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Lire en Vendée

et
des amis
de l’Historial
de la Vendée

Échos Musées

Revue de la Société
des Écrivains
de Vendée

n° 27

L’expo
Clemenceau

décembre 2013 - mars 2014
LES ÉCRIVAINS
DE VENDÉE
LES AMIS DE L’HISTORIAL
DE LA VENDÉE

Claude Michelet (à gauche) épaté par la dynamique vendéenne
en littérature lors du salon de Grasla en juillet dernier. À ses
côtés, Yves Viollier, qui a reçu le prix Charette lors de cette manifestation. Derrière, Wilfried Montassier et François Bon.

La Vendée, terre littéraire
Certes, depuis quelques années,
le Printemps du livre de Montaigu
a donné l’élan à la littérature
au plus près de son public
Mais d’autres salons ont depuis fleuri sur notre
département, livrant par leur fréquentation un dynamisme d’exception au rapport écrivains-public. Et
cette année encore, le salon du livre de mer à Noirmoutier (juin) et le salon du livre de Grasla (juillet)
ont confirmé ce statut. Il fallait voir l’étonnement
de Claude Michelet, le fameux auteur de Des grives
aux loups, leader de l’École de Brive, invité d’honneur du salon en pleine forêt de Grasla :
Chez nous en Corrèze, ça fonctionne, mais chez
vous en Vendée, ça marche du tonnerre de Dieu !
La Vendée est une terre littéraire, avec un public
qui ne manque désormais pas d’occasions d’approcher des auteurs vedettes, mais aussi des auteurs et
des éditeurs qui habitent le terroir. Dans la forêt
des Brouzils, puisque nous l’évoquons, le public est
venu nombreux, malgré la canicule. On peut encore
mieux faire en termes de fréquentation, admet Wilfrid
Montassier, le président de cette jeune manifestation. Mais le Printemps de Montaigu ne s’est pas
fait en un jour ! Nous continuerons à oser un salon
du livre en territoire rural ».
Car en Vendée, les auteurs maisons ont et leurs
éditeurs et leur public, des lecteurs de proximité
goûtant aux descriptions de proximité. Ce, dans
tous les genres, du polar à la nouvelle. La qualité est
inégale, et les mieux vendus ne sont pas forcément
les meilleurs, vaste débat ! Quoi qu’il en soit, les
auteurs enracinés nous rapprochent concluait Claude
Michelet à Grasla.
					Ph. G.
2

Entre tradition et virtuel
Le papier est peu à peu avalé par le virtuel,
la Vendée résiste,
mais pour combien de temps encore ?...
Certes, le virtuel, qui se passe
d’intermédiaire, grignote de nombreux secteurs économiques et la
librairie, les journaux et le livre
n’échappent pas à cette redoutable
concurrence. Certes, nous sommes
nombreux à préférer le papier, mais
chez les jeunes nés après 1985, le
mouvement est inéluctable. Car
eux sont « nés dans l’ordi, lisent
dans l’ordi ! » Et ils dédaignent le
papier. Et rien de moins sûr qu’ils changent d’avis
en vieillissant, tant cette révolution apparaît inéluctable. Quoique... Le papier aura peut-être une seconde vie que nous ne soupçonnons pas aujourd’hui,
que nous ne verrons peut-être pas.
En attendant, c’est une réalité. Mais s’il est une
province où le papier résiste encore, c’est bien la
Vendée. Ce département est réfractaire de tradition.
Les salons du livre fleurissent (Montaigu, Noirmoutier et Grasla en pointe cette année), les écrivains
aussi, sans parler des éditeurs de notre terroir, de
plus en plus exigeants, audacieux même !
La Vendée a aussi ses leaders : Jean Yole et Louis
Chaigne avant-hier, Michel Ragon et Gilbert Prouteau hier, Yves Viollier aujourd’hui, Bordage aussi,
ce grand spécialiste de la science-fiction du genre
fantasy.
Question : quels seront nos leaders de demain ?
de jeunes talents apparaissent, mais pas encore de
chefs de file. Est-ce le Net qui nous les donnera?
Ou la tradition ?
			Philippe GILBERT
Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014
Prix des Écrivains de Vendée
Peuple afghan où es-tu?
Frédérique Jaumouillé
Les Chantuseries, 259 p., 20 €

Pourquoi les arbres se sont tus ?
Les maisons se sont figées ?
Pourquoi pendant des jours et des jours,
la vie s’est terrée ?
s’interroge l’auteur
dans quelques strophes poétiques,
un psaume plutôt,
écrites dans son abri précaire
L’interrogation, hélas
– l’histoire récente nous l’a appris – demeure
dans de trop nombreuses régions du monde

C’est le journal d’une femme médecin qui, en
1981, gagne clandestinement l’Afghanistan pour
une mission humanitaire. C’est le moment de l’invasion soviétique, celui de la résistance autour du
commandant Massoud assassiné le 9 septembre
2001, deux jours avant les attentats du 11 septembre
à New-York. Un journal écrit voici maintenant plus
de trente ans et bien plus qu’un journal. Un témoignage essentiel sans doute, mais aussi, et peut-être
surtout, un hymne à ce pays envahi et violenté, à la
poignante beauté de ses vallées et des montagnes de
l’Indu Kush, au courage, à la misère et au combat
des Afghanes et des Afghans. Car après l’Armée soviétique, il y eut les talibans...
Frédérique Jaumouillé a vécu cinq mois parmi
les moudjahidin de la légendaire vallée du Panshir.
Elle raconte l’attente au Pakistan avant de passer la
frontière, les journées de voyage à dos de cheval, les
mines meurtrières au bord du chemin, le rugissement des Mig et le bourdonnement des hélicoptères
soviétiques, les premiers blessés, les amputations,
les bombardements, la peur. L’enfer parfois, « une
atmosphère de fin du monde ». Ces jours et ses nuits
sont racontés simplement, d’une écriture dépouillée, sans effets, qui soulève pourtant à chaque page
l’émotion et la compassion.
Au-delà de la réalité permanente d’une guerre
atroce, Frédérique Jaumouillé s’est totalement immergée dans le quotidien des Afghans. Elle soigne,
mais aussi, elle veille, elle fait la cuisine, elle encourage et réconforte. Elle aime en un mot et ce qui
aurait pu n’être qu’un témoignage parmi d’autres
prend, à cause de son humanité, une tout autre dimension.
					Gilles Bély
Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014

3
Ils étaient dans la sélection...
L’impasse du Séjour
Gérard Glameau
Le Jarosset, 356 p., 15€

Une jolie écriture balancée et
poétique pour les tribulations de
François, un peu perdu, un rien
paumé même, à la recherche de
son identité. La renaissance passe
par l’impasse du Séjour où se forge une solidarité
Ludovic Clergeaud,
métayer (1890-1956)
Florence Regourd
Geste, 401 p., 25 €

C’est le portrait très fouillé d’un
personnage atypique, étonnant,
détonnant même dans la Vendée
du premier vingtième siècle, et oublié aujourd’hui, que dresse l’historienne Florence
Regourd, présidente du Centre de Documentation
sur l’Histoire du Mouvement Ouvrier et du Travail
(CDHMOT). Celui de Ludovic Clergeaud, métayer
autodidacte du Sud-Vendée et premier conseiller
général socialiste du département, en 1937. Petit
métayer de Marsais-Sainte-Radégonde, il était le
fils d’un métayer quasiment illettré. Né en 1890, il
s’engage très tôt dans le socialisme et la Libre pensée.
Reviens Muzungu
Hervé Perton
la Boucle, 17 €

La quarantaine a bel et bien été
un tournant décisif dans ma vie de
femme... un nouveau souffle , où
ma vie prenait enfin un véritable
sens... » dit Stéphy, jeune capitaine
de la Police. La voilà, en effet, sollicitée pour une mission au Rwanda. Elle s’envole
Ceux des Bords de l’Auzance
Henry-Pierre Troussicot
Hérault, 23 €

« Joue la vache » a été écrit en
février 1972. « L’Alambic des Ardillères » en septembre 2010. Les 14
nouvelles de ces « chroniques vendéennes » courent sur 40 années
d’écriture et elles sont du même
jus. Le regard d’Henry-Pierre Troussicot sur « le
temps perdu », celui de son enfance, n’a pas changé.
Ils est toujours aussi émerveillé, aussi habité. C’est
4

joyeuse au gré des rencontres ; l’amour s’en mêle, de
quoi sortir le naufragé de l’eau...
C’est sans compter sur le destin malin qui complique toujours tout...
Une recherche aussi pour l’auteur qui se lance ici
dans un premier roman qui ne manque pas d’imagination et promène son petit monde de la façon la
plus inattendue.
Gérard nous confie enfin qu’il « aimerait un jardin où il pourrait faire pousser des mots ».
					E. T.
Pacifiste et franc-maçon, il participe à la naissance du PC vendéen, avant de revenir à la vieille
maison, la SFIO dont il sera longtemps secrétaire de
la Fédération de Vendée. Dans une Vendée conservatrice et très à droite, il participe avec une constance
exemplaire à des joutes électorales difficiles. Il tentera aussi d’organiser, sans grande chance de succès,
un syndicalisme paysan de gauche. Après la guerre
de 1939-1945, il ne se retrouvera pas dans la mise
en place du syndicalisme agricole unitaire autour de
la FDSEA. Son action sera dès lors davantage politique: reconnu localement pour son engagement
social, il est réélu, dès le premier tour, conseiller
général de L’Hermenault. Anticlérical sans être antireligieux, Ludovic Clergeaud aura été jusqu’au bout
fidèle à son idéal. Il meurt le 18 septembre 1956, à
Marsais.
					G. B.
pour Kigali. Et c’est à l’occasion d’une banale excursion en direction du lac Kivu à bord d’un quatre
quatre que son destin va basculer. Un accident. Elle
heurte une moto. Et le Rwanda va l’empoigner, la
retenir. Elle va décider d’y construire sa vie. « Reviens Muzungu ! » c’est un cri d’amour pour ce pays.
Et Hervé Perton a choisi d’écrire ce roman bien fait
pour nous faire découvrir ce pays qu’il aime, une
autre vie, loin de la société de consommation, le
goût des autres, l’hospitalité africaine.
	
					Y. V.
tout un monde haut en couleurs qui renaît sous sa
plume. On devine le gamin du pays des Achards,
témoin de la comédie des adultes et ouvrant grand
ses yeux et ses oreilles. Il ressuscite les battages, les
veillées, les parties de cartes, avec leurs mots drus,
leur patois, leurs réparties savoureuses, leurs rires,
leurs colères. C’est joyeux. Ça boit. Ça mange. Ça
chante. Ça jure. Ça meurt. Ça vous a un goût de
« fête », comme l’écrit Gilles Bély. C’est la vie qui
passe, comme le Tour de France aux Moulières. Il
est passé ? Non, Henry-Pierre Troussicot en a gardé
la trace au fond du cœur et il le réinvente pour nous.
					Y. V.
Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014
Roland Mornet est de La
Chaume. Le port qui réunit les
deux agglomérations est un élément important de sa vie, de sa culture, il lui doit
une grande partie de son parcours professionnel.
La pêche était le poumon économique de ce
havre qui a énormément évolué en un siècle.
Dans cette année du centenaire du Prix Goncourt 1913 de Marc Elder, l’auteur nous livre une
autre tranche de vie du peuple de la mer : les cent
ans du port des Sables-d’Olonne.

Le peuple de la mer, La Bourrine
Marc Elder
Editions du régionalisme, 230 p., 22,95 €, nombreuses illustrations ; 164 p., 14,95 €

Les Gueux :
Lire en Vendée
a pour mission de faire connaître
les œuvres littéraires vendéennes.

Ces rééditions sont bienvenues, à un moment où
le Goncourt que reçut l’écrivain d’origine nantaise
date de cent ans ! Ce prix reçu pour Le peuple de la
mer fut décrié car Marcel Tendron, alias Marc Elder,
le reçut au détriment d’Alain Fournier et Marcel
Proust, s’il vous plaît ! Composé de trois nouvelles
se déroulant sur Noirmoutier et l’îlot du Pilier, Le
peuple de la mer a gardé de la verdeur, notamment
avec le personnage de la Gaude, la belle sablaise,
cette « splendide femelle qui matait les hommes, qui
matait la vie, redoutable comme une force inconsciente de la nature ».
Pourtant, le chef d’œuvre est La Bourrine, qui
fut publiée en 1932, peu avant la mort de Marc
Elder (1884-1933). Il y romance la vie du peintre
Milcendeau en évoquant le logis humble et noble
des Maraîchins. Cette réédition arrive vraiment à
point pour réhabiliter un grand auteur.
Ph.G.

et
des amis
de l’Historial
de la Vendée

LES ÉCRIVAINS
DE VENDÉE
LES AMIS

Notre Jury, avec
Pierre Lataste
Claude Béziau
Jacques Bernard
Jean de Raigniac
Eveline Thomer
Yves Viollier
Gilles Bély
Michel Dillange, président d’Honneur, malheureusement absent

DE L’HISTORIAL

Merci de communiquer vos ouvrages à :
Société des écrivains de Vendée, Bibliothèque pour tous
85280 La Ferrière

Revue de la Société
des Écrivains
de Vendée

DE LA VENDÉE

Lire en Vendée est une publication
de la Société des Écrivains de Vendée
Mise en pages : J. R.
Impression : Imprimerie Offset 5 Édition, La Mothe-Achard
Ce numéro est tiré à 6 000 exemplaires.
Site Internet : www.ecrivains-vendee.fr

À la rédaction, s’investissent également beaucoup,
Alain Perrocheau
Philippe Gilbert
Lydie Gaborit
René Moniot-Beaumont
Christophe Vital
Anne Cousseau
Serge Perrotin
Frédérique Maury Raulo, Régine Albert, Anne Clusel, Catherine
Blanloeil, Michel Chamard, André Hubert Hérault, Claude
Mercier, Laurence et Jean-Claude Vacher, Thérèse Davesne et
d’autres encore, à l’occasion...

2013110444

Geste, 414 p., 23 €

Lire en Vendée

Lire en Vendée – Échos Musées n° 27

Roland Mornet

Les familles de La Chaume et des Sables vont y
retrouver leurs ancêtres, les curieux évolueront dans
un monde qu’ils découvriront au fil des nombreuses
pages de ce livre et des promenades le long des quais,
des jetées et sur les grèves pour ne pas dire les plages.
Un journaliste a dénommé l’auteur de «navigateur
en archives» oui ! mais je suis persuadé que le marinhistorien partage en les écrivant toutes ces histoires
avec son âme d’homme du large.
Le capitaine Mornet s’est limité dans le temps,
mais je le soupçonne d’avoir dans son grand coffre
à souvenirs de marin bien plus qu’il nous a proposé.
Soyez-en certain, qu’à quelques années près,
Roland Mornet a aussi vécu des histoires maritimes
pas ordinaires et qu’un jour elles apparaîtront dans
le sillage de son écriture.
RMB

n° 27

Échos Musées

du port des Sables-d’Olonne,
XIXe – XXe

Imprimerie Offset Cinq Édition • 02 51 94 79 14

100 ans d’histoire

décembre 2013 - mars 2014

La revue des Gueux

L’expo
Clemenceau

décembre 2013 - mars 2014

Sommaire
6	
11	
13	
15	
19	
23	
29	

Hommage à Guy Perraudeau
Yves, Viollier, Prix Charette
Un libraire, André Duret
L’abbé Louis Delhommeau
Basile Clénet
La Vendée au cinéma
Léon Pervinquière

33	 Clemenceau à l’Historial
41	 Activités et expositions du Musée
47 Les frères Martel
53	 Nos sélections
76	 Le coin du Centre Vendéen
de Recherches Historiques
80	 Les Écrivains de la mer

Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014

5
Les sorties d’Éveline, Lydie et les autres

Ce 21 septembre 2013, huitième Rentrée littéraire d’automne
organisée par l’Arée en partenariat avec la Ville de Saint-GillesCroix-de-Vie offrait un bel éventail d’itinéraires variés, avec
les quinze auteurs accueillis dans les salles Marcel Baudouin
dont les tableaux étaient dûs à Paul Gandrieu. Les voies de la
création passent par la mémoire et l’histoire, l’imagination et la
fiction, la musique et la peinture, les arts et les sciences.

1er mai très frais à Jard sur Mer. Les écrivains ont délaissé la
belle promenade face mer et se sont retrouvés dans la salle
des fêtes et surpris les lecteurs nombreux sont venus à leur
rencontre. Belle journée, bien organisée par la mairie, Nadège
et les bénévoles.
Un salon qui fidélise écrivains de plus en plus nombreux,
environ 70 pour cette édition 2013, et un public ravi de
retrouver leurs auteurs régionaux. La journée a été rythmée
non pas par le ressac des vagues comme les années précédentes,
mais par des vagues incessantes de lecteurs enthousiastes et
chaleureux. Très original le livre chevalet qui tient debout sur
le plan de travail !
L’Épine, le 12 septembre 2013, notre 1er Week-End Littér’HER
Jeunesse s’est très bien déroulé. Malgré la canicule, nous avons
reçu 1172 visiteurs.
Notre second Week-end aura lieu les 12 et 13 juillet 2014 à
l’espace Hubert Poignant à Noirmoutier en l’île avec nocturne
le samedi soir jusqu’à 21 heures.	

Un monde fou ce samedi 6 juillet pour cette 5 e édition des
Plumes Vendéennes, malgré une chaleur torride.
organisée par Corinne, Thierry, Élisabeth et Christine à
la maison de la presse des Sables d’Olonne. Un vif succès,
toujours, malgré la crise du livre qui oblige les libraires à baisser
rideau les uns après les autres.
Conférences, animations, dédicaces, un rendez-vous très prisé
des vacanciers et des Sablais, très justement entre la gare et la
plage.

Belle rencontre entre artistes à la Foire du Port. Le clown et
les journalistes ont élu ce stand, le stand coup de cœur... Les
2, 3, 4 juin aux Sables d’Olonne.
Monette Marchais, sculptrice, exposait ses Sablaises en
coiffes et sabots, dont certaines sont au Musée Sainte-Croix
et d’autres à la mairie des Sables. Serge Thomer ses livres sur
bois. Eveline Thomer présentait ses ouvrages dont le dernier
Un amour marin.

6

14 auteurs au Chantuseries le 31 août 2013, 5 invités et une
foule de visiteurs pour ce deuxième Salon du Livre du Poiré.
Une foule d’heureux aussi pour un éditeur qui cumules prix !

Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014
Hommage à Guy Perraudeau

Il avait encore des projets plein la tête;
il était attentif à tout ce qui se passait
autour du livre en Vendée,
une figure incontournable de la culture

La perte d’une amitié est toujours ressentie douloureusement. C’est la fin d’un partage, d’une communauté d’idées, de projets aussi.
Il a exercé une carrière de professeur à Bordeaux.
Par vocation sans doute, car, plus qu’un autre, c’était
un dispensateur de savoir, cherchant à étendre ses
connaissances pour mieux les apporter aux autres.
Toutefois, l’enseignement ne lui suffisait pas et le
journalisme lui a permis d’élargir ses fréquentations
et de prendre contact avec l’actualité littéraire. C’est
ainsi qu’il a été chroniqueur dans différentes publications, animateur d’émissions, membre de jury,
présentateur d’auteurs lors de conférences ou de signatures, etc.
Tout cela s’est fait au détriment de l’oeuvre littéraire que son talent aurait dû réaliser. Il a cependant
écrit des monographies sur le Bordelais comme en
Vendée et de nombreux articles dans diverses revues.
Sa curiosité s’exerçait dans tous les domaines.
Ainsi, nous avions évoqué les problèmes que posaient les parties anciennes de l’église de Beaulieu
sous la Roche, village où il avait ses racines et auquel il a consacré plusieurs études. Enfin son esprit
éclectique se donnait libre cours dans la rédaction de
l’Almanach de la Vendée dont il était le plus prolixe
des rédacteurs.
Ses élèves et ses amis savent combien la Vendée a
perdu avec la disparition de cet homme chaleureux,
ouvert et trop discret.
La Société des Écrivains de Vendée est en deuil.
				Michel Dillange

Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014

Guy Perraudeau s’en est allé, avec sa discrétion habituelle, au cœur de l’été. Il avait encore
des projets plein la tête. Je l’avais eu au téléphone
quelques jours avant. Il allait revenir avec Rolande
en août dans sa maison de Beaulieu-sous-la-Roche.
Nous devions nous voir. Les Écrivains de Vendée
ont perdu un ami. Guy était des nôtres depuis le
début. Il nous donnait régulièrement un article sur
les grandes figures de la culture vendéenne. De Bordeaux où il était installé avec sa famille, il était attentif à tout ce qui se passait autour du livre en Vendée.
Dans sa ville, il était une figure incontournable de
la culture. Il a reçu pour des entretiens tous les écrivains qui passaient par la grande librairie Mollat. Il
nous rejoignait à nos rassemblements pendant l’été.
Je l’ai retrouvé souvent dans son lycée Saint-Genès
où il avait été professeur et où il continuait d’être un
animateur d’idées. Nous accompagnions l’écriture
des élèves de Seconde et de Première. Les recueils de
nouvelles publiés à cette occasion étaient accompagnés de cette phrase de Nathalie Rheims qu’il aimait
répéter aux jeunes : « L’écriture m’a fait naître au
monde autrement, éclairant ma vie de cette lumière
dont je renais. »
Il avait succédé à Louis Chaigne à la rubrique
Livres du Courrier Français et de L’Echo de l’Ouest.
Il en a tenu la chronique jusqu’à cet été. Michel, son
fils, écrivain lui aussi, a bien voulu rédiger un billet
pour nous sur son père. C’est sans doute le plus bel
hommage que nous pouvions rendre à Guy, notre
ami. Mon ami.
				Yves Viollier

7
Hommage à Guy Perraudeau
Écrire sur l’un ou l’autre de ses parents qui vient
de nous quitter est probablement l’exercice le plus
délicat. Néanmoins, je veux bien rédiger quelques
phrases sur mon père, Guy Perraudeau.

Cette association permit surtout de faire la rencontre d’une toute jeune famille vendéenne venue
s’installer à Bordeaux et avec qui nous sympathisâmes : la famille Gautier.

L’aventure bordelaise
Les amitiés
Je ne dirai rien de l’homme que nous connûmes
à la maison, du père qu’il fut. C’est notre jardin extraordinaire, que nous tenons à conserver secret, ma
mère, mes sœurs et moi.
Tout d’abord, Guy le Vendéen naquit à Bordeaux
en 1925 : mon grand-père était militaire. Deux de
ses tantes habitaient la cité girondine, aussi, le jeune
instituteur d’Avrillé – commune où il rencontra ma
mère – n’hésita pas à « descendre » vers la Garonne
quand elles l’informèrent qu’un poste se libérait en
1948, à Saint-Genès. Il fera toute sa carrière comme
professeur, dans l’établissement des frères des écoles
chrétiennes.
L’aventure bordelaise ne lui fit jamais oublier
que les racines de la famille Perraudeau, aussi loin
que les archives départementales remontent – c’està-dire, en ce qui nous concerne, au XIVe siècle – sont
à Fontenay et sa proximité (Pissotte, Longèves). En
outre, ses parents vivaient leur retraite à Challans où
nous allions durant les vacances.
Cette tension entre Gironde et Vendée le travaillait. Je me souviens d’une conversation que nous
eûmes, il y a deux ans, lors de laquelle il me disait
avoir la sensation de se sentir parfois étranger du lieu
où il se trouvait : Vendéen à Bordeaux et Bordelais
en Vendée. Je lui faisais part du même sentiment :
lorsqu’autrefois mes camarades de classe parlaient de
vacances à St Jean, il s’agissait pour eux de St Jean de
Luz quand je pensais à St Jean de Monts !
Les Vendéens de Bordeaux
Quand on vit excentré des siens, se retrouver
entre gens d’un même terroir est une manière de se
sentir moins seul. Les membres de l’association des
Vendéens de Bordeaux se retrouvaient à intervalles
très irréguliers dans la salle du premier étage d’un
café du centre de Bordeaux. Naturellement, cette
association vivait bon an mal an, avec un président
sympathique certes mais plus intéressé par le titre
que par la fonction. Guy, éternel vice-président –
car il ne voulut jamais se présenter contre le titulaire
– en était la cheville ouvrière, l’âme organisatrice.
Les soirées récréatives, les sorties touristiques, nous
étions de toutes les manifestations.
8

Guy aimait découvrir les gens. L’amitié qu’il
portait pouvait être mêlées d’admiration, de connivence ou de complicité, c’est selon, mais toujours
de fidélité.
Michel Gautier, rencontré dans les années 60
aux Vendéens de Bordeaux, fut de ceux-là. Nous
nous voyions souvent, le dimanche après-midi.
Nous jouions à la luette et parlions parlanjhe, avec
cette curieuse impression d’être une poignée de résistants poitevins dans l’immensité de l’agglomération bordelaise. Michel terminait sa thèse sur Bereau
et publiait ses premiers poèmes en parler bas-poitevin. Quelques années plus tard, la famille Gautier
regagna la Vendée. Les liens d’amitié demeurèrent
aussi forts.
Yves Viollier fut également un ami d’une
constante fidélité. Guy et lui se rencontrèrent
lorsque Yves publia ses premiers romans au Cercle
d’Or. L’un et l’autre étaient dans une même communauté de pensée, fondée sur des valeurs partagées de croyance, de tolérance, de culture et d’humanisme. Lorsque mon père lança, dans les années
2000, le projet « Lisez Genès », pour faire lire et
écrire les lycéens de Saint-Genès, il fit appel à Yves.
Le romancier devint le parrain de cette opération
littéraire, reconduite avec bonheur chaque année.
La place manque mais il faudrait parler d’autres
amis : Jean Huguet, qui lança courageusement le
Cercle d’Or (et fut, également, mon premier éditeur) ; Michel Dillange que j’ai parfois rencontré
à Beaulieu dans la grande salle à manger ; Michel
Ragon, ami de jeunesse de Fontenay ; Gabriel Delaunay, père de la ministre Michelle Delaunay, Vendéen qui exerça la fonction de préfet à Bordeaux ;
le linguiste Pierre Barkan ; le journaliste Valentin
Roussière, tant d’autres.
L’écriture et l’animation
L’écriture était sa passion. Il fut dans les années 50, correspondant de Ouest-France, à Challans, durant les deux mois d’été. Dans les années
60 commença sa collaboration au Courrier-français
qui ne cessa jamais. Dans les années 80, il anima
Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014
Hommage à Maurice Hellio

Maurice Hellio a eu le temps d’écrire
sa sale guerre

Guy Perreaudeau avec Gabriel Delaunay, Préfet d’Aquitaine

moult débats à la FNAC de Bordeaux et à la librairie Mollat. Il devint également chroniqueur dans
plusieurs stations de radios bordelaises, dont RCF,
la radio catholique. La Vendée n’était pas en reste
puisqu’il écrivit pour Di ME Z-OU, revue du pays
des Achards, Bello Loco, celle de Beaulieu, et donna
des articles pour Olona, la SEV, etc.
Ajoutons à cela qu’il rédigea des monographies
sur des cités de la région bordelaise, Arcachon, SaintÉmilion, et vendéennes, Avrillé, Challans, Beaulieu
sous la Roche.
Guy Perraudeau mena une vie heureuse et richement remplie. Le professeur de mathématiques,
devenu Bordelais par les hasards de la vie professionnelle, demeura obstinément Vendéen par les liens de
la famille et de l’amitié.

