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Éditions Les Cavaliers de l’orage
ConSciencesVoyage aux frontiùres de l’entendement
Jacques Honvault
Version 9_1 du 30/09/13 - 3h55
ConSciences
Les Cavaliers de l’orage publient des ouvrages visant Ă  faire partager des initiatives qui s’écartent des schĂ©mas
conventionnels pour anticiper les enjeux de notre temps. Les auteurs, qui se distinguent par l’originalitĂ© et la rigueur
de leur approche, ont Ă  cƓur d’éclairer des espaces de rĂ©alisation qui prennent en compte tant l’homme que la nature.
Techniciens, artistes, entrepreneurs, voyageurs, spĂ©cialistes d’un domaine spĂ©cifique, ils sont l’autre visage d’une sociĂ©tĂ©
foisonnante d’inventivitĂ© et de ressources, qui cristallise l’espoir de demain.
Chronique d’un salaud de patron
Bienvenue dans la vraie vie d’un patron de PME
Julien Leclercq
À contre-courant
Traverser la Manche Ă  la conquĂȘte de ses rĂȘves
Arnaud Chassery
Le Nouveau Monde
Regard sur la disparition des banquises et sur le sens des choses
Emmanuel Hussenet
Une femme jour aprĂšs jour
Autoportraits au fil de la vie – Saison ÉtĂ©-Automne
Laurence Dugas-Fermon
FantĂŽme du soir
ou Le RĂȘve de MoliĂšre
Bernard Ortega
Contact :
Web : www.lescavaliersdelorage.fr
Mail : contact@lescavaliersdelorage.fr
CrĂ©dit photos/textes : Jacques Honvault, sauf photographies page 12 (Patricia Aussant), page 152 (Laure
Grandhomme) et page 174 (Club photo de MĂ©ru).
Aucune partie de cette Ă©dition ne peut ĂȘtre reproduite et/ou publiĂ©e par impression, photocopie, photographie ou
de toute autre maniĂšre, sans autorisation Ă©crite prĂ©alable de l’auteur.
No part of this book may be reproduced in any form by print, photoprint, photography or any other means without prior
written permission from the author.
Éditions Les Cavaliers de l’orage
Jacques Honvault
Engineering Art
Éditions Les Cavaliers de l’orage
ConSciencesVoyage aux frontiùres de l’entendement
8
11 – PrĂ©face
12 – À propos de l’auteur
13 – Avant-propos
15 – Partie 1 – LĂ  oĂč la science m’a mené :​je pense, donc je suis.
16 – Le commencement
18 – Derriùre le charme
20 – De l’expĂ©rience Ă  la thĂ©orie
22 – En quĂȘte de l’infini
24 – L’ancien choix par dĂ©faut
26 – La victoire du dĂ©terminisme
28 – Le contre-intuitif
30 – Un passeport pour un monde fĂ©erique
32 – Science et technologie
34 – La maĂźtrise Ă©nergĂ©tique
36 – Un progrùs rapide
38 – La conversion analogique numĂ©rique
40 – Vers la fin des secrets
42 – Plus forte que la logique
44 – Dominer la nature
46 – Toujours plus d’audace
48 – La soif d’éternitĂ©
50 – Un progrùs sans fin
52 – L’illusion de l‘objet
54 – Le prix à payer
56 – La loi de la jungle
59 – Partie 2 – Retour Ă  la case dĂ©part : qui suis-je ?
60 – L’ego blessĂ©
62 – Le cĂŽtĂ© sombre
64 – Les conquĂ©rants
66 – La finitude du monde
68 – Le leurre de l’équitĂ©
70 – Les simplifications abusives
72 – La grande illusion
74 – L’aveuglement cognitif
76 – L’éternel orgueil
78 – La guerre Ă©conomique
80 – Un monde en Ă©bullition
82 – La perversion monĂ©taire
84 – Le choix des armes
86 – L’impasse de la contestation
88 – La recherche du contrîle
90 – L’entropie fataliste
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Sommaire
9
100 – Les dissonances cognitives
102 – Le libre arbitre
104 – La gestion du changement
107 – L’écologie des idĂ©es
108 – Les Ă©tats de conscience
110 – Des rĂȘves Ă  conscience variable
112 – Conscience du tout et amour
114 – Conscience et nature de la vie
117 – Partie 3 – Vers l’ĂȘtre ressentant : j’aime, donc nous sommes.
118 – Vers un ordre cachĂ©
120 – Le ressenti face au rationalisme
122 – L’illusion de l’analyse
124 – Par-delà les apparences
126 – Un tourbillon inĂ©luctable ?
128 – L’impossible certitude
130 – L’approche de l’étrange
132 – La cĂ©citĂ© cognitive
134 – Vers la fin des secrets
136 – Un monde à reconstruire
138 – Hasard et nĂ©cessitĂ©
140 – Être en accord
142 – S’ouvrir Ă  l’émotion
144 – Une humanitĂ© Ă  assumer
146 – Le conformisme des cases
148 – La nature humaine
150 – La nature et la grñce
152 – L’expĂ©rience du mystĂšre
154 – À propos de nos origines
156 – La conscience des cycles
158 – Le pouvoir de l’imagination
160 – La pertinence des mythes et lĂ©gendes
162 – Les limites de notre perception
164 – Hasard ou chance
166 – La perception de la rĂ©alitĂ©
168 – La science et le subtil
170 – Tout est croyance
172 – Foi et confiance
174 – Un altruisme porteur
176 – CĂ©lĂ©bration de la vie
178 – Un carpe diem authentique
180 – Vers la source
182 – L’utopie possible
184 – En conclusion
186 – Remerciements
188 – Bibliographie indicative
Ludovic DUHAMEL
Université de REIMS
Aurore DUROZELLE
Nicolas BRAZIER
Alain HUGENY
Alain LABOUZE
Ali FAKIR
Antoine UHALDE
Axel WEYTENS
Christophe BOULOY
Elise ANTOINE
Philippe ANTOINE Faustine AUDUREAU
Gaëtan COLLIN
Georges MAISONNEUVE
Hubert JEGA
Isabelle BOUSQUET
Luc PLISSON
Michel HANS
Myriam DUQUENNEThierry PROUVOT
Olivier FORTI
Françoise AUGIER
Melanie DEBEVRE
Guy SIMONIN
Jeff COURANTSĂ©bastien PERSON
Aubrey de GREY
Catherine BOURHALLA
Sophie BERNARD
Anne-MarieTHULLIER
Jean-Pierre THULLIER
Simone TAURAND
ASLA PHILOSOPHIE
François-Xavier ROBILLARD
Nathalie RIBEMONT
Exposition Livry Gargan
Exposition
Bienvenus sur Mars
Exposition UPJV
Exposition
FĂȘte de la Science 2010
Capillotracté ?
Exposition
Palais de la découverte
Exposition CEA PARIS
Exposition CEA FLORENCE
Exposition
FĂȘte de la Science 2008
Exposition
FĂȘte de la Science 2011
Exposition
FĂȘte de la Science 2009
Exposition
Nuit Blanche
Exposition
15 ans Ombelliscience
Prise de vue Chladni
Anne MOUTOT
Vincent LAMY
Affiche PARISCIENCE
Nuit du film scientifique
Lycée BRASSAI
Galerie COLORIDA
Exposition
Maison Européenne
de la Photographie
Exposition
PERMIS DE CONSTRUIRE
Benoit MOREL
Olivier TABOUREUX
Galerie BEAUVAIS
Collaboration
PROMEO FORMATION
Ingrid BRUNAZZI
Carole BLERIOT
Sandrine LABBE
Alain FARCHI
Turboseb77
SĂ©bastien CUVIER
L’internet Magazine
Virginie DAUVET
Editions Magnard
Prise de vue VENGEANCE !
Olivier VAN CAEMERBEKE
SĂ©lection du Reader’s Digest
Ronan LOAEC
Chasseur d Images
Jean-Guy COUTEAU
Philippe LAVIALLE
Mathilde RENARD
Marie-Eve Migueres
Sciences et vie DĂ©couverte
Valérie QUEZADA
Olivier VOIZEUX
Sciences et vie DĂ©couverte
Catherine GARNIER
Agence LOOK AT SCIENCE
Alexandre HAGUET
Brigitte ZANA
Claire CALMET
Emmanuel HUSSENET
Editions
Les cavaliers de l’orage
Marianne FOISSEAU
Damien JAYAT
Clement BLANCHET
Exposition SCIENTILIVRES
Docteur CHARBONIER
Vincent VIALA
TEDx Place du Capitole
Christophe GALFARD
Catherine DESPLAS
Christophe TERRAL
Isabelle CALKINS
Alain GENEST
Patricia AUSSANTEric WILD
Daniel LENGAIGNE Laurent MICHEL
Sarah MICHEL
Exposition ANDEVILLE
Didier TREHARD
Club photo MERU
Sophie BOWEN
Jean-Charles MOREL
Eric VAN ESS BECK
Alexandre LAZAREW
Laure Clément
Christian JUDEISophie STAGLIANO Edmundo NAVA SAUCEDO
Kamil FADEL
Bertrand PREVOST
Pierre DURTESTE
Alain FARCHI
CEA Grenoble
Virginie DAUVET
Editions MAGNARD
Prises de vue CNPP
Anne-Karine BIGOT
Guillaume TOURNABIEN
Bruno ROUBLIQUE
MultiPilotPro
Salon de la Photo 2012
Frédéric ITTHIRAD
Laurent VOILMY
Emelyne VOILMY
SĂ©bastien PAGNIEZ
Marianne RAGEOT
Maurice Van ROSSEM
Benjamin DROUVEN
Christophe COUTEAU
Christian NOORBERGEN
