par une ARN polymĂ©rase associĂ©e au facteur σ54 et nĂ©cessite la prĂ©sence de l’activateur NtrC~P. Cette protĂ©ine est phosphorylĂ©e lorsque la concentration en NH3 dans le milieu est faible. Ainsi, NAC permet le couplage du systĂšme de rĂ©gulation Ă  deux composantes NtrB (NRII) / NtrC (NRI) avec des opĂ©rons transcrits Ă  l’aide du facteur σ70 (Bender, 1991). Les sections 1.1.3.2 et 1.1.3.3 apporteront plus de dĂ©tails quant aux facteurs σ et au systĂšme de rĂ©gulation Ă  deux composantes Ntr. Chez Klebsiella aerogenes, la transcription de gdhA est rĂ©duite par trois lorsque NAC s’attache Ă  une sĂ©quence ATC-N9-TAT aux alentours de la position -89 par rapport au site d’initiation de la transcription. Dans cette conformation, Nac concurrence probablement un activateur inhibĂ© par la prĂ©sence de lysine. La rĂ©pression est plus forte (10 fois moins de transcription de gdhA) lorsque NAC, sous une forme tĂ©tramĂ©rique, s’attache aux alentours des positions -89 et +57 et induit la formation d’une boucle d’ADN bloquant la transcription (Goss et al., 2002; Rosario et Bender, 2005). Figure 2. OpĂ©ron gdhA d’Escherichia coli. LĂ©gende: rose = rĂ©presseur. (Figure tirĂ©e de http://biocyc.org/ECOLI/NEW-IMAGE? type=OPERON&object=TU0-1201; Keseler et al., 2004). Chez Escherichia coli, un site d’attachement pour la protĂ©ine rĂ©gulatrice CRP (ou CAP) couvrant la rĂ©gion -35 du promoteur de gdhA a Ă©tĂ© identifiĂ© (Riba et al., 1988). Cet homodimĂšre de 44 kDa possĂšde deux motifs d’attachement Ă  l’ADN HTH et est impliquĂ© dans la rĂ©pression catabolique; c'est-Ă -dire dans la gestion de
  • 5. 6 l’expression des enzymes nĂ©cessaires au mĂ©tabolisme de sources de carbone (lactose, maltose, glycĂ©rol, etc.) moins favorables Ă  la croissance bactĂ©rienne aprĂšs l’épuisement du glucose, un sucre permettant une croissance plus rapide. CRP active la transcription Ă  partir de plus d’une centaine de promoteurs et rĂ©prime l’expression de certains gĂšnes tel que ompA (outer membrane complex A protein), crp et l’opĂ©ron gal (galactose). En prĂ©sence de l’effecteur allostĂ©rique cAMP (AMP cyclique), la protĂ©ine CRP s’attache Ă  une sĂ©quence de 22 pb et amĂ©liore ou rend difficile l’accĂšs au promoteur de l’ARN polymĂ©rase (Revue par Lawson et al., 2004). La concentration en cAMP est inversement proportionnelle au taux de croissance. L’enzyme responsable de la synthĂšse du cAMP, l’adĂ©nylate cyclase (Cya), est probablement activĂ©e par la forme phosphorylĂ©e de IIAGlc, une protĂ©ine jouant un rĂŽle dans le systĂšme phosphoĂ©nolpyruvate:sucre phosphotransfĂ©rase de transport des sucres (PTS) (Park et al., 2006). Dans le cas de gdhA, la protĂ©ine CRP est un rĂ©presseur puisque la quantitĂ© d’ARNm et l’activitĂ© de GdhA sont plus importante en prĂ©sence de glucose qu’en prĂ©sence de glycĂ©rol (Riba et al., 1988). La L-alanine dĂ©hydrogĂ©nase de Rhodobacter capsulatus est composĂ©e de six sous-unitĂ©s identiques et possĂšde un poids molĂ©culaire total de 240 kDa. Le Km de cette enzyme pour le NH3 se situe entre 8.3 mM et 28 mM dĂ©pendant de la souche de Rhodobacter capsulatus Ă©tudiĂ©e (Caballero et al., 1989). La rĂ©gulation de l’expression ou de l’activitĂ© de la L-alanine dĂ©hydrogĂ©nase est un sujet peu Ă©tudiĂ©. Chez Rhizobium leguminosarum, une bactĂ©rie symbiotique fixatrice d’azote, un rĂ©gulateur de la famille AsnC-Lrp, AldR, est nĂ©cessaire pour l’expression d’AldA (Lodwig et al., 2004). Le rĂ©gulateur AldR est une protĂ©ine de 17 kDa possĂ©dant un motif d’attachement Ă  l’ADN HTH en N-terminal typique de la famille AsnC. 1.1.2 La glutamate synthase La glutamate synthase de la bactĂ©rie pourpre non-sulfureuse Azospirillum brasilense est composĂ©e de quatre hĂ©tĂ©rodimĂšres formĂ©s d’une sous-unitĂ© de 160 kDa et d’une autre de 52 kDa. gltB encode la grosse sous-unitĂ© alors que gltD encode la
  • 6. 7 petite sous-unitĂ©. GltB contient un cofacteur FMN (Flavine MononuclĂ©otide) et un centre [3Fe-4S]0, +1. GltD contient un cofacteur FAD (Flavine AdĂ©nine DinuclĂ©otide) et probablement deux centres [4Fe-4S]+1. +2 (Agnelli et al., 2005). GltB catalyse la synthĂšse rĂ©ductive du glutamate Ă  partir de la glutamine et de l’α-cĂ©toglutarate (αCG). La petite sous-unitĂ© GltD est une NADPH oxydorĂ©ductase FAD-dĂ©pendante qui transfert des Ă©quivalents rĂ©ducteurs du NADPH en passant par le cofacteur FAD, le centre [3Fe-4S]0, +1 et au moins l’un des deux centres [4Fe-4S]+1. +2 jusqu’au cofacteur FMN de la grosse sous-unitĂ© GltB (Revue par Van den Heuvel et al., 2004). Les gĂšnes gltB et gltD sont situĂ©s sur l’opĂ©ron gltBDF transcrit Ă  partir d’un promoteur possĂ©dant un motif reconnu par le facteur σ70 (voir figure 3). Aucun rĂŽle spĂ©cifique n’a Ă©tĂ© identifiĂ© pour GltF jusqu’à maintenant (Goss et al., 2001). Quatre rĂ©presseurs et trois activateurs sont impliquĂ©s dans la rĂ©gulation de l’opĂ©ron gltBDF d’Escherichia coli. Tout comme pour gdhA, CRP-cAMP s’attache en amont de l’opĂ©ron gltBDF aux alentours de la position -65 et fait office de rĂ©presseur (Paul et al., 2007). La protĂ©ine NAC est aussi impliquĂ©e dans la rĂ©gulation nĂ©gative de gltBDF (Zimmer et al., 2000). Figure 3. OpĂ©ron gltBDF d’Escherichia coli. LĂ©gende: rose = rĂ©presseur; vert = activateur. (Figure tirĂ©e de http://biocyc.org/ECOLI/NEW-IMAGE? type=GENE&object=EG10403; Keseler et al., 2004). Le rĂ©gulateur ArgR peut s’attacher aux alentours des sites -352 et -331 en amont de gltBDF et rĂ©duit l’expression de cet opĂ©ron. ArgR est un hexamĂšre de 98 kDa composĂ© de deux trimĂšres liĂ©s par six arginine (Van Duyne et al., 1996). La partie N-terminale de la protĂ©ine contient un site d’attachement Ă  l’ADN HTH alors que la partie C-terminale contient un site d’attachement pour l’arginine. ArgR reconnaĂźt un opĂ©rateur constituĂ© de deux sĂ©quences d’ADN plus ou moins
  • 7. 8 palindromiques de 18 pb sĂ©parĂ©es par 2 ou 3 pb appelĂ©es boĂźtes ARG (Berg, 1988). En plus de rĂ©primer la transcription d’une trentaine de gĂšnes donc ceux responsables de la biosynthĂšse de l’arginine (argE, argI, argCBH, argD, argR, argG, carAB, etc.), ArgR est impliquĂ© dans la recombinaison site-spĂ©cifique permettant la rĂ©solution en monomĂšre de multimĂšres de plasmides possĂ©dant un origine de rĂ©plication ColE1 (Stirling et al., 1988). Sachant que le glutamate est un prĂ©curseur de l’ornithine qui Ă  son tour est convertit en arginine, le produit final de cette voie de synthĂšse exerce donc une inhibition «feedback» par l’entremise d’ArgR sur la glutamate synthase. FNR (Fumarate and Nitrate Reduction) est le dernier facteur de transcription rĂ©primant lĂ©gĂšrement l’expression de la glutamate synthase (Constantinidou et al., 2006). De la mĂȘme famille que le rĂ©gulateur CRP, FNR est un homodimĂšre de 56 kDa possĂ©dant un motif d’attachement Ă  l’ADN HTH en C-terminal et un centre Fe-S en N-terminal (Revue par Körner et al., 2003). FNR contrĂŽle l’expression de plus de 100 gĂšnes impliquĂ©s dans le passage de la bactĂ©rie d’un environnement aĂ©robie Ă  un environnement anaĂ©robie. En particulier, FNR rĂ©prime l’expression des gĂšnes responsables de la respiration aĂ©robie et active ceux qui permettent la rĂ©duction d’accepteurs d’électrons alternatifs comme le nitrate et le fumarate. Le centre Fe-S permet Ă  FNR de sentir le niveau d’O2 dans la cellule. En effet, l’O2 convertit les deux centres [4Fe-4S]2+ du dimĂšre en centres [2Fe-2S]2+. Dans cette conformation, FNR devient incapable de se lier Ă  l’ADN Ă  cause d’une diminution de son taux de dimĂ©risation (Revue par Kiley et Beinert, 2003). En absence des activateurs Lrp (Leucine-responsive Regulatory Protein) et IHF (Integration Host Factor), l’expression de l’opĂ©ron gltBDF est rĂ©duit 30 fois (Paul et al., 2001). Ces deux protĂ©ines s’attachent simultanĂ©ment en amont de gltBDF; aux alentours des positions -246, -215 et -152 pour Lrp et des positions -89 et -85 pour IHF. Lrp d’Escherichia coli est un homodimĂšre de ~40 kDa possĂ©dant un motif d’attachement Ă  l’ADN HTH en N-terminal, un domaine central responsable de la rĂ©gulation de la transcription et un domaine C-terminal sensible Ă  la leucine. Lrp affecte la transcription d’au moins 10% de tous les gĂšnes d’Escherichia coli; entre
  • 8. 9 autre, ceux impliquĂ©s dans le mĂ©tabolisme des acides aminĂ©s ou dans la synthĂšse des pili (Revue par Brinkman et al., 2003). La leucine indique au rĂ©gulateur Lrp la quantitĂ© disponible de protĂ©ines et de peptides dans le milieu. DĂ©pendant de l’abondance en nutriments, Lrp inhibe habituellement l’expression des gĂšnes associĂ©s au catabolisme et active l’expression de ceux associĂ©s Ă  l’anabolisme. La leucine peut attĂ©nuer ou accentuer l’activitĂ© de rĂ©gulation de Lrp ou encore n’avoir aucun effet. Une cellule d’E. coli contient 3000 dimĂšres de Lrp. À une concentration comparable in vitro, les dimĂšres Lrp forment un complexe hexadĂ©camĂšrique rĂ©duit en octamĂšre en prĂ©sence de leucine (Chen et al., 2001; Chen et Calvo, 2002). Selon le modĂšle proposĂ© par Chen et al. (2001), les deux formes oligomĂ©riques de Lrp interagissent avec diffĂ©rents promoteurs ce qui explique la variabilitĂ© des effets de la leucine. Compte tenu de la grande quantitĂ© de Lrp dans la cellule, ce rĂ©gulateur pourrait agir aussi en tant qu’organisateur de la structure du chromosome (D’Ari et al., 1993). Dans le cas de l’opĂ©ron gltBDF, la rĂ©gulation Lrp est peu sensible Ă  la leucine. Par contre, l’expression de Lrp est stimulĂ©e par le ppGpp (3’, 5’-bipyrophosphate guanosine), un indicateur d’une limitation en acides aminĂ©s ou en sources d’énergie (Landgraf et al., 1996). La combinaison d’IHF et de Lrp stabilise le complexe formĂ© entre l’ARN polymĂ©rase et le promoteur. IHF pourrait plier l’ADN de maniĂšre Ă  permettre un contact entre les complexes ARN-polymĂ©rase-gltBp et Lrp-ADN (Paul et al., 2007). IHF est un hĂ©tĂ©rodimĂšre composĂ© de deux sous-unitĂ©s de 10 kDa chacune encodĂ©es par himA et himD. Contrairement aux autres membres de la famille «DNA-binding Proteins» de type II (HU, TF1, etc.), IHF reconnaĂźt la sĂ©quence consensus T/AATCAANNNNTTA/G et s’attache spĂ©cifiquement Ă  ce site (Revue par Travers, 1997). IHF plie l’ADN de 160° et participe, entre autre, Ă  la condensation du chromosome (Revue par Swinger et Rice, 2004). Le troisiĂšme et dernier facteur activant la transcription de gltBDF est GadE, une protĂ©ine impliquĂ©e dans l’adaptation d’Escherichia coli Ă  un environnement acide (Hommais et al., 2004). GadE a un poids molĂ©culaire de ~20 kDa et contient un motif d’attachement Ă  l’ADN en C-terminal typique de la famille LuxR. L’effet positif de GadE sur la transcription de gltBDF a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© par micropuce ADN et
