Présentation omnibus taille standard pour impression - 27-01-2014
Fresquemoderne interview Iskias
1. Pour la 5e
édition du Parcours
des ateliers d’artistes
organisé par l’association
Allô Villages,
Fresque un Art
s’associe avec l’artiste-peintre
Iskias pour une exposition
exceptionnelle.
RENCONTRE
Fresque un Art, pourquoi avoir invité
Iskias à exposer dans vos murs ?
Depuis sa création, Fresque un Art s’interroge
sur le sujet dans la peinture pour les jeunes
artistes d’aujourd’hui.
Nous sortons presque tous d’une formation
classique : quel est notre avenir en tant
qu’artiste, en tant que peintre dans une
société comme la nôtre ? Le statut d’artiste
n’est-il qu’un mythe ? Il m’a semblé intéres-
sant d’allier nos deux œuvres pour montrer
au public les réponses que nous apportons
à ces questions. Iskias et moi-même avons
deux histoires personnelles différentes,
des inspirations d’origines diverses et pourtant
il existe des points communs dans nos œuvres.
Ce sera aux visiteurs de les découvrir.
Iskias, qui êtes-vous ?
Pourquoi avoir accepté l’invitation
de Fresque un Art ?
Nous pourrions penser de prime abord que
nos réalisations respectives n’ont pas grand
chose à voir.
Minh travaille le portrait et je m’applique
à l’exercice du « paysage in visu ».
Pourtant, il y a des points communs.
Posons-nous les questions suivantes :
- le portrait est-il une simple effigie dirigée à
l’attention de son commanditaire ou à la
mémoire exclusive de sa descendance ?
Prenons celui de la Joconde par exemple :
est-il seulement un portrait ou bien une allé-
gorie Ronsardienne ? Selon l’analyse de
Daniel d’Arasse, il y aurait un rapport au
temps et une dimension subversive dans
cette œuvre ;
- le paysage, l’objet des grands formats que
je présente dans cette exposition, est-il
uniquement une représentation de la nature ?
En tous les cas, difficile de rester insensible
au travail de Minh avec autant de présences
qui vous murmurent et qui vous interpellent.
RencontreFresque un art ISKIAS
EXPOSITION N°02 24 et 25 mai 2014
Parcours des ateliers d’artistes en Yvelines Orgeval
Et soudain cet espace vierge, pour faire place
à la créativité et à l’imagination pour sortir
de cette horreur écologique, de consommation
et du manque d’avenir dans lesquels nous
sommes.
Pour moi, ce cadre blanc, c’est notre futur.
Iskias, que pensez-vous des portraits
de Fresque un Art ? Est-ce que ce serait
un sujet que vous aimeriez traiter un jour ?
Ce qui m’interpelle dans le travail de Minh
c’est l’approche très contemporaine de la
fresque tout en utilisant des procédés anciens,
ainsi que la luminosité et la pureté des pigments
savamment choisis.
Je suis séduit par cette variante du rapport au
mur. Elle me renvoie à mon travail - sur cette
ténue frontière entre le tableau et le mur.
Minh fait du mur le tableau.
Elle intègre le grès à son œuvre et fait
une archéologie de cette fine peau de la ville
qui se fissure parfois dans certaines de ses
réalisations, laissant apparaître la fragilité
des structures, de la cité.
Les œuvres de Minh sont à mes yeux des frag-
ments de mur qui sont autant de scènes
disloquées cherchant une nouvelle articulation
dans un monde en crise de repères mais aussi
autant de possibilités de réagencements.
The wall pink floydien est tombé.
Nous sommes orphelins de repères.
Là, les portraits de Minh nous interrogent,
nous dévisagent, nous rassurent.
Parfois ils sont inquiétants, dans d’autres
compositions ils nous accompagnent au sein
d’une étrange famille recomposée, le spectateur
se retrouve en face de son humanité.
Pour en savoir plus :
sur les œuvres d’Iskias : www.iskias.com
Contact : iskias@hotmail.com
sur les œuvres de Fresque un art :
www.fresquemoderne.wordpress.com
contact : fresquemoderne@hotmail.fr
Retrouvez l’intégralité de l’article et des œuvres
exposées sur :
www.fresquemoderne.wordpress.com
Fresque un art rencontre Iskias
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2. Mes « paysages » comme les portraits qui sont
réunis dans ce lieu tentent de toucher le visiteur
et de provoquer chez lui une réaction à éprouver
ou à réprouver.
En effet, ne sommes-nous pas en droit de douter
ou simplement de nous interroger sur les modèles
de la « modernité » dans lesquels nous vivons ?
Cette démarche permettrait « de réinvestir l’art
d’une fonction existentielle » écrit Catherine Grenier
dans son livre La revanche des émotions.
Ces deux approches trouvent une résonance
dans le poème La géante de Baudelaire.
Pour affirmer les liens entre portrait et paysage,
le corps prend les allures d’un paysage et le
paysage celui d’un corps ou bien d’un visage.
L’association du paysage et du portrait me
semble naturelle. Il existe une étroite complé-
mentarité entre les deux dans l’histoire de l’art.
Dans l’exercice de la fresque, le paysage était un
support de narration, un fond pour le portrait.