Catherine GUIGNARD
Laure GRANDHOMME
Expositions UTT
Ateliers UTT
Exposition
FĂȘte de la science 2009
Prise de vues Azote Liquide
Timothée TOURY
Daniel FIEVET
Etienne GUYON
Huguette ALPHANDARY
Matteo MERZAGORA
Samia SERRI
André KLARSFELD Florence WEIL
Christian COUNILLON
Jean-Marc GALAN
Catherine MOULIGNE Jean-François HOUSSAIS
Conférence 13 minutes
Exposition MONTROUGE
CNRS Neurobiologie
Exposition ESPGG
BTS Optique
Ouvert la nuit
La tĂȘte au carrĂ©
Florence GODE
François-Xavier BULLOT
Ana Lia AMAND
Richard-Emmanuel EASTES
Celya GRUSON DANIEL
José ROBERTO
Stéphane CORREARD
Doriane DAMBREVILLE
CollĂšge AMIENS
Claire RAFIN
Xavier DUMESNIL
Residence Pouilly en Auxois
Marie-Laure GRUNENWALD
Pascal MASI
Exposition
Artistes indépendants
Florence ENJOLRAS
Jean-Yves COLONNA
Claud HABFAST
Georges SAUVEUR
François LOLLICHON
Franck ALLERON
SĂ©bastien ROCQ
Nathalie LASSERRE
Martin Van WUNNIK
William ISAMBERT
GĂ©rard LIGER-BELAIR
Celine LOUVET
Bruno SERRA
Jean-François BROCHEC
Joel GAUDRAIN
Exposition IUFM ROUEN
Plasticité Arts et Sciences
Marc Williams DEBONO
CEA Grenoble
Jean-Luc SAIVEAKHENA
Laurent COSTA
Catherine SAVIGNY
Yann WEB
Stephane PATIN
European synchrotron
radiation facility
Edouard Challemel
du ROZIER
Nicole NOGUES
Christiane SELLIER
Jean-Jacques VINCENTZ
Exposition ESTACA LAVAL
Chantal BRUSSIER
GeneviĂšve VESCIA
Jean-SĂ©bastien DELFOSSE
Louis DELGRANGE
David BIEGLE
Jean-François ROVERSI
Pascale GORSE
Joao SERRA
Nicolas BRICE
Jérémie LEPEVEDIC
Marc PAVAGEAU
Pierre DUTHIL
Emmanuel MARGERAND
Olivier BERNE
Christian NOUAUX
Jean-Claude VALLET
Musée de la NACRE
Acceuil Conscrit Aix
Miroir de l’Art
Prises de vue Optique
Philippe LEMOSSE
Editions HACHETTE
Katia DAVIDOFF
Editions BELIN
Anne MENSIOR
Editions BORDAS
Blandine DURAND
Jocelyne SMADJA
Olivier SUCHAIL
Pierre-Yves LAGREE
Conférence CNRS JUSSIEUX
Stéphane ZALESKI
Alexandre DANG
Martial LAVAREC
Martine FREBAULT
Michel FOUTEAU
Stephan ORIVEL
Michel ORIVEL
Exposition Alliances
Françaises de Chine
Exposition SAGE 2
Exposition Grand Hotel
Intercontinental de Paris
Jean-Pierre CREPIN
Dominique BECARD
Exposition Giverny
Daniel LANGLOIS
Bertrand FOUSSIER
Anne LENNER
Guillaume LOMBARD
ARTS ET METIERS
MAGAZINE
Les RDV de IENA
Editions La DILETTANTE
Catherine BOISAUBERT
Gadz’artistes
Basarab NICOLESCU
Michel CAZENAVE
Carol SAPHIRO
Circulations Tissages
Eric LE ROUGE
Frénésie
Liquidité matérielle
Alain GALY
Arnaud ROGEZ
Claudius de cap de BLANC
Isabelle MARFOND
Jeanne FERRIEU
Roger STANCHINA
Bernard TACHEFINEEvelyne DOLBET
Laurent DOLBET
Jean LECLERCQ Alain PRAS
Exposition Artconsommart
Prise de vue ballistique
Exposition
Mais ou est donc Ornicar
Exposition
FĂȘte de la Science 2007
Exposition Photo Folies
2013
Exposition Carla-BayleExposition Lille Art Fair 2011
Exposition Image de Fer
Affiche Tissus Premiers
Sylvie MAISONNAVE
Madame LECLERCQ
Bijan Aalam
Babelle DUNGLAS
Darienne MOYER Bertrand BILLA
Philippe LAURENT
Michel GOBERVILLE
Antoine TROMBINOPiers HENRIOT
RAURICH Jean-Pierre POURTIER
Michel D’ENCAUSSEMaud Ait Saïd Yann HAGIMONT
Jean-Pierre SIERExposition
FĂȘte de la Science 2011
Lionel DELCOURT
A&J LEBARBENCHONExposition AUVERS SUR
OISE
Laurent OLIVIER
GMAC Chatou
Franck MULLER
Frédéric SINNO
Murielle
DELABARRE MULLER
Stephan OBADIA
Stéphane VERCLEVEN
Stéphanie SINNO
Blandine HONVAULTSylvain BLANC
CollĂšge CAUFFRY
CollĂšge BEAUVAIS
Fauqueux
CollĂšge BEAUVAIS
Notre Dame
CollĂšge LE HAVRE
CollĂšge COMPIEGNE
Christophe DURAND
Jeff CASULI
David TURPIN
Benoit EBRAN
Stéphanie ANSART
Eve DECK
Claude RENARD
Cyril BARRE
Christophe JALBERT
Elise COCQUET
Francis MEDOC
Francis LALAU
Hadelin HONVAULT
Claire LALAU
Alexandre NYS
Les conventions
Communications extravéhi-
culaires
Alexandre LEBORGNE
Daniel VERNET
Ghislaine SERAL
Joël VASQUEZ
Thomas BRIANT Charel FABRY
Catherine RIGOLLET Gilles HABERKHORN
AGORA DES ARTS
SANCY STUDIOS
Percept’science
Exposition FESTI MOTS
Exposition CG60Exposition musée
départemental
Lycée MERU
Daniela C. FUENTES
Tiphaine BIROTHEAU Philippe GILLES
Pierre BAROUGIER
Nathalie RAVIER
Xavier MAHE
Josiane LOISON
Philippe MASIA
Stéphane TRUTIN
Exposition
Bailleul en Thérain
BĂ©atrice LEJEUNE
Yves ROMES
Exposition AMBLAINVILLE
Anne ARBELINNI
Presse Picarde
Toi qui t es dérobé
à ma mémoire...
Toi qui m’aide
Ă  mon insu
Toi qui préfÚre
l’anonymat
Arnaud BAUDRY
A&V DESCROIX
Philippe DESROUSSEAUX
Gilles ROUVIER
Bail Art
Didier LABILLE
BenoĂźt LECOQ VALLON
Olivia MERCIER
Edouard SCHOENE
Savoir tout faire
en photographie
Jean-Marc LEVY LEBLOND
CollĂšge MOUY
CollĂšge
Saint Just en Chaussé
Technologie Services CollĂšge
NEUILLY EN THELLES
Perrine VALLET
Mathieu Vidard
Alain LOPEZ
Isabelle COUMES
Jean-Luc JOAN
Aurélie MATHIEU François BESSE
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187
173
181
92 – Prendre du recul
94 – S’affranchir de la science
96 – Les niveaux de rĂ©alitĂ©s
98 – Science et transcendance
11
Je me souviens de la premiÚre grande exposition de Jacques Honvault en 2010 qui nous présentait
alors l’état de ses recherches au Palais de la dĂ©couverte. Le Palais de la dĂ©couverte, lĂ  oĂč s’offre le plus pur
de la science qui soit accessible au grand public : quelle merveilleuse idĂ©e ! Et que l’on retrouve en partie
dans ces ConSciences qui devraient en faire rĂ©flĂ©chir plus d’un.
Tout ce qui nous est offert de la sorte se trouve ĂȘtre le produit de technologies qui, comme toutes
leurs pareilles, sont le rĂ©sultat appliquĂ© de notre corpus de savoirs. Jacques Honvault dĂ©montre ainsi –
comme on prouve le mouvement en marchant – que, contrairement Ă  ce qui est si souvent avancĂ©, l’art et
la science peuvent avoir beaucoup Ă  faire ensemble.
Oui,jeconnaisbienlarengaineselonlaquellelaconstructiondelascienceestprofondémentrationnelle,
tandis que l’art serait de l’ordre d’un non-rationnel qui ne consisterait pas Ă  dĂ©passer les « antinomies de la
raison » (n’est-ce pas, Emmanuel Kant ?), mais Ă  renoncer tout simplement Ă  celle-ci. Science rationnelle, je
suis bien d’accord, Ă  condition d’interroger les conditions de possibilitĂ© de la raison, et de constater qu’elle
se bĂątit gĂ©nĂ©ralement sur un arriĂšre-fond mĂ©taphysique ou mythologique que l’on a la paresse de mettre
Ă  jour ou l’outrecuidance de vouloir nier, alors que toute l’histoire rĂ©elle nous enseigne le contraire.
Or, justement, à travers ses recherches, Jacques Honvault montre exactement le contraire : nous
prenons soudain conscience, avec lui, que :
– la structure du monde, comme la science contemporaine permet de l’explorer, peut nous emplir
d’une profonde Ă©motion esthĂ©tique (je pense aussi, ici, aux photos de galaxies lointaines telles que les
derniers télescopes spatiaux nous ont permis de les découvrir),
– il existe d’évidence une articulation entre tout ce qui est de l’ordre de la raison et de l’ordre de ce qui
la dépasse,
– et il demeure en nous le besoin de rĂ©flĂ©chir.
Pourtant, si l’on veut bien penser un court instant, on admettra sans difficultĂ© qu’on ne peut « dĂ©passer
la raison » que si celle-ci existe bien et qu’on l’a exercĂ©e tout du long.
Que penser des songes Ă©veillĂ©s auxquels la science mĂšne la vie si dure ? Ils subissent toute la mĂ©fiance
de ceux qui portent la science moderne depuis presque deux siùcles