  • 9. 10 l’attachement de GadE au promoteur de gltBDF a Ă©tĂ© observĂ© par retard sur gel. GadE est exprimĂ©e prĂ©fĂ©rentiellement Ă  un pH acide de 4.5 ou 5.5 par rapport Ă  un pH de 7.4 (Tucker et al., 2002). E. coli possĂšde quatre systĂšmes pour survivre dans un milieu acide: un systĂšme rĂ©primĂ© par le glucose peu caractĂ©risĂ© et trois systĂšmes basĂ©s respectivement sur la dĂ©carboxylation du glutamate, de l’arginine et de la lysine (Castanie-Cornet et al., 2001; Iyer et al., 2003). De ces quatre mĂ©canismes, la dĂ©carboxylation du glutamate est celui qui consomme le plus de protons. Puisque le transport du glutamate Ă  l’intĂ©rieur de la cellule entraĂźne l’entrĂ©e simultanĂ©e d’un proton, la production intracellulaire de glutamate par GltBD est essentielle pour que ce systĂšme de survie soit efficace. En plus de cet opĂ©ron, GadE active, entre autre, l’expression des gĂšnes gadA, gadB et gadC responsables de la dĂ©carboxylation du glutamate (Ma et al., 2003). 1.1.3 La glutamine synthĂ©tase La glutamine synthĂ©tase bactĂ©rienne est un dodĂ©camĂšre de ~620 kDa formĂ© de deux anneaux hexamĂ©riques se faisant face (voir figure 4i). L’enzyme possĂšde 12 sites actifs localisĂ©s Ă  l’interface entre le domaine C-terminal d’une sous-unitĂ© et le domaine N-terminal de la sous-unitĂ© adjacente. La grande majoritĂ© des rĂ©sidus composant le site actif provient du domaine C-terminal. Le glutamate et l’ATP s’attache aux extrĂ©mitĂ©s opposĂ©es du site actif en forme de sablier (voir figures 4i et 4ii). Au centre du site actif, 2 Mg2+ et/ou 2 Mn2+ se lient aux sites n1 et n2. Le cation n1 stabilise la forme active de la glutamine synthĂ©tase et joue un rĂŽle dans l’attachement du glutamate. Le cation n2 est impliquĂ© dans le transfert du groupe phosphoryl-. La synthĂšse de la glutamine se fait en deux Ă©tapes: la formation de l’intermĂ©diaire Îł-glutamyl phosphate et la production de glutamine. En premier lieu, le cation n2 coordonne le Îł-phosphate de l’ATP pour permettre la phosphorylation du groupe Îł-carboxylate du glutamate et la synthĂšse de l’intermĂ©diaire. Finalement, le NH3 attaque le Îł-glutamyl phosphate et entraĂźne la libĂ©ration d’une molĂ©cule de phosphate et d’une molĂ©cule de glutamine (Revue par Eisenberg et al., 2000). D’un point de vue structural, l’arrivĂ©e de l’ATP Ă  proximitĂ© du cation n2 provoque la
  • 10. 11 migration de la boucle Asp-50’, la portion N-terminale du site actif, vers le futur site d’attachement du NH4+ (voir figure 4ii). SimultanĂ©ment, l’arginine 339 se dĂ©place vers le site d’attachement du groupe Îł-carboxylate du glutamate. Ces deux changements de conformation augmentent l’affinitĂ© de GlnA pour le NH4+ et le glutamate. Le glutamate pĂ©nĂštre ensuite dans le site actif et se lie au-dessus de la boucle Glu-327 (rĂ©sidus 323-330) de façon Ă  ce que le groupe Îł-carboxylate soit dans l’entourage du cation n1. La fonction principale de la boucle Glu-327 est d’empĂȘcher l’hydrolyse aberrante de l’intermĂ©diaire Îł-glutamyl phosphate en bloquant l’entrĂ©e du site actif. Le groupe amine du glutamate modifie l’orientation de la boucle Asn-264 (rĂ©sidus 255-266) et permet Ă  celle-ci de coopĂ©rer avec la sĂ©rine 53’ de la boucle Asp-50’ pour stabiliser la boucle Glu-327 dans une conformation favorisant la protection du site actif. La polarisation par les deux cations et l’arginine 339 du groupe Îł-phosphate entraĂźne la synthĂšse du Îł-glutamyl phosphate. Une fois cette Ă©tape franchit, le NH4+ entre dans le site actif et s’ancre dans le vestibule chargĂ© nĂ©gativement formĂ© par les rĂ©sidus Glu-327, Asp-50’, Tyr-179, Glu-212 et Ser-53’. Le NH4+ perd un proton au dĂ©pend de la chaĂźne latĂ©rale de l’asparagine 50’. L’attaque par le NH3+ du Îł-glutamyl phosphate rĂ©sulte en la formation d’un adduit tĂ©traĂ©drique liĂ© Ă  la glutamine 327 par un pont salin. Finalement, la glutamine est relĂąchĂ©e aprĂšs le transfert d’un proton de l’adduit vers la glutamine 327 et l’ouverture du site actif par la boucle Glu-327 (Revue par Eisenberg et al., 2000).
  • 11. 12 i ii Figure 4. i. Site actif et anneau hexamĂ©rique de la glutamine synthĂ©tase. ii. Cycle de la biosynthĂšse de la glutamine effectuĂ© par la glutamine synthĂ©tase. (Figure tirĂ©e de Eisenberg et al., 2000). 1.1.3.1 La rĂ©gulation transcriptionnelle de la glutamine synthĂ©tase La glutamine synthĂ©tase est encodĂ©e par le gĂšne glnA situĂ© sur l’opĂ©ron glnALG (voir figure 5). GlnL (NtrB) et GlnG (NtrC) sont les membres d’un systĂšme de rĂ©gulation Ă  deux composantes sur lequel nous reviendrons dans la section 1.1.3.3. Chez Escherichia coli, GlnA est transcrit Ă  partir de deux promoteurs: glnAp1 et glnAp2. Puisque la glutamine synthĂ©tase est la seule enzyme capable de fabriquer de la glutamine, la bactĂ©rie doit exprimer un niveau basal de GlnA indĂ©pendamment de la concentration en NH3 dans le milieu. glnAp1 est donc un promoteur plus faible que glnAp2 permettant une transcription minimale de glnALG lorsqu’il y a abondance de
  • 12. 13 NH3 (Revue par Reitzer, 2003). Le promoteur σ70-dĂ©pendant glnAp1 est situĂ© 116 pb en amont de glnAp2, un promoteur σ54-dĂ©pendant. glnAp2 est responsable de l’augmentation draconienne de la transcription de glnA en conditions de croissance dĂ©ficientes en azote fixĂ©. glnAp1 et glnAp2 peuvent assurer la transcription de glnA seul ou de l’opĂ©ron glnALG en entier. En effet, la transcription Ă  partir de ces promoteurs peut prendre fin ou non au terminateur Rho-indĂ©pendant situĂ© dans la partie 5’ de glnL (Rocha et al., 1985). En aval de glnA, le promoteur glnLp σ70- dĂ©pendant permet l’expression exclusive de glnLG (Pahel et al., 1982). Figure 5. OpĂ©ron glnALG d’Escherichia coli. LĂ©gende: rose = rĂ©presseur; vert = activateur; brun = activateur et rĂ©presseur. (Figure tirĂ©e de http://biocyc.org/ECOLI/NEW-IMAGE?type=GENE&object=EG10383; Keseler et al., 2004). Chez les bactĂ©ries pourpres non-sulfureuses tel que Rhodobacter capsulatus, Rhodspirillum rubrum et Azospirillum brasilense, glnA fait partie de l’opĂ©ron glnBA. glnB code pour un rĂ©gulateur PII; famille de protĂ©ines occupant une place central dans le mĂ©tabolisme de l’azote. Chez Rhodospirillum rubrum, le promoteur faible σ70-dĂ©pendant glnBp1 et le promoteur fort σ54-dĂ©pendant glnBp2 ont des fonctions similaires au couple glnAp1 et glnAp2 d’Escherichia coli (Cheng et al., 1999). Par contre, la transcription Ă  partir de glnBp2 en prĂ©sence de NH4+ demeure plus forte que celle Ă  partir de glnBp1. En plus des promoteurs glnBp1 et glnBp2, l’opĂ©ron glnBA d’Azospirillum brasilense contient un troisiĂšme promoteur glnAp peu caractĂ©risĂ© et situĂ© entre les rĂ©gions codantes de glnB et de glnA (de Zamaroczy et al., 1993). Chez Rhodobacter capsulatus, malgrĂ© la prĂ©sence de transcrits glnBA et de transcrits glnA, seulement un couple de promoteurs glnBp1-2 bĂąti sur le mĂȘme modĂšle que celui retrouvĂ© chez Rhodospirillum rubrum a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© en amont de glnBA (Foster- Hartnett et Kranz, 1994). À la diffĂ©rence de glnBp2 de Rhodospirillum rubrum, le promoteur fort glnBp2 de Rhodobacter capsulatus est indĂ©pendant du facteur σ54.
  • 13. 14 Pour expliquer l’existence de transcrits glnA, Borghese et Wall (1995) ont recherchĂ© la prĂ©sence de structures tige-boucle dans l’ARNm. Une structure tige-boucle potentielle situĂ©e dans la partie 3’ de glnB pourrait ĂȘtre la cible de la RnaseIII et entraĂźner une dĂ©gradation rapide de l’ARNm en amont. Une seconde structure tige- boucle comprenant le codon de dĂ©part de glnB pourrait compliquer la traduction de ce gĂšne. 1.1.3.2 Les facteur σ 70 et σ 54 La transcription des rĂ©gions codantes d’ADN en ARNm nĂ©cessite une structure en cis, le promoteur, et un complexe enzymatique composĂ© de cinq sous- unitĂ©s (ÎČÎČ’α2ω), l’ARN polymĂ©rase. Pour s’attacher Ă  une sĂ©quence promoteur spĂ©cifique et pour initier la transcription, l’ARN polymĂ©rase d’Escherichia coli doit s’adjoindre une autre sous-unitĂ© sĂ©lectionnĂ©e parmi l’un des sept facteurs σ. Deux facteurs σ sont impliquĂ©s dans l’expression de la glutamine synthĂ©tase: σ70 (rpoD) et σ54 (rpoN). La famille σ70 est responsable de l’initiation de la transcription des gĂšnes mĂ©nage et des gĂšnes facultatifs dans un environnement donnĂ©. C’est la famille de facteurs σ prĂ©dominante durant la phase exponentielle de croissance. σ70 reconnaĂźt deux Ă©lĂ©ments du promoteur de 5-6 pb de long centrĂ©s autour des positions -10 et -35. SubsĂ©quemment Ă  la reconnaissance et Ă  l’ancrage sur le promoteur de l’ARN polymĂ©rase ÎČÎČ’α2ωσ, les brins d’ADNdb sont sĂ©parĂ©s pour former le complexe ouvert. Le brin gabarit s’approche du site actif de l’ARN polymĂ©rase et l’autre brin est sĂ©questrĂ© par des acides aminĂ©s aromatiques du facteur σ. AprĂšs la synthĂšse d’un brin d’ARN de 8 Ă  10 nuclĂ©otides de long, le relĂąchement du facteur σ permet Ă  l’ARN polymĂ©rase d’échapper au promoteur et de progresser le long de la sĂ©quence codante d’ADN jusqu’à la terminaison de la transcription. σ70 est une protĂ©ine de ~36 kDa constituĂ©e de quatre domaines (σ1, σ2, σ3, σ4) ayant des fonctions distinctes: σ1 rĂ©gule la cinĂ©tique de la transcription, σ2 s’attache Ă  la rĂ©gion -10 du promoteur, σ3 stabilise le complexe ouvert et σ4 s’attache Ă  la rĂ©gion -35. L’expression et l’activitĂ© de σ70 sont contrĂŽlĂ©es par la rĂ©gulation transcriptionnelle, la maturation, la
  • 14. 15 dĂ©gradation protĂ©olytique et l’inhibition post-traductionnelle (revue par Paget et Helmann, 2003). Le facteur σ54 est nĂ©cessaire pour l’expression de gĂšnes impliquĂ©s dans l’assimilation de l’azote, l’utilisation de sources de carbone, certaines voies de fermentation, la synthĂšse des flagelles et la virulence bactĂ©rienne. De tous les facteurs σ, σ54 est le seul qui ne soit pas un homologue de σ70. σ54 est une protĂ©ine de ~54 kDa composĂ©e de trois rĂ©gions. La rĂ©gion N-terminale interagit avec les protĂ©ines activatrices en amont (ex :NtrC-P) pour contrĂŽler la formation d’un complexe ouvert au niveau du promoteur. La rĂ©gion centrale contient le domaine d’attachement minimal Ă  l’ARN polymĂ©rase et un autre domaine qui augmente l’affinitĂ© de σ54 pour l’ADN. La rĂ©gion C-terminale reconnaĂźt et s’attache Ă  la sĂ©quence consensus du promoteur situĂ©e autour des positions -24 et -12. La principale diffĂ©rence entre σ54 et σ70 rĂ©side au niveau de la rĂ©gulation de l’initiation de la transcription. Une fois l’ARN polymĂ©rase-σ70 attachĂ©e au promoteur et l’ADN ouverte, la transcription dĂ©bute spontanĂ©ment. Au contraire, l’ARN polymĂ©rase-σ54 doit interagir avec une protĂ©ine activatrice situĂ©e 150 pb en amont du promoteur pour dĂ©buter sa progression. AprĂšs sa phosphorylation ou l’attachement d’un ligand, l’activateur hydrolyse l’ATP et utilise l’énergie pour changer la conformation fermĂ©e du complexe promoteur-ARN polymĂ©rase-σ54 en conformation ouverte ( Revue par Buck et al., 2000). 1.1.3.3 Le systĂšme de rĂ©gulation Ă  deux composantes NtrB/NtrC NtrC (Nitrogen Regulatory Protein C) contrĂŽle directement ou par l’entremise de Nac, la transcription de 2% du gĂ©nome d’Escherichia coli. Principalement, NtrC active l’expression de gĂšnes minimisant le ralentissement de la croissance observĂ© en conditions limitantes pour l’azote (Zimmer et al., 2000). NtrC est une protĂ©ine de ~52 kDa constituĂ©e de trois domaines: le domaine rĂ©cepteur N-terminal de 124 rĂ©sidus qui contient un site de phosphorylation sur l’aspartate 54, le domaine central de 240 rĂ©sidus responsables de l’hydrolyse de l’ATP et par consĂ©quent de l’activation de la transcription par l’ARN-polymĂ©rase-σ54 et le domaine C-terminal de 90 rĂ©sidus qui
