2. Bilan du Groupe de Pilotage
Les coordonnateurs Delile DIMAN-ANTENOR et Jacky DAHOMAY traduisaient en
ces termes la mission qui leur a été confiée le 29 décembre 2011 par le Comité
Guadeloupéen de Projet (CGP).
Redonner du sens au vivre ensemble, pour arrêter le délitement du lien social,
facteur de mal-être, de violence, voire de désespérance.
Permettre à la société guadeloupéenne de se recentrer
Permettre à la population guadeloupéenne de s’imprégner des questions
essentielles qui se posent à la Guadeloupe.
Pour eux, il s’agissait d’organiser un « débat sociétal » et de faire que la Société
Civile, dont le rôle était ainsi confirmé, se charge de relancer et d’animer le débat.
Quelques semaines après la fin des débats, quel bilan peut-on en tirer ?
Du groupe de pilotage à l’équipe de travail.
Constitution.
Dès les premières semaines de janvier 2012, les coordonnateurs ont réuni autour d’eux un
petit groupe de personnes ressources avec le concours desquelles ils ont élaboré la note de
cadrage « Vivre ensemble » ; le « vivre ensemble » étant la problématique générale. Cette
note qui présente la méthodologie, les thèmes et le calendrier a été soumise au Comité
Guadeloupéen du Projet le 17 février 2012. Lors de cette séance, les membres du groupe de
pilotage ont aussi été présentés. Mais dès cette date, il était clair qu’un groupe d’une dizaine
de personnes ne pouvait à lui seul assumer l’animation de réunions étalées sur cinq mois et
sur toutes les communes de l’archipel. La constitution d’une véritable équipe de travail
s’imposait. Au final, la constitution de l’équipe de pilotage (dite groupe de pilotage) n’a relevé
d’aucune stratégie particulière, car aux personnalités cooptées sont venues se joindre des
individualités fortes désireuses de s’engager dans ce projet de réflexion. Toutes étaient prêtes
à relever ce qui, pour elles, était un défi : défi pour certains de vaincre la crainte d’affronter le
public dans un débat qui touchait à la politique, mais pour tous, défi de réussir à rassembler
les Guadeloupéens, au-delà des idéologies et des croyances, pour débattre de l’avenir de la
société guadeloupéenne.
Au bout du compte, composé de plus de quarante personnes, le groupe des animateurs,
experts et grands témoins, malgré son hétérogénéité et la disponibilité bénévole limitée de
chacun, a respecté ses engagements en allant jusqu’au bout du contrat. On y trouve des
femmes et des hommes, des retraités et des actifs, des cadres supérieurs et des techniciens,
des fonctionnaires et des libéraux. S’il ne s’agit pas là d’une photographie de la société
guadeloupéenne, on en est très proche.
Fonctionnement.
3. La diversité du groupe n’a pas empêché la cohésion des discours tenus dans les débats grâce
à un travail collectif sur chaque thème abordé, et à la production de documents de travail.
Les « débriefing » organisés chaque semaine complétaient le travail de mise en cohérence.
Ces réunions de coordination ont permis de consolider des savoirs, de rassurer les
animateurs et d’améliorer en conséquence la qualité des interventions.
Les quelques moments de découragement dûs soit à la non-tenue des réunions faute de
participants, ou à des images plutôt démobilisatrices que la presse renvoyait de leur travail,
n’ont pas réussi à entamer l’enthousiasme des animateurs.
L’objectif que s’était fixé le groupe de pilotage était clair. Il s’agissait d’aller à la rencontre de
la population guadeloupéenne et de l’inviter à débattre autour du « vivre ensemble » dans la
perspective de recueillir des éléments (constats, analyses et propositions) pour l’élaboration
d’un projet de société.
Ainsi, plus d’une centaine de réunions ont été programmées afin que, dans chaque
commune, l’on débatte autour des cinq thèmes retenus.
Dans une société où la citoyenneté est plutôt mise à mal, le pari n’était pas gagné d’avance.
Les débats.
L’organisation mise en place
Une ligne téléphonique dédiée, un site internet, une page Facebook et une adresse mél ont
été mis à disposition par le Conseil Général début mars. Le mois de mars a été mis à profit
pour des rencontres avec les associations, celles qui avaient répondu à l’appel lancé sur les
médias en février. Ces réunions préparatoires ont permis d’élargir l'équipe d'origine.
Comme prévu par les présidents du Congrès, la logistique a été prise en charge par le
Conseil Général ou le Conseil Régional (communication, reproduction et diffusion de
documents) et les mairies (mise à disposition de salles équipées). L’essentiel de la
communication s’est faite par les medias audiovisuels, la presse écrite et des prospectus
(flyers). Certaines municipalités ont participé à la communication en direction de leurs
administrés (associations notamment). Pour chaque débat, il y avait un animateur (membre
du groupe de pilotage, exceptionnellement un autre membre de la société civile), un
rapporteur (membre du groupe de pilotage, cadre de l’une des collectivités, membre de
l'équipe du consultant).