Et c’est tout le mĂ©rite de Jacques Honvault que de nous faire dĂ©couvrir Ă  quel point on peut s’appuyer
sur le corpus scientifique pour lui faire exprimer notre Ă©merveillement devant l’organisation de l’univers,
et pour nous rĂ©vĂ©ler comme il peut ĂȘtre Ă  l’origine de beaux phĂ©nomĂšnes que nous n’aurions, autrement,
mĂȘme pas soupçonnĂ©s !
Oserais-je ajouter que, bien souvent, devant ces travaux, je n’ai pu m’empĂȘcher – toutes choses Ă©gales
par ailleurs – de songer Ă  LĂ©onard de Vinci ; c’est-Ă -dire Ă  celui qui, Ă  l’aube de notre Renaissance, a si bien
cherché, comme la publication de ses Carnets secrets nous en a fait prendre la mesure, à dialectiser la
recherche de cette immarcescible beautĂ© dont l’humain a toujours cherchĂ© Ă  lever le voile ?
Michel CAZENAVE
Écrivain, philosophe et poùte
Préface
12
NĂ© le 24 septembre 1974 Ă  Metz, j’ai grandi dans un milieu modeste
de l’agglomĂ©ration lilloise. AprĂšs avoir redoublĂ© par deux fois au lycĂ©e,
je me mets enfin au travail et obtiens une mention au Baccalauréat C.
AprĂšs deux ans en classes prĂ©paratoires, j’intĂšgre l’École Nationale
SupĂ©rieure des Arts et MĂ©tiers, promotion ChĂąlons 1996 (École
aujourd’hui rattachĂ©e au rĂ©seau Paristech).
Ma vie professionnelle dĂ©bute par dix ans au service d’un
Ă©quipementier automobile motoriste. Les cinq premiĂšres
annĂ©es sont crĂ©atives avec des dĂ©pĂŽts de brevets d’inventions.
Cependant, ma nomination d’expert technique ne suffit pas à garder ma
motivation intacte.
En effet, aprĂšs quatre ans d’activitĂ©, mon questionnement sur le mal-ĂȘtre de mes collĂšgues m’amĂšne Ă 
m’engager dans la voie syndicale. Je m’investis alors jusqu’à devenir dĂ©lĂ©guĂ© des centres de recherche &
développement et de fabrication.
Ma perception de l’entreprise et de notre civilisation m’incite Ă  reconsidĂ©rer ma carriĂšre en 2007.
Je crée mon premier site internet dédié à la photographie scientifique. Trois ans plus tard, je négocie mon
dĂ©part de l’industrie.
En 2009, je suis sĂ©lectionnĂ© pour l’exposition « Nouveaux regards » Ă  la Maison EuropĂ©enne de la
Photographie. Je commence en parallÚle des interventions pédagogiques art-science en collÚge et
mets au point mon procédé de fusion temporelle, assemblage de photographies en bandelettes pour
reprĂ©senter l’action du temps.
L’annĂ©e suivante, le Palais de la dĂ©couverte consacre la rĂ©trospective Magnifi’Science aux cinq
premiĂšres annĂ©es de mes travaux. Je rĂ©alise pour l’occasion ma premiĂšre machine d’art cinĂ©tique.
Un laboratoire du CNRS de Jussieu m’invite Ă  donner ma premiĂšre confĂ©rence. En plus des collĂšges,
j’interviens Ă©galement en Ă©cole d’ingĂ©nieur. Mon procĂ©dĂ© de synthĂšse diffĂ©rentielle est mis au point (voir
encadré ci-contre).
Les Alliances Françaises de Chine organisent une itinĂ©rance dans sept villes de Chine entre 2011 et 2012.
Avec la galerie Images de Fer, j’édite le livre ESSci
ENCE DES CHOSES et expose une sculpture « l’humanitĂ©,
hasard et nĂ©cessité » Ă  la Lille Art Fair.
L’aspect « confĂ©rencier et rĂ©alisateur vidĂ©o » de mon travail se confirme en 2012 : je donne deux
confĂ©rences lors du TEDx de Toulouse, une confĂ©rence Ă  l’universitĂ© Diderot et j’expose Ă  l’Espace des
Sciences Pierre-Gilles de Gennes. Universcience.tv me confie la rĂ©alisation de « Capillotracté ? », une sĂ©rie
dont chacun des 44 épisodes explique une de mes photographies et la réflexion philosophique qui lui est
associée.
Aujourd’hui, des interventions pĂ©dagogiques art-science-philosophie m’amĂšnent Ă  travers la France
à travailler avec des professeurs de toutes disciplines : sciences, technologies, arts plastiques, histoire,
français et philosophie. Le monde de l’industrie et de la recherche me consulte sur des sujets de techniques
de visualisation ou de mise en avant d’images techniques. Ma carriĂšre artistique explore Ă  prĂ©sent les
champs du cinéma et de la vidéo interactive.
Web : jacqueshonvault.com
Mail : contact@jacqueshonvault.com
Àpropos de l’auteur
13
Dans un premier temps, vous pouvez vous dire que ces images sont assurément le résultat de trucages
ou d’infographies. Pourtant, ce sont de vĂ©ritables photographies qui correspondent Ă  des phĂ©nomĂšnes de
sciences physiques rĂ©els. C’est Ă  ce titre qu’elles ont eu l’honneur d’une exposition de 200 m2
au Palais de
la découverte en 2010.
Dans un deuxiĂšme temps, la question du « comment ? » peut se poser. Pour y rĂ©pondre, des
documentaires vidéos sont visibles sur mon site jacqueshonvault.com. Je réalise de nombreuses
interventions en milieu scolaire, et donne des conférences expérimentales lors desquelles ces clichés sont
reproduits en direct et en public. Révéler mes méthodes est un élément fondamental de ma démarche car
je souhaite partager cette idĂ©e que l’incroyable peut ĂȘtre possible.
Vient ensuite la nĂ©cessitĂ© de classer ce travail. Est-ce de l’art ? Du matĂ©riel publicitaire ? Juste de la
photographie scientifique ? Si votre attention s’égare sur le titre de la photographie alors son dĂ©calage au
regard de l’Ɠuvre devrait guider la rĂ©ponse. Au-delĂ  de l’aspect figuratif et insolite, mon art se veut avant
tout conceptuel, en stimulant notamment l’imagination formelle.
DĂšs lors, on peut s’interroger sur le sens de mon approche. Le questionnement scientifique peut ĂȘtre
appliqué à tous les sujets de la vie, y compris et surtout aux sujets non scientifiques. Cependant, la science
est dangereuse si l’on oublie qu’elle est une invention, un simple modĂšle intellectuel et non la vĂ©ritĂ©
découverte. Et le doute permanent est une nécessité absolue pour éviter de tomber dans le dogmatisme.
D’oĂč la question fondamentale : pourquoi ? J’ai pris conscience Ă  travers l’étude de l’histoire, que ce
soit l’histoire des sciences, des arts, ou tout simplement mon histoire personnelle, que notre rĂ©alitĂ© n’est
qu’une perception, et finalement juste un consensus mental. Or, les courants de pensĂ©es sont Ă  la fois
aveuglants et invisibles. Tenter de s’en extraire pour faire Ă©voluer notre conscience est complexe.
Alors, concrĂštement ? Ces photos, bien qu’improbables, sont pourtant vraies. Ce sont des mĂ©taphores
filĂ©es qui cherchent Ă  dĂ©brider l’imagination en Ă©branlant nos barriĂšres cognitives inconscientes.
Les secrets dévoilés amÚnent à se questionner sur la nature de la réalité et à repenser notre capacité à
discerner. En effet, la vie ne saurait se rĂ©sumer Ă  un exercice mental. Elle s’exalte Ă  travers les ressentis,
sensations, Ă©motions et sentiments. Ma dĂ©marche conceptuelle se mĂȘle Ă  une recherche esthĂ©tique
qui vise l’enchantement.
Jacques HONVAULT, septembre 2013.
Avant-propos
À propos des Ɠuvres en synthĂšse diffĂ©rentielle :
Ce procédé personnel mis au point en 2010, mais volontairement non breveté, consiste en la soustraction numérique
de deux images, qu’elles soient de nature vidĂ©o ou photographique. Les diffĂ©rences sont alors exacerbĂ©es, les
couleurs modifiĂ©es, alors que ce qui ne change pas devient noir. Il n’y a pas de colorisation manuelle, cette
technique photographique (au sens Ă©tymologique du terme) Ă©tant automatique.
À propos des QR codes :
Si vous possédez un téléphone ou une tablette ayant une application dédiée, vous pouvez
scanner ce symbole carré, le QR code. Vous accéderez alors à une vidéo présentant la
problématique soulevée par la photographie. Vous pouvez également utiliser votre navigateur
Internet en saisissant l’adresse suivante : http://jacqueshonvault.com/livre5.php
15
Partie 1
LĂ  oĂč la science m’a mené :​
je pense, donc je suis.
16
Si une chose nous distingue des autres membres du rĂšgne animal,
c’est sans doute notre conscience d’ĂȘtre. De cette capacitĂ© spĂ©cifique
peut alors dĂ©couler la question fondamentale : « pourquoi ? »
Pourquoi suis-je là ?
Pourquoi moi ?
Pourquoi la vie plutĂŽt que le nĂ©ant ?
Tout a peut-ĂȘtre commencĂ© ainsi : l’Homme veut sortir du flou,
l’Homme veut comprendre.
Sa réponse la plus efficace fut la construction de la méthode
scientifique, c’est-à-dire le regroupement d’un ensemble de pratiques
et de rĂ©sultats qui permet d’établir :
– un savoir mesurable : ce qui est Ă©tudiĂ© peut ĂȘtre caractĂ©risĂ© de
maniÚre précise,
– un savoir rĂ©pĂ©table : l’expĂ©rience peut ĂȘtre reproduite plusieurs fois
de suite dans un mĂȘme laboratoire et dans les mĂȘmes conditions,
– un savoir reproductible et donc vĂ©rifiable : un mĂȘme rĂ©sultat est
obtenu quels que soient les opérateurs, les installations et le lieu,
– et si possible une relation causale, c’est-à-dire une explication qui
décrit le comment du phénomÚne.
Comprendre – 2009
Je m’interroge ici sur le fait que ce tube fluorescent s’allume alors qu’aucun fil Ă©lectrique ne le touche. II est Ă 
proximitĂ© d’un rĂ©sonateur de Tesla qui produit une source de tension de 100 000 volts. PlacĂ© Ă  deux mĂštres de la
machine, le champ Ă©lectrique excite le tube fluorescent qui transforme ces ondes en lumiĂšre. La lumiĂšre produite
est plus faible que si l’on branche le tube au rĂ©seau Ă©lectrique domestique, mais elle est bien rĂ©elle, en atteste cette
photographie qui a duré un quart de seconde.
Le commencement
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Lascienceambitionned’ĂȘtrelaplusobjectivepossible,denepasdĂ©pendredel’expĂ©rimentateur.
OnrĂ©alisedesobservationsprĂ©cises,onĂ©laboreunscĂ©nariohypothĂ©tiqued’explications,onconstruitdes
expĂ©riencesdontlesrĂ©sultatspeuventĂȘtrecompatiblesaveccescĂ©nario,maisquidoiventaussipouvoir
l’infirmer.Etsil’onarriveavecprĂ©cisionaurĂ©sultatattendu,alorslacorrĂ©lationdel’hypothĂšseaveclarĂ©alitĂ©
luiconfÚrelestatutderésultatscientifique.
LessciencesphysiquesseplaisentĂ dissĂ©querlesmagnificencesdelanature.Ainsi,l’élĂ©gant
Ă©coulementdel’eaudepuisunarrosoirs’énonceaveclesthĂ©oriesdelaphysique.LamĂ©caniquedesfluides
reposesurdesĂ©quationsd’unegrandecomplexitĂ©,transformantunsimplejetd’eauenĂ©preuvepour
Ă©tudiantdoctorant.
DĂ©sormaislamatiĂšreestmodĂ©lisĂ©e,cadrĂ©epardesformulesquisemblentlaconditionner.L’émerveillement
innocentpeutmĂȘmeĂȘtreremplacĂ©parceluidel’adĂ©quationdelanatureauxmathĂ©matiques.Lagrande
puissancedesphénomÚnesmétéorologiquesousismiquesnousimpressionne,maisannéeaprÚsannée,
nousnousyadaptonsmieux.NousnousprotĂ©geonsplusefficacementdelanaturequi,Ă dĂ©fautd’ĂȘtre
domptée,adumoinsétécomprisedanssesgrandsmécanismes.
Arrosoir#1–2005
Lescouleursvivesdel’arrosoirdemonjeunefilsetl’aspectgraphiquedesfiletsd’eaum’ontconvaincud’enfaireune
photo.Danslasalledebain,letuyaudedouches’écouledansl’arrosoir.OnobtientainsiunjetcontinuĂ traversle
pommeau,letempsdepréparerlaprisedevue.
Ci-contre  :Arrosoir#2–2005
DerriĂšrelecharme
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ÀchaqueexpĂ©rience,nousapprenonsdenoserreursetnousperfectionnonsnosconnaissances
etnosmĂ©thodesd’analyse.Ilyatroiscentsans,NewtonĂ©nonçaitlesĂ©quationsquirĂ©gissent
l’ensembledesmouvementsmesurablesĂ sonĂ©poque.Puis,ilyacentans,Einsteinajoutait
destermesĂ cesĂ©quationspourqu’ellesprennentencomptelesparticulesdontlavitesse
s’approchedecelledelalumiĂšre.LesthĂ©oriesscientifiquesseprĂ©cisentencoredavantage.
LascienceressembleàungigantesqueéchafaudagequiserapprochetoujoursplusprÚsdela
réalitéphysique.Dechaquenouvelleexpériencepeutémergerunenouvellethéorieetchaque
nouvellethĂ©oriedoitĂ sontourĂȘtreconfrontĂ©eĂ l’expĂ©rience.
LecyclehypothĂšse–expĂ©rimentation–échec–analyse–reformulation–estvalideensciences
maisaussidansnotreviedetouslesjours !PrenezlaprĂ©parationducaramel,parexemple.
Ilsuffitdeprendredel’eauetdusucreetdelesplacerdansunecasserole,surunesourcedechaleur.
Pourtant,cetterecettesimplissimeestsouventratée.Lachronophotographieci-dessusmontre
quelecaramelapparaĂźtbriĂšvementaprĂšscinqminutesd’ébullitionstable.IlarrivefrĂ©quemment
quelecuisinier,lasd’attendre,s’affaireĂ uneautretĂącheetratesamixture.LesĂ©checssuccessifs
nousenseignentalorslapatience.Est-cepourcelaquelesgrands-mÚresréussissentlecaramel
plussouventquemoi ?Sansdouteont-ellesassimilĂ©que« riennesertdecourir,ilfautpartir
Ă point ».Lefaitestquedansbeaucoupdecivilisations,lesageestledoyen.« Savoir »etdonc
« rĂ©ussir »sontdescompĂ©tencesquisedĂ©veloppentaugrĂ©de« l’expĂ©rience ».
L’expĂ©rience–2009
CetteimageesttraitĂ©eavecmonprocĂ©dĂ©de« fusiontemporelle ».L’appareilphoto-
graphietouteslesdeuxsecondeslatransformationdusucreencaramel.Lacuissona
duré16minuteset40secondes.Les500photossontensuiteassemblées.Dechaque
photo,jeneconservequ’unefinebandelette :delapremiùreimage,labandelettede
gauche,dela250   e
,celledumilieu,dela500   e
,cellededroite.
Del’expĂ©rienceĂ lathĂ©orie
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Aujourd’hui,leschercheurssaventpourquoiunegouttedecafĂ©Ă©clatecommedansla
photographieci-dessous.Ilssaventdirecombiencettecouronneproduiradejoyauxetquelle
tailleilsauront.Sicetteprouessevousparaßtfutile,étantdonnéquecettephotographiepermet
aisĂ©mentdedĂ©nombrerlesgouttelettes,sachezque,poureux,ils’agitd’unexerciceintellectuel
sĂ©rieuxleurconfirmantqu’ilssetrouventsurlabonnevoie.IlspeuventaussiendĂ©duirequeleurs
équationsserévélerontvalablespourdessujetsplusardus.
Lasciencephysiques’attaquedĂšslorsĂ desproblĂšmessanscessepluscomplexes,oĂčgrande
vitesseettailleinfinitĂ©simalesontautantd’obstacles.EllenousoffrelapossibilitĂ©decomprendrele
mondeavecplusdejustesse.CertainsimaginentdĂ©jĂ quelamatiĂšren’aurabientĂŽtplusdesecret :
unatomeestdixmillionsdefoispluspetitquelemillimùtre,lenoyaudel’atomeestencorecent
millefoispluspetit,etlesparticulessontencoremillefoisplusminuscules

