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ASSP_____________________accompagnement, soins et services à la personne 
  
du stage… au reportage3ème édition 2015


Début janvier 2015, les élèves de 1ère ASSP2 du lycée Darius Milhaud - Kremlin-Bicêtre sont partis en
stage professionnel pendant un mois.


Pendant cette période, dans le cadre d’un projet interdisciplinaire (CDI/Lettres-Histoire), ils ont pris des
notes, fait des photos, dans la perspective de traduire et de partager leurs expériences en s’initiant à la
forme journalistique du reportage.


Leurs mots et leurs images nous conduisent au cœur d’un vécu riche et immédiat où ils font preuve de
grandes ressources, sensibles et professionnelles.
Il est 8h30 du matin. 
On va distribuer les petits déjeuners à
chaque étage. Il y a deux équipes. Le
premier groupe s’occupe du premier et du
deuxième étage car les résidents de ces
étages sont les moins autonomes. 
Le deuxième groupe s’occupe du troisième,
du quatrième et du cinquième étage.
Le premier groupe débarrasse le cinquième
étage. 
Mon groupe s’occupe du premier et du
deuxième étage. 
Par Fatoumata D. 

Photo. F.D. 2015
Une dame pas comme les autres
 
 

Tous les matins, comme d’habitude, je passe dans les chambres pour proposer les animations du jour.
Ce matin-là, je suis dans la chambre de Madame L***, une dame très coquette, très énergique, toujours
prête à venir aux animations. 

Elle est couchée. 

Je lui demande comment elle va et elle me dit qu’elle est très fatiguée, que l’aide-soignante lui a dit de
rester allongée toute la journée pour se reposer et que le médecin lui a dit que son cœur bat au
ralenti. 
Quand elle me dit ça, une sensation de tristesse me prend, cette dame est tellement gentille, toujours
souriante, adorable. J’ai peur qu’il lui arrive quelque chose d’atroce. 

Une semaine après, le jeudi matin, à 11h, l’animation, c’est revue de presse. Je vois arriver Madame
L***. Elle semble un peu plus en forme que la semaine passée. Elle est contente de sortir enfin de sa
chambre. J’éprouve une sensation de réconfort. Par Emilie M.
L’amour est invincible, même avec le temps
 
 
 
Ce soir-là, le 29 janvier 2015, en entrant dans sa chambre, je vois qu’elle pleure en regardant « Quatre
mariages pour une lune de miel ». 

Je m’approche d’elle et je lui demande ce qu’elle a. Elle me dit qu’elle s’imagine à la place de la
mariée, avec son mari et son fils. Elle me raconte que son mari est mort pour la France, pendant la
guerre 1939-1945, et que son fils est mort, il y a 5 ans. Mais elle ne se souvient plus de quoi. 
A cause de sa maladie.

Ça la rend triste. Elle me raconte que quand son fils est mort, elle a fait une dépression nerveuse. 
Madame P*** me dit que pour elle, une mère doit mourir avant son enfant.
Elle ne supporte pas de l’avoir perdu. Je suis très émue par son histoire car elle me fait comprendre
que l’amour qu’elle porte à son fils est inoubliable. Malgré sa maladie. 

Tous les soirs, je rends visite à Madame P***. Elle habite dans un petit studio. Avec une salle de
bains. Un petit salon lumineux où est installé son lit. C’est la personne la plus âgée de la résidence.
Elle a 95 ans. Elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer qui commence à se développer mais elle est
toujours autonome. Elle adore porter des robes. Elle est très coquette. Par Alice L.
 