  • 15. 16 permet la dimĂ©risation et l’attachement Ă  l’ADN grĂące Ă  un motif HTH. Sous sa forme inactive, NtrC est un dimĂšre incapable d’utiliser l’énergie de l’ATP. Lorsque l’aspartate 54 est phosphorylĂ©e, NtrC forme un anneau de six sous-unitĂ©s possĂ©dant une activitĂ© ATPase (Revue par Rombel et al., 1998). Cet activateur est membre d’un systĂšme de rĂ©gulation Ă  deux composantes, type de voie de transduction du signal le plus rĂ©pandu chez les bactĂ©ries. C’est NtrB (Nitrogen Regulatory Protein B), une histidine kinase, qui fournit un groupement phosphoryl Ă  NtrC. À souligner, NtrC catalyse sa propre phosphorylation et peut aussi recevoir le groupement phosphoryl d’une molĂ©cule centrale dans le mĂ©tabolisme du carbone, l’acĂ©tyl phosphate (Feng et al., 1992; Keener et Kustu, 1988). ProtĂ©ine cytoplasmique de 39 kDa sous forme d’homodimĂšre in vivo, NtrB possĂšde trois domaines: le domaine N-terminal contenant un motif PAS impliquĂ© chez d’autres protĂ©ines dans l’attachement d’un ligand ou dans des interactions intra- et intermolĂ©culaires, le domaine central siĂšge de la dimĂ©risation et possĂ©dant une lĂ©gĂšre activitĂ© phosphatase et le domaine C-terminal regroupant les sites d’attachement pour l’ATP et la protĂ©ine PII (GlnB). Avant de donner un groupement phosphoryl Ă  NtrC, NtrB doit s’autophosphorylĂ© sur le rĂ©sidu histidine 139 situĂ© dans le domaine central. Pour ce faire, chaque sous-unitĂ© du dimĂšre hydrolyse une molĂ©cule d’ATP et phosphoryle l’autre sous-unitĂ© (Ninfa et al., 1993). Deux mĂ©canismes se combinent lorsqu’il s’agit d’enlever le groupement phosphoryl attachĂ© Ă  l’aspartate 54 de NtrC : une activitĂ© lente autophosphatase de NtrC et une augmentation de la dĂ©phosphorylation induite par le complexe NtrB-PII (Keener et Kustu, 1988). La nature exacte du second phĂ©nomĂšne reste Ă  Ă©lucider. S’agit-il d’une activitĂ© phosphatase du complexe NtrB-PII ou encore d’un effet amplificateur sur l’activitĂ© phosphatase de NtrC? L’expression de l’opĂ©ron glnALG d’Escherichia coli Ă  partir du promoteur σ70-dĂ©pendant glnAp1 est inhibĂ©e par NtrC-P (Reitzer et Magasanik, 1985). Au contraire, NtrC-P active la transcription Ă  partir du promoteur fort σ54-dĂ©pendant glnAp2. Par rapport Ă  la premiĂšre base de la sĂ©quence codante, NtrC-P s’attache Ă  cinq endroits dans la rĂ©gion promoteur: -140, -108, -90, -68 et -45 (voir figure 5). Les Ă©lĂ©ments amplificateurs en cis situĂ©s aux positions -140 et -108 ont une affinitĂ©
  • 16. 17 Ă©levĂ©e pour NtrC-P et sont responsables de l’effet bĂ©nĂ©fique de l’activateur sur l’expression de glnALG. Par contre, ils ne sont pas essentiels pour que NtrC-P entraĂźne l’ouverture du complexe fermĂ© promoteur-ARN polymĂ©rase-σ54. Lorsque prĂ©sent en grande concentration in vitro, un mutant NtrC-P incapable de s’attacher Ă  l’ADN peut quand mĂȘme interagir avec l’ARN polymĂ©rase-σ54 et initier la transcription (Porter et al., 1993). Les trois Ă©lĂ©ments -90, -68 et -45 ont une affinitĂ© faible pour NtrC-P. Deux de ces trois Ă©lĂ©ments (-90 et -68) sont responsables de l’inhibition de la transcription de glnALG lorsque la concentration en NtrC-P est Ă©levĂ©e (Atkinson et al., 2002). -90 et -68 fixent le seuil supĂ©rieur de l’expression de la glutamine synthĂ©tase en conditions limitantes pour l’azote. La prĂ©sence de copies de NtrC-P attachĂ©es aux positions -90, -68 et peut-ĂȘtre -45 rĂ©duirait la flexibilitĂ© de l’ADN et empĂȘcherait la formation d’une boucle permettant un contact entre les dimĂšres NtrC-P situĂ©s aux positions -140 et -108 et le facteur σ54. La transcription Ă  partir du promoteur σ70-dĂ©pendant glnLp est rĂ©primĂ©e par NtrC-P (Ueno-Nishio et al., 1984). Lorsque le milieu contient du NH4+, glnLp et glnAp1 permettent juste assez de transcription de NtrBC pour assurer l’activation rapide de glnALG aprĂšs l’épuisement de la source d’azote. NtrC-P rĂ©gule aussi l’expression des opĂ©rons glnBA des bactĂ©ries pourpres non-sulfureuses. NtrC-P active la transcription de glnBA d’Azospirillum brasilense Ă  partir du promoteur σ54-dĂ©pendant glnBp2 et inhibe la transcription Ă  partir du promoteur σ70-dĂ©pendant glnBp1. L’expression de glnA seul Ă  partir de glnAp est indĂ©pendante de NtrC-P (Huergo et al., 2003). Chez Rhodobacter capsulatus, un phĂ©nomĂšne peu frĂ©quent survient: l’activation d’un promoteur fort indĂ©pendant de σ54 par NtrC-P (glnBp2). Le promoteur faible glnBp1 de cette bactĂ©rie est rĂ©primĂ© par NtrC-P. Le systĂšme NtrBC de ces deux espĂšces est encodĂ© sur l’opĂ©ron nifR3ntrBC. NifR3 est une protĂ©ine de fonction inconnue prĂ©sentant une grande similaritĂ© avec le cadre de lecture ouvert YhdG d’Escherichia coli co-transcrit avec le rĂ©gulateur Fis (Foster-Hartnett et al., 1993). L’expression de nifR3ntrBC d’Azospirillum brasilense est inhibĂ©e par NtrC-P (Machado et al., 1995). Au contraire, chez Rhodobacter capsulatus, la transcription de nifR3ntrBC est constitutive malgrĂ© la prĂ©sence de deux
  • 17. 18 sites d’attachement de NtrC-P aux positions +1 et -81. En y regardant de plus prĂȘt, Cullen et al. (1998) se sont aperçus que la synthĂšse de la protĂ©ine NifR3 est rĂ©duite 40 fois par l’inactivation de ntrC et augmentĂ©e 5 fois en absence de NH4+ dans le milieu. Ces deux situations n’ont pas d’impact sur la concentration de NtrC. Puisque la stabilitĂ© et la quantitĂ© d’ARNm NifR3 sont similaires chez la souche sauvage et chez le mutant ntrC, Cullen et al. estiment que NtrC-P s’attacherait aux Ă©lĂ©ments amplificateurs +1 et -81 et stimulerait la traduction de NifR3. À la fois chez Azospirillum brasilense et Rhodobacter capsulatus, un autre systĂšme de rĂ©gulation Ă  deux composantes impliquĂ© dans le mĂ©tabolisme de l’azote est encodĂ© par l’opĂ©ron ntrYX situĂ© en aval de nifR3ntrBC. NtrY serait une histidine kinase qui au contraire de NtrB, possĂšderait une extension N-terminale s’insĂ©rant dans la membrane. NtrX d’Azospirillum brasilense ressemble Ă  NtrC et dĂ©veloppe une activitĂ© ATPase aprĂšs une phosphorylation in vitro par le carbamyl phosphate (Assumpçao et al., 2007). Chez Rhodobacter capsulatus, NtrC est absolument essentielle pour la croissance dans un milieu dĂ©ficient en azote fixĂ© (Kutsche et al., 1996). La comparaison des phĂ©notypes de mutants ntrB, ntrY et d’un double-mutant ntrBntrY en absence de NH4+ Ă  rĂ©vĂ©ler que NtrY peut se substituer Ă  NtrB en tant que donneur d’un groupement phosphoryl Ă  NtrC (Drepper et al., 2006). Le modĂšle proposĂ© pour expliquer la transmission d’un signal connexe par ces deux kinases Ă  NtrC est que NtrB sent le niveau intracellulaire d’azote par l’intermĂ©diaire des protĂ©ines PII et que NtrY, protĂ©ine transmembranaire, sent le niveau extracellulaire d’azote. 1.1.3.4 RĂ©gulation de l’activitĂ© de NtrB par GlnB et GlnK (PII) Chez Escherichia coli, les activitĂ©s kinase et phosphatase de NtrB sont rĂ©gulĂ©es principalement par GlnB (voir figure 6). Lorsque le ratio glutamine/α- cĂ©toglutarate (Gln/αCG) intracellulaire est Ă©levĂ©, GlnB s’attache au domaine C- terminal de NtrB, inhibe l’activitĂ© kinase et stimule l’activitĂ© phosphatase (Revue par Leigh et Dodsworth, 2007). Le ratio Gln/αCG est un indicateur de la qualitĂ© et de la quantitĂ© des sources de carbone et d’azote disponibles. GlnB est une protĂ©ine de ~12 kDa organisĂ©e en homotrimĂšre contenant deux hĂ©lices α et six feuillets ÎČ (voir figure
  • 18. 19 7). Les boucles T, B et C se dĂ©gagent de la structure de la protĂ©ine (Carr et al., 1996). Un ratio Gln/αCG faible favorise l’uridylylation de la tyrosine 51 situĂ©e dans l’apex de la boucle T par GlnD. Cette enzyme, sur laquelle nous reviendrons dans la section 1.1.3.8, sent directement le niveau intracellulaire de glutamine. Lorsque celui-ci augmente, GlnD enlĂšve par hydrolyse l’UMP liĂ© Ă  GlnB (Jiang et al., 1998A). Puisqu’il s’agit d’un trimĂšre, GlnB peut adopter quatre degrĂ©s d’uridylylation GlnB-0UMP, GlnB-1UMP, GlnB-2UMP et GlnB-3UMP. Plus le niveau d’uridylylation est Ă©levĂ©, moins GlnB a la capacitĂ© d’inhiber la phosporylation de NtrC par NtrB (Atkinson et al., 1994). Deux effecteurs, l’ATP et l’αCG se lient directement Ă  GlnB. Avant que l’αCG puisse s’attacher Ă  GlnB, l’ATP doit dĂ©jĂ  ĂȘtre prĂ©sent Ă  la surface de la protĂ©ine (Kamberov et al., 1995). À des concentrations physiologiques d’ATP, il y a une molĂ©cule d’αCG par trimĂšre de GlnB. La prĂ©sence de cette molĂ©cule inhibe l’occupation des deux autres sites d’attachement par l’αCG. En effet, l’affinitĂ© du trimĂšre GlnB pour la deuxiĂšme et la troisiĂšme molĂ©cule d’αCG est 30 Ă  40 fois moins Ă©levĂ©e que pour la premiĂšre (Jiang et al., 1998A). La cristallisation de GlnK d’Escherichia coli, un homologue identique Ă  GlnB Ă  67 %, a montrĂ© que l’ATP s’insĂšre dans un vestibule formĂ© par la boucle B et la base de la boucle T d’une sous-unitĂ© et la boucle C de la sous-unitĂ© adjacente (Xu et al., 1998). L’analyse mutationnelle de ce vestibule chez GlnB laisse croire qu’il est aussi impliquĂ© dans l’attachement de l’αCG (Jiang et al., 1997). Sous sa forme uridylylĂ©e, GlnB est incapable de former un complexe avec NtrB (Atkinson et al., 1994). L’introduction de mutations dans la boucle T confirme son importance dans l’interaction de GlnB avec NtrB et GlnD (Jiang et al., 1997). La somme de ces observations suggĂšre que les rĂ©sidus UMP bloquent le contact de la boucle T de GlnB avec NtrB. La prĂ©sence d’une seule molĂ©cule d’αCG Ă  la surface de GlnB favorise la rĂ©gulation de NtrB. L’attachement de deux αCG supplĂ©mentaires empĂȘche GlnB de se lier Ă  NtrB, et ce mĂȘme si la protĂ©ine PII est exempte de groupement uridylyl (Revue par Ninfa et Atkinson, 2000). La structure cristal de GlnK de l’archaea Methanocaldococcus jannaschii en prĂ©sence d’ATP et d’αCG donne des indices quant au rĂŽle de ces effecteurs dans l’interaction des protĂ©ines PII
  • 19. 20 avec leurs partenaires. En effet, l’attachement de Mg-ATP dans le vestibule cause la compaction de la boucle T. Ce changement de conformation gĂ©nĂšre un site d’attachement pour l’αCG dans l’apex de la boucle T (Yildiz et al., 2007). La prĂ©sence d’αCG, une molĂ©cule chargĂ©e nĂ©gativement Ă  cette position, changerait les propriĂ©tĂ©s de l’interface GlnK-protĂ©ine partenaire et provoquerait une rĂ©pulsion Ă©lectrostatique. GlnK de Methanocaldococcus jannaschii ne subit pas de modification covalente lorsque le ratio Gln/αCG diminue. Dans ce cas, l’αCG fait le mĂȘme travail que le groupement uridylyl chargĂ© nĂ©gativement de GlnB d’Escherichia coli. Il est donc possible que l’attachement d’ATP et d’αCG Ă  GlnB ou Ă  d’autres protĂ©ines PII bactĂ©riennes altĂšre l’arrangement de la boucle T et prĂ©vienne l’interaction avec des partenaires protĂ©iques dans la rĂ©gulation du mĂ©tabolisme de l’azote. Figure 6. RĂŽle de GlnB d’Escherichia coli dans l’expression et l’activitĂ© de la glutamine synthĂ©tase. LĂ©gende: bleu = environnement riche en azote fixĂ©; rouge = environnement pauvre en azote fixĂ©; ligne pleine = modifications posttraductionnelles des protĂ©ines; ligne pointillĂ©e = rĂŽles des effecteurs et de GlnB; flĂšche = effets positifs des effecteurs et de GlnB; trait = effets nĂ©gatifs des effecteurs et de GlnB. (Figure tirĂ©e de Leigh et Dodsworth, 2007).
