Ils investissent l'espace, orchestrent les flux, bouleversent les usages et uniformisent nos villes : les géants du numérique saisissent l'espace urbain et nous forcent à requestionner notre façon de concevoir les services urbains.
A quoi doit ressembler une ville à l'ère du numérique ?
Peut-on vraiment "penser utilisateur" dans un contexte urbain ?
Comment réconcilier besoins individuels et communautaires ?
Nous sommes convaincus que c'est par le design que nous répondrons à ces nouveaux enjeux.
Pour échanger avec nous sur ces questions essentielles, nous avons eu le plaisir de recevoir Agnes Kwek, ambassadrice Design pour la ville de Singapour et Dominique Sciamma, Directeur et Doyen de Strate Ecole de Design et Président de l'APCI.
Découvrez dans cette keynote les nouveaux paradigmes de la Ville moderne, et contactez-nous pour échanger davantage sur ce sujet passionnant !
2. Dominique Sciamma
Directeur et doyen de Strate
Design - Président de l’APCI
Agnes Kwek
Executive Director of Design
Singapore Council
Pierre Bernard
Louis Brotel
Fabernovel
1 2 3
Services Urbains :
Faut-il vraiment penser
utilisateur ?
Le Design centré quoi
?
Transforming a city
through system design
6. Sources : Inside Airbnb, Ratp, Le Monde
Et Paris en est témoin
1 200 000 utilisateurs
journaliers de Citymapper en IdF Vs 260 000 utilisateurs
journaliers de l’app RATP
65 218 logements
référencés sur Airbnb Vs 81 515 chambres
d’hôtels dans Paris
20 000 trottinettes
électriques déployées par 12 opérateurs dans Paris
27 400 chauffeurs
Inscrits sur les plateformes VTC Vs 17900 taxis parisiens
7. « Il est temps que les urbanistes
et les acteurs de la technologie
commencent à se parler. »
Dan Doctoroff, CEO Sidewalk Labs, filiale d’Alphabet
9. Le smartphone : cheval de Troie pour envahir la ville
« Ces petites interactions du
quotidien sont déterminantes :
elles façonnement non seulement
nos vies, mais aussi nos villes. »
Ralph Erskine, Architect (1914 – 2005)
10. L’expérience utilisateur (UX) : leur stratégie pour coloniser la ville
UX DÉSIRABLE
CENTRÉE UTILISATEUR
UX VIABLE
VALEUR CLIENT
UX RATIONNELLE
ORIENTÉE DONNÉES
14. Impact #1 Un citadin de plus en plus centré sur lui-même
Uber lance sa
fonctionnalité
« Quiet Mode ».
Nesting :
Consommer et
vivre la ville de
chez soi
15. Immeuble
résidentiel conçu
spécialement
pour la location
courte durée
Restaurants
fantômes
dédiés à la
livraison à
domicile
« La forme suit la fonction. Telle est la loi. »
Sullivan, Architect
Impact #2 Des espaces parasités
16. AIRBNB INVESTIT NOS CENTRES-VILLES WAZE REQUALIFIE
LES VILLES
Impact #3 Une planification urbaine perturbée
18. Ils isolent le citadin.
Ils transforment les espaces.
Ils orchestrent les flux.
Ils uniformisent les villes.
19. Ils isolent le citadin.
Ils transforment les espaces.
Ils orchestrent les flux.
Ils uniformisent les villes.
Vous éloignent de vos clients.
Vous rendent obsolètes.
Vous désintermédient.
Vous imposent leurs standards.
20. L’approche centrée utilisateur n’est pas durable pour la ville
Plusieurs villes d’Europe limitent
le nombre de nuités possibles,
voir interdisent Airbnb.
La Mairie de Paris réduit le nombre
d’acteurs de trottinettes autorisés
à déployer leur flotte.
21. De l’utilisateur...
« C’est l’algorithme qui décide. »
Réduit au statut d’utilisateur
de services, il a perdu toute
clairvoyance, considération
pour l’espace urbain dans lequel
il vit.
22. Pour concevoir un
nouveau service urbain,
il faut penser l’humain
dans toute sa diversité :
le voisin, le flâneur, le
touriste, le citoyen...