Il est 12h05 quand Mathilde entre dans la salle qu'elle
déteste le plus : le dortoir.
Ce lieu sombre, aux murs roses, encombré par les 24 lits,
a une grande fenêtre qui donne sur le parc.
Aujourd'hui Mathilde est décidée, elle ne veut pas
dormir ! Elle sort de son lit et se met à courir en faisant
des allers et retours dans tout le dortoir en éclatant de
rire. 
Elle empêche les autres enfants de se reposer, et ça
énerve les auxiliaires qui l'interpellent. Elle les regarde
en rigolant et continue à courir. Avec sa couche.
Elle me fait beaucoup rire. J'essaie de me retenir, puis,
d'un coup, pendant un court silence, je pouffe de rire.
Les auxiliaires me lancent un regard. Je suis gênée et je
dis à Mathilde d'aller se coucher. Elle me répond :
Je ne veux pas dormir !
Par Maimouna T.
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Je ne veux pas dormir
Vers 9h30, les activités débutent.
Je prend le petit M*** et je lui propose ce jeu, sur
la table, car je me souviens qu’il n’aime pas trop
se mêler aux autres enfants, le matin.
Il joue tranquillement. 
Je me retourne quelques minutes pour voir ce
que font les autres enfants, quand tout à coup je
le vois pleurer. Je ne comprends pas trop. Je me
sens mal, croyant, peut être, avoir mal fait les
choses. Il ne veut plus jouer ? J’essaie alors de
communiquer avec lui et je réussis tant bien que
mal à le calmer. C’est à ce moment que je
comprends qu’il est jaloux et que ce qu’il veut,
c’est que je n’ai d’attention que pour lui. 
Ce jour-là m’a marqué car il s’est attaché à moi. 
Par Marie S.
Photo. Marie S. Crèche Gabriel Gentilly (94)
La fameuse petite table
Il est environ 12h45, Mickaël, âgé de 14 mois, dort dans
le dortoir, une petite pièce assez claire. Il dort sur un
matelas. Je suis dans la salle de jeux. Soudain,
j’entends des pleurs, à la limite du hurlement. Je me
précipite vers le dortoir. Je sens une odeur de lait
caillé. Je cours vers Mickaël. Il me regarde avec des
grands yeux rouges. Il a besoin de moi. Sa respiration
s’accélère, son cœur palpite, je m’aperçois qu’il vomit.
Je panique. 
Il pleure toujours, je l’assois sur le matelas. Au même
moment, une petite fille couchée à côté de lui se
réveille en sursaut. Je m’approche d’elle, la réconforte,
je lui explique que Mickaël est malade. Elle se calme, je
me calme aussi. Mais quelques secondes après, je me
rends compte que Mickaël s’est rallongé, il se remet à
vomir dans une position allongée. Il tousse. Il devient
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panique m’envahit. Il ne s’arrête pas. Je me précipite
vers lui, je le relève, je me calme, je le calme, je le
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Tout redevient calme dans le dortoir. Par Marine R.
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Un jour pas comme les autres
Nouvelle émouvante a la résidence
Le 17 janvier, j’arrive dans la résidence. Ce matin-là, à 9h, l’ambiance est calme. Je vais me changer.
Je sors du vestiaire. Je vais chercher les bouteilles dans les étages, comme tous les matins, pour aller
les mettre en bas, dans la grosse poubelle.

Ensuite je nettoie l’ascenseur. Puis je vais m’asseoir avec Madame S*** et tricoter. Je parle avec elle.
Quand, à la radio, j’apprends la nouvelle de Charlie hebdo. Je commence à avoir le cœur qui
accélère. Je me demande où ils sont. Où ils vont. 

Toute la journée, les personnes âgées, je ne les vois pas.Tout le monde est devant la télévision, en
train de regarder BFMTV. Je ne vois personne descendre pour parler avec son voisin, comme tous
les matins. 
Ils restent vraiment enfermés dans leur chambre, seuls. 