  • 20. 21 Figure 7. Structure du trimĂšre PII de Synechococcus elongatus reprĂ©sentative de la famille GlnB-K. LĂ©gende: vert = hĂ©lice α; jaune = feuillet ÎČ; Bx = boucle B; Cx = boucle C; Tx = boucle T; rouge = ions nickel et sulfate prĂ©sents dans le tampon de cristallisation mais absents de la structure de la protĂ©ine native. (Figure tirĂ©e de Leigh et Dodsworth, 2007). Un systĂšme levure Ă  deux hybrides a permis d’établir que GlnK, la deuxiĂšme protĂ©ine PII d’Escherichia coli, interagit aussi avec NtrB (Salinas et Contreras, 2003). Le mutant ∆glnK continue Ă  exprimer les gĂšnes Ntr 16H aprĂšs le transfert dans un milieu pauvre en azote au lieu de 4H pour la souche sauvage. Lorsqu’une source d’azote devient disponible aprĂšs plus de 10H de croissance dans le milieu pauvre, les cellules ∆glnK sont incapables de rĂ©primer la transcription Ă  partir des promoteurs NtrC-dĂ©pendants (Blauwkamp et Ninfa, 2002). Deux raisons expliquent ce phĂ©notype. Tout comme GlnB, la protĂ©ine GlnK purifiĂ©e stimule l’activitĂ© phosphatase de NtrB in vitro (Atkinson et Ninfa, 1999). De plus, les deux protĂ©ines PII peuvent ĂȘtre sĂ©questrĂ©es Ă  la membrane cytoplasmique par AmtB suite Ă  un choc NH4+. Dans la souche sauvage en absence d’azote, il y a une stoechiomĂ©trie de 1:1 entre GlnK et AmtB et de 500:1 entre GlnK et GlnB (Javelle et al., 2004). La sĂ©questration de GlnB par AmtB est dĂ©tectable par Western Blot seulement dans une souche ∆glnK. Ce faisant, il est probable que dans la souche sauvage, GlnB interagisse trĂšs peu ou pas du tout avec AmtB. En absence de GlnK, GlnB se retrouve accrochĂ©e en trop grande quantitĂ© Ă  AmtB et ne peut stimuler efficacement l’activitĂ© phosphatase de NtrB situĂ©e dans le cytoplasme (Blauwkamp et Ninfa et al., 2003).
  • 21. 22 glnB d’Escherichia coli est un gĂšne monocistronique transcrit Ă  partir de trois promoteurs σ70-dĂ©pendants situĂ©s aux positions -33 (glnBp1), -95 (glnBp2) et -118 (glnBp3). ConsidĂ©rĂ©e gĂ©nĂ©ralement comme constitutive, l’expression de glnB est rĂ©duite deux fois par un rĂ©gulateur s’attachant autour de la position -44, PurR (He et al., 1993). Ce rĂ©presseur homodimĂ©rique de la famille LacI contient un motif HTH d’ancrage Ă  l’ADN dans sa partie N-terminale et un site d’attachement pour un co- rĂ©presseur, la guanine ou l’hypoxanthine, dans sa partie C-terminale. Par contre, PurR n’a aucun effet sur la synthĂšse de la glutamine par GlnA en conditions limitantes ou non pour l’azote. L’homologue de GlnB, GlnK est encodĂ©e par l’opĂ©ron glnKamtB. AmtB est un transporteur de NH4+ homotrimĂ©rique de ~45 kDa qui sera l’objet de la deuxiĂšme partie de cette revue de littĂ©rature. glnKamtB est transcrit Ă  partir d’un promoteur σ54-dĂ©pendant activĂ© par NtrC et GadX. Comparativement Ă  glnAp2, glnKp nĂ©cessite une concentration de NtrC-P beaucoup plus Ă©levĂ©e pour son activation. À cause de cela et de l’expression constitutive de GlnB, GlnK a un rĂŽle dans la rĂ©gulation de l’expression des gĂšnes Ntr plus loin dans le temps par rapport au dĂ©but de la carence en azote que GlnB (Revue par Ninfa et Atkinson, 2000). Tout comme GadE, GadX rĂ©gule l’expression de gĂšnes impliquĂ©s dans un systĂšme de rĂ©sistance Ă  l’acide basĂ© sur la dĂ©carboxylation du glutamate (Tramonti et al., 2002). GadX est une protĂ©ine de la famille AraC/XylS de ~31 kDa ayant la capacitĂ© de se dimĂ©riser in vivo avec un motif HTH d’attachement Ă  l’ADN situĂ© dans sa partie C- terminale. 1.1.3.5 Autres rĂ©gulateurs de la transcription de glnALG Le promoteur fort σ54-dĂ©pendant glnAp2 est activĂ© 1.4 fois par Fis (Factor for Inversion Stimulation), un rĂ©gulateur global du mĂ©tabolisme bactĂ©rien. Fis, la protĂ©ine la plus abondante dans la chromatine durant la phase exponentielle, joue un rĂŽle dans l’adaptation de la cellule Ă  des conditions permettant une croissance rapide. Fis est un homodimĂšre de ~22 kDa possĂ©dant un motif d’attachement Ă  l’ADN HTH en C-terminal. Cet activateur se fixe autour de la position -55 en amont du promoteur glnAp2 (Huo et al., 2006). L’introduction d’une courbure dans l’ADN par Fis entre
  • 22. 23 les Ă©lĂ©ments amplificateurs ayant une affinitĂ© Ă©levĂ©e pour NtrC-P et le promoteur est responsable de cette lĂ©gĂšre augmentation de l’expression. Lorsque des bactĂ©ries en phase stationnaire sont inoculĂ©es Ă  nouveau dans un milieu riche, Fis passe de 100 Ă  50000 copies par cellules avant la premiĂšre division (Ball et al., 1992). Ceci semble indiquĂ© que la transcription de glnA est positivement rĂ©gulĂ©e par l’entrĂ©e de la culture bactĂ©rienne dans la phase exponentielle. En plus de GdhA, CRP rĂ©duit aussi quatre fois l’expression de la glutamine synthĂ©tase en combinant deux effets contraires. CRP est requise pour l’activation du promoteur faible σ70-dĂ©pendant glnAp1 et rĂ©prime 21 fois la transcription Ă  partir de glnAp2 (Tian et al., 2001). Pour Ă©tablir ce taux de rĂ©pression, des mutants cya cultivĂ©s dans un milieu dĂ©ficient en azote avec du glycĂ©rol comme source de carbone ont Ă©tĂ© exposĂ©s ou non Ă  du cAMP. CRP s’attache autour de la position -70 en amont de glnAp1 (Reitzer et Magasanik, 1985). Deux mĂ©canismes sont impliquĂ©s dans l’inhibition de glnAp2 par CRP. In vitro, CRP s’attache autour de la position -51 en amont de glnAp2 et rĂ©duit 2 fois l’expression de GlnA en introduisant dans l’ADN une courbure empĂȘchant NtrC d’approcher efficacement les sites amplificateurs de la rĂ©gion promoteur (Mao et al., 2007). L’ajout de cAMP exogĂšne augmente trois fois l’expression de l’opĂ©ron glnHPQ. Ces trois gĂšnes codent pour un systĂšme ABC (Atp- Binding Cassette) haute-affinitĂ© de transport de la glutamine. GlnH est une protĂ©ine pĂ©riplasmique responsable de la capture de la glutamine et de sa livraison aux autres sous-unitĂ©s du systĂšme ABC. L’hydrolyse de l’ATP qui fournit l’énergie nĂ©cessaire au transport unidirectionnel de la glutamine est effectuĂ©e par GlnQ. GlnP est la protĂ©ine transmembranaire permettant le passage de la glutamine. L’augmentation de l’expression de GlnHPQ accentue l’importation de la glutamine et par consĂ©quent, la dĂ©uridylylation des protĂ©ines PII par GlnD. Les interactions entre CRP et le systĂšme PII-Ntr assurent l’intĂ©gration de signaux provenant du mĂ©tabolisme du carbone dans la rĂ©gulation de l’assimilation de l’azote (Maheswaran et Forchhammer, 2003; Mao et al., 2007). 1.1.3.6 La rĂ©gulation posttraductionnelle de la glutamine synthĂ©tase
  • 23. 24 L’activitĂ© de la glutamine synthĂ©tase purifiĂ©e est inhibĂ©e partiellement par neuf mĂ©tabolites: la sĂ©rine, l’alanine, la glycine, l’AMP, le CTP, le tryptophane, l’histidine, le carbamyl phosphate et la glucosamine-6-phosphate. Lorsqu’elles sont combinĂ©es, ces molĂ©cules rĂ©duisent presque Ă  nĂ©ant l’activitĂ© de la glutamine synthĂ©tase. C’est ce que Woolfolk et Stadtman (1967) appelle l’inhibition rĂ©troactive cumulative. La glycine, la serine et l’alanine occupent le site d’attachement du glutamate de la glutamine synthĂ©tase de Salmonella typhimurium (Liaw et al., 1993). Ces quatre acides aminĂ©s s’attachent Ă  GlnA par l’entremise de la chaĂźne principale, + NH3-CH-COO-, qu’ils ont en commun. CTP et AMP s’installent dans le site d’attachement de l’ATP (Liaw et al., 1994). L’inhibition rĂ©troactive cumulative rĂ©gule la fonction anabolique de GlnA. C’est-Ă -dire que ce mode de rĂ©pression agit dans des conditions oĂč GdhA est responsable de l’assimilation du NH3 et oĂč GlnA produit la glutamine essentielle Ă  la synthĂšse des composantes cellulaires (Revue par Reitzer, 2003). L’AMP participe principalement Ă  un systĂšme de rĂ©gulation de l’activitĂ© assimilatoire du NH3 de GlnA par adĂ©nylylation rĂ©versible covalente. Chacune des 12 sous-unitĂ©s de GlnA peut ĂȘtre adĂ©nylylĂ©e sur la tyrosine 397 lorsque le ratio Gln/ αCG est Ă©levĂ©. L’addition d’un rĂ©sidu AMP Ă  une sous-unitĂ© rĂ©sulte en son inactivation et augmente la susceptibilitĂ© des autres sous-unitĂ©s Ă  l’inhibition rĂ©troactive cumulative (Revue par Stadtman, 1990). L’intĂ©gration des signaux carbone et azote dans la rĂ©gulation de GlnA par la combinaison des deux modes rĂ©gulateurs principaux, l’adĂ©nylylation et l’activation de la transcription par NtrC-P, engendre une variĂ©tĂ© de situations possibles. Lorsque la source de carbone est de qualitĂ© (Ex.: glucose) et que le milieu est pauvre en azote, la concentration de glutamine synthĂ©tase dĂ©adĂ©nylylĂ©e dans la cellule est Ă©levĂ©e. L’ajout d’azote entraĂźne une rĂ©duction du nombre de copies intracellulaires de GlnA et l’adĂ©nylylation en masse des sous-unitĂ©s. Quand la source de carbone est de moins bonne qualitĂ© (Ex.: glycĂ©rol), la dĂ©adĂ©nylylation et l’activation de la transcription de GlnA surviennent seulement lorsque le manque d’azote est assez sĂ©vĂšre pour limiter la croissance.