			

Michel Perraudeau

Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014

Maurice Hellio nous a quittés au mois d’octobre
2013. Il était encore présent au Printemps du livre
de Montaigu et au salon de Saint-Gervais pour le
dédicacer. Maurice Hellio avait publié Mektoub,
c’était écrit (Editions Amalthée) l’année dernière.
« C’est probablement le seul livre que j’écrirais »,
avait alors précisé Maurice, très lucide. « Mais je suis
soulagé de l’avoir fait. »
Ce natif de Noirmoutier était depuis longtemps
installé à Challans, il eut même son entreprise de
transports face à la gare. Son seul et unique livre
évoque la Guerre d’Algérie qu’il a faite comme chef
de harka et y connut plus souvent qu’à son tour le
coup de feu contre les Fellaghas. Dans cet unique
livre il racontait sa « sale » guerre, la politique qui
met fin au conflit en 1962, « tous mes soldats harkis qui vont alors être tués, assassinés ». Parmi eux,
son meilleur ami, qui s’était battu pour la France en
1940, tué et dépecé, les morceaux de son corps jetés
dans la Méditerranée. « J’ai longtemps refoulé mes
souvenirs. Ce livre je le dédie à tous mes gars harkis.
Je sais maintenant que je peux partir en paix au paradis d’Allah. »
Ce livre, fort bien écrit, était aussi minutieusement documenté, le coup de plume maîtrisé sans
que la passion qui l’étreignait ne soit éteinte. Il
prônait sa nostalgie de la république algéro-française
chère à Albert Camus et n’aurait pas fait plaisir au
Général De Gaulle.
Maurice Hellio est parti au paradis l’esprit tranquille, à l’âge de 75 ans. Ses cendres ont été déposées
dans une urne au cimetière Saint-Michel de Noirmoutier.
					Ph.G.
9
Yves Viollier
Même les pierres ont résisté
le Prix Charette,
dont l’histoire
est encore courte,
décerné chaque année
par le Refuge du Livre de Grasla,
n’avait jamais encore souligné à ce point
la parfaite concordance
entre ses exigences,
entre le lieu, le temps et l’action

L’essence même de la
tragédie classique.
À l’unanimité, les
membres du jury, réunis
sous la présidence de Michel Chamard, ont couronné le roman d’Yves Viollier,
Même les pierres ont résisté,
paru chez Robert Laffont.
Sous les ombrages de la
forêt de Grasla, parmi ces
ombres qui l’habitent toujours, ce roman se souvient
de ce qui a été longtemps
oublié. Ce qui fut perfidement occulté par l’histoire
officielle pendant un siècle et demi, parce que cela
salissait l’image intouchable de la Révolution. Enseveli aussi dans la mémoire des Vendéens de 1794 qui
avaient été martyrisés par les colonnes infernales de
Turreau, qui n’ont pas pu en parler et qui, pourtant,
ont pardonné à leurs bourreaux. Avant de trouver
dans l’épreuve, le sursaut spirituel, incarné plus tard
dans le dynamisme et la foi dans l’avenir d’un pays
meurtri que l’espoir n’a jamais abandonné.
L’histoire de la forêt de Grasla est connue. Deux
mille personnes vont s’y réfugier pour échapper au
massacre programmé, un massacre sans responsables
identifiés, comme l’a montré Alain Gérard. Yves
Viollier s’est à nouveau immergé dans cette période
tragique de notre Vendée. Souvent, il est venu, seul,
méditer sous les chênes, au bord des trous d’eau,
dans les chemins creux, pour s’imprégner de ce que
vécurent ici les Vendéens aux abois. Les combattants, les vieillards, les femmes, les enfants.
10

La vengeance est absente de ce roman, comme
elle l’était sans doute chez ces réfugiés misérables qui
survivaient malgré tout, malgré le danger, le froid,
la mort qui rôdait autour d’eux. Ceux-là, quelquesuns du moins, ont survécu. Ils ont choisi, au nom
de leur foi, de pardonner et de reconstruire ce qui
avait été brûlé, écrasé, anéanti. Ce sont ces visages-là
qu’Yves Viollier a mis au centre de son roman. Et
d’abord celui de Marie-Pierre, cette jeune femme,
qui illumine le village enfoui, parce qu’elle est partout, auprès des futures mères, des nouveau-nés,
des blessés, de ceux qui vont mourir. Le miracle de
Grasla, c’est avant tout celui de l’amour qui dépasse
les frontières les plus infranchissables et les plus sanglantes et qui abolit le désespoir. Et c’est sans doute
le message que la Vendée peut aujourd’hui encore,
avec ce roman, adresser au monde.
					G. B.

L’œuvre de Viollier
objet d’une thèse
par Inka Wissner,
agrégée à Bonn,
elle a décortiqué l’œuvre de l’écrivain de
Château-Fromage,
à la recherche des diatopismes.
Surprenante analyse

Étonnant qu’une Allemande se soit intéressée à
l’écrivain Yves Viollier. Étonnant mais révélateur de
la dimension de « notre » romancier vendéen.
Agrégée de littérature à Bonn, Docteur en philologie romane et langue française, Inka Wissner est intervenue durant le dernier Printemps montacutain,
lors des nombreux colloques organisés en parallèle
du salon. L’œuvre du Vendéen de Château-Fromage
lui a servi de thèse pour une approche double, littéraire et linguistique. Une thèse érudite sur laquelle
le Numéro 20 de Recherches Vendéennes a eu la
bonne idée de revenir. Et largement.
Dans sa thèse, l’agrégée allemande s’est surtout
intéressée aux diatopismes de l’œuvre de Viollier,
c’est-à-dire les régionalismes et les particularismes
vendéens, pourquoi il y recourt… Si elle a rencontré
l’auteur à de nombreuses reprises, elle a aussi entrepris une étude littéraire approfondie de toute son
œuvre, du premier au dernier livre.
Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014
Yves Viollier, Prix Charette au Refuge de Grasla

Inka Wissner et Michel Chamard, lors du colloque

Lancé par Huguet sur Paris
Inka Wissner rappelle que le Chaumois Jean
Huguet (1920-2005), qui gérait les Éditions du
Cercle d’Or, l’envoya chez un plus grand éditeur,
notamment chez Delarge puis chez Flammarion.
Nous sommes entre 1979 et 1986, de Retour
à Malvoisine au Grand cortège, quand il recourt à
une toile de fond « réaliste et spécifique à la région,
la Vendée catholique, conservatrice, rurale et agricole ».
Mais elle insiste sur la « manifestation de l’identité vendéennne », remarque que le langage diatonique vendéen est très discret. Tandis que chez Laffont où il rentre en 1988, sous l’aile du directeur
littéraire Jacques Peuchmaurd, et avec le label École
de Brive, l’orientation est modérément régionaliste,
Vendée mais aussi Charente (Les pêches de vigne,
1994), parfois policier, parfois aux Caraïbes ou en
Europe centrale comme sa fameuse saga de Jeanne la
Polonaise (1988-1990).
En 2002, toujours chez Laffont, les intentions
deviennent grand public, abordent largement le
thème du catholicisme, pour partir jusqu’en Irlande
(La chanson de Molly Malone, 2006) et en Union
Soviétique (La Flèche rouge, 2005). Tandis que son
large public, qui tournait d’abord à la cinquantaine,
s’est rajeuni à la trentaine au milieu des années
1990. Et Yves Viollier insiste auprès d’Inka Wissner,
sa motivation première est « l’amour avec un grand
A ». Et il se veut « un écrivain du réel ». Et son positionnement littéraire est donc : le réalisme.

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Réaliste mais accessible
L’accessibilité stylistique est une vertu première
chez l’emblématique auteur vendéen, une écriture
« imagée, chaleureuse, bouleversante… ». Oui, mais
alors, les fameux diatopismes (régionalismes) qui
font la thèse de cette prof allemande ?
Selon la thèse, « ils ne représentent pas seulement un style ou une image ». Alors que Viollier
repousse l’idée de la « reproduction linguistique »,
même si le Français de sa région a sa grande importance, le patois (qu’il maîtrise passivement) pouvant
refléter l’âme du pays par sa richesse. Donc, dans
l’utilisation, Viollier mime et transcende. Mais au final, les diatopismes ne sont pas un enjeu pour lui. Il
en a évité l’usage extensif dans ses derniers romans.
Nous l’avons dit, cette thèse est érudite. Mais
le large article que propose le Numéro 20 de Recherches Vendéennes est aussi une manière de
mieux rentrer encore dans l’œuvre du « patron vendéen » de la littérature d’aujourd’hui. D’autant que
la maquette de mise en page de la revue annuelle du
centre vendéen de recherches historiques (CVRH)
et de la société d’émulation de la Vendée est nouvelle
(Michel Chamard présente cette nouvelle formule).
Yves Viollier est sur la couverture, ainsi qu’une
illustration B.D. de la Marquise de La Rochejaquelein, signée Fanny Lesaint, bédéiste, qui explique sa
démarche dans ce numéro. Le lourd tribut de Fontenay à la Guerre de Vendée, l’amazone de Charette
Mme de Bulkeley, sans oublier un Noël à Saint-Gervais en 1582 et quelques épisodes de la Seconde
Guerre mondiale à l’île d’Yeu, sont également au
sommaire de cet ouvrage tout à fait recommandable.
Indispensable même (voir le coin du CVRH en
fin de ce numéro).
					Ph.G.

11
Librairie 85000,
à La Roche-sur-Yon,
le temple de la BD
Nous ne sommes pas généralistes,
et c’est notre force, assure André Duret,
le pilote de ce temple de la bande dessinée

Des BD, des
mangas, des comics,
de la littérature jeunesse. Une pincée
de régionalisme, de
la carterie, un rayon
« Bien – être », la librairie 85000 de La
Roche-sur-Yon se distingue aisément dans
le paysage vendéen. »
Les étudiants qui
ont travaillé sous la
conduite
d’André
Duret, professeur d’histoire et géographie à Luçon,
docteur en histoire, maître de conférences à l’Ices
et à Rennes, spécialiste de l’histoire moderne (17e –
18e siècles) ne l’imaginaient probablement pas en
vendeur de BD. Pas plus sans doute que ses amis
de la très sérieuse revue Au fil du Lay qu’il anime
depuis plus de trente ans, en compagnie maintenant du géographe Jean-Pierre Chaillou. Comment
le professeur est-il un jour devenu libraire ? « Les
méandres de la vie », explique celui qui a voulu se remettre en cause et relever un autre challenge. Et qui
avoue volontiers que la littérature jeunesse « n’était

12

pas son fort ». La BD ? Il l’a apprivoisée à partir de
son versant historique et des pop-up qu’il considère
comme des oeuvres d’art..

Très en vue sur le parvis des Halles depuis 2006,
la librairie 85000 a changé de place quatre fois en
trente-cinq ans, sans beaucoup quitter son ancrage
initial. André Duret reprend l’activité en 2010, sans
bouleverser son orientation mais en la réaménageant
de fond en comble. Les différents secteurs, animés
par l’un des trois salariés, Aude, Pierrick et Yasmina,
sont clairement balisés: le capitaine Haddock rayon
BD, la cabane enchantée côté jeunesse. Les habitués
vont droit au but, les nouveaux clients savent tout
de suite où aller...
La spécialisation de la librairie la conduit nécessairement à cibler ses publics. Les lecteurs individuels bien sûr, mais aussi les bibliothèques, municipales ou indépendantes, les médiathèques du
pays yonnais et de quasiment toute la Vendée, de
Pouzauges à Challans,
en passant par Luçon,
Le Poiré-sur-Vie ou
La Mothe-Achard. De
même que les écoles,
les collèges et les lycées.
Une fois par semaine,
la librairie propose des
rencontres à thèmes
pour les médiathèques
qui peuvent ainsi découvrir les nouveautés
du moment.

Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014
J’ai poussé la porte de la librairie

Le secteur régionalisme est aussi mis en évidence : « nous nous appuyons sur des productions de
qualité, comme les éditions de Geste et du CVRH »,
précise André Duret.
Naturellement, on
pose la question du
pari : est-ce bien raisonnable de se lancer
dans l’aventure du commerce, quand les librairies souffrent dans tous
les domaines, sous la
pression de la vente par
internet et du livre numérique? André Duret
apporte une réponse
concrète: l’Association
des libraires indépendants des Pays de la
Loire. « Elle réunit 50
des 90 librairies indépendantes de la région. C’est
vital pour la Vendée où nous sommes aujourd’hui
moins de dix indépendants ». Cette association
répond aux questions techniques de ses adhérents,
tout en étant l’interlocuteur de la profession auprès
du conseil régional et de la DRAC.
Les librairies continueront d’exister. Il n’y a pas
de raison d’opposer le papier à l’écran, c’est complémentaire, affirme le patron de 85000. Elles seront

Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014

demain ce que les
lecteurs voudront
qu’elles soient. Ils
y trouveront les
conseils de spécialistes pointus. On
ne peut pas être
polyvalent et performant en tous
domaines.
Ici,
nous avons choisi
de proposer un
choix important
à nos lecteurs,
même si le stock
coûte cher. Dans
le domaine de la
BD, il est essentiel de répondre
tout de suite à la
demande des passionnés, de mettre entre leurs mains la collection
complète des albums qu’ils veulent acquérir.»
Dans le Saint des Saints de 85000, le bureau
discret où il travaille, André Duret, né natif des Pineaux-Saint-Ouen, revient à sa chère revue qui s’intéresse en ce moment aux réfugiés des Ardennes en
pays Mareuillais. Nous en reparlerons ici une autre
fois...
					G. B.
13
Successeur de l’abbé Delhommeau en tant qu’archiviste du Diocèse, le Père Henri Baudry, avec le recueil des Lettres d’émigration
de Mgr de Mercy.

À l’ Hôtel de Ville de Luçon, le 28 février 1997, la remise de la
rosette d’Officier des Arts et Lettres. Autour de l’abbé Delhommeau, Michel Crucis, Président du Conseil général, Daniel Tran,
Proviseur du lycée Atlantique, Mgr Charles Paty,, évêque de Luçon. Philippe de Villiers, Secrétaire d’État auprès du Ministre de
la Culture et de la Communication

14

L’abbé Delhommeau dans la bibliothèque de l’Évêché: une réorganisation rigoureuse et toujours précieuse.

L’abbé Delhommeau, en compagnie de Mgr Paty,

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Abbé Delhommeau

Au Vatican, avec le Pape Jean-Paul II.

L’abbé Louis Delhommeau
L’œuvre titanesque
d’un archiviste diocésain
L’abbé Louis Delhommeau (1913 - 2002)
a réalisé, pour l’Histoire de la Vendée,
une œuvre colossale :

Les archives de toutes les paroisses et de l’évêché,
les fichiers du clergé, des églises et des chapelles, l’organisation de la bibliothèque diocésaine, la publication du catéchisme de Richelieu, celles des lettres
d’émigration de Mgr de Mercy...
L’abbé Henri Baudry, son successeur d’aujourd’hui, et Julien Boureau, Conservateur des
Antiquités et Objets d’Art de la Vendée, l’un de ses
« fils spirituels », évoquent pour Lire en Vendée sa
personne et ses travaux.

Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014

Louis Delhommeau est né à Cugand, dans une
famille d’ouvriers papetiers, le 2 juillet 1913. Ordonné prêtre en 1937, il sera d’abord vicaire à Coëx
et Fontenay-le-Comte, curé de La Caillère, puis de
Mouilleron-le-Captif. Son ministère bifurque en
1952, lorsqu’il obtient de son évêque, Mgr Cazaux,
un congé pour se consacrer à l’orgue et à la musique religieuse, sa première passion. En 1956, il
entreprend la recherche de documents concernant
l’histoire du diocèse de Luçon. Il commence par les
abbayes : Lieu-Dieu-en-Jard, la Grainetière, SaintPierre de Maillezais. Nommé archiviste-adjoint en
1961, il succèdera au père Deriez, en 1970, en tant
que titulaire. Entre temps, en 1963, il est nommé
Conservateur des Antiquités et Objets d’Art de la
Vendée.
Les paroisses et le diocèse

Le Père Henri Baudry n’a pas, à vrai dire, longtemps cohabité avec l’abbé Delhommeau qui l’avait
fait venir. Il dissèque avec précision son œuvre. Et
d’abord les archives paroissiales. Pendant vingt ans,

15
il a sillonné les
305 paroisses
de
Vendée,
recueilli, classé,
inventorié. Ce fichier
occupe 1,50 m
d’étagère aux
Archives diocésaines. Un outil
très précieux
qui permet de
retrouver
les
traces de prêtres
vendéens partis
au Canada ou
d’expliquer ce
que doit à l’Algérie l’une des
cloches de l’église Sainte-Bernadette de La Rochesur-Yon... L’abbé Delhommeau n’a pas souhaité
rassembler en seul lieu les archives locales qui sont
restées dans les paroisses. « D’abord, il aurait fallu
installer 800 mètres de rayonnages à Luçon... au
risque de les voir toutes disparaître en fumée. Alors
qu’il y a peu de chances que le feu se déclare dans
300 presbytères à la fois... »
L’abbé Delhommeau a bien sûr classé systématiquement les archives de l’évêché, appauvries cependant lors des guerres de religion et de la période
révolutionnaire. Car il n’y pas d’évêque résidant à
Luçon pendant 30 ans... Il faut souligner aussi son
travail sur la liberté scolaire – le grand combat de
Mgr Cazaux - et les conciles Vatican I et Vatican
II. De 1982 à 1990, l’archiviste passe chaque année
trois mois à Rome. Logé à Saint-Louis des-Français,
il se plonge dans les Archives secrètes du Vatican,
exhumant des documents très anciens, notamment
les bulles concernant les évêchés de Luçon et Maillezais. Louis Delhommeau établit aussi un guide des
sources vaticanes à propos de la période révolutionnaire dans l’Ouest, guide qui sera préfacé par
le grand historien Jean Favier. Son fichier du clergé
vendéen, accessible sur le Net, permet de remonter
jusqu’en 1290, 1300...
Le catéchisme de Richelieu

L’abbé Delhommeau a noirci des milliers – des
millions ? - de pages. Il a aussi permis la publication
d’ouvrages qui marquent l’Histoire de la France,
16

pas seulement celle de l’Église ou du diocèse. A
commencer par « L’instruction du Chrestien »,
du cardinal duc de Richelieu, sorti des presses de
l’Imprimerie royale du Louvre en 1618, et que les
éditions Siloë ont publié en janvier 1997. Il a écrit
l’introduction de cette édition moderne. L’original
est toujours conservé à Luçon et une très belle édition en a été offerte au Pape Jean-Paul II, lors de
sa venue à Saint-Laurent-sur-Sèvre, le 19 septembre
1996. L’Académie française honorera ce travail le 3
décembre 1998. Maurice Druon, son secrétaire perpétuel, lui remet la médaille de vermeil de l’Institution, créée par Richelieu. Mgr François Garnier,
qui l’accompagne à cette occasion, le présente alors
comme « le serviteur du goupillon salué par le sabre
de la Garde Républicaine »....
À l’occasion du Bicentenaire de la Révolution,
grâce à ses recherches chez les Lazaristes à Paris,
l’archiviste rassemble et publie les 182 lettres d’émigration que Mgr de Mercy adressait à ses vicaires généraux, émigrés eux aussi, à M. Paillou notamment
(Siloé, 1993). Sur cette période, l’abbé Delhommeau a aussi publié en 1992 « Le Clergé vendéen
face à la Révolution » (Siloë), un ouvrage majeur
pour la compréhension des guerres de Vendée.
Toutes les églises de Vendée

L’abbé Delhommeau est aussi un vulgarisateur
éclairé. En témoigne, entre autres, son passionnant ouvrage « Églises de Vendée » (Éditions du
Marais, 1967). Il y retrace dix siècles d’architecture religieuse, depuis la fondation de l’abbaye de
Maillezais jusqu’à l’érection de Sainte-Bernadette, à
La Roche-sur-Yon. Il n’hésite pas à donner son avis,
fort critique, sur les constructions du XIXe siècle,
marqué par l’art pastiche néo-grec et néo-chrétien
et l’envahissement du néo-gothique. Il fustige particulièrement « les sanctuaires surchargés de Fourvière et Notre-Dame-de-la-Garde et, en Vendée, la
prétentieuse église d’Aizenay »... Plus surprenant,
le béton armé du XXe siècle trouve davantage grâce
à ses yeux. Il salue d’ailleurs l’aggiornamento liturgique de Vatican II, « propice pour désencombrer
les nefs et les sanctuaires de tout un bric-à-brac qui
s’y était accumulé... »
Comme un moine bénédictin

Julien Boureau, Conservateur des Antiquités
et des Objets d’Art de la Vendée, considère l’abbé

Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014
Abbé Delhommeau
Delhommeau comme
un « père spirituel » :
« Il nous a lancés, Laurent Charrier et moi,
dans nos trajectoires
et il nous a toujours
suivis et conseillés
dans nos études et nos
recherches. » Il souligne sa rigueur scientifique, celle d’un
moine
bénédictin.
« Il a été l’initiateur
du patrimoine départemental pour l’orfèvrerie religieuse, la statuaire et le
peinture. Il a fait inscrire près de 1 000 objets, alors
qu’il y en avait fort peu avant lui. »
Julien Boureau a souvent conduit l’abbé Delhommeau vers les églises et les chapelles du département : « Il partait toujours des archives, et se rendait
seulement après sur les lieux ». Ces recherches trouvaient aussi un aboutissement pour le grand public,
grâce à ses nombreuses chroniques dans « Le Courrier français ».
L’hommage que Julien Boureau a rendu à son
maître et prédécesseur, un an après sa mort, dans
la revue régionale « 303 » (n°78, septembre 2003),
retrace très fidèlement et très complètement l’œuvre
de Louis Delhommeau tout autant que sa personnalité: « un serviteur et un homme de foi qui a sauvé
les témoignages de notre patrimoine, un personnage passionnant et un missionnaire passionné au
service de la mémoire ». Il y raconte en particulier
l’inventaire des 570 mètres de rayonnage, tout au
long des 38 mètres de la bibliothèque de l’évêché. Et
de le citer: « Je ne vous dirai pas combien d’heures,
de jours, de semaines et de mois, j’ai passés à cette
besogne ingrate, En soutane bien sûr, montant et
descendant, Dieu seul sait combien de fois par jour,
une échelle plate de quatre mètres pour descendre les
livres placés sur les dix rayons de chaque travée... »
Louis Delhommeau s’éteint le 22 octobre 2002,
à la Maison du clergé du Landreau, aux Herbiers. Il
repose dans le cimetière de Cugand, son pays natal.
Lors de sa réception à l’Académie, Mgr François
Garnier évoquera « l’archiviste discret, tout de gris
vêtu, honoré par d’éminents lettrés, historiens et linguistes brodés de vert et d’or ».
					G. B.

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La médaille de vermeil de l’Académie française, remise pour sa
publication du Catéchisme de Richelieu.

« Lire en Vendée » remercie le Père Henri Baudry, archiviste du
Diocèse, et Julien Boureau, Conservateur des Antiquités et Objets
d’Art, pour leur contribution à cet hommage et l’aimable mise à
disposition de leur iconographie.