Après manger, je monte chez des personnes âgées pour les faire descendre, pour leur changer les
idées. J’arrive devant une porte. Je sonne, et je vois Monsieur T*** en pleurs. Je lui dis de descendre
pour qu’il se change les idées. Je sonne chez d’autres résidents de la maison. On discute de tout et
de rien. Cela leur a fait du bien. Mon objectif est de leur redonner le sourire et la joie de vivre.
Ambiance émouvante et à la fois joyeuse. A la fin je me sens rassurée. Par Meghan Q.
Il est 8h45 Mme D*** sonne. Je toque. Je rentre dans sa
chambre, la 614, et je mets la présence*. Sa chambre est
sombre, les lumières sont éteintes, les stores sont
baissés. 
Je la vois toute tremblante, assise sur son lit. 
Elle a des poches sous les yeux, les cheveux en l’air. Elle
est en pyjama. 
Dès qu’elle me voit entrer, elle commence à crier.Toute
affolée elle me dit « Je veux mourir ! J’en ai marre !
Qu’est ce que vous allez faire de moi ? » 

Moi, je suis stagiaire, je ne sais pas comment réagir, je
suis offusquée. Je lui dis de ne pas dire ça. Que ce n’est
pas bien. J’essaie de la calmer avec mes mots, mais rien à
faire. Madame D*** est dépressive, anxieuse et triste.

D’un coup un silence règne dans la pièce. L’ambiance
est froide. Je décide donc de sortir pour la laisser se
calmer et avertir mon équipe. Par Candys O.

* Voyant lumineux extérieur à la chambre qui signale qu’un(e)
professionnel(le) est auprès du/de la patient(e).
Je veux mourir…
Photo. Candys O. Clinique de Port-Royal. Paris. 2015
Il est 16h00. Je suis dans le restaurant de la villa Beau
Soleil. Madame B*** est là, assise et déprimée. Elle
répète sans arrêt « je vais mourir et ils me jetteront et
me traîneront comme une épave par terre ! » 
Les lumières sont allumées, la salle remplie mais il y a
un bruit de fond dont je fais abstraction. Je suis
captivée. Son visage fermé, pâle me met dans le même
état qu’elle. 
Madame B*** est amnésique. Elle parle de choses
passées et voit certaines choses inexistantes. Par
exemple : « regardez, il y a ma fille »,  alors qu’elle
n’est pas là. 
L’atmosphère est vide, froide, inconfortable. Je me
sens impuissante et inutile jusqu’au moment où un
sourire se pose sur son visage, réconfortée par
quelques paroles. Mon visage s'égaie, surtout
lorsqu’elle me prend dans ses bras et me remercie en
versant quelques larmes qui me touchent
énormément. Le temps redevient normal, bon et
beaucoup plus appréciable. Je me sens utile. J’ai
redonné le sourire à cette femme. Par Sarah B.
Une bonne expérience
Photo. DR. Villa Beau Soleil. Montrouge. 2015.
J’étais en train de marcher vers la salle de détente
qui est juste en face de la chambre 203. 
Je m’approche. Je vois un rassemblement de 
médecins, d’infirmiers et d’aides-soignants qui
chuchotent doucement.
Je comprends alors qu’il y a un problème grave.
Un aide-soignant se tourne vers moi. Je lui
demande ce qui se passe. Il me répond que la
patiente qui est dans la chambre a un problème
grave et qu’il nous expliquera plus tard .
Il revient 30 minutes après et nous dit que la
patiente est décédée. Je ne la connaissais pas, mais
sur le coup, ça m’a fait bizarre. Pendant le stage,
c’est moi qui sert les repas. Je ne servais jamais sa
chambre car elle ne pouvait plus manger. 
Par Diarra G.
Photo. h'p://sante‐medecine.commentcamarche.net 
Une matinée pas comme les autres
Un après-midi pas comme les autres
Il est 14h, lorsque Monsieur M*** arrive en
urgence au service des ambulatoires. 
Je l’installe dans sa chambre. 30 minutes après
les brancardiers viennent le chercher. Je les
accompagne. 