… à l’humain
24. L’observation in-situ : s’immerger dans une communauté peau-rouge
Une immersion
en plusieurs temps :
d’une observation
en retrait à une
assimilation à la
communauté
25. De l’observation in-situ… à la conception
The Phoenix
Phoenix Airport, Paul Coze
Grâce à ses différents
travaux, Paul Coze a permis
de promouvoir la culture
indienne à travers les
continents, en donnant à
voir ses enseignements.
26. De l’Anthropologue au Designer
3 enseignements
S’inscrire
dans le local
Adopter plusieurs échelles
Elargir la zone d’observation, à la rue,
au quartier où l’on veut implémenter
un nouveau service urbain.
Échanger avec les personnes
actives et passives
Rencontrer toutes les populations,
celles ciblées mais aussi celles
impactées.
Voyages à travers l’Amérique du
Nord pour rencontrer plusieurs
tribus peaux-rouges, qu’ils soient
sédentarisés ou vivant en recul.
27. De l’Anthropologue au Designer
3 enseignements
S’inscrire
dans le local Se projeter
Adopter plusieurs échelles
Elargir la zone d’observation, à la rue,
au quartier où l’on veut implémenter
un nouveau service urbain.
Échanger avec les personnes
actives et passives
Rencontrer toutes les populations,
celles ciblées mais aussi celles
impactées.
Voyages à travers l’Amérique du
Nord pour rencontrer plusieurs
tribus peaux-rouges, qu’ils soient
sédentarisés ou vivant en recul.
Prise de recul entre
chacun des voyages
pour décider de la
prochaine région et
population à approcher.
Cartographier et
anticiper
Cartographier les
populations, les lieux,
l’écosystème, pour révéler
des opportunités et les
risques.
28. De l’Anthropologue au Designer
3 enseignements
S’inscrire
dans le local Se projeter
Concevoir de façon
plus durable et
inclusive
Adopter plusieurs échelles
Elargir la zone d’observation, à la rue,
au quartier où l’on veut implémenter
un nouveau service urbain.
Échanger avec les personnes
actives et passives
Rencontrer toutes les populations,
celles ciblées mais aussi celles
impactées.
Voyages à travers l’Amérique du
Nord pour rencontrer plusieurs
tribus peaux-rouges, qu’ils soient
sédentarisés ou vivant en recul.
Prise de recul entre
chacun des voyages
pour décider de la
prochaine région et
population à approcher.
Des observations jusqu’à la
création d’expositions et de la
fresque, et l’animation de clubs
amateurs de la culture indienne.
Cartographier et
anticiper
Cartographier les
populations, les lieux,
l’écosystème, pour révéler
des opportunités et les
risques.
Incarner les observations et
tester auprès de tous
Tester vite et de manière frugale
auprès des populations,
l’appétence ou les craintes
concernant un nouveau service
urbain.
Evaluer les impacts
Mesurer les externalités
positives et négatives de la
solution pour itérer.
30. Cette approche demande de reprendre du temps pour...
L’OBSERVATION
[Cas 1] Alejandro Aravena
Projet de relogement
des familles à Iquique
LA CONCEPTION
[Cas 2] Zoov
Le service de vélo en libre service
qui respecte l’espace public
31. [Cas 1] L’observation pour reloger des familles enclin à vivre différemment
Alejandro Aravena
Architecte chilien
Prix Pritzker 2016
En 2004, le
gouvernement
chilien lui confie un
projet de
relogement de 100
familles occupant
illégalement un
terrain à Iquique.
32. [Cas 1] La recherche in-situ, clé à la réussite du projet
Des familles au mode de vie
résilient et autonome.
Pour proposer une solution durable,
Alejandro Aravena se rend sur le
terrain et se concerte avec les
habitants pendant plusieurs
semaines : propositions de solution,
conception des logements idéaux.
33. [Cas 1] Les bonnes pratiques de Design pour la ville
Des habitations qui suivent les
usages flexibles et autonomes
des habitants. Chacune mesure
80m2, avec 40m2 habitable, et
40m2 exploitable.
34. [Cas 2] Zoov, le service de vélo en libre service qui respecte l’espace public
Un service de partage de vélos
électriques, qui se louent et se
garent à partir de station équipée
d’une seule borne, sur laquelle les
vélos Zoov s’accrochent les uns
aux autres.
Zoov propose une infrastructure
qui s’efface dans le paysage
urbain, et règle le problème
d’emplacement dans les stations.