17
Basile Clénet
Sur le théâtre
de l’épopée vendéenne
Paysan, homme engagé et poète

Basile, Ferdinand, Arthur, Marie Clénet naquit
à La Chaize-le-Vicomte le 21 juillet 1881, d’une famille originaire de La Gaubretière où elle connut
les massacres de la période révolutionnaire et fournit
plus tard plusieurs membres au clergé vendéen, dont
Pierre-Isaac, curé de La Chaize-le-Vicomte pendant
40 ans, Jules-Isidore, vicaire de la même paroisse
pendant 20 ans et Antoine, curé de Martinet également pendant 40 ans de 1845 à 1890.
Croyant pour lui aussi à une vocation religieuse,
il entra au petit séminaire des Sables d’Olonne, tout
en passant du temps aux Lucs-sur-Boulogne, autre
haut lieu du martyrologe vendéen, ses parents le
confiant au curé Boudaud afin qu’il perfectionne
son latin. Mais après un séjour à Jersey, chez les Jésuites chassés, il revint plus enclin à l’écriture qu’au
sacerdoce. Il revint alors à la ferme de la GrandeHardie de La Chaize-le-Vicomte dont il reprit l’exploitation.
Passionné de chasse, il recevait de grands équipages de vénerie en bordure de la grande forêt de La
Chaize. En 1906, après s’être marié, il participa avec
d’autres pionniers, comme Batiot ou Rampillon,
à l’introduction de la race Charolaise en Vendée.
Mais il savait aussi dégager de longs moments de réflexion, afin de mener à bien sa passion de l’écriture.
Les œuvres se succédèrent à partir de 1913, à
peine interrompues par la Guerre 14-18, essentiellement tournées vers le théâtre, et lui permirent d’être
joué aussi bien en Vendée qu’à Paris ou même à
Bruxelles. Mais, membre de l’Action Française, il fut
très marqué par la condamnation de ce mouvement
par le pape Pie XI. Dans les années 30, il collabora
au journal « La Vendée », côtoya l’élite culturelle des
peintres et écrivains du département, parmi lesquels,
les peintres André Astoul et André-Charles Nauleau,
les écrivains Jean Yole et Louis Chaigne, et même le
musicien Ernest Guyonnet. La préfecture de la Vendée lui demanda de faire partie de la commission
chargée de représenter la province Poitou-Charentes
à l’exposition internationale de 1938 à Paris.
Il s’était installé à la Vergne de Saint-Florentdes-Bois en 1928, mais perdit son épouse en 1935.

18

Ballade vendéenne
Un jour, notre Vendée
Fut la belle accordée :
Un preux fier, aguerri,
Noble et beau, tout de flamme,
Voua son cœur, son âme,
Comme à sa gente dame !
Ce fut Monsieur Henri.
La Vendée était belle
Catholique et fidèle,
Monsieur Henri l’aimait,
Et de la moindre peine,
Troublant la paix sereine
De l’âme vendéenne,
L’amoureux s’alarmait.
Mais le jour où la dame
Essuya de l’infâme
Un trop cruel affront,
Ce héros d’épopée,
Prit dans sa main crispée
Sa lumineuse épée
Pour abriter son front.
Et notre vieille histoire
Conserve en sa mémoire
La fin d’amour si beau.
Quand la belle asservie
Fut sans souffle et sans vie,
Morte, elle fut suivie
Par le preux au tombeau.
Et sur les froides dalles
Que foulent nos sandales,
Les saints du Paradis
Sèment, c’est tout à croire,
De lauriers de victoire
Et des graines de gloire
Qui lèvent fleur de lys.
Après la Guerre 39-45, il se remaria avec une
femme écrivain et s’installa près de Pau, publiant
plusieurs ouvrages avec elle. Il mourut accidentellement en 1963 à Billière, et vit son souhait exaucé
d’être enterré à Lourdes, puisque sa sépulture se
trouve dans cette ville au cimetière de l’Égalité.

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Basile Clenet

Une œuvre dominée par le théâtre

L’œuvre de Basile Clénet est abondante et lui
valut de devenir membre de la Société des Gens de
Lettres. Basile Clénet est d’abord connu comme
homme de théâtre et poète. Si la poésie n’occupe
pas la majeure partie de son œuvre, elle est cependant bien présente. Par les poèmes épars qui parurent dans La Revue du Bas-Poitou, mais aussi par
la rédaction des pièces de théâtre qui sont le plus
souvent en vers. Ensuite, par la publication aussi,
en 1931, du recueil « Gloires vendéennes » et dix
ans plus tard du poème-plaquette « Notre-Dame de

Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014

19
France ». Pour cet homme qui écrivait : « Je suis
un gars de la Vendée / Et j’en suis fier. », on notera
la double préoccupation de la légende vendéenne,
qu’il incarnait de toute sa personne, et la louange de
la Vierge Marie, dont il avait toujours mis le culte
en avant. Le chroniqueur qui présente « Gloires vendéennes » évoque Clénet comme « un vieux chouan
qui serait un troubadour épique ». De ses rythmes
harmonieux, au travers des quatre grandes parties
du livre, intitulées « La Maison de France », « Poésies
de France et de Vendée », « Histoire de la Vendée » et
« La Vendée contemporaine », il rattache les talents
de nos terroirs à la grande France royale et perpétue
le retentissement de l’épopée de 93, en prolongeant
de belle façon l’admiration des générations pour ces
glorieux héros qui n’ont cessé de hanter la poésie née
de notre terre.
Passionné par l’histoire et par la religion, Clénet
a aussi publié en 1926 « L’Eglise et l’intelligence ou
l’Eglise dans ses rapports avec les lettres, les sciences
et les arts ». En 1945 parurent « L’abbaye des Fon-

20

tenelles en Saint-André-d’Ornay», et « Notre-Dame
reine de France », qui obtint le prix Montyon décerné par l’Académie Française, puis en 1947, « Le
ciel et la France » et enfin 1956, un livre écrit avec sa
seconde épouse Marie-clotilde Clénet et Henri Bordeaux : « Génie antique et christianisme : Histoirelettres à travers les civilisations anciennes ». Il creusa
ainsi jusqu’au bout le sillon de la tradition et de la
défense de ses convictions religieuses, les étayant
avec une certaine noblesse à une époque où la Vendée n’avait pas encore connu de véritable évolution.
Plusieurs décennies après l’ère romantique et
post-romantique, Basile Clénet n’en est pas moins
un chantre séduisant de la légende vendéenne. Sa
particularité est de ne pas se contenter des mots pour
la faire revivre. Il la met en scène au sens propre du
mot, dans la mesure où sa poésie personnelle s’exprime d’abord par le théâtre qu’il alimenta, entre
autres, de nombreuses pièces sur l’histoire de la Vendée. Son œuvre d’écrivain est donc avant tout celle
d’un auteur de théâtre. Les glorieux événements
de l’épopée vendéenne, vécus par des membres de
sa propre famille avaient dû l’influencer, au point
que sa première jouée en 1913 à Bruxelles, se nommait « Les géants de la Vendée ». D’autres suivirent,
après que la parenthèse de la guerre, lui eût permis
de créer au château d’Amboise un drame historique intitulée « Au bord de la Marne ». Suivirent
en 1920 un poème dramatique en quatre actes et
mis en musique par Pierre Bastide : « Les charmes
d’Armide  »  ; une comédie en un acte en 1921 :
« Les cerises », une pièce inspirée de Musset en 1922 :
« Sur trois marches de marbre rose » ; un drame en
trois actes en 1924 : « L’enfant prodigue ou le retour
à la terre » ; en 1925 :
« mimi Pinson est une
blonde » pour une musique d’Ernest Guyonnet ; en 1926  : « Le
duc d’Orléans et le duc
de Guise  » ; un drame
historique en trois actes
et quatre tableaux :
« Charrette » ; le drame
lyrique en deux actes  :
« Les anges » et « Un
prêtre vendéen sous
la Révolution », tous
les deux mis en musique en 1928 et 1929
par l’abbé Courtonne ; un drame moderne en
trois actes en 1930 : « Fleur de France »  ; le
drame historique en quatre tableaux en 1938
« Richelieu » ; le livret d’un opéra pour Pierre Bastide

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Basile Clenet

en 1942 : « Marie Mancini » ; et le drame lyrique
en trois tableaux mis en musique par P. Lescure en
1945 : « Béatrice ». On le voit la liste est longue et
les titres convergent presque tous vers le drame et
l’histoire.
Le théâtre de Clénet fut souvent bien accueilli
dans une France encore attachée à une vision traditionnelle, particulièrement dans les grandes capitales régionales. Les représentations n’eurent pas
lieu, en effet, qu’à Bruxelles ou à Paris, mais aussi
bien dans les villes thermales qu’à Nantes ou à La
Roche-sur-Yon, où le public était tout acquis aux
convictions de l’auteur. La Dépêche vendéenne ne
tarit pas d’éloges sur la représentation de « L’enfant
prodigue » joué dans des décors d’André Astoul :
« L’enfant prodigue, c’est un jeune paysan vendéen,
qui, dévoyé par les funestes idées du jour, abandonne
les siens, ses travaux, sa terre, s’en va en grande ville
où une à une s’évanouissent ses chimères, et revient
au pays, repentant, pour reprendre la route tracée
par ses pères ». Et d’ajouter « L’auditoire s’attendait
à une œuvre de maître. Il ne fut pas déçu (...) C’est
une œuvre forte au plus haut point pathétique et
moralisatrice ». Les critiques sont élogieuses. Elles
récompensent un auteur qui porta haut la tradition
vendéenne, catholique et royaliste, et fut le chantre
de l’épopée jusqu’aux deux tiers du XXe siècle, à
l’époque où la Vendée entam sa révolution culturelle…
				Alain Perrocheau

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Chant des grands valets
Ohé ! Les patrons de la ferme !
Ohé ! Voici les grands valets!
Vaillants et forts, nous tenons ferme,
Partout dans les foins, dans les blés.
Nous savons tenir la charrue,
Tracer la raise et le sillon,
Faucher les blés et l’herbe drue;
Remplacer s’il faut le patron.
Nous sommes debout quand l’aurore
Teinte les cieux d’un feu vermeil.
Et nous sommes debout, encore
Après le coucher du soleil.
Larges et dures sont nos têtes,
Nos bras comme nos têtes sont forts,
Et nos pieds foulent des conquêtes
D’herbages et de moissons d’or.
Jamais l’ouvrage ou la besogne
Au grand valet n’a fait peur ;
Pour l’abattre, il frappe, il cogne
Haletant, couvert de sueur.
Un valet trime la semaine
Aussi longtemps que luit le jour,
Et, le dimanche, il se promène
Au doux pays de ses amours.

21
Après Gaby Morlay, Harry Baur et le film
Méléfices dans le précédent numéro de
Lire en Vendée (N°26),
le journaliste cinéphile s’intéresse
cette fois ci à deux Sablais,
Florelle et Léo David,
et au Marquis de la Falaise.
Tous trois appartiennent
à l’histoire du 7e Art

Gloire et malédiction pour
Florelle
À la fois chanteuse, danseuse et actrice,
Odette Rousseau, dite Florelle, native de
La Chaume, connut la gloire aussi bien au
music-hall qu’au cinéma. Puis sa carrière
se brisa après la guerre.

Dans Les Misérables, elle joue Fantine aux côté d’Harry Baur, le
monstre sacré d’avant-guerre.

Florelle (1898-1974) était née un 9 août aux
Sables-d’Olonne, précisément à la Chaume sur le
quai nommé aujourd’hui Georges V. Elle passe les
premières années de sa vie entourée de sa famille, le
« clan » Rousseau, avec notamment sa grand-mère,
« la mère Rousseau », propriétaire de la buvette
du même nom. En 1908, son père, Elysée, décide
de « monter » à Paris, plein d’ambitions. La jeune
Odette et sa mère, Diadéma, l’accompagnent dans
cette aventure. Odette découvre alors l’univers des
music-halls grâce à Diadéma, caissière à la Cigale.
À douze ans, la chance lui sourit pour remplacer au
pied-levé un jeune professionnel dans le sketch « Le
Marseillais et la parigote ». C’est ainsi qu’en travesti,
tout a commencé un jour de 1911, pour ce drôle
de petit bout de femme (1,62m) qui respirait la joie
de vivre et d’aimer, fit un don total de sa personne
à ce métier qu’elle adopta par inclination. « Irrésistible vocation pour une carrière basée sur le travail
intensif, passionné, obstiné », écrivit J.V. Cottom, le
directeur de l’hebdomadaire Ciné-Revue (29 avril
1976), qui l’avait personnellement connue.
La petite Odette, pas encore Florelle (qui lui alla
si bien, qu’elle choisit elle-même, n’aimant pas son
nom Odette Rousseau, trouvant la consonance trop
bourgeoise, pas assez titi !) va continuer à jouer plusieurs années les petits garçons, à l’Ambigu dans une
revue d’enfants, puis en tournée avec le même spectacle en Allemagne et même en Orient.
22

Pendant la Première Guerre Mondiale, elle participe à diverses revues, passant ensuite au cabaret,
chez les chansonniers. Elle a une très jolie voix, la
jeune Florelle, une voix qu’elle ne cesse de perfectionner, mettant sur pied tout un répertoire. En
1920, elle affronte pour la première fois le cinéma,
avec Gonzague, de Henri Diamant-Berger, avec
Albert Préjean. Elle retrouve Diamant-Berger dans
L’affaire de la rue de Lourcines (1922) et dans Jim
Bougne, boxeur (1923)… Mais le cinéma muet ne
l’enchante guère. Recommandé par Maurice Chevalier, elle est présentée à Mistinguett dont elle devient
la doublure dans la revue Ça c’est Paris, la suit en
Amérique centrale et du sud. Elle se mariera d’ailleurs à un Mexicain, liaison de courte durée.
Revenue à Paris en 1925, elle reprend au Moulin-rouge une version de Ça c’est Paris, qu’elle chante
ensuite en cinq langues à travers l’Europe. En 1925,
elle est considérée comme une rivale directe de Mistinguett, se différenciant d’elle par une sensibilité
plus nuancée et une très jolie voix au sommet de
son art. Florelle la remplace d’ailleurs lorsque celleci rompt avec la direction du Moulin-Rouge. Elle
retrouve Henry Garat à l’Empire, Henry Garat qui
jouera aussi un grand rôle dans sa vie sentimentale.
« On parle même d’amours volcaniques et il est vrai
que celles-ci sont faites de ruptures et de réconciliations, d’orages et de grands serments renouvelés »,
poursuit J.V Cottom dans sa série des « Immortels
du cinéma » dans Ciné-Revue.
C’est Georg-Wilhelm Pabst, devenu un metteur
en scène de premier plan en Allemagne, qui l’a fait
rentrer par la grande porte du cinéma avec L’Opéra de quat’sous aux débuts du parlant, qui lui plait
beaucoup plus. Pasbt l’a engagé en 1931 dans la
version française, aux côtés d’Albert Préjean et Gaston Modot. Elle tournera aussi la version espagnole

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Au cinéma, La Vendée
dont elle possède la langue. Car, comme souvent au
début du parlant aux techniques balbutiantes, les
films sont réalisés en deux sinon trois versions (le
doublage post-synchronisé viendra cependant vite
après). Et Pasbt a dirigé les deux versions. La version
française est désormais considérée comme un des
premiers chefs d’oeuvre de l’art cinématographique
parlant. Tiré d’une pièce de Berthold Brecht qu’il a
lui-même adapté, tourné à Berlin alors capitale cinématographique, L’Opéra de quat’sous est d’un esprit
anticonformiste, plein d’humour noir, satire virulente de la société anglaise à l’époque victorienne,
mais aussi une incursion aux frontières de l’expressionnisme par certains de ses procédés et que justifient l’étrange sujet qui nous fait pénétrer dans les
bas-fonds imaginaires d’un Londres sans âge. Florelle y joue le rôle de Polly Peachum, la sulfureuse
diva. Elle y est merveilleuse. Pourtant, le célèbre cinéaste voulait Madeleine Renaud, qui n’est pas libre.
« Il lui fallait une femme très jolie, blonde, or j’étais

Elle joue et chante dans L’Opéra de quat’sous, chef-d’œuvre du
début du parlant signé Pabst.

rousse », racontera plus tard Florelle. « Pasbt me fit
comprendre que ce rôle n’était pas pour moi. Mais
deux jours avant le premier tour de manivelle, il s’arrache les cheveux : personne sous la main ! On lui
reparle de moi. En deux heures, je deviens blonde,
tourne un bout d’essai. Pasbt, cette fois enthousiasmé, m’engage, tout en s’excusant de n’avoir pas eu
confiance en moi plus tôt ».
Mais L’Opéra de Quat’Sous, futur grand classique de l’écran, connaît les foudres de la censure,
sortira avec un grand retard. N’empêche, la Vendéenne enchaîne les tournages, pas moins de huit

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Juste avant la 2e Guerre Florelle représente la femme libérée et
on prend modèle sur elle.

long métrages en 1931, autant en 1932, auprès des
plus grands : Robert Siodmark dans Tumultes ; Pasbt
qu’elle retrouve dans L’Atlantide ; en 1932, Alexandre
Korda dans La dame de chez Maxim’s, film qui malgré l’esprit de Florelle n’ajouta rien à la renommée
de Korda qui prit le chemin d’Hollywood ; Raymond
Bernard (de ceux pour qui le passage du muet au
parlant s’effectua sans difficulté) dans Les misérables,
où elle joue Fantine aux côtés d’Harry Baur (Jean
Valjean), Charles Vanel (Javert), Charles Dullin et
Marguerite Moreno (Les Thénardier), une distribution de premier ordre ; Fritz Lang dans Liliom, aux
côtés de Charles Boyer (1934) ; Jean Renoir dans Le
crime de Monsieur Lange, avec Jules Berry et René
Lefèvre (1936)…. Elle tourne quarante films en
moins de dix ans, y apporte sa fantaisie, sa joie de
vivre, sa vivacité, son bagout. Elle est aussi capable
d’émouvoir, de soutirer des larmes mais on le lui demande plus rarement. C’est une carrière de premier
plan et elle ne délaisse pas la chanson. Elle représente la femme libérée et on prend modèle sur elle,
notamment quand les femmes arborent ses pyjamas
colorés et vaporeux.
C’est une gloire cependant oubliée aujourd’hui
mais, plus ingrat encore, dès après la deuxième
guerre mondiale. La même malédiction qui a frappé
Jean Gabin. Pourtant, tout comme Gabin, l’attitude
de Florelle est exemplaire, héroïque même. Durant
l’Occupation, elle cache des Israélites dans son cabaret à Montmartre, puis elle exploite des cafés au Maroc et en Côte-d’Ivoire en faisant de la Résistance,
tandis que les Allemands saccagent à plusieurs reprises son appartement parisien. Florelle, comme
Gabin, propres sur eux, représentent-ils la mauvaise
conscience du peuple et du show-biz français ?
23
Si Gabin trouvera Le Grisbi qui mettra l’étincelle
à une nouvelle carrière, il n’en sera pas de même
pour Florelle, qu’on revoit dans Les caves du Majestic, de Richard Pottier en 1945, puis guère que dans
trois autres films dans les années qui suivirent, les
derniers étant Oasis, d’Yves Allégret, avec Michèle
Morgan en 1955, Gervaise, de René Clément en
1956, et la même année Le sang à la tête, de Gilles
Grangier, où elle a pour partenaire… Jean Gabin.
Visage fané mais émouvant…. Une adaptation d’un
roman de Simenon (Le fils Cardinaud ) dont le tournage a lieu à La Rochelle.
Puis Florelle se retire définitivement du milieu,
quitte Paris, avec amertume : « je ne veux plus avoir
de contacts avec mon passé. Pourtant, je n’avais pas
dis mon dernier mot. Que de rôles j’aurais encore
pu jouer ».
Odette Rousseau, dit Florelle, revient là où elle
est née, aux Sables d’Olonne, reprend la tradition
familiale en ouvrant un café (« Chez Florelle ») à côté
du Casino des Pins, vit assez modestement, roule en
2 CV avec sa mère qui est âgée. Elle meurt au vieil
hôpital de la Roche-sur-Yon (actuellement le conseil
général) le 28 novembre 1974. Une quarantaine de
personnes seulement assiste à son enterrement. Mélancolique sortie pour cette belle et talentueuses artiste, dont la voix si fraîche égrenait « la complainte
de Mackie » et « la chanson du pirate », couplets
célèbres de L’Opéra de Quat’sous. L’écrivain vendéen
(né à la Chaume) Jean Huguet a consacré une magnifique biographie (en 1997) à Odette Rousseau,
dite Florelle.
					Ph.G.

Léo David et sa fille interviewés par Jacques Bernard, l’auteur de
la biographie.

24

Le touche-à-tout Léo David en 1984.

Léo David aux côtés
de « l’immense Raimu »
Ce Sablais fit quelques belles prestations
dans le cinéma, tournant notamment
avec Raimu sous la direction de Duvivier.
Mais il préférait les planches. Et sa ville.

Né aux Sables d’Olonne, fils du ténor Léon David, Léo David (1911-2002) eut une belle carrière
de chanteur lyrique notamment aux Bouffes Parisiens, temple de l’opérette, au théâtre Pigalle aussi,
jouant notamment aux côtés de Jules Berry. De tels
contacts lui permettent alors de faire quelques incursions dans le cinéma. Il fit ainsi partie de la distribution du film Accusé, levez-vous, de Maurice Tourneur (1930), aux côtés de Gaby Morlay (cette autre
vendéenne) et Charles Vanel ; Vaccin 48 (1934),
avec Alice Tissot et Robert Goupil ; Les compagnons
de Saint-Hubert, de Georgesco (1936), avec Orbal et
Dandy. Surtout, il joue dans Untel, père et fils, de Julien Duvivier (en janvier 1940), avec Louis Jouvet,
Michèle Morgan, Françoise Rosay et « l’immense »
Raimu, dont Léo sera le secrétaire-chauffeur, saura
surtout s’accommoder du caractère de la star.
Le film fut tourné à Nice, studio de la Victorine
et sera achevé la veille de l’invasion allemande. Il ne
sortira qu’en octobre 1945. De retour aux Sables
d’Olonne, Léo David deviendra un infatigable animateur de la station, notamment grâce à ses talents
de metteur en scène de revues, offrant aussi sa plus
belle fête à l’aviation locale, oeuvrant à la naissance
du club de rugby et du groupe folklorique Le Nouch
qui, sous son impulsion, acquièrera une réputation
internationale.
Il faut lire la belle biographie que l’écrivain

Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014
Au cinéma, La Vendée

Jacques Bernard a consacrée en 2004 à ce Sablais
d’exception, dont il était devenu très proche.
Titre : « La vie passionnante de Léo David »
(VPCC). Lire également « Étonnants Vendéens »,
de Claude Mercier (Edition de l’Etrave, 2012).
					Ph.G.

La Marquis de la Falaise et Constance Bennett, sa
seconde femme, également une grande actrice hollywoodienne.
Henry de la Falaise au bras de sa première femme, la
star hollywoodienne Gloria Sawnson.

Henry de La Falaise,
marquis gentleman
d’Hollywood
La vie de cet aristocrate originaire
de Saint-Florent-des-Bois
est un film hollywoodien.
D’ailleurs, il se maria à deux stars,
dont Gloria Swanson.
Il fut aussi producteur et réalisa
des films dans la jungle asiatique
Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014

D’origine Vendéenne, né à St-Cyr-l’École
(Yvelynes), mort dans un accident d’avion aux Baléares, le riche et séduisant marquis de La Falaise
(1898-1972) venait souvent dans son château à la
Barre, à Saint-Florent-des-Bois. Cet aristocrate vendéen approcha le cinéma de manière fulgurante,
d’abord en fondant sa société de production en
1925 ; puis en se mariant à l’actrice américaine Gloria Swanson, qu’il rencontra en 1925 lors du tournage à Paris de Madame Sans-Gêne, dont il divorce
en 1931. Puis il se remariera à Constance Bennett
qui est alors une des stars les plus cher payé d’Hollywood (elle jouera notamment dans Le couple invisible en 1937 avec Cary Grant et dans La femme aux
deux visages, de Georges Cukor, avec Greta Garbo,
son dernier film) dont il divorcera en 1940.
25
Au cinéma, la Vendée
Il fut aussi metteur en scène, notamment de
deux documentaires. Dans un livre de souvenirs
« Les années magnifiques » (1986, Editions N°1)
qu’écrivit sa troisième femme Emmita, Colombienne d’origine, elle évoque ce passé qui remonte
au début des années trente : « … Après avoir participé, à la tête de la production étrangère, à son
premier film en Français, Le roi s’amuse, Henry se
marie avec Constance Bennett, puis part pour Bali,
où il met en scène et produit Le Gong, histoire des
danseuses sacrées du Grand Temple. Ce film est un
des premiers en couleurs de l’histoire du cinéma,
connaîtra un vif succès aux Etats-Unis. Faulkner
écrira sur lui un article enthousiaste. Mais son tournage du Gong vaut à Henry des crises de paludisme
dont il souffrira longtemps ».
Peu après, Henry de La Falaise part pour l’Indochine tourner Kliou (qui signifie « tigre » en moï),
une étude d’une réelle beauté sur les indigènes moïs
et leurs rapports avec la nature et les animaux.
Les scènes d’animaux sauvages sont, pour la première fois dans l’histoire du cinéma, tournées de très
près : un python y broie une antilope à vingt-cinq
pas de la caméra, et on y voit les tigres renifler les
opérateurs. Le tournage dure une année, dans les
hauts-plateaux de Djering, aux limites du pays insoumis.
Le marquis vendéen reste des heures les jambes
dans l’eau, la tête et les bras dévorés par les moutiques, le corps couvert de sangsues, à attendre
l’heure propice pour tourner ou capturer les fauves.
« À la fin du film, Henry est terrassé, cette fois,
par la maladie de Buski, transmises par les sangsues,
et reste plusieurs mois entre la vie et la mort. Quand
je le rencontre à New-York, il n’est sorti de l’hôpital
que depuis quelques mois. Pour Kliou, il a gagné le
Lion d’or à Venise et un premier prix au festival de
Moscou ». C’est Emmita dans le texte des « Années
magnifiques », ouvrage qui rencontra un succès de
librairie à sa sortie.
Henry de la Falaise a aussi écrit un livre « Mai
40, la bataille des Flandres, mémoire d’un combattant », racontant son expérience de la guerre qu’il fit
comme officier de liaison dans un corps expéditionnaire britannique.
					Ph.G.