  • 24. 25 L’activation transcriptionnelle et post-traductionnelle de GlnA est aussi induite par le remplacement d’une source de carbone de mauvaise qualitĂ© par une source de carbone de bonne qualitĂ© indĂ©pendamment d’une altĂ©ration dans la disponibilitĂ© de l’azote (Maheswaran et Forchhammer, 2003). 1.1.3.7 L’adĂ©nylyltransfĂ©rase (GlnE) L’adĂ©nylylation et la dĂ©adĂ©nylylation de GlnA sont catalysĂ©es par la mĂȘme adĂ©nylyltransfĂ©rase (GlnE). Cette enzyme est encodĂ©e par l’opĂ©ron ygiFglnE. Le gĂšne ygiF code pour une adĂ©nylate cyclase potentielle. Quoique la rĂ©gion promoteur de cet opĂ©ron soit peu caractĂ©risĂ©e, ygiFglnE est exprimĂ© de façon constitutive indĂ©pendamment du niveau d’azote fixĂ© (Van Heeswijk et al., 1993). ProtĂ©ine cytoplasmique de ~108 kDa, GlnE serait composĂ©e de trois domaines et de deux sĂ©quences de liaison: le domaine de dĂ©adĂ©nylylation N-terminal (AT-N) (acides aminĂ©es 1-440), le domaine central de rĂ©gulation (R) (463-606), le domaine d’adĂ©nylylation C-terminal (AT-C) (628-946) et les deux sĂ©quences de liaison Q1 et Q2 (respectivement les rĂ©sidus 441 Ă  462 et 607 Ă  627) (Clancy et al., 2007). AT-N et AT-C contiennent chacun un motif ÎČ-polymĂ©rase distinctif des nuclĂ©otidyltransfĂ©rases. Ce site comprend une boucle riche en glycine suivie par une paire d’aspartates participant Ă  la chĂ©lation de deux Mg2+. Ces cations positionnent le substrat et stabilisent les Ă©tats transitionnels du phosphate pentavalent. AT-N catalyse la phosphorolyse de GlnA-AMP et produit une molĂ©cule d’ADP en consommant un phosphate (Anderson et Stadtman, 1970). AT-C utilise un ATP et libĂšre un pyrophosphate pour adĂ©nylyler GlnA (Shapiro et Stadtman, 1968). GlnB, GlnB-UMP et la glutamine rĂ©gule l’activitĂ© de GlnE en s’y attachant (voir figure 6). GlnK peut aussi jouer ce rĂŽle mais avec beaucoup moins d’efficacitĂ© que GlnB (Revue par Ninfa et Atkinson, 2000). GlnB et la glutamine stimulent l’adĂ©nylylation de GlnA et inhibent la dĂ©adĂ©nylylation. Ces effecteurs agissent en synergie. L’attachement de trois molĂ©cules d’ATP et d’une molĂ©cule d’αCG Ă  GlnB accentue sa capacitĂ© Ă  activer l’adĂ©nylylation. La saturation de l’homotrimĂšre par
  • 25. 26 trois αCG empĂȘche la stimulation de l’adĂ©nylylation par GlnB. GlnB-UMP activent la dĂ©adĂ©nylylation et inhibent l’adĂ©nylylation. Ces deux actions de GlnB-UMP requiĂšrent une concentration Ă©levĂ©e de αCG (Jiang et al., 1998B). La glutamine se lie Ă  un site inconnu localisĂ© dans le domaine AT-C (Jiang et al., 2007). Selon Clancy et al. (2007), la rĂ©gion de GlnE interagissant avec GlnB et GlnB-UMP serait comprise entre les acides aminĂ©s 466 et 507 dans le domaine R. Ce rĂ©sultat a Ă©tĂ© obtenu en ajoutant des anticorps monoclonaux de souris bloquant l’accĂšs Ă  diffĂ©rentes rĂ©gions de GlnE Ă  des rĂ©actions in vitro d’adĂ©nylylation/dĂ©adĂ©nylyation en prĂ©sence de glutamine, de GlnB et de GlnB-UMP. Il reste Ă  dĂ©terminer l’identitĂ© du site exact d’attachement et si c’est le mĂȘme ou non pour GlnB et GlnB-UMP. Chez la bactĂ©rie pourpre non-sulfureuse fixatrice d’azote Rhodospirillum rubrum, la rĂ©gulation de l’activitĂ© de GlnE exhibe des caractĂ©ristiques diffĂ©rentes par rapport Ă  ce qui est observĂ© chez Escherichia coli. La glutamine n’a aucun effet sur l’adĂ©nylylation et la dĂ©adĂ©nylylation de GlnA par GlnE in vitro. Les trois protĂ©ines PII (GlnB, GlnK, GlnJ) de R. rubrum stimulent l’adĂ©nylylation mais n’inhibent pas la dĂ©adĂ©nylylation. Dans ce cas, il semblerait que l’αCG joue un rĂŽle plus important dans la rĂ©gulation de GlnE et par consĂ©quent dans l’activitĂ© de la glutamine synthĂ©tase (Jonsson et al., 2007). La capacitĂ© de GlnK et de GlnB d’Escherichia coli de former des hĂ©tĂ©rotrimĂšres in vivo est un autre phĂ©nomĂšne dont il faut tenir compte lorsque l’on Ă©tudie le rĂŽle de ces protĂ©ines dans l’assimilation de l’azote (Forchhammer et al., 1999; Van Heeswijk et al., 2000). Cette interaction entre GlnB et GlnK augmente considĂ©rablement le nombre d’espĂšces possibles de protĂ©ines PII dans la bactĂ©rie: GlnB3, GlnB2GlnK, GlnBGlnK2, GlnK3, GlnB-UMP3, GlnB-UMP2GlnK-UMP, GlnB-UMPGlnK-UMP2, GlnK-UMP3 et toutes les espĂšces partiellement urydylylĂ©es. Jusqu’à maintenant, il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© qu’un hĂ©tĂ©rotrimĂšre GlnB-GlnK uridylylĂ© est capable de stimuler la dĂ©adĂ©nylylation de la glutamine synthĂ©tase in vitro mais avec moins d’efficacitĂ© que l’homotrimĂšre GlnB uridylylĂ©. Ce niveau diffĂ©rent d’activitĂ© Ă  mener Ă  l’hypothĂšse que la formation de complexes GlnB-GlnK raffine davantage la
  • 26. 27 transduction du signal dans le cadre, entre autre, de la rĂ©gulation de l’activitĂ© de GlnA (Forchhammer et al., 1999; Van Heeswijk et al., 2000). 1.1.3.8 L’uridylyltransfĂ©rase (GlnD) Tel que mentionnĂ© furtivement dans la section 1.1.3.4, GlnD fixe et enlĂšve un rĂ©sidu uridylyl Ă  la tyrosine 51 des protĂ©ines PII. Lorsque la cellule contient peu de glutamine, GlnD catalyse la formation de PII-UMP et de pyrophosphate Ă  partir de PII et d’UTP. La protĂ©ine PII s’attache en premier Ă  GlnD suivie de l’UTP. AprĂšs la rĂ©action, le pyrophosphate est relĂąchĂ© avant PII-UMP. L’augmentation du niveau intracellulaire de glutamine entraĂźne l’hydrolyse de PII-UMP (voir figure 8). Dans ce cas, UMP et PII ne sont pas libĂ©rĂ©s dans un ordre prĂ©cis par GlnD. Dans des conditions physiologiques, le cation Mg2+ est essentiel pour les deux activitĂ©s de GlnD. Les molĂ©cules d’αCG et d’ATP liĂ©es aux protĂ©ines PII activent les deux types de rĂ©action in vitro. La glutamine rĂ©prime l’uridylylation et stimule la dĂ©uridylylation simultanĂ©ment (Jiang et al., 1998A). Chez Escherichia coli, l’uridylylation de GlnK est aussi efficace que celle de GlnB. Par contre, la dĂ©uridylylation de GlnK est 10 fois plus lente (Atkinson et Ninfa, 1999). Figure 8. Uridylylation/dĂ©uridylylation des protĂ©ines PII. LĂ©gende: UR/Utase = GlnD; GLN = glutamine; 2KG = α-cĂ©toglutarate; EncadrĂ© = Effet rĂ©presseur. (Figure tirĂ©e de Jiang et al., 1998C). GlnD est encodĂ©e sur l’opĂ©ron mapglnDdapD et transcrit Ă  partir d’un promoteur peu caractĂ©risĂ© indĂ©pendant du facteur σ54 et du niveau d’azote fixĂ© (Van Heeswijk et al., 1993). Map est une mĂ©thionine aminopeptidase qui enlĂšve la mĂ©thionine prĂ©sente Ă  l’extrĂ©mitĂ© N-terminal de toutes les chaĂźnes peptidiques
  • 27. 28 synthĂ©tisĂ©es chez Escherichia coli. Une paire de sous-unitĂ©s DapD constitue la tetrahydrodipicolinate succinylase. ImpliquĂ©e dans la voie mĂ©tabolique de synthĂšse de la lysine, DapD catalyse la formation de N-succinyl-2-amino-6-ketopimelate Ă  partir du tetrahydrodipicolinate et de succinyl-CoA. GlnD est une enzyme monomĂšrique de ~102 kDa avec un motif ÎČ-polymĂ©rase en N-terminal entre les rĂ©sidus 70 Ă  169 (domaine NT). Tondervik et al. (2006) ont conduit une recherche dans des banques de donnĂ©es permettant d’identifier d’autres domaines potentiels dans GlnD: un domaine signature prĂ©sent dans toutes les uridylyltransfĂ©rase de la famille GlnD (rĂ©sidus 191 Ă  400), un domaine His-Asp (rĂ©sidus 468 Ă  602), un domaine IMP dĂ©hydrogĂ©nase (rĂ©sidus 332 Ă  686) et deux domaines aspartokinase- chorismate mutase TyrA (ACT). L’identitĂ© des domaines de GlnD impliquĂ©s dans l’uridylylation, la dĂ©uridylylation, l’attachement de la glutamine et l’interaction avec les protĂ©ines PII n’a pas encore Ă©tĂ© Ă©tablie avec certitude. Les Ă©tudes cinĂ©tiques menĂ©es par Jiang et al. (1998A) laissait croire Ă  un seul site actif pour l’uridylylation et la dĂ©uridylylation dans le domaine NT et Ă  un seul site d’attachement pour la glutamine. L’introduction de mutations ponctuelles dans le domaine NT va dans le sens de l’analyse cinĂ©tique quant Ă  une rĂ©gion exclusive responsable des deux rĂ©actions catalysĂ©es par GlnD (Ninfa et al., 2000). RĂ©cemment, l’observation qu’un mutant GlnD tronquĂ© (acides aminĂ©s 1 Ă  358) catalyse l’uridylylation des protĂ©ines PII mais pas la dĂ©urydylylation contredit l’hypothĂšse du site unique. Selon Tondervik et al. (2006), le site actif pour la dĂ©urydylylation pourrait ĂȘtre contenu dans le domaine His-Asp que l’on retrouve aussi chez plusieurs enzymes possĂ©dant une activitĂ© phosphohydrolase. Quant au site d’attachement de la glutamine, il serait situĂ© dans la rĂ©gion des deux sĂ©quences ACT en C-terminal. PrĂ©sent chez plusieurs enzymes impliquĂ©es dans la rĂ©gulation du mĂ©tabolisme des acides aminĂ©s, le domaine ACT est une structure Ă  laquelle s’attache une variĂ©tĂ© de ligands. GlnD de Rhodospirillum rubrum est requise pour l’uridylylation et la dĂ©uridylylation des trois protĂ©ines PII: GlnB, GlnJ et GlnK. Cette protĂ©ine GlnD prĂ©sente deux diffĂ©rences majeures par rapport Ă  celle que l’on retrouve chez Escherichia coli. Tout d’abord, la glutamine stimule la dĂ©uridylylation mais n’inhibe
  • 28. 29 pas l’uridylylation in vitro. Ensuite, l’αCG rĂ©gule positivement l’uridylylation mais n’a pas d’effet sur la dĂ©uridylylation par GlnD (Jonsson et Nordlund, 2007). GlnD d’Azospirillum brasilense catalyse l’uridylylation de GlnB et de GlnZ. Quoique GlnD d’A. brasilense soit exprimĂ©e en absence ou en prĂ©sence d’azote fixĂ©, le nombre de copies de cette enzyme augmente 4 fois lorsque la cellule croĂźt dans des conditions propices Ă  la rĂ©duction du N2. Cette rĂ©gulation positive n’est que partiellement dĂ©pendante du systĂšme NtrB/NtrC (Van Dommelen et al., 2002). 1.2 La fixation de l’azote L’atmosphĂšre terrestre est composĂ©e Ă  78% de N2. La rĂ©duction de l’azote atmosphĂ©rique en NH3 est une rĂ©action essentielle pour la vie sur terre puisque la majoritĂ© des organismes vivants sont incapables d’utiliser le N2 sous cette forme. Le triple lien unissant les deux molĂ©cules d’azote, rend le N 2 extrĂȘmement stable et coĂ»teux Ă©nergĂ©tiquement Ă  rĂ©duire. Le N2 peut ĂȘtre modifiĂ© par trois processus: la foudre, la rĂ©duction industrielle et la rĂ©duction biologique. La foudre participe Ă  la fixation de 10 millions de tonnes mĂ©triques de N2 par an, la rĂ©duction industrielle est responsable de la fixation de 80 millions de tonnes mĂ©triques par an et la rĂ©duction biologique fixe entre 100 et 175 millions de tonnes mĂ©triques par an (Burns et Hardy, 1975; Hardy, 1993). L’énergie libĂ©rĂ©e par la foudre brise le triple lien du N2 et entraĂźne la formation de nitrate qui plus tard est assimilĂ© par les plantes. L’industrie utilise le procĂ©dĂ© de Haber-Bosch pour produire du NH3 Ă  partir du N2 et du H2. Cette rĂ©action se fait Ă  l’aide d’un catalyseur de Fe3+ Ă  une pression situĂ©e entre 200 et 400 atm et Ă  une tempĂ©rature de 450 Ă  500 °C. Le procĂ©dĂ© Haber-Bosch nĂ©cessite annuellement 1% de toutes les sources d’énergie mondiales (Smith, 2002). Les engrais azotĂ©s dĂ©coulant de ce procĂ©dĂ© permettent d’alimenter 40% de la population totale et coĂ»tent annuellement 20 milliards de dollars US. En contraste, la rĂ©duction biologique du N2 se fait dans des conditions de tempĂ©rature et de pression courante sur terre. Jusqu’à maintenant, la capacitĂ© de fixer l’azote a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©e seulement chez des procaryotes.
