L’écriture du brief UX est l’étape la plus cruciale de l’amorçage d’un projet. Il est aussi considéré comme difficile à aborder par
les entreprises qui méconnaissent souvent la nature de la démarche de design dans un projet et sous-estiment ainsi les besoins en
information des designers.
Comme le rappelle Peter L. Philipps dans son ouvrage Creating the perfect design brief, l’application d’une telle démarche garantit mieux que toute autre de faire passer le design d’une activité décorative à une pratique stratégique. Le brief offre des critères objectifs et réalistes pour la validation de chaque étape du design. Il permet de sortir de l’impasse d’une dialectique des opinions (« J’aime » / « Je n’aime pas »), déconnectée des véritables enjeux business.
*designers interactifs* propose une méthodologie opératoire de brief et une trame réutilisable qui couvre les questions clés à aborder.
Son objectif : permettre à toutes les parties prenantes du projet d’engager un dialogue constructif autour de la problématique et définir un cadre de travail pondéré.
2. L’écriture du brief UX est l’étape la plus
cruciale de l’amorçage d’un projet. Il est aussi
considéré comme difficile à aborder par
les entreprises qui méconnaissent souvent
la nature de la démarche de design dans un
projet et sous-estiment ainsi les besoins en
information des designers.
Comme le rappelle Peter L. Philipps dans son
ouvrage Creating the perfect design brief,
l’application d’une telle démarche garantit
mieux que toute autre de faire passer le design
d’une activité décorative à une pratique
stratégique. Le brief offre des critères objectifs
et réalistes pour la validation de chaque étape
du design. Il permet de sortir de l’impasse
d’une dialectique des opinions (« J’aime » /
« Je n’aime pas »), déconnectée des véritables
enjeux business.
*designers interactifs* propose une
méthodologie opératoire de brief et une trame
réutilisable qui couvre les questions clés à
aborder.
Son objectif : permettre à toutes les parties
prenantes du projet d’engager un dialogue
constructif autour de la problématique et
définir un cadre de travail pondéré.
Benoît Drouillat
Président de *designers interactifs*
Avant-propos
3. Le brief de design : pourquoi, quand,
comment, qui ? Un peu de méthodologie à
l’usage des entreprises... Et des designers !
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4. Qu’est-ce qu’un brief de design ?
Le brief de design n’est ni un document, ni une réunion
entre une entreprise cliente et un designer, c’est l’ensemble
du processus de dialogue et de questionnement qui
s’instaure en amont de tout projet.
Il permet de définir le contexte, les raisons, les attentes, les
moyens du projet, dont dépendent les propositions de design
qui seront ensuite explorées.
S’il doit rassembler un certain nombre d’ingrédients clés,
il n’existe pas de formule type pour élaborer un brief de
design.
En effet, chaque type de projet de design interactif (site
web, application mobile, logiciel, service...) requiert des
éclairages de nature différente : marketing, économiques,
technologiques, etc.
Dans une certaine mesure, un brief est flexible : à mesure
que l’entreprise et que le designer progressent dans la
compréhension des enjeux du projet et de son contexte, ils
sont amenés ensemble à le préciser voire à le réviser.
Le brief reste sur le terrain de la problématisation : il ne doit
pas suggérer de solutions de conception ou esthétiques, qui
sont du ressort du designer.
5. Pourquoi le brief est-il nécessaire dans un
projet de design ?
Validé par les décisionnaires finaux, le brief de design
explicite les conditions d’une collaboration productive et
équilibrée entre l’entreprise, les équipes et les designers.
Il permet, sur le fond, de mettre en perspective les besoins
des utilisateurs et les objectifs de l’équipe projet, souvent
divergents, pour les équilibrer par la suite.
Prendre le temps de formaliser un brief, c’est clairement
fixer les priorités du projet et s’assurer d’un meilleur respect
du calendrier.
C’est aussi s’assurer que l’équipe design a compris de façon
utile les spécificités du contexte.
Quand le brief UX intervient-il dans un
projet ?