Zoov
Fondé en 2017 par Eric Carreel
6M€ levés en 2019
35. [Cas 2] Une démarche de conception et d’expansion respectueuse de la ville
En phase de
test avec les
entreprises
présentes sur
le plateau de
Saclay.
Une proposition
de valeur pour
les entreprises,
les usagers et la
collectivité.
36. L’approche d’un Design systémique suppose
de reprendre du temps pour observer toutes
les populations dans leur environnement
local, pour identifier et tester de nouvelles
opportunités, et anticiper et évaluer leurs
impacts.
37. Le Design systémique
est une alternative
durable et désirable
pour ceux qui
souhaitent s’imposer
comme les futurs
acteurs de la ville de
demain.
38. Le Design Centré Quoi ?
Dominique
Sciamma
Directeur et doyen de Strate Design
Président de l’APCI
39. Transforming a city through
system design
Executive Director of Design
Singapore Council
[Le cas de la ville de Singapour]
Agnes Kwek
40. Contactez-nous :
Raphaëlle Toledano | Partner
raphaelle.toledano@fabernovel.com
Mathilde Maître | Head of Design
mathilde.maitre@fabernovel.com
Vous voulez en savoir plus
?
Vous souhaitez façonner différemment la ville ? Vous souhaitez
concevoir une meilleure expérience urbaine ? Vous souhaitez
développer un projet avec une approche de design systémique ?
Rencontrons-nous pour nous en dire davantage !
Notas do Editor
Bonjour à tous, Quand on assiste à une présentation ou quand on lit un article sur le sujet de la villeLes présentations autour du sujet de la ville d’aujourd’hui et de demain commencent très souvent, voir systématiquement par ces chiffres : celui de l’urbanisation croissante à travers le monde. En 2019, 55% de la population mondiale vit en ville, et en 2050, plus de deux tiers de l’humanité vivra en ville.
Mais c’est oublié un autre chiffre beaucoup plus galopant et important pour parler du sujet de la ville : celui de notre digitalisation.En 2019, 130% de la population européenne a un abonnement téléphonique. C’est une nouvelle ère qui se dessine, celui du siècle des villes sur le point de faire un grand bond en avant en matière de technologie urbaine.
De plus en plus de villes mais surtout de plus en plus connectées.
Si la ville se connecte, c’est avant tout des acteurs du numérique qui la connectent, en équipant leurs citadins. Plus rapides, plus souples, ils façonnent l’environnement urbain, nos usages, orchestrent les flux
Issus de l’internet, les géants du numériques (Google, Amazon et Uber en tête) ont quitté leur terre d’innovation (la Silicon Valley) pour conquérir toujours plus d’utilisateurs, déployer leur vision et leurs services sur la ville. A contre-courant des défenseurs de la smart city (IBM, Cisco, Microsoft), privilégiant une approche top down très technocentrique sur la ville, ces nouveaux acteurs du numérique ont envahi nos villes en offrant aux citadins des services et expériences omniprésents et indispensables dans leur quotidien.
Et les villes françaises avec Paris en première ligne, font parties de leur terrain de jeu international.Avec plus de 65 000 logements référencés à la location sur Airbnb, Paris a été nommée par la plateforme, capitale du monde de la location entre particuliers. Les chiffres frôlent l’offre existante en chambres d’hôtels dans Paris.Le nombre d’utilisateurs journalier de la plateforme Citymapper représente la moitié du nombre d’utilisateur mensuel de l’app RATP. Les chiffres parlent d’eux même : ils sont partout et ont réussi à devenir incontournable pour chaque citadin.
https://www.lemonde.fr/blog/transports/2019/06/06/enquete-inedite-utilisateurs-trottinettes-electriques/
Je vous ai présenté deux chiffres au début. Celui de l’urbanisation et de la pénétration d’internet. Deux chiffres qui renvoient à deux mondes encore aujourd’hui que tout oppose : celui des urbanistes et celui des acteurs de la tech. A l’heure où les villes n’ont pas de temps à perdre pour répondre à leurs enjeux multiples, ces acteurs avancent à deux vitesses. Le métier d’urbaniste semble s’être épuisé tandis que les géants du numérique eux, sont déjà là, ils changent, façonnent nos usages et impactent la ville.Néanmoins, ce que nous dit Dan Doctoroff, CEO de Sidewalk Labs, filiale de Google, c’est que les technologistes et les urbanistes doivent se parler pour façonner de meilleurs villes.
