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UNIVERSITE PARIS XI
               FACULTE DE MEDECINE PARIS-SUD



Année : 2010                                        N°attribué par la bibliothèque


                                   THESE

                            Pour obtenir le grade de
                 DOCTEUR DE l’UNIVERSITE PARIS XI

         Spécialité : SANTE PUBLIQUE, option RECHERCHE CLINIQUE

                    Présentée et soutenue publiquement par

                              Vincent GAJDOS

                              Le 14 décembre 2010



        PRISE EN CHARGE DE LA BRONCHIOLITE AIGUË DU
           NOURRISSON : EVALUATION DES PRATIQUES



                    Directeur de Thèse : Mr Jean Bouyer


                                     JURY

Mme Marie-Aline CHARLES                                           Président
Mr Alain MARTINOT                                                 Rapporteur
Mr Jean-Christophe ROZE                                           Rapporteur
Mr Behrouz KASSAI-KOUPAI                                          Examinateur
Mr Babak KHOSHNOOD                                                Examinateur
Mr Jean BOUYER                                                    Directeur
A Isabelle, Simon et …

sans lesquels tout cela n’aurait pas grand sens.
REMERCIEMENTS




Je remercie Jean Bouyer d’avoir accepté de diriger mon travail doctoral et de m’avoir si bien
guidé. Je me souviens de notre premier échange téléphonique, quand tout n’était pas si simple
et au cours duquel, très vite, tu m’as témoigné d’une confiance que j’espère n’avoir pas
déçu… J’ai passé deux formidables années « à l’abri » dans ton unité et c’est un plaisir et un
besoin aujourd’hui que d’y venir me ressourcer à chaque fois que cela m’est possible. Ta
disponibilité, ta chaleur, ton écoute et ta rigueur m’ont été précieux pour mener ce travail. J’ai
apprécié ta manière si discrète et bienveillante de me faire progresser au-delà de ce que j’avais
imaginé. De nos discussions, je sortais toujours avec les idées plus claires et avec de
nouvelles perspectives. Ton optimisme m’a redonné confiance à chaque fois que celle-ci me
manquait. De ce travail naissent de nouvelles perspectives et je n’imagine pas poursuivre mes
travaux de recherche autrement qu’à tes côtés.



Je remercie les Professeurs Alain Martinot et Jean-Christophe Rozé d’avoir accepté d’être
mes rapporteurs et pour la qualité de leurs rapports. Vos remarques constructives et avisées
m’ont permis d’améliorer mon manuscrit et de poursuivre plus avant mes réflexions.

Je remercie Madame Marie-Aline Charles d’avoir accepté de présider mon jury de thèse et
Messieurs Berhouz Kassai et Babak Khoshnood d’avoir accepté d’y participer. J’espère que
cette première rencontre n’est que le début d’échanges et de collaborations fructueuses.



J’ai une pensée émue pour Philippe Labrune qui m’encourage et me soutient au-delà de
l’imaginable depuis maintenant de longues années. Tu le sais, notre rencontre alors que je
n’étais qu’étudiant hospitalier est pour beaucoup dans ce que j’ai fait ensuite. La plupart de
ces travaux n’auraient pas vu le jour si tu ne m’avais pas conseillé, guidé et soutenu. La liste
de ce que tu m’as appris est trop longue pour être détaillée ici. Entre autres, tu m’as appris à
regarder et à écouter les enfants, à prendre une décision même quand il n’y en a pas de
« bonne ». Tu as su vaincre mes résistances, toujours avec douceur, jamais sans détermination
et m’a permis de faire ce long chemin qui aujourd’hui nous ouvre des perspectives
enthousiasmantes. Ta confiance n’a jamais fait défaut, ton bureau est un havre de paix et nos
longues discussions sont toujours l’occasion de progresser, d’apprendre et de comprendre. Je
n’imagine pas construire le futur autrement qu’à tes côtés.
Je remercie l’ensemble des personnes qui ont contribué de près ou de loin aux travaux qui
nourrissent mon travail doctoral.

Parmi eux, j’ai une pensée pour Sylvain Bailleux, mon compère de l’aventure Bronkinou qui
répond toujours présent, même pour les plus mauvais coups, toujours avec gentillesse,
professionnalisme et pragmatisme. Mon admiration pour ta manière de t’occuper des enfants
est énorme et tu es souvent un exemple pour moi.

J’en ai une autre pour « mes » deux pneumo-pédiatres préférés, Nicole Beydon et Ralph
Epaud, Docteurs es humour, qui êtes toujours là pour écouter, discuter, construire et qui avez
toujours dit oui, même quand le temps manquait et qu’il fallait répondre pour « hier ».
Bronkinou vous doit beaucoup.

Je remercie Sandrine Katsahian avec qui, les discussions statistiques ont été si riches et
productives. Quelques années avant, je n’aurai pas dit que l’on pouvait rigoler autant en
parlant de modèles et de programmation.

Je remercie tous les parents et les enfants qui nous ont témoigné de leur confiance et ont
accepté de participer à l’ensemble de ces travaux. C’est à eux qu’ils appartiennent.

Je remercie bien sur tous les investigateurs, kinésithérapeutes, psychologues, infirmières et
attachés de recherche clinique qui ont contribué à la réalisation de ces études cliniques, sans
lesquels rien n’aurait été possible et qui ont travaillé sans compter, avec rigueur et efficacité.



J’ai une pensée pour tous mes collègues d’Antoine Béclère avec lesquels c’est un tel bonheur
de travailler au quotidien. Vous êtes toujours là quand il le faut, j’espère mériter votre
confiance



A tous les habitants de l’« ex U822 », je voudrai dire mon plaisir d’avoir passé tant de temps à
vos côtés. Votre accueil a été chaleureux, votre aide souvent précieuse.



Je dois beaucoup à Alix & Younes Boudjemline, Laurence Foix-L’Hélias, Vincent Guigonis,
Caroline & Laurent Moreau, Daniel & Marie-Odile Orbach, Francis & Noëlle Perreaux et
Loïc de Pontual avec lesquels les discussions sont tellement riches et constructives. Votre
amitié est un bien inestimable.



Enfin, les miens savent tout ce que je leur dois et combien ils me sont chers.
.
RESUME

La bronchiolite aiguë est une infection respiratoire basse d’origine virale qui touche entre 450
et 500 mille nourrissons chaque hiver. Elle est le plus souvent liée à une infection par le virus
respiratoire syncitial. Elle se manifeste par une détresse respiratoire dont le retentissement
peut être des difficultés alimentaires, des troubles du sommeil et au maximum, la constitution
d’une insuffisance respiratoire aiguë. Aucun des différents traitements évalués n’a montré son
efficacité en termes de diminution du retentissement ou d’accélération de la guérison.

Le travail doctoral avait pour but d’évaluer certaines des pratiques dans la prise en charge de
la bronchiolite aiguë du nourrisson.
La première question à laquelle nous souhaitions répondre était la reproductibilité inter-
observateurs d’un score clinique simple d’évaluation de la détresse respiratoire. Nous avons
montré que cette reproductibilité était bonne, même quand il s’agissait de couples
d’observateurs de métiers différents (infirmières, kinésithérapeutes, médecins). Ces résultats
plaident pour l’utilisation de tels scores en pratique courante ou dans le care d’études.

La deuxième question était celle de l’efficacité de la kinésithérapie respiratoire dans la prise
en charge des nourrissons hospitalisés pour une première bronchiolite aiguë. Nous avons
réalisé un essai randomisé, contrôlé en double aveugle dans lequel 496 nourrissons ont été
inclus. Nous n’avons pas mis en évidence de diminution du délai de guérison selon que les
nourrissons recevaient ou non de la kinésithérapie respiratoire. Cependant, des analyses post
hoc ont permis de générer des hypothèses sur une possible différence d’efficacité de la
kinésithérapie respiratoire selon que les nourrissons étaient atopique ou non d’une part,
hypoxémique ou non d’autre part.

Enfin, nous nous sommes intéressés aux facteurs cliniques associés à la réalisation d’une
radiographie de thorax chez les nourrissons consultant aux urgences pour dyspnée sifflante
ainsi qu’à ceux associés à la présence d’une anomalie radiologique. Plus de 800 nourrissons
ont été inclus dans cette étude. Les variables associées de manière indépendante à la
réalisation d’une radiographie de thorax étaient le jeune âge, l’existence de difficultés
alimentaires, la fièvre, l’hypoxémie, la présence de signes de lutte respiratoire, de râles
crépitants ou bronchiques. Parmi ces variables, seules la fièvre et à la limite de la
significativité, l’hypoxémie et la présence d’une conjonctivite étaient associés de manière
indépendante à la présence d’une anomalie radiologique. Ces résultats plaident pour une
diminution du nombre de radiographies de thorax qui devrait entraîner une diminution des
antibiothérapies inutiles.

Mots clés : Bronchiolite aiguë du nourrisson, Kinésithérapie respiratoire, Score,
Reproductibilité, Radiographie de thorax, Evaluation des pratiques




                                                                                                    8
TABLE DES MATIERES

CHAPITRE 1: LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON ...................................................................... 16
1 INTRODUCTION .............................................................................................................................. 17
2 AGENTS INFECTIEUX IMPLIQUES ET PHYSIOPATHOLOGIE ............................................................. 18
3 EPIDEMIOLOGIE ............................................................................................................................. 19
4 FACTEURS AYANT UN IMPACT SUR L’HISTOIRE NATURELLE DE LA MALADIE ............................... 22
 4.1 Facteurs environnementaux ........................................................................................................ 22
 4.2 Facteurs liés à l’hôte ................................................................................................................... 23
5 RISQUES DE DEVELOPPER UN ASTHME ?........................................................................................ 24
6 PRISE EN CHARGE .......................................................................................................................... 25
 6.1 Evaluation clinique et para-clinique ................................................................................... 25
 6.2 Traitements ................................................................................................................................. 26
    6.2.1 La Ribavirine ..................................................................................................................... 27
    6.2.2 Les bronchodilatateurs ...................................................................................................... 27
    6.2.3 Les corticoïdes ................................................................................................................... 28
    6.2.4 Montelukast ....................................................................................................................... 28
    6.2.5 Solutés salés hypertoniques ............................................................................................... 29
    6.2.6 Kinésithérapie respiratoire ................................................................................................ 30
    6.2.7 Les traitements en réanimation .......................................................................................... 31
    6.2.8 Palivizumab ....................................................................................................................... 32
    6.2.9 Les traitements de demain ................................................................................................. 34

CHAPITRE 2: OBJECTIFS DE LA THESE ................................................................................................... 35

CHAPITRE 3: ETUDE DE LA REPRODUCTIBILITE INTER-OBSERVATEUR ENTRE INFIRMIERES, MEDECINS
ET KINESITHERAPEUTES D’UN SCORE CLINIQUE D’EVALUATION DES NOURRISSONS AYANT UNE
BRONCHIOLITE AIGUË ............................................................................................................................ 38
1 INTRODUCTION .............................................................................................................................. 40
2 PATIENTS ET METHODES ............................................................................................................... 42
 2.1 Organisation de l’étude............................................................................................................... 42
    2.2 Outil d’évaluation respiratoire ....................................................................................... 43
    2.3 Analyse statistique.......................................................................................................... 44
3      RESULTATS .................................................................................................................................... 48
    3.1 Score Global (Tableau 3)............................................................................................................ 49
    3.2 Sous-scores (Tableau 4) ................................................................................................. 50
4       DISCUSSION ................................................................................................................................... 53

CHAPITRE 4: EFFICACITE DE LA KINESITHERAPIE RESPIRATOIRE CHEZ LES NOURRISSONS HOSPITALISES
POUR BRONCHIOLITE AIGUË: ETUDE MULTICENTRIQUE RANDOMISEE CONTROLEE ..................................
    ....................................................................................................................................................... 63
1 INTRODUCTION .............................................................................................................................. 65
2 METHODES ..................................................................................................................................... 67
 2.1 Patients ....................................................................................................................................... 67
    2.2 Traitements comparés .................................................................................................... 68
    2.3 Autres traitements .......................................................................................................... 70


                                                                                                                                                                 10
2.4 Randomisation ............................................................................................................................ 71
    2.5 Critères de jugement....................................................................................................... 72
       2.5.1 Critère de jugement principal ............................................................................................ 72
       2.5.2 Critère de jugement secondaire ......................................................................................... 72
    2.6 Estimation du nombre de sujets nécessaires ............................................................................... 73
    2.7 Analyse statistique.......................................................................................................... 74
3      RESULTATS..................................................................................................................................... 76
    3.1 Patients ....................................................................................................................................... 76
    3.2 Critère de jugement principal ......................................................................................... 79
    3.3 Critères de jugement secondaires ................................................................................... 80
    3.4 Analyse post hoc : recherche d’interaction et analyses en sous-groupes ....................... 84
4       DISCUSSION .................................................................................................................................... 86