Arrivée en salle de réveil la chef du bloc
opératoire commence à lui faire une anesthésie
locale, au bras. Puis on se dirige vers le bloc
pour commencer l’opération. 
Il a une plaie profonde au dos de la main à
cause d’une poignée de porte cassée. 
Par Armelle M. 

Hôpital Privé de Thiais (94) – Janvier 2015 

Photo. DR.
Tous les matins, vers 8h30, j’ai l’habitude de servir le
petit déjeuner à Monsieur G***, un homme toujours
souriant, courtois. Pendant que je lui sers son café au
lait et que je lui tartine ses biscottes, il me raconte
toujours les mêmes histoires. La rencontre avec sa
femme, son mariage, ses amis… Ce jour-là, je rentre
dans sa chambre avec son plateau et je remarque
quelque chose d’inhabituel, il porte un aérosol qui
l’aide à respirer. Il respire mal. Une infirmière entre
dans la chambre, touche le branchement de
l’aérosol. Je vois son visage se décomposer. Elle sort
de la chambre et je regarde Monsieur G***. Il vomit,
ses yeux clignotes à toute vitesse. Je commence à
avoir peur. Deux infirmières arrivent. Elles
débloquent le lit et le sortent, en panique, laissant la
chambre vide.
Je comprends que c’est la fin. Par Janis R. 

Hôpital Privé de Thiais(94) - service SSR
  
Chambre N° 16
Photo. DR.
Tous les matins, je vais donner sa douche à Madame P***. Ensuite, je l’aide à s’habiller. Je l’aide
aussi à mettre sa protection et je lui prépare son petit déjeuner.

Quand elle a fini son petit déjeuner, je lui passe de la crème sur les jambes et je l’aide à mettre ses
bas de contention.

Elle va ensuite se brosser les dents et se coiffer. Puis elle va regarder la télévision.

A midi, je vais la chercher et nous descendons pour aller manger. Après manger, elle remonte
dans sa chambre.

En début d’après-midi, je vais la chercher pour faire des jeux de sociétés.Triomino, jeu de dames,
etc…

Après, elle remonte dans sa chambre.

Le jeudi, elle descend chez le coiffeur. Par Lisa S.