  • 29. 30 1.2.1 La nitrogĂ©nase L’enzyme responsable de la rĂ©duction de l’azote diatomique en NH3 est la nitrogĂ©nase. La rĂ©action catalysĂ©e par la nitrogĂ©nase est la suivante : N2 + 8 Ă©- + 8 H+ => 2 NH3 + H2. Cette rĂ©action est extrĂȘmement coĂ»teuse d’un point de vue Ă©nergĂ©tique puisqu’il faut hydrolyser 2 molĂ©cules d’ATP par Ă©lectrons transfĂ©rĂ©s. Possiblement Ă  cause d’un lĂ©ger dĂ©couplage entre le transfert d’électrons et l’hydrolyse d’ATP, la consommation finale d’ATP nĂ©cessaire pour rĂ©duire une molĂ©cule de N2 se situe entre 20 et 30 ATP (Pelmont, 1993). La nitrogĂ©nase Ă©tant inactivĂ©e irrĂ©versiblement par la prĂ©sence d’O2, la production d’une molĂ©cule d’H2 permet l’élimination de l’oxygĂšne de l’environnement immĂ©diat de l’enzyme par oxydation de l’hydrogĂšne diatomique (Revue par Robson et Postgate, 1980). Trois autres stratĂ©gies on Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es pour prĂ©venir l’inactivation de l’enzyme par l’O2 : une activitĂ© respiratoire Ă©levĂ©e pour les microorganismes qui rĂ©duisent le N2 en aĂ©robie comme Azotobacter, un mĂ©tabolisme anaĂ©robie ou encore, chez certaines cyanobactĂ©ries, le dĂ©veloppement de cellules relativement Ă©tanches Ă  l’O2, les hĂ©tĂ©rocystes. La nitrogĂ©nase est un enzyme peu spĂ©cifique qui rĂ©duit de nombreux substrats en plus du NH3. L’acĂ©tylĂšne, le cyanure, l’acĂ©tonitrile et l’azoture sont des exemples parmi d’autres (Revue par Burgess et Lowe, 1996). PrĂ©sente chez certaines protĂ©obactĂ©ries, cyanobactĂ©ries, firmicutes, bactĂ©ries vertes sulfureuses, spirochĂštes et archaea, la nitrogĂ©nase est construite sur un modĂšle prĂ©sentant relativement peu de variations. Deux composantes forment la mĂ©talloenzyme: la dinitrogĂ©nase rĂ©ductase (protĂ©ine Fe) et la dinitrogĂ©nase (protĂ©ine FeMo). L’étude structurale de l’enzyme, en particulier les diverses techniques de spectroscopie et la cristallographie Ă  rayon X, a Ă©tĂ© effectuĂ©e Ă  partir de la nitrogĂ©nase molybdĂšne d’Azotobacter vinelandii. 1.2.1.1 La dinitrogĂ©nase rĂ©ductase ProtĂ©ine de 30 Ă  32 kDa, la dinitrogĂ©nase rĂ©ductase (NifH) est organisĂ©e en homodimĂšre contenant un centre [4Fe-4S]-Cys4 Ă  cheval entre les deux sous-unitĂ©s (Georgiadis et al., 1992; Hausinger et Howard, 1983) (voir figure 9i et 9ii). Une
  • 30. 31 molĂ©cule de Mg-ATP peut se lier Ă  chacune des sous-unitĂ©s de la dinitrogĂ©nase rĂ©ductase (Revue par Burgess et Lowe, 1996). La principale fonction de cette protĂ©ine est de transfĂ©rer Ă  la dinitrogĂ©nase les Ă©lectrons nĂ©cessaires Ă  la rĂ©duction du N2. De plus, la protĂ©ine Fe est essentielle pour l’insertion du cofacteur FeMo dans la dinitrogĂ©nase et pour la maturation de cette enzyme (Revue par Burgess et Lowe, 1996; Revue par Peters et al., 1995). La premiĂšre Ă©tape du cycle de transfert des Ă©lectrons de la dinitrogĂ©nase rĂ©ductase Ă  la dinitrogĂ©nase consiste en la rĂ©duction de la forme oxydĂ©e du centre [4Fe-4S]-Cys4 de la protĂ©ine Fe (voir figure 9iii). Deux Mg-ADP sont ensuite relĂąchĂ©s et remplacĂ©s par deux Mg-ATP (Thorneley, 1992). La dinitrogĂ©nase rĂ©ductase forme un complexe avec la dinitrogĂ©nase, l’électron est transfĂ©rĂ© et les deux Mg-ATP sont hydrolysĂ©s. SubsĂ©quemment, la forme oxydĂ©e de la protĂ©ine Fe se dissocie trĂšs lentement de la protĂ©ine FeMo. Cette Ă©tape limite le taux d’activitĂ© de la nitrogĂ©nase lorsque toutes les composantes de la rĂ©action de fixation du N2 sont en excĂšs (Thorneley et Lowe, 1985). Le cycle est rĂ©pĂ©tĂ© huit fois jusqu’à la complĂ©tion de la rĂ©action (Revue par Burgess et Lowe, 1996). 1.2.1.2 La dinitrogĂ©nase La dinitrogĂ©nase est un hĂ©tĂ©rotĂ©tramĂšre α2ÎČ2 (voir figure 9i et 9ii). Respectivement, les protĂ©ine α (NifD) et ÎČ (NifK) ont un poids molĂ©culaire d’approximativement 59 et 54 kDa. Le contact entre les paires de protĂ©ines αÎČ se fait presque exclusivement par l’entremise des protĂ©ines ÎČ. Deux centres P font la jonction entre les protĂ©ines α et ÎČ (Kim et Rees, 1992). ConstituĂ© de 8 molĂ©cules de fer et de 6 molĂ©cules de soufre, le centre P reçoit l’électron transfĂ©rĂ© Ă  partir de la dinitrogĂ©nase rĂ©ductase (Peters et al., 1997; Revue par Dance, 2007). Site d’attachement et de rĂ©duction du N2, le cofacteur FeMo est situĂ© dans la sous-unitĂ© α. Ce cofacteur est constituĂ© d’une molĂ©cule de molybdĂšne, de 7 molĂ©cules de fer, de 9 molĂ©cules de soufre et d’un acide essentiel pour l’activitĂ© de l’enzyme, l’homocitrate (Revue par Burgess et Lowe, 1996; Revue par Dance, 2007; Imperial et al., 1989). Au centre du cofacteur, l’on retrouve une molĂ©cule dont l’identitĂ© reste Ă  confirmer (Einsle et al., 2002). La densitĂ© d’électrons de cet inconnu laisse prĂ©sumer qu’il s’agit
  • 31. 32 d’une molĂ©cule de carbone ou d’azote ou encore d’oxygĂšne. En ce qui concerne les Ă©tapes de la rĂ©duction du substrat au niveau du cofacteur, beaucoup de travail reste Ă  faire. Toutefois, deux intermĂ©diaires, l’hydrazine et le diazĂšne ont Ă©tĂ© identifiĂ©s par 15 spectroscopie N-ENDOR permettant d’esquisser un cycle hypothĂ©tique de la rĂ©duction du N2 (voir figure 10) (Barney et al., 2005). Le site initial d’attachement du N2, l’acheminement des Ă©lectrons du centre P au cofacteur FeMo et le mode d’évacuation du NH3 sont autant de phĂ©nomĂšnes mĂ©connus qui font actuellement l’objet d’investigations. ii iii Figure 9. i. Structure de la dinitrogĂ©nase (MoFe-protein) et de la dinitrogĂ©nase rĂ©ductase (Fe-protein). ii. Cofacteur FeMo et centre P de la dinitrogĂ©nase. LĂ©gende: noir = Fe et Mo; gris foncĂ© = S; gris pĂąle = atome inconnu (X). iii. Circulation des Ă©lectrons entre la dinitrogĂ©nase rĂ©ductase et la dinitrogĂ©nase. (Figure tirĂ©e de Rees et al., 2005). Figure 10. IntermĂ©diaires dans la rĂ©duction du N2 au niveau du cofacteur FeMo. (Figure tirĂ©e de Barney et al., 2007).