26

Les bons conseils
du père Philibert
Les œuvres emblématiques
des Guerres de Vendée

La confusion entre les Guerres de Vendée et la
Chouannerie n’est pas réservée qu’à certains élus,
pour rebondir sur une récente actualité. Des Vendéens mêmes s’y trompent parfois. Aussi, l’occasion
se présente pour dénouer l’équivoque. D’abord la
chouannerie explose quand la Vendée est morte !
La chouannerie est enfant de Bretagne, Sarthe et
Mayenne. La Vendée est une révolte spontanée, née
de sa terre.
Il n’est pas anodin de s’intéresser à la guerre civile de 1793 pour comprendre au plus près l’âme
vendéenne, son traumatisme, son pardon aussi, son
exception deux siècles plus tard. D’autant qu’avec
l’accroissement de la population, les Vendéens installés récemment sont légions.
Pour s’informer, rien ne vaut la lecture. Certains
ouvrages, des romans écrits par des Vendéens, présentent aussi une certaine objectivité sur des événements qui ont été longtemps occultés, mais où notre
Première république s’est tout de même déshonorée en pratiquant des massacres à grande échelle, à
partir de janvier 1794, avec le passage des Colonnes
infernales. Alors que la Vendée était vaincue, à terre,
après la bataille de Savenay le 23 décembre 1793 !
Il faut d’abord lire Ouragan sur la Vendée, d’Élie
Fournier, contant le tragique destin des 4 sœurs Vaz
de Cuello et de leur mère, qui vécurent la Virée de
Galerne et finiront guillotinées à Nantes. Le bourreau ne s’en remettra pas, mourant trois jours plus
tard. Le logis où vivait cette famille existe toujours, à
quelques kilomètres du Poiré-sur-Vie. La plume de
l’abbé Fournier est vibrante, authentique.
La bataille de Cholet ou La guerre en sabots, est
signée Gilbert Prouteau (1917-2012). Le prodige
vendéen natif de Nesmy met en scène cette bataille
décisive, qui s’est jouée à peu de chose, avant qu’un
cri n’envoie tous les battus « à la Loire », qu’ils franchiront pour cet exode biblique de la Virée de Galerne. 100 000 hommes, femmes, enfants, animaux
en direction de la Normandie… Dans son ouvrage
paru en 1994, Prouteau y fait parler, et les généraux
vendéens et les généraux républicains, tout en restant dans le tempo de cette bataille en octobre 1793.
La Chasse aux loups, La grande meute, Même les
pierres ont résisté. Trois titres sous la houlette d’Yves
Viollier. Lui aussi est un incontournable. L’ancien
prof de Français au Poiré-sur-Vie a écrit en 1988 les
Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014
Le père Philibert
deux premiers romans cités.
Dans ceux-là, avec les « moutons blancs » de Château-Fromage, le lecteur est au cœur
de la bataille de Luçon en
août 1793 et encore plus de
la virée de Galerne d’octobre
à décembre 1793. C’est une
couleur aussi qui domine
dans ces deux livres épiques.
Car Viollier écrit comme s’il
peignait, fécond comme un
flamand. Cette couleur est rouge.
L’histoire des Vendéens qui se cachent en forêt
de Grasla et reconstituent le village, avec un hôpital
est en revanche méconnue et Viollier la restitue dans
son dernier livre, Même les pierres…, qui sera prix
Charette en juillet dernier. Ce livre est aussi celui du
pardon.
Il faut également absolument lire Les mouchoirs rouges de Cholet, de Michel Ragon dont on
connaît la limpidité du style. Ragon tend la toile
de désolation que fut la Vendée après la Guerre civile de 1793 à 1796. Roman emblématique écrit par
l’anarchiste libertaire natif de Fontenay-le-Comte.
Énorme succès littéraire à sa sortie. Important pour
mieux comprendre ce refus du mot République
chez les Vendéens un siècle durant. Livre à lire, par
exemple, dans la collection Omnibus, Gens de Vendée les Mouchoirs… côtoyant
Les louves de Machecoul,
d’Alexandre Dumas, Monsieur
de Lourdines, d’Alphonse de
Châteaubriant et La terre qui
meurt de René Bazin.
Rouge toujours, Un cœur
d’étoffe rouge, de Jean Huguet (1920-2005), est le livre
le plus connu du Chaumois.
Son analyse est brillante ; L’enjomineur (trois volumes) de
Pierre Bordage est également passionnant. Ce grand
spécialiste de la SF et de l’anticipation se risque avec
bonheur dans le style fantasy pour vivre la Révolution, en Vendée, mais aussi à Paris. L’enfant de la
Réorthe a donné un second souffle au « genre romancé » des Guerres de Vendée.
Encore deux propositions : Capitaine de paroisse
est une pièce de théâtre signé Jean Yole. Jean Yole a
écrit de grandes choses et son Capitaine… est l’un
des tout meilleurs, histoire qui oppose deux frères,
qui oppose farouchement « Bleus » et « Blancs » !
Le temps de cette lecture, il faut oublier le sénateur
traditionaliste qui vota les pleins pouvoirs à Pétain.

Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014

Car l’écrivain est grand.
Enfin, 1793, de Victor Hugo. Hugo entretint
lui-même la confusion. Tout au long de son roman,
il appelle Vendéens les Chouans et les Bretons. Une
confusion presque freudienne. Sa mère Sophie Trébuchet n’était-elle pas vendéenne dont les origines
se retrouvent à la Garnache ? Et ne cachait-elle pas
des prêtres quand elle rencontra le beau militaire
Léopold Hugo ? Ce dernier fut d’ailleurs écœuré par
la Guerre de Vendée, ce que raconte Gilbert Mercier
dans un bon livre peu connu, Hugo de Lorraine et de
Vendée.
Et arrêtons là ! Évidemment, il y en a d’autres.
Ce ne sont que des conseils et les conseilleurs, c’est
bien connu, ne sont pas les payeurs.
Et pourtant, et pourtant… Honte à moi si je
ne me fends pas d’un ultime conseil : Les mémoires
de la Marquise de La Rochejaquelein, manuscrit que
le préfet Prosper de Barrante, à la demande de la
Marquise, retravailla sous la Restauration pour sa
publication au milieu des années 1820. Sa dernière
édition en poche est excellente.
					Ph. G.

27
Au Cinéma, René Bazin et la Vendée

Pervinquière, méconnu
géologue aventurier,
mort voilà un siècle

Le film de Jean Choux enfin
restauré et disponible...
Un DVD « passion » vient de paraître grâce à
l’Association des Amis de René Bazin et la Cinémathèque de Vendée, avec
La Terre qui Meurt, film de Jean Choux, 1926
La Terre qui Meurt, film de Jean Vallée, 1936
Présentation de René Bazin, par Élisabeth Masson, Jacques Richou et Armel Bazin, arrière-petitsenfants du romancier
La Terre qui Meurt, une aventure, par JeanClaude Mauvoisin-Delavaud.

Il est né et mort à La Roche-sur-Yon,
mais si le géologue découvreur
de la Tunisie,
Léon Pervinquière (1873-1913)
est connu dans le Sahara,
il reste inconnu du grand public français,
même dans son département natal

Gabriel de Sairigné,
cousin
de Léon Pervinquière

Reste le livre de Jean-Marc Viaud pour redécouvrir ce géologue né il y a 150 ans, disparu voilà 100
ans.

28

Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014
Léon Pervinquière
C’est en étudiant des fossiles sur Soullans et
Commequiers similaires à ceux découverts en Tunisie à une période charnière du crétacé, que le géologue et documentaliste (aux Archives départementales) Jean-Marc Viaud a découvert Pervinquière.
Un Vendéen ! Qui va le passionner et dont il a fait
un livre (avec Gaston Godard), intitulé De la Vendée
au Sahara (éditions CVRH, 22 €), sorti en 2007.
Depuis, Jean-Marc Viaud anime de temps à
autre des conférences sur ce personnage, parfois
en présence de descendants de Léon Pervinquière.
Cette famille qui est une saga, partie de Bretagne
pour venir en Anjou et s’installer à Luçon et Fontenay-le-Comte au XVIIe siècle. Parmi les illustres que
révèle l’arbre généalogique : Séverin Pervinquière
(1760-1828) qui sera Constituant le 20 juin 1789,
au Serment dans la salle du Jeu de Paume ; le général
Belliard ; les Sairigné (des Moutiers-les-Mauxfaits) ;
les Cochon de Lapparent, des Deux-Sèvriens dont
l’un, géologue, influencera la jeune Léon. Et dont
un descendant, L’abbé Lapparent, découvrira les
traces de dinosaures au Veillon en 1963.

Bornes aux confins du Sahara

Léon ? Un héros aussi à sa façon, dont le métier
de géologue fut son aventure extraordinaire. Né Rue
La Fayette à La Roche-sur-Yon en 1873, le jeune
Léon va suivre son père au gré de ses mutations
(il travaille à la Conservation des Hypothèques) et
poursuivra sa scolarité à La Rochelle, notamment à
l’école Fénelon, où il obtient son bac sciences. Puis
c’est la Sorbonne. Il hésite sur le thème de sa thèse,
l’Espagne peut-être… Mais son grand frère marin
lui a donné le goût des grands espaces. Ce sera la
Tunisie centrale, le Haut-Tell, alors très peu connu.
Il y va plusieurs fois, entre 1897 et 1902, présente
sa thèse en 1903, accompagnée de nombreux clichés photographiques, insoupçonnable richesse aujourd’hui.

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Il se ressource à la Baudonnière (Marsais-SainteRadegonde), enseigne à la Sorbonne, habite rue de
Vaugirard à Paris, se marie, publiera plusieurs ouvrages, retournera en Tunisie, notamment en mission en 1909, avec son « facétieux » cousin Gabriel
Brunet de Sairigné (le père du héros mort en Indochine en 1947, qu’une statue honore aux Moutiersles-Mauxfaits). Un récit plaisant restituant l’atmosphère d’une mission scientifique au début du XXe
siècle, édité dans le livre de Viaud et Godard, qui
fait 282 pages au total, illustrations comprises.
Une ultime mission le pousse vers le désert saharien. Le gouvernement français l’envoie délimiter
la frontière entre la Tunisie et la Tripolitaine, l’actuelle Lybie, alors sous domination ottomane, mais
qui va devenir italienne la même année après des
bombardements sur Tripoli. Pervinquière parviendra cependant à traverser le Grand Erg Oriental et,
après avoir planté la 233e et dernière borne, arriver
à Ghadamès, la perle du désert, dans laquelle aucun
Européen n’avait pénétré avant 1876. Il y restera 7
jours, écrira La Tripolitaine interdite, jamais réédité.

29
Postérité inscrite

Léon mourra l’année suivante, jeune, à 39 ans,
probablement d’une maladie contractée par l’eau en
Tunisie. Il s’éteint dans le chef-lieu vendéen, à son
domicile, qui est alors situé au 14 de la place de la
préfecture (actuelle place Mitterrand). Clin d’œil
de l’histoire, le jour où il meurt, le 11 mai 1913,
La Roche-sur-Yon fête son centenaire, qui avait été
retardé de 5 ans pour raisons politiques. Le défilé
du carnaval avec un sphinx est même passé sous les
fenêtres de son domicile.
Il repose au cimetière du Point du Jour. Du méconnu Pervinquière, des fossiles portent son nom. Il
a laissé (jusqu’en 1956) son nom à un bordj saharien
(Fort-Pervinquière). Il a aussi laissé ses collections,
près de 6 000 échantillons à l’université de Jussieu
(144 tiroirs). Et ses découvertes de la région du Kef,
ont rendu ce territoire charnière pour l’étude de la
fin du Secondaire, moment-clé où se sont produites
d’importantes extinctions, dont les dinosaures.
					Ph. G..

30

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Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014

31
32

Échos-Musées - décembre 2013 - avril 2014
Échos-Musées

Les amis
de l’Historial de la Vendée

La nature pour passion
Clemenceau
Publications
Le colloque du CVRH
et les charniers du Mans
Les frères Martel

Henri Martinie
Georges Clemenceau, Claude Monet et Alice Butler
sur le pont japonais, Giverny
Juin 1921
Épreuve argentique
Collection
Musée Clemenceau
Échos-Musées - décembre 2013 - avril 2014

33
Auguste Rodin,
Buste de Georges Clemenceau, 1911, terre cuite, Paris,
musée Rodin (inv. S. 1671)
© Paris, musée Rodin Photographie/Christian Baraja

Clemenceau et les artistes
modernes
Manet, Monet, Rodin…
Exposition du 8 décembre
2013 au 2 mars 2014
Les Lucs-sur-Boulogne,
Historial de la Vendée
Clemenceau,
homme de convictions
et d’action
Cette exposition présentée à l’Historial est incontestablement en Vendée « l’événement culturel »
de l’hiver 2013-2014, événement de portée nationale comme le démontre le label décerné par le Ministère de la Culture et de la Communication. La
France s’apprête par de nombreuses manifestations
à célébrer le centième anniversaire de la Première
Guerre mondiale ; Georges Clemenceau, « le Père
la Victoire », sera mis à l’honneur, compte tenu de
son rôle déterminant pour avoir mis un terme au
conflit ; à l’Historial, nous avons proposé de porter
un regard sur l’une des facettes plutôt méconnue de
l’homme. Ce regard presque inédit met en lumière
un intellectuel, un homme d’une grande culture,
doué non seulement d’un talent d’orateur et d’écrivain, mais qui fut aussi amateur d’art et collection34
34

neur. Ayant eu à croiser de nombreux artistes tout
au long de sa carrière, Georges Clemenceau, comme
toujours est un homme de conviction et de combat, lorsqu’il est convaincu du talent d’un artiste,
il en prend la défense et met à son service son pouvoir d’homme d’État, de parlementaire, de ministre
ou de président du Conseil. Georges Clemenceau,
l’homme d’action, souvent sans concession, virulent
ou violent nous apparaît, surtout lors de sa retraite
en partie vendéenne, sensible, faisant preuve d’une
amitié sans faille, se laissant aller à la contemplation.
Rassemblant un nombre important d’œuvres et de
documents dont quelques grands chefs d’œuvre,
l’exposition, grâce à de nombreux partenariats,
enrichie d’un important catalogue qui deviendra
ouvrage de référence, d’applications multimédia et
d’un film documentaire spécialement réalisé pour
l’occasion, ouvre la voie d’une année Clemenceau.
Elle constitue un temps fort de la programmation
éclectique de l’Historial, devenu au fil des années un
un site culturel incontournable pour la Vendée et le
grand Ouest.
Christophe Vital
Directeur du patrimoine culturel,
Conservateur en chef des musées,
Conseil général de la Vendée

Échos-Musées --décembre 2013 --avril 2014
Échos-Musées décembre 2013 avril 2014
Clemenceau et les artistes modernes

Clemenceau attaché à la
Vendée
Tout au long de sa vie, Georges Clemenceau
témoigna d’un profond attachement à sa terre natale dans laquelle plongeaient ses racines familiales
depuis le XVe siècle. Né au coeur du bocage vendéen
à Mouilleron-en-Pareds le 28 septembre 1841, il fut
inhumé le 25 novembre 1929, le lendemain de son
décès, à Mouchamps, au lieu-dit Le Colombier.
Georges Clemenceau passa sa prime jeunesse et
une partie de son enfance durant les vacances scolaires dans la maison de ses grands-parents maternels, rue de la Chapelle à Mouilleron-en-Pareds,
où il avait vu le jour. Puis il vécut enfant dans la
propriété paternelle au château de l’Aubraie à Féole,
près de La Réorthe. Il y revint durant ses études
puis, devenu médecin, s’y installa quelques mois
en 1869 à son retour des Etats-Unis avec sa jeune
épouse américaine. Cette dernière y mit au monde

Échos-Musées --décembre 2013 --avril 2014
Échos-Musées décembre 2013 avril 2014

leurs trois enfants. Par la suite - bien que G. Clemenceau menât sa carrière politique à Paris - il revint fréquemment vers sa Vendée natale pour s’y ressourcer et y puiser son inspiration. À la mort de sa
mère en 1903, son frère Paul hérita de la propriété
familiale, G. Clemenceau revint peu à l’Aubraie puis
il cessa de s’y rendre à partir de 1916 suite à une
querelle politique avec ce dernier.
Après son revers politique de 1919 et son échec
aux élections présidentielles, Georges Clemenceau
amorça son retrait de la vie publique, il voyagea à
l’étranger et chercha un pied-à-terre en Vendée :
« Une cabane de paysan au bord de la mer, c’est tout
ce qu’il me faut » écrivait-il. Il finira par trouver cette
« bicoque », telle qu’il la désignait lui-même, à SaintVincent-sur-Jard, en lisière de la forêt de Longeville,
face à l’Océan. Il la rebaptisa malicieusement « Bélébat » et s’y installa comme locataire « à vie » en août
1920 : « J’ai pris possession de mon ciel, de ma mer
et de mon soleil » écrivait-il. Il y fera désormais et
jusqu’à sa mort, deux séjours par an : trois semaines
au printemps, trois mois en été. Il y accumula des
35
Noël Dorville, Georges Clemenceau à la tribune du Sénat,
1918, crayon sur papier, Les Lucs-sur-Boulogne, Historial de la
Vendée
© Conseil Général de la Vendée
– conservation départementale des musées –
cl. Patrick Durandet
Claude Monet, La Cathédrale de Rouen, le portail vu de face.
Harmonie brune, 1894, huile sur toile, Paris, musée d’Orsay
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais/Patrick Scmidt

souvenirs, des objets de collections, y reçut ses amis
et y rédigea quelques-uns de ses ouvrages dont son
testament littéraire, Au soir de la pensée. Il médita
longuement, face à la mer : « Au lieu d’aller parler à
mes contemporains qui ne m’ont que trop entendu,
je converse avec des herbes, avec des fleurs, avec la
mer, avec la brise et la rosée parce qu’il n’y a pas
d’examen et que chacun se comprend sans parler.
Quand la mer est haute et grondante, je vais à ma
terrasse de sable et je reste le plus longtemps possible sans penser ». À sa mort, la maison fut acquise
par l’État en 1932. Elle est gérée aujourd’hui par
le Centre des Monuments Nationaux et ouverte
au public toute l’année. Un autre lieu célébrant la
mémoire du Grand Homme subsiste. Il s’agit du
seul monument à son effigie qu’il accepta d’inaugurer de son vivant. Le sculpteur François Sicard fut
choisi par G. Clemenceau lui-même qui exigea de
ne pas figurer seul mais au milieu de six fantassins :
« Ce n’est pas moi qui suis intéressant, ce sont les
36
36

poilus ». Ce Monument au « Père la Victoire » fut
inauguré en sa présence le dimanche 2 octobre 1921
à Sainte-Hermine, à moins de cinq kilomètres de
l’Aubraie.
Enfin au Colombier à Mouchamps, demeurent
les deux tombes jumelles de Georges Clemenceau
et de son père. Elles reposent, encloses derrière
leurs grilles métalliques, sous une stèle sculptée par
F.Sicard, réplique de la stèle de Samos, représentant
la déesse de la Sagesse, Athéna, appuyée sur sa lance
pointée vers le sol.
				Florence Rionnet

Échos-Musées --décembre 2013 --avril 2014
Échos-Musées décembre 2013 avril 2014
Claude Monet (1840-1926)
Nymphéas, 1904
Huile sur toile,
Le Havre
musée d’art moderne André Malraux

Atelier Nadar, Georges Clemenceau
(1874), photographie, tirage moderne à partir d’un
négatif sur verre collodion, Charenton-le-Pont,
Médiathèque de l’architecture et du patrimoine
© Ministère de la Culture- Médiathèque du Patrimoine, Dist. RMN-Grand Palais/Atelier Nadar

Échos-Musées --décembre 2013 --avril 2014
Échos-Musées décembre 2013 avril 2014

37
Les animations prévues
à L’Historial autour
de l’exposition
Clemenceau et les artistes
modernes, Monet, Manet,
Rodin…
L’éducation du regard et l’accès à la connaissance
qu’elle permet serviront de fil conducteur aux actions pédagogiques et ludiques proposées à l’Historial dans le cadre de l’exposition.
Pendant la durée de l’exposition, le musée sera
exceptionnellement ouvert tous les jours de 10h à
18h (y compris les lundis – fermeture les 25 décembre et 1er janvier).
Les jeudis, l’exposition sera accessible jusqu’à
20h et un programme d’événement nocturnes sera
proposé aux publics. A 18h30 tous les jeudis, une
visite commentée de l’exposition sera proposée par
les médiatrices du musée.

Des événements en journée…
Visites commentées thématiques autour de la
personnalité de Clemenceau et ses liens avec les artistes.
Visites sensorielles de l’exposition
Organisation d’ateliers autour de l’impressionnisme, de l’écriture et du dessin de presse pour différentes tranches d’âge (payant sur inscription) :
Jeudi 26 décembre et mercredi 26 février :
« Comprendre l’impressionnisme » pour les enfants
de 5 à 7 ans
Vendredi 3 janvier « Le dessin de presse et la caricature » à partir de 14 ans
Samedi 1er février et 1er mars : Atelier d’écriture,
à partir de 14 ans
Conférences : Clémenceau et les arts le dimanche
12 janvier à 14h30 et Clemenceau et Monet le dimanche 9 février à 14h30.

Des nocturnes les jeudis
soirs en janvier et février…
Cycle de projections pour compléter et enrichir
la visite de l’exposition.
Lectures théâtralisées et ludiques de lettres issues
de la correspondance entre Monet et Clemenceau :

38
38

les 23 janvier, 13 et 27 février.
Mise à disposition d’applications numériques et
de multimédias ludiques et interactifs spécialement
conçues pour l’exposition.
Prêt d’IPOD pour la découverte de l’exposition,
quizz en accès libre, application « sur les pas de Clemenceau »…

Multimedias hors exposition
Audio guide (Ipod touch)
Un audio-guide sera proposé aux visiteurs à l’entrée de l’exposition. Il proposera une visite complémentaire espace par espace. Il permettra également
d’écouter un ou plusieurs commentaires d’œuvres
phares de chaque espace d’exposition.
Caricatures (Vitrine tactile)
Un jeu sera proposé autour de la caricature et
des oeuvres en lien avec le thème de l’exposition. Le
but sera d’associer la bonne caricature avec la bonne
oeuvre.
« Sur les pas de Clemenceau » (À télécharger
sur les stores Smartphone)
Cette application aura pour objectif de créer un
réseau entre différents lieux de mémoire clemencistes
en France. (14 lieux ont été sélectionnés) L’utilisateur y trouvera un descriptif
du lieu de mémoire ainsi que
les informations utiles.
Le + de cette application
est de proposer à l’utilisateur
un contenu caché (photographies, anecdotes) disponible que si l’utilisateur est
présent sur site.
Pour cela nous nous sommes inspirés du « Geocaching ». Sortie prévue pour janvier 2014
Serious
Game
(Ipad).
Le « Serious Game »
est un jeu dont le but
est d’apprendre en
s’amusant. À travers
ce jeu, l’objectif est de
tester les connaissances
du visiteur sur G. Clemenceau. Un quiz avec différents niveaux de difficultés sont proposés.
Sortie prévue pour janvier 2014
Le jeu proposera plusieurs thèmes :
L’Écrivain et journaliste, L’amateur d’art,
Échos-Musées --décembre 2013 --avril 2014
Échos-Musées décembre 2013 avril 2014
La Nature pour Passion
25 avril – 1er septembre 2014

Historial de la Vendée

L’intérêt des naturalistes pour la Vendée
s’est manifesté très tôt,

notamment à travers les buttes coquillères de
Saint-Michel-en-l’Herm, prémices d’un intérêt
grandissant atteignant son apogée lors de « l’âge d’or
des naturalistes » au XIXe siècle.
Projet pour le Monument à Clemenceau par François Sicard,
érigée à Sainte-Hermine, Vendée, inauguré en 1921, photographie, fonds Gruet-Vizzavona © RMN / François Vizzavona

L’homme d’État, Le voyageur, Le naturaliste.

En effet, les plus grands scientifiques français
mais aussi étrangers vinrent y étudier le sol, la faune
et la flore. Comment ne pas citer Bachelot de la Pylaie, zoologiste et botaniste féru d’algues au point
d’être surnommé par les habitants de l’Ile d’Yeu, le
« Père Goémon » ?