Le brief UX est rédigé avant le démarrage de la phase
d’exploration des solutions de design.
Pour initier cette phase, le brief doit faire consensus dans
l’équipe commanditaire du projet. Cette validation interne
est la condition d’un départ sur de bonnes fondations.
6. Dans quel format faut-il élaborer le brief ?
Un brief de design doit être écrit, pour éviter toute
ambiguité. Qu’il soit entièrement rédigée dans un
document texte ou sous la forme d’une liste à puces dans
une présentation, l’important est de le rendre lisible et
suffisamment complet et utile. Ce document peut être
ensuite présenté lors d’une réunion entre l’équipe design et
le client (ou les product managers).
Des ateliers peuvent aussi prendre place avec le client/
l’équipe projet pour enrichir le brief des éléments
intangibles du projet (contexte interne) et préciser les
informations nécessaires au démarrage de la phase de
design.
Il existe différents types de brief :
— dans le cadre d’une mise en compétition, où le client est
particulièrement attentif à formuler la problématique et son
contexte de façon aussi détaillée que possible ;
— dans le cadre d’un nouveau projet ;
— dans le cadre de la refonte d’un projet existant ;
— dans le cadre d’une collaboration (ou d’un projet
récurrente, où les éléments de contexte sont souvent déjà
maîtrisés par les designers.
7. Qui est chargé de formaliser le brief de
design ?
Un brief de design est rédigé à travers un partenariat étroit
et direct entre le responsable du projet et un membre de
l’équipe design.
Le reste de l’équipe peut fournir une contribution et
l’approuver, sans toutefois contribuer directement à sa
rédaction.
8. La trame de questions suivantes couvre les
points clés à faire figurer dans un brief
UX. Elle abordent toutes les informations
essentielles dont auront besoin les designers.
Pour constituer l’ébauche de votre brief, vous
pouvez suivre ces étapes et répondre en détail
à chaque question. En préparant à l’avance
cette trame, vous gagnerez un temps précieux
pour le déroulement du projet.
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9. Fiche d’identité du projet
— Nom/nom de code du projet
— Description de la mission
— Pourquoi ce projet est-il nécessaire ?
— Quels sont les principaux objectifs du projet ?
— Quels sont les objectifs secondaires ?
— Quelle problématique doit-il résoudre ?
— A quelles opportunités business le projet doit-il permettre
de répondre ?
— Qui sont les parties-prenantes associées au projet ?
(Qui est le sponsor du projet ? Quelles sont les personnes
associées aux étapes de validation ?)
— A qui s’adresse le projet ? (audience & utilisateurs)
— Comment les cibles sont-elles hiérarchisées ? Lesquelles
sont prioritaires ?
— Quel est le budget du projet ?
— Quelles sont les échéances-clés du projet ?
—Pourquoi le projet doit-il avoir lieu dans le calendrier
précisé ?
— Peut-il être mené en plusieurs phases de déploiement ?
— Quel est l’environnement technique du projet ?
10. L’entreprise
— Quel est le profil de l’entreprise ?
— Quelles sont ses activités ?
— Quels sont ses principaux métiers ?
— Comment est-elle organisée (business units, filiales,
management…) ?
— Qu’est-ce qui caractérise la culture de l’entreprise et son
histoire ?
— Quels ont été les faits marquants de l’année écoulée ?
— Sur quels piliers repose la stratégie de l’entreprise ?
— Quel est le modèle économique de l’entreprise ? Comment
développe-t-elle des revenus et des profits ?
— Quelles sont ses perspectives ? Ses priorités ?
Le contexte et l’univers de concurrence
— Quel est le contexte général dans lequel s’inscrit le projet ?
— Qui sont les principaux concurrents ? Quel est leur
positionnement ?
— Comment l’entreprise est-elle perçue par rapport à ses
concurrents ?
— Comment se différencie-t-elle ? Quels sont ses atouts ?
— Quelles sont les tendances/enjeux actuels du secteur ?
— Quels sont les enjeux spécifiques pour l’entreprise ?