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  • 1. ASSP_____________________accompagnement, soins et services à la personne     du stage… au reportage3ème édition 2015 Début janvier 2015, les élèves de 1ère ASSP2 du lycée Darius Milhaud - Kremlin-Bicêtre sont partis en stage professionnel pendant un mois. Pendant cette période, dans le cadre d’un projet interdisciplinaire (CDI/Lettres-Histoire), ils ont pris des notes, fait des photos, dans la perspective de traduire et de partager leurs expériences en s’initiant à la forme journalistique du reportage. Leurs mots et leurs images nous conduisent au cœur d’un vécu riche et immédiat où ils font preuve de grandes ressources, sensibles et professionnelles.
  • 2. Il est 8h30 du matin. On va distribuer les petits déjeuners à chaque étage. Il y a deux équipes. Le premier groupe s’occupe du premier et du deuxième étage car les résidents de ces étages sont les moins autonomes. Le deuxième groupe s’occupe du troisième, du quatrième et du cinquième étage. Le premier groupe débarrasse le cinquième étage. Mon groupe s’occupe du premier et du deuxième étage. Par Fatoumata D. Photo. F.D. 2015
  • 3. Une dame pas comme les autres     Tous les matins, comme d’habitude, je passe dans les chambres pour proposer les animations du jour. Ce matin-là, je suis dans la chambre de Madame L***, une dame très coquette, très énergique, toujours prête à venir aux animations. Elle est couchée. Je lui demande comment elle va et elle me dit qu’elle est très fatiguée, que l’aide-soignante lui a dit de rester allongée toute la journée pour se reposer et que le médecin lui a dit que son cœur bat au ralenti. Quand elle me dit ça, une sensation de tristesse me prend, cette dame est tellement gentille, toujours souriante, adorable. J’ai peur qu’il lui arrive quelque chose d’atroce. Une semaine après, le jeudi matin, à 11h, l’animation, c’est revue de presse. Je vois arriver Madame L***. Elle semble un peu plus en forme que la semaine passée. Elle est contente de sortir enfin de sa chambre. J’éprouve une sensation de réconfort. Par Emilie M.
  • 4. L’amour est invincible, même avec le temps       Ce soir-là, le 29 janvier 2015, en entrant dans sa chambre, je vois qu’elle pleure en regardant « Quatre mariages pour une lune de miel ». Je m’approche d’elle et je lui demande ce qu’elle a. Elle me dit qu’elle s’imagine à la place de la mariée, avec son mari et son fils. Elle me raconte que son mari est mort pour la France, pendant la guerre 1939-1945, et que son fils est mort, il y a 5 ans. Mais elle ne se souvient plus de quoi. A cause de sa maladie. Ça la rend triste. Elle me raconte que quand son fils est mort, elle a fait une dépression nerveuse. Madame P*** me dit que pour elle, une mère doit mourir avant son enfant. Elle ne supporte pas de l’avoir perdu. Je suis très émue par son histoire car elle me fait comprendre que l’amour qu’elle porte à son fils est inoubliable. Malgré sa maladie. Tous les soirs, je rends visite à Madame P***. Elle habite dans un petit studio. Avec une salle de bains. Un petit salon lumineux où est installé son lit. C’est la personne la plus âgée de la résidence. Elle a 95 ans. Elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer qui commence à se développer mais elle est toujours autonome. Elle adore porter des robes. Elle est très coquette. Par Alice L.  
  • 5. Il est 12h05 quand Mathilde entre dans la salle qu'elle déteste le plus : le dortoir. Ce lieu sombre, aux murs roses, encombré par les 24 lits, a une grande fenêtre qui donne sur le parc. Aujourd'hui Mathilde est décidée, elle ne veut pas dormir ! Elle sort de son lit et se met à courir en faisant des allers et retours dans tout le dortoir en éclatant de rire. Elle empêche les autres enfants de se reposer, et ça énerve les auxiliaires qui l'interpellent. Elle les regarde en rigolant et continue à courir. Avec sa couche. Elle me fait beaucoup rire. J'essaie de me retenir, puis, d'un coup, pendant un court silence, je pouffe de rire. Les auxiliaires me lancent un regard. Je suis gênée et je dis à Mathilde d'aller se coucher. Elle me répond : Je ne veux pas dormir ! Par Maimouna T. Photo. Maimouna T. Je ne veux pas dormir