Aujourd’hui, le paysage a une mémoire - tout
comme le portrait - et devient même une
préfiguration du deuil.
Les deux sont des témoignages pérennes.
Tout comme Minh je « tire » le portrait.
Iskias, après une formation classique
aux Beaux Arts, vous avez poursuivi
votre carrière comme directeur artistique
pour le compte de grandes agences de
publicités internationales. Quelles sont,
selon vous, les différences entre ces deux
univers ?
Les différences reposent principalement dans
le mode opératoire.
La production publicitaire cherche une certaine
économie de moyens pour gagner en efficacité.
Le message doit être court et simple. Sa finalité
purement commerciale doit répondre aux ten-
dances du moment.
La peinture se définirait plus comme une œuvre
de l’esprit avec une relative intemporalité.
Elle est complexe, elle est discours.
Si je me focalise sur la peinture : elle a une
odeur, elle transpire, on y trouve de la matière,
du pigment et un désintéressement quant à
sa finalité.
Au-delà de ces différences, un certain nombre
d’artistes se sont et continuent de s’inspirer
de manière décomplexée de l’image publicitaire
ou des objets issus de notre société de consom-
mation, de la télévision, de la BD...
Ces deux univers semblent se répondre et se
renvoyer des signaux : Andy Warhol, Mel Ramos,
Takashi Murakami, Peter Blake et bien d’autres
l’utilisent.
La publicité quant à elle, s’inspire également
largement de l’art. Je citerais la laitière de
Vermeer pour les yaourts Nestlé, la Joconde
pour Panthène, le Thalys et Yves St Laurent
se servant des portraits de Gabrielle et de
sa sœur de Villars de l’école de Fontainebleau.
Arcimboldo se retrouve dans les campagnes
Perrier. Coco Chanel interprète « la source »
d’Ingres … Je pourrais continuer à en citer
beaucoup et évoquer aussi les performances
d’artistes reprises dans la publicité, la sculpture,
l’installation…
C’est en ça que publicité et art se correspondent
assez bien. Les ponts sont jetés depuis
longtemps même si la publicité a tendance
à moins reconnaître l’importance de cette
collaboration.
Fresque un Art, qu’en pensez-vous ?
Autrefois, du temps de la Renaissance surtout,
la peinture était une forme de propagande
magnifique. La communication était élevée
au rang d’art supérieur qui ne souffrait pas
de limites dans les moyens.
Petit-à-petit, nous avons dérivé vers une
conception romantique de la peinture qui
a pris une orientation gratuite.
L’art graphique et la publicité se chargeant
désormais de vendre.
La différence, c’est l’objet. D’une volonté mys-
tique, d’accession à des concepts abstraits ou
idéaux, nous sommes passés à l’accession à la
propriété et à la voiture.
Que reste-t-il comme champs d’expression
à la peinture ?
Les musées, les galeries, les salons ? Pas sûr.
Le street-art, sous-entendu la peinture
clandestine ? Encore moins ! Bansky en est
une belle preuve : tout ce qu’il touche se vend
des millions et est devenu marchandise.
La maladie de l’art est d’être devenu un produit
comme un autre.
Iskias, le thème des œuvres qui sont
exposées est celui de « Frontières » :
pouvez-vous nous expliquer ?
Il s'agit de tableaux dont la focalisation sur
des éléments détaillés décrit les effets des
dérives des modèles que nous vivons.
Les marges blanches sont un traitement
métaphorique de chacun de ces éléments.
Elles constituent un hors-champ actif,
sans cadre.
Elles permettent une zone de passage et de
contagion entre le peint et le non peint, entre
l'achevé, l’inachevé, le virtuel ou le projet.
La générosité de la peinture se juxtapose dans
la continuité du schéma qui s’est délesté
du superflu mais qui donne cette importance
au foisonnement de la fenêtre peinte.
La peinture, le dessin et le collage, achèvent ici
le projet en planimétrie des points de vue sur
la géométrisation du monde sensible et de son
calcul.
La peinture invite à opérer la transition de la
description schématique des outils d'exploita-
tion de la nature à l'indescriptible
représentation de l'effondrement des utopies.
Grâce à une forme d'archéologie de l'insolite
et de l'aberrant, l'aspect « surréel » des éléments
focaux questionnent le sens et la fonction de
l'art dans une société qui se veut pragmatique,
qui trie, étiquette et discrimine.
Les frontières s’ouvrent sur le mur lui-même
et amplifient cette « anachronique » description
du sensible intrinsèquement lié à cette volonté
de l’homme et de l’art de continuer à exister.
Fresque un Art :
Lorsque j’ai rencontré Iskias, j’ai immédiatement
remarqué cette thématique dans ses œuvres.
Elle m’a plu pour diverses raisons :
- la première était le sujet, qui s’appuyait sur
l’ancien pour faire du nouveau, un thème
récurrent dans mon propre travail ;
- la deuxième était l’utilisation du cadre blanc :
une respiration dans une œuvre compacte,
presque étouffante, comme le monde
d’aujourd’hui.
Fresque un art rencontre IskiasParcours des ateliers d’artistes en Yvelines - 24 et 25 mai 2014
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