Sidewalk Las représente ce nouveau mouvement des façonneurs de la ville. Une équipe et une approche, qui casse les silos, qui rassemble deux mondes celui du Numérique (ingénieur, développeur, designer) et de l’urbanisme (urbaniste, ingénieurs), qui ne se parlaient pas mais qui commencent aujourd’hui à fusionner et impacter notre ville.
Les acteurs du numérique ont quitté leur zone de confort et s’imposent peu à peu comme nouveaux acteurs de la fabrique de la ville. Comprendre comment ils en sont arrivés là, nous aidera peut-être à concevoir de villes meilleurs.
Leur expansion tient en grande partie à ce petit objet, le smartphone.Géolocalisation - cloud
Il est devenu inconcevable de se déplacer, habiter, rencontrer et manger sans son smartphone. Nous l’utilisons partout - dans la rue, à la maison, au travail, dans le métro, sur la route; et organise beaucoup de nos interactions quotidiennes : commander un taxi, commander à manger, commencer une nouvelle relation, naviguer dans la ville, etc. Et toutes ces interactions pensées par les acteurs du numérique finissent par refaçonner la ville elle-même. Car comme le disait déjà l’architecte Ralph Erskine avant l’émergence de Uber et Airbnb, ce sont toutes nos interactions quotidiennes qui sont importantes et qui façonnent nos villes.
Le smartphone est devenu le nouveau trottoir de nos villes. Le m2 n’est plus la seule unité de mesure de la ville, il faut également ajouter celle du pixel2.
Le couple application-moyen de transport pend de plus en plus de place dans la ville. L’application permet d’augmenter l’espace physique et l’objet pour faciliter leur usage.
---------------------
Ils ont un modèle économique que vous connaissez celui du réseau. Le smartphone leur permet d’être partout et de créer connexions et interactions entre une multitude d’usagers, d’objets et d’information dans la ville.
Ce modèle en réseau leur a permis de s’allier rapidement avec les utilisateurs et rendre indispensable et omniprésent l’utilisation du smartphone dans leur vie de citadin.
Mais le smartphone n’est qu’un vecteur dans leur fabrique de la ville. Notre grande conviction, c’est que leur succès réside dans leur méthode: Pour coloniser nos villes, ils se sont appuyés sur une doctrine de design: la centricité utilisateur. Ils apportent aux villes ce qu’ils ont de meilleur, de plus fort : leur obsession des utilisateurs et de leur expérience.
Leur maîtrise de l’expérience utilisateur tient à trois ingrédients :
Tout d’abord une UX désirable : Les géants du numérique ont embauchés les meilleurs experts des sciences comportementales : designers, psychologues et sociologues pour capter et accrocher les utilisateurs en stimulant leurs comportements : et principalement leur impulsivité. L’expérience utilisateur est centré utilisateur pour offrir une expérience unique, simple, efficace, personnalisée et instantanée. Pourquoi tant de gens préfère regarder Netflix qu’aller au cinéma ? Car le catalogue de série Netflix s’adapte à vos goûts et aux séries que vous regardez.
Puis, une UX rationnelle : associée au Big Data ou machine learning pour analyser les données utilisateurs, ils peuvent évaluer la performance de l’expérience utilisateur et optimiser leur expérience. Cet intelligence leur donne un avantage concurrentiel, car les services deviennent plus réactifs et s’adaptent en permanence aux attentes et comportements des utilisateurs.L’expérience utilisateur d’Uber tient à leur capacité d’adapter en temps réel l’offre à la demande pour garantir et optimiser un équilibre entre conducteur et utilisateur.
Enfin, une UX viable : leur obsession de l’expérience utilisateur se retrouve dans leurs KPI (fidélisation, satisfaction client, performance business, etc.) : des indicateurs centrés sur la valeur client sont pris en compte dans la mesure de leur ROI. Google a créé son framework de mesure de l’expérience utilisateur appelé HEART (happiness, engagement, adoption, retention, task success). Viable car l’expérience proposée a d’importantes externalités positives sur leur business : notamment le fait d’attirer les meilleurs talents, que les villes du futurs vont se disputer.