  • 32. 33 1.2.1.3 Les nitrogĂ©nases alternatives En plus de la nitrogĂ©nase molybdĂšne dĂ©crite dans les deux sections prĂ©cĂ©dentes, il existe trois nitrogĂ©nases alternatives moins communes Ă  travers les diazothrophes; ces microorganismes capables de rĂ©duire le N2. Dans la nitrogĂ©nase vanadium (VnfHDGK), la molĂ©cule de molybdĂšne prĂ©sente au cƓur du cofacteur FeMo est remplacĂ©e par une molĂ©cule de vanadium. Cette enzyme est retrouvĂ©e, entre autre, chez le genre Azotobacter et chez les cyanobactĂ©ries du genre Anabeana (Boison et al., 2006; Revue par Rehder, 2000). Au point de vue structurale, la seule diffĂ©rence majeure entre la protĂ©ine MoFe et la protĂ©ine VFe est que celle-ci possĂšde deux sous-unitĂ©s ÎŽ (VnfG) supplĂ©mentaires de 13 kDa (Robson et al., 1989). Quant Ă  la nitrogĂ©nase fer, son cofacteur FeFe ne contient aucune molĂ©cule de molybdĂšne ou de vanadium(Chisnell et al., 1988). Tout comme la dinitrogĂ©nase vanadium, la dinitrogĂ©nase Fer possĂšde aussi deux sous-unitĂ©s ÎŽ (AnfG) de 15 kDa (Pau et al., 1993). Une combinaison de deux ou de trois de ces nitrogĂ©nases peut ĂȘtre synthĂ©tisĂ©e par la mĂȘme espĂšce bactĂ©rienne. Par exemple, Azotobacter vinelandii possĂšde ces trois types de nitrogĂ©nases alors que les bactĂ©ries pourpres non-sulfureuses Rhodobacter capsulatus et Rhodospirillum rubrum possĂšdent la Mo-nitrogĂ©nase et la Fe-nitrogĂ©nase (Loveless et Bishop, 1999). Dans tous les cas de figure, l’expression des nitrogĂ©nases Fe et V est inhibĂ©e par la prĂ©sence de molybdĂšne dans le milieu de culture (Revue par Masepohl et al., 2002; Revue par Rehder, 2000). Les microorganismes pourvus d’une ou de deux nitrogĂ©nases alternatives auraient un avantage sĂ©lectif sur les autres diazotrophes puisqu'ils seraient capables de rĂ©duire le N2 dans un milieu pauvre en molybdĂšne comme un sol acide ou riche en fer (Pelmont, 1993). Le systĂšme nitrogĂ©nase de Streptomyces thermoautotrophicus diffĂšre des trois autres nitrogĂ©nases sur plusieurs points. Trois enzymes sont impliquĂ©es dans la rĂ©duction du N2 chez cette bactĂ©rie : la CO dĂ©hydrogĂ©nase, la superoxyde
  • 33. 34 oxydorĂ©ductase et la dinitrogĂ©nase FeMo. La CO dĂ©hydrogĂ©nase oxyde le CO et gĂ©nĂšre un anion superoxyde Ă  partir de l’O2. Ce superoxyde est oxydĂ© Ă  son tour par la superoxyde oxydorĂ©ductase qui, ce faisant, libĂšre des Ă©lectrons. Ce dimĂšre composĂ© de sous-unitĂ©s de 48 kDa agit ensuite comme une dinitrogĂ©nase rĂ©ductase standard puisqu’il fournit des Ă©lectrons Ă  la dinitrogĂ©nase FeMo. La dinitrogĂ©nase de Streptomyces thermoautotrophicus est un hĂ©tĂ©rotrimĂšre constituĂ© de sous-unitĂ©s de, respectivement, 18 kDa, 33 kDa et 93 kDa (Ribbe et al., 1997). Pour fonctionner ce systĂšme nitrogĂ©nase Ă  besoin de seulement 4 ATP par molĂ©cule de N 2 rĂ©duite. Autre caractĂ©ristique surprenante, c’est l’oxygĂšne, toxique pour les autres nitrogĂ©nases, qui sert de transporteur d’électrons. 1.2.1.4 Transport des Ă©lectrons jusqu’à la dinitrogĂ©nase rĂ©ductase Deux familles de protĂ©ines sont impliquĂ©es dans le transport des Ă©lectrons jusqu’à la dinitrogĂ©nase rĂ©ductase de la nitrogĂ©nase molybdĂšne: les flavodoxines et les ferrĂ©doxines. Les flavodoxines sont des protĂ©ines acides d’une longueur variant entre 140 et 180 acides aminĂ©s et contenant un seul groupement prosthĂ©tique FMN. Les ferrĂ©doxines sont des protĂ©ines acides d’une longueur variant entre 50 et 120 acides aminĂ©s et contenant 1 ou 2 centres Fe-S. Le cheminement des Ă©lectrons jusqu’à la dinitrogĂ©nase rĂ©ductase varie d’un microorganisme Ă  l’autre. Trois exemples seront donnĂ©s dans cette section. Chez Klebsiella pneumoniae, la flavodoxine NifF est le seul transporteur d’électron associĂ© Ă  la nitrogĂ©nase. Cette protĂ©ine est rĂ©duite par les Ă©lectrons libĂ©rĂ©s par la pyruvate-Fd oxydorĂ©ductase (NifJ) lors de la gĂ©nĂ©ration d’acĂ©tyl-coA Ă  partir du pyruvate et de la coenzymeA (Nieva- Gomez et al., 1980; Shah et al., 1983). NifJ est constituĂ©e de deux sous-unitĂ©s de 120 kDa contenant chacune trois groupes Fe-S et un groupement prosthĂ©tique thiamine pyrophosphate. Chez Azotobacter vinelandii, la flavodoxine NifF est le transporteur d’électrons principal (Bennett et al., 1988). Les ferrĂ©doxines FdxA, FdxN, FixFd, VnfFd et trois autres flavodoxines sont des candidates potentiellement impliquĂ©es dans l’approvisionnement en Ă©lectrons de la dinitrogĂ©nase rĂ©ductase (Revue par Saeki, 2004). Lorsque la ferrĂ©doxine FdxN est inactivĂ©e, l’activitĂ© de la nitrogĂ©nase
  • 34. 35 molybdĂšne est rĂ©duite de 60 Ă  65%. Par contre, ce phĂ©notype pourrait ĂȘtre dĂ» Ă  un rĂŽle possible de FdxN dans l’assemblage du cofacteur FeMo (Rodriguez-Quinones et al., 1993). Dans des conditions ou seulement la nitrogĂ©nase vanadium est fonctionnelle, la ferrĂ©doxine VnfFd est essentielle pour la croissance d’Azotobacter vinelandii (Raina et al, 1993). Tout comme chez Klebsiella pneumoniae, NifJ fournit les Ă©lectrons Ă  la flavodoxine NifF ou aux autres flavodoxines/ferrĂ©doxines. La bactĂ©rie pourpre non-sulfureuse Rhodobacter capsulatus possĂšde six ferrĂ©doxines et une flavodoxine (FdxN, FdxA, FdxB, FdxC, FdxD, FdxE, NifF). De ce groupe, l’importance de la ferrĂ©doxine FdxN et de la flavodoxine NifF dans le transport d’électrons jusqu’à la dinitrogĂ©nase rĂ©ductase a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©e par des analyses mutationnelles. Lorsque fdxN est mutĂ©, la nitrogĂ©nase molybdĂšne est 20 fois moins active que dans la souche sauvage. De plus, ce mutant contient 4 fois moins de nitrogĂ©nase molybdĂšne. Cette ferrĂ©doxine aurait un rĂŽle Ă  la fois dans la stabilisation de la nitrogĂ©nase Mo et dans le transport des Ă©lectrons (Jouanneau et al., 1995). Dans un milieu limitĂ© en fer (formation de ferrĂ©doxine problĂ©matique) et sans source d’azote rĂ©duit, la mutation de nifF empĂȘche Rhodobacter capsulatus de croĂźtre. Dans un milieu abondant en fer, l’activitĂ© de la nitrogĂ©nase molybdĂšne dans la souche nifF est rĂ©duite Ă  55% (Gennaro et al., 1996). FdxN est aussi impliquĂ© dans l’approvisionnement en Ă©lectrons de la nitrogĂ©nase fer de Rhodobacter capsulatus puisque dans un milieu dĂ©pourvu de molybdĂšne, la souche fdxN croĂźt trĂšs mal (SchĂŒddekopf et al., 1993). La pyruvate-Fd oxydorĂ©ductase, quoique capable de supporter la rĂ©duction du N2 in vitro par la nitrogĂ©nase molybdĂšne, n’est pas la source d’électrons principale de FdxN ou de NifF chez Rhodobacter capsulatus (Yakunin et Hallenbeck, 1998A). Un groupe de dix protĂ©ines Rnf (RnfA, RnfB, RnfC, RnfD, RnfE, RnfF, RnfG, RnfH, RnfX, RnfY) pourrait accomplir ce travail. L’inactivation par mutation de chacun des gĂšnes rnf, Ă  l’exception de rnfH pour lequel la construction d’un mutant reste Ă  faire, empĂȘche la croissance de Rhodobacter capsulatus dans des conditions oĂč la rĂ©duction du N2 est obligatoire (Saeki et al., 1993; Schmehl et al., 1993). Autre
  • 35. 36 Ă©vidence de l’implication de ces protĂ©ines dans le transport d’électrons, lorsque l’opĂ©ron rnfABCDGEH est surexprimĂ©, l’activitĂ© de la nitrogĂ©nase molybdĂšne in vivo augmente de 50% Ă  100% mais l’activitĂ© in vitro et la quantitĂ© de nitrogĂ©nases molybdĂšne dans la cellule demeurent inchangĂ©es (Jouanneau et al., 1998). Les protĂ©ines Rnf d’Azotobacter vinelandii, au contraire, seraient plutĂŽt associĂ©es Ă  l’expression des protĂ©ines NifHDK de la nitrogĂ©nase molybdĂšne et Ă  l’assemblage du centre [4Fe-4S]-Cys4 de la dinitrogĂ©nase rĂ©ductase (Curatti et al., 2005). Les protĂ©ines Rnf jouent aussi un rĂŽle dans l’alimentation en Ă©lectrons de la nitrogĂ©nase fer de Rhodobacter capsulatus puisque dans une souche nifHDK, tous les gĂšnes rnf, Ă  l’exception de rnfB, sont essentiels pour la croissance diazotrophique (Masepohl et Klipp, 1996; SchĂŒddekopf et al., 1993). L’hypothĂšse selon laquelle les protĂ©ines Rnf rĂ©duisent FdxN et/ou NifF a pris naissance suite Ă  trois observations. PremiĂšrement, RnfABCDGE forment un complexe protĂ©ique associĂ© Ă  la membrane (Jouanneau et al., 1998). DeuxiĂšmement, la comparaison des sĂ©quences en acides aminĂ©s a rĂ©vĂ©lĂ© que RnfC possĂšde des rĂ©gions similaires Ă  ce que l’on retrouve chez les H+-NADH-quinone oxydorĂ©ductase (H+-NQR); entre autre des sites d’attachement pour le NADH et le FMN. TroisiĂšmement, les protĂ©ines RnfA, RnfD et RnfE ont entre 25% et 40% d’homologie avec NqrA, NqrC et NqrF, trois membres du complexe protĂ©ique membranaire formant la Na+-NADH-quinone oxydorĂ©ductase (NqrA, NqrB, NqrC, NqrD, NqrE, NqrF) (Na+-NQR) de Vibrio alginolyticus (Nakayama et al., 1998). Les enzymes H+-NQR et Na+-NQR sont respectivement impliquĂ©es dans la translocation Ă  travers la membrane de H+ et de Na+. Donc, il a Ă©tĂ© proposĂ© que le complexe protĂ©ique membranaire Rnf pourrait ĂȘtre organisĂ© en deux sous-complexes: l’un comprenant RnfB et RnfC, ressemblant Ă  la H+-NQR et couplant l’oxydation du NADH Ă  la rĂ©duction de FdxN/NifF et l’autre, comprenant RnfADGE, ressemblant Ă  la Na+-NQR et fournissant l’énergie nĂ©cessaire, par l’entremise d’une force proton motrice, Ă  la rĂ©duction de FdxN/NifF par le NADH (Kumagai et al., 1997). 1.2.1.5 Maturation de la nitrogĂ©nase
  • 36. 37 La grande majoritĂ© des expĂ©riences visant Ă  bien comprendre les Ă©tapes de la maturation de la nitrogĂ©nase molybdĂšne a Ă©tĂ© effectuĂ©e chez Azotobacter vinelandii et chez Klebsiella pneumoniae. Trois protĂ©ines sont essentielles pour la maturation de la dinitrogĂ©nase rĂ©ductase: NifM, NifS et NifU. NifM est une peptidyl-prolyl cis/trans isomĂšrase (PPI). Cette enzyme convertit en trans le lien peptidyl-prolyl du rĂ©sidu Pro258 et permet le repliement adĂ©quat de la dinitrogĂ©nase rĂ©ductase (Gavini et al., 2006). NifS est une cystĂ©ine dĂ©sulfurase qui fournit le soufre nĂ©cessaire pour l’assemblage du centre [4Fe-4S]-Cys4 alors que NifU est la chaperone oĂč se fait cette assemblage (Yuvaniyama et al., 2000; Zheng et al., 1994). La maturation de la dinitrogĂ©nase FeMo se fait en plusieurs Ă©tapes (voir figure 11). D’abord, deux paires de groupes [4Fe-4S] sont insĂ©rĂ©es dans le tĂ©tramĂšre α2ÎČ2 probablement par l’entremise du couple de protĂ©ines NifS et NifU. La dinitrogĂ©nase rĂ©ductase en prĂ©sence de Mg-ATP, amorce, par un mĂ©canisme inconnu n’impliquant pas sa fonction transport d’électrons, la transformation des deux paires de groupes [4Fe-4S] en deux groupes P et rend accessible le site d’insertion du cofacteur FeMo (Revue par Rubio et Ludden, 2005). Ensuite, la protĂ©ine NafY s’attache Ă  la dinitrogĂ©nase immature et participe Ă  l’insertion du cofacteur FeMo. Le rĂŽle exact de NafY dans ce processus est soit de stabiliser le site d’insertion labile du cofacteur FeMo ou d’ĂȘtre elle-mĂȘme Ă  l’origine de l’insertion. SubsĂ©quemment, NafY se dissocie du tĂ©tramĂšre mature α2ÎČ2. Les chaperones GroEL sont requises pour l’expression d’une nitrogĂ©nase FeMo fonctionnelle. Ces protĂ©ines s’associent Ă  NifHDK et serait nĂ©cessaires pour le repliement correct de l’activateur NifA. Le rĂŽle dĂ©taillĂ© de NifA sera dĂ©crit dans la section 1.2.2.3. Les chaperones GroEL sont aussi impliquĂ©es, soit directement ou via la maturation de d’autres protĂ©ines de maturation, dans l’activation du cofacteur FeMo (Ribbe et Burgess, 2001).
  • 37. 38 Figure 11. Maturation de la dinitrogĂ©nase. LĂ©gende: ovale = α (NifD); rectangle = ÎČ (NifK); octogone = NafY. Étape 1: chargement initial du tĂ©tramĂšre α2ÎČ2 avec 2 paires de centres [4Fe-4S]. Étape 2: formation des centres P et prĂ©paration du site d’insertion du cofacteur FeMo. Étape 3. Attachement de NafY et stabilisation du site d’insertion du cofacteur FeMo. Étape 4. Insertion du cofacteur FeMo, dissociation de NafY et gĂ©nĂ©ration de la dinitrogĂ©nase mature. (Figure modifiĂ©e Ă  partir de Rubio et Ludden, 2005). L’assemblage du cofacteur FeMo se fait avant l’insertion dans la dinitrogĂ©nase. La protĂ©ine NifB chaperonne l’assemblage du cofacteur NifB, un groupe Fe-S prĂ©curseur du cofacteur FeMo (Shah et al., 1994). Le cofacteur NifB est ensuite pris en charge et transformĂ© par le couple de protĂ©ines NifEN (Revue par Rubio et Ludden, 2005). NifX s’attache au cofacteur NifB et contrĂŽlerait le flux de cofacteurs NifB dans la voie de synthĂšse du cofacteur FeMo (Hernandez et al., 2007). SubsĂ©quemment, la nitrogĂ©nase rĂ©ductase catalyse l’insertion Mg-ATP-dĂ©pendante du molybdĂšne et de l’homocitrate (synthĂ©tisĂ© par NifV) dans le cofacteur FeMo (Hu et al., 2006). Le cofacteur FeMo mature s’attache ensuite Ă  la protĂ©ine NafY. 1.2.1.6 DiversitĂ© des organismes rĂ©ducteurs de N2 Le groupe des diazotrophes est restreint en nombre mais Ă©talĂ© Ă  travers plusieurs familles de bactĂ©ries et d’archaea (voir tableau I). L’identification de ces microorganismes dans l’environnement rĂ©sulte de la dĂ©tection du gĂšne nifH ou quelquefois du gĂšne nifD (Zehr et McReynolds, 1989; Ueda et al., 1995). Pour ce faire, une sĂ©rie de techniques de biologie molĂ©culaire est utilisĂ©e: l’extraction de l’ADN ou des ARNm provenant d’échantillons environnementaux, la PCR, la RT- PCR, le clonage, le sĂ©quençage, les micropuces ADN, etc. Une similaritĂ© Ă©levĂ©e entre les gĂšnes nifH des diffĂ©rentes espĂšces rĂ©ductrices laisse croire que la nitrogĂ©nase molybdĂšne aurait atteint sa forme actuelle tĂŽt dans l’évolution et se serait propagĂ©e chez les diazotrophes Ă  partir d’un ancĂȘtre commun (Postgate et Eady, 1988). Voici un bref survol des principaux groupes de diazotrophes.