Le déroulement des débats
Le premier obstacle à franchir était d'arriver à mobiliser, amener les citoyens à consacrer du
temps pour venir débattre publiquement de sujets qui, tout en ayant l’air de banalités
quotidiennes, n’en n’avaient pas moins une dimension philosophique et politique forte.
La deuxième difficulté, était d’ordre culturel. La pratique de l’argumentation n’est pas
courante si l'on en juge par les échanges dans les lieux publics et dans les médias.
Le contact avec le public, de l’avis généra, a été correct. Aucun incident grave n’a été relevé
et d’une manière générale les débats se sont déroulés dans un climat de respect de l'autre.
Les débordements sont restés marginaux, en dépit d'échanges quelquefois très intenses.
4. Le public présent a montré lors de toutes les réunions, une forte envie de s’exprimer et a
souvent regretté le nombre jugé peu important de participants.
Comme on pouvait s’y attendre les interventions synthétisaient, la plupart du temps, des
constats de dysfonctionnement de la société actuelle. Peu d’exploitation de ces constats sous
forme d’analyses venait alimenter les débats, mais la durée des réunions, environ deux
heures, ne permettait pas de longs développements. Si les propositions clairement
exprimées ont été peu nombreuses, on notera souvent des propositions implicites qu'il s'agit
de « décrypter ».
Quels enseignements tirer de cette expérience ?
Quant au pilotage de l’opération : logistique et communication
Un point très positif est le constat de l'engagement d'une partie de la société civile dans une
telle aventure où il s'agissait de donner de son temps, de son énergie, de sa disponibilité,
sans le moindre dédommagement d'aucune sorte. Le bénévolat est encore très vivace en
Guadeloupe. C'est l'occasion de remercier tous ceux qui ont participé, à un titre ou à un
autre, au groupe de pilotage. Mais l'implication du groupe n'a pas pu donner toute sa
mesure, car il n'avait la maîtrise ni de la logistique, ni de la communication.
Nous avions dès le début souhaité nous appuyer sur les associations les plus actives des
communes de l'archipel. Nous n'avons pas su convaincre nos partenaires institutionnels et
c'est dommage, car certaines associations sont très actives et font un travail remarquable.
S'assurer de leur collaboration aurait sans aucun doute permis une plus large participation
des citoyens dans chaque commune, et probablement, une palette plus étoffée de
propositions. Nous aurions au moins pu éviter de déplacer inutilement animateur et
rapporteur. Nous avons eu quelques cas de salle vide et quelques cas, plus rares, de salle
fermée. Mais les salles, souvent ouvertes et accueillantes, ne manifestaient absolument pas
aux habitants qu'il s'y passait quelque chose : pas d'affiche, de banderole, ni de musique, ce
qui est le minimum dans des manifestations de ce type en Guadeloupe. Ceux qui se sont
déplacés n'en ont que plus de mérite, d’autant que dans certaines sphères, le qualificatif de
« mascarade » était volontiers utilisé pour parler des débats communaux.
Cette opération a bénéficié d'une bonne couverture médiatique dans ses débuts, même si la
distribution des flyers n'a pas toujours été performante. Les derniers mois (juillet et août) ont
pâti de la période des vacances, mais surtout de la diminution, voire de l'absence, de
communication (début juillet) et, de toute façon, de l'inadaptation du plan de communication
à la période des vacances. A cela, il faut ajouter, la moindre disponibilité des municipalités
5. en juillet et août. Résultat, il a fallu réduire le nombre de débats, ce qui a provoqué quelques
frustrations. Enfin, le fonctionnement du site du projet s'est dégradé au fil du temps et
n'était plus en fin de période un outil de communication fiable pour les citoyens qui
s'intéressaient au projet.
On ne peut parler de communication sans évoquer le rôle de la presse. Le moins que l’on
puisse dire est que la presse guadeloupéenne a peu joué le jeu. Elle a été plus « spectatrice »
qu’ »actrice » à l’occasion d’une initiative où elle pouvait, nous semble-t-il, jouer sa propre
carte. Les Guadeloupéens sont en effet souvent très critiques à l’égard de leur presse. Ces
débats pouvaient être une bonne occasion de clarifier le rôle joué actuellement par la presse,
et surtout le rôle que pourrait avoir la presse dans la Guadeloupe de demain.
Quant à la teneur des débats.
La parole dans les débats était une « parole libérée », et nous avons la faiblesse de penser que
l’indépendance (vis-à-vis du politique) affichée très tôt par le groupe de pilotage, y a été
pour beaucoup. Cette parole libre, la Guadeloupe (le monde politique en particulier) est-elle
prête à l’entendre ? Cette question, nous nous la posons encore, car c’est une question qui a
toute son importance. En tout cas, la demande de débats de ce type s’est manifestée, certains
participants ayant formulé même le vœu de poursuivre et d’élargir la réflexion.