LaplusgrandemachinequeleshommesontfabriquĂ©eestdĂ©diĂ©eĂ lasciencedel’infiniment
petit.Ils’agitduLHC,LargeHadronCollider,« grandcollisionneurdeparticules ».Cetteinstallation
devingt-septkilomĂštresdediamĂštreaccĂ©lĂšredesparticulesĂ plusd’unmilliondekilomĂštres
parheure.L’objectifestderepousserl’ultimefrontiùre,celledenosconnaissancesetdenotre
maĂźtrisedelamatiĂšre.
ÉnergĂ©tique–2007
Aucoursdesachute,del’énergiecinĂ©tique(crĂ©Ă©eparsavitesse)s’accumuledans
lagouttedecafĂ©.EntombantdansuneassiettestriĂ©econcentriquement,l’énergie
delagouttesetransfĂšreĂ cetteflaquedequelquesmillimĂštresdeprofondeur.
Leliquide,noncompressiblesetransformealorsencettecorollependantunedizaine
demillisecondesseulement.
EnquĂȘtedel’infini
Deuxfilsélectriquesdénudéssontplacéstrois
centimĂštressouslerobinetdelabouteillequilaisse
s’échapperlesgouttes.Ainsi,Ă chaquepassage,
leliquidemetencontactlesfilsreliésaumodule
électrique.Ilsuffitderéglerlatemporisationàune
valeurlégÚrementsupérieureàladuréedechute.
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Avantl’apparitiondelascience,chaqueforceoutrĂ©sordelanatureĂ©taitlefaitdesdieux :
ledieuduciel,celuidesmers,ladĂ©essedel’amour,celledelajeunesse
ToutĂ©taitjustifiĂ©par
desfiguresmythologiques.DecraintedesusciterlacolĂšredivine,lesanciensrespectaienttout
cequilesdĂ©passaitetlesĂ©merveillait.CettemaniĂšredepenser,quiprĂȘteĂ sourireaujourd’hui,a
néanmoinscontribuéàpréservernotreplanÚtependantplusieursmillénaires.
Pourtant,l’intentionscientifiqueĂ©taitdĂ©jĂ prĂ©sente :lesIncasconsidĂ©raientqu’untremblement
deterrerésultaitdelacolÚredesdieux.PourcalmercettecolÚre,ilsprocédaientausacrifice
humain.Silestremblementsdeterrecessaient,ilsétaientconfortésdansleuridéededépart.
SiunerĂ©pliqueseproduisait,ilsendĂ©duisaientquelacolĂšreĂ©taitsigrandequ’unseulsacrifice
n’avaitpassuffi ;ilssacrifiaientalorsunedeuxiĂšmepersonne.LeurerreurĂ©taitd’avoiradoptĂ©une
dĂ©marcheoĂčlamiseĂ l’épreuvedeleurthĂ©orienepouvaitjamaisdonnerunrĂ©sultatnĂ©gatif,
lesrĂ©pliquesfinissanttoujoursparcesser.Entermesdesciencedelaconnaissance,l’épistĂ©mologie,
ilsn’ontpasrespectĂ©leprincipederĂ©futabilitĂ©misenavantparKarlPopper.
Ainsi,unehypothĂšse,bienqu’ayantdeseffetsmesurables(lessĂ©ismescessentquandlebon
nombredepersonnesaĂ©tĂ©sacrifiĂ©)etrĂ©pĂ©tables(detoutel’histoiredesIncas,ilenatoujoursĂ©tĂ©
ainsi)peutĂȘtreerronĂ©e.Unemiseenrelation,corrĂ©lationdanslelangagescientifique,netiendra
jamaislieudepreuve.
TrĂ©sor–2004
VoicimatoutepremiĂšrephotographie,demai 2004.UnsaccongĂ©lateursurl’enversimproviseunfondde
fortune,unboldefaĂŻenceblancreçoitdel’eauquis’écouled’unsimplerobinet,etaumilieudedizaines
dephotos,unegoutteressemblantàundiamantévoquelavaleurdecequejegaspillaisdepuisplus
d’unquartd’heure
DeboĂźteĂ souvenirs,l’appareilphotographiques’estdepuiscejourtransformĂ©en
outild’exploration.
L’ancienchoixpardĂ©faut
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La relativité des savoirs #1
En se plaçant dans le noir et
en ouvrant l’obturateur de
l’appareil photo, le capteur
enregistre la trajectoire
de toutes les sources
lumineuses  : c’est le « light
painting ».
L’efficacitĂ© des modĂšles mathĂ©matiques utilisĂ©s en sciences
physiques permet une chose qui relevait, il y a peu de temps encore,
du fantastique : prĂ©voir le futur ! Jetez un pointeur laser dans un double
mouvement de rotation, et vous pouvez Ă©crire Ă  l’avance sa trajectoire
ainsi que ses points d’inflexion et de rebroussement. Pour l’instant,
cette prĂ©diction ne s’applique qu’aux phĂ©nomĂšnes matĂ©riels dont
nous connaissons bien les conditions initiales. Mais qui sait jusqu’oĂč la
science nous mùnera ?
Aujourd’hui, des calculs prĂ©cis de distances avec des satellites
en orbite autour de la Terre nous permettent de nous positionner Ă 
quelques dizaines de centimùtres prùs : c’est le systùme GPS issue de la
technologie militaire.
L’armĂ©e, Ă  l’affĂ»t des avancĂ©es scientifiques, finance de nombreuses
recherches. Lorsque la cinématique, domaine de la mécanique qui
Ă©tudie les mouvements, est apparue, sa premiĂšre application fut
militaire : la maĂźtrise de la trajectoire d’un boulet de canon Ă©tait capitale !
C’est ainsi que surgit un vĂ©ritable problĂšme Ă©thique : le scientifique
est-il responsable des dĂ©couvertes qu’il rĂ©alise ? Aurait-il Ă©tĂ© prĂ©fĂ©rable
de ne pas découvrir la fission nucléaire, quitte à se passer des
applications mĂ©dicales de la radioactivité ? Fallait-il aussi se passer
de tous les métaux puisque la métallurgie permet de façonner des
armes blanches ? Beaucoup de chercheurs font des dĂ©couvertes et se
dĂ©douanent de l’emploi que les autres peuvent en faire.
Quoiqu’ilensoit,sinouspouvionsmettrelemondeentierenĂ©quations
et connaßtre sa situation à un moment donné, alors nous pourrions
tout prévoir. La science serait alors la clé du pouvoir
 La sensation de
maĂźtriser le monde grĂące Ă  nos connaissances scientifiques est grisante.
La science, c’est le vrai, et la vĂ©ritĂ© n’est-elle pas vertueuse ?
Inflexions – 2007
Un laser se balance suspendu à une ficelle. L’appareil est en pose dans une salle obscure.
Les figures qui se tracent sur une feuille blanche posée sur le sol sont capturées pendant
15 secondes. La rotation du laser sur lui-mĂȘme est inversĂ©e par rapport au mouvement de
rotation du pendule ainsi constituĂ©, provoquant ces figures gĂ©omĂ©triques oĂč apparaissent des
«  points d’inflexion   » et des «  points de rebroussement   ».
La victoire du déterminisme
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Illusion du contrîle – 2009
Le verre est collé à une planche articulée sur sa partie gauche. La planche est maintenue inclinée à environ 45°
le temps de remplir le verre puis poussée brusquement vers le bas. Le bruit produit par le contact avec la table est
perçu par un micro qui déclenche sans délai un flash situé derriÚre le fond constitué de deux plaques de plexiglas
translucide.
Notre vie entiÚre est conditionnée par la gravité. Tout tombe de
haut en bas, inexorablement attiré vers le centre de la Terre. Ainsi, les
surfaces des liquides au repos sont horizontales. Notre cerveau intĂšgre
cette constance en associant l’horizontalitĂ© Ă  la stabilitĂ©.
Dans cette sĂ©rie de photographies, c’est cette association
intellectuelle que j’utilise pour dĂ©stabiliser l’observateur. Il suffit
de savoir que cette table horizontale n’est pas fixe pour expliquer
cette gerbe d’eau incomprĂ©hensible. La science permet de prĂ©voir et
d’exercer un contrĂŽle sur la nature qui dĂ©fie l’entendement du profane.
Un scientifique Ă©prouve une grande satisfaction quand il prouve une
théorie contre-intuitive. En effet, si celle-ci permet de décrire une réalité
physique, la chance qu’elle se rĂ©vĂšle fausse est bien moindre.
En physique atomique, les chercheurs Ă©crivent des Ă©quations d’aprĂšs
des raisonnements mathématiques qui affirment, par exemple, que la
vitesse de la lumiĂšre est une limite infranchissable. Ils mettent parfois
des années à construire des dispositifs expérimentaux pour essayer de
valider l’improbable thĂ©orie.
Quand l’expĂ©rimentation confirme la thĂ©orie, c’est une vĂ©ritable
victoire sur les limites de notre entendement.
Le contre-intuitif
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SilessciencesrĂ©solventlesmystĂšresd’antan,ellessontaussicapablesdecrĂ©erunmonde
fĂ©erique.Vouscroyeztoutsavoirsurlachuted’unliquide,maiscomprenez-vouscommentcette
gerbed’eaus’élĂšve ?Nousavonssouventl’illusionducontrĂŽleetlorsquelasituationnousĂ©chappe,
nouspouvonsĂȘtretentĂ©sdecrierĂ lasupercherieouaumontageinfographique,notammentdans
lecasdelaphotographie.
Ici,pointdetrucage,tousmestravauxs’appuientsurunphĂ©nomĂšneindĂ©niable.Imaginezque
l’onfilmel’intĂ©rieurd’uneremorquedecamion.Enl’absencedefenĂȘtredonnantsurl’extĂ©rieur,
lorsdesfreinagesouaccélérations,lespaquetsdanslaremorquevontsedéplacerdemaniÚre
inexplicable.Cetteremorqueest,d’unpointdevuephysique,unrepĂšrenongalilĂ©enetles
déplacementsdeviennentsurprenantssilevéhiculenecirculepasenlignedroiteetàvitesse
constante.IlenvademĂȘmedanscettephotographie.
Ouvertured’esprit–2009
Surlaphotographieprécédente,latableétaitinitialementinclinéeà45degrés.
Puiselleétaitviolemmentrabattueverslebaspourobtenirlaformelaplusaérienne
possible.Ici,latableestsimplementlùchéeetlagravitésuffitàréalisercettegerbe.
Ilafalluparcontredenombreuxessaispourtrouverl‘angleexactquidonnelieuàune
rencontresubtileentrelatableetlagerbed‘eaucolorĂ©e.
Unpasseportpourunmondeféerique
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Lasciencepermetdecomprendreetdoncdeprévoir.Parcontre,sinousvoulonsmaßtriserle
dĂ©roulementdeschoses,nousavonsbesoindesafille :latechnologie.LatechnologiesedĂ©finit
commel’ensembledesdispositifsutilisantlesconnaissancesscientifiques.Danslemonde
moderne,elleestomniprĂ©sente :depuislapressequiadĂ©posĂ©l’encresurcelivre,l’ordinateurqui
aserviĂ ordonnertouscescaractĂšres,jusqu’àl’enginquidĂ©bitel’arbrepouraboutirĂ lapĂąteĂ 
papier,toutoupresqueestissudelatechnologie.
Noncontentedecouvrirtoujoursplusdedomainesd’applications,latechnologieestdeplus
enplusaccessibleaugrandpublic.Ainsi,nombreuxsontlesphotographesamateursquipeuvent
aujourd’huirĂ©aliserdesclichĂ©stotalementimprobables,Ă l’imagedecettecollisiondegouttes
d’eau.Moyennantquelquesinvestissements,lamaĂźtrisedelamillisecondenĂ©cessairepourrĂ©aliser
cetypedesculpturesliquidesestĂ laportĂ©edetous !
Improbable–2009
Quandunegouttetombedansl’eau,lerebondformeundoigtd’eau.Siune
secondegouttelepercuteĂ cemomentprĂ©cis,uneombrellesecrĂ©e.L’installation
consisteenuninjecteurdecarburantautomobilepilotéparunmicroprocesseur.
À120millisecondesd’intervalle,l’injecteurestouvertdeuxfois30millisecondes.
L’injecteur,leflashetl’appareilphotosontainsitouspilotĂ©sparunseulinterrupteur.
Scienceettechnologie
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Pilier de la technologie, origine de toute chose, l’énergie doit ĂȘtre
maßtrisée. Celle-ci est utilisée pour extirper puis pour transformer
la matiĂšre.
Pendant des millions d’annĂ©es, la source fondamentale d’énergie fut
le soleil. Les vĂ©gĂ©taux captent son rayonnement et stockent l’énergie
sous forme de molécules carbonées. Cette énergie fossilisée se trouve
enfouie sous terre dans les trois Ă©tats : gazeux (le mĂ©thane), liquide (le
pétrole) et solide (le charbon).
Aujourd’hui, l’énergie est puisĂ©e sous ces trois formes. Toutes
nos techniques ont été mécanisées, donnant un prodigieux
accélérateur à notre développement matériel. Pris dans cet essor, nous
consommons nos ressources des milliers de fois plus vite qu’elles ne se
créent naturellement.
Alors l’Homme recherche et dĂ©veloppe des filiĂšres alternatives : la
captation de l’énergie solaire bien sĂ»r, mais aussi de ses manifestations
indirectes telles que le vent, les biomasses, l’hydraulique, etc.
Un bilan Ă©nergĂ©tique global Ă  l’échelle de notre planĂšte pose alors
la question du rĂ©chauffement climatique. MĂȘme s’il s’avĂšre compliquĂ©
de mesurer avec exactitude l’impact des activitĂ©s humaines sur l’effet
de serre, il est nĂ©anmoins Ă©vident que si on libĂšre dans l’atmosphĂšre un
surplus d’énergie solaire jusque-lĂ  enfoui dans le sol, il y aura Ă  terme un
réchauffement.
DĂšs lors, la seule Ă©nergie que nous pouvons utiliser sans arriĂšre-
pensĂ©e demeure l’énergie solaire. En effet, notre systĂšme terrestre s’est
toujours développé avec cette énergie qui continuera de nous parvenir
pendant encore quatre milliards d’annĂ©es.
Nous ne pouvons dĂ©penser plus dâ€˜Ă©nergie que la Terre n’en reçoit.
La question Ă©nergĂ©tique s’annonce donc comme un sujet primordial.
Échanges – 2006
Dans cette ampoule halogĂšne, l’intĂ©rieur du filament est plus chaud que l’extĂ©rieur car la
chaleur ne s’évacue pas Ă  l’intĂ©rieur du tube. Le filament est plus froid au contact de la spirale
qui le maintient à distance du verre. Celle-ci, récupérant la chaleur, est portée au rouge alors
que le filament passe du blanc au rouge. Dix photos sous-exposées et surexposées ont été
assemblées pour restituer toutes les valeurs de luminosité.
La maßtrise énergétique
On a tous connu les photos
ratĂ©es d’une personne en
contre-jour qui apparaĂźt en
ombre chinoise. Ce type de
scÚne contrastée est techni-
quement incompatible avec
nos appareils numériques.
Pour contourner cette limite,
je réalise ici dix photos de la
plus claire Ă  la plus sombre,
puis elles sont combinées
avec un logiciel dit « HDR »
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Le monde technologique connaßt une perpétuelle évolution.
Un jour, l’électricitĂ© arrive, nos lieux de vies s’équipent de milliards
d’ampoules à tungstùne et, un siùcle plus tard, elles se retrouvent
frappĂ©es d’interdiction pour ĂȘtre remplacĂ©es par des ampoules dites
« à basse consommation ». Cependant, celles-ci contiennent du
mercure, un composé embarrassant pour la chaßne de recyclage.
BientĂŽt, les LED deviendront la nouvelle norme. Dans certains secteurs,
comme l’informatique ou la tĂ©lĂ©phonie, nous pouvons dĂ©plorer cette
Ă©volution, bien souvent trop rapide pour ĂȘtre suivie par tout un chacun !
Le temps de se procurer la derniÚre configuration matérielle et déjà, le
fabricant est passé à un autre modÚle.
Interdiction – 2005
Cette image a Ă©tĂ© obtenue en ne brisant qu’une seule ampoule. Une vis fait office de butĂ©e au marteau articulĂ© sur
un socle. Cette butée métallique permet de fermer le circuit électrique qui déclenche le flash. Une fois les réglages
effectuĂ©s, j’enfonce la butĂ©e de deux millimĂštres supplĂ©mentaires pour faire la photo quand le marteau percute
l’ampoule. Cette photo est donc rĂ©alisĂ©e sans aucune assistance Ă©lectronique.
Un progrĂšs rapide
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Jusquedanslesannées1950,touslessignauxdecommandeétaientdenatureanalogique.
Danslecasd’unetĂ©lĂ©vision,lesignalĂ©lectriquesuivaitl’intensitĂ©lumineusequ’elledevaitafficher.
Puis,larévolutionnumériqueestarrivée.Lesignalcontinuestalorsdécomposéenunesuite
denombres.CommejesuisnĂ©Ă l’heuredunumĂ©riqueetduCompactDisc,j’avaisdumalĂ 
comprendrel’attachementquecertainsvouaientĂ leursdisquesvinylesetausonquienĂ©manait.
LesoufflepeutĂȘtrecomplĂštementabsentdansunsupportnumĂ©riquemaisl’ondesonoreyĂ©tant
décomposéeenunesuccessiondedroites,uneoreilleexercéeperçoitunmanquedenaturel.
CommentunereprĂ©sentationpeut-ellerestituerunerĂ©alité ?QuelleprĂ©cisiondoit-onatteindre
pourendonnerl’illusion ?
Dansunpremiertemps,lescapacitésdecalculsnumériquesétaientjustesuffisantespour
l’audiomaistropfaiblespourlavidĂ©o.LespremiĂšresimagesnumĂ©riquesĂ©taientdebienpiĂštre
qualitĂ©comparativementĂ nossolutionsanalogiques.Cependant,leprogrĂšsnes’arrĂȘtepas.
Avecl’augmentationdeleurvitesse,lesprocesseurseurenttĂŽtfaitdecondamnernosvieuxĂ©crans
cathodiques.LahautedĂ©finitiondĂ©ferledanslessalonsetlapellicule35 mmdisparaĂźtdessalles
decinéma.
CondamnĂ©e–2008
J’aivoulurĂ©aliserceclichĂ©enutilisantunecaractĂ©ristiquefondamentaledesĂ©cranscathodiques  ;l’image
estaffichéedehautenbas,50foisparseconde.Siunephotorapideestréalisée,seuleunepartiede
l’imageestcorrectementaffichĂ©e.LacolorationverdĂątredelapartienonbalayĂ©ependantladurĂ©edela
photoestdueĂ larĂ©manenceplusgrandedel’écrandanslespectrevert.
Laconversionanalogiquenumérique
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LamaĂźtrisetechnologiqueinduiteparl’avancĂ©edessciencespermetdedĂ©voilerl’invisibleetainside
comprendrelanaturedeschoses.NouspossĂ©donsquantitĂ©d’outilspoursonderlamatiĂšre :sonar,rayon
X,imagerieĂ rĂ©sonancemagnĂ©tique,photoĂ©lasticimĂ©trie
NousdisposonsĂ©galementd’appareilspour
explorerl’infinimentpetit(lemicroscopeĂ©lectronique),l’infinimentgrand(lestĂ©lescopes),l’infiniment
bref(lescamérasrapides)