Un film documentaire
Les victoires artistiques de Clemenceau (26 mn.)
Production : Conseil général de la Vendée ; Scénario et mise en scène : Christophe Vital
Tourné pendant l’été à Saint-Vincent-sur-Jard
dans la « bicoque », à Paris, dans l’appartement de
la rue Franklin, à l’Orangerie, à Meudon au musée
Rodin et à Giverny dans les jardins de Claude Monet, ce film évoque la passion avec laquelle G. Clemenceau défendit ses amis artistes au premier rang
desquels Claude Monet. Une sélection de ses lettres
permet d’évoquer les dix dernières années de sa vie ;
mêlant colère, humour et tendresse, le « vieux tigre »
nous révèle un homme sensible, animé par un projet
qui lui tient à cœur : réunir à Paris, à l’Orangerie des
Tuileries, les panneaux décoratifs des nymphéas.
Le film sera diffusé en continu dans l’auditorium du musée et peut constituer une bonne introduction à la visite.

Cercle répétiteur de Gambey
de 14 pouces de diamètre,
vers 1820, Saint-Mandé,
prêt de l’Institut National de
l’Information Géographique et
Forestière (H.1.5)
© Saint-Mandé, Institut
National de l’Information
Géographique et Forestière,
Photographie/Laurent Vivensang

Comment oublier les visites des célèbres entomologistes Adolphe de Graslin et Albert Fauvel, du
botaniste suisse de Candolle et bien d’autres encore
? Leurs successeurs prendront le relais avec enthousiasme, tels Georges Durand, pluridisciplinaire détenteur d’une des plus prestigieuses collections naturalistes de France ; Joseph Charrier, son ami de
toujours, botaniste et collectionneur invétéré ; ou
bien encore Henry des Abbayes, dont les travaux sur
les lichens conservent encore à ce jour une renommée internationale.
La Vendée est une zone naturelle tampon entre
le Nord et le Sud de la France, d’où la présence du
mimosa, par exemple, sur l’île de Noirmoutier, mais

Échos-Musées --décembre 2013 --avril 2014
Échos-Musées décembre 2013 avril 2014

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Lire en vendée 27 decembre2013