Même si le nombre de participants n’a pas été à la hauteur de nos espérances, il est
incontestable que le matériau qui a été récupéré, est quelque chose de très précieux. Sa valeur
est inestimable pour des chercheurs et il devra faire l’objet d’analyses pour construire une
image, la plus fidèle possible, des ressentis de la population, afin de permettre aux politiques
de proposer un projet de société à la mesure des réalités constatées.
Quelle suite donner ?
Il est important de restituer le produit des débats. Nous avons en effet perçu une forte
attente, mais aussi une grosse interrogation, car la Guadeloupe est méfiante, méfiance
affichée car il y a déjà eu des débats organisés et dont on n’entend plus parler. Les gens
peuvent tous citer une opération de ce type qui, selon eux, n’a rien donné.
Quelle est la bonne façon de « rendre » ? Rendre de manière accessible et au plus grand
nombre (un document léger, bien rédigé, clair..). Il s’agit de faire « tomber » la méfiance, la
défiance manifestée par les participants.
6. Nos préconisations
Nous estimons fondamental de :
.
1) Rendre compte des débats afin de respecter l’engagement pris vis-à-vis des
participants. Cela doit se faire sous une forme accessible au plus grand nombre. en
tenant compte des handicaps et du douloureux problème de l’illettrisme.
2) Tirer le meilleur profit des échanges en repérant des lignes de force qui doivent guider
les choix de politique publique. Il s’agit ici de prendre au mieux en compte les
préoccupations des citoyens.
3) S’appuyer sur le réseau des associations qui garantissent le maintien du lien social.
L’objectif est de les fédérer vers un objectif commun, une vision globale, dans l’esprit
du « vivre ensemble ».
4) Renforcer le partenariat avec les associations et institutions, notamment celles qui ont
participé à l’opération, dans le but de traduire en actions concrètes certains objectifs du
Projet Guadeloupéen de Société et les soumettre au Comité Guadeloupéen du Projet
pour accompagnement et/ou financement.
5) Renforcer le rôle de la Société Civile en continuant à « libérer la parole ». La parole libre
est nécessaire pour que le monde politique ne soit pas coupé des réalités quotidiennes
des citoyens.
Quel avenir pour le groupe de pilotage ?
Le groupe de pilotage doit communiquer sur l’expérience originale qu’il a vécue avec
une partie de la population.
Le groupe de pilotage peut jouer un rôle dans le suivi de l’utilisation du matériau
collecté lors des débats, dans une forme à définir. Cela nécessite qu’un minimum de
moyens, en termes de logistique et de communication, soit consacré à ce suivi.
Le groupe de pilotage peut avoir un rôle dans la mise en œuvre de ses préconisations,
celles en particulier qui favorisent le recul de la méfiance des citoyens envers
l’invitation à participer, à donner son avis, en un mot à jouer son rôle de Société
Civile.
7. Groupe de pilotage CGP (Comité Guadeloupéen du Projet).
Nom et prénom
ARCONTE Maurice- FRÉNET Cynthia VADIMON Thierry
Auguste
BERCHEL Catherine GAMIETTE Franciane VIRASSAMY Dominique
BERRY Georges GASPARD-MÉRIDE ZADIGUE Aamiah
Christiane
BERVIN Georges GAYADINE Alain ZEBUS Geneviève
BOUTIN Raymond GEOFFROY Edouard
CHALCOU Didier HULMAN Diana
COMBES Jeannine JACQUES Janine
CORBIN Michel JOSEPH Dany
CORENTHIN Claire LAMI-DAHOMAY Marie-
Lise
COUDOUX Suzette LELEU Roger
COURBAIN Jean-Claude LEONIDAS Léonce
CYSIQUE Josiane MARCIN Lydia
DAHOMAY Jacky MAURIN Alain
DEMOCRITE Gladys MERION Julien
DIMAN-ANTENOR MOLINIER Nivose
Delile
DONGAL Marie-Elise MONDOR Régis
DORMIER Jeanne MONFRET Marie-Lyne
DORVILLE Max PIERRE Jocelyne
DUFLO-JANKY Marie- ROQUELAURE Patrick
Chantal
DUMIRIER Daniel RIPPON Max
DUPUYS Florence SIDAMBAROM Jacques
DUVAL Emmanuel SOUSSEING Simon
EDOUARD- DURIZOT THEOBALD Frédéric
8. Bilan de tenue des débats sur les thèmes de société (d’avril à
août 2012)
fraternité identité éducation économie citoyenneté
Communes
avril Mai juin juillet août
Gosier
Saint-Claude
Désirade
Deshaies
Pointe-à-Pitre
Gourbeyre
Petit-Bourg
Petit-Canal
Abymes
Basse-Terre
Sainte-Rose
Anse Bertrand
Capesterre MG
Grand-Bourg
Saint-Louis
Terre-de-Haut
Terre-de-Bas
Baie-Mahault
Port-Louis
Lamentin
Vieux-Habitants
Morne-à-l'Eau
Bouillante
Capesterre BE
Saint-François
Vieux-Fort
Baillif
Pointe-Noire
Sainte-Anne
Goyave
Trois-Rivières
Le Moule
Débats tenus
Débats annulés ou non programmés