Auparavant,leslivresd’aventuresnousentraĂźnaientdanslajungle,surlesocĂ©ansouautourdespĂŽles.
Maintenant,pourqu’unehistoirenousfasserĂȘver,elledoitnousemmenerencoreplusloin,Ă lafrontiĂšre
del’inconnu.Ellesesitueradansl’espace,dansl’infinimentpetit,danslepassĂ©ouencoredanslefutur.
L’Hommeveutallertoujoursplusloin

Psychanalysé–2009
Lescontraintesinternesd’unmatĂ©riaubirĂ©fringenttelqueleplexiglasdeviennentvisibles
avecunĂ©clairagepolarisĂ©.Celui-ciestunelumiĂšreblanchequitraverseun« peigne »
microscopiqueretenanttouslesrayonsquineluisontpasparallĂšles.Cettetechnique
s’appellelaphotoĂ©lasticimĂ©trie.LescouleursexpliquentainsilafragilitĂ©desgriffes,liĂ©eaux
problématiquesderefroidissementdeceszonesdumoule.
Surfacedeschoses–2009
LecentredeceboĂźtierdeCompactDiscen
plexiglasestméconnaissablesurcettemacro-
photographie.MaischacunreconnaĂźtralesgriffes
quiretiennentledisqueetquiontunefĂącheuse
tendanceĂ sebriser.ÉclairĂ©eclassiquement,la
diagonaleenhautĂ droiteindiquequeleboĂźtier
aétéréaliséparmoulage.Eneffet,leplastique
chaudarrivedanslemouleenbasĂ gauchepuis
seressoudeĂ l’opposĂ©.
Verslafindessecrets
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42
Dans le domaine de l’infiniment petit, les
scientifiques arrivent à nous démontrer de
surprenantes contradictions. Ainsi, la lumiĂšre
peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e Ă  la fois comme une onde
immatérielle (en ce qui concerne les couleurs)
et à la fois comme corpuscule matériel (en ce
qui concerne les rayons lumineux). Pourtant, un
rayon lumineux d’une couleur bien prĂ©cise existe.
Selon ce que l’on veut dĂ©montrer, on doit utiliser
des équations différentes.
Pour nous permettre de saisir des phénomÚnes
qui dépassent encore plus notre entendement,
les chercheurs usent d’analogies comme dans
le cas du célÚbre chat de Schrödinger. Dans ce
cas précis, ils se sont aperçus que des particules
pouvaient ĂȘtre dans deux Ă©tats diffĂ©rents et que
le chercheur, en voulant tester un Ă©tat ou l’autre,
influençait le résultat. Pour montrer le critÚre
insolite de la chose, Schrödinger a imaginé une
expĂ©rience oĂč un chat se comporte comme
la particule. Ainsi, tant que l’on n’ouvre pas la
boüte qui contient l’animal, celui-ci est à la fois
mort et vivant.
Passons quelques secondes à vouloir déplacer
un objet par la force de notre pensée et nous
conclurons que la matiÚre est indépendante de
l’esprit. Dans le monde quantique par contre,
cela n’est apparemment pas le cas, l’observateur
influençant le résultat de son expérience quantique. La logique nous laisse penser que tout est vrai ou
faux. En revanche, la physique quantique nous dĂ©montre l’inverse : c’est la thĂ©orie du « tiers inclus ».
Sachant que tout objet sur terre est composĂ© d’atomes et donc de particules, le champ d’application
de ces découvertes fondamentales est immense. Nous comprenons maintenant que certains oiseaux
migrateurs se dĂ©placent grĂące Ă  des interactions quantiques. L’étude du cerveau humain sous un angle
quantique vient de dĂ©buter. Combien de phĂ©nomĂšnes incroyables nous reste-t-il encore Ă  dĂ©couvrir ?
Le tiers inclus – 2007
Une importante mise en Ɠuvre a Ă©tĂ© nĂ©cessaire pour ce cliché : la bouteille est lĂąchĂ©e dans
un tuyau de PVC de deux mĂštres dont l’extrĂ©mitĂ© dĂ©bouche Ă  quelques centimĂštres de la zone
photographiée. Au final, sept bouteilles ont été brisées donnant lieu à sept photos réussies.
Celle-ci se démarque dans la série car la bouteille se fissure visiblement en son milieu. Elle est
donc à la fois complÚtement brisée et néanmoins elle contient encore tout son liquide.
Plus forte que la logique
Un module électronique a été réalisé afin que les
flashs se dĂ©clenchent dĂšs qu’une impulsion sonore
est détectée. Le micro étant à trente centimÚtres du
point d’impact, l’image est saisie une milliseconde
aprĂšs l’impact. Ces flashs Ă©tant en contre-jour, des
masques ont été intercalés pour éviter tout reflet
dans l’objectif qui aurait pu dĂ©grader la restitution
des contrastes.
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Le formidable essor de nos civilisations est nĂ© de l’ego, le moteur de nos pensĂ©es. Il s’agit presque d’un
ĂȘtre Ă  part entiĂšre dans notre corps. L’ego adore se sentir fort. Il a trouvĂ© dans l’analyse mĂ©thodique de la
science un bon moyen d’arriver Ă  ses fins. Tel que le prophĂ©tisait RenĂ© Descartes, la science nous permet
d’asservir la nature Ă  notre bon vouloir. Notre monde en est rĂ©volutionnĂ©. Notre technologie se dĂ©veloppe
et notre civilisation s’urbanise.
AprĂšs des annĂ©es Ă  faire des photographies dans ma cave amĂ©nagĂ©e en studio, j’ai enfin dĂ©cidĂ© de
sortir de ma caverne pour montrer que la science est omniprĂ©sente dans notre sociĂ©tĂ©. Je voulais d’abord
faire ressortir que notre civilisation se base sur le mouvement. Combien de fois m’a-t-on dit au cours de
ma scolaritĂ© dĂ©sastreuse dans le secondaire : « si tu ne bouges pas, tu n’arriveras Ă  rien dans la vie » ?
En 2010, j’ai imaginĂ© mon procĂ©dĂ© de synthĂšse diffĂ©rentielle. En soustrayant deux images numĂ©riques,
on élimine ce qui ne bouge pas, mettant en avant ce qui se déplace. Je montre ainsi que le mouvement et
l’action sont primordiaux. Le temps est devenu de l’argent. Chaque seconde compte.
La seconde – 2010
Deux photographies des Champs-ÉlysĂ©es sont prises Ă  une seconde d’intervalle. La soustraction
des valeurs numĂ©riques de l’une par l’autre annule la luminositĂ© de tout ce qui est immobile.
Ce qui est en mouvement est donc lumineux, les faibles mouvements n’apparaissent que par
leur contour, et les plus rapides sont dédoublés. Nous quantifions alors la distance relative
parcourue par les piétons, les voitures, les feuilles de certains arbres

Dominer la nature
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Pascal a prouvĂ© que nos sens nous trompent, et qu’il faut se fier
exclusivement Ă  notre raison. Pour ma part, je savais, de par ma
formation d’ingĂ©nieur, que ce pont mĂ©tallique au-dessus de la Seine
se dĂ©formait Ă  chaque fois qu’un mĂ©tro l’empruntait, cependant mes
sens ne me permettaient pas de le constater. Mon esprit était si formaté
par la science que je percevais certaines scĂšnes de rue Ă  travers des
équations de mouvement. Grùce à la synthÚse différentielle, je pouvais
enfin traduire ce que je percevais de maniĂšre invisible.
Les fleuves ne sont plus des obstacles, les ponts sont calculés pour
qu’ils flĂ©chissent sans danger sous le poids des trains, nous creusons
des tunnels sous les mers pour relier les pays, et des hommes sont
envoyĂ©s dans l’espace
 Les mĂ©dias applaudissent chaque prouesse,
chaque premiĂšre, chaque innovation.
Le poids – 2010
La ligne de mĂ©tro n° 5 de Paris traverse la Seine par le viaduc d’Austerlitz. Les deux photographies prises depuis le
pont Charles de Gaulle semblent indiquer que le pont s’affaisse au passage de la rame. Pour ĂȘtre sĂ»r que l’appareil
n’a pas bougĂ© entre les deux photos, il suffit d’observer l’arriĂšre-plan visible entre les deux wagons  : les immeubles
Ă  l’horizon sont bien sombres, prouvant l’immobilitĂ© de l’appareil. La rame de mĂ©tro qui pĂšse environ 125 tonnes
provoque ainsi un enfoncement du viaduc de presque trois centimĂštres.
Toujours plus d’audace
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Autrefois, l’architecture Ă©tait pensĂ©e de façon Ă  ce que les Ă©difices
honorent les siĂšcles. Aujourd’hui, Ă©poque du consommable et du
jetable, combien de bùtiments sont véritablement construits avec
le mĂȘme souci de longĂ©vité ? N’y avait-il que la foi ou le pouvoir pour
insuffler une telle ambition ?
Auparavant, les hommes cherchaient à accéder collectivement à une
forme d’éternitĂ©. De nos jours, l’éternitĂ© devient avant tout un objectif
individuel. Les transhumanistes veulent transformer l’ĂȘtre humain en
surhomme en insérant la technologie au sein de son corps. Les mieux
lotis n‘attendent qu‘une chose de la mĂ©decine : un Ă©lixir de jouvence.
Ne peut-on pas atteindre l’immortalitĂ© autrement ? S’investir dans
une action durable comme Ă©crire pour son prochain ou transmettre une
Ă©ducation Ă  ses enfants ? L’action individuelle n’est pas antinomique
d’un bienfait collectif.
Le temps – 2010
Ici, l’influence du soleil sur les ombres est mise en avant. Une premiĂšre photographie de la cathĂ©drale Notre-Dame
montre les trois portails dans l’ombre. Une heure et demie aprĂšs, le soleil a dĂ©clinĂ©, de sorte que le fond des portails
est désormais parfaitement éclairé. La lumiÚre du soleil étant devenue plus orangée en cette fin de journée, ce qui
est constamment Ă©clairĂ© n’est pas noir mais bleu, du fait de la «  synthĂšse diffĂ©rentielle   ».
La soif d’éternitĂ©
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Lasciencesedéclineendifférentestechnologiesquinouspermettent
de nous affranchir des contraintes de la nature. Cette tour, qui s’étire
et se rétracte chaque jour en raison des changements de température,
reprĂ©sente pour moi l’arrogance de l’Homme Ă  dĂ©fier les forces de la
nature. Elle est comme un appel à un dépassement permanent.
Durant l’Exposition universelle de 1889, la tour Eiffel reprĂ©sentait la
puissance industrielle de la France. Lors de sa construction, nombreux
sont ceux qui l’ont pourtant rejetĂ©e, notamment parce qu’elle dĂ©naturait
la beautĂ© de la ville de Paris. Ce monument est aujourd’hui devenu un
symbole et les Parisiens ne voudraient pour rien au monde s’en dĂ©faire.
Que s’est-il passĂ© pour que les goĂ»ts changent Ă  ce point ?
La tempĂ©rature – 2010
La tour Eiffel a Ă©tĂ© photographiĂ©e aux premiers rayons du soleil, Ă  7 h 00 du matin (Ă  gauche).
La photographie de droite est prise Ă  14 h 00 sous un soleil Ă©clatant. Ce jour-lĂ , la diffĂ©rence de
tempĂ©rature Ă©tait de l’ordre de 20 degrĂ©s. La tour d’acier mesurant 325 mĂštres, elle se dilate
et grandit donc de 8 centimÚtres. Grùce à mon procédé de synthÚse différentielle, la dilatation
est visible à l’Ɠil nu sur un grand tirage pour la toute premiùre fois, les antennes horizontales
du troisiÚme étage apparaissant clairement en double. Au final, les couleurs vives ne résultent
d’aucune colorisation manuelle et le dĂ©calage entre les deux tours, d’aucun trucage.
Un progrĂšs sans fin
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La publicité essaye de nous vendre les mérites du changement.
En réalité, elle cherche plutÎt à nous inculquer le besoin de consommer.
Nos désirs ainsi stimulés, nous nous laissons prendre à ce petit jeu et
aimons Ă  croire que l’acte d’achat affirme notre identitĂ©.
Plus j’analyse le monde social selon le mode scientifique et plus je
m’y sens Ă©tranger. Nous nous sommes rendus prisonniers, il me semble,
d’un cycle de comportements absurdes.
Auparavant, un achat me rendait heureux, j’avais acquis l’objet de
mes désirs et il exposait à mon entourage mes goûts, ma compétence
à avoir choisi le meilleur objet de sa catégorie, mon pouvoir
d’achat
 Les objets ont fini par m’oppresser et j’ai ressenti le besoin
de me dĂ©sencombrer. Je m’identifiais Ă  eux, j’étais diminuĂ© s’ils ne
fonctionnaient pas correctement. J’avais peur qu’ils s’abüment ou qu’ils
soient volés. Les objets que je possédais finissaient par me posséder.
Une fois l’illusion identifiĂ©e, nous pouvons nous dĂ©sintoxiquer.
En ce qui concerne les objets, un grand pas est fait en Ă©vitant tout
contact avec la publicité. Le dépouillement est une voie qui permet un
autre Ă©panouissement.
La violence est souvent prĂ©sentĂ©e comme le mal Ă  l’état pur, mais elle
n’est qu’une consĂ©quence. La vĂ©ritable racine du mal est le mensonge.
La sincĂ©ritĂ© de reconnaĂźtre son erreur, sa faiblesse ou le droit de l’autre,
éviterait tout conflit. DÚs que nous projetons une image différente
de ce que nous sommes, le travestissement de la réalité devient
problĂ©matique. Le jeunisme, la pornographie, la drogue, l’intĂ©grisme,
etc., nous identifient à des stéréotypes et nous plongent dans des
mondes artificiels, construisant des Ă©crans factices entre nous et la
beauté de la vie.
L’illusion de l‘objet
FrĂ©nĂ©sie – 2010
Comment décrire le spectacle de la foule se pressant dans les allées des centres commerciaux
Ă  l’approche des fĂȘtes de fin d’annĂ©e  ? Comment montrer que les clients sont la sĂšve ou le
sang de cet immense organisme qu’est la sociĂ©tĂ© de consommation  ? Comment dĂ©crire cette
analogie du rapport entre l’Ɠuvre d’art et le « regardeur de Marcel Duchamp » d’une part, et
du rapport entre le produit et le consommateur d’autre part  ?
Voici une tentative de rĂ©ponse personnelle Ă  l’aide de la synthĂšse diffĂ©rentielle, utilisĂ©e ici de
maniÚre débridée sur plus de soixante photographies pour faire ressortir la frénésie collective

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L’expansion de nos civilisations a un coĂ»t. Nos villes s’engorgent,
notre air se réchauffe, nos réserves se vident. Inexorablement.
Les monuments et les ouvrages de plus en plus colossaux, Ă©tendards de
notre hégémonie, continuent néanmoins de pousser. Nos constructions
perdureront-elles cinq mille ans comme les pyramides ? L’air qui se
rĂ©chauffe donne dĂ©jĂ  l’illusion de les faire vaciller, prĂ©sage d’un avenir
problématique.
Des pĂ©rils annoncĂ©s, une prise de conscience est nĂ©e : la Terre doit
ĂȘtre respectĂ©e, le sort de l’humanitĂ© en dĂ©pend. Dans cette perspective,
la dĂ©marche Ă©cologique s’est dĂ©veloppĂ©e et la couleur verte lui est
naturellement associĂ©e. L’idĂ©e devient transdisciplinaire, et chacun
peut se sentir concernĂ©. Les industriels ne s’y trompent pas et utilisent
la conscience Ă©cologique comme label marketing pour dynamiser leurs
ventes. Ainsi, le vert symbolique de la nature a vite été récupéré au
bénéfice du vert dollar.
L’air – 2010
Non, l’Arc de triomphe ne se dilate pas comme la tour Eiffel. Il s’agit juste de la transcription des mouvements d’air
chaud par le biais de la synthÚse différentielle. La chaleur, émanant des objets illuminés par le soleil et des gaz
d’échappement, semble donner vie Ă  ce monument parisien inerte.
Le prix Ă  payer
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Ausommetdelachaünealimentaire,l’Hommeaconquislemonde.Avecsesarmes,ildomine
lesbĂȘteslesplusdangereuses :ilestlevainqueurselonlaloidelajungle.Cetteloiduplusfortest
mĂȘmeappliquĂ©eentreleshumainsquisedisent :« nousconnaissonsdessituationsplusoumoins
inĂ©gales ;rĂ©jouissons-nousdenepasnoustrouverparmilesmoinschanceux ».DĂšslors,s’écartant
delamisÚredesautres,ilsrenforcentlesinégalités.
NotresociétélibéraleestcalquéesurcemodÚle.Lesentreprisesselivrentàunecompétition
acharnĂ©e.Ainsi,lesusinesfermentpoursatisfairelaquĂȘteduprixleplusbasetdelarentabilitĂ©
maximalepourlesactionnaires.Àchaqueplansocial,Ă chaquerĂ©organisation,lesplusavides
cherchentàseplaceraujeudelachaisemusicale.Ainsi,lespaysindustrialiséssefournissenten
produitsfabriquĂ©spardespaysmoinsdĂ©veloppĂ©s,utilisantparfoisl’enfantcommemain-d’Ɠuvre.
Ilnefautpass’apitoyerdirontcertains :laFranceaconnupareillesituationilyadeuxsiùcles.Ce
seraitlavoieduprogrùs