  • 1. Lire en Vendée et des amis de l’Historial de la Vendée Échos Musées Revue de la Société des Écrivains de Vendée n° 27 L’expo Clemenceau décembre 2013 - mars 2014
  • 2. LES ÉCRIVAINS DE VENDÉE LES AMIS DE L’HISTORIAL DE LA VENDÉE Claude Michelet (à gauche) épaté par la dynamique vendéenne en littérature lors du salon de Grasla en juillet dernier. À ses côtés, Yves Viollier, qui a reçu le prix Charette lors de cette manifestation. Derrière, Wilfried Montassier et François Bon. La Vendée, terre littéraire Certes, depuis quelques années, le Printemps du livre de Montaigu a donné l’élan à la littérature au plus près de son public Mais d’autres salons ont depuis fleuri sur notre département, livrant par leur fréquentation un dynamisme d’exception au rapport écrivains-public. Et cette année encore, le salon du livre de mer à Noirmoutier (juin) et le salon du livre de Grasla (juillet) ont confirmé ce statut. Il fallait voir l’étonnement de Claude Michelet, le fameux auteur de Des grives aux loups, leader de l’École de Brive, invité d’honneur du salon en pleine forêt de Grasla : Chez nous en Corrèze, ça fonctionne, mais chez vous en Vendée, ça marche du tonnerre de Dieu ! La Vendée est une terre littéraire, avec un public qui ne manque désormais pas d’occasions d’approcher des auteurs vedettes, mais aussi des auteurs et des éditeurs qui habitent le terroir. Dans la forêt des Brouzils, puisque nous l’évoquons, le public est venu nombreux, malgré la canicule. On peut encore mieux faire en termes de fréquentation, admet Wilfrid Montassier, le président de cette jeune manifestation. Mais le Printemps de Montaigu ne s’est pas fait en un jour ! Nous continuerons à oser un salon du livre en territoire rural ». Car en Vendée, les auteurs maisons ont et leurs éditeurs et leur public, des lecteurs de proximité goûtant aux descriptions de proximité. Ce, dans tous les genres, du polar à la nouvelle. La qualité est inégale, et les mieux vendus ne sont pas forcément les meilleurs, vaste débat ! Quoi qu’il en soit, les auteurs enracinés nous rapprochent concluait Claude Michelet à Grasla. Ph. G. 2 Entre tradition et virtuel Le papier est peu à peu avalé par le virtuel, la Vendée résiste, mais pour combien de temps encore ?... Certes, le virtuel, qui se passe d’intermédiaire, grignote de nombreux secteurs économiques et la librairie, les journaux et le livre n’échappent pas à cette redoutable concurrence. Certes, nous sommes nombreux à préférer le papier, mais chez les jeunes nés après 1985, le mouvement est inéluctable. Car eux sont « nés dans l’ordi, lisent dans l’ordi ! » Et ils dédaignent le papier. Et rien de moins sûr qu’ils changent d’avis en vieillissant, tant cette révolution apparaît inéluctable. Quoique... Le papier aura peut-être une seconde vie que nous ne soupçonnons pas aujourd’hui, que nous ne verrons peut-être pas. En attendant, c’est une réalité. Mais s’il est une province où le papier résiste encore, c’est bien la Vendée. Ce département est réfractaire de tradition. Les salons du livre fleurissent (Montaigu, Noirmoutier et Grasla en pointe cette année), les écrivains aussi, sans parler des éditeurs de notre terroir, de plus en plus exigeants, audacieux même ! La Vendée a aussi ses leaders : Jean Yole et Louis Chaigne avant-hier, Michel Ragon et Gilbert Prouteau hier, Yves Viollier aujourd’hui, Bordage aussi, ce grand spécialiste de la science-fiction du genre fantasy. Question : quels seront nos leaders de demain ? de jeunes talents apparaissent, mais pas encore de chefs de file. Est-ce le Net qui nous les donnera? Ou la tradition ? Philippe GILBERT Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014
  • 3. Prix des Écrivains de Vendée Peuple afghan où es-tu? Frédérique Jaumouillé Les Chantuseries, 259 p., 20 € Pourquoi les arbres se sont tus ? Les maisons se sont figées ? Pourquoi pendant des jours et des jours, la vie s’est terrée ? s’interroge l’auteur dans quelques strophes poétiques, un psaume plutôt, écrites dans son abri précaire L’interrogation, hélas – l’histoire récente nous l’a appris – demeure dans de trop nombreuses régions du monde C’est le journal d’une femme médecin qui, en 1981, gagne clandestinement l’Afghanistan pour une mission humanitaire. C’est le moment de l’invasion soviétique, celui de la résistance autour du commandant Massoud assassiné le 9 septembre 2001, deux jours avant les attentats du 11 septembre à New-York. Un journal écrit voici maintenant plus de trente ans et bien plus qu’un journal. Un témoignage essentiel sans doute, mais aussi, et peut-être surtout, un hymne à ce pays envahi et violenté, à la poignante beauté de ses vallées et des montagnes de l’Indu Kush, au courage, à la misère et au combat des Afghanes et des Afghans. Car après l’Armée soviétique, il y eut les talibans... Frédérique Jaumouillé a vécu cinq mois parmi les moudjahidin de la légendaire vallée du Panshir. Elle raconte l’attente au Pakistan avant de passer la frontière, les journées de voyage à dos de cheval, les mines meurtrières au bord du chemin, le rugissement des Mig et le bourdonnement des hélicoptères soviétiques, les premiers blessés, les amputations, les bombardements, la peur. L’enfer parfois, « une atmosphère de fin du monde ». Ces jours et ses nuits sont racontés simplement, d’une écriture dépouillée, sans effets, qui soulève pourtant à chaque page l’émotion et la compassion. Au-delà de la réalité permanente d’une guerre atroce, Frédérique Jaumouillé s’est totalement immergée dans le quotidien des Afghans. Elle soigne, mais aussi, elle veille, elle fait la cuisine, elle encourage et réconforte. Elle aime en un mot et ce qui aurait pu n’être qu’un témoignage parmi d’autres prend, à cause de son humanité, une tout autre dimension. Gilles Bély Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014 3
  • 4. Ils étaient dans la sélection... L’impasse du Séjour Gérard Glameau Le Jarosset, 356 p., 15€ Une jolie écriture balancée et poétique pour les tribulations de François, un peu perdu, un rien paumé même, à la recherche de son identité. La renaissance passe par l’impasse du Séjour où se forge une solidarité Ludovic Clergeaud, métayer (1890-1956) Florence Regourd Geste, 401 p., 25 € C’est le portrait très fouillé d’un personnage atypique, étonnant, détonnant même dans la Vendée du premier vingtième siècle, et oublié aujourd’hui, que dresse l’historienne Florence Regourd, présidente du Centre de Documentation sur l’Histoire du Mouvement Ouvrier et du Travail (CDHMOT). Celui de Ludovic Clergeaud, métayer autodidacte du Sud-Vendée et premier conseiller général socialiste du département, en 1937. Petit métayer de Marsais-Sainte-Radégonde, il était le fils d’un métayer quasiment illettré. Né en 1890, il s’engage très tôt dans le socialisme et la Libre pensée. Reviens Muzungu Hervé Perton la Boucle, 17 € La quarantaine a bel et bien été un tournant décisif dans ma vie de femme... un nouveau souffle , où ma vie prenait enfin un véritable sens... » dit Stéphy, jeune capitaine de la Police. La voilà, en effet, sollicitée pour une mission au Rwanda. Elle s’envole Ceux des Bords de l’Auzance Henry-Pierre Troussicot Hérault, 23 € « Joue la vache » a été écrit en février 1972. « L’Alambic des Ardillères » en septembre 2010. Les 14 nouvelles de ces « chroniques vendéennes » courent sur 40 années d’écriture et elles sont du même jus. Le regard d’Henry-Pierre Troussicot sur « le temps perdu », celui de son enfance, n’a pas changé. Ils est toujours aussi émerveillé, aussi habité. C’est 4 joyeuse au gré des rencontres ; l’amour s’en mêle, de quoi sortir le naufragé de l’eau... C’est sans compter sur le destin malin qui complique toujours tout... Une recherche aussi pour l’auteur qui se lance ici dans un premier roman qui ne manque pas d’imagination et promène son petit monde de la façon la plus inattendue. Gérard nous confie enfin qu’il « aimerait un jardin où il pourrait faire pousser des mots ». E. T. Pacifiste et franc-maçon, il participe à la naissance du PC vendéen, avant de revenir à la vieille maison, la SFIO dont il sera longtemps secrétaire de la Fédération de Vendée. Dans une Vendée conservatrice et très à droite, il participe avec une constance exemplaire à des joutes électorales difficiles. Il tentera aussi d’organiser, sans grande chance de succès, un syndicalisme paysan de gauche. Après la guerre de 1939-1945, il ne se retrouvera pas dans la mise en place du syndicalisme agricole unitaire autour de la FDSEA. Son action sera dès lors davantage politique: reconnu localement pour son engagement social, il est réélu, dès le premier tour, conseiller général de L’Hermenault. Anticlérical sans être antireligieux, Ludovic Clergeaud aura été jusqu’au bout fidèle à son idéal. Il meurt le 18 septembre 1956, à Marsais. G. B. pour Kigali. Et c’est à l’occasion d’une banale excursion en direction du lac Kivu à bord d’un quatre quatre que son destin va basculer. Un accident. Elle heurte une moto. Et le Rwanda va l’empoigner, la retenir. Elle va décider d’y construire sa vie. « Reviens Muzungu ! » c’est un cri d’amour pour ce pays. Et Hervé Perton a choisi d’écrire ce roman bien fait pour nous faire découvrir ce pays qu’il aime, une autre vie, loin de la société de consommation, le goût des autres, l’hospitalité africaine. Y. V. tout un monde haut en couleurs qui renaît sous sa plume. On devine le gamin du pays des Achards, témoin de la comédie des adultes et ouvrant grand ses yeux et ses oreilles. Il ressuscite les battages, les veillées, les parties de cartes, avec leurs mots drus, leur patois, leurs réparties savoureuses, leurs rires, leurs colères. C’est joyeux. Ça boit. Ça mange. Ça chante. Ça jure. Ça meurt. Ça vous a un goût de « fête », comme l’écrit Gilles Bély. C’est la vie qui passe, comme le Tour de France aux Moulières. Il est passé ? Non, Henry-Pierre Troussicot en a gardé la trace au fond du cœur et il le réinvente pour nous. Y. V. Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014
  • 5. Roland Mornet est de La Chaume. Le port qui réunit les deux agglomérations est un élément important de sa vie, de sa culture, il lui doit une grande partie de son parcours professionnel. La pêche était le poumon économique de ce havre qui a énormément évolué en un siècle. Dans cette année du centenaire du Prix Goncourt 1913 de Marc Elder, l’auteur nous livre une autre tranche de vie du peuple de la mer : les cent ans du port des Sables-d’Olonne. Le peuple de la mer, La Bourrine Marc Elder Editions du régionalisme, 230 p., 22,95 €, nombreuses illustrations ; 164 p., 14,95 € Les Gueux : Lire en Vendée a pour mission de faire connaître les œuvres littéraires vendéennes. Ces rééditions sont bienvenues, à un moment où le Goncourt que reçut l’écrivain d’origine nantaise date de cent ans ! Ce prix reçu pour Le peuple de la mer fut décrié car Marcel Tendron, alias Marc Elder, le reçut au détriment d’Alain Fournier et Marcel Proust, s’il vous plaît ! Composé de trois nouvelles se déroulant sur Noirmoutier et l’îlot du Pilier, Le peuple de la mer a gardé de la verdeur, notamment avec le personnage de la Gaude, la belle sablaise, cette « splendide femelle qui matait les hommes, qui matait la vie, redoutable comme une force inconsciente de la nature ». Pourtant, le chef d’œuvre est La Bourrine, qui fut publiée en 1932, peu avant la mort de Marc Elder (1884-1933). Il y romance la vie du peintre Milcendeau en évoquant le logis humble et noble des Maraîchins. Cette réédition arrive vraiment à point pour réhabiliter un grand auteur. Ph.G. et des amis de l’Historial de la Vendée LES ÉCRIVAINS DE VENDÉE LES AMIS Notre Jury, avec Pierre Lataste Claude Béziau Jacques Bernard Jean de Raigniac Eveline Thomer Yves Viollier Gilles Bély Michel Dillange, président d’Honneur, malheureusement absent DE L’HISTORIAL Merci de communiquer vos ouvrages à : Société des écrivains de Vendée, Bibliothèque pour tous 85280 La Ferrière Revue de la Société des Écrivains de Vendée DE LA VENDÉE Lire en Vendée est une publication de la Société des Écrivains de Vendée Mise en pages : J. R. Impression : Imprimerie Offset 5 Édition, La Mothe-Achard Ce numéro est tiré à 6 000 exemplaires. Site Internet : www.ecrivains-vendee.fr À la rédaction, s’investissent également beaucoup, Alain Perrocheau Philippe Gilbert Lydie Gaborit René Moniot-Beaumont Christophe Vital Anne Cousseau Serge Perrotin Frédérique Maury Raulo, Régine Albert, Anne Clusel, Catherine Blanloeil, Michel Chamard, André Hubert Hérault, Claude Mercier, Laurence et Jean-Claude Vacher, Thérèse Davesne et d’autres encore, à l’occasion... 2013110444 Geste, 414 p., 23 € Lire en Vendée Lire en Vendée – Échos Musées n° 27 Roland Mornet Les familles de La Chaume et des Sables vont y retrouver leurs ancêtres, les curieux évolueront dans un monde qu’ils découvriront au fil des nombreuses pages de ce livre et des promenades le long des quais, des jetées et sur les grèves pour ne pas dire les plages. Un journaliste a dénommé l’auteur de «navigateur en archives» oui ! mais je suis persuadé que le marinhistorien partage en les écrivant toutes ces histoires avec son âme d’homme du large. Le capitaine Mornet s’est limité dans le temps, mais je le soupçonne d’avoir dans son grand coffre à souvenirs de marin bien plus qu’il nous a proposé. Soyez-en certain, qu’à quelques années près, Roland Mornet a aussi vécu des histoires maritimes pas ordinaires et qu’un jour elles apparaîtront dans le sillage de son écriture. RMB n° 27 Échos Musées du port des Sables-d’Olonne, XIXe – XXe Imprimerie Offset Cinq Édition • 02 51 94 79 14 100 ans d’histoire décembre 2013 - mars 2014 La revue des Gueux L’expo Clemenceau décembre 2013 - mars 2014 Sommaire 6 11 13 15 19 23 29 Hommage à Guy Perraudeau Yves, Viollier, Prix Charette Un libraire, André Duret L’abbé Louis Delhommeau Basile Clénet La Vendée au cinéma Léon Pervinquière 33 Clemenceau à l’Historial 41 Activités et expositions du Musée 47 Les frères Martel 53 Nos sélections 76 Le coin du Centre Vendéen de Recherches Historiques 80 Les Écrivains de la mer Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014 5
  • 6. Les sorties d’Éveline, Lydie et les autres Ce 21 septembre 2013, huitième Rentrée littéraire d’automne organisée par l’Arée en partenariat avec la Ville de Saint-GillesCroix-de-Vie offrait un bel éventail d’itinéraires variés, avec les quinze auteurs accueillis dans les salles Marcel Baudouin dont les tableaux étaient dûs à Paul Gandrieu. Les voies de la création passent par la mémoire et l’histoire, l’imagination et la fiction, la musique et la peinture, les arts et les sciences. 1er mai très frais à Jard sur Mer. Les écrivains ont délaissé la belle promenade face mer et se sont retrouvés dans la salle des fêtes et surpris les lecteurs nombreux sont venus à leur rencontre. Belle journée, bien organisée par la mairie, Nadège et les bénévoles. Un salon qui fidélise écrivains de plus en plus nombreux, environ 70 pour cette édition 2013, et un public ravi de retrouver leurs auteurs régionaux. La journée a été rythmée non pas par le ressac des vagues comme les années précédentes, mais par des vagues incessantes de lecteurs enthousiastes et chaleureux. Très original le livre chevalet qui tient debout sur le plan de travail ! L’Épine, le 12 septembre 2013, notre 1er Week-End Littér’HER Jeunesse s’est très bien déroulé. Malgré la canicule, nous avons reçu 1172 visiteurs. Notre second Week-end aura lieu les 12 et 13 juillet 2014 à l’espace Hubert Poignant à Noirmoutier en l’île avec nocturne le samedi soir jusqu’à 21 heures. Un monde fou ce samedi 6 juillet pour cette 5 e édition des Plumes Vendéennes, malgré une chaleur torride. organisée par Corinne, Thierry, Élisabeth et Christine à la maison de la presse des Sables d’Olonne. Un vif succès, toujours, malgré la crise du livre qui oblige les libraires à baisser rideau les uns après les autres. Conférences, animations, dédicaces, un rendez-vous très prisé des vacanciers et des Sablais, très justement entre la gare et la plage. Belle rencontre entre artistes à la Foire du Port. Le clown et les journalistes ont élu ce stand, le stand coup de cœur... Les 2, 3, 4 juin aux Sables d’Olonne. Monette Marchais, sculptrice, exposait ses Sablaises en coiffes et sabots, dont certaines sont au Musée Sainte-Croix et d’autres à la mairie des Sables. Serge Thomer ses livres sur bois. Eveline Thomer présentait ses ouvrages dont le dernier Un amour marin. 6 14 auteurs au Chantuseries le 31 août 2013, 5 invités et une foule de visiteurs pour ce deuxième Salon du Livre du Poiré. Une foule d’heureux aussi pour un éditeur qui cumules prix ! Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014
  • 7. Hommage à Guy Perraudeau Il avait encore des projets plein la tête; il était attentif à tout ce qui se passait autour du livre en Vendée, une figure incontournable de la culture La perte d’une amitié est toujours ressentie douloureusement. C’est la fin d’un partage, d’une communauté d’idées, de projets aussi. Il a exercé une carrière de professeur à Bordeaux. Par vocation sans doute, car, plus qu’un autre, c’était un dispensateur de savoir, cherchant à étendre ses connaissances pour mieux les apporter aux autres. Toutefois, l’enseignement ne lui suffisait pas et le journalisme lui a permis d’élargir ses fréquentations et de prendre contact avec l’actualité littéraire. C’est ainsi qu’il a été chroniqueur dans différentes publications, animateur d’émissions, membre de jury, présentateur d’auteurs lors de conférences ou de signatures, etc. Tout cela s’est fait au détriment de l’oeuvre littéraire que son talent aurait dû réaliser. Il a cependant écrit des monographies sur le Bordelais comme en Vendée et de nombreux articles dans diverses revues. Sa curiosité s’exerçait dans tous les domaines. Ainsi, nous avions évoqué les problèmes que posaient les parties anciennes de l’église de Beaulieu sous la Roche, village où il avait ses racines et auquel il a consacré plusieurs études. Enfin son esprit éclectique se donnait libre cours dans la rédaction de l’Almanach de la Vendée dont il était le plus prolixe des rédacteurs. Ses élèves et ses amis savent combien la Vendée a perdu avec la disparition de cet homme chaleureux, ouvert et trop discret. La Société des Écrivains de Vendée est en deuil. Michel Dillange Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014 Guy Perraudeau s’en est allé, avec sa discrétion habituelle, au cœur de l’été. Il avait encore des projets plein la tête. Je l’avais eu au téléphone quelques jours avant. Il allait revenir avec Rolande en août dans sa maison de Beaulieu-sous-la-Roche. Nous devions nous voir. Les Écrivains de Vendée ont perdu un ami. Guy était des nôtres depuis le début. Il nous donnait régulièrement un article sur les grandes figures de la culture vendéenne. De Bordeaux où il était installé avec sa famille, il était attentif à tout ce qui se passait autour du livre en Vendée. Dans sa ville, il était une figure incontournable de la culture. Il a reçu pour des entretiens tous les écrivains qui passaient par la grande librairie Mollat. Il nous rejoignait à nos rassemblements pendant l’été. Je l’ai retrouvé souvent dans son lycée Saint-Genès où il avait été professeur et où il continuait d’être un animateur d’idées. Nous accompagnions l’écriture des élèves de Seconde et de Première. Les recueils de nouvelles publiés à cette occasion étaient accompagnés de cette phrase de Nathalie Rheims qu’il aimait répéter aux jeunes : « L’écriture m’a fait naître au monde autrement, éclairant ma vie de cette lumière dont je renais. » Il avait succédé à Louis Chaigne à la rubrique Livres du Courrier Français et de L’Echo de l’Ouest. Il en a tenu la chronique jusqu’à cet été. Michel, son fils, écrivain lui aussi, a bien voulu rédiger un billet pour nous sur son père. C’est sans doute le plus bel hommage que nous pouvions rendre à Guy, notre ami. Mon ami. Yves Viollier 7
  • 8. Hommage à Guy Perraudeau Écrire sur l’un ou l’autre de ses parents qui vient de nous quitter est probablement l’exercice le plus délicat. Néanmoins, je veux bien rédiger quelques phrases sur mon père, Guy Perraudeau. Cette association permit surtout de faire la rencontre d’une toute jeune famille vendéenne venue s’installer à Bordeaux et avec qui nous sympathisâmes : la famille Gautier. L’aventure bordelaise Les amitiés Je ne dirai rien de l’homme que nous connûmes à la maison, du père qu’il fut. C’est notre jardin extraordinaire, que nous tenons à conserver secret, ma mère, mes sœurs et moi. Tout d’abord, Guy le Vendéen naquit à Bordeaux en 1925 : mon grand-père était militaire. Deux de ses tantes habitaient la cité girondine, aussi, le jeune instituteur d’Avrillé – commune où il rencontra ma mère – n’hésita pas à « descendre » vers la Garonne quand elles l’informèrent qu’un poste se libérait en 1948, à Saint-Genès. Il fera toute sa carrière comme professeur, dans l’établissement des frères des écoles chrétiennes. L’aventure bordelaise ne lui fit jamais oublier que les racines de la famille Perraudeau, aussi loin que les archives départementales remontent – c’està-dire, en ce qui nous concerne, au XIVe siècle – sont à Fontenay et sa proximité (Pissotte, Longèves). En outre, ses parents vivaient leur retraite à Challans où nous allions durant les vacances. Cette tension entre Gironde et Vendée le travaillait. Je me souviens d’une conversation que nous eûmes, il y a deux ans, lors de laquelle il me disait avoir la sensation de se sentir parfois étranger du lieu où il se trouvait : Vendéen à Bordeaux et Bordelais en Vendée. Je lui faisais part du même sentiment : lorsqu’autrefois mes camarades de classe parlaient de vacances à St Jean, il s’agissait pour eux de St Jean de Luz quand je pensais à St Jean de Monts ! Les Vendéens de Bordeaux Quand on vit excentré des siens, se retrouver entre gens d’un même terroir est une manière de se sentir moins seul. Les membres de l’association des Vendéens de Bordeaux se retrouvaient à intervalles très irréguliers dans la salle du premier étage d’un café du centre de Bordeaux. Naturellement, cette association vivait bon an mal an, avec un président sympathique certes mais plus intéressé par le titre que par la fonction. Guy, éternel vice-président – car il ne voulut jamais se présenter contre le titulaire – en était la cheville ouvrière, l’âme organisatrice. Les soirées récréatives, les sorties touristiques, nous étions de toutes les manifestations. 8 Guy aimait découvrir les gens. L’amitié qu’il portait pouvait être mêlées d’admiration, de connivence ou de complicité, c’est selon, mais toujours de fidélité. Michel Gautier, rencontré dans les années 60 aux Vendéens de Bordeaux, fut de ceux-là. Nous nous voyions souvent, le dimanche après-midi. Nous jouions à la luette et parlions parlanjhe, avec cette curieuse impression d’être une poignée de résistants poitevins dans l’immensité de l’agglomération bordelaise. Michel terminait sa thèse sur Bereau et publiait ses premiers poèmes en parler bas-poitevin. Quelques années plus tard, la famille Gautier regagna la Vendée. Les liens d’amitié demeurèrent aussi forts. Yves Viollier fut également un ami d’une constante fidélité. Guy et lui se rencontrèrent lorsque Yves publia ses premiers romans au Cercle d’Or. L’un et l’autre étaient dans une même communauté de pensée, fondée sur des valeurs partagées de croyance, de tolérance, de culture et d’humanisme. Lorsque mon père lança, dans les années 2000, le projet « Lisez Genès », pour faire lire et écrire les lycéens de Saint-Genès, il fit appel à Yves. Le romancier devint le parrain de cette opération littéraire, reconduite avec bonheur chaque année. La place manque mais il faudrait parler d’autres amis : Jean Huguet, qui lança courageusement le Cercle d’Or (et fut, également, mon premier éditeur) ; Michel Dillange que j’ai parfois rencontré à Beaulieu dans la grande salle à manger ; Michel Ragon, ami de jeunesse de Fontenay ; Gabriel Delaunay, père de la ministre Michelle Delaunay, Vendéen qui exerça la fonction de préfet à Bordeaux ; le linguiste Pierre Barkan ; le journaliste Valentin Roussière, tant d’autres. L’écriture et l’animation L’écriture était sa passion. Il fut dans les années 50, correspondant de Ouest-France, à Challans, durant les deux mois d’été. Dans les années 60 commença sa collaboration au Courrier-français qui ne cessa jamais. Dans les années 80, il anima Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014
  • 9. Hommage à Maurice Hellio Maurice Hellio a eu le temps d’écrire sa sale guerre Guy Perreaudeau avec Gabriel Delaunay, Préfet d’Aquitaine moult débats à la FNAC de Bordeaux et à la librairie Mollat. Il devint également chroniqueur dans plusieurs stations de radios bordelaises, dont RCF, la radio catholique. La Vendée n’était pas en reste puisqu’il écrivit pour Di ME Z-OU, revue du pays des Achards, Bello Loco, celle de Beaulieu, et donna des articles pour Olona, la SEV, etc. Ajoutons à cela qu’il rédigea des monographies sur des cités de la région bordelaise, Arcachon, SaintÉmilion, et vendéennes, Avrillé, Challans, Beaulieu sous la Roche. Guy Perraudeau mena une vie heureuse et richement remplie. Le professeur de mathématiques, devenu Bordelais par les hasards de la vie professionnelle, demeura obstinément Vendéen par les liens de la famille et de l’amitié. Michel Perraudeau Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014 Maurice Hellio nous a quittés au mois d’octobre 2013. Il était encore présent au Printemps du livre de Montaigu et au salon de Saint-Gervais pour le dédicacer. Maurice Hellio avait publié Mektoub, c’était écrit (Editions Amalthée) l’année dernière. « C’est probablement le seul livre que j’écrirais », avait alors précisé Maurice, très lucide. « Mais je suis soulagé de l’avoir fait. » Ce natif de Noirmoutier était depuis longtemps installé à Challans, il eut même son entreprise de transports face à la gare. Son seul et unique livre évoque la Guerre d’Algérie qu’il a faite comme chef de harka et y connut plus souvent qu’à son tour le coup de feu contre les Fellaghas. Dans cet unique livre il racontait sa « sale » guerre, la politique qui met fin au conflit en 1962, « tous mes soldats harkis qui vont alors être tués, assassinés ». Parmi eux, son meilleur ami, qui s’était battu pour la France en 1940, tué et dépecé, les morceaux de son corps jetés dans la Méditerranée. « J’ai longtemps refoulé mes souvenirs. Ce livre je le dédie à tous mes gars harkis. Je sais maintenant que je peux partir en paix au paradis d’Allah. » Ce livre, fort bien écrit, était aussi minutieusement documenté, le coup de plume maîtrisé sans que la passion qui l’étreignait ne soit éteinte. Il prônait sa nostalgie de la république algéro-française chère à Albert Camus et n’aurait pas fait plaisir au Général De Gaulle. Maurice Hellio est parti au paradis l’esprit tranquille, à l’âge de 75 ans. Ses cendres ont été déposées dans une urne au cimetière Saint-Michel de Noirmoutier. Ph.G. 9
  • 10. Yves Viollier Même les pierres ont résisté le Prix Charette, dont l’histoire est encore courte, décerné chaque année par le Refuge du Livre de Grasla, n’avait jamais encore souligné à ce point la parfaite concordance entre ses exigences, entre le lieu, le temps et l’action L’essence même de la tragédie classique. À l’unanimité, les membres du jury, réunis sous la présidence de Michel Chamard, ont couronné le roman d’Yves Viollier, Même les pierres ont résisté, paru chez Robert Laffont. Sous les ombrages de la forêt de Grasla, parmi ces ombres qui l’habitent toujours, ce roman se souvient de ce qui a été longtemps oublié. Ce qui fut perfidement occulté par l’histoire officielle pendant un siècle et demi, parce que cela salissait l’image intouchable de la Révolution. Enseveli aussi dans la mémoire des Vendéens de 1794 qui avaient été martyrisés par les colonnes infernales de Turreau, qui n’ont pas pu en parler et qui, pourtant, ont pardonné à leurs bourreaux. Avant de trouver dans l’épreuve, le sursaut spirituel, incarné plus tard dans le dynamisme et la foi dans l’avenir d’un pays meurtri que l’espoir n’a jamais abandonné. L’histoire de la forêt de Grasla est connue. Deux mille personnes vont s’y réfugier pour échapper au massacre programmé, un massacre sans responsables identifiés, comme l’a montré Alain Gérard. Yves Viollier s’est à nouveau immergé dans cette période tragique de notre Vendée. Souvent, il est venu, seul, méditer sous les chênes, au bord des trous d’eau, dans les chemins creux, pour s’imprégner de ce que vécurent ici les Vendéens aux abois. Les combattants, les vieillards, les femmes, les enfants. 10 La vengeance est absente de ce roman, comme elle l’était sans doute chez ces réfugiés misérables qui survivaient malgré tout, malgré le danger, le froid, la mort qui rôdait autour d’eux. Ceux-là, quelquesuns du moins, ont survécu. Ils ont choisi, au nom de leur foi, de pardonner et de reconstruire ce qui avait été brûlé, écrasé, anéanti. Ce sont ces visages-là qu’Yves Viollier a mis au centre de son roman. Et d’abord celui de Marie-Pierre, cette jeune femme, qui illumine le village enfoui, parce qu’elle est partout, auprès des futures mères, des nouveau-nés, des blessés, de ceux qui vont mourir. Le miracle de Grasla, c’est avant tout celui de l’amour qui dépasse les frontières les plus infranchissables et les plus sanglantes et qui abolit le désespoir. Et c’est sans doute le message que la Vendée peut aujourd’hui encore, avec ce roman, adresser au monde. G. B. L’œuvre de Viollier objet d’une thèse par Inka Wissner, agrégée à Bonn, elle a décortiqué l’œuvre de l’écrivain de Château-Fromage, à la recherche des diatopismes. Surprenante analyse Étonnant qu’une Allemande se soit intéressée à l’écrivain Yves Viollier. Étonnant mais révélateur de la dimension de « notre » romancier vendéen. Agrégée de littérature à Bonn, Docteur en philologie romane et langue française, Inka Wissner est intervenue durant le dernier Printemps montacutain, lors des nombreux colloques organisés en parallèle du salon. L’œuvre du Vendéen de Château-Fromage lui a servi de thèse pour une approche double, littéraire et linguistique. Une thèse érudite sur laquelle le Numéro 20 de Recherches Vendéennes a eu la bonne idée de revenir. Et largement. Dans sa thèse, l’agrégée allemande s’est surtout intéressée aux diatopismes de l’œuvre de Viollier, c’est-à-dire les régionalismes et les particularismes vendéens, pourquoi il y recourt… Si elle a rencontré l’auteur à de nombreuses reprises, elle a aussi entrepris une étude littéraire approfondie de toute son œuvre, du premier au dernier livre. Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014
