1. LE FAMILISTERE DE GUISE : UNE CITE UTOPIQUE
I/ Présentation
Jean-Baptiste-André Godin, fils d'un artisan et autodidacte, crée en 1846 les « poêles
Godin » et l'usine qui les produit. Puis en 1879 (dates de fin des travaux), il met en pratique pour la
première fois une utopie sociale à grande échelle. Pour cela, il associe un lieu de travail (l'usine
Godin) et un palais social. Celui-ci comporte plusieurs éléments, les habitations collectives, au
grand confort pour l'époque, la piscine, l'économat, les jardins, la nurserie, l'école et le théâtre. Il y a
dans le familistère une idée d'émancipation de l'habitant (autogestion),d'oubli du rang social et des
différence de revenu. Il permet aux personnes de se rencontrer et de mieux se connaître, des liens
sont donc créés. Tout ce que Godin a fait, a été pensé pour que ses habitants ne manquent de rien.
En effet, il est convaincu qu'un progrès social peut accompagner le progrès technique et
scientifique.
II/ Logement
Encore habité aujourd'hui, le familistère est composé de 5 pavillons, soit environs 500
appartements.
Depuis la mort de son créateur Jean-Baptiste-André Godin en 1888 il y a eu de nombreux
changements dans son organisation. Au départ gérer par les habitants, l'association fut dissoute en
2. 1968 et les appartements furent mis en vente a des particuliers. Depuis, les parties communes sont
entretenues par le syndicat de copropriété. Celui-ci ne cessant d'augmenter les charges.
Jean-Baptiste-André Godin fut innovant en ce qui concerne la création du familistère
notamment dans la conception des logements. Un logement pour cinq personnes ou moins, au
temps de Godin, était composé de deux grandes pièces a vivre. La première en rentrant était la pièce
des parents, qui servait également de cuisine, la deuxième était la pièce des enfants, pouvant en
accueillir au maximum trois. Les deux pièces étaient un peu près de même taille, permettant a la
famille de se réunir pour le repas et aux enfants de travailler grâce a une table située au centre de la
pièce qui leur était réservé. De plus l'habitation était dotée d’une petite pièce de toilette et de
placard.
Mais toutes les familles n'étaient pas composées que de 5 membres. Lorsque les appartements
étaient trop petits, on poussait l'armoire de la chambre des enfants et on cassait la partie du mur en
torchis afin d'ouvrir sur l'appartement libre juste a coté. Cela permettait donc aux familles de vivre
dans des conditions convenables avec un nombre de pièces proportionnel à la taille de la famille. En
plus de toutes ces dispositions pour que les familles soient confortablement installées, chaque
logement disposait d'une grande fenêtre par pièce, fait rare à l'époque car la présence de fenêtre
entrainait des taxes supplémentaires.
Godin cherchant a créé des liens entre les habitants, tous les 10 ans une famille devait changer de
logement. Cela favorisait ainsi la rencontre avec d'autres personnes et la création de nouveaux liens.
Soulignons également que le loyer de ces logements ne représentait que 5% du salaire de l'ouvrier.
III/ Piscine
La piscine buanderie est un espace libre où se mêlent trois éléments essentiels selon Godin,
l’eau, l'air et la lumière. Elle permet aux habitants du familistère de prendre soin de leur hygiène
ainsi que de se détendre après une journée de travail. En effet, pour Godin l’hygiène et la natation
font l’objet d’un apprentissage. Ce bâtiment de services a donc aussi une vocation éducative.
Composé de trois pièces, celui-ci comprend : le lavoir au rez-de-chaussé, le séchoir à l'étage
(permettant au familistèriens de faire la lessive dans un lieu propice, l’entretien du linge étant
proscrit à l’intérieur des appartements afin d'éviter les maladies dues à l'humidité stagnante), et la
piscine. Celle-ci possédait un fond amovible dont la profondeur maximale était de 2m50. L'eau
chaude des bâtiments industriels alimentait directement le bassin avant d'être rejeté dans l'Oise
IV/ L’éducation
3. Mais Jean Baptiste André Godin fut aussi innovant en ce qui concerne l'éducation et plus
précisément l'école. Il mit pour la première fois en place une école mixte gratuite et laïque,
obligatoire jusqu'à 14 ans c'est a dire 84 ans avant que l'État français ne le fasse.
V/ Extrait de Germinal (Zola)
« _ Entrez, entrez, répétait-elle à ses invités. Nous ne gênons personne... Hein ? Est ce
propre encore ? Et cette femme a sept enfants ! Tous nos ménages sont comme ça... Je vous
expliquais que la Compagnie leur loue la maison six francs par mois. Une grande salle au rez-de-
chaussée, deux chambres en haut, une cave et un jardin.
Le monsieur décoré et la dame en manteau de fourrure, débarqués le matin du train de Paris,
ouvraient des yeux vagues, avaient sur la face l'ahurissement de ces choses brusques, qui les
dépaysaient.
_ Et un jardin, répéta la dame. Mais on y vivrait, c'est charmant !
_ Nous leur donnons du charbon plus qu'ils n'en brulent, continuait Mme Hennebeau. Un
médecin les visite deux fois par semaine; et, quand ils sont vieux, ils reçoivent des pensions, bien
qu'on ne fasse aucune retenue sur les salaires. »
Zola , Germinal, deuxième partie chapitre III