  • 6. Vers 9h30, les activités débutent. Je prend le petit M*** et je lui propose ce jeu, sur la table, car je me souviens qu’il n’aime pas trop se mêler aux autres enfants, le matin. Il joue tranquillement. Je me retourne quelques minutes pour voir ce que font les autres enfants, quand tout à coup je le vois pleurer. Je ne comprends pas trop. Je me sens mal, croyant, peut être, avoir mal fait les choses. Il ne veut plus jouer ? J’essaie alors de communiquer avec lui et je réussis tant bien que mal à le calmer. C’est à ce moment que je comprends qu’il est jaloux et que ce qu’il veut, c’est que je n’ai d’attention que pour lui. Ce jour-là m’a marqué car il s’est attaché à moi. Par Marie S. Photo. Marie S. Crèche Gabriel Gentilly (94) La fameuse petite table
  • 7. Il est environ 12h45, Mickaël, âgé de 14 mois, dort dans le dortoir, une petite pièce assez claire. Il dort sur un matelas. Je suis dans la salle de jeux. Soudain, j’entends des pleurs, à la limite du hurlement. Je me précipite vers le dortoir. Je sens une odeur de lait caillé. Je cours vers Mickaël. Il me regarde avec des grands yeux rouges. Il a besoin de moi. Sa respiration s’accélère, son cœur palpite, je m’aperçois qu’il vomit. Je panique. Il pleure toujours, je l’assois sur le matelas. Au même moment, une petite fille couchée à côté de lui se réveille en sursaut. Je m’approche d’elle, la réconforte, je lui explique que Mickaël est malade. Elle se calme, je me calme aussi. Mais quelques secondes après, je me rends compte que Mickaël s’est rallongé, il se remet à vomir dans une position allongée. Il tousse. Il devient rouge. Il est en train de s’étouffer. De nouveau la panique m’envahit. Il ne s’arrête pas. Je me précipite vers lui, je le relève, je me calme, je le calme, je le ramène à l’auxiliaire de puériculture. Tout redevient calme dans le dortoir. Par Marine R. Photo. M.R. Crèche Charles Perrault. Maisons-Alfort. Un jour pas comme les autres
  • 8. Nouvelle émouvante a la résidence Le 17 janvier, j’arrive dans la résidence. Ce matin-là, à 9h, l’ambiance est calme. Je vais me changer. Je sors du vestiaire. Je vais chercher les bouteilles dans les étages, comme tous les matins, pour aller les mettre en bas, dans la grosse poubelle. Ensuite je nettoie l’ascenseur. Puis je vais m’asseoir avec Madame S*** et tricoter. Je parle avec elle. Quand, à la radio, j’apprends la nouvelle de Charlie hebdo. Je commence à avoir le cœur qui accélère. Je me demande où ils sont. Où ils vont. Toute la journée, les personnes âgées, je ne les vois pas.Tout le monde est devant la télévision, en train de regarder BFMTV. Je ne vois personne descendre pour parler avec son voisin, comme tous les matins. Ils restent vraiment enfermés dans leur chambre, seuls. Après manger, je monte chez des personnes âgées pour les faire descendre, pour leur changer les idées. J’arrive devant une porte. Je sonne, et je vois Monsieur T*** en pleurs. Je lui dis de descendre pour qu’il se change les idées. Je sonne chez d’autres résidents de la maison. On discute de tout et de rien. Cela leur a fait du bien. Mon objectif est de leur redonner le sourire et la joie de vivre. Ambiance émouvante et à la fois joyeuse. A la fin je me sens rassurée. Par Meghan Q.
  • 9. Il est 8h45 Mme D*** sonne. Je toque. Je rentre dans sa chambre, la 614, et je mets la présence*. Sa chambre est sombre, les lumières sont éteintes, les stores sont baissés. Je la vois toute tremblante, assise sur son lit. Elle a des poches sous les yeux, les cheveux en l’air. Elle est en pyjama. Dès qu’elle me voit entrer, elle commence à crier.Toute affolée elle me dit « Je veux mourir ! J’en ai marre ! Qu’est ce que vous allez faire de moi ? » Moi, je suis stagiaire, je ne sais pas comment réagir, je suis offusquée. Je lui dis de ne pas dire ça. Que ce n’est pas bien. J’essaie de la calmer avec mes mots, mais rien à faire. Madame D*** est dépressive, anxieuse et triste. D’un coup un silence règne dans la pièce. L’ambiance est froide. Je décide donc de sortir pour la laisser se calmer et avertir mon équipe. Par Candys O. * Voyant lumineux extérieur à la chambre qui signale qu’un(e) professionnel(le) est auprès du/de la patient(e). Je veux mourir… Photo. Candys O. Clinique de Port-Royal. Paris. 2015