L’expérience utilisateur est donc ce qui permet à ces acteurs de passer à l’échelle de la ville.Le smartphone comme cheval troie, l’expérience utilisateur comme passage à l’échelle.Depuis 2 ans, il ne se passe pas une semaine qu’il y ait une annonce sur le sujet sur les micro-mobilités, free-floating, scooter électrique, trottinette partagée. Les améliorations de l’engin et le passage à l’électrique lui l’ont donné un nouvel élan !
Ces nouveaux services de mobilité à porté de main ont su s’imposer par une expérience utilisateur incroyable.A plusieurs titre : Une expérience tout d’abord très désirable, hyper-centré sur l’utilisateur : Facile à utiliser, Facile à garer, ludique à utiliser, Flexible dans l’emploi, on le récupère en bas de chez soit, sans borde d’attache et on paye à l’utilisation.L’expérience utilisateur en plus d’être sensible est rationnelle : l’expérience est optimisée pour répondre en temps réel à la demande. L’analyse des données utilisateurs permet de réallouer l’offre à la demande selon l’heure ou l’endroit dans la ville.Enfin l’expérience utilisateur est viable : en plus d’une valuation hallucinante autour de ces acteurs, le seul KPI est orientée valeur client : et nombre d’utilisateur par objet. L’objectif n’est pas la rentabilité mais la viralité de son utilisation.
Une incroyable expérience utilisateur qui créé des ponts entre le digital et le monde physique, qui commence sur notre smartphone et qui se prolonge dans la ville. C’est ce qui a expliqué et explique le succès des vélo en libre service : Mobike, Ofo et j’en passe. Simple, intuitif, à côté de soi, il n’a jamais été aussi simple de se déplacer en ville.
Mais quand on se décentre de l’utilisateur et qu’on passe à l’échelle de la ville, l’expérience proposée prend une autre couleur. Tout le monde se souvient de l’impact des vélos partagés sur l’occupation de nos trottoirs ou dans nos rues, un cauchemar pour les riverains, cyclistes et automobilistes.
Alors prenons un peu plus de recul sur la doctrine qu’il propose et regardons ce qui se passe autour des utilisateurs. Nous avons identifié 4 principaux impacts de l’expérience utilisateur sur nos villes.
Sur notre mode de vieAvez-vous entendu parler du “Quiet Mode” : la nouvelle fonctionnalité proposée aux utilisateurs premium américain Uber pour demander le silence à leurs chauffeurs. Uber serait-il en train de préparer l’arrivée des véhicules autonomes en faisant de ses chauffeurs des robots ?Plus généralement à regarder de plus prêt nos comptes bancaires, on s'aperçoit que les services proposés par les acteurs du numérique revoient notre façon d’habiter et de consommer. Tout n’est qu’abonnement et presque tout peut se faire de chez soi sans se déplacer. Préférer rester chez soi sans s’être baladé dans la rue ou rencontrer du monde a désormais un nom : le Nesting. Rester chez soi est simplement devenu in : rentrer chez soi en Chauffeur Privé, commander un Frichti, regarder une série sur Netflix, trouver une relation sur Tinder, acheter un ventilo sur Amazon ou lire le dernier Damasio sur Kindle.
Leur obsession de l’expérience utilisateur privilégie le recentrage sur soi et l'individualisme. Nombrilisme
Elle nous pousse de plus en plus à penser à nos intérêts individuels avant l'intérêt général.
Sur les espaces de la villeUn restaurant n’est plus un restaurant (plus dépendant emplacement (pas de vitrine sur rue), plus de coût de service en salle, s’adapter à la demande)Un immeuble résidentiel n’est plus résidentielCes nouveaux standards d’expérience finissent par affectés l’environnement physique qui fait la ville.La tendance de préférer se faire livrer à manger que d’aller au restaurant, est-en train de réinterroger l’aménagement des restaurants. Avez-vous entendu parler des Dark Kitchen de Deliveroo ou des Cuisines Fantômes. Ce sont des cuisines pour restaurant en ligne, totalement pensées pour produire uniquement des plats à livrer. Pas de tables pour manger, mais un aménagement pensé pour produire en chaîne, packager et envoyer.
Autre exemple de comment les nouveaux standards d’expérience affecte le bâti.La tendance de la location courte durée affecte désormais la conception des immeubles eux-même. Natiivo est une résidence développé par un promoteur immobilier américain avec Airbnb spécialement conçues pour être louée sur Airbnb. Les propriétaires achètent des appartements aménagés et peuvent profiter de services de conciergeries pour louer ensuite leur appartement sur Airbnb. Pour reprendre un adage d’architecte (Sullivan), les nouveaux standards d’usage imposés par les géants du numérique commencent à influencer la forme des produits urbains développés. Quand la forme suit la fonction.
Sur l’organisation de la villeDes expérience utilisateurs qui pris dans leur ensemble à l’échelle de la ville prend une autre dimension.[Ref Airbnb Le monde]Depuis quelques années, Airbnb et Paris se font la guerre, à coups de restrictions, de négociations et de partenariats. Airbnb est accusé de vider Paris de ses habitants. Il est dit que le centre de Paris s’est vider de 25% de ses habitants laissant place aux locations courtes durées. Connu pour être présent dans les zones touristiques, Airbnb est accusé de “siphonner” le marché locatif, les propriétaires y multipliant les locations courte durée, plutôt que de choisir un occupant pérenne. La ville a peur que certains quartiers deviennent des zone dortoire touristique, où commerces traditionnels deviennent boutiques de fringues ou de souvenir. [Ref Waze]Un autre exemple d’acteur qui perturbe l’organisation de la ville est celui de Waze, l’application collaborative de navigation qui permet aux automobilistes d’éviter les bouchons. Dans certaines villes (Lieusaint, Nantes), l’application crée des nouveaux itinéraires bis qui ne sont pas sans effet sur l’expérience urbaine. Les habitants de petites rues tranquilles se retrouvent du jour en lendemain à cohabiter avec des autoroutes urbaines aux heures de pointe. Par ailleurs, ces rues ne sont généralement pas conçues et dimensionnées pour recevoir un trafic si dense. Les chaussées sont abîmées, les bas-côtés dégradés par le passage de semi-remorque et certains accidents. Un cauchemar pour les riverains, à quel point certains d’entre eux n’hésitent pas à déclarer de faux travaux ou accident sur l’application pour dévier les véhicules.Ces deux exemples montrent à quel point l’expérience utilisateur a du mal à s’insérer dans une échelle plus grande. Ces acteurs se positionnent au dessus des infrastructures existantes et les exploitent sans payer et sans restrictions pour opérer leurs services. Très généralement leur connaissance imparfaite du territoire provoque des externalités sur l’organisation de la ville.
Parquet en bois, peintures pastel, verrière industrielle, mobilier minimaliste et photos de famille accrochés aux murs, vous êtes dans un endroit branché choisi par Foursquare ou que vous avez loué sur Airbnb. Vous avez une petite faim, vous retrouver sur Deliveroo, un large choix du libanais à l’italien modernisé en passant par le poké-bowl : bref une liste de restaurants très authentiques. Vous étiez à New-york la semaine dernière, vous êtes désormais à Paris, mais c’est comme si vous n’aviez jamais changé d’endroit. Bienvenue dans l’AirSpace.C’est la force mais également les limites de l’expérience utilisateur poussé par les acteurs du numérique : la capacité de nous faire voyager sans même remarquer qu’on a changé de ville ou de pays. La diffusion de cette même esthétique stérile participe à l'homogénéisation de nos villes et l'appauvrissement de leur singularité. Chaque ville devient interchangeable, dont il est impossible de distinguer dans l’expérience utilisateur.
Nous venons de le voir ensemble, les acteurs du numérique modèlent nos interactions en ligne, mais ils modèlent aussi la réalité, influençant nos villes, notre façon de nous comporter dans des espaces qui jusqu’ici n’avaient rien de digital.
Alors prenons un peu plus de recul sur la doctrine qu’il propose et regardons ce qui se passe autour des utilisateurs. Nous avons identifié 4 principaux impacts de l’expérience utilisateur sur nos villes.
Alors prenons un peu plus de recul sur la doctrine qu’il propose et regardons ce qui se passe autour des utilisateurs. Nous avons identifié 4 principaux impacts de l’expérience utilisateur sur nos villes.
Nous on pense que l’approche centrée utilisateur n’est pas durable pour concevoir des services urbains. A travers les différentes villes du monde, il y a énormément de levée de bouclier, et ça va de la régulation jusqu’aux mouvements citoyens
Il est clair que l’approche centrée utilisateur est vouée à l’échec. Ce témoignage illustre bien cela : un rechargeur de trottinette se fait réprimander par les pouvoirs publics, les usagers et les commerçants lorsqu’il gare les trottinettes. Alors que ce juicer, il fait son boulot, il suit ce que lui dit la machine, l’algorithme. Il ne prend plus en compte l’environnement autour de soit, l’impact que cela peut avoir, on suit mécaniquement la machine
On pense qu’il est temps de faire différemment, de continuer à créer de nouveaux services urbains, sans pour autant avoir un impact négatif pour la ville.
Pour ça, en tant que Designer, j'aime beaucoup m'inspirer de Paul Coze, qui était mon arrière-grand oncle. Il était à l’origine scout, mais il est devenu anthropologue : c’est l’étude des sociétés humaines, dans les années 20/30, il a découvert une série d’ouvrage sur l’extermination des peaux-rouges d’Amérique. Conscient de cela, il s’est rendu sur place avec pour mission de préserver la culture peaux-rouge.
Il a voyagé à travers les forêts d’Amérique du Nord pour chercher à rencontrer des populations indiennes encore isolées. Il a fait 3 voyages, passant de toujours plus de temps sur place, de quelques semaines à plusieurs mois. D’abord, il abordait une posture d’observateur : il restait en retrait, photographiait ou dessinait ce qu’il voyait. Mais à la fin, il était en complète immersion avec les populations : il a pu apprendre à fait des canoës, maîtriser les plantes médicinales
Paul Coze s’est complètement approprié les codes, et s’est engagé pour défendre la cause des peaux-rouges : il a organisé des expositions à Paris, a même été jury d’une compétition de danses indiennes...
...mais il a surtout réalisé une fresque monumentale à l’aéroport de Phoenix, en utilisant énormément de codes indiens. Il s’est servi de tout ce savoir pour promouvoir cette culture, la faire vivre. Il a laissé des traces, il en a laissé une oeuvre
En s’inspirant de l’approche de l’anthropologue, voilà ce qu’on fait en tant que designer
1/
Paul Coze a rencontré plusieurs populations indiennes, vivant à des endroits différents, pour multiplier les points de vues.
Il a vécu avec un maximum de différentes populations de peaux-rouges : de ceux assimilés à la société occidentale, à ceux vivant en recul.
2/ Entre chacun de ses voyages, Paul Coze a pris le recul pour savoir sur quelle population, quelle région géographique il voulait se concentrer pour approfondir ses recherches
En s’inspirant de l’approche de l’anthropologue, voilà ce qu’on fait en tant que designer
1/
Paul Coze a rencontré plusieurs populations indiennes, vivant à des endroits différents, pour multiplier les points de vues.
Il a vécu avec un maximum de différentes populations de peaux-rouges : de ceux assimilés à la société occidentale, à ceux vivant en recul.
2/ Entre chacun de ses voyages, Paul Coze a pris le recul pour savoir sur quelle population, quelle région géographique il voulait se concentrer pour approfondir ses recherches
En s’inspirant de l’approche de l’anthropologue, voilà ce qu’on fait en tant que designer
1/
Paul Coze a rencontré plusieurs populations indiennes, vivant à des endroits différents, pour multiplier les points de vues.
Il a vécu avec un maximum de différentes populations de peaux-rouges : de ceux assimilés à la société occidentale, à ceux vivant en recul.
2/ Entre chacun de ses voyages, Paul Coze a pris le recul pour savoir sur quelle population, quelle région géographique il voulait se concentrer pour approfondir ses recherches
Pour propulser dans l’esapce public
Maintenant que l’on connaît notre environnement, il est temps de se projeter dans le futur.
“Observer les temps c’est chercher à deviner l’avenir” disait Olivétan.
Ca illustre bien notre approche : sur la base de l’observation
Alejandro Aravena est un architecte chilien, il a eu en 2016 le prix Pritzker
Grâce à ce temps d’observation,
Un service vélo qui se rapproche plutôt de Vélib,
Maintenant que l’on connaît notre environnement, il est temps de se projeter dans le futur.
“Observer les temps c’est chercher à deviner l’avenir” disait Olivétan.
Ca illustre bien notre approche : sur la base de l’observation
Nous allons maintenant voir avec Agnes Kwek comment cette approche a permis d’inventer le Singapour que l’on connaît aujourd’hui
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