Aujourd’hui,notreinstinctdesurviesetraduitparunequĂȘtedumouvement.Sivousne
bougezpas,vousn’existezpas.CampĂ©sdansnosautomobiles,nousnesupportonspluslesarrĂȘts,
prĂ©fĂ©rantfairedeskilomĂštresdedĂ©toursplutĂŽtqued’affronterunembouteillage.Chacuntente
dedĂ©passerl’autre,des’insĂ©rerlepremier.LepiĂ©ton,plusvulnĂ©rable,nepeutseprotĂ©gerque
derriĂšrelesfeuxrouges.LarageauvolantpeutĂȘtreextrĂȘme,carl’isolementdansnoscarcasses
demĂ©talnousdonneunsentimentd’impunitĂ©.NotreindividualitĂ©peutalorsdeveniroutranciĂšre,
faisantlejeudelaloiduplusfortalorsquenousnousdéplaçonsparminossemblables.
Pourtant,danslavraiejungle,etnoncelledel’homme,l’agressivitĂ©n’estpasgratuiteetse
manifesteuniquementquandunanimaldoitassurersasurvieousareproduction.Laloidela
jungleestunefausseexcuseauxdĂ©rivescomportementalesdel’humain.
Unautremonde–2010
NotresociétéprÎnelemouvement,illustrationvictorieusedenotredynamisme.Ilesttroublantdevoir
commentlasynthĂšsediffĂ©rentiellefaitressortircettevolontĂ©d’allerdel’avant :lesvĂ©hiculesenmouvement
obligentlespiĂ©tonsĂ s’arrĂȘter,doncĂ neplusexisterletempsdeleurarrĂȘt,etviceversa.Danschaque
tempsd’immobilitĂ©decesvĂ©hiculesquidĂ©cuplentnotrecapacitĂ©dedĂ©placement,nouspouvonsdeviner
autraversdesubtilsmouvementsnotrelutteomniprésentepourexisternéanmoins

Ci-contre  :Unautremonde(dĂ©tails)
Laloidelajungle
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Partie 2
Retour Ă  la case dĂ©part :
qui suis-je ?
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LemondepromisparlasciencedevaitĂȘtremagnifique.EnlevantlatĂȘtedemonunivers
desciencesetdetechnologies,j’aivuunmondebeaucoupmoinsharmonieuxquecequele
progrĂšsfaisaitmiroiter.Enoutre,aufonddemoi,j’aigardĂ©lescicatricesd’anciennesblessures

Blessuresociale,narcissique,Ă©gotique,oucognitive ?Unpeudetoutcela,peuimporte,jenevivais
pasenpaix.
Macicatrice–2007
C’estenprenantmonbainquej’aieul’idĂ©edecettephoto.Uncheveuquiflottesurl’eaun’estriendeplus
qu’untraitnoirsuruneĂ©tendueuniforme,saufsicecheveutraverselebordd’unrefletd’unefenĂȘtre.C’est
Ă cemomentprĂ©cisquel’effetdelatensionsuperficielledel’eauestvisible.Ici,leflashavecdesfiltres
colorésmetenévidencelephénomÚnequimaintientlecheveuàlasurface.
L’egoblessĂ©
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Quoi qu’il en soit, j’étais avide de vengeance. Non pas contre les
puissants de ce monde mais contre moi-mĂȘme. Je voulais montrer que
je n’étais pas celui que l’on percevait. Je voulais afficher ma force et mon
potentiel. Je voulais que mon image crĂšve l’écran, je voulais, je voulais,
je voulais encore
 Une insatiable soif de plus, toujours plus, altérant
tous les aspects de ma vie.
Vengeance – 2008
Le couteau, reliĂ© Ă  un potentiel de 100 000 volts, est entourĂ© de l’effet Corona connu aussi sous le nom de feu
de Saint-Elme. Les dĂ©parts d’étincelles sont facilitĂ©s par l’accumulation de charges Ă©lectriques dans les pointes.
Ainsi, nous pouvons dĂ©tecter la prĂ©cision relative de l’aiguisage du couteau et la prĂ©sence de bavures mĂ©talliques
dans le manche. Les aigrettes sont violettes car le gaz ionisĂ© est de l’air.
Le cÎté sombre
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Quand nous ne voulons aller que de l’avant, pouvons-nous encore
nous soucier de ce qu’il y a derriùre ? Que reste-t-il dans le dos de
ceux qui partent conquĂ©rir ? Nous exploitons, nous profitons, nous
dĂ©couvrons et peu importe l’état de ce qu’il y a derriĂšre nous. Il y
aura bien quelqu’un pour s’en occuper. La fuite en avant de l’homme
conquérant me faisait de plus en plus penser à la progression aveugle
du lombric dans la terre : un dĂ©placement maladif sans rĂ©elle direction.
Nos civilisations laissent des décharges, des mines à ciel ouvert,
des déchets nucléaires, une eau polluée
 Personnellement, ce
que je laissais derriĂšre moi, c’était des amis, des parents esseulĂ©s
et des personnes indignĂ©es par mon comportement. La conquĂȘte
intellectuelle nous pousse souvent Ă  nĂ©gliger d’autres aspects de notre
personnalité, tels que les sentiments et les émotions

Les conquérants
ConquĂȘte #1 – 2012
Quelques centimĂštres cubes d’azote liquide Ă  -196 °C sont renversĂ©s sur un sol Ă  20 °C. Le sol cĂšde alors de la
chaleur au liquide qui bout instantanĂ©ment. L’échange thermique est si important qu’il ne se forme pas des bulles
mais une pellicule d’azote gazeux en permanence. L’azote se rĂ©pand ainsi sur le sol sans mĂȘme le toucher. Le
liquide se dĂ©ploie dans un premier temps en glissant, puis les frottements avec l’air le font rouler progressivement,
crĂ©ant de nombreux vortex. Ci-dessus  : ConquĂȘte #2 – 2012
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Notre fin serait-elle prĂ©visible ? Dans un monde fini, la croissance ne
peut ĂȘtre infinie. Les dinosaures ont eu leur temps, pourquoi pas nous ?
Alors que notre quĂȘte du « toujours plus » connaĂźt ses premiers signes
d’essoufflement, le terme de « dĂ©veloppement durable » est inventĂ©.
Quelle ironie ! Devinant la fin, nous travestissons la rĂ©alitĂ©, pour Ă©viter
de prendre les dĂ©cisions qui s’imposent.
AprĂšs avoir passĂ© dix ans dans l’industrie, Ă  dĂ©fendre les droits
des travailleurs de tous niveaux sociaux dans mon entreprise, j’ai
compris l’aveuglement de chacun à vouloir croire en une croissance
Ă©conomique infinie. La richesse matĂ©rielle ne peut ĂȘtre le but et encore
moins la solution.
Ma reconversion dans une voie artistique m’a orientĂ© vers une autre
piste : la richesse culturelle. Avec la passion du savoir, un autre monde
est possible. Un abonnement dans une bibliothĂšque, du temps, de la
curiositĂ© et voilĂ  que l’on peut passer sa vie avec une consommation
et une empreinte carbone rĂ©duites. Si la richesse culturelle a l’avantage
d’ĂȘtre infinie, la vie culturelle souffre des mĂȘmes tares inhĂ©rentes au
progrĂšs : l’aviditĂ©, la nouveautĂ© Ă  tout prix, la soif d’ĂȘtre remarquĂ© ou,
pire, d’ĂȘtre le meilleur

La finitude du monde
PrĂ©visible – 2009
Quand un ballon de baudruche est percĂ©, il se dĂ©coupe en deux morceaux. Mais s’il est gonflĂ©
jusqu’à l’éclatement, il se disloque en lambeaux, chaque centimĂštre carrĂ© de caoutchouc Ă©tant
Ă  son Ă©tirement maximum. DĂšs que le dĂ©but d’une onde de choc Ă©branle la structure fragilisĂ©e,
elle se brise de toutes parts.
Ci-dessus : Sillages – 2009 (dĂ©tail)
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Les mieux lotis dans ce systĂšme, les chanceux que nous sommes, autonomes en nourriture, disposant
d’un abri, instruits, ayant le pouvoir d’acquĂ©rir un livre, ce qui est un luxe au regard de nos besoins primaires
de survie, se donnent bonne conscience en pensant que les milliardaires sont les véritables gagnants de la
roulette de l’injustice.
Dans ce monde, tous les travailleurs qui souhaitent la redistribution des richesses sont motivés par
l’appĂąt du gain plus que par leur idĂ©al
 Essayez de proposer un partage des richesses des ouvriers
europĂ©ens avec le tiers-monde. J’ai rencontrĂ© peu de personnes prĂȘtes Ă  s’appauvrir.
N’est riche que plus riche que soi.
La notion d’équitĂ© est promue par notre
propre culpabilitĂ© de n’avoir pas ƓuvrĂ© Ă  un
monde Ă©galitaire. Mais au nom de quoi celui
qui a des facilités doit avoir une plus grande
part du gĂąteau ? J’ai beaucoup Ă©voluĂ© sur ce
point en réfléchissant à la réussite scolaire
de chacun. Dans un premier temps, j’ai eu
beaucoup de fierté à intégrer une grande
Ă©cole : j’ai sacrifiĂ© deux annĂ©es de festivitĂ©s
en raison de la quantité de travail personnel
Ă  fournir.
Cependant, je me sentais coupable
vis-Ă -vis de ceux qui n’avaient pas rĂ©ussi Ă 
décrocher le concours. Oui, coupable, car
certains d’entre eux avaient travaillĂ© plus dur
que moi. Mais dans cette mĂȘme pĂ©riode de
compĂ©tition, des surdouĂ©s m’ont impres-
sionnĂ©. L’un d’eux a Ă©crit devant moi directement le rĂ©sultat d’un problĂšme alors qu’au bout d’une page
de calculs intermĂ©diaires, je n’avais toujours pas trouvĂ© la solution. Nous ne sommes Ă©gaux qu’en droit.
Peut-on vraiment ressentir de la fiertĂ© quand nous avons eu de la chance ? La chance d’avoir bĂ©nĂ©ficiĂ©
de facilitĂ©s sociales, gĂ©nĂ©tiques ou encore conjoncturelles ? Ces facilitĂ©s ou les difficultĂ©s que nous
Ă©prouvons forgent l’image que nous avons de nous-mĂȘmes. AncrĂ©e au plus profond de nous, cette
reprĂ©sentation peut alors devenir une source continuelle de motivation ou un motif d’abandon. J’ai Ă©tĂ© un
cancre au lycĂ©e. Heureusement, j’ai su m’affranchir de ce statut par la suite.
L’équitĂ© #1 – 2008
Un aquarium est rempli à ras bord d’eau savonneuse pour entamer une recherche graphique sur les tensioactifs.
Un travail sur la lumiĂšre a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© pour l’obtention d’un rendu original. Au travers d’une vitre latĂ©rale, la lumiĂšre
rebondit sur un carton colorĂ© disposĂ© sous l’aquarium. Les bulles qui ont Ă©tĂ© soufflĂ©es Ă  l’aide d’une paille sont
alors photographiĂ©es par l’appareil placĂ© perpendiculairement au liquide. Ci-dessus L’équitĂ© #2 – 2008 (dĂ©tail)
Le leurre de l’équitĂ©
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Pour moi, le langage de la science était celui de la vérité,
le reste n’était que verbiage, au mieux une hasardeuse tentative
d’approximation de la rĂ©alitĂ©. Les sciences nous montraient que l’on
pouvait résoudre un problÚme en le décomposant en une somme de
problÚmes élémentaires simples.
Cependant, pour que les sujets de notre quotidien soient digestes,
un illusoire manichĂ©isme nous est souvent proposé : deux versions des
chosesnoussontprĂ©sentĂ©es,l’unenoire,l’autreblanchepour,soi-disant,
nous aider Ă  choisir plus vite la bonne solution. Ce conditionnement
aux choix bipolaires peut nous enfermer dans une logique prévisible
pour qui veut nous abuser.
Aussi,lediscernementestindispensablepourévoluerdansununivers
infiniment plus complexe que ce que l’on veut bien nous montrer.
Pour rĂ©pondre Ă  une question avec pour seule option « oui » ou « non »,
nous devons faire appel à une multitude de critùres pour juger

Nous avons le droit de refuser un dualisme artificiel et de considérer la
réalité dans toute sa complexité, en nuances de gris.
Il est donc particuliĂšrement difficile pour moi d’écrire ce livre.
À chaque exemple que je donne, est-ce que je ne tire pas une conclusion
hñtive sur un problùme global en n’en traitant que d’infimes parties ?
La rhétorique ou la dialectique sont à mon sens des outils qui peuvent
desservir la vérité.
Nous sommes nombreux Ă  ĂȘtre en quĂȘte de vĂ©ritĂ©, Ă©coutant des
érudits, lisant des ouvrages. Néanmoins, le point de vue adopté
conditionne la vĂ©ritĂ© qui n’est que partielle et/ou relative. Il en est de
mĂȘme de ce livre qui n’offre pas des rĂ©ponses en soi mais simplement
une base de questionnement.
ManichĂ©isme – 2009
Un flash est placĂ© Ă  trois mĂštres en face du tĂ©lĂ©objectif. Il Ă©claire Ă  travers une planche percĂ©e d’un trou circulaire
de huit millimĂštres. Une plaque d’acier est disposĂ©e Ă  30 centimĂštres de l’objectif et recouvre la moitiĂ© droite de
l’image. Selon le phĂ©nomĂšne physique de diffraction, des rayons lumineux sont dĂ©viĂ©s Ă  proximitĂ© d’un obstacle.
Entre la zone Ă©clairante et un mur d’acier, la lumiĂšre ne suit pas la frontiĂšre droite que nous aurions donnĂ©e
intuitivement.
Les simplifications abusives
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L’histoire des sciences regorge d’illustrations de la perpĂ©tuelle illusion narcissique de l’Homme.
Autrefois, chacun considĂ©rait comme acquise la position centrale de notre planĂšte au sein de l’univers, des
religieux jusqu’aux scientifiques. Notre perception directe ne faisait d’ailleurs que corroborer cette idĂ©e.
Comment imaginer que la Terre tourne autour
du soleil et non l’inverse ? Certains avaient bien
remarqué le mouvement anormal de Vénus dans
le ciel, mais l’Homme a toujours Ă©tĂ© si sĂ»r de lui