CHAPITRE 5: ETUDE DES FACTEURS ASSOCIES A LA REALISATION D’UNE RADIOGRAPHIE DE THORAX
CHEZ LES NOURRISSONS CONSULTANT POUR DYSPNEE SIFFLANTE ET DES FACTEURS CLINIQUES
ASSOCIES A UNE ANOMALIE RADIOLOGIQUE
1      INTRODUCTION .............................................................................................................................. 94
2      PATIENTS ET METHODES ............................................................................................................... 96
    2.1 Recueil des données ................................................................................................................... 96
    2.2 Interprétation des radiographies de thorax ..................................................................... 97
    2.3 Analyse statistique.......................................................................................................... 98
3      RESULTATS .................................................................................................................................... 99
    3.1 Patients (Tableau 1) .................................................................................................................... 99
    3.2 Description des radiographies (Figure 1) ..................................................................... 102
    3.3 Facteurs associés à l’indication d’une radiographie ..................................................... 103
        3.3.1       Analyse univariée ............................................................................................................ 103
        3.3.2       Analyse multivariée ........................................................................................................ 104
    3.4 Facteurs associés à la présence d’une anomalie radiologique...................................... 105
        3.4.1 Analyse univariée ............................................................................................................ 105
        3.4.2 Analyse multivariée ........................................................................................................ 106
4       DISCUSSION ................................................................................................................................. 107

CHAPITRE 6 : CONCLUSION ET PERSPECTIVES .................................................................................... 118

BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................................... 123

ANNEXES : PRODUCTION SCIENTIFIQUE REALISEE .............................................................................. 144




                                                                                                                                                              11
LISTE DES ABREVIATIONS




AFE : Augmentation du Flux Expiratoire
AN : Aspiration nasale
ANAES : Agence nationale d’accréditation et d’évaluation pour la santé
ARN :Acide Ribo-Nucléique
ATP : Adénosine Tri-Phosphate
BAN: Battement des ailes du nez
BTA: balancement thoraco-abdominal
FR : fréquence respiratoire
hMPV : Métapneumovirus humain
HR : Hazard Ratio
IQR = Intervalle interquartile
PaCO2 : pression partielle en dioxyde de carbone
PRISM : Pediatric risk of mortality
SA : semaines d’aménorrhées
SiRNA : ARN interférent
SpO2 : saturation percutanée de l’hémoglobine en oxygène
TIC : tirage inter-costal
TP : Toux Provoquée
TSC : tirage sous-costal
VI : ventilation invasive
VNI : ventilation non invasive
VRS : virus respiratoire syncitial




                                                                         13
PRODUCTION SCIENTIFIQUE


                                     PRODUCTION SCIENTIFIQUE



     Articles publiés


Gajdos, V., et al. (2009), 'Inter-observer agreement between physicians, nurses, and respiratory therapists for

respiratory clinical evaluation in bronchiolitis', Pediatric Pulmonology, 44 (8), 754-62


Gajdos V, Katsahian S, Beydon N, Abadie V, Pontual L., Larrar S, Epaud R, Chevallier B, Bailleux S, Mollet –

Boudjemline A,     Bouyer J, Chevret S, and Labrune P. Effectiveness of Chest Physiotherapy in Infants

Hospitalized with Acute Bronchiolitis: a Multicenter, Randomized, Controlled Trial. PLoS Medicine.

2010;7(9):e1000345



     Contribution des travaux de la thèse à d’autres publications


V. Gajdos. Bronchiolite aiguë du nourrisson. Abrégé d’urgences pédiatriques Nestlé, 2010


V. Gajdos,N. Beydon. La bronchioliteaiguë du nourrisson. Pneumologie pédiatrique pratique. Edition Masson.

Sous presse



     Articles en cours de rédaction


Bronchiolite aiguë du nourrisson : état de l’art. (prévision de soumission à l’ERJ)


Etude des facteurs associés à la réalisation d’une radiographie de thorax chez les nourrissons consultant pour

dyspnée sifflante et des facteurs cliniques associés à une anomalie radiologique (Prévision de soumission à

Pediatric Radiology)



      Communication orale


F. Bremont, S. Bailleux, V. Gajdos. Kinésithérapie respiratoire en pédiatrie : de son rationnel à l’évaluation de

son efficacité : pour une prescription mesurée. Congrès de la SFP – Paris – Juin 2010




                                                                                                                    15
PRODUCTION SCIENTIFIQUE


V. Gajdos, S. Bailleux, T. Coppens, J.C. Jeulin, C. Barazzone-Argiroffo. Table ronde : « Quelles limites pour la

kinésithérapie respiratoire dans la bronchiolite du nourrisson ? Pour quels types d’atteintes respiratoires? A quel

stade d’évolution ? Est-elle sans danger ? » 7èmes Journées des Réseaux Bronchiolites, Paris – Juin 2010


V. Gajdos, N. Beydon, S. Bailleux. Bronchiolite aiguë du nourrisson : quelle kinésithérapie respiratoire pour

quels enfants ? 14ème Rencontres de Pédiatre Pratique – Paris, janvier 2010


V. Gajdos, S. Katsahian, N. Beydon, S. Bailleux, S. Chevret, P. Labrune. Efficacité de la kinésithérapie

respiratoire avec augmentation du flux expiratoire dans la prise en charge de la première bronchiolite aiguë du

nourrisson hospitalisé : essai multicentrique randomisé et contrôlé en double insu. Journées Parisiennes de

Pédiatrie. Paris, octobre 2009


V. Gajdos. Place des solutés hypertoniques dans la prise en charge des bronchiolites aiguës du nourrisson.

13ème Rencontres de Pédiatre Pratique – Paris, janvier 2009


V.Gajdos, S. Katsahian, N. Beydon, V. Abadie, L. de Pontual, S. Larrar, R. Epaud, B. Chevallier, S. Bailleux, J.

Bouyer, S. Chevret, P. Labrune. Efficacité de la kinésithérapie respiratoire avec augmentation du flux expiratoire

dans la prise en charge de la première bronchiolite aiguë du nourrisson hospitalisé : essai multicentrique

randomisé et contrôlé en double insu. Société Française de Pédiatrie, Toulouse, Juin 2009. Communication orale.


V. Gajdos, S. Bailleux. La kinésithérapie respiratoire dans les bronchiolites aiguës du nourrisson : Quel

Rationnel ? Journées de Pédiatrie d’Urgence. Paris Septembre 2007.




.




                                                                                                                      16
CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON




                                          CHAPITRE 1


                          LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON



1   Introduction


La bronchiolite aiguë du nourrisson a été décrite pour la première fois en 1940 par Engle et

Newns (Engel and Newns, G. H. 1940). Il s’agissait d’une série descriptive

anatomopathologique d’enfants décédés dans un tableau de détresse respiratoire ; les auteurs

décrivaient une bronchiolite proliférative murale qui, selon les patients, comportait une

atteinte modérée sans lésion épithéliale, des lésions plus prolifératives avec un infiltrat

inflammatoire des cellules épithéliales et des cellules basales et, au maximum, une destruction

totale de l’épithélium et des structures adjacentes. Les auteurs émettaient l’hypothèse d’une

cause virale à l’origine de ces détresses respiratoires, invoquant le rôle possible des virus de la

rougeole ou du virus influenza. En 1973, une première étude a rapporté la fréquence des

différents symptômes présents chez les nourrissons qui avaient une bronchiolite aiguë : la

grande majorité des nourrissons atteints avaient une toux, une dyspnée et un wheezing tandis

qu’une partie d’entre-eux seulement avaient des signes de lutte respiratoire, une distension

thoracique, des ronchi, une rhinopharyngite, de la fièvre, des vomissements ou une cyanose

(Court, S. 1973). Depuis ces descriptions princeps, la bronchiolite aiguë du nourrisson a été

définie de multiples manières, toutes les définitions associant de manière variable des

éléments physiopathologiques, sémiologiques (détresse respiratoire plutôt expiratoire et

sifflante précédée d’une rhinite plus ou moins fébrile), microbiologiques et liés au terrain

(Viswanathan, M. et al. 2003). La définition retenue dans les recommandations de l’académie

américaine de pédiatrie fait de la bronchiolite « une maladie le plus souvent causée par une



                                                                                                      17
CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON



infection virale des voies aériennes respiratoires inférieures caractérisée par une inflammation

aiguë, un œdème et une nécrose des cellules épithéliales des voies respiratoires de petit

calibre, une augmentation de la production de mucus et un bronchospasme » (Subcommittee

on Diagnosis and Management of Bronchiolitis 2006).



2   Agents infectieux impliqués et physiopathologie


L’agent infectieux de loin le plus fréquemment retrouvé est le virus respiratoire syncitial

(VRS) ; il s’agit d’un virus appartenant à la famille des paramyxoviridae et au genre des

pneumovirus dont il existe deux types (A et B) qui diffèrent par leur glycoprotéine G. C’est

un virus enveloppé à ARN ; l’ARN code pour 10 protéines dont 8 ont un rôle parfaitement

établi : trois protéines sont présentes dans la nucléocapside et sont impliquées dans la

réplication virale (protéine N, phosphoprotéine P et polymérase L), trois protéines sont

associées à la matrice (protéine M1 qui assure la libération des virions, protéine M2 qui assure

le maintien entre la nucléocapside et l’enveloppe et protéine SH). Deux glycoprotéines

externes permettent l’attachement du virus à la surface cellulaire (Protéine G) et la fusion de

l’enveloppe virale à la membrane cytoplasmique (protéine F) qui permet la pénétration

intracellulaire de la capside virale. Ces deux dernières protéines sont les seules à induire la

formation d’anticorps neutralisants. Ce virus est retrouvé dans 50 à 80% des bronchiolites

aiguës du nourrisson (Henrickson, K. J. et al. 2004; Wright, A. L. et al. 1989) et survient sur

un mode épidémique (en France, classiquement entre octobre et février).


D’autres virus sont également retrouvés chez des nourrissons chez lesquels le diagnostic

clinique de bronchiolite est posé et le nombre de virus ne cesse d’augmenter avec l’avènement

de nouvelles techniques de diagnostic utilisant l’amplification moléculaire : citons les virus

Para-influenza, Influenza, les Adénovirus, le Métapneumovirus humain (hMPV), les




                                                                                                   18
CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON



Rhinovirus (Antunes, H. et al. 2010; Boivin, G. et al. 2003; Mansbach, J. M. et al. 2008a;

Marguet, C. et al. 2009; Wolf, D. G. et al. 2006). Il a également été décrit des co-infections

impliquant plusieurs virus ; cette situation serait retrouvée dans 6 à 30% des cas de

bronchiolites (Hall, C. B. et al. 2009; Paranhos-Baccala, G. et al. 2008; Semple, M. G. et al.

2005). La question du lien entre le type de virus et la sévérité de la maladie est largement

débattue de même que celle de l’influence des co-infections sur la gravité de la maladie ;

tandis que l’existence d’une coinfection a été décrite comme un facteur de risque de

bronchiolite aiguë sévère dans certaines études (Richard, N. et al. 2008; Semple, M. G. et al.

2005), cela n’a pas été confirmé dans d’autres études (Caracciolo, S. et al. 2008; Marguet, C.

et al. 2009).



3   Epidémiologie


Différentes études ont tenté d’évaluer la fréquence de la bronchiolite aiguë du nourrisson et sa

morbidité. La plupart de ces études se sont focalisées sur les infections causées par le VRS.

Dans une étude américaine récente qui a recherché le VRS chez tous les enfants âgés de

moins de 5 ans consultant aux urgences pédiatriques ou chez le praticien pour infection

respiratoire (Hall, C. B. et al. 2009), le virus a été retrouvé chez 18% des enfants inclus et plus

précisément, chez 20% des nourrissons hospitalisés, 18% des nourrissons consultant aux

urgences et chez 15% des nourrissons consultant chez le médecin traitant pour infection

respiratoire aiguë entre novembre et avril. Cette étude estimait le taux annuel

d’hospitalisations liées au VRS à 3 pour 1000 enfants âgés de moins de 5 ans et à 17 pour

1000 enfants âgés de moins de six mois. Elle estimait le taux de consultations annuelles aux

urgences pédiatriques à 28 pour 1000 enfants âgés de moins de 5 ans et à 55 pour 1000

enfants âgés de moins de 6 mois. Le taux annuel de consultations du pédiatre de ville liées à

une infection respiratoire à VRS était estimé à 80 pour 1000 enfants âgés de moins de 5 ans et



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CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON



à 132 pour 1000 enfants âgés de moins de 6 mois. Une autre étude publiée en 2003 étudiant

les principales causes d’hospitalisation des enfants aux Etats-Unis plaçait la bronchiolite à

VRS dans les premières causes infectieuses d’hospitalisation chez l’enfant (23,5%) et au

deuxième rang des hospitalisations toutes causes confondues (10,4%) (Yorita, K. L. et al.

2008). Enfin, une revue de la littérature récente a permis d’estimer, à travers le monde, le

nombre de cas d’infection à VRS en 2005 chez des enfants âgés de moins de 5 ans à 33,8

millions dont au moins 3,4 millions ont nécessité une hospitalisation (Nair, H. et al. 2010).


Il semble que le nombre d’hospitalisations ait augmenté au cours du temps. Une étude

américaine a estimée que l’incidence annuelle d’hospitalisations pour bronchiolite aiguë chez

l’enfant âgé de moins de 1 an était passée de 12,9 pour 1000 en 1980 à 31,2 pour 1000 en

1996 (Shay, D. K. et al. 1999). Plusieurs études ont cherché à mettre en évidence des facteurs

prédictifs d’hospitalisation (Mansbach, J. M. et al. 2008b; Shaw, K. N. et al. 1991; Voets, S.

et al. 2006; Walsh, P. et al. 2004) ou de gravité chez les nourrissons hospitalisés (Mulholland,

E. K. et al. 1990); les facteurs les plus communément retrouvés étaient le jeune âge, les

antécédents de prématurité, le mauvais état général au moment de la consultation, la

constatation d’une hypoxémie lors de la consultation et pour certains, une augmentation de la

fréquence respiratoire, l’importance des signes de lutte respiratoire et la mise en évidence

d’une anomalie radiologique. On peut s’interroger sur le rôle de la mesure de la saturation

transcutanée en oxygène dans la décision d’hospitaliser un nourrisson qui a une bronchiolite

aiguë car le choix du seuil en deçà duquel le diagnostic d’hypoxémie est retenu est posé de

manière tout à fait arbitraire et qu’il ne tient pas compte de la variabilité de la mesure. Il a été

montré que les praticiens changeaient radicalement leurs modalités de prise en charge pour

une variation de la saturation de seulement 2% autour du seuil habituellement reconnu (94%

versus 92%) (Mallory, M. D. et al. 2003) et que la mise en évidence d’une saturation

transcutanée en oxygène inférieure à 94% s’accompagnait d’une multiplication par 5 du taux


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CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON



d’hospitalisation (Mansbach, J. M. et al. 2008b). De même, plusieurs auteurs ont montré que

la poursuite de la surveillance de la saturation transcutanée en oxygène était un facteur

d’allongement de la durée d’hospitalisation (Schroeder, A. R. et al. 2004; Unger, S. and

Cunningham, S. 2008). Des travaux sont actuellement menés pour évaluer l’apport réel de cet

outil de mesure : une première étude vise à évaluer l’influence de la mesure de la saturation

transcutanée en oxygène sur la probabilité d’hospitalisation des nourrissons qui consultent

aux urgences pour une bronchiolite aiguë du nourrisson (Schuh et al. Clinicaltrials.gov n°

NCT00673946) ; L’hypothèse des auteurs est que les cliniciens ne prennent pas en compte

l’imprécision de mesure de l’instrument utilisé et prennent des décisions différentes selon que

la valeur est au dessus ou au dessous du seuil sans tenir compte de la variabilité de la mesure.

Dans cette étude, la randomisation va permettre de comparer la prise en charge d’un groupe

de nourrissons pour lesquels le saturomètre affichera la valeur mesurée de la saturation

transcutanée en oxygène à celle d’un groupe de nourrisson pour lequel l’appareil indiquera

une valeur correspondant à la mesure majorée de 3% (ce qui correspond à la variabilité de la

mesure et qui est considéré comme physiologiquement non significatif). La deuxième étude

déclarée en cours compare la surveillance continue de la saturation à la surveillance

intermittente ; là encore, il s’agit de montrer que la durée d’hospitalisation est augmentée

quand la surveillance est continue (Alverson & McCulloh, Clinicaltrials.gov n°

NCT01014910). Un dernier élément majorant le risque d’hospitalisation est la notion de

survenue d’apnées à l’interrogatoire ou constatées lors de l’examen clinique initial ; leur

fréquence était estimée entre 2% et 20% selon les études (Church, N. R. et al. 1984; Ralston,

S. and Hill, V. 2009; Willwerth, B. M. et al. 2006) et les enfants les plus à risques sont les

nourrissons nés prématurés et les nourrissons les plus jeunes.


Certains des nourrissons hospitalisés vont nécessiter un séjour en réanimation. Les principaux

facteurs de risque sont la prématurité, l’existence d’une pathologie respiratoire chronique ou


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CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON



d’une cardiopathie sous-jacente, la présence d’une atélectasie sur la radiographie de thorax

(Chevret, L. et al. 2005; Prais, D. et al. 2003)


La mortalité de cette maladie a considérablement diminué au fil des années. La mortalité a été

estimée aux Etats-Unis à 2 pour 100000 naissances vivantes à la fin des années 1990

(Holman, R. C. et al. 2003) et au Royaume Uni à 1,82 pour 100000 naissances vivantes en

2000 alors qu’elle était estimée à 21,47 pour 100000 naissances vivantes dans le même pays

en 1979 (Panickar, J. R. et al. 2005). Elle reste élevée dans les pays en voie de

développement : le nombre de décès attribuables à une infection respiratoire à VRS à travers

le monde a été estimé, en 2005, entre 66000 et 199000 dont 99% survenaient dans les pays en

voie de développement (Nair, H. et al. 2010). Les facteurs les plus souvent associés à une

augmentation du risque de mortalité sont la prématurité, le faible poids de naissance et

l’existence d’une pathologie respiratoire chronique ou d’une cardiopathie congénitale

(Leader, S. and Kohlhase, K. 2003; Shay, D. K. et al. 2001).



4     Facteurs ayant un impact sur l’histoire naturelle de la maladie

4.1     Facteurs environnementaux


Des travaux récents ont montré que la pollution atmosphérique en général et celle liée à la

circulation automobile en particulier augmentait le risque de bronchiolite à VRS et ce même à

des niveaux considérés habituellement comme acceptables (Karr, C. J. et al. 2009b; Karr, C. J.

et al. 2009a). Le deuxième facteur associé à une augmentation de la fréquence des infections à

VRS et à leur sévérité est le tabagisme passif (Bradley, J. P. et al. 2005; Gurkan, F. et al.

2000). Un travail récent a suggéré que l’effet du tabac serait lié à une augmentation de la

nécrose épithéliale associée à une augmentation de la charge virale (Groskreutz, D. J. et al.




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CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON



2009). Ces données expérimentales in vitro doivent toutefois être confirmées par des

observations in vivo.


4.2    Facteurs liés à l’hôte


Il est maintenant assez bien établi que les facteurs environnementaux ne sont pas les seuls en

cause dans le risque qu’un nourrisson développe une bronchiolite et que celle-ci soit sévère

(Vicencio, A. G. 2010). Des études récentes se sont intéressées à la réponse immunitaire

locale secondaire à une infection à VRS. L’examen postmortem de tissus pulmonaires

d’enfants décédés dans les suites d’une infection à VRS a montré une diminution de la

réponse locale des lymphocytes T CD4+ et CD8+ suggérant un lien entre une réponse

immunitaire locale anormalement faible et la survenue d’une maladie sévère (Welliver, R. C.

2008; Welliver, T. P. et al. 2008). Cette observation va à l’encontre de l’idée communément

admise d’une réaction hyper-immune responsable de tableaux cliniques plus sévères. La

même équipe de recherche a mis en évidence un déficit de fonction des macrophages

alvéolaires qui pourrait en partie expliquer l’augmentation du risque de bronchiolite sévère,

possiblement en raison d’une diminution de l’élimination des débris cellulaires (Reed, J. L. et

al. 2008). Dans le prolongement de ces travaux, les auteurs ont montré que l’infection de

l’épithelium respiratoire par le VRS jouait un rôle majeur via la sécrétion de facteurs qui

pouvait induire la production de d’Anticorps indépendamment des lymphocytes T (Reed, J. L.

et al. 2009). Ces travaux suggèrent donc le possible rôle d’un déficit de l’immunité, en

particulier des lymphocytes T et de la fonction macrophagique, dans la survenue de tableaux

sévères de bronchiolite aiguë.


La deuxième avancée récente concerne l’identification d’un certain nombre de gènes de

l’immunité innée et adaptative impliquées dans le développement de tableaux cliniques de

bronchiolite aiguë sévères. Cela concerne, mais non exclusivement, les gènes des cytokines


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CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON



IL-4, TLR4, IL-8, IL-10, TLR2, et SP-D (Choi, Eun H. et al. 2002; Hoebee, B. et al. 2003;

Hoebee, B. et al. 2004; Lahti, M. et al. 2002; Murawski, M. R. et al. 2009; Puthothu, B. et al.

2006; Tal, G. et al. 2004). Par ailleurs, une étude d’association génétique utilisant des

méthodes permettant de rechercher des gènes candidats sur le génome entier a été réalisée sur

un échantillon de 470 nourrissons hospitalisés pour bronchiolite aiguë ; cette étude a confirmé

que des variations de certains gènes de l’immunité innée pourraient expliquer la variabilité

phénotypique de la maladie (Janssen, R. et al. 2007). Il s’agit en particulier des gènes VDR,

JUN, IFNA5 et NOS2 qui sont associés à des degrés divers dans le formation de radicaux, la

transduction du signal, la voie de l’interféron et la réponse pro-inflammatoire. La même

équipe a également mis en évidence des gènes de susceptibilité impliqués à la fois dans la

réponse immunitaire innée et dans le remodelage des voies aériennes (Siezen, C. L. et al.

2009).



5   Risques de développer un asthme ?


Une question imparfaitement résolue est de savoir dans quelle mesure le fait qu’un nourrisson

ait eu une bronchiolite aiguë augmente son risque de développer un asthme. Il semble établi

que l’existence d’un terrain atopique est un facteur de risque de sévérité d’une bronchiolite

(Henderson, F. W. et al. 1992). Les mêmes auteurs ont montré que la survenue d’une

bronchiolite à VRS était significativement et indépendamment associée à un plus grand risque

de wheezing et d’asthme à l’âge de 7 ans (Henderson, J. et al. 2005). Il n’y avait pas dans

cette étude de différence pour ce qui était de la positivité de tests cutanés réalisés à l’âge de 7

ans à la recherche d’atopie.




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CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON


6     Prise en charge

6.1    Evaluation clinique et para-clinique


Les outils pour standardiser la surveillance clinique des nourrissons qui ont une bronchiolite

aiguë sont nombreux et hétérogènes. Ils reprennent tous, au moins pour partie, les facteurs de

gravité précédemment décrits mais leur reproductibilité n’a pas toujours été bien étudiée et

quand elle l’a été, il ne s’agit pas toujours d’outils facilement utilisables en pratique courante.

Ils sont tous plus ou moins hérités du score de Silverman qui a été développé pour évaluer

l’état respiratoire d’un nouveau-né et qui quantifie l’importance des signes de lutte

respiratoire (battement des ailes du nez, tirage inter-costal, geignement expiratoire, entonnoir

xiphoïdien, balancement thoraco-abdominal). De nombreux scores ont été développés par la

suite intégrant à des degrés variables les signes de lutte respiratoire, la fréquence respiratoire,

la mesure de la saturation transcutanée en oxygène ou d’autres signes d’hypoxémie (cyanose)

ainsi que des informations issues de l’auscultation. La plupart de ces scores ont été peu ou pas

validés, que ce soit en termes de reproductibilité inter-observateur ou de sensibilité. Cette

validation est pourtant essentielle pour qu’ils puissent être utilisés en pratique courante, que

ce soit pour la surveillance et la prise de décision dans le cadre des soins, ou pour être utilisés

dans le cadre de la recherche clinique.


La nécessité de réaliser une radiographie de thorax aux nourrissons qui ont une bronchiolite

aiguë du nourrisson a été largement débattue. Son intérêt théorique peut être double : elle

permet d’une part de rechercher des complications (principalement à type de foyer de

condensation en faveur d’une surinfection bactérienne ou de lésions rétractiles) et d’autre part

de rechercher d’éventuels diagnostics différentiels (principalement les cardiopathies). Son

utilité pratique est toutefois discutée. De nombreuses études cliniques ont comporté la

réalisation d’une radiographie de thorax. Il n’a en revanche pas été montré que la pratique




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CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON



d’un tel examen permettait d’améliorer la prise en charge clinique et thérapeutique. Si

certaines études ont mis en évidence une corrélation entre la présence d’une anomalie

radiologique et la sévérité clinique (Shaw, K. N. et al. 1991), d’autres n’ont pas retrouvé de

corrélation radio-clinique (Dawson, K. P. et al. 1990). Le lien entre la réalisation d’une

radiographie de thorax et la prescription d’une antibiothérapie a été évoqué (Schuh, S. et al.

2007) et mérite d’être mieux évalué et d’être pris en compte dans la discussion de la

prescription de cet examen. Sa réalisation n’est pas recommandée par l’Académie Américaine

de Pédiatrie sauf chez les enfants hospitalisés dont l’état clinique ne s’améliore pas, ou dans

l’hypothèse d’un diagnostic différentiel (Subcommittee on Diagnosis and Management of

Bronchiolitis 2006).


6.2   Traitements


Plusieurs traitements ont été évalués dans la prise en charge de la bronchiolite aiguë du

nourrisson, qu’il s’agisse de traitements curatifs, préventifs ou dont l’objectif était de

raccourcir la durée des symptômes et d’agir éventuellement sur leur sévérité. De fait, aucun

de ces traitements ne s’avère réellement efficace et la prise en charge actuelle est donc

essentiellement symptomatique et vise surtout à dépister le plus précocement possible les

complications et le cas échéant de les prendre en charge de la manière la plus efficace et la

moins invasive possible. En France, la conférence de consensus sur la prise en charge de la

bronchiolite aiguë du nourrisson recommande le fractionnement de l’alimentation, la

réalisation de désobstructions nasales, de kinésithérapie respiratoire et d’hospitalisation en cas

de survenue de signes de mauvaise tolérance.




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CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON



6.2.1 La Ribavirine


La Ribavirine est un analogue nucléosidique de la guanosine, à large spectre antiviral qui a été

testé dans la prise en charge des bronchiolites aiguës du nourrisson. L’analyse de l’ensemble

des essais disponibles résumée dans une méta-analyse ne met pas en évidence de différence

significative de durée d’hospitalisation, de mortalité (essais portant sur des nourrissons en

insuffisance respiratoire sévère) ou du risque de développer un asthme (Ventre, K. and

Randolph, A. G. 2007).


6.2.2 Les bronchodilatateurs


La justification de leur utilisation repose sur l’idée qu’une partie du syndrome obstructif

bronchiolaire est due à un bronchospasme. Plusieurs molécules ont été évaluées,

principalement de la famille des β2-mimétiques (Salbutamol, Albuterol, Terbutaline …) ou

des adrénergiques (Adrénaline, Epinéphrine). Les études ont évalué différents critères

d’efficacité qu’il s’agisse de délai de guérison, de taux d’hospitalisation ou de modification de

l’état respiratoire (attesté par un score clinique) avant/après administration de la molécule.

Une méta-analyse de la Cochrane Collaboration récente a étudié l’efficacité des β2-

mimétiques, seuls ou en association, et a conclu à un effet modéré et de courte durée sur la

dynamique respiratoire évaluée par un score clinique et sur l’oxymétrie, et à l’absence

d’efficacité sur le taux d’hospitalisation et sur la durée d’hospitalisation (Gadomski, A. M.

and Bhasale, A. L. 2007). L’Epinéphrine a également fait l’objet de nombreuses études et une

méta-analyse de la Cochrane Collaboration a également mis en évidence un effet modéré sur

le score clinique 30 et 60 minutes après réalisation du traitement sans montrer d’effet sur

l’amélioration de la saturation transcutanée en oxygène ni sur le taux d’hospitalisation et sa

durée le cas échéant (Hartling, L. et al. 2004). Une étude plus récente a mis en évidence une




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CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON



diminution significative du taux d’hospitalisation chez les nourrissons recevant une

association d’Epinephrine et de Dexaméthasone par rapport à ceux recevant un placebo, mais

d’une part les auteurs n’avaient pas prévu l’existence d’une interaction entre l’effet de

l’épinéphrine et celui de la dexaméthasone et d’autre part, cette différence n’est plus

significative après modification des seuils de signification pour prendre en compte la

réalisation de tests multiples (Plint, A. C. et al. 2009). Cette étude permet toutefois de générer

une hypothèse novatrice et doit permettre de mener de nouveaux essais cliniques comparant

spécifiquement l’effet de l’association de ces deux molécules à celle de deux placebos.


6.2.3 Les corticoïdes


Les raisons de leur utilisation résident dans le rôle joué par l’inflammation locale dans la

physiopathologie de la bronchiolite aiguë du nourrisson. De nombreuses études ont été

réalisées dont la plupart sont analysées de manière conjointe dans la méta-analyse de la

Cochrane Collaboration (Patel, H. et al. 2004) : cette étude ne met pas en évidence de

bénéfice en termes de score clinique, de taux, de durée d’hospitalisation ou de fréquence des

ré-admissions. Les auteurs de cette méta-analyse notaient une grande hétérogénéité entre les

études qui devait rendre prudent dans l’analyse de ses résultats. La principale étude disponible

depuis cette méta-analyse est celle de Corneli et coll qui a évalué l’intérêt de l’administration

de Dexaméthasone aux urgences et qui n’a mis en évidence ni amélioration du score clinique,

ni diminution du taux d’hospitalisation ou de sa durée (Corneli, H. M. et al. 2007).


6.2.4 Montelukast


Des études ont évalué l’intérêt d’un traitement des nourrissons qui ont une bronchiolite aiguë

par le Montelukast qui est un inhibiteur des leucotriènes. La justification de leur utilisation

repose sur la constatation de niveaux élevés de Cysteinyl leukotrienes (CysLTs) lesquels sont




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CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON



connus pour être favoriser l’obstruction bronchiolaire et l’œdème muqueux(van Schaik, S. M.

et al. 1999; Volovitz, B. et al. 1988), et pour favoriser l’hyper-réactivité bronchique

(Bisgaard, H. 2001). Des essais cliniques ont donc évalué l’intérêt de cette molécule dans

l’espoir d’accélérer la guérison d’une part et de diminuer les risques d’asthme du nourrisson

d’autre part. Cette molécule n’a fait la preuve de son efficacité pour aucun de ces objectifs

(Amirav, I. et al. 2008; Bisgaard, H. et al. 2008).


6.2.5 Solutés salés hypertoniques


L’infection à VRS entraine une augmentation du rapport mucus/eau secondaire à une

augmentation de la sécrétion de mucus qui est responsable d’une déshydratation de la surface

liquidienne des voies aériennes. De plus, le VRS, en augmentant l’activité ATPase, diminue

les concentrations extracellulaires d’ATP ce qui a pour conséquence une réduction de

l’inhibition des canaux sodium et donc une augmentation de l’absorption du sodium. In vitro,

l’ajout de soluté salé hypertonique à la surface des voies aériennes diminue l’œdème

épithélial, améliore les propriétés rhéologiques du mucus et en accélère le transport. In vivo,

l'inhalation de sérum salé hypertonique augmente le taux de transport muco-ciliaire même

chez les sujets sains qui ne présente aucun signe de déshydratation, d’hypersecrétion de

mucus ou d’œdème sous-épithélial (Mandelberg, A. and Amirav, I. 2010). Plusieurs essais

cliniques ont été menés dont les données ont été analysées dans une méta-analyse de la

Chochrane Collaboration : celle-ci a permis de mettre en évidence une diminution de la durée

d’hospitalisation et une amélioration des scores cliniques respiratoires chez les enfants traités

par aérosols de sérum salé hypertonique comparativement à ceux recevant un simple aérosol

de sérum physiologique (Zhang, L. et al. 2008). Les auteurs notaient que l’effet du traitement

sur le score respiratoire était plus marqué chez les enfants non hospitalisés. Une étude récente




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CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON



a remis en cause l’efficacité de ce traitement (Grewal, S. et al. 2009) et de nouvelles études

sont nécessaires pour mieux comprendre son intérêt.


6.2.6 Kinésithérapie respiratoire


La kinésithérapie respiratoire a également été proposée dans le but d’augmenter la clairance

des secrétions bronchiolaires. Son objectif principal est de lever l’obstruction des voies

aériennes les plus distales, de réduire les résistances des voies aériennes et ainsi d’augmenter

les échanges gazeux et de diminuer les efforts respiratoires nécessaires pour maintenir une

hématose correcte. Sa justification repose sur le fait que l’obstruction des voies aériennes est

d’autant plus fréquente en pédiatrie que les voies aériennes des nourrissons sont étroites et

compliantes (ce qui favorise leur collapsus). Plusieurs techniques ont été décrites ; les

premières sont les techniques manuelles qui associent à des degrés divers l’utilisation de

pressions thoraciques, de déclenchement de toux, de modulation des flux et de drainage

autogène. Les techniques de modulation de flux sont les plus utilisées dans les pays

francophones. Cette modulation peut être active ou passive, lente ou rapide et la technique

développée et utilisée en France est celle de l’augmentation du flux expiratoire (AFE) en

association avec la toux provoquée. D’autres techniques manuelles telles que le clapping ou

les percussions ont été décrites. Des techniques instrumentales sont également décrites

(augmentation de la pression expiratoire, percussion intra-thoracique ou oscillation extra-

thoracique » mais ces techniques ne sont pas utilisées en France. Des essais cliniques

comparatifs ont porté sur les techniques de vibration et de drainage postural (Bohe, L. et al.

2004; Nicholas, K. J. et al. 1999) ou de percussion (Webb, M. S. et al. 1985). Aucune de ces

étude n’a mis en évidence un bénéfice de ces techniques (Perrotta, C. et al. 2007). Les seules

études existantes sur les techniques d’augmentation de flux sont des études « avant/après »

réalisation d’une séance de kinésithérapie et ne permettent pas de répondre à la question de




                                                                                                   30
CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON



l’efficacité de ce traitement (Bernard-Narbonne, F. et al. 2003). Cette technique, bien que

n’ayant pas fait la preuve de son efficacité a été recommandée en France par la conférence de

consensus sur la prise en charge des bronchiolites aiguës du nourrisson (ANAES 2001) et son

utilisation est largement répandue. Cette recommandation est basée sur un avis d’expert

(grade C selon la classification ANAES) et le texte de la conférence de consensus

recommande la réalisation d’études de validation de cette technique. Il y a donc là une réelle

nécessité de mener des études pour évaluer l’efficacité de ces techniques de drainage.


6.2.7 Les traitements en réanimation


Le pourcentage de nourrissons avec une bronchiolite aiguë qui développent une insuffisance

respiratoire et qui sont admis en réanimation n’est pas précisément connu ; il est cependant

considéré comme extrêmement faible. De nombreuses études ont évalué les différentes

alternatives thérapeutiques qui ont toutes pour objectif de limiter les besoins ventilatoires des

nourrissons. Des mélanges gazeux Helium/Oxygène (Heliox) ont été utilisés ; s’ils permettent

de diminuer l’intensité des signes de détresse respiratoire dans les heures qui suivent le début

du traitement, ils ne permettent pas de diminuer le taux d’intubation, de ventilation mécanique

ou la durée de séjour en réanimation (Liet, J. M. et al. 2010). L’instillation de surfactants

exogènes à également été proposée dans les situations les plus graves, sans que son efficacité

ne puisse être démontrée (Ventre, K. et al. 2006). Les progrès récents les plus importants

concernent le développement de méthodes de ventilation non invasive (VNI) dans cette

indication. Il s’agit de proposer un mode d’assistance ventilatoire non invasif qui évite (ou

remplace) l’intubation trachéale et la ventilation invasive et donc les effets secondaires qui

leur sont liés. Plusieurs techniques peuvent être proposées. La plus simple est d’appliquer une

pression positive continue dans les voies aériennes dans le but de maintenir les voies

aériennes ouvertes, d’augmenter la clairance des secrétions, de réduire le travail ventilatoire




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CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON



et, in fine, d’améliorer les échanges gazeux (Greenough, A. 2009). Des études ont montré que

l’utilisation de cette technique permettait d’améliorer la PaCO2, de diminuer le nombre

d’apnées obstructives et d’améliorer la qualité du sommeil (Beasley, J. M. and Jones, S. E.

1981; McNamara, F. and Sullivan, C. E. 1997). Dans une étude non randomisée portant sur

12 patients, l’utilisation de la VNI semblait diminuer le travail respiratoire (Cambonie, G. et

al. 2008). Une étude plus récente a montré que l’utilisation de la VNI permettait de diminuer

significativement la PaCO2 chez des nourrissons hospitalisés pour une bronchiolite aiguë et en

situation d’hypercapnie (Thia, L. P. et al. 2007). Une étude française a évalué l’évolution des

nourrissons admis en réanimation selon qu’ils étaient traités par ventilation mécanique

invasive (VI) ou par VNI. (Larrar, S. et al. 2006). Les auteurs identifiaient comme facteur de

risque d’échec de la VNI (et de recours secondaire à la VI) la gravité initiale (mesurée à l’aide

du score de gravité PRISM qui est un score développé par les pédiatres réanimateurs). Ils

notaient que la VNI permettait une réduction significative de la fréquence respiratoire et de la

PaCO2, et que les durées de ventilation et d’hospitalisation en réanimation étaient plus

longues pour les enfants traités par VI. Toutefois, ce résultat est d’interprétation difficile et

cette différence peut s’expliquer par la gravité initiale.


6.2.8 Palivizumab


Une autre approche thérapeutique récente réside dans la mise au point d’anticorps

monoclonaux dirigés contre le VRS pour prévenir la survenue d’une bronchiolite aiguë à VRS

chez le nourrisson. Il s’agit d’un anticorps humanisé dirigé contre la protéine de fusion du

VRS (Johnson, S. et al. 1999). Deux études menées chez des nourrissons nés prématurément

(âge gestationnel inférieur à 35 semaines) ou qui avaient une dysplasie broncho-pulmonaire

ont montré que des injections répétées de Palivizumab pendant la période épidémique

permettaient de réduire le pourcentage d’enfants hospitalisés pour bronchiolite à VRS ainsi




                                                                                                    32
CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON



que, chez ceux hospitalisés, la durée d’oxygénothérapie et d’hospitalisation (IMpact-RSV

Study Group 1998; PREVENT Study Group 1997). Son efficacité a également été démontrée

pour réduire le risque de bronchiolite aiguë sévère à VRS chez les enfants ayant une

cardiopathie congénitale (Feltes, T. F. et al. 2003). Une revue de la littérature récente a conclu

que la prévention des bronchiolites aiguës à VRS permettait de réduire le risque d’infection

respiratoire basse à VRS nécessitant une hospitalisation chez les enfants à risque élevé mais

que son utilisation était économiquement efficace uniquement chez les nourrissons nés à un

âge gestationnel inférieur ou égal à 30 semaines s’ils étaient âgés de moins de trois mois au

début de l’épidémie, et chez les nourrissons nés à un âge gestationnel inférieur ou égal à 26

semaines s’ils étaient âgés de moins de six mois au début de l’épidémie (Wang, D. et al.

2008). Dans le cas où il y avait un enfant de la fratrie vivant en collectivité (crèche, école),

l’efficacité médico-économique était vérifiée pour les enfants âgés au début de l’épidémie de

moins de trois mois s’ils étaient nés à 35 semaines ou moins, de moins de six mois s’ils

étaient nés à 30 semaines ou moins et de moins de neuf mois s’ils étaient nés à 26 semaines

ou moins.


Les recommandations actuelles de l’Académie Américaine de Pédiatrie sont de proposer ce

traitement aux nourrissons qui ont une cardiopathie congénitale, une dysplasie

bronchopulmonaire ou qui sont nés à moins de 32 semaines d’âge gestationnel, et de ne

proposer le traitement aux nourrissons nés entre 32 et 34 semaines d’âge gestationnel que si

eux ou un membre de la fratrie âgé de moins de cinq ans vit en collectivité (American

Academy of Pediatrics 2009).


Une étude a suggéré que le fait de traiter des nourrissons nés prématurément (avant l’âge

gestationnel de 35 semaines) et qui n’avaient pas de dysplasie broncho-pulmonaire permettait




                                                                                                     33
CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON



de réduire le risque d’asthme du nourrisson (Simoes, E. A. et al. 2007). Les résultats de cette

étude nécessitent d’être confirmés par de nouveaux travaux.


6.2.9 Les traitements de demain


Des recherches se poursuivent en ce qui concerne les anti-viraux. La difficulté est que pour

être efficaces, ils doivent être donnés extrêmement précocement, idéalement dans les 48

premières heures de la maladie. Or à ce stade, il est souvent difficile de préjuger de la sévérité

puisque l’acmé de la symptomatologie survient au décours de la réponse inflammatoire et

immune, à un stade ou la concentration en particules virales est déjà en train de diminuer

(Openshaw, P. J. M. and Tregoning, J. S. 2005). Il existe néanmoins des voies de recherche et

de développement de nouveaux anti-viraux et notamment celui de fragments d’ARN

interférents (SiRNA) dirigés contre les gènes NS1, V, P, N ou L (Bitko, V. et al. 2005; Zhang,

W. et al. 2005). Il s’agit de petits fragments d’ARN qui sont complémentaires d’ARN

messagers existants (en l’occurrence codant des protéines virales) qui vont pouvoir former des

complexes SiRNA–ARNm et ainsi bloquer la traduction de la protéine d’intérêt. Des travaux

préliminaires in vitro ont permis de montrer que l’utilisation de SiRNA dirigés contre la

protéine P permettait de diminuer significativement l’expression de tous les gènes du VRS

ainsi que la croissance d’une culture virale de VRS (Bitko, V. and Barik, S. 2001). Par la

suite, il a été montré que l’instillation intranasale de SiRNA ches des souris préalablement

infectées par le VRS permettait de réduire le titre viral dans le poumon de la souris (Bitko, V.

et al. 2005; Zhang, W. et al. 2005). Tout récemment, un essai randomisé a permis de

comparer l’évolution d’adultes sains expérimentalement infectés par le VRS selon qu’ils

étaient ou non traités par un SiRNA : les auteurs ont montré que les sujets du groupe recevant

le SiRNA étaient significativement moins infectés que ceux du groupe contrôle sans que




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CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON



puisse être mis en évidence de différence en termes de charge virale ou d’expression clinique

(l’étude n’était toutefois pas réalisée dans cette objectif) (DeVincenzo, J. et al. 2010)




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36
CHAPITRE 2 : OBJECTIFS DE LA THESE



                                         CHAPITRE 2


                                     OBJECTIFS DE LA THESE




Cette revue de la littérature confirme que la bronchiolite aiguë du nourrisson est une maladie

fréquente, avec un impact médico-économique important et pour laquelle subsistent de

nombreuses questions tant pour son diagnostic, pour l’évaluation clinique et para-clinique de

sa sévérité que pour ses traitements.


Nous nous sommes fixé pour objectifs de répondre à trois questions : la première est celle de

la reproductibilité de l’évaluation clinique de la sévérité de la maladie. Cette évaluation

clinique est réalisée de manière répétée et sous-tend les décisions thérapeutiques, ou est

utilisée comme critère de jugement dans les essais thérapeutiques visant à évaluer l’efficacité

de tel ou tel traitement de cette maladie. Il est fréquent que plusieurs acteurs de soins

interviennent chez un même enfant et il est donc indispensable que tous les soignants évaluent

l’état respiratoire des nourrissons de manière homogène. L’utilisation d’un score de gravité

nécessite de s’être assuré de sa reproductibilité inter-individuelle. Nous avons donc mené une

étude pour évaluer dans quelle mesure l’appréciation de l’état respiratoire d’un nourrisson

atteint d’une bronchiolite aiguë était reproductible, et ce, quelle que soit la fonction du

soignant (infirmière, kinésithérapeute, médecin).


La deuxième question à laquelle nous nous sommes intéressés est celle de l’efficacité de la

kinésithérapie respiratoire dans cette maladie. Il s’agit d’un domaine peu étudié et nous avons

mené un essai thérapeutique pour évaluer l’efficacité de la technique utilisée en France

(Augmentation du flux expiratoire) sur le délai de guérison des nourrissons hospitalisés pour

première bronchiolite aiguë.


                                                                                                  37
CHAPITRE 2 : OBJECTIFS DE LA THESE



Le troisième volet de ce travail est dédié à l’évaluation de la prescription de radiographie de

thorax chez les nourrissons consultant aux urgences pour dyspnée sifflante ; il nous est en

effet apparu important d’étudier les facteurs qui conduisaient un praticien à poser l’indication

de la réalisation d’une radiographie de thorax dans cette indication, et de confronter ces

critères à ceux décrits dans la littérature ainsi qu’aux facteurs connus pour être prédictifs de la

survenue d’une complication justifiant une prise en charge particulière.




                                                                                                      38
39
CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE



                                          CHAPITRE 3


ETUDE DE LA REPRODUCTIBILITE INTER-OBSERVATEUR ENTRE INFIRMIERES, MEDECINS ET

KINESITHERAPEUTES D’UN SCORE CLINIQUE D’EVALUATION DES NOURRISSONS AYANT UNE

                                      BRONCHIOLITE AIGUË




1   Introduction


Les modalités de la prise en charge hospitalière d’un enfant ayant une bronchiolite aiguë du

nourrisson sont fondées sur le résultat de son évaluation clinique. Celle-ci est réalisée

plusieurs fois par jour et fait intervenir plusieurs catégories de soignants (infirmières,

kinésithérapeutes, médecins). L’évaluation clinique prend en compte l’examen respiratoire

(fréquence respiratoire, compliance thoracique, présence ou non de signes de lutte, évaluation

de la saturation transcutanée en oxygène, auscultation pulmonaire) ainsi que le retentissement

d’une éventuelle détresse respiratoire (état d’éveil, alimentation). Les traitements sont adaptés

en fonction de l’évolution de l’état clinique, que ce soit l’escalade thérapeutique (mise en

route d’une assistance alimentaire par exemple), la désescalade, voire la décision de sortie de

l’enfant. Il est donc indispensable de disposer d’un outil d’évaluation performant. Pour qu’un

outil d’évaluation clinique soit utilisable, il doit avoir plusieurs propriétés (Van Der Windt, D.

A. W. M. et al. 1994), et notamment une bonne reproductibilité inter-observateurs c'est-à-dire

que son résultat soit comparable quand il est utilisé par deux soignants différents qu’ils aient,

ou non la même formation. Cette reproductibilité inter-observateur est une des propriétés

essentielles d’un outil d’évaluation clinique car dans le cas contraire, il serait impossible pour

un soignant de décider d’une prise en charge en tenant compte de l’évaluation clinique faite

par un autre ; plus encore, l’absence de reproductibilité rendrait caduque toute tentative



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CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE



d’évaluation de l’évolution dans le temps d’un enfant. L’outil d’évaluation doit également

avoir une bonne validité (c'est-à-dire décrire de manière fiable l’état du patient) et une bonne

sensiblilité (c'est-à-dire permettre de détecter une modification de l’état clinique et plus

particulièrement de la gravité en fonction du temps, ou de la réponse à une intervention).


Plusieurs outils d’évaluation ont été développés pour la prise en charge des nourrissons

hospitalisés pour une bronchiolite aiguë (Berger, I. et al. 1998; Dabbous, I. A. et al. 1966;

Gadomski, A. M. et al. 1994; Kristjansson, S. et al. 1993; Liu, L. L. et al. 2004; Lowell, D. I.

et al. 1987; Richter, H. and Seddon, P. 1998; Schuh, S. et al. 1990; Tal, A. et al. 1983;

Wainwright, C. et al. 2003; Walsh, P. et al. 2004; Walsh, P. et al. 2006; Wang, E. E. et al.

1992). La reproductibilité inter-observateur de ces outils n’a été évalué que pour la moitié

d’entre eux (Dabbous, I. A. et al. 1966; Gadomski, A. M. et al. 1994; Liu, L. L. et al. 2004;

Lowell, D. I. et al. 1987; Tal, A. et al. 1983; Walsh, P. et al. 2006; Wang, E. E. et al. 1992).

De plus, cette évaluation n’a utilisé la statistique de kappa que pour quatre de ces outils (Liu,

L. L. et al. 2004; Lowell, D. I. et al. 1987; Walsh, P. et al. 2006; Wang, E. E. et al. 1992).

Trois de ces études ont été réalisées qu’avec seulement deux paires d’observateurs (deux

médecins ou un médecin et un kinésithérapeute) ce qui limite considérablement la portée de

leurs résultats (Liu, L. L. et al. 2004; Lowell, D. I. et al. 1987; Wang, E. E. et al. 1992). Il est

en effet difficile d’extrapoler avec certitude la bonne reproductibilité observée entre deux

observateurs ayant participé à une étude (et donc sensibilisés et entraînés) à un nombre

important d’intervenants impliqués dans la pratique clinique. L’étude de Liu et al a impliqué

un grand nombre d’observateurs mais les patients inclus dans cette étude étaient très

hétérogènes et seuls 17 des 55 enfants inclus avaient une bronchiolite aiguë du nourrisson (les

autres ayant principalement des crises d’asthme).


La reproductibilité inter-individuelle entre différents types de soignants des outils

d’évaluation de l’état respiratoire des enfants hospitalisés pour bronchiolite aiguë est donc peu


                                                                                                       41
CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE



étudiée. L’objectif de la présente étude était d’évaluer la reproductibilité inter-individuelle

entre infirmières, kinésithérapeutes et médecins de l’évaluation de l’état respiratoire de

nourrissons hospitalisés pour bronchiolite aiguë à l’aide d’un score clinique simple et

couramment utilisé dans le cadre des soins ou de la recherche clinique.



2     Patients et Méthodes

2.1    Organisation de l’étude


L’étude a été réalisée entre le 15 septembre 2003 et le 15 janvier 2004 dans quatre services

hospitaliers pédiatriques de la région parisienne (Antoine Béclère – Clamart, Robert Debré –

Paris, Centre Hospitalier Intercommunal – Poissy et Jean Verdier – Bondy). Les enfants âgés

de moins de 18 mois hospitalisés pour une première bronchiolite aiguë du nourrisson étaient

incluables. La définition retenue pour la bronchiolite aiguë était celle proposée par

l’Académie Américaine de Pédiatrie (constellation de symptômes et de signes incluant des

prodromes respiratoires « hauts » attribuables à une infection virale suivi d’une augmentation

des efforts respiratoires – tachypnée, signes de lutte – et la présence de sibilants à

l’auscultation) (Subcommittee on Diagnosis and Management of Bronchiolitis 2006). La

décision d’hospitaliser l’enfant était prise lors de la consultation aux urgences,

indépendamment de la réalisation de cette étude. Elle prenait en compte la nécessité de

proposer une assistance alimentaire (entérale ou intraveineuse), la nécessité de mettre en place

une oxygénothérapie ainsi que celle d’une surveillance rapprochée. Les enfants ne nécessitant

pas d’hospitalisation ou nécessitant immédiatement une prise en charge en réanimation n’ont

pas été inclus dans cette étude.


Pour des raisons pratiques, il n’était pas possible de désigner les observateurs au hasard pour

chaque observation. Les paires d’observateurs ont donc été constituées comme suit : quand un

soignant effectuait un examen clinique dans le cadre des soins habituels, il sollicitait un autre


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CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE



soignant pour participer à l’observation. Chaque observateur réalisait alors un examen

clinique respiratoire (Fréquence respiratoire, estimation des signes de lutte et de la présence

ou non de sibilants) de façon indépendante (il n’avait pas connaissance du résultat de

l’examen réalisé en même temps par le second observateur). Avant le début de l’étude,

chaque participant à l’étude a reçu une note d’information expliquant les objectifs de l’étude,

les modalités de son déroulement et dans laquelle était présenté le score clinique utilisé

(tableau 1). Comme dans la pratique courante il n’est pas habituel de former spécifiquement

les soignants à l’utilisation de cet outil d’évaluation, nous n’avons pas réalisé d’entrainement

des soignants à l’utilisation du score respiratoire avant le début de l’étude.


Avant de débuter une observation, le couple d’observateurs expliquait aux parents l’objectif et

les modalités de réalisation de l’étude en leur précisant qu’il s’agissait d’une étude purement

observationnelle qui ne changeait en rien les modalités de prise en charge de leur enfant. Les

parents pouvaient, s’ils le souhaitaient, ne pas participer à l’étude. Les modalités de l’étude

ont été approuvées par le comité de protection des personnes de Saint Germain en Laye.


Pour chaque enfant inclus, nous avons recueilli la date de naissance et d’admission, la date de

réalisation de l’évaluation. La qualité (infirmière, kinésithérapeute, médecin) de chaque

soignant participant était consignée ainsi que le résultat de l’évaluation de chacun d’entre eux.

Toutes les observations ont été réalisées entre 8h00 et 23h00 quand l’enfant était à l’éveil et à

distance d’un repas.


2.2   Outil d’évaluation respiratoire


Le score utilisé pour évaluer l’état respiratoire des nourrissons était composé des paramètres

habituellement pris en compte dans l’évaluation de l’état respiratoire d’un nourrisson :

Fréquence respiratoire, signes de lutte, sibilants). Chaque sous-score était coté de 0 à 3 sauf

celui de la fréquence respiratoire (adapté à l’âge) qui était coté de 1 à 3. Le score total, somme

                                                                                                     43
CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE



des trois sous-scores pouvait prendre toutes les valeurs entre 1 et 9 (tableau 1). Les variables

choisies pour constituer chacun des sous-scores l’ont été de manière pragmatique en se

rapprochant le plus possible de la pratique courante actuelle. Ce choix était motivé par le

souci de se mettre dans une situation optimale et notamment d’utiliser des paramètres qui,

pour la plupart d’entre eux, étaient utilisés en routine par les infirmières. Il s’agit par ailleurs

des paramètres habituellement pris en compte dans la plupart des scores existants. En ce qui

concerne le choix des attributs, nous nous sommes également inspirés des scores existants.


      Tableau 1: Score respiratoire étudié
                          0 point         1 point                   2 points                    3 points
 Fréquence respiratoire (/min)
 Age < 2 mois                             ≤ 60                      61 – 69                     ≥ 70
 Age 2 – 12 mois                          ≤ 50                      51 – 59                     ≥ 60
 Age 12 – 24 mois                         ≤ 40                      41 – 44                     ≥ 45
                                                                                                TIC sévère avec
                                                                    TIC et TSC et/ou            BAN ou thorax
 Signes de lutte          Aucune          TIC isolé
                                                                    entonnoir xiphoïdien        bloqué ou BTA
                                                                                                grade II
                                                                    Inspiratoire et             Audible sans
 Score de sibilance       Aucune          Fin d’expiration
                                                                    expiratoire                 stéthoscope
TIC : tirage inter-costal, TSC : tirage sous-costal, BAN: Battement des ailes du nez, BTA: balancement thoraco-
abdominal.

2.3      Analyse statistique


Nous avons dans un premier temps décrit les fréquences des différentes valeurs prises par le

score.


Nous avons ensuite estimé la concordance inter-observateur. Le taux de concordance entre les

deux observateurs a été estimé en calculant la statistique des kappas pondérés (Kw) qui tient

compte du fait que la concordance entre deux observateurs peut être liée au hasard (Cohen, J.

1968). Cela revient à dire que sous l’hypothèse nulle (indépendance des juges), la

concordance aléatoire (Pa) n’est pas nulle ; de ce fait, on considère que l’accord entre deux




                                                                                                                  44
CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE



juges n’est « intéressant » que si la probabilité de concordance observée (Pobs) est supérieure à

la probabilité de concordance aléatoire Pa. C’est ce qu’illustre la statistique kappa (K) :


                                                  Pobs − Pa
                                            K=
                                                   1 − Pa


Certaines discordances entre juges (valeurs plus éloignées l’une de l’autre) étant plus graves

que d’autres, il est nécessaire pondérer la statistique kappa. Nous avons choisi d’utiliser un

système de pondération linéaire ou le poids attribué à chaque probabilité de concordance

prend la valeur w :


                                                          i− j
                                            w =1−
                                                          r −1


Où i et j sont les valeurs du score prises par chaque observateur et r la valeur maximale que

peut prendre le score.


Si la concordance observée Po(w) de la statistique de kappa pondéré est définie par


                                                      r       r
                                         Po ( w) = ∑∑ wij pij
                                                  i =1 j =1




Et la concordance aléatoire Pa(w) par


                                                  r       r
                                        Pa ( w) = ∑∑ wij pi p j
                                                 i =1 j =1




pi étant la probabilité que le score prenne la valeur i (ni/n), pj celle que le score prenne la

valeur j (nj/n), pij la probabilité que le score prenne la valeur i pour le premier observateur et

la valeur j pour le second. Enfin, n représente le nombre total de couple d’observations.


Alors le kappa pondéré prend la valeur :

                                                                                                     45
CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE



                                                Po ( w) − Pa ( w)
                                         Kw =
                                                  1 − Pa ( w)


L’intervalle de confiance à 95% de la statistique du Kappa pondéré a été calculée en réalisant

des ré-échantillonnages par la méthode du boostrap (1000 itérations) (Efron, B. and

Tibshirani, R. 1986; Reichenheim, M. E. 2004). Les limites supérieure et inférieure des

intervalles de confiance pour chaque coefficient kappa ont été définies comme le 2,5ème et le

97,5ème percentiles des distributions bootstraps respectives.


Les taux de concordance pondérés ont été calculés pour des couples du même type

(infirmière-infirmière, kinésithérapeutes-kinésithérapeutes et médecin-médecin) et pour des

couples de soignants différents (médecin-infirmière et médecin-kinésithérapeutes). Comme

nous avons fait l’hypothèse que la concordance entre infirmières et médecins serait moins

bonnes pour certains sous-scores (score de sibilance en particulier), nous avons calculé le

score de kappa pondéré et son intervalle de confiance pour chacun des sous-scores. Enfin,

nous avons calculé le score de kappa pondéré, global, de chaque sous-score, et en fonction du

type d’intervenant pour chaque tranche d’âge (nourrissons âgés de moins de un mois, entre un

et rois mois, entre trois et six mois, et de plus de six mois).


Nous avons qualifié la qualité de la reproductibilité inter-observateur conformément à la

classification de Landis et Koch (Landis, J. R. and Koch, G. G. 1977)(tableau 2).


                              Tableau 2 : Classification de Landis et Koch

                                  Kappa                    Concordance
                                 0 – 0,20                       Mauvaise
                               0,21 – 0,40                      Médiocre
                               0,41 – 0,60                      Modérée
                               0,61 – 0,80                          Bonne
                                0,81 – 1,00                     Excellente



                                                                                                 46
CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE



La méthode suivante a été utilisée pour comparer deux scores de kappa entre eux (Fleiss, J.

1981) : L’écart-type de chaque coefficient est estimé la manière suivante :


                                                Po (1 − Po )
                                         SK =
                                                n(1 − Pa ) 2


Dans un second temps, si l’effectif est suffisamment important pour que la loi des grands

nombres soit vérifiée, alors, il est possible de comparer deux coefficients Kappa par la

statistique de test suivante qui suit une loi normale centrée réduite sous l’hypothèse d’égalité

des kappas :


                                                K1 − K 2
                                          ε=
                                                S K1 + S K2
                                                  2      2




Les tests ont été considérés comme significatif pour un p<0,05.


Enfin, pour illustrer la concordance entre observateurs en fonction de chaque valeur du score,

nous avons construit un diagramme de Bland et Altman (Bland, J. M. and Altman, D. G.

1995). Ce diagramme qui représente les différences de résultats des deux évaluations d’une

même paire (en ordonnée) en fonction de la moyenne de ces résultats (en abscisse) permet de

vérifier que la concordance n’est pas sensible à la valeur du score en donnant une

visualisation des erreurs de mesure en fonction de la valeur des résultats et permet ainsi

d’objectiver un éventuel biais lié à la valeur du score.


Toutes les analyses statistiques ont été réalisées avec le logiciel Stata 10 (StataCorp. 2007.

Stata Statistical Software: Release 10. College Station, TX: StataCorp LP).




                                                                                                   47
CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE


3   Résultats


Quatre-vingt deux soignants ont participé à cette étude et rempli des évaluations cliniques

pour 180 nourrissons (360 évaluations au total) sur une période de quatre mois. L’âge des

nourrissons inclus allait de 12 jours à 15,5 mois avec une médiane de 2,1 mois. Les soignants

qui ont participé étaient des infirmières pour 51% d’entre eux, des kinésithérapeutes pour

15% d’entre eux, et des médecins pour 34% d’entre eux. 20% des évaluations ont été réalisées

par des infirmières, 15% par des kinésithérapeutes et 65% par des médecins. Les paires de

soignants étaient le plus souvent constituées de deux médecins (n=85, 47,2%) puis par un

médecin et une infirmière (n=30, 16,7%), une infirmière et un kinésithérapeute (n=27, 15,0%)

ou un médecin et un kinésithérapeute (n=23, 12,8%). Onze paires étaient constituées de deux

infirmières (6,1 %) et quatre (2,2%) de deux kinésithérapeutes. Les scores observés allait de la

valeur 1 à la valeur 9 ; la distribution des valeurs n’était pas normale (figure 1).


                       Figure1 : Distribution du score respiratoire (n=360 observations)



                       25



                       20



                       15
         Pourcentage




                       10



                       5



                       0
                                        3                  6                9
                                         Score global




                                                                                                   48
CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE



3.1     Score Global (tableau 3)


Le taux de concordance du score global pour l’ensemble des paires d’observateurs était de

93,1% et le coefficient de kappa pondéré de 0,72 (IC.95 = [0,66 – 0,78]), ce qui correspond à

une bonne concordance. Quand la paire d’observateurs était composée de deux médecins, le

taux de concordance était de 92,9% et le coefficient de kappa pondéré de 0,74 (IC.95 = [0,64 –

0,84]), ce qui correspond également à une bonne concordance. Le taux de concordance pour

les paires composées d’un médecin et d’un soignant autre (infirmière ou kinésithérapeute)

était de 90,3% et le coefficient de kappa pondéré de 0,69 (IC.95 = [0,56 – 0,78]), ce qui

correspond à une concordance modérément bonne à bonne. Les coefficients de kappa

n’étaient pas statistiquement significativement différents selon que la paire d’observateur était

constituée de deux médecins ou d’un médecin et d’un soignant d’un autre type (p=0,95).


      Tableau 3 : Score respiratoire global (évaluation de la fréquence respiratoire, des signes de lutte et de
      la sibilance)

                                          n        Concordance           Coefficient de          95% CI
                                                   observée (%)          kappa pondéré
 Selon le type de paire
      Toutes les paires                 180              93,1                  0,72           0,66 – 0,78
      deux médecins                      85              92,9                  0,74           0,64 – 0,84
      un médecin – un non                53              90,3                  0,69           0,56 – 0,78
 médecin
 Par age (mois)
      <1                                 21              92,9                  0,78           0,59 – 0,94
      1–3                               101              91,1                  0,68           0,59 – 0,77
      3–6                                45              91,9                  0,74           0,63 – 0,83
      6 – 15                             13              87,5                  0,62           0,20 – 0,89




                                                                                                                  49
CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE



3.2   Sous-scores (tableau 4)


Concernant la mesure de la fréquence respiratoire, le taux de concordance pour l’ensemble

des paires d’observateurs était de 94,9% et coefficient de kappa pondéré de 0,81 (IC.95 = [0,72

– 0,91]), ce qui correspond à une concordance bonne à excellente. Quand la paire

d’observateurs était composée de deux médecins, le taux de concordance était de 99,4% et le

coefficient de kappa pondéré de 0,97 (IC.95 = [0,89 – 1,00]), ce qui correspond également à

une excellente concordance. Le taux de concordance pour les paires composées d’un médecin

et d’un soignant autre (infirmière ou kinésithérapeute) était de 93,4% et le coefficient de

kappa pondéré de 0,76 (IC.95 = [0,52 – 0,92]), ce qui correspond à une concordance modérée à

excellente. Les coefficients de kappa n’étaient pas statistiquement significativement différents

selon que la paire d’observateur était constituée de deux médecins ou d’un médecin et d’un

soignant d’un autre type (p=0,75).


Concernant la mesure du sous-score évaluant les signes de lutte respiratoire, le taux de

concordance pour l’ensemble des paires d’observateurs était de 93,1% et coefficient de kappa

pondéré de 0,77 (IC.95 = [0,68 – 0,84]), ce qui correspond à une concordance bonne à

excellente. Quand la paire d’observateurs était composée de deux médecins, le taux de

concordance était de 91,8% et le coefficient de kappa pondéré de 0,64 (IC.95 = [0,50 – 0,77]),

ce qui correspond à concordance modérée à bonne. Le taux de concordance pour les paires

composées d’un médecin et d’un soignant autre (infirmière ou kinésithérapeute) était de

93,1% et le coefficient de kappa pondéré de 0,79 (IC.95 = [0,66 – 0,90]), ce qui correspond à

une concordance bonne à excellente. Les coefficients de kappa n’étaient pas statistiquement

significativement différents selon que la paire d’observateur était constituée de deux médecins

ou d’un médecin et d’un soignant d’un autre type (p=0,72).




                                                                                                   50
CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE



Enfin, concernant la mesure du sous-score évaluant la sibilance, le taux de concordance pour

l’ensemble des paires d’observateurs était de 91,3% et coefficient de kappa pondéré de 0,73

(IC.95 = [0,63 – 0,80]), ce qui correspond à une concordance modérée à bonne. Quand la paire

d’observateurs était composée de deux médecins, le taux de concordance était de 94,9% et le

coefficient de kappa pondéré de 0,81 (IC.95 = [0,66 – 0,92]), ce qui correspond à concordance

bonne à excellente. Le taux de concordance pour les paires composées d’un médecin et d’un

soignant autre (infirmière ou kinésithérapeute) était de 86,2% et le coefficient de kappa

pondéré de 0,62 (IC.95 = [0,43 – 0,77]), ce qui correspond à une concordance modérée à

bonne. Les coefficients de kappa n’étaient pas statistiquement significativement différents

selon que la paire d’observateur était constituée de deux médecins ou d’un médecin et d’un

soignant d’un autre type (p=0,75).


L’âge des enfants ne semblait pas affecter la reproductibilité inter-individuelle de l’évaluation

du score global ou des sous-scores (fréquence respiratoire, signes de lutte respiratoire,

sibilance).




                                                                                                    51
CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE




     Tableau 4 : Evaluation de la reproductibilité de chacune des composantes du score respiratoire

                                                Concordance      Coefficient de kappa
                                       n                                                     95% CI
                                                observée (%)           pondéré
 Fréquence respiratoire
  Selon le type de paire
    Toutes les paires                 180           94,9                 0,81              0,72 – 0,91
    deux médecins                     85            99,4                 0,97              0,89 – 1,00
    un médecin – 1 non médecin        53            93,4                 0,76              0,52 – 0,92
  Selon l’âge (mois)
    <1                                21            97,65                0,87                   –
    1–3                               101           95,4                 0,81              0,66 – 0,92
    3–6                               45            91,1                 0,72              0,17 – 0,94
    6 – 15                            13            100,0                1,00                   –
 Signes de lutte respiratoire
  Selon le type de paire
    Toutes les paires                 180           93,1                 0,77              0,68 – 0,84
    deux médecins                     85            91,8                 0,64              0,50 – 0,77
    un médecin – 1 non médecin        53            93,1                 0,79              0,66 – 0,90
  Selon l’âge (mois)
    <1                                21            96,8                 0,88              0,68 – 1,00
    1–3                               101           90,7                 0,65              0,52 – 0,76
    3–6                               45            96,3                 0,89              0,79 – 0,98
    6 – 15                            13            94,9                 0,83              0,61 – 1,00
 Sibilants
  Selon le type de paire
    Toutes les paires                 180           91,3                 0,73              0,63 – 0,80
    deux médecins                     85            94,9                 0,81              0,66 – 0,92
    un médecin – 1 non médecin        53            86,2                 0,62              0,43 – 0,77
  Selon l’âge (mois)
    <1                                21            92,9                 0,66              0,35 – 1,00
    1–3                               101           93,1                 0,73              0,60 – 0,85
    3–6                               45            88,1                 0,71              0,55 – 0,83
    6 – 15                            13            82,0                 0,51              0,00 – 0,86




                                                                                                         52
CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE



La figure 2 représente pour chaque paire d’observations la différence entre les deux

observations en fonction de la moyenne des deux observations. Ce diagramme de Bland et

Altman montre que la variabilité inter-observateur est peu sensible à la valeur du score et

qu’il n’y a pas de biais évident lié au niveau de gravité de l’enfant dans l’évaluation de cette

variabilité.


           Figure 2 : Diagramme de Bland et Altman : différences entre les scores
           des deux observateurs de la même paire




4    Discussion


Nous avons observé dans cette étude une reproductibilité satisfaisante entre les différents

soignants (infirmières, kinésithérapeutes, médecins) dans l’utilisation de l’outil proposé

d’évaluation clinique de l’état respiratoire des nourrissons hospitalisés pour première

bronchiolite. Cette bonne reproductibilité se traduit par une concordance inter-observateur

globalement comprise entre 85 et 95% et des scores de kappas pondérés entre 0,60 et 0,80.

L’outil d’évaluation clinique proposé repose sur l’observation de signes cliniques

habituellement recueillis par les différents soignants qui sont considérés comme fortement

corrélés à l’importance de la détresse respiratoire et dont le recueil au chevet du patient est

relativement simple.


                                                                                                   53
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Gajdos 2010

  • 1. UNIVERSITE PARIS XI FACULTE DE MEDECINE PARIS-SUD Année : 2010 N°attribué par la bibliothèque THESE Pour obtenir le grade de DOCTEUR DE l’UNIVERSITE PARIS XI Spécialité : SANTE PUBLIQUE, option RECHERCHE CLINIQUE Présentée et soutenue publiquement par Vincent GAJDOS Le 14 décembre 2010 PRISE EN CHARGE DE LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON : EVALUATION DES PRATIQUES Directeur de Thèse : Mr Jean Bouyer JURY Mme Marie-Aline CHARLES Président Mr Alain MARTINOT Rapporteur Mr Jean-Christophe ROZE Rapporteur Mr Behrouz KASSAI-KOUPAI Examinateur Mr Babak KHOSHNOOD Examinateur Mr Jean BOUYER Directeur
  • 2.
  • 3. A Isabelle, Simon et … sans lesquels tout cela n’aurait pas grand sens.
  • 4.
  • 5. REMERCIEMENTS Je remercie Jean Bouyer d’avoir accepté de diriger mon travail doctoral et de m’avoir si bien guidé. Je me souviens de notre premier échange téléphonique, quand tout n’était pas si simple et au cours duquel, très vite, tu m’as témoigné d’une confiance que j’espère n’avoir pas déçu… J’ai passé deux formidables années « à l’abri » dans ton unité et c’est un plaisir et un besoin aujourd’hui que d’y venir me ressourcer à chaque fois que cela m’est possible. Ta disponibilité, ta chaleur, ton écoute et ta rigueur m’ont été précieux pour mener ce travail. J’ai apprécié ta manière si discrète et bienveillante de me faire progresser au-delà de ce que j’avais imaginé. De nos discussions, je sortais toujours avec les idées plus claires et avec de nouvelles perspectives. Ton optimisme m’a redonné confiance à chaque fois que celle-ci me manquait. De ce travail naissent de nouvelles perspectives et je n’imagine pas poursuivre mes travaux de recherche autrement qu’à tes côtés. Je remercie les Professeurs Alain Martinot et Jean-Christophe Rozé d’avoir accepté d’être mes rapporteurs et pour la qualité de leurs rapports. Vos remarques constructives et avisées m’ont permis d’améliorer mon manuscrit et de poursuivre plus avant mes réflexions. Je remercie Madame Marie-Aline Charles d’avoir accepté de présider mon jury de thèse et Messieurs Berhouz Kassai et Babak Khoshnood d’avoir accepté d’y participer. J’espère que cette première rencontre n’est que le début d’échanges et de collaborations fructueuses. J’ai une pensée émue pour Philippe Labrune qui m’encourage et me soutient au-delà de l’imaginable depuis maintenant de longues années. Tu le sais, notre rencontre alors que je n’étais qu’étudiant hospitalier est pour beaucoup dans ce que j’ai fait ensuite. La plupart de ces travaux n’auraient pas vu le jour si tu ne m’avais pas conseillé, guidé et soutenu. La liste de ce que tu m’as appris est trop longue pour être détaillée ici. Entre autres, tu m’as appris à regarder et à écouter les enfants, à prendre une décision même quand il n’y en a pas de « bonne ». Tu as su vaincre mes résistances, toujours avec douceur, jamais sans détermination et m’a permis de faire ce long chemin qui aujourd’hui nous ouvre des perspectives enthousiasmantes. Ta confiance n’a jamais fait défaut, ton bureau est un havre de paix et nos longues discussions sont toujours l’occasion de progresser, d’apprendre et de comprendre. Je n’imagine pas construire le futur autrement qu’à tes côtés.
  • 6. Je remercie l’ensemble des personnes qui ont contribué de près ou de loin aux travaux qui nourrissent mon travail doctoral. Parmi eux, j’ai une pensée pour Sylvain Bailleux, mon compère de l’aventure Bronkinou qui répond toujours présent, même pour les plus mauvais coups, toujours avec gentillesse, professionnalisme et pragmatisme. Mon admiration pour ta manière de t’occuper des enfants est énorme et tu es souvent un exemple pour moi. J’en ai une autre pour « mes » deux pneumo-pédiatres préférés, Nicole Beydon et Ralph Epaud, Docteurs es humour, qui êtes toujours là pour écouter, discuter, construire et qui avez toujours dit oui, même quand le temps manquait et qu’il fallait répondre pour « hier ». Bronkinou vous doit beaucoup. Je remercie Sandrine Katsahian avec qui, les discussions statistiques ont été si riches et productives. Quelques années avant, je n’aurai pas dit que l’on pouvait rigoler autant en parlant de modèles et de programmation. Je remercie tous les parents et les enfants qui nous ont témoigné de leur confiance et ont accepté de participer à l’ensemble de ces travaux. C’est à eux qu’ils appartiennent. Je remercie bien sur tous les investigateurs, kinésithérapeutes, psychologues, infirmières et attachés de recherche clinique qui ont contribué à la réalisation de ces études cliniques, sans lesquels rien n’aurait été possible et qui ont travaillé sans compter, avec rigueur et efficacité. J’ai une pensée pour tous mes collègues d’Antoine Béclère avec lesquels c’est un tel bonheur de travailler au quotidien. Vous êtes toujours là quand il le faut, j’espère mériter votre confiance A tous les habitants de l’« ex U822 », je voudrai dire mon plaisir d’avoir passé tant de temps à vos côtés. Votre accueil a été chaleureux, votre aide souvent précieuse. Je dois beaucoup à Alix & Younes Boudjemline, Laurence Foix-L’Hélias, Vincent Guigonis, Caroline & Laurent Moreau, Daniel & Marie-Odile Orbach, Francis & Noëlle Perreaux et Loïc de Pontual avec lesquels les discussions sont tellement riches et constructives. Votre amitié est un bien inestimable. Enfin, les miens savent tout ce que je leur dois et combien ils me sont chers.
  • 7. .
  • 8. RESUME La bronchiolite aiguë est une infection respiratoire basse d’origine virale qui touche entre 450 et 500 mille nourrissons chaque hiver. Elle est le plus souvent liée à une infection par le virus respiratoire syncitial. Elle se manifeste par une détresse respiratoire dont le retentissement peut être des difficultés alimentaires, des troubles du sommeil et au maximum, la constitution d’une insuffisance respiratoire aiguë. Aucun des différents traitements évalués n’a montré son efficacité en termes de diminution du retentissement ou d’accélération de la guérison. Le travail doctoral avait pour but d’évaluer certaines des pratiques dans la prise en charge de la bronchiolite aiguë du nourrisson. La première question à laquelle nous souhaitions répondre était la reproductibilité inter- observateurs d’un score clinique simple d’évaluation de la détresse respiratoire. Nous avons montré que cette reproductibilité était bonne, même quand il s’agissait de couples d’observateurs de métiers différents (infirmières, kinésithérapeutes, médecins). Ces résultats plaident pour l’utilisation de tels scores en pratique courante ou dans le care d’études. La deuxième question était celle de l’efficacité de la kinésithérapie respiratoire dans la prise en charge des nourrissons hospitalisés pour une première bronchiolite aiguë. Nous avons réalisé un essai randomisé, contrôlé en double aveugle dans lequel 496 nourrissons ont été inclus. Nous n’avons pas mis en évidence de diminution du délai de guérison selon que les nourrissons recevaient ou non de la kinésithérapie respiratoire. Cependant, des analyses post hoc ont permis de générer des hypothèses sur une possible différence d’efficacité de la kinésithérapie respiratoire selon que les nourrissons étaient atopique ou non d’une part, hypoxémique ou non d’autre part. Enfin, nous nous sommes intéressés aux facteurs cliniques associés à la réalisation d’une radiographie de thorax chez les nourrissons consultant aux urgences pour dyspnée sifflante ainsi qu’à ceux associés à la présence d’une anomalie radiologique. Plus de 800 nourrissons ont été inclus dans cette étude. Les variables associées de manière indépendante à la réalisation d’une radiographie de thorax étaient le jeune âge, l’existence de difficultés alimentaires, la fièvre, l’hypoxémie, la présence de signes de lutte respiratoire, de râles crépitants ou bronchiques. Parmi ces variables, seules la fièvre et à la limite de la significativité, l’hypoxémie et la présence d’une conjonctivite étaient associés de manière indépendante à la présence d’une anomalie radiologique. Ces résultats plaident pour une diminution du nombre de radiographies de thorax qui devrait entraîner une diminution des antibiothérapies inutiles. Mots clés : Bronchiolite aiguë du nourrisson, Kinésithérapie respiratoire, Score, Reproductibilité, Radiographie de thorax, Evaluation des pratiques 8
  • 9.
  • 10. TABLE DES MATIERES CHAPITRE 1: LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON ...................................................................... 16 1 INTRODUCTION .............................................................................................................................. 17 2 AGENTS INFECTIEUX IMPLIQUES ET PHYSIOPATHOLOGIE ............................................................. 18 3 EPIDEMIOLOGIE ............................................................................................................................. 19 4 FACTEURS AYANT UN IMPACT SUR L’HISTOIRE NATURELLE DE LA MALADIE ............................... 22 4.1 Facteurs environnementaux ........................................................................................................ 22 4.2 Facteurs liés à l’hôte ................................................................................................................... 23 5 RISQUES DE DEVELOPPER UN ASTHME ?........................................................................................ 24 6 PRISE EN CHARGE .......................................................................................................................... 25 6.1 Evaluation clinique et para-clinique ................................................................................... 25 6.2 Traitements ................................................................................................................................. 26 6.2.1 La Ribavirine ..................................................................................................................... 27 6.2.2 Les bronchodilatateurs ...................................................................................................... 27 6.2.3 Les corticoïdes ................................................................................................................... 28 6.2.4 Montelukast ....................................................................................................................... 28 6.2.5 Solutés salés hypertoniques ............................................................................................... 29 6.2.6 Kinésithérapie respiratoire ................................................................................................ 30 6.2.7 Les traitements en réanimation .......................................................................................... 31 6.2.8 Palivizumab ....................................................................................................................... 32 6.2.9 Les traitements de demain ................................................................................................. 34 CHAPITRE 2: OBJECTIFS DE LA THESE ................................................................................................... 35 CHAPITRE 3: ETUDE DE LA REPRODUCTIBILITE INTER-OBSERVATEUR ENTRE INFIRMIERES, MEDECINS ET KINESITHERAPEUTES D’UN SCORE CLINIQUE D’EVALUATION DES NOURRISSONS AYANT UNE BRONCHIOLITE AIGUË ............................................................................................................................ 38 1 INTRODUCTION .............................................................................................................................. 40 2 PATIENTS ET METHODES ............................................................................................................... 42 2.1 Organisation de l’étude............................................................................................................... 42 2.2 Outil d’évaluation respiratoire ....................................................................................... 43 2.3 Analyse statistique.......................................................................................................... 44 3 RESULTATS .................................................................................................................................... 48 3.1 Score Global (Tableau 3)............................................................................................................ 49 3.2 Sous-scores (Tableau 4) ................................................................................................. 50 4 DISCUSSION ................................................................................................................................... 53 CHAPITRE 4: EFFICACITE DE LA KINESITHERAPIE RESPIRATOIRE CHEZ LES NOURRISSONS HOSPITALISES POUR BRONCHIOLITE AIGUË: ETUDE MULTICENTRIQUE RANDOMISEE CONTROLEE .................................. ....................................................................................................................................................... 63 1 INTRODUCTION .............................................................................................................................. 65 2 METHODES ..................................................................................................................................... 67 2.1 Patients ....................................................................................................................................... 67 2.2 Traitements comparés .................................................................................................... 68 2.3 Autres traitements .......................................................................................................... 70 10
  • 11. 2.4 Randomisation ............................................................................................................................ 71 2.5 Critères de jugement....................................................................................................... 72 2.5.1 Critère de jugement principal ............................................................................................ 72 2.5.2 Critère de jugement secondaire ......................................................................................... 72 2.6 Estimation du nombre de sujets nécessaires ............................................................................... 73 2.7 Analyse statistique.......................................................................................................... 74 3 RESULTATS..................................................................................................................................... 76 3.1 Patients ....................................................................................................................................... 76 3.2 Critère de jugement principal ......................................................................................... 79 3.3 Critères de jugement secondaires ................................................................................... 80 3.4 Analyse post hoc : recherche d’interaction et analyses en sous-groupes ....................... 84 4 DISCUSSION .................................................................................................................................... 86 CHAPITRE 5: ETUDE DES FACTEURS ASSOCIES A LA REALISATION D’UNE RADIOGRAPHIE DE THORAX CHEZ LES NOURRISSONS CONSULTANT POUR DYSPNEE SIFFLANTE ET DES FACTEURS CLINIQUES ASSOCIES A UNE ANOMALIE RADIOLOGIQUE 1 INTRODUCTION .............................................................................................................................. 94 2 PATIENTS ET METHODES ............................................................................................................... 96 2.1 Recueil des données ................................................................................................................... 96 2.2 Interprétation des radiographies de thorax ..................................................................... 97 2.3 Analyse statistique.......................................................................................................... 98 3 RESULTATS .................................................................................................................................... 99 3.1 Patients (Tableau 1) .................................................................................................................... 99 3.2 Description des radiographies (Figure 1) ..................................................................... 102 3.3 Facteurs associés à l’indication d’une radiographie ..................................................... 103 3.3.1 Analyse univariée ............................................................................................................ 103 3.3.2 Analyse multivariée ........................................................................................................ 104 3.4 Facteurs associés à la présence d’une anomalie radiologique...................................... 105 3.4.1 Analyse univariée ............................................................................................................ 105 3.4.2 Analyse multivariée ........................................................................................................ 106 4 DISCUSSION ................................................................................................................................. 107 CHAPITRE 6 : CONCLUSION ET PERSPECTIVES .................................................................................... 118 BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................................... 123 ANNEXES : PRODUCTION SCIENTIFIQUE REALISEE .............................................................................. 144 11
  • 12.
  • 13. LISTE DES ABREVIATIONS AFE : Augmentation du Flux Expiratoire AN : Aspiration nasale ANAES : Agence nationale d’accréditation et d’évaluation pour la santé ARN :Acide Ribo-Nucléique ATP : Adénosine Tri-Phosphate BAN: Battement des ailes du nez BTA: balancement thoraco-abdominal FR : fréquence respiratoire hMPV : Métapneumovirus humain HR : Hazard Ratio IQR = Intervalle interquartile PaCO2 : pression partielle en dioxyde de carbone PRISM : Pediatric risk of mortality SA : semaines d’aménorrhées SiRNA : ARN interférent SpO2 : saturation percutanée de l’hémoglobine en oxygène TIC : tirage inter-costal TP : Toux Provoquée TSC : tirage sous-costal VI : ventilation invasive VNI : ventilation non invasive VRS : virus respiratoire syncitial 13
  • 14.
  • 15. PRODUCTION SCIENTIFIQUE PRODUCTION SCIENTIFIQUE Articles publiés Gajdos, V., et al. (2009), 'Inter-observer agreement between physicians, nurses, and respiratory therapists for respiratory clinical evaluation in bronchiolitis', Pediatric Pulmonology, 44 (8), 754-62 Gajdos V, Katsahian S, Beydon N, Abadie V, Pontual L., Larrar S, Epaud R, Chevallier B, Bailleux S, Mollet – Boudjemline A, Bouyer J, Chevret S, and Labrune P. Effectiveness of Chest Physiotherapy in Infants Hospitalized with Acute Bronchiolitis: a Multicenter, Randomized, Controlled Trial. PLoS Medicine. 2010;7(9):e1000345 Contribution des travaux de la thèse à d’autres publications V. Gajdos. Bronchiolite aiguë du nourrisson. Abrégé d’urgences pédiatriques Nestlé, 2010 V. Gajdos,N. Beydon. La bronchioliteaiguë du nourrisson. Pneumologie pédiatrique pratique. Edition Masson. Sous presse Articles en cours de rédaction Bronchiolite aiguë du nourrisson : état de l’art. (prévision de soumission à l’ERJ) Etude des facteurs associés à la réalisation d’une radiographie de thorax chez les nourrissons consultant pour dyspnée sifflante et des facteurs cliniques associés à une anomalie radiologique (Prévision de soumission à Pediatric Radiology) Communication orale F. Bremont, S. Bailleux, V. Gajdos. Kinésithérapie respiratoire en pédiatrie : de son rationnel à l’évaluation de son efficacité : pour une prescription mesurée. Congrès de la SFP – Paris – Juin 2010 15
  • 16. PRODUCTION SCIENTIFIQUE V. Gajdos, S. Bailleux, T. Coppens, J.C. Jeulin, C. Barazzone-Argiroffo. Table ronde : « Quelles limites pour la kinésithérapie respiratoire dans la bronchiolite du nourrisson ? Pour quels types d’atteintes respiratoires? A quel stade d’évolution ? Est-elle sans danger ? » 7èmes Journées des Réseaux Bronchiolites, Paris – Juin 2010 V. Gajdos, N. Beydon, S. Bailleux. Bronchiolite aiguë du nourrisson : quelle kinésithérapie respiratoire pour quels enfants ? 14ème Rencontres de Pédiatre Pratique – Paris, janvier 2010 V. Gajdos, S. Katsahian, N. Beydon, S. Bailleux, S. Chevret, P. Labrune. Efficacité de la kinésithérapie respiratoire avec augmentation du flux expiratoire dans la prise en charge de la première bronchiolite aiguë du nourrisson hospitalisé : essai multicentrique randomisé et contrôlé en double insu. Journées Parisiennes de Pédiatrie. Paris, octobre 2009 V. Gajdos. Place des solutés hypertoniques dans la prise en charge des bronchiolites aiguës du nourrisson. 13ème Rencontres de Pédiatre Pratique – Paris, janvier 2009 V.Gajdos, S. Katsahian, N. Beydon, V. Abadie, L. de Pontual, S. Larrar, R. Epaud, B. Chevallier, S. Bailleux, J. Bouyer, S. Chevret, P. Labrune. Efficacité de la kinésithérapie respiratoire avec augmentation du flux expiratoire dans la prise en charge de la première bronchiolite aiguë du nourrisson hospitalisé : essai multicentrique randomisé et contrôlé en double insu. Société Française de Pédiatrie, Toulouse, Juin 2009. Communication orale. V. Gajdos, S. Bailleux. La kinésithérapie respiratoire dans les bronchiolites aiguës du nourrisson : Quel Rationnel ? Journées de Pédiatrie d’Urgence. Paris Septembre 2007. . 16
  • 17. CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON CHAPITRE 1 LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON 1 Introduction La bronchiolite aiguë du nourrisson a été décrite pour la première fois en 1940 par Engle et Newns (Engel and Newns, G. H. 1940). Il s’agissait d’une série descriptive anatomopathologique d’enfants décédés dans un tableau de détresse respiratoire ; les auteurs décrivaient une bronchiolite proliférative murale qui, selon les patients, comportait une atteinte modérée sans lésion épithéliale, des lésions plus prolifératives avec un infiltrat inflammatoire des cellules épithéliales et des cellules basales et, au maximum, une destruction totale de l’épithélium et des structures adjacentes. Les auteurs émettaient l’hypothèse d’une cause virale à l’origine de ces détresses respiratoires, invoquant le rôle possible des virus de la rougeole ou du virus influenza. En 1973, une première étude a rapporté la fréquence des différents symptômes présents chez les nourrissons qui avaient une bronchiolite aiguë : la grande majorité des nourrissons atteints avaient une toux, une dyspnée et un wheezing tandis qu’une partie d’entre-eux seulement avaient des signes de lutte respiratoire, une distension thoracique, des ronchi, une