  • 38. 39 Dans la nature, les diazotrophes entretiennent souvent des relations symbiotiques avec des organismes incapables de rĂ©duire le N2. L’éventail des associations bĂ©nĂ©fiques pour les deux membres du couple diazotrophes-eucaryotes est assez large. Par exemple, certaines cyanobactĂ©ries fournissent les Ă©ponges marines et les coraux en molĂ©cules d’azote fixĂ© (Revue par Kneip et al., 2007). Dans l’intestin du termite, l’on retrouve des protozoaires flagellĂ©s contenant Ă  leur tour des espĂšces de bactĂ©ries rĂ©ductrices du N2 constituant un phylum distinct nommĂ© Endomicrobia (Stingl et al., 2005). Les champignons aussi se servent des cyanobactĂ©ries pour avoir accĂšs Ă  de l’azote fixĂ©. C’est le cas du cyanolichen oĂč il y a symbiose tripartite entre un champignon, une algue et une cyanobactĂ©rie. Dans ce mĂ©nage Ă  trois, la cyanobactĂ©rie rĂ©duit l’azote et fournit aussi des molĂ©cules de carbone organique, l’algue se spĂ©cialise dans la photosynthĂšse et le champignon protĂšge les cyanobactĂ©ries d’une concentration en O2 inhibitrice pour l’activitĂ© de la nitrogĂ©nase (Honegger, 2001). Autre forme d’interaction trĂšs commune dans la nature, une structure appelĂ©e mycorhize Ă  arbuscules rĂ©sulte de la symbiose entre les racines d’un arbre et un champignon. Dans ce cas, le champignon contient des ÎČ- protĂ©obactĂ©ries fixatrices d’azote intracellulaires du genre Burkholderia (Revue par Kneip et al., 2007). La symbiose bipartite entre un protozoaire et un diazotrophe est plus rare et dans un seul cas, l’interaction entre le diatomĂ© Rhopalia gibba et des cyanobactĂ©ries du genre Cyanothece, la fixation du N2 par le partenaire procaryotique a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©e (Floener et Bothe, 1985). La symbiose la plus commune dans la nature ayant pour but l’assimilation de l’azote est l’association entre une plante et un diazotrophes. Les α-protĂ©obactĂ©ries des genres Rhizobium, Azorhizobium et Bradyrhizobium sont contenues Ă  l’intĂ©rieur de nodules attachĂ©s au systĂšme racinaire de diverses plantes lĂ©gumineuses. Ces diazotrophes fournissent de l’azote rĂ©duit et reçoivent en retour de la plante des composĂ©s organiques de carbone. À remarquer, les bactĂ©ries des genres Rhizobium et Bradyrhizobium sont incapables de rĂ©duire le N2 lorsqu’elles sont libres dans l’environnement (Atlas et Bartha, 1998). La formation des nodules fait l’objet d’un processus complexe et d’une rĂ©gulation extrĂȘmement serrĂ©e. Les Rhizobia sont attirĂ©s
  • 39. 40 par les flavonoides ou isoflavonoides secrĂ©tĂ©s par la plante. L’expression des gĂšnes nod impliquĂ©s dans la synthĂšse des lipochitines oligosaccharides est alors induite. Ces molĂ©cules permettent aux Rhizobia de reconnaĂźtre la bonne espĂšce de plante Ă  coloniser, provoquent le repliement des racines et la division des cellules mĂ©ristĂ©matiques (Atlas et Bartha, 1998). Les racines excrĂštent aussi du tryptophane rĂ©cupĂ©rĂ© par les Rhizobia et transformĂ© en acide indolacĂ©tique, une autre molĂ©cule participant au repliement des racines. Les diazotrophes pĂ©nĂštrent ensuite dans les racines, s’installent dans des vĂ©sicules membranaires situĂ©es Ă  l’intĂ©rieur des cellules du parenchyme et prennent une forme bactĂ©roĂŻde. La nitrogĂ©nase des Rhizobia est protĂ©gĂ©e de l’oxygĂšne par une compartimentation dans les nodules et par la leghĂ©moglobine qui capture l’O2 (de Billy et al., 1991). Les Rhizobia ne sont pas les seuls diazothropes Ă  pratiquer la symbiose avec les plantes. Les actinobactĂ©ries du genre Frankia forment des nodules attachĂ©s aux racines de plantes de l’ordre des angiospermes (Torrey et Tjepkema, 1979). Les cyanobactĂ©ries sont aussi des symbiontes des plantes mais cette interaction ne rĂ©sulte pas en la gĂ©nĂ©ration d’une structure spĂ©ciale comme les nodules. En effet, les cyanobactĂ©ries rĂ©sident dans des cavitĂ©s symbiotiques, structure qui existe chez les plantes indĂ©pendamment de la symbiose. Tel que mentionnĂ© dans la section 1.2.1, une fraction des cyanobactĂ©ries produisent des hĂ©tĂ©rocystes pour prĂ©munir leurs nitrogĂ©nases contre les effets nĂ©fastes de l’O2 et c’est probablement pour cette raison qu’un nodule est inutile. D’ailleurs les cyanobactĂ©ries symbiotiques ont une proportion d’hĂ©tĂ©rocystes plus Ă©levĂ©e que les cyanobactĂ©ries libres. Autre caractĂ©ristique, le spectre d’hĂŽte vĂ©gĂ©tal pouvant accueillir les cyanobactĂ©ries est plus large que pour les Rhizobia ou Frankia. Les cyanobactĂ©ries symbiotiques ont un taux de fixation du N2 plus Ă©levĂ© que les cyanobactĂ©ries libres et elles sont incapables de faire la photosynthĂšse pour prĂ©venir une compĂ©tition pour le CO2 entre la plante et le diazotrophe (Meeks, 1998; Revue par Kneip, 2007). Deux groupes de bactĂ©ries libres rĂ©ductrices d’azote et phototrophes sont prĂ©sents Ă  travers la majoritĂ© des Ă©cosystĂšmes: les cyanobactĂ©ries et les bactĂ©ries pourpres non-sulfureuses (Revue par Zehr et al., 2003). En effet, les cyanobactĂ©ries
  • 40. 41 n’ont pas besoin d’ĂȘtre en symbiose avec des Ă©ponges, coraux, champignons ou plantes pour rĂ©duire le N2. RetrouvĂ©es dans la nature sous forme unicellulaire ou sous forme de filament pluricellulaire (trichome), les cyanobactĂ©ries pratiquent une photosynthĂšse oxygĂ©nique. C'est-Ă -dire que l’eau est utilisĂ©e comme donneur final d’électrons et que la photolyse de l’eau produit de l’O2. Les cyanobactĂ©ries peuvent ĂȘtre divisĂ©es en deux groupes : les formatrices d’hĂ©tĂ©rocystes et les non-formatrices d’hĂ©tĂ©rocystes. Anabeana et Nostoc sont les deux genres de cyanobactĂ©ries formatrices d’hĂ©tĂ©rocystes les plus Ă©tudiĂ©s. Dans le trichome de ce type de microorganisme, les hĂ©tĂ©rocystes sont retrouvĂ©s Ă  travers les cellules vĂ©gĂ©tatives Ă  intervalle plus ou moins rĂ©gulier. Donc, la fixation de l’azote se fait dans les hĂ©tĂ©rocystes et est sĂ©parĂ©e spatialement de la photosynthĂšse oxygĂ©nique effectuĂ©e dans les cellules vĂ©gĂ©tatives (Revue par Thiel, 2004). La majoritĂ© des espĂšces de cyanobactĂ©ries non-formatrices d’hĂ©tĂ©rocystes sont incapables de rĂ©duire le N2 ou encore elles le font seulement en anaĂ©robie ou en prĂ©sence de faibles concentrations d’O2. Par contre, selon Gallon (2004), les quelques cyanobactĂ©ries non-formatrices d’hĂ©tĂ©rocystes fixatrices de N2 en aĂ©robie, tel que Trichodesmium et Gleothece, sont probablement responsables de 50% du total annuel de N2 rĂ©duit sur terre. La stratĂ©gie adoptĂ©e par certains de ces microorganismes pour rĂ©duire au minimum l’impact de l’O2 sur l’activitĂ© de la nitrogĂ©nase est de faire la photosynthĂšse oxygĂ©nique le jour et la fixation du N2 la nuit (Revue par Gallon, 2004). Les bactĂ©ries pourpres non-sulfureuses (Rhodospirillaceae et Rhodobacteriaceae) sont des α-protĂ©obactĂ©ries possĂ©dant un mĂ©tabolisme trĂšs polyvalent. Par exemple, Rhodobacter capsulatus est capable d’adopter 5 modes de croissances diffĂ©rents : photoautotrophe, photohĂ©tĂ©rotrophe, chimioorganotrophe par respiration aĂ©robie, chimioorganotrophe par fermentation et chimiolithotrophe. À cause de l’énergie nĂ©cessaire pour la fixation de l’azote, l’activitĂ© de la nitrogĂ©nase est optimale dans les modes de croissance impliquant la photosynthĂšse. Les Rhodospirillaceae et les Rhodobacteriaceae pratiquent une photosynthĂšse anoxygĂ©nique qui n’utilise pas l’eau comme donneur d’électrons final et donc, qui ne produit pas d’O2. Des petites molĂ©cules organiques, du H2S, du S ou du H2 peuvent
  • 41. 42 remplacer l’eau (Imhoff, 1995). Azospirillum, Rhodospirillum et Rhodobacter sont les principaux genres Ă©tudiĂ©s de cette famille. Du lot, Azospirillum est le seul genre de Rhodospirillaceae actuellement reconnu pour ĂȘtre Ă©troitement associĂ© Ă  une plante, Oryza sativa (Revue par Bashan et al., 2004). Le reste des Rhodospirillaceae et Rhodobacteriaceae Ă©volue sous forme de bactĂ©ries libres prĂ©sentes, entre autre, dans le sol et les marais (Revue par Masepohl et al., 2004). Cluster Group Subcluster Genera I Alpha 1J Azospirillum Gluconacetobacte r Mesorhizobium Rhodobacter Rhodospirillum Rhizobium Sinorhizobium 1K Beijerinckia Methylocella Methylosinus Methylocystis Rhizobium Xanthobacter Beta 1J Burkholderia 1K Burkholderia Herbaspirillum 1P Azoarcus 1U Alcaligenes Epsilon 1F Arcobacter Gamma 1H Vibrio 1K Acidothiobacillus 1I Klebsiella Vibrio 1M Marichromatium Methylomonas 1N Azotobacter (vnfH) Klebsiella
  • 42. 43 1P Methylobacter 1T Azomonas Azotobacter 1U Pseudomonas Cyanobacteri 1B Anabaena a Chiorogioeopsis Calothrix Cyanothece Dermacarpa Fischerella Gloeothece Lyngbya Myxosarcina Nostoc Oscillatoria Phormidium Plectonema Pseudanabaena Scytonema Sympioca Synechococcus Cluster Group Subcluster Genera I Synechocystis Tolypothrix Trichodesmium Xenococcus Firmicutes 1D Frankia 1E Paenibacillus II Alpha 2C Rhodobacter Delta 2E Desulfobacter Gamma 2C Azotobacter Firmicutes 2D Paenibacillus 2E Clostridium Spirochaete 2C Spirochaeta s Treponema Archaea 2B Methanobrevibacter Methanococcus Methanothermobacte r 2F Methanosarcina III Delta 3B Desulfobacter 3E Desulfomicrobium Desulfovibrio 3J Desulfotomaculum
  • 43. 44 3L Desulfonema 3P Desulfovibrio 3T Desulfovibrio Firmicutes 3A Clostridium 3C Clostridium 3D Acetobacterium Clostridium 3J Desulfosporosinus Spirochaete 3C Spirochaeta s Treponema 3K Spirochaeta 3L Spirochaeta Treponema 3S Spirochaeta Archaea 3C Methanosarcina Green 3L Chlorobium sulphur Pelodictyon IV Spirochaete 4A Treponema s 4C Treponema Archaea 4 Methanobrevibacter Methanocaldococcus Cluster Group Subcluster Genera IV Methanococcus Methanopyrus Methanosarcina Methanothermobacte r 4A Methanosarcina 4D Methanosarcina Tableau I. Distribution phylogĂ©nĂ©tique des gĂšnes nifH Ă  travers les espĂšces cultivables. Les groupes phylogĂ©nĂ©tiques (group) majeurs sont basĂ©s sur l’ARNr et les sous-clusters (subcluster) sur nifH, (Tableau tirĂ© de Zehr et al., 2003). 1.2.2 La rĂ©gulation de l’expression et de l’activitĂ© de la nitrogĂ©nase Puisque la nitrogĂ©nase catalyse une rĂ©action coĂ»teuse en Ă©nergie, les diazotrophes ont dĂ©veloppĂ© une sĂ©rie de mĂ©canismes pour rĂ©guler de maniĂšre trĂšs