Nous voilà prisonniers d’immenses courants
de pensĂ©e dont il est difficile de s’extraire.
La pensée de chacun de nos voisins et prédéces-
seurs nous sert de base et nous n’osons pas nous
écarter de la forme de pensée dominante de peur
de passer pour un fou voire un hérétique. Les
idées atypiques sont alors cachées devenant ainsi
Ă©sotĂ©riques, n’étant rĂ©vĂ©lĂ©es qu’aux initiĂ©s.
Vous vous pensez immobiles mais puisque
la Terre effectue une rotation complĂšte sur
elle-mĂȘme en vingt-quatre heures, vous vous
dĂ©placez Ă  1 190 km/h si vous lisez ce livre en
France, et 1 670 km/h si vous le lisez depuis
l’équateur
 Quoique, la Terre faisant le tour
du soleil en un an, votre vitesse est plutĂŽt de
107 000 km/h ! Pourtant, nous ne ressentons rien
de cette vitesse car l’asphalte de l’univers est parti-
culiĂšrement lisse. Bien des remises en question
deviennent possibles. Qu’en est-il de la vĂ©ritable
rĂ©alité ? Combien d’énormes erreurs doivent
encore ĂȘtre mises au jour ? De quoi avons-nous vraiment conscience ? Ainsi conditionnĂ©s, comment
imaginer les innombrables autres directions possibles ?
Courants de PensĂ©es #1 – 2011
J’ai agitĂ© un sac d’aspirateur devant mon appareil photo. Le clichĂ© est une macrophotogra-
phie, la poussiĂšre est introduite entre deux planches de part et d’autre du plan de nettetĂ©.
Le mouvement de poussiÚres est figé par un coup de flash à pleine puissance, transformant
ainsi les grains de poussiĂšres en comĂštes. En effet, l’énergie Ă©lectrique du flash se dĂ©charge
progressivement : le grain de poussiĂšre apparaĂźt donc plus gros en dĂ©but d’éclair qu’à la fin.
Ci-dessus : Courants de PensĂ©es #2 – 2011
La grande illusion
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RĂ©ceptaclesdemilliardsdemilliardsd’informationsetdestimulations,nousĂ©prouvonsla
nécessitédelestrierpourlimiternotresaturation.Ilnousfautpourcelaregrouperlesdonnéespar
catégories.Orcetteopérationeffectuéesansdiscernemententraßneinévitablementdeserreurs.
Lescausesensontlemanquedetempsetl’appositiondelabelsabusifsdestinĂ©sĂ noustromper.
Bonnombred’entrenousconnaissentl’artisteAndyWarhol.Dùslors,monƓuvreci-dessus
pourraĂȘtreinterprĂ©tĂ©ecommeunedĂ©clinaisoninfographiqued’unmĂȘmeclichĂ©,voired’un
mĂȘmedessinnumĂ©rique.Celaseraituneerreurintroduiteparleconditionnementissudutravail
iconiquedel’AmĂ©ricain.Ils’agitbiendequatreexpĂ©riencesdiffĂ©rentesavecquatrecolorants
diffĂ©rents.MaiscepiĂšgequejetendsĂ l’observateurnefaitpasdemoiquelqu’und’original.Jesuis
moi-mĂȘmeconditionnĂ©d’uneautremaniĂšrecarj’aichoisideconstruirecetteƓuvreavecpour
référenceAndyWarhol.
IlestdoncimpĂ©ratifd’offrirdutempsĂ l’analysedesinformationset,surtout,denepasoublier
delesrecouper,carnombreusessontcellesquisontmanipulĂ©es,dĂ©formĂ©esoumĂȘmepurement
inventéespournousconditionner.
Conditionné–2009
LamaĂźtrisedetouslesparamĂštresdel’expĂ©riencedelatablequiserenversepermetunesimilitudedes
formesquirendl’usagedelasĂ©rigraphieinutile.LesgerbesdespremiĂšresphotosĂ©taienttellement
identiquesquelemĂ©canismeadĂ»ĂȘtreassouplipourprouverqu’ilnes’agissaitpasd’infographie.
L’aveuglementcognitif
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L’Hommen’adecessedesecroiresupĂ©rieur.Ilatoujourssu,toujourscruqu’ilĂ©taitlemeilleur.
Detouttemps,ilapenséensavoirassezpourprendrelepouvoiretmaßtrisersondestin.
Maislemondemodernequ’ilacrĂ©Ă©estbienabsurde.
Eneffet,l’histoiredessciencesnousrĂ©vĂšledegrandesruptures,desretoursenarriĂšre
etdenotableserreurs.LesIncaspensaientavoircomprislanécessitédusacrificehumain.
LesGrecssavaientquelaTerreĂ©taitronde,maisl’Europeoccidentalel’aoubliĂ©pendantplusieurs
siÚcles.LessavantspensaientlesthéoriesdeNewtoncommeuniversellesetellesfurent
cependantrévisées.
ÀchaquegrandeavancĂ©e,lesĂ©litesnousdisentenchƓurquec’estladerniĂšrefoisqu’uneerreur
decetypeestfaite.DemĂȘme,parmanquedecultureetd’humilitĂ©,chaqueingĂ©nieurĂ©prouvecet
orgueildevouloirconcevoirunproduitmeilleurqueceluidesonconfrĂšre.Ilnecessederevoir
sescopiesenredessinantdesformesprétendumentaméliorées.Surlaphotographieci-dessus,
nouspouvonsobserverneufconceptionsdifférentesdeboßtiersdeCompact-Disc.Pourtant,nous
sommestoustémoinsquecespetitesgriffescentralessecassentmalgrétout.
Aussi,leprogrĂšsest-ilperçucommel’uniquevĂ©hiculecapabledenousconduireversunmonde
meilleur.Certes,l’espĂ©rancedeviedel’individuaprogressĂ©cesderniĂšresdĂ©cenniesmaiscellede
l’HumanitĂ©s’est-ellepourautantamĂ©liorĂ©e ?J’ail’impressionqu’ellen’ajamaisĂ©tĂ©aussicourte.
NoussommeslapremiĂšreespĂšceĂ disposerdelacapacitĂ©des’autodĂ©truire.Saurons-nousĂ©viter
notreextinction ?Quipensesincùrementquenosenfantsoupetits-enfantsneconnaütrontpas
unepĂ©nurieouuneguerre ?
IngĂ©nierie–2009
Commepourlaphotographieenpage 43,lesboĂźtiersdeCompact-DiscenplexiglassontĂ©clairĂ©spardela
lumiĂšrepolarisĂ©e.DevanttouslesĂ©cransLCD,qu’ilssoientdetĂ©lĂ©viseurs,d’ordinateursoudetĂ©lĂ©phones,
estdisposĂ©unfiltrepolarisant.Enaffichantuneimageblanchesurl’undecesĂ©crans,lescouleurs
apparaissentendéplaçantleboßtiertransparentfaceàcettesourcedelumiÚrepolarisée.
L’éternelorgueil
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Lorsquej’aientreprisdephotographierunfilmdesavon,j’aiĂ©tĂ©surprisparcequiestapparudans
monviseur.LabandecolorĂ©eaupremiertiersdel’imageestlaplusactive.Desformesmontent,d’autres
descendentĂ unevitesseextrĂȘmementrapide.SimultanĂ©ment,cettezonedecombatsedĂ©placeversle
bas.ElleperdalorsdesacouleuraufuretĂ mesurequ’elles’écarteducombatencours.
J’aiinstantanĂ©mentpensĂ©Ă lasociĂ©tĂ©deconsommation :laloidelajungleappliquĂ©eaucommerce.
Chaqueentreprisesebatpourimposersonproduit.DecetteconfrontationnaĂźtunemyriadedeconcepts
plusfabuleuxlesunsquelesautres.Chaquenouveautédévaloriselagénérationprécédenteetnous
sommescontraintsdeconstaterquenosobjetsfĂ©tichesnesontplusĂ lamode.LeconsumĂ©rismes’appuie
surlapublicitĂ©quiexacerbenotresentimentd’insatisfactionenclamanthautetfortquelenouveau
impliquelemieux.
Cevoiledesavonéclaterainéluctablementcommepournousindiquerlerésultatduconsumérisme
quis’accĂ©lĂšre :notreconsommationnousrapprocheĂ chaqueacted’achatdel’épuisementdenos
propresressources.
LeconsumĂ©risme–2009
Cefilmdesavon(produitvaisselleeteau)mesurevingtcentimĂštresdediamĂštre.Ilpeut
paraütretranslucideoumulticoloresuivantl’angled’incidencedelalumiùre.Lefilms’affinant
dansletempsprovoquedesfrangesd’interfĂ©rencescolorĂ©esdeplusenplusresserrĂ©es.
LaphotographieestprisequelquesdixiĂšmesdesecondesavantquelefilmn’éclate,lazone
sombreindiquantl’insuffisancedetensioactifs.
Ci-contre  :Apocalypse–2010(dĂ©tail)
Laguerreéconomique
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Notremondeestenguerreéconomique.Cettecompétitionfaisantchuterlesprix,elleépure
lemarchédesplusfaiblesetrenforcelespartsdemarchédesplusforts.Croßtrepermettra
d’absorberlesconcurrentsetdeserapprocherdumonopole,rĂȘvedechaquedirigeant.
CedernierauraalorslapossibilitĂ©d’imposerunprixlibrement.Encasd’oligopole,l’ententesurles
prixpourassurerlamargeesttoujourspossible

Parfois,ungĂ©ants’effondreauprofitdesescompĂ©titeurs.IlasansdouteĂ©tĂ©victimedupoids
desadirectionqui,fiĂšredesaperformance,n’acessĂ©deponctionnerdanslesressourcesde
l’entreprise.Lorsqu’unesociĂ©tĂ©nesecontenteplusdesesbĂ©nĂ©ficespoursedĂ©velopper,elleentre
enbourseetseretrouvesousl’emprisedesfinanciers.
Lafinancefaitdel’argentavecl’argentdesautres.CesystĂšmefonctionnesurl’aviditĂ©.Ilsuffitde
croirequ’unbienaunevaleursusceptibled’augmenterpourluiconfĂ©rerunevaleurencoreplus
grande.Ainsi,plusieursparieurspeuventmisersurunmĂȘmetitre.LesenchĂšresvontbontrainet
engendrentdesbullesspĂ©culatives.D’unseulcoup,unjoueurs’aperçoitdudĂ©calageetvendtous
sestitres.LesderniersĂ seretirerontalorsperdu.
LemondefinancierestmĂ»paruneconfianceaveugledanslegain.« Quisortavecunparapluie
faitpleuvoir »carlesmouvementsboursiersreposentengrandepartiesurlessentimentshumains :
confiance,envieetpeur.LorsquelepremierdouteapparaĂźtauseind’unebullespĂ©culative,alors
toutlemondequittelejeu.Dansunepartiedepoker,sinousn’avonspascomprisquiĂ©taitle
pigeon,alorsilfautconclurequenoussommeslepigeon.Laplusgrandeironieestquele
consommateurestparfoisconscientdecela,cequimalgrétoutnechangerien