— Dans quelle mesure ces tendances peuvent-elles affecter
le projet ?
— Quels sont les questions relatives au projet sujettes à
débat/controverse ?
11. La marque
— Quel est le positionnement de la marque ?
— Quelles sont ses audiences/publics prioritaires ?
— Quelles sont ses valeurs ?
— Quel est le « tone of voice » adopté ? / ses messages-clés ?
— En termes de look and feel, quel est son langage/univers
visuel ?
— S’il y a plusieurs marques, quels sont les éléments de socle
commun entre les différentes marques ?
— Les éléments de différenciation ?
— Comment décririez-vous l’expérience client offerte par la
marque et ses points de contact ?
— Qu’est-ce qu’une interaction réussie/positive avec la
marque selon vous ?
— En ce qui concerne les interfaces numériques, comment
doivent-elles traduire l’univers visuel de la marque ?
12. Les inputs disponibles
— Disposez-vous d’éléments en termes d’analyse d’audience
/ analyse d’usages ?
— Des études quantitatives ou qualitatives ont-elles déjà été
menées qui pourraient être utiles dans le cadre du projet ?
— Quels éléments de connaissance avez-vous déjà
rassemblés sur vos utilisateurs ?
— Quelles problématiques récurrentes le service client a-t-il
déjà partagées ?
— Avez-vous déjà identifié les bonnes pratiques pouvant
s’appliquer au projet ?
— Comment les utilisateurs utilisent-ils le services/le
produit actuellement ?
Quels sont les points de difficultés ?
Les attendus
— Quelles sont les retombées business attendues ?
— Comment vont-elles être mesurées ?
— Avez-vous défini des indicateurs-clés de performance ?
— Quelle valeur le projet doit-il générer pour les utilisateurs ?
— Quels sont les comportements utilisateurs qui
permettront de définir le succès du projet ? Quelles actions
devront-ils réaliser pour répondre aux objectifs fixés ?
— Quel est le périmètre du projet et les livrables attendus ?
— Qu’est-ce qui est hors périmètre ?
— Existe-t-il des zones d’ombre dans le périmètre du projet ?
— Quelles sont les fonctionnalités attendues ?
— Lesquelles sont les plus prioritaires ?
13. Check-list d’éléments à demander
— Logo au format vectoriel (.eps, .ai).
— Guidelines graphiques les plus récentes de l’entreprise.
— Les noms des caractères typographiques employés dans la
charte, afin de faire l’acquisition des licences.
— Accès à la photothèque de l’entreprise s’il en existe une ou
accès à des images haute résolution.
— Historique du design de l’entreprise, avec des exemples de
réalisations pouvant servir de référence (exemple : supports
de communication électroniques ou imprimés).
14. Bibliographie
Agence pour la promotion de la création Industrielle (APCI),
Cité du design et Institut français de la mode (IFM), pour
le compte de la direction générale de la Compétitivité
de l’Industrie et des Services (DGCIS), ministère de
l’Économie de l’Industrie et de l’Emploi, Économie du
design, Paris, 2010 : www.industrie.gouv.fr/creation/etudes/
RapportFinal27juilletbdef.pdf
Alastair Blyth, John Worthington, Managing the Brief for
Better Design, Routledge, 2e édition, New York, 2010
Brigitte Borja de Mozota, Design management, éditions
d’organisation, coll. « Les références », Paris, 2002
Peter L. Phillipps, Creating the perfect design brief,
Allworth Press, New York, 2004
Benoît Drouillat, Le design interactif, Dunod, 2016
Nicole Pignier et Benoît Drouillat, Penser le webdesign.
Modèles sémiotiques pour les projets multimédias,
L’Harmattan, Paris, 2004
15. Crédits
Maquette inspirée par les travaux de l’Atelier tout va bien
*designers interactifs*
33 rue du faubourg Montmartre
75009 Paris
www.designersinteractifs.org
Directeur de la publication :
Benoît Drouillat
Caractères typographiques :
National (Krys Sowersby, Klim Type)
Playfair Display (Claus Eggers Sørensen)