  • 10. Il est 16h00. Je suis dans le restaurant de la villa Beau Soleil. Madame B*** est là, assise et déprimée. Elle répète sans arrêt « je vais mourir et ils me jetteront et me traîneront comme une épave par terre ! » Les lumières sont allumées, la salle remplie mais il y a un bruit de fond dont je fais abstraction. Je suis captivée. Son visage fermé, pâle me met dans le même état qu’elle. Madame B*** est amnésique. Elle parle de choses passées et voit certaines choses inexistantes. Par exemple : « regardez, il y a ma fille »,  alors qu’elle n’est pas là. L’atmosphère est vide, froide, inconfortable. Je me sens impuissante et inutile jusqu’au moment où un sourire se pose sur son visage, réconfortée par quelques paroles. Mon visage s'égaie, surtout lorsqu’elle me prend dans ses bras et me remercie en versant quelques larmes qui me touchent énormément. Le temps redevient normal, bon et beaucoup plus appréciable. Je me sens utile. J’ai redonné le sourire à cette femme. Par Sarah B. Une bonne expérience Photo. DR. Villa Beau Soleil. Montrouge. 2015.
  • 11. J’étais en train de marcher vers la salle de détente qui est juste en face de la chambre 203. Je m’approche. Je vois un rassemblement de médecins, d’infirmiers et d’aides-soignants qui chuchotent doucement. Je comprends alors qu’il y a un problème grave. Un aide-soignant se tourne vers moi. Je lui demande ce qui se passe. Il me répond que la patiente qui est dans la chambre a un problème grave et qu’il nous expliquera plus tard . Il revient 30 minutes après et nous dit que la patiente est décédée. Je ne la connaissais pas, mais sur le coup, ça m’a fait bizarre. Pendant le stage, c’est moi qui sert les repas. Je ne servais jamais sa chambre car elle ne pouvait plus manger. Par Diarra G. Photo. h'p://sante‐medecine.commentcamarche.net  Une matinée pas comme les autres
  • 12. Un après-midi pas comme les autres Il est 14h, lorsque Monsieur M*** arrive en urgence au service des ambulatoires. Je l’installe dans sa chambre. 30 minutes après les brancardiers viennent le chercher. Je les accompagne. Arrivée en salle de réveil la chef du bloc opératoire commence à lui faire une anesthésie locale, au bras. Puis on se dirige vers le bloc pour commencer l’opération. Il a une plaie profonde au dos de la main à cause d’une poignée de porte cassée. Par Armelle M. Hôpital Privé de Thiais (94) – Janvier 2015 Photo. DR.
  • 13. Tous les matins, vers 8h30, j’ai l’habitude de servir le petit déjeuner à Monsieur G***, un homme toujours souriant, courtois. Pendant que je lui sers son café au lait et que je lui tartine ses biscottes, il me raconte toujours les mêmes histoires. La rencontre avec sa femme, son mariage, ses amis… Ce jour-là, je rentre dans sa chambre avec son plateau et je remarque quelque chose d’inhabituel, il porte un aérosol qui l’aide à respirer. Il respire mal. Une infirmière entre dans la chambre, touche le branchement de l’aérosol. Je vois son visage se décomposer. Elle sort de la chambre et je regarde Monsieur G***. Il vomit, ses yeux clignotes à toute vitesse. Je commence à avoir peur. Deux infirmières arrivent. Elles débloquent le lit et le sortent, en panique, laissant la chambre vide. Je comprends que c’est la fin. Par Janis R. Hôpital Privé de Thiais(94) - service SSR    Chambre N° 16 Photo. DR.
  • 14. Tous les matins, je vais donner sa douche à Madame P***. Ensuite, je l’aide à s’habiller. Je l’aide aussi à mettre sa protection et je lui prépare son petit déjeuner. Quand elle a fini son petit déjeuner, je lui passe de la crème sur les jambes et je l’aide à mettre ses bas de contention. Elle va ensuite se brosser les dents et se coiffer. Puis elle va regarder la télévision. A midi, je vais la chercher et nous descendons pour aller manger. Après manger, elle remonte dans sa chambre. En début d’après-midi, je vais la chercher pour faire des jeux de sociétés.Triomino, jeu de dames, etc… Après, elle remonte dans sa chambre. Le jeudi, elle descend chez le coiffeur. Par Lisa S. Tous les matins