Lacroissance–2006
NoussommesicienprĂ©sencedebullesd’airquiapparaissentsurlefondd’unecasseroled’eauchaude.
Ilafalluattendrelonguementd’abordquel’eaurefroidissepuisquel’objectifserĂ©chauffepourĂ©viterque
delabuéeneseformesurlalentillefrontale.Surlesgrossesbulles,nouspouvonsconstatercommedes
couronnesblanchesquinesontquelerésultatdesrefletsdetouteslesautrespetitesbullesdanscelles-ci.
Unmondeenébullition
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Lorsqu’unindividuarriveĂ uncertainniveauderichesse,troisphĂ©nomĂšnespeuventseproduire.
Lepremierestquel’onnes’estimejamaisriche,carilyatoujoursplusrichequesoi.Onveut
prendredavantageauxautres.Lafacilitéseraitdeponctionnerlesrichespouravoirpluspoursoi,
maisilnefautpasconfondresoifdejusticesocialeetsimpleenviedes’enrichir.
Ledeuxiùmeestl’identificationàsaproprefortune.L’objectifn’estplusdegagnerdel’argent
pourpossĂ©dermaispourserassurersursaproprevaleurĂ©gocentrique.L’argentn’estplusun
moyen,ilestunefin.Notrevaleurestalorscelledenotrecompteenbanque.
LetroisiĂšmeestlorsquetropd’argentestgagnĂ©etqu’iln’estplusdĂ©pensĂ©maisprĂȘtĂ©contre
untauxd’intĂ©rĂȘt.CertainsconsidĂšrentquecelapermetĂ l’économiedefonctionner,iln’enest
rien.Eneffet,lessurplus,suiteauxversementsd’intĂ©rĂȘtsoudedividendes,gĂ©nĂšrentalorsplus
d’argentinutile.AlorsquesilesbĂ©nĂ©ficesdesentreprisesrestaientĂ l’intĂ©rieurdel’entreprise,
ellesn’auraientpasbesoindechercherunfinancementendehors.Lesystùmeestdoncdivergent.
Àterme,lesplusrichesauront« tout »l’argentetlesautresnepourrontmĂȘmeplusobtenirde
crĂ©dits.C’estpourcetteraisonquelecapitalismeestĂ l’agonieetquelescrisessemultiplient.
C’estcommesil’argent,attisantlacupiditĂ©,venaitrompreunĂ©quilibrenaturel.
Perturbateur–2011
UnepiĂšced’undollarestposĂ©esurdescalesaufondd’unbacvide.JeleremplisalorstrĂšsprogressivement
demaniĂšreĂ cequelasurfacedel’eaueffleurelapiĂšce.Celle-cidĂ©formelasurfacedel’eausousl’influence
delatensionsuperficielle.L’effetgraphiqueestdûàunegrillequisereflĂštedansl’eau.
Laperversionmonétaire
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Pourvivre,uneentreprisedoitvendre.Lorsqu’elles’affaiblitentempsdepaix,qu’estprĂȘteĂ 
fairel’industriemilitaire ?NoussommesĂ plusdecinquanteansdel’épuisementdesgisementsde
pétrole,pourtantdenombreuxconflitsarméstrouventleurcausedansdesenjeuxénergétiques.
DansquelĂ©tatseralemondelorsquelapĂ©nurieseraeffective ?LavolontĂ©demaintenirunmonde
basésurlacroissanceéconomiqueimpliquedesdécisionsinhumaines.
Lespeuplesontunminimumdemémoireetneveulentplusfairelaguerre.Alorslesindustriels
invententdesarmes« intelligentes » :guerresĂ distanceavecmissilestĂ©lĂ©guidĂ©spourdesfrappes
« chirurgicales »pourquenossoldatsrestentdansunesalledecommandes.Del’autrecĂŽtĂ©,les
victimestombentnéanmoins.
Afindejustifierlesdépensesdeguerre,deschocspsychologiquessontutiliséspourconvaincre
l’opinionetobtenirlevoted’unbudget.LesdirigeantsetlespeuplessontalorsmanipulĂ©s :
danslecasdeladeuxiĂšmeGuerreduGolfe,des« armesdedestructionmassive »irakiennes
cachéesdansdescamionssontévoquéespourjustifierleconflit.Unefoislepaysbattu,aucune
preuven’esttrouvĂ©eetleSecrĂ©taired’étatamĂ©ricaindĂ©missionne.Lesgrandsgagnantessontles
industriesmilitaires.Lesperdantssontcommed’habitudelescitoyensendettĂ©setlesfamillesqui
pleurentleursmorts.
L’idĂ©edecroissanceĂ toutprixestfratricide.
Armes–2009
Cerevolvercalibre0.38projetteuneballeĂ troiscentsmĂštresparseconde(prĂšsdemillekilomĂštres
parheure).Nouspouvonspercevoirqueleprojectileaétéstriéparlesrainureshélicoïdalesducanon.
C’estprĂ©cisĂ©mentparcesrainuresqu’unepartiedelapoudrepassedevantlaballeavantmĂȘmeque
celle-cinesorteducanon.Enaval,cettepoudreadéjàeuletempsdebrûleretsortdoncgrise.Enamont,
lapoudrevientd’entrerencontactavecl’airfraisetfinitdebrĂ»lerenapparaissantbleue.
Lechoixdesarmes
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Enm’engageantdanslavoiesyndicale,jevoulaiscontrecarrerunmondebasĂ©surdesrapports
deforceomniprĂ©sents.LesyndicalistepointedudoigtlesfaillesdusystĂšmepourl’amĂ©liorermais
enlesrĂ©parant,ilnefaitquelespĂ©renniser.Silestravailleursdumondeessayentdes’associerpour
ĂȘtreplusforts,lesdirigeantsfontdemĂȘme.
Qu’ilssoientrĂ©unisdevantlesmĂ©diassousformedeMedef,encatiminiauDĂźnerdusiĂšcleouen
comitĂ©trĂšsrestreintdel’éliteinternationaleauxrĂ©unionsBilderberg,ilsontaussileurssolutions
collectivespourdevenirpluspuissantsencore.Commel’annonçaitlefondateurRockefeller,ilsont
ƓuvrĂ©Ă supplanterlesgouvernementsdechaquepayspourlesremplacerparunegouvernance
mondialegĂ©rĂ©eparlesentreprisesetlesfondsd’investissement.VoilĂ pourquoinotregouverne-
mentapeurdesagencesdenotations,carnotredĂ©mocratien’aaucunpouvoirsurlamainmisede
lafinance,quivianotredette,estrentiĂšredechacundenous.
Celapeutd’abordparaĂźtresurrĂ©alistemaiscetterĂ©alitĂ©estfacileĂ vĂ©rifieretaĂ©tĂ©dĂ©noncĂ©epar
certainsjournalistesindĂ©pendantsenFranceetparlesgrandsmĂ©diasdansd’autrespays.Jeprends
enfinlamesuredemescoursd’histoire :lespuissantsontinstaurĂ©l’inquisition,l’esclavagisme,
lecolonialisme,autorisĂ©latorture.Pourquoiauraient-ilsplusd’éthiqueaujourd’hui ?
NotreinformationestsouscontrÎle.Cequicompteestquelepeuplesepenselibre.Laliberté
deseplaindreluiestofferteetilnes’enprivepas.MaisforceestdeconstaterquemalgrĂ©lacrise,
personnen’estprĂȘtĂ s’exposercommelorsdelaRĂ©volutionFrançaise.Lacontestationnesefait
quesurdestaux,desdatesd’application
DesdĂ©tailsjustesassezsignifiantspouradoucirle
sentimentd’oppression.LaluttefrontalecontrecesystĂšmeestperdued’avance.PourluiĂ©chapper
jem’éloigneduconsumĂ©risme :plusdetĂ©lĂ©vision,plusdepublicitĂ©.JerĂ©duismonbesoind’argent
etainsimadépendanceàcesystÚme.
Lacontestation–2010
Pourlaphotographied’objetsrĂ©flĂ©chissants,lalumiĂšreduflashdoitrebondirsurle
sujetpourrentrerdansl’objectif.Lesujetn’étantplusperpendiculaireĂ l’axeoptique,
lanettetĂ©surl’ensembledel’imageestcompromise.L’obtentiond’unephotographie
parfaitementnettenécessiteunobjectifàbascule.Commecelui-ciseplie,leplande
nettetĂ©peuts’orienterpourengloberlecheveudanslaprofondeurdechamp.
L’impassedelacontestation
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La matiĂšre, toujours plus de matiĂšre, voilĂ  un domaine oĂč la science
physique brille. Elle permet une technologie qui dĂ©fie l’entendement et
confÚre aux hiérarchies qui la maßtrisent une domination sur les autres.
Tous ceux qui convoitent la matiĂšre, autrement dit le monde de la
forme et des apparences, sont obligés de se contraindre à ses exigences
pour la posséder.
C’est en recherchant l’origine de la soif de possession que j’ai
découvert les travaux de Maslow. Le sociologue a montré que les
besoins des humains pouvaient se classer en plusieurs niveaux :
les besoins physiologiques (manger, boire) – les besoins de
sĂ©curitĂ© (dormir, s’abriter) – les besoins d’appartenance (vivre
en couple, dĂ©velopper des amitiĂ©s) – les besoins d’estime
(recevoir de la reconnaissance, construire une image
de soi) – les besoins de s’accomplir (atteindre un idĂ©al,
vivre selon sa vraie nature). Classiquement, un humain
ne cherchera Ă  rĂ©pondre aux besoins d’un niveau
supĂ©rieur que s’il a prĂ©cĂ©demment comblĂ© les
besoins de tous les niveaux inférieurs.
À observer cette pyramide des besoins, nous pourrions conclure
qu’il nous faut la gravir pour avoir une vie accomplie. Pour de grands
dirigeants, la satisfaction d’ĂȘtre sous-directeur ne peut suffire.
L’accomplissement serait-il l’accession au pouvoir total ? Cela serait mal
comprendre l’aboutissement spirituel des travaux de Maslow mais les
gens avides de pouvoirs s’en moquent. Ils ont choisi leur direction.
« Gouverner c’est prĂ©voir » disait l’homme politique Émile de
Girardin. Quand le pouvoir est recherché, le meilleur moyen de
dĂ©terminer le futur est encore de ne s’intĂ©resser qu’à la matiĂšre, lĂ  oĂč
la science excelle. Nous pouvons mĂȘme jeter notre dĂ©volu sur elle,
et croire que la science sera le levier idéal pour asseoir un contrÎle.
Nous devenons alors un scientiste (Ă  ne pas confondre avec un
scientologue, membre de la secte de scientologie). Un scientiste est
une personne qui croit en la science et lui fait aveuglément confiance
pour comprendre le monde et prévoir son évolution.
Pression hiĂ©rarchique – 2010
La lame de couteau est photographiĂ©e la pointe vers l’objectif. L’usage d’un soufflet et d’un objectif macropho-
tographique réglé sur un fort grossissement a réduit la profondeur de champ à quelques dixiÚmes de millimÚtres.
Ainsi, seule une section du couteau est nette, montrant les successions d’angles dans l’acier qui permettent, pour
une force donnĂ©e, d’augmenter la pression afin de pouvoir couper aisĂ©ment.
La recherche du contrĂŽle
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Besoins physiologiques
2
Besoins de sécurité
3
Besoins d’appartenance
4
Besoins d’estime
5
Besoins
de
s’accomplir
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La tempĂ©rature est d’autant plus grande que, dans un intervalle
de temps donnĂ©, de nombreuses molĂ©cules s’entrechoquent.
Ces molĂ©cules peuvent ĂȘtre plus ou moins bien agencĂ©es de par leur
structure ou leur Ă©tat. Dans ce contexte, l’entropie est la grandeur
représentative du désordre des molécules. En sciences physiques, il
a Ă©tĂ© Ă©tabli que l’entropie ne peut qu’augmenter : c’est le deuxiĂšme
principe de la thermodynamique.
« Comme tout se dĂ©gradera Ă  terme, il n’y a donc rien Ă  sauver » se
disent certains qui, dùs lors, n’ont aucun remords à prendre leur part du
gĂąteau, mĂȘme au dĂ©triment des autres.
Une religion puissante inhiberait un tel comportement Ă©goĂŻste
car il conduirait leurs auteurs en enfer. Mais deux grands facteurs
ont rĂ©duit drastiquement l’influence des religions. D’une part,
les sciences expliquent de nombreux phénomÚnes qui étaient
attribués à des actions divines et permettent une amélioration du
confort bien plus rapide que ce que l’on peut attendre d’une priùre.
D’autre part, les hommes de pouvoir s’étant mĂ©langĂ©s aux hommes
de foi, les pires exactions ont été commises au nom de Dieu, ce qui
a fait perdre sa crédibilité au discours de fraternité et de partage
des religions.
L’intĂ©rĂȘt portĂ© Ă  la matiĂšre peut donc engendrer un cynisme bien
commode pour celui qui veut acquérir richesses et pouvoirs.
IrrĂ©versible – 2010
Une goutte d’encre se mĂ©lange dans l’eau. Dans un premier temps, l’encre plus dense que
l’eau coule au fond du verre, en quelques secondes. Puis, en raison de l’agitation permanente
de tous les atomes, un mĂ©lange lent va s’opĂ©rer pour diffuser l’encre dans tout le verre. La
derniĂšre vignette est prise une heure aprĂšs le dĂ©but de l’expĂ©rience. L’encre sera naturellement
complÚtement mélangée deux heures plus tard.
L’entropie fataliste
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Dans mon for intĂ©rieur, il m’a semblĂ© que l’ultime accomplisse-
ment du progrÚs, tel que la société me le présentait, était mensonger.
J’ai alors rĂ©flĂ©chi et enfin, j’ai eu le courage d’ouvrir les yeux au-delĂ  des
apparences
 Mais à quel prix ! Changement de profession et de statut,
troubles liés à la perte de respect pour certaines institutions, prise de
conscience de mon propre scientisme, rejet de la société consumériste,
découverte de la culture, de la spiritualité, sont autant de remises en
question qu’il a fallu conjuguer avec la prĂ©servation de mon foyer.
Commençons donc, comme dans toutes les histoires, par le fameux
« il Ă©tait une fois » 
Il Ă©tait une fois un enfant qui se passionnait pour les records, la
vitesse maximale des trains, des avions, des fusées
 Ses proches lui
offraient des livres d’éveil scientifiques. Il voulait tout comprendre des
sujets techniques.
Constatant le chagrin de sa mÚre lors du décÚs de sa grand-mÚre,
il décida de ne pas aimer pour ne pas souffrir en retour. Armé de la
science, allégé de la sentimentalité, il pourrait devenir une machine
aussi performante que celles qui le faisaient rĂȘver.
Ce fut longtemps un objectif difficile car, si ĂȘtre « intelligemment
fainĂ©ant » peut s’avĂ©rer efficace en mathĂ©matique, ce n’est en revanche
pas applicable aux autres disciplines. Cependant, aprÚs avoir redoublé
deux fois au lycée, il se retrouva dans la classe du petit frÚre de son
meilleur ami. Piqué dans son orgueil, cet adolescent commença à
grandir vers l’ñge adulte en comprenant la nĂ©cessitĂ© de l’effort scolaire.
DĂšs lors, le parcours vers la rĂ©ussite professionnelle s’est simplifié :
bac avec mention, intégration en deux ans seulement de la prestigieuse
Ă©cole d’ingĂ©nieur des Arts et MĂ©tiers, emploi en recherche et
dĂ©veloppement dans l’industrie automobile, brevets, chef d’équipe,
chef de projets, expert technique. Au passage du cap des trente ans,
tous les indicateurs Ă©taient au vert et l’avenir s’annonçait radieux.
Mais tout ceci n’était qu’une projection des conventions sur une
personne manquant de recul. Ce modĂšle sur lequel il s’était docilement
appuyĂ© n’allait pas tarder Ă  s’effondrer.
Enfin ! – 2009
Je voulais réaliser un cliché montrant ce que Rodin avait suggéré. Cette photographie est le résultat de ma
premiÚre collaboration avec le Palais de la découverte. Leur installation de striographie interférométrique,
composĂ©e principalement d’un miroir parabolique et d’une lame de rasoir, permet de visualiser en couleurs les flux
de chaleur. Ainsi, la réplique en bronze du penseur, chauffée à la lampe à souder, laisse enfin échapper une idée

Prendre du recul
93
94
Ma volontĂ© de devenir le plus fort possible m’avait-elle conduit Ă 
mettre sur un piĂ©destal les vertus de la science ? J’étais persuadĂ© que la
science représentait la compilation de toutes les vérités.
Mon erreur m’est apparue lorsque je travaillais dans l’industrie.
Dans mon domaine de compĂ©tence, j’étais devenu le plus qualifiĂ©.
Dans chaque cas difficile, j’étais consultĂ©. À dĂ©faut d’ĂȘtre indispensable,
j’étais devenu incontournable, le meilleur pour donner trĂšs vite des
pistes et rĂ©soudre les problĂšmes. Un jour, j’ai Ă©tĂ© consacrĂ© « expert
technique » de ma sociĂ©tĂ© de recherche et dĂ©veloppement.
C’est alors que tout a basculé : le changement de l’intitulĂ© de ma
carte de visite m’a donnĂ© du recul. Je me suis aperçu que chacune
de mes paroles devenait vérité. Mes hypothÚses, immédiatement
interprétées comme des affirmations, servaient la hiérarchie avec
outrecuidance. J’étais tenu de tout savoir de mon domaine technique.
Dans l’incertitude d’une situation complexe, la direction exigeait d’avoir
une réponse, fût-elle mauvaise. Je ne suis resté à peu prÚs crédible que
grùce à ma bonne intuition des phénomÚnes physiques.
Le fait que mes hypothÚses deviennent des théories en raison de
mon intitulĂ© de carte de visite m’amena Ă  m’intĂ©resser Ă  l’histoire
des sciences. Vue depuis notre siùcle, elle n’est qu’une succession
d’approximations. Cependant, de tout temps, la science fut adoptĂ©e
comme la vĂ©ritable connaissance. Les chercheurs qui l’exercent par
vocation savent bien Ă  quel point elle est fragile, mais le monde les
somme de le rassurer avec de confortables certitudes.
La science n’est jamais vraie. Elle est juste « non fausse » jusqu’à
preuve du contraire.
Ceci n’empĂȘche pas notre systĂšme d’éducation d’imposer de
façon pĂ©remptoire des formules de rĂ©fĂ©rence plutĂŽt que d’inculquer
l’autonomie et le dĂ©sir de tendre vers la vĂ©ritĂ©. J’étais dĂ©cidĂ© Ă  m’extirper
du scientisme ambiant. Mais comment ? Dans quel autre systùme
cognitif allais-je me plonger ? Ce parcours fut jalonnĂ© d’étapes

La Preuve  ? – 2007
Regardez : la bille en acier et la goutte tombent ensemble ! Leur vitesse de chute augmente
au cours du temps, de quasiment un centimùtre par seconde toutes les millisecondes. C’est
l’accĂ©lĂ©ration due Ă  la gravitĂ©. Sur une plus grande distance de chute, la goutte reste derriĂšre
car elle est davantage ralentie par les frottements avec l’air.
S’affranchir de la science
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