  • 11. Yves Viollier, Prix Charette au Refuge de Grasla Inka Wissner et Michel Chamard, lors du colloque Lancé par Huguet sur Paris Inka Wissner rappelle que le Chaumois Jean Huguet (1920-2005), qui gérait les Éditions du Cercle d’Or, l’envoya chez un plus grand éditeur, notamment chez Delarge puis chez Flammarion. Nous sommes entre 1979 et 1986, de Retour à Malvoisine au Grand cortège, quand il recourt à une toile de fond « réaliste et spécifique à la région, la Vendée catholique, conservatrice, rurale et agricole ». Mais elle insiste sur la « manifestation de l’identité vendéennne », remarque que le langage diatonique vendéen est très discret. Tandis que chez Laffont où il rentre en 1988, sous l’aile du directeur littéraire Jacques Peuchmaurd, et avec le label École de Brive, l’orientation est modérément régionaliste, Vendée mais aussi Charente (Les pêches de vigne, 1994), parfois policier, parfois aux Caraïbes ou en Europe centrale comme sa fameuse saga de Jeanne la Polonaise (1988-1990). En 2002, toujours chez Laffont, les intentions deviennent grand public, abordent largement le thème du catholicisme, pour partir jusqu’en Irlande (La chanson de Molly Malone, 2006) et en Union Soviétique (La Flèche rouge, 2005). Tandis que son large public, qui tournait d’abord à la cinquantaine, s’est rajeuni à la trentaine au milieu des années 1990. Et Yves Viollier insiste auprès d’Inka Wissner, sa motivation première est « l’amour avec un grand A ». Et il se veut « un écrivain du réel ». Et son positionnement littéraire est donc : le réalisme. Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014 Réaliste mais accessible L’accessibilité stylistique est une vertu première chez l’emblématique auteur vendéen, une écriture « imagée, chaleureuse, bouleversante… ». Oui, mais alors, les fameux diatopismes (régionalismes) qui font la thèse de cette prof allemande ? Selon la thèse, « ils ne représentent pas seulement un style ou une image ». Alors que Viollier repousse l’idée de la « reproduction linguistique », même si le Français de sa région a sa grande importance, le patois (qu’il maîtrise passivement) pouvant refléter l’âme du pays par sa richesse. Donc, dans l’utilisation, Viollier mime et transcende. Mais au final, les diatopismes ne sont pas un enjeu pour lui. Il en a évité l’usage extensif dans ses derniers romans. Nous l’avons dit, cette thèse est érudite. Mais le large article que propose le Numéro 20 de Recherches Vendéennes est aussi une manière de mieux rentrer encore dans l’œuvre du « patron vendéen » de la littérature d’aujourd’hui. D’autant que la maquette de mise en page de la revue annuelle du centre vendéen de recherches historiques (CVRH) et de la société d’émulation de la Vendée est nouvelle (Michel Chamard présente cette nouvelle formule). Yves Viollier est sur la couverture, ainsi qu’une illustration B.D. de la Marquise de La Rochejaquelein, signée Fanny Lesaint, bédéiste, qui explique sa démarche dans ce numéro. Le lourd tribut de Fontenay à la Guerre de Vendée, l’amazone de Charette Mme de Bulkeley, sans oublier un Noël à Saint-Gervais en 1582 et quelques épisodes de la Seconde Guerre mondiale à l’île d’Yeu, sont également au sommaire de cet ouvrage tout à fait recommandable. Indispensable même (voir le coin du CVRH en fin de ce numéro). Ph.G. 11
  • 12. Librairie 85000, à La Roche-sur-Yon, le temple de la BD Nous ne sommes pas généralistes, et c’est notre force, assure André Duret, le pilote de ce temple de la bande dessinée Des BD, des mangas, des comics, de la littérature jeunesse. Une pincée de régionalisme, de la carterie, un rayon « Bien – être », la librairie 85000 de La Roche-sur-Yon se distingue aisément dans le paysage vendéen. » Les étudiants qui ont travaillé sous la conduite d’André Duret, professeur d’histoire et géographie à Luçon, docteur en histoire, maître de conférences à l’Ices et à Rennes, spécialiste de l’histoire moderne (17e – 18e siècles) ne l’imaginaient probablement pas en vendeur de BD. Pas plus sans doute que ses amis de la très sérieuse revue Au fil du Lay qu’il anime depuis plus de trente ans, en compagnie maintenant du géographe Jean-Pierre Chaillou. Comment le professeur est-il un jour devenu libraire ? « Les méandres de la vie », explique celui qui a voulu se remettre en cause et relever un autre challenge. Et qui avoue volontiers que la littérature jeunesse « n’était 12 pas son fort ». La BD ? Il l’a apprivoisée à partir de son versant historique et des pop-up qu’il considère comme des oeuvres d’art.. Très en vue sur le parvis des Halles depuis 2006, la librairie 85000 a changé de place quatre fois en trente-cinq ans, sans beaucoup quitter son ancrage initial. André Duret reprend l’activité en 2010, sans bouleverser son orientation mais en la réaménageant de fond en comble. Les différents secteurs, animés par l’un des trois salariés, Aude, Pierrick et Yasmina, sont clairement balisés: le capitaine Haddock rayon BD, la cabane enchantée côté jeunesse. Les habitués vont droit au but, les nouveaux clients savent tout de suite où aller... La spécialisation de la librairie la conduit nécessairement à cibler ses publics. Les lecteurs individuels bien sûr, mais aussi les bibliothèques, municipales ou indépendantes, les médiathèques du pays yonnais et de quasiment toute la Vendée, de Pouzauges à Challans, en passant par Luçon, Le Poiré-sur-Vie ou La Mothe-Achard. De même que les écoles, les collèges et les lycées. Une fois par semaine, la librairie propose des rencontres à thèmes pour les médiathèques qui peuvent ainsi découvrir les nouveautés du moment. Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014
  • 13. J’ai poussé la porte de la librairie Le secteur régionalisme est aussi mis en évidence : « nous nous appuyons sur des productions de qualité, comme les éditions de Geste et du CVRH », précise André Duret. Naturellement, on pose la question du pari : est-ce bien raisonnable de se lancer dans l’aventure du commerce, quand les librairies souffrent dans tous les domaines, sous la pression de la vente par internet et du livre numérique? André Duret apporte une réponse concrète: l’Association des libraires indépendants des Pays de la Loire. « Elle réunit 50 des 90 librairies indépendantes de la région. C’est vital pour la Vendée où nous sommes aujourd’hui moins de dix indépendants ». Cette association répond aux questions techniques de ses adhérents, tout en étant l’interlocuteur de la profession auprès du conseil régional et de la DRAC. Les librairies continueront d’exister. Il n’y a pas de raison d’opposer le papier à l’écran, c’est complémentaire, affirme le patron de 85000. Elles seront Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014 demain ce que les lecteurs voudront qu’elles soient. Ils y trouveront les conseils de spécialistes pointus. On ne peut pas être polyvalent et performant en tous domaines. Ici, nous avons choisi de proposer un choix important à nos lecteurs, même si le stock coûte cher. Dans le domaine de la BD, il est essentiel de répondre tout de suite à la demande des passionnés, de mettre entre leurs mains la collection complète des albums qu’ils veulent acquérir.» Dans le Saint des Saints de 85000, le bureau discret où il travaille, André Duret, né natif des Pineaux-Saint-Ouen, revient à sa chère revue qui s’intéresse en ce moment aux réfugiés des Ardennes en pays Mareuillais. Nous en reparlerons ici une autre fois... G. B. 13
  • 14. Successeur de l’abbé Delhommeau en tant qu’archiviste du Diocèse, le Père Henri Baudry, avec le recueil des Lettres d’émigration de Mgr de Mercy. À l’ Hôtel de Ville de Luçon, le 28 février 1997, la remise de la rosette d’Officier des Arts et Lettres. Autour de l’abbé Delhommeau, Michel Crucis, Président du Conseil général, Daniel Tran, Proviseur du lycée Atlantique, Mgr Charles Paty,, évêque de Luçon. Philippe de Villiers, Secrétaire d’État auprès du Ministre de la Culture et de la Communication 14 L’abbé Delhommeau dans la bibliothèque de l’Évêché: une réorganisation rigoureuse et toujours précieuse. L’abbé Delhommeau, en compagnie de Mgr Paty, Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014
  • 15. Abbé Delhommeau Au Vatican, avec le Pape Jean-Paul II. L’abbé Louis Delhommeau L’œuvre titanesque d’un archiviste diocésain L’abbé Louis Delhommeau (1913 - 2002) a réalisé, pour l’Histoire de la Vendée, une œuvre colossale : Les archives de toutes les paroisses et de l’évêché, les fichiers du clergé, des églises et des chapelles, l’organisation de la bibliothèque diocésaine, la publication du catéchisme de Richelieu, celles des lettres d’émigration de Mgr de Mercy... L’abbé Henri Baudry, son successeur d’aujourd’hui, et Julien Boureau, Conservateur des Antiquités et Objets d’Art de la Vendée, l’un de ses « fils spirituels », évoquent pour Lire en Vendée sa personne et ses travaux. Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014 Louis Delhommeau est né à Cugand, dans une famille d’ouvriers papetiers, le 2 juillet 1913. Ordonné prêtre en 1937, il sera d’abord vicaire à Coëx et Fontenay-le-Comte, curé de La Caillère, puis de Mouilleron-le-Captif. Son ministère bifurque en 1952, lorsqu’il obtient de son évêque, Mgr Cazaux, un congé pour se consacrer à l’orgue et à la musique religieuse, sa première passion. En 1956, il entreprend la recherche de documents concernant l’histoire du diocèse de Luçon. Il commence par les abbayes : Lieu-Dieu-en-Jard, la Grainetière, SaintPierre de Maillezais. Nommé archiviste-adjoint en 1961, il succèdera au père Deriez, en 1970, en tant que titulaire. Entre temps, en 1963, il est nommé Conservateur des Antiquités et Objets d’Art de la Vendée. Les paroisses et le diocèse Le Père Henri Baudry n’a pas, à vrai dire, longtemps cohabité avec l’abbé Delhommeau qui l’avait fait venir. Il dissèque avec précision son œuvre. Et d’abord les archives paroissiales. Pendant vingt ans, 15
  • 16. il a sillonné les 305 paroisses de Vendée, recueilli, classé, inventorié. Ce fichier occupe 1,50 m d’étagère aux Archives diocésaines. Un outil très précieux qui permet de retrouver les traces de prêtres vendéens partis au Canada ou d’expliquer ce que doit à l’Algérie l’une des cloches de l’église Sainte-Bernadette de La Rochesur-Yon... L’abbé Delhommeau n’a pas souhaité rassembler en seul lieu les archives locales qui sont restées dans les paroisses. « D’abord, il aurait fallu installer 800 mètres de rayonnages à Luçon... au risque de les voir toutes disparaître en fumée. Alors qu’il y a peu de chances que le feu se déclare dans 300 presbytères à la fois... » L’abbé Delhommeau a bien sûr classé systématiquement les archives de l’évêché, appauvries cependant lors des guerres de religion et de la période révolutionnaire. Car il n’y pas d’évêque résidant à Luçon pendant 30 ans... Il faut souligner aussi son travail sur la liberté scolaire – le grand combat de Mgr Cazaux - et les conciles Vatican I et Vatican II. De 1982 à 1990, l’archiviste passe chaque année trois mois à Rome. Logé à Saint-Louis des-Français, il se plonge dans les Archives secrètes du Vatican, exhumant des documents très anciens, notamment les bulles concernant les évêchés de Luçon et Maillezais. Louis Delhommeau établit aussi un guide des sources vaticanes à propos de la période révolutionnaire dans l’Ouest, guide qui sera préfacé par le grand historien Jean Favier. Son fichier du clergé vendéen, accessible sur le Net, permet de remonter jusqu’en 1290, 1300... Le catéchisme de Richelieu L’abbé Delhommeau a noirci des milliers – des millions ? - de pages. Il a aussi permis la publication d’ouvrages qui marquent l’Histoire de la France, 16 pas seulement celle de l’Église ou du diocèse. A commencer par « L’instruction du Chrestien », du cardinal duc de Richelieu, sorti des presses de l’Imprimerie royale du Louvre en 1618, et que les éditions Siloë ont publié en janvier 1997. Il a écrit l’introduction de cette édition moderne. L’original est toujours conservé à Luçon et une très belle édition en a été offerte au Pape Jean-Paul II, lors de sa venue à Saint-Laurent-sur-Sèvre, le 19 septembre 1996. L’Académie française honorera ce travail le 3 décembre 1998. Maurice Druon, son secrétaire perpétuel, lui remet la médaille de vermeil de l’Institution, créée par Richelieu. Mgr François Garnier, qui l’accompagne à cette occasion, le présente alors comme « le serviteur du goupillon salué par le sabre de la Garde Républicaine ».... À l’occasion du Bicentenaire de la Révolution, grâce à ses recherches chez les Lazaristes à Paris, l’archiviste rassemble et publie les 182 lettres d’émigration que Mgr de Mercy adressait à ses vicaires généraux, émigrés eux aussi, à M. Paillou notamment (Siloé, 1993). Sur cette période, l’abbé Delhommeau a aussi publié en 1992 « Le Clergé vendéen face à la Révolution » (Siloë), un ouvrage majeur pour la compréhension des guerres de Vendée. Toutes les églises de Vendée L’abbé Delhommeau est aussi un vulgarisateur éclairé. En témoigne, entre autres, son passionnant ouvrage « Églises de Vendée » (Éditions du Marais, 1967). Il y retrace dix siècles d’architecture religieuse, depuis la fondation de l’abbaye de Maillezais jusqu’à l’érection de Sainte-Bernadette, à La Roche-sur-Yon. Il n’hésite pas à donner son avis, fort critique, sur les constructions du XIXe siècle, marqué par l’art pastiche néo-grec et néo-chrétien et l’envahissement du néo-gothique. Il fustige particulièrement « les sanctuaires surchargés de Fourvière et Notre-Dame-de-la-Garde et, en Vendée, la prétentieuse église d’Aizenay »... Plus surprenant, le béton armé du XXe siècle trouve davantage grâce à ses yeux. Il salue d’ailleurs l’aggiornamento liturgique de Vatican II, « propice pour désencombrer les nefs et les sanctuaires de tout un bric-à-brac qui s’y était accumulé... » Comme un moine bénédictin Julien Boureau, Conservateur des Antiquités et des Objets d’Art de la Vendée, considère l’abbé Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014
  • 17. Abbé Delhommeau Delhommeau comme un « père spirituel » : « Il nous a lancés, Laurent Charrier et moi, dans nos trajectoires et il nous a toujours suivis et conseillés dans nos études et nos recherches. » Il souligne sa rigueur scientifique, celle d’un moine bénédictin. « Il a été l’initiateur du patrimoine départemental pour l’orfèvrerie religieuse, la statuaire et le peinture. Il a fait inscrire près de 1 000 objets, alors qu’il y en avait fort peu avant lui. » Julien Boureau a souvent conduit l’abbé Delhommeau vers les églises et les chapelles du département : « Il partait toujours des archives, et se rendait seulement après sur les lieux ». Ces recherches trouvaient aussi un aboutissement pour le grand public, grâce à ses nombreuses chroniques dans « Le Courrier français ». L’hommage que Julien Boureau a rendu à son maître et prédécesseur, un an après sa mort, dans la revue régionale « 303 » (n°78, septembre 2003), retrace très fidèlement et très complètement l’œuvre de Louis Delhommeau tout autant que sa personnalité: « un serviteur et un homme de foi qui a sauvé les témoignages de notre patrimoine, un personnage passionnant et un missionnaire passionné au service de la mémoire ». Il y raconte en particulier l’inventaire des 570 mètres de rayonnage, tout au long des 38 mètres de la bibliothèque de l’évêché. Et de le citer: « Je ne vous dirai pas combien d’heures, de jours, de semaines et de mois, j’ai passés à cette besogne ingrate, En soutane bien sûr, montant et descendant, Dieu seul sait combien de fois par jour, une échelle plate de quatre mètres pour descendre les livres placés sur les dix rayons de chaque travée... » Louis Delhommeau s’éteint le 22 octobre 2002, à la Maison du clergé du Landreau, aux Herbiers. Il repose dans le cimetière de Cugand, son pays natal. Lors de sa réception à l’Académie, Mgr François Garnier évoquera « l’archiviste discret, tout de gris vêtu, honoré par d’éminents lettrés, historiens et linguistes brodés de vert et d’or ». G. B. Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014 La médaille de vermeil de l’Académie française, remise pour sa publication du Catéchisme de Richelieu. « Lire en Vendée » remercie le Père Henri Baudry, archiviste du Diocèse, et Julien Boureau, Conservateur des Antiquités et Objets d’Art, pour leur contribution à cet hommage et l’aimable mise à disposition de leur iconographie. 17
  • 18. Basile Clénet Sur le théâtre de l’épopée vendéenne Paysan, homme engagé et poète Basile, Ferdinand, Arthur, Marie Clénet naquit à La Chaize-le-Vicomte le 21 juillet 1881, d’une famille originaire de La Gaubretière où elle connut les massacres de la période révolutionnaire et fournit plus tard plusieurs membres au clergé vendéen, dont Pierre-Isaac, curé de La Chaize-le-Vicomte pendant 40 ans, Jules-Isidore, vicaire de la même paroisse pendant 20 ans et Antoine, curé de Martinet également pendant 40 ans de 1845 à 1890. Croyant pour lui aussi à une vocation religieuse, il entra au petit séminaire des Sables d’Olonne, tout en passant du temps aux Lucs-sur-Boulogne, autre haut lieu du martyrologe vendéen, ses parents le confiant au curé Boudaud afin qu’il perfectionne son latin. Mais après un séjour à Jersey, chez les Jésuites chassés, il revint plus enclin à l’écriture qu’au sacerdoce. Il revint alors à la ferme de la GrandeHardie de La Chaize-le-Vicomte dont il reprit l’exploitation. Passionné de chasse, il recevait de grands équipages de vénerie en bordure de la grande forêt de La Chaize. En 1906, après s’être marié, il participa avec d’autres pionniers, comme Batiot ou Rampillon, à l’introduction de la race Charolaise en Vendée. Mais il savait aussi dégager de longs moments de réflexion, afin de mener à bien sa passion de l’écriture. Les œuvres se succédèrent à partir de 1913, à peine interrompues par la Guerre 14-18, essentiellement tournées vers le théâtre, et lui permirent d’être joué aussi bien en Vendée qu’à Paris ou même à Bruxelles. Mais, membre de l’Action Française, il fut très marqué par la condamnation de ce mouvement par le pape Pie XI. Dans les années 30, il collabora au journal « La Vendée », côtoya l’élite culturelle des peintres et écrivains du département, parmi lesquels, les peintres André Astoul et André-Charles Nauleau, les écrivains Jean Yole et Louis Chaigne, et même le musicien Ernest Guyonnet. La préfecture de la Vendée lui demanda de faire partie de la commission chargée de représenter la province Poitou-Charentes à l’exposition internationale de 1938 à Paris. Il s’était installé à la Vergne de Saint-Florentdes-Bois en 1928, mais perdit son épouse en 1935. 18 Ballade vendéenne Un jour, notre Vendée Fut la belle accordée : Un preux fier, aguerri, Noble et beau, tout de flamme, Voua son cœur, son âme, Comme à sa gente dame ! Ce fut Monsieur Henri. La Vendée était belle Catholique et fidèle, Monsieur Henri l’aimait, Et de la moindre peine, Troublant la paix sereine De l’âme vendéenne, L’amoureux s’alarmait. Mais le jour où la dame Essuya de l’infâme Un trop cruel affront, Ce héros d’épopée, Prit dans sa main crispée Sa lumineuse épée Pour abriter son front. Et notre vieille histoire Conserve en sa mémoire La fin d’amour si beau. Quand la belle asservie Fut sans souffle et sans vie, Morte, elle fut suivie Par le preux au tombeau. Et sur les froides dalles Que foulent nos sandales, Les saints du Paradis Sèment, c’est tout à croire, De lauriers de victoire Et des graines de gloire Qui lèvent fleur de lys. Après la Guerre 39-45, il se remaria avec une femme écrivain et s’installa près de Pau, publiant plusieurs ouvrages avec elle. Il mourut accidentellement en 1963 à Billière, et vit son souhait exaucé d’être enterré à Lourdes, puisque sa sépulture se trouve dans cette ville au cimetière de l’Égalité. Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014
  • 19. Basile Clenet Une œuvre dominée par le théâtre L’œuvre de Basile Clénet est abondante et lui valut de devenir membre de la Société des Gens de Lettres. Basile Clénet est d’abord connu comme homme de théâtre et poète. Si la poésie n’occupe pas la majeure partie de son œuvre, elle est cependant bien présente. Par les poèmes épars qui parurent dans La Revue du Bas-Poitou, mais aussi par la rédaction des pièces de théâtre qui sont le plus souvent en vers. Ensuite, par la publication aussi, en 1931, du recueil « Gloires vendéennes » et dix ans plus tard du poème-plaquette « Notre-Dame de Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014 19
  • 20. France ». Pour cet homme qui écrivait : « Je suis un gars de la Vendée / Et j’en suis fier. », on notera la double préoccupation de la légende vendéenne, qu’il incarnait de toute sa personne, et la louange de la Vierge Marie, dont il avait toujours mis le culte en avant. Le chroniqueur qui présente « Gloires vendéennes » évoque Clénet comme « un vieux chouan qui serait un troubadour épique ». De ses rythmes harmonieux, au travers des quatre grandes parties du livre, intitulées « La Maison de France », « Poésies de France et de Vendée », « Histoire de la Vendée » et « La Vendée contemporaine », il rattache les talents de nos terroirs à la grande France royale et perpétue le retentissement de l’épopée de 93, en prolongeant de belle façon l’admiration des générations pour ces glorieux héros qui n’ont cessé de hanter la poésie née de notre terre. Passionné par l’histoire et par la religion, Clénet a aussi publié en 1926 « L’Eglise et l’intelligence ou l’Eglise dans ses rapports avec les lettres, les sciences et les arts ». En 1945 parurent « L’abbaye des Fon- 20 tenelles en Saint-André-d’Ornay», et « Notre-Dame reine de France », qui obtint le prix Montyon décerné par l’Académie Française, puis en 1947, « Le ciel et la France » et enfin 1956, un livre écrit avec sa seconde épouse Marie-clotilde Clénet et Henri Bordeaux : « Génie antique et christianisme : Histoirelettres à travers les civilisations anciennes ». Il creusa ainsi jusqu’au bout le sillon de la tradition et de la défense de ses convictions religieuses, les étayant avec une certaine noblesse à une époque où la Vendée n’avait pas encore connu de véritable évolution. Plusieurs décennies après l’ère romantique et post-romantique, Basile Clénet n’en est pas moins un chantre séduisant de la légende vendéenne. Sa particularité est de ne pas se contenter des mots pour la faire revivre. Il la met en scène au sens propre du mot, dans la mesure où sa poésie personnelle s’exprime d’abord par le théâtre qu’il alimenta, entre autres, de nombreuses pièces sur l’histoire de la Vendée. Son œuvre d’écrivain est donc avant tout celle d’un auteur de théâtre. Les glorieux événements de l’épopée vendéenne, vécus par des membres de sa propre famille avaient dû l’influencer, au point que sa première jouée en 1913 à Bruxelles, se nommait « Les géants de la Vendée ». D’autres suivirent, après que la parenthèse de la guerre, lui eût permis de créer au château d’Amboise un drame historique intitulée « Au bord de la Marne ». Suivirent en 1920 un poème dramatique en quatre actes et mis en musique par Pierre Bastide : « Les charmes d’Armide  »  ; une comédie en un acte en 1921 : « Les cerises », une pièce inspirée de Musset en 1922 : « Sur trois marches de marbre rose » ; un drame en trois actes en 1924 : « L’enfant prodigue ou le retour à la terre » ; en 1925 : « mimi Pinson est une blonde » pour une musique d’Ernest Guyonnet ; en 1926  : « Le duc d’Orléans et le duc de Guise  » ; un drame historique en trois actes et quatre tableaux : « Charrette » ; le drame lyrique en deux actes  : « Les anges » et « Un prêtre vendéen sous la Révolution », tous les deux mis en musique en 1928 et 1929 par l’abbé Courtonne ; un drame moderne en trois actes en 1930 : « Fleur de France »  ; le drame historique en quatre tableaux en 1938 « Richelieu » ; le livret d’un opéra pour Pierre Bastide Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014
  • 21. Basile Clenet en 1942 : « Marie Mancini » ; et le drame lyrique en trois tableaux mis en musique par P. Lescure en 1945 : « Béatrice ». On le voit la liste est longue et les titres convergent presque tous vers le drame et l’histoire. Le théâtre de Clénet fut souvent bien accueilli dans une France encore attachée à une vision traditionnelle, particulièrement dans les grandes capitales régionales. Les représentations n’eurent pas lieu, en effet, qu’à Bruxelles ou à Paris, mais aussi bien dans les villes thermales qu’à Nantes ou à La Roche-sur-Yon, où le public était tout acquis aux convictions de l’auteur. La Dépêche vendéenne ne tarit pas d’éloges sur la représentation de « L’enfant prodigue » joué dans des décors d’André Astoul : « L’enfant prodigue, c’est un jeune paysan vendéen, qui, dévoyé par les funestes idées du jour, abandonne les siens, ses travaux, sa terre, s’en va en grande ville où une à une s’évanouissent ses chimères, et revient au pays, repentant, pour reprendre la route tracée par ses pères ». Et d’ajouter « L’auditoire s’attendait à une œuvre de maître. Il ne fut pas déçu (...) C’est une œuvre forte au plus haut point pathétique et moralisatrice ». Les critiques sont élogieuses. Elles récompensent un auteur qui porta haut la tradition vendéenne, catholique et royaliste, et fut le chantre de l’épopée jusqu’aux deux tiers du XXe siècle, à l’époque où la Vendée entam sa révolution culturelle… Alain Perrocheau Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014 Chant des grands valets Ohé ! Les patrons de la ferme ! Ohé ! Voici les grands valets! Vaillants et forts, nous tenons ferme, Partout dans les foins, dans les blés. Nous savons tenir la charrue, Tracer la raise et le sillon, Faucher les blés et l’herbe drue; Remplacer s’il faut le patron. Nous sommes debout quand l’aurore Teinte les cieux d’un feu vermeil. Et nous sommes debout, encore Après le coucher du soleil. Larges et dures sont nos têtes, Nos bras comme nos têtes sont forts, Et nos pieds foulent des conquêtes D’herbages et de moissons d’or. Jamais l’ouvrage ou la besogne Au grand valet n’a fait peur ; Pour l’abattre, il frappe, il cogne Haletant, couvert de sueur. Un valet trime la semaine Aussi longtemps que luit le jour, Et, le dimanche, il se promène Au doux pays de ses amours. 21
  • 22. Après Gaby Morlay, Harry Baur et le film Méléfices dans le précédent numéro de Lire en Vendée (N°26), le journaliste cinéphile s’intéresse cette fois ci à deux Sablais, Florelle et Léo David, et au Marquis de la Falaise. Tous trois appartiennent à l’histoire du 7e Art Gloire et malédiction pour Florelle À la fois chanteuse, danseuse et actrice, Odette Rousseau, dite Florelle, native de La Chaume, connut la gloire aussi bien au music-hall qu’au cinéma. Puis sa carrière se brisa après la guerre. Dans Les Misérables, elle joue Fantine aux côté d’Harry Baur, le monstre sacré d’avant-guerre. Florelle (1898-1974) était née un 9 août aux Sables-d’Olonne, précisément à la Chaume sur le quai nommé aujourd’hui Georges V. Elle passe les premières années de sa vie entourée de sa famille, le « clan » Rousseau, avec notamment sa grand-mère, « la mère Rousseau », propriétaire de la buvette du même nom. En 1908, son père, Elysée, décide de « monter » à Paris, plein d’ambitions. La jeune Odette et sa mère, Diadéma, l’accompagnent dans cette aventure. Odette découvre alors l’univers des music-halls grâce à Diadéma, caissière à la Cigale. À douze ans, la chance lui sourit pour remplacer au pied-levé un jeune professionnel dans le sketch « Le Marseillais et la parigote ». C’est ainsi qu’en travesti, tout a commencé un jour de 1911, pour ce drôle de petit bout de femme (1,62m) qui respirait la joie de vivre et d’aimer, fit un don total de sa personne à ce métier qu’elle adopta par inclination. « Irrésistible vocation pour une carrière basée sur le travail intensif, passionné, obstiné », écrivit J.V. Cottom, le directeur de l’hebdomadaire Ciné-Revue (29 avril 1976), qui l’avait personnellement connue. La petite Odette, pas encore Florelle (qui lui alla si bien, qu’elle choisit elle-même, n’aimant pas son nom Odette Rousseau, trouvant la consonance trop bourgeoise, pas assez titi !) va continuer à jouer plusieurs années les petits garçons, à l’Ambigu dans une revue d’enfants, puis en tournée avec le même spectacle en Allemagne et même en Orient. 22 Pendant la Première Guerre Mondiale, elle participe à diverses revues, passant ensuite au cabaret, chez les chansonniers. Elle a une très jolie voix, la jeune Florelle, une voix qu’elle ne cesse de perfectionner, mettant sur pied tout un répertoire. En 1920, elle affronte pour la première fois le cinéma, avec Gonzague, de Henri Diamant-Berger, avec Albert Préjean. Elle retrouve Diamant-Berger dans L’affaire de la rue de Lourcines (1922) et dans Jim Bougne, boxeur (1923)… Mais le cinéma muet ne l’enchante guère. Recommandé par Maurice Chevalier, elle est présentée à Mistinguett dont elle devient la doublure dans la revue Ça c’est Paris, la suit en Amérique centrale et du sud. Elle se mariera d’ailleurs à un Mexicain, liaison de courte durée. Revenue à Paris en 1925, elle reprend au Moulin-rouge une version de Ça c’est Paris, qu’elle chante ensuite en cinq langues à travers l’Europe. En 1925, elle est considérée comme une rivale directe de Mistinguett, se différenciant d’elle par une sensibilité plus nuancée et une très jolie voix au sommet de son art. Florelle la remplace d’ailleurs lorsque celleci rompt avec la direction du Moulin-Rouge. Elle retrouve Henry Garat à l’Empire, Henry Garat qui jouera aussi un grand rôle dans sa vie sentimentale. « On parle même d’amours volcaniques et il est vrai que celles-ci sont faites de ruptures et de réconciliations, d’orages et de grands serments renouvelés », poursuit J.V Cottom dans sa série des « Immortels du cinéma » dans Ciné-Revue. C’est Georg-Wilhelm Pabst, devenu un metteur en scène de premier plan en Allemagne, qui l’a fait rentrer par la grande porte du cinéma avec L’Opéra de quat’sous aux débuts du parlant, qui lui plait beaucoup plus. Pasbt l’a engagé en 1931 dans la version française, aux côtés d’Albert Préjean et Gaston Modot. Elle tournera aussi la version espagnole Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014
  • 23. Au cinéma, La Vendée dont elle possède la langue. Car, comme souvent au début du parlant aux techniques balbutiantes, les films sont réalisés en deux sinon trois versions (le doublage post-synchronisé viendra cependant vite après). Et Pasbt a dirigé les deux versions. La version française est désormais considérée comme un des premiers chefs d’oeuvre de l’art cinématographique parlant. Tiré d’une pièce de Berthold Brecht qu’il a lui-même adapté, tourné à Berlin alors capitale cinématographique, L’Opéra de quat’sous est d’un esprit anticonformiste, plein d’humour noir, satire virulente de la société anglaise à l’époque victorienne, mais aussi une incursion aux frontières de l’expressionnisme par certains de ses procédés et que justifient l’étrange sujet qui nous fait pénétrer dans les bas-fonds imaginaires d’un Londres sans âge. Florelle y joue le rôle de Polly Peachum, la sulfureuse diva. Elle y est merveilleuse. Pourtant, le célèbre cinéaste voulait Madeleine Renaud, qui n’est pas libre. « Il lui fallait une femme très jolie, blonde, or j’étais Elle joue et chante dans L’Opéra de quat’sous, chef-d’œuvre du début du parlant signé Pabst. rousse », racontera plus tard Florelle. « Pasbt me fit comprendre que ce rôle n’était pas pour moi. Mais deux jours avant le premier tour de manivelle, il s’arrache les cheveux : personne sous la main ! On lui reparle de moi. En deux heures, je deviens blonde, tourne un bout d’essai. Pasbt, cette fois enthousiasmé, m’engage, tout en s’excusant de n’avoir pas eu confiance en moi plus tôt ». Mais L’Opéra de Quat’Sous, futur grand classique de l’écran, connaît les foudres de la censure, sortira avec un grand retard. N’empêche, la Vendéenne enchaîne les tournages, pas moins de huit Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014 Juste avant la 2e Guerre Florelle représente la femme libérée et on prend modèle sur elle. long métrages en 1931, autant en 1932, auprès des plus grands : Robert Siodmark dans Tumultes ; Pasbt qu’elle retrouve dans L’Atlantide ; en 1932, Alexandre Korda dans La dame de chez Maxim’s, film qui malgré l’esprit de Florelle n’ajouta rien à la renommée de Korda qui prit le chemin d’Hollywood ; Raymond Bernard (de ceux pour qui le passage du muet au parlant s’effectua sans difficulté) dans Les misérables, où elle joue Fantine aux côtés d’Harry Baur (Jean Valjean), Charles Vanel (Javert), Charles Dullin et Marguerite Moreno (Les Thénardier), une distribution de premier ordre ; Fritz Lang dans Liliom, aux côtés de Charles Boyer (1934) ; Jean Renoir dans Le crime de Monsieur Lange, avec Jules Berry et René Lefèvre (1936)…. Elle tourne quarante films en moins de dix ans, y apporte sa fantaisie, sa joie de vivre, sa vivacité, son bagout. Elle est aussi capable d’émouvoir, de soutirer des larmes mais on le lui demande plus rarement. C’est une carrière de premier plan et elle ne délaisse pas la chanson. Elle représente la femme libérée et on prend modèle sur elle, notamment quand les femmes arborent ses pyjamas colorés et vaporeux. C’est une gloire cependant oubliée aujourd’hui mais, plus ingrat encore, dès après la deuxième guerre mondiale. La même malédiction qui a frappé Jean Gabin. Pourtant, tout comme Gabin, l’attitude de Florelle est exemplaire, héroïque même. Durant l’Occupation, elle cache des Israélites dans son cabaret à Montmartre, puis elle exploite des cafés au Maroc et en Côte-d’Ivoire en faisant de la Résistance, tandis que les Allemands saccagent à plusieurs reprises son appartement parisien. Florelle, comme Gabin, propres sur eux, représentent-ils la mauvaise conscience du peuple et du show-biz français ? 23
