Durant sa communication dans le cadre de l’École d’été « S’informer dans un monde de fausses informations : produire et interpréter des contenus dans le nouvel écosystème informationnel », Olivier Le Deuff (Mica, Université Bordeaux Montagne) a défini l’approche par les littératie et identifié celles nécessaires dans un écosystème informationnel numérisé. La conférence Littératies et évaluation de l’information nous fournit un panorama de ce que les SHS permettent de comprendre et constatent sur la formation des littératies chez les individus.

1. Li#éra'es et évalua'on de
l’informa'on
Olivier Le Deuff
Maître de conférences Université Bordeaux
Montaigne
Professeur invité, EBSI, Université de Montréal

2. Préambule avec U. ECO
« à l’avenir, l’éduca'on aura pour
but d’apprendre l’art du filtrage »
Entrevue : « Je suis un philosophe qui écrit des romans », Le Monde, 11,
octobre 2010
h#ps://www.lemonde.fr/livres/ar'cle/2010/10/11/umberto-eco-je-suis-
un-philosophe-qui-ecrit-des-romans_1423637_3260.html

3. Quels filtrages? (Serres, 2012°)
Technique ?
Social ? Educa'f ?

4. Et le filtrage législa'f ?
• Ou poli'que ?
Fake news, go
back to the
shadow !

5. Premier par'e. Les li#éra'es

6. La piste éduca-ve de la li0éra-e
Olivier Le Deuff
oledeuff@gmail.com
Premier sens :
capacité à lire et
écrire (a simple ability
to read and write)
Deuxième sens :
Possession de
compétence et
d’habileté.
(Having some skill
and competence)
Troisième sens :
Elément
d’appren-ssage
(Element of
learning)

7. Li#éra'es ou compétences?
Tension entre
li#éra'es et
compétences
(literacy and
skills)
Sans doute, la
li#éra'e
implique aussi
de comprendre
qui construit les
compétences,
les transmet et
les évalue.

8. La li#éra'e et le concept de texte d’
Yves Jeanneret.
• « Nous pouvons considérer comme des textes une affiche
et le jeu qu’elle établit entre images et mots écrits,
l’organisa=on de l’écran d’accueil de notre ordinateur (…),
le découpage reconnaissable d’un journal télévisé. Parle de
texte, c’est simplement indiquer qu’une forme générale doit
organiser un espace d’expression pour qu’il soit lisible, que
les messages ne nous parviennent que sous une forme
matérielle, concrète, organisée. A cet égard, on peut dire
que le texte est toujours un objet technique, mais d’une
nature par=culière : un objet techno-sémio=que » in Yves
JEANNERET. Y a-t-il (vraiment) des technologies de
l'informa=on ? PU du Septentrion, 2007, p.106
8

9. De l’Informa'on literacy
• « Être compétent dans l’usage de
l’informa=on signifie que l’on sait reconnaître
quand émerge un besoin d’informa=on et que
l’on est capable de trouver l’informa=on
adéquate, ainsi que de l’évaluer et de
l’exploiter » (1989)

10. A la culture de l’informa'on
• Techniques
• Intellectuelles
• Citoyennes,
éthiques, créa'ves,
par'cipa'ves, etc.
Qui suppose
plusieurs
accessibilités

11. L’expansion des li#éra'es et li#éra'es
voisines
• Mul'ple déclinaisons
• Infla'ons avec les nouvelles technologies

12. Culture digitale (Digital literacy)
Compétences numériques (et
pas seulement informa'ques)
Différents types de fractures
(premier, second ordre …)
12

13. Media literacy
• Media Literacy is a 21st century approach to
educa?on. It provides a framework to access,
analyze, evaluate, create and par?cipate with
messages in a variety of forms — from print to
video to the Internet. Media literacy builds an
understanding of the role of media in society as
well as essen?al skills of inquiry and self-
expression necessary for ci?zens of a
democracy.
• Voir hIp://www.medialit.org/media-literacy-
defini?on-and-more

14. A#en'on literacy

15. Une Convergence digitale et
média'que
• Convergence des milieux d’observa'on, de
collecte, de produc'on et de diffusion
15

16. La convergence des li#éra'es ?

17. La convergence. Défini-on
• « Il s’agit de considérer désormais que la
recherche d’informa=ons, la lecture
d’informa=ons et la publica=ons d’informa=ons
se déroule autour d’une convergence d’ou=ls que
sont les moteurs de recherche, les blogs, les wikis,
les forums et les réseaux sociaux parmi les plus
importants. Il s’agit aussi de considérer désormais
que la segmenta=on autrefois opéra=onnelle
entre les différentes liQéra=es n’est pas plus
op=male pour comprendre et former les
usagers. » (Le Deuff, Médiadoc, 2009)
17

18. La piste de la transli#éra'e
• La transliteracy se définit comme « l’habileté à
lire, écrire et interagir par le biais d’une
variété de plateformes, d’ou=ls et de moyens
de communica=on, de l’iconographie à
l’oralité en passant par l’écriture manuscrite,
l’édi=on, la télé, la radio et le cinéma,
jusqu’aux réseaux sociaux »
• La traduc'on en français a été trouvée sur le blog de François GUITE. In Guitef. Disp. Sur : <h#p://
www.opossum.ca/guitef/archives/003901.html> Cita'on originale : « Transliteracy is the ability to
read, write and interact across a range of plaVorms, tools and media from signing and orality
through handwri=ng, print, TV, radio and film, to digital social networks.”

19. Une volonté de rassembler pour mieux
former
• « Dans le domaine de l’informa=que comme dans celui de
l’informa=on (deux domaines qu’il importe de dis=nguer
neQement), les formateurs devraient pourtant combiner
inlassablement ces trois aspects de toute forma=on visant le
développement de ceQe nouvelle culture, à la fois
informa=que et informa=onnelle. C’est ceQe approche, que
l’on peut symboliser par le triptyque des « trois R », « réaliser,
réfléchir et résister »
Alexandre SERRES. « Trois dimensions de l’éduca'on à l’informa'on » In Direc'on Générale de
l’Enseignement Scolaire. Actes du séminaire na=onal “De l’informa=on à la connaissance”, 28-30 août
2006, ESEN Poi=ers. Poi'ers : MEN, août 2007. Communica'on à la table ronde « La maîtrise de
l’informa'on en ques'on », 29 août 2006, p. 37-44.
19

20. La MIL
• Au sein de l’UNESCO, un
rassemblement similaire
• Des travaux et des
indicateurs pour mesurer la
MIL (Media and informa=on
literacy)
• Un triptyque concis qui vise
l’efficacité car il s’agit :
« d’accéder, puis d’évaluer
et de comprendre et enfin
d’u=liser les médias et
l’informa=on dans une série
de contextes différents ».
En plein dans la MIL.
Education aux médias et
Formation à l’information.
Mieux vaut être
doublement armé ! 20

21. Deuxième par'e

22. Former aux Ecritures de
soi
« L’écriture, comme manière
de recueillir la lecture faite
et de se recueillir sur elle, est
un exercice de raison qui
s’oppose au grand défaut de
la stul==a (agita'on de
l’esprit) que la lecture infinie
risque de favoriser »

23. La stupidité comme moteur de la
pensée complo'ste ?
• Un procès plein de silences, de contradic'ons,
d'énigmes et de stupidités. Les stupidités étaient les
plus voyantes, et, dans leur incompréhensibilité même,
coïncidaient en règle générale avec les énigmes. En ces
jours heureux, je croyais que la stupidité créait de
l'énigme. L'autre soir, dans le périscope, je pensais que
les énigmes les plus terribles, pour ne pas se révéler
comme telles, prennent l'apparence de la folie. Mais à
présent je pense que le monde est une énigme
bienveillante, que notre folie rend terrible car elle
prétend l'interpréter selon sa propre vérité.

24. Le triomphe de l’agita'on de l’esprit
(stul''a)
• « La recons=tu=on nous prit des jours et des jours ; nous
interrompions nos travaux pour nous confier la dernière
connexion ; nous lisions tout ce qui nous tombait sous la main,
encyclopédies, journaux, bandes dessinées, catalogues de
maison d’édi=on, en diagonale, à la recherche de courts-
circuits possibles ; nous nous arrê=ons pour fouiller les
éventaires des bouquinistes ; nous flairions les kiosques ; nous
puisions à pleines mains dans les manuscrits de nos
diaboliques ; nous nous précipi=ons au bureau, triomphants,
en jetant sur la table la dernière trouvaille. »

25. Une extension maligne de la pensée
hypertextuelle
• De la pensée hypertextuelle
• « Lorsque nous échangions les résultats de nos
imagina=ons, il nous semblait, et justement,
procéder par associa=ons indues, courts-
circuits extraordinaires, auxquels nous aurions
eu honte de prêter foi – si on nous l’avait
imputé. » (Eco 1990 p.474)

26. Les connexions logiques
• «Quoi qu'il en fût, et quel que fût le
rythme, le sort nous récompensait, parce
qu'à vouloir trouver des connexions on
en trouve toujours, partout et entre tout,
le monde éclate en un réseau, en un
tourbillon d'affinités et tout renvoie à
tout, tout explique tout.. » (U. Eco, pdf)

27. Une pensée cri'que
Contre les
médias
La pensée
dite
dominante

28. L’improbable
• « Les gens croient ceux qui vendent des lo'ons
pour faire repousser les cheveux. Ils sentent
ins'nc'vement que ceux-là réunissent des
vérités qui ne vont pas ensemble, qu'ils ne sont
pas logiques ni ne sont de bonne foi. Mais on leur
a dit que Dieu est complexe, et insondable, et
donc l'incohérence est ce qu'ils ressentent de
plus semblable à la nature de Dieu.
L'invraisemblable est la chose la plus semblable
au miracle. Vous, vous avez inventé une lo'on
pour faire repousser les cheveux. Je n'aime pas
ça, c'est un vilain jeu. »

29. Conclusion

30. Faut il un index ?
Qui évalue
les infos ?
Un decodex
Un signet
social sous
blockchain ?

31. Les confusions informa'onnelles (Le Deuff, 2008 et 2016°)
Habiletés Capacités informationnelles
classiques (« information literacy)
Capacités informationnelles des
théoriciens du complot
Veille Veille informationnelle Veille paranoïaque
R e c h e r c h e s
documentaires
Recherche d’informations Quête
Comportement vis-à-vis
de l’information
Intérêt pour la primeur et la fiabilité
de l’information trouvée.
Sentiment d’initié
Éducation critique Analyse critique
Recherche de la pertinence
Méfiance totale
Rejet des médias traditionnels
Réflexion Associations d’idées
Cartes mentales
Hypertextes
Agrégats d’idées qui convergent
vers une cause unique.
Type d’informations
recherché
Information de presse
Information grise
IST
Information noire
Information occulte
Information occultée
But de la recherche Sélection de sources et de ressources
pertinentes
Trouver les comploteurs
Mettre en avant le secret
Productions Synthèse
Références et bibliographie
Opuscule qui dévoile le sens
caché

32. Un jeu dangereux
• « – Mais vous avez dit vous-même qu’ils
étaient faux, dit Belbo.
• – Et alors ? Nous aussi sommes en train de
bâ=r un faux.
• – C’est vrai, dit-il. J’allais l’oublier. » ( Eco
1990 p.398)