  • 24. Si Gabin trouvera Le Grisbi qui mettra l’étincelle à une nouvelle carrière, il n’en sera pas de même pour Florelle, qu’on revoit dans Les caves du Majestic, de Richard Pottier en 1945, puis guère que dans trois autres films dans les années qui suivirent, les derniers étant Oasis, d’Yves Allégret, avec Michèle Morgan en 1955, Gervaise, de René Clément en 1956, et la même année Le sang à la tête, de Gilles Grangier, où elle a pour partenaire… Jean Gabin. Visage fané mais émouvant…. Une adaptation d’un roman de Simenon (Le fils Cardinaud ) dont le tournage a lieu à La Rochelle. Puis Florelle se retire définitivement du milieu, quitte Paris, avec amertume : « je ne veux plus avoir de contacts avec mon passé. Pourtant, je n’avais pas dis mon dernier mot. Que de rôles j’aurais encore pu jouer ». Odette Rousseau, dit Florelle, revient là où elle est née, aux Sables d’Olonne, reprend la tradition familiale en ouvrant un café (« Chez Florelle ») à côté du Casino des Pins, vit assez modestement, roule en 2 CV avec sa mère qui est âgée. Elle meurt au vieil hôpital de la Roche-sur-Yon (actuellement le conseil général) le 28 novembre 1974. Une quarantaine de personnes seulement assiste à son enterrement. Mélancolique sortie pour cette belle et talentueuses artiste, dont la voix si fraîche égrenait « la complainte de Mackie » et « la chanson du pirate », couplets célèbres de L’Opéra de Quat’sous. L’écrivain vendéen (né à la Chaume) Jean Huguet a consacré une magnifique biographie (en 1997) à Odette Rousseau, dite Florelle. Ph.G. Léo David et sa fille interviewés par Jacques Bernard, l’auteur de la biographie. 24 Le touche-à-tout Léo David en 1984. Léo David aux côtés de « l’immense Raimu » Ce Sablais fit quelques belles prestations dans le cinéma, tournant notamment avec Raimu sous la direction de Duvivier. Mais il préférait les planches. Et sa ville. Né aux Sables d’Olonne, fils du ténor Léon David, Léo David (1911-2002) eut une belle carrière de chanteur lyrique notamment aux Bouffes Parisiens, temple de l’opérette, au théâtre Pigalle aussi, jouant notamment aux côtés de Jules Berry. De tels contacts lui permettent alors de faire quelques incursions dans le cinéma. Il fit ainsi partie de la distribution du film Accusé, levez-vous, de Maurice Tourneur (1930), aux côtés de Gaby Morlay (cette autre vendéenne) et Charles Vanel ; Vaccin 48 (1934), avec Alice Tissot et Robert Goupil ; Les compagnons de Saint-Hubert, de Georgesco (1936), avec Orbal et Dandy. Surtout, il joue dans Untel, père et fils, de Julien Duvivier (en janvier 1940), avec Louis Jouvet, Michèle Morgan, Françoise Rosay et « l’immense » Raimu, dont Léo sera le secrétaire-chauffeur, saura surtout s’accommoder du caractère de la star. Le film fut tourné à Nice, studio de la Victorine et sera achevé la veille de l’invasion allemande. Il ne sortira qu’en octobre 1945. De retour aux Sables d’Olonne, Léo David deviendra un infatigable animateur de la station, notamment grâce à ses talents de metteur en scène de revues, offrant aussi sa plus belle fête à l’aviation locale, oeuvrant à la naissance du club de rugby et du groupe folklorique Le Nouch qui, sous son impulsion, acquièrera une réputation internationale. Il faut lire la belle biographie que l’écrivain Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014
  • 25. Au cinéma, La Vendée Jacques Bernard a consacrée en 2004 à ce Sablais d’exception, dont il était devenu très proche. Titre : « La vie passionnante de Léo David » (VPCC). Lire également « Étonnants Vendéens », de Claude Mercier (Edition de l’Etrave, 2012). Ph.G. La Marquis de la Falaise et Constance Bennett, sa seconde femme, également une grande actrice hollywoodienne. Henry de la Falaise au bras de sa première femme, la star hollywoodienne Gloria Sawnson. Henry de La Falaise, marquis gentleman d’Hollywood La vie de cet aristocrate originaire de Saint-Florent-des-Bois est un film hollywoodien. D’ailleurs, il se maria à deux stars, dont Gloria Swanson. Il fut aussi producteur et réalisa des films dans la jungle asiatique Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014 D’origine Vendéenne, né à St-Cyr-l’École (Yvelynes), mort dans un accident d’avion aux Baléares, le riche et séduisant marquis de La Falaise (1898-1972) venait souvent dans son château à la Barre, à Saint-Florent-des-Bois. Cet aristocrate vendéen approcha le cinéma de manière fulgurante, d’abord en fondant sa société de production en 1925 ; puis en se mariant à l’actrice américaine Gloria Swanson, qu’il rencontra en 1925 lors du tournage à Paris de Madame Sans-Gêne, dont il divorce en 1931. Puis il se remariera à Constance Bennett qui est alors une des stars les plus cher payé d’Hollywood (elle jouera notamment dans Le couple invisible en 1937 avec Cary Grant et dans La femme aux deux visages, de Georges Cukor, avec Greta Garbo, son dernier film) dont il divorcera en 1940. 25
  • 26. Au cinéma, la Vendée Il fut aussi metteur en scène, notamment de deux documentaires. Dans un livre de souvenirs « Les années magnifiques » (1986, Editions N°1) qu’écrivit sa troisième femme Emmita, Colombienne d’origine, elle évoque ce passé qui remonte au début des années trente : « … Après avoir participé, à la tête de la production étrangère, à son premier film en Français, Le roi s’amuse, Henry se marie avec Constance Bennett, puis part pour Bali, où il met en scène et produit Le Gong, histoire des danseuses sacrées du Grand Temple. Ce film est un des premiers en couleurs de l’histoire du cinéma, connaîtra un vif succès aux Etats-Unis. Faulkner écrira sur lui un article enthousiaste. Mais son tournage du Gong vaut à Henry des crises de paludisme dont il souffrira longtemps ». Peu après, Henry de La Falaise part pour l’Indochine tourner Kliou (qui signifie « tigre » en moï), une étude d’une réelle beauté sur les indigènes moïs et leurs rapports avec la nature et les animaux. Les scènes d’animaux sauvages sont, pour la première fois dans l’histoire du cinéma, tournées de très près : un python y broie une antilope à vingt-cinq pas de la caméra, et on y voit les tigres renifler les opérateurs. Le tournage dure une année, dans les hauts-plateaux de Djering, aux limites du pays insoumis. Le marquis vendéen reste des heures les jambes dans l’eau, la tête et les bras dévorés par les moutiques, le corps couvert de sangsues, à attendre l’heure propice pour tourner ou capturer les fauves. « À la fin du film, Henry est terrassé, cette fois, par la maladie de Buski, transmises par les sangsues, et reste plusieurs mois entre la vie et la mort. Quand je le rencontre à New-York, il n’est sorti de l’hôpital que depuis quelques mois. Pour Kliou, il a gagné le Lion d’or à Venise et un premier prix au festival de Moscou ». C’est Emmita dans le texte des « Années magnifiques », ouvrage qui rencontra un succès de librairie à sa sortie. Henry de la Falaise a aussi écrit un livre « Mai 40, la bataille des Flandres, mémoire d’un combattant », racontant son expérience de la guerre qu’il fit comme officier de liaison dans un corps expéditionnaire britannique. Ph.G. 26 Les bons conseils du père Philibert Les œuvres emblématiques des Guerres de Vendée La confusion entre les Guerres de Vendée et la Chouannerie n’est pas réservée qu’à certains élus, pour rebondir sur une récente actualité. Des Vendéens mêmes s’y trompent parfois. Aussi, l’occasion se présente pour dénouer l’équivoque. D’abord la chouannerie explose quand la Vendée est morte ! La chouannerie est enfant de Bretagne, Sarthe et Mayenne. La Vendée est une révolte spontanée, née de sa terre. Il n’est pas anodin de s’intéresser à la guerre civile de 1793 pour comprendre au plus près l’âme vendéenne, son traumatisme, son pardon aussi, son exception deux siècles plus tard. D’autant qu’avec l’accroissement de la population, les Vendéens installés récemment sont légions. Pour s’informer, rien ne vaut la lecture. Certains ouvrages, des romans écrits par des Vendéens, présentent aussi une certaine objectivité sur des événements qui ont été longtemps occultés, mais où notre Première république s’est tout de même déshonorée en pratiquant des massacres à grande échelle, à partir de janvier 1794, avec le passage des Colonnes infernales. Alors que la Vendée était vaincue, à terre, après la bataille de Savenay le 23 décembre 1793 ! Il faut d’abord lire Ouragan sur la Vendée, d’Élie Fournier, contant le tragique destin des 4 sœurs Vaz de Cuello et de leur mère, qui vécurent la Virée de Galerne et finiront guillotinées à Nantes. Le bourreau ne s’en remettra pas, mourant trois jours plus tard. Le logis où vivait cette famille existe toujours, à quelques kilomètres du Poiré-sur-Vie. La plume de l’abbé Fournier est vibrante, authentique. La bataille de Cholet ou La guerre en sabots, est signée Gilbert Prouteau (1917-2012). Le prodige vendéen natif de Nesmy met en scène cette bataille décisive, qui s’est jouée à peu de chose, avant qu’un cri n’envoie tous les battus « à la Loire », qu’ils franchiront pour cet exode biblique de la Virée de Galerne. 100 000 hommes, femmes, enfants, animaux en direction de la Normandie… Dans son ouvrage paru en 1994, Prouteau y fait parler, et les généraux vendéens et les généraux républicains, tout en restant dans le tempo de cette bataille en octobre 1793. La Chasse aux loups, La grande meute, Même les pierres ont résisté. Trois titres sous la houlette d’Yves Viollier. Lui aussi est un incontournable. L’ancien prof de Français au Poiré-sur-Vie a écrit en 1988 les Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014
  • 27. Le père Philibert deux premiers romans cités. Dans ceux-là, avec les « moutons blancs » de Château-Fromage, le lecteur est au cœur de la bataille de Luçon en août 1793 et encore plus de la virée de Galerne d’octobre à décembre 1793. C’est une couleur aussi qui domine dans ces deux livres épiques. Car Viollier écrit comme s’il peignait, fécond comme un flamand. Cette couleur est rouge. L’histoire des Vendéens qui se cachent en forêt de Grasla et reconstituent le village, avec un hôpital est en revanche méconnue et Viollier la restitue dans son dernier livre, Même les pierres…, qui sera prix Charette en juillet dernier. Ce livre est aussi celui du pardon. Il faut également absolument lire Les mouchoirs rouges de Cholet, de Michel Ragon dont on connaît la limpidité du style. Ragon tend la toile de désolation que fut la Vendée après la Guerre civile de 1793 à 1796. Roman emblématique écrit par l’anarchiste libertaire natif de Fontenay-le-Comte. Énorme succès littéraire à sa sortie. Important pour mieux comprendre ce refus du mot République chez les Vendéens un siècle durant. Livre à lire, par exemple, dans la collection Omnibus, Gens de Vendée les Mouchoirs… côtoyant Les louves de Machecoul, d’Alexandre Dumas, Monsieur de Lourdines, d’Alphonse de Châteaubriant et La terre qui meurt de René Bazin. Rouge toujours, Un cœur d’étoffe rouge, de Jean Huguet (1920-2005), est le livre le plus connu du Chaumois. Son analyse est brillante ; L’enjomineur (trois volumes) de Pierre Bordage est également passionnant. Ce grand spécialiste de la SF et de l’anticipation se risque avec bonheur dans le style fantasy pour vivre la Révolution, en Vendée, mais aussi à Paris. L’enfant de la Réorthe a donné un second souffle au « genre romancé » des Guerres de Vendée. Encore deux propositions : Capitaine de paroisse est une pièce de théâtre signé Jean Yole. Jean Yole a écrit de grandes choses et son Capitaine… est l’un des tout meilleurs, histoire qui oppose deux frères, qui oppose farouchement « Bleus » et « Blancs » ! Le temps de cette lecture, il faut oublier le sénateur traditionaliste qui vota les pleins pouvoirs à Pétain. Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014 Car l’écrivain est grand. Enfin, 1793, de Victor Hugo. Hugo entretint lui-même la confusion. Tout au long de son roman, il appelle Vendéens les Chouans et les Bretons. Une confusion presque freudienne. Sa mère Sophie Trébuchet n’était-elle pas vendéenne dont les origines se retrouvent à la Garnache ? Et ne cachait-elle pas des prêtres quand elle rencontra le beau militaire Léopold Hugo ? Ce dernier fut d’ailleurs écœuré par la Guerre de Vendée, ce que raconte Gilbert Mercier dans un bon livre peu connu, Hugo de Lorraine et de Vendée. Et arrêtons là ! Évidemment, il y en a d’autres. Ce ne sont que des conseils et les conseilleurs, c’est bien connu, ne sont pas les payeurs. Et pourtant, et pourtant… Honte à moi si je ne me fends pas d’un ultime conseil : Les mémoires de la Marquise de La Rochejaquelein, manuscrit que le préfet Prosper de Barrante, à la demande de la Marquise, retravailla sous la Restauration pour sa publication au milieu des années 1820. Sa dernière édition en poche est excellente. Ph. G. 27
  • 28. Au Cinéma, René Bazin et la Vendée Pervinquière, méconnu géologue aventurier, mort voilà un siècle Le film de Jean Choux enfin restauré et disponible... Un DVD « passion » vient de paraître grâce à l’Association des Amis de René Bazin et la Cinémathèque de Vendée, avec La Terre qui Meurt, film de Jean Choux, 1926 La Terre qui Meurt, film de Jean Vallée, 1936 Présentation de René Bazin, par Élisabeth Masson, Jacques Richou et Armel Bazin, arrière-petitsenfants du romancier La Terre qui Meurt, une aventure, par JeanClaude Mauvoisin-Delavaud. Il est né et mort à La Roche-sur-Yon, mais si le géologue découvreur de la Tunisie, Léon Pervinquière (1873-1913) est connu dans le Sahara, il reste inconnu du grand public français, même dans son département natal Gabriel de Sairigné, cousin de Léon Pervinquière Reste le livre de Jean-Marc Viaud pour redécouvrir ce géologue né il y a 150 ans, disparu voilà 100 ans. 28 Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014
  • 29. Léon Pervinquière C’est en étudiant des fossiles sur Soullans et Commequiers similaires à ceux découverts en Tunisie à une période charnière du crétacé, que le géologue et documentaliste (aux Archives départementales) Jean-Marc Viaud a découvert Pervinquière. Un Vendéen ! Qui va le passionner et dont il a fait un livre (avec Gaston Godard), intitulé De la Vendée au Sahara (éditions CVRH, 22 €), sorti en 2007. Depuis, Jean-Marc Viaud anime de temps à autre des conférences sur ce personnage, parfois en présence de descendants de Léon Pervinquière. Cette famille qui est une saga, partie de Bretagne pour venir en Anjou et s’installer à Luçon et Fontenay-le-Comte au XVIIe siècle. Parmi les illustres que révèle l’arbre généalogique : Séverin Pervinquière (1760-1828) qui sera Constituant le 20 juin 1789, au Serment dans la salle du Jeu de Paume ; le général Belliard ; les Sairigné (des Moutiers-les-Mauxfaits) ; les Cochon de Lapparent, des Deux-Sèvriens dont l’un, géologue, influencera la jeune Léon. Et dont un descendant, L’abbé Lapparent, découvrira les traces de dinosaures au Veillon en 1963. Bornes aux confins du Sahara Léon ? Un héros aussi à sa façon, dont le métier de géologue fut son aventure extraordinaire. Né Rue La Fayette à La Roche-sur-Yon en 1873, le jeune Léon va suivre son père au gré de ses mutations (il travaille à la Conservation des Hypothèques) et poursuivra sa scolarité à La Rochelle, notamment à l’école Fénelon, où il obtient son bac sciences. Puis c’est la Sorbonne. Il hésite sur le thème de sa thèse, l’Espagne peut-être… Mais son grand frère marin lui a donné le goût des grands espaces. Ce sera la Tunisie centrale, le Haut-Tell, alors très peu connu. Il y va plusieurs fois, entre 1897 et 1902, présente sa thèse en 1903, accompagnée de nombreux clichés photographiques, insoupçonnable richesse aujourd’hui. Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014 Il se ressource à la Baudonnière (Marsais-SainteRadegonde), enseigne à la Sorbonne, habite rue de Vaugirard à Paris, se marie, publiera plusieurs ouvrages, retournera en Tunisie, notamment en mission en 1909, avec son « facétieux » cousin Gabriel Brunet de Sairigné (le père du héros mort en Indochine en 1947, qu’une statue honore aux Moutiersles-Mauxfaits). Un récit plaisant restituant l’atmosphère d’une mission scientifique au début du XXe siècle, édité dans le livre de Viaud et Godard, qui fait 282 pages au total, illustrations comprises. Une ultime mission le pousse vers le désert saharien. Le gouvernement français l’envoie délimiter la frontière entre la Tunisie et la Tripolitaine, l’actuelle Lybie, alors sous domination ottomane, mais qui va devenir italienne la même année après des bombardements sur Tripoli. Pervinquière parviendra cependant à traverser le Grand Erg Oriental et, après avoir planté la 233e et dernière borne, arriver à Ghadamès, la perle du désert, dans laquelle aucun Européen n’avait pénétré avant 1876. Il y restera 7 jours, écrira La Tripolitaine interdite, jamais réédité. 29
  • 30. Postérité inscrite Léon mourra l’année suivante, jeune, à 39 ans, probablement d’une maladie contractée par l’eau en Tunisie. Il s’éteint dans le chef-lieu vendéen, à son domicile, qui est alors situé au 14 de la place de la préfecture (actuelle place Mitterrand). Clin d’œil de l’histoire, le jour où il meurt, le 11 mai 1913, La Roche-sur-Yon fête son centenaire, qui avait été retardé de 5 ans pour raisons politiques. Le défilé du carnaval avec un sphinx est même passé sous les fenêtres de son domicile. Il repose au cimetière du Point du Jour. Du méconnu Pervinquière, des fossiles portent son nom. Il a laissé (jusqu’en 1956) son nom à un bordj saharien (Fort-Pervinquière). Il a aussi laissé ses collections, près de 6 000 échantillons à l’université de Jussieu (144 tiroirs). Et ses découvertes de la région du Kef, ont rendu ce territoire charnière pour l’étude de la fin du Secondaire, moment-clé où se sont produites d’importantes extinctions, dont les dinosaures. Ph. G.. 30 Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014
  • 31. Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014 31
  • 32. 32 Échos-Musées - décembre 2013 - avril 2014
  • 33. Échos-Musées Les amis de l’Historial de la Vendée La nature pour passion Clemenceau Publications Le colloque du CVRH et les charniers du Mans Les frères Martel Henri Martinie Georges Clemenceau, Claude Monet et Alice Butler sur le pont japonais, Giverny Juin 1921 Épreuve argentique Collection Musée Clemenceau Échos-Musées - décembre 2013 - avril 2014 33
  • 34. Auguste Rodin, Buste de Georges Clemenceau, 1911, terre cuite, Paris, musée Rodin (inv. S. 1671) © Paris, musée Rodin Photographie/Christian Baraja Clemenceau et les artistes modernes Manet, Monet, Rodin… Exposition du 8 décembre 2013 au 2 mars 2014 Les Lucs-sur-Boulogne, Historial de la Vendée Clemenceau, homme de convictions et d’action Cette exposition présentée à l’Historial est incontestablement en Vendée « l’événement culturel » de l’hiver 2013-2014, événement de portée nationale comme le démontre le label décerné par le Ministère de la Culture et de la Communication. La France s’apprête par de nombreuses manifestations à célébrer le centième anniversaire de la Première Guerre mondiale ; Georges Clemenceau, « le Père la Victoire », sera mis à l’honneur, compte tenu de son rôle déterminant pour avoir mis un terme au conflit ; à l’Historial, nous avons proposé de porter un regard sur l’une des facettes plutôt méconnue de l’homme. Ce regard presque inédit met en lumière un intellectuel, un homme d’une grande culture, doué non seulement d’un talent d’orateur et d’écrivain, mais qui fut aussi amateur d’art et collection34 34 neur. Ayant eu à croiser de nombreux artistes tout au long de sa carrière, Georges Clemenceau, comme toujours est un homme de conviction et de combat, lorsqu’il est convaincu du talent d’un artiste, il en prend la défense et met à son service son pouvoir d’homme d’État, de parlementaire, de ministre ou de président du Conseil. Georges Clemenceau, l’homme d’action, souvent sans concession, virulent ou violent nous apparaît, surtout lors de sa retraite en partie vendéenne, sensible, faisant preuve d’une amitié sans faille, se laissant aller à la contemplation. Rassemblant un nombre important d’œuvres et de documents dont quelques grands chefs d’œuvre, l’exposition, grâce à de nombreux partenariats, enrichie d’un important catalogue qui deviendra ouvrage de référence, d’applications multimédia et d’un film documentaire spécialement réalisé pour l’occasion, ouvre la voie d’une année Clemenceau. Elle constitue un temps fort de la programmation éclectique de l’Historial, devenu au fil des années un un site culturel incontournable pour la Vendée et le grand Ouest. Christophe Vital Directeur du patrimoine culturel, Conservateur en chef des musées, Conseil général de la Vendée Échos-Musées --décembre 2013 --avril 2014 Échos-Musées décembre 2013 avril 2014
  • 35. Clemenceau et les artistes modernes Clemenceau attaché à la Vendée Tout au long de sa vie, Georges Clemenceau témoigna d’un profond attachement à sa terre natale dans laquelle plongeaient ses racines familiales depuis le XVe siècle. Né au coeur du bocage vendéen à Mouilleron-en-Pareds le 28 septembre 1841, il fut inhumé le 25 novembre 1929, le lendemain de son décès, à Mouchamps, au lieu-dit Le Colombier. Georges Clemenceau passa sa prime jeunesse et une partie de son enfance durant les vacances scolaires dans la maison de ses grands-parents maternels, rue de la Chapelle à Mouilleron-en-Pareds, où il avait vu le jour. Puis il vécut enfant dans la propriété paternelle au château de l’Aubraie à Féole, près de La Réorthe. Il y revint durant ses études puis, devenu médecin, s’y installa quelques mois en 1869 à son retour des Etats-Unis avec sa jeune épouse américaine. Cette dernière y mit au monde Échos-Musées --décembre 2013 --avril 2014 Échos-Musées décembre 2013 avril 2014 leurs trois enfants. Par la suite - bien que G. Clemenceau menât sa carrière politique à Paris - il revint fréquemment vers sa Vendée natale pour s’y ressourcer et y puiser son inspiration. À la mort de sa mère en 1903, son frère Paul hérita de la propriété familiale, G. Clemenceau revint peu à l’Aubraie puis il cessa de s’y rendre à partir de 1916 suite à une querelle politique avec ce dernier. Après son revers politique de 1919 et son échec aux élections présidentielles, Georges Clemenceau amorça son retrait de la vie publique, il voyagea à l’étranger et chercha un pied-à-terre en Vendée : « Une cabane de paysan au bord de la mer, c’est tout ce qu’il me faut » écrivait-il. Il finira par trouver cette « bicoque », telle qu’il la désignait lui-même, à SaintVincent-sur-Jard, en lisière de la forêt de Longeville, face à l’Océan. Il la rebaptisa malicieusement « Bélébat » et s’y installa comme locataire « à vie » en août 1920 : « J’ai pris possession de mon ciel, de ma mer et de mon soleil » écrivait-il. Il y fera désormais et jusqu’à sa mort, deux séjours par an : trois semaines au printemps, trois mois en été. Il y accumula des 35
  • 36. Noël Dorville, Georges Clemenceau à la tribune du Sénat, 1918, crayon sur papier, Les Lucs-sur-Boulogne, Historial de la Vendée © Conseil Général de la Vendée – conservation départementale des musées – cl. Patrick Durandet Claude Monet, La Cathédrale de Rouen, le portail vu de face. Harmonie brune, 1894, huile sur toile, Paris, musée d’Orsay © Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais/Patrick Scmidt souvenirs, des objets de collections, y reçut ses amis et y rédigea quelques-uns de ses ouvrages dont son testament littéraire, Au soir de la pensée. Il médita longuement, face à la mer : « Au lieu d’aller parler à mes contemporains qui ne m’ont que trop entendu, je converse avec des herbes, avec des fleurs, avec la mer, avec la brise et la rosée parce qu’il n’y a pas d’examen et que chacun se comprend sans parler. Quand la mer est haute et grondante, je vais à ma terrasse de sable et je reste le plus longtemps possible sans penser ». À sa mort, la maison fut acquise par l’État en 1932. Elle est gérée aujourd’hui par le Centre des Monuments Nationaux et ouverte au public toute l’année. Un autre lieu célébrant la mémoire du Grand Homme subsiste. Il s’agit du seul monument à son effigie qu’il accepta d’inaugurer de son vivant. Le sculpteur François Sicard fut choisi par G. Clemenceau lui-même qui exigea de ne pas figurer seul mais au milieu de six fantassins : « Ce n’est pas moi qui suis intéressant, ce sont les 36 36 poilus ». Ce Monument au « Père la Victoire » fut inauguré en sa présence le dimanche 2 octobre 1921 à Sainte-Hermine, à moins de cinq kilomètres de l’Aubraie. Enfin au Colombier à Mouchamps, demeurent les deux tombes jumelles de Georges Clemenceau et de son père. Elles reposent, encloses derrière leurs grilles métalliques, sous une stèle sculptée par F.Sicard, réplique de la stèle de Samos, représentant la déesse de la Sagesse, Athéna, appuyée sur sa lance pointée vers le sol. Florence Rionnet Échos-Musées --décembre 2013 --avril 2014 Échos-Musées décembre 2013 avril 2014
  • 37. Claude Monet (1840-1926) Nymphéas, 1904 Huile sur toile, Le Havre musée d’art moderne André Malraux Atelier Nadar, Georges Clemenceau (1874), photographie, tirage moderne à partir d’un négatif sur verre collodion, Charenton-le-Pont, Médiathèque de l’architecture et du patrimoine © Ministère de la Culture- Médiathèque du Patrimoine, Dist. RMN-Grand Palais/Atelier Nadar Échos-Musées --décembre 2013 --avril 2014 Échos-Musées décembre 2013 avril 2014 37
  • 38. Les animations prévues à L’Historial autour de l’exposition Clemenceau et les artistes modernes, Monet, Manet, Rodin… L’éducation du regard et l’accès à la connaissance qu’elle permet serviront de fil conducteur aux actions pédagogiques et ludiques proposées à l’Historial dans le cadre de l’exposition. Pendant la durée de l’exposition, le musée sera exceptionnellement ouvert tous les jours de 10h à 18h (y compris les lundis – fermeture les 25 décembre et 1er janvier). Les jeudis, l’exposition sera accessible jusqu’à 20h et un programme d’événement nocturnes sera proposé aux publics. A 18h30 tous les jeudis, une visite commentée de l’exposition sera proposée par les médiatrices du musée. Des événements en journée… Visites commentées thématiques autour de la personnalité de Clemenceau et ses liens avec les artistes. Visites sensorielles de l’exposition Organisation d’ateliers autour de l’impressionnisme, de l’écriture et du dessin de presse pour différentes tranches d’âge (payant sur inscription) : Jeudi 26 décembre et mercredi 26 février : « Comprendre l’impressionnisme » pour les enfants de 5 à 7 ans Vendredi 3 janvier « Le dessin de presse et la caricature » à partir de 14 ans Samedi 1er février et 1er mars : Atelier d’écriture, à partir de 14 ans Conférences : Clémenceau et les arts le dimanche 12 janvier à 14h30 et Clemenceau et Monet le dimanche 9 février à 14h30. Des nocturnes les jeudis soirs en janvier et février… Cycle de projections pour compléter et enrichir la visite de l’exposition. Lectures théâtralisées et ludiques de lettres issues de la correspondance entre Monet et Clemenceau : 38 38 les 23 janvier, 13 et 27 février. Mise à disposition d’applications numériques et de multimédias ludiques et interactifs spécialement conçues pour l’exposition. Prêt d’IPOD pour la découverte de l’exposition, quizz en accès libre, application « sur les pas de Clemenceau »… Multimedias hors exposition Audio guide (Ipod touch) Un audio-guide sera proposé aux visiteurs à l’entrée de l’exposition. Il proposera une visite complémentaire espace par espace. Il permettra également d’écouter un ou plusieurs commentaires d’œuvres phares de chaque espace d’exposition. Caricatures (Vitrine tactile) Un jeu sera proposé autour de la caricature et des oeuvres en lien avec le thème de l’exposition. Le but sera d’associer la bonne caricature avec la bonne oeuvre. « Sur les pas de Clemenceau » (À télécharger sur les stores Smartphone) Cette application aura pour objectif de créer un réseau entre différents lieux de mémoire clemencistes en France. (14 lieux ont été sélectionnés) L’utilisateur y trouvera un descriptif du lieu de mémoire ainsi que les informations utiles. Le + de cette application est de proposer à l’utilisateur un contenu caché (photographies, anecdotes) disponible que si l’utilisateur est présent sur site. Pour cela nous nous sommes inspirés du « Geocaching ». Sortie prévue pour janvier 2014 Serious Game (Ipad). Le « Serious Game » est un jeu dont le but est d’apprendre en s’amusant. À travers ce jeu, l’objectif est de tester les connaissances du visiteur sur G. Clemenceau. Un quiz avec différents niveaux de difficultés sont proposés. Sortie prévue pour janvier 2014 Le jeu proposera plusieurs thèmes : L’Écrivain et journaliste, L’amateur d’art, Échos-Musées --décembre 2013 --avril 2014 Échos-Musées décembre 2013 avril 2014
  • 39. La Nature pour Passion 25 avril – 1er septembre 2014 Historial de la Vendée L’intérêt des naturalistes pour la Vendée s’est manifesté très tôt, notamment à travers les buttes coquillères de Saint-Michel-en-l’Herm, prémices d’un intérêt grandissant atteignant son apogée lors de « l’âge d’or des naturalistes » au XIXe siècle. Projet pour le Monument à Clemenceau par François Sicard, érigée à Sainte-Hermine, Vendée, inauguré en 1921, photographie, fonds Gruet-Vizzavona © RMN / François Vizzavona L’homme d’État, Le voyageur, Le naturaliste. En effet, les plus grands scientifiques français mais aussi étrangers vinrent y étudier le sol, la faune et la flore. Comment ne pas citer Bachelot de la Pylaie, zoologiste et botaniste féru d’algues au point d’être surnommé par les habitants de l’Ile d’Yeu, le « Père Goémon » ? Un film documentaire Les victoires artistiques de Clemenceau (26 mn.) Production : Conseil général de la Vendée ; Scénario et mise en scène : Christophe Vital Tourné pendant l’été à Saint-Vincent-sur-Jard dans la « bicoque », à Paris, dans l’appartement de la rue Franklin, à l’Orangerie, à Meudon au musée Rodin et à Giverny dans les jardins de Claude Monet, ce film évoque la passion avec laquelle G. Clemenceau défendit ses amis artistes au premier rang desquels Claude Monet. Une sélection de ses lettres permet d’évoquer les dix dernières années de sa vie ; mêlant colère, humour et tendresse, le « vieux tigre » nous révèle un homme sensible, animé par un projet qui lui tient à cœur : réunir à Paris, à l’Orangerie des Tuileries, les panneaux décoratifs des nymphéas. Le film sera diffusé en continu dans l’auditorium du musée et peut constituer une bonne introduction à la visite. Cercle répétiteur de Gambey de 14 pouces de diamètre, vers 1820, Saint-Mandé, prêt de l’Institut National de l’Information Géographique et Forestière (H.1.5) © Saint-Mandé, Institut National de l’Information Géographique et Forestière, Photographie/Laurent Vivensang Comment oublier les visites des célèbres entomologistes Adolphe de Graslin et Albert Fauvel, du botaniste suisse de Candolle et bien d’autres encore ? Leurs successeurs prendront le relais avec enthousiasme, tels Georges Durand, pluridisciplinaire détenteur d’une des plus prestigieuses collections naturalistes de France ; Joseph Charrier, son ami de toujours, botaniste et collectionneur invétéré ; ou bien encore Henry des Abbayes, dont les travaux sur les lichens conservent encore à ce jour une renommée internationale. La Vendée est une zone naturelle tampon entre le Nord et le Sud de la France, d’où la présence du mimosa, par exemple, sur l’île de Noirmoutier, mais Échos-Musées --décembre 2013 --avril 2014 Échos-Musées décembre 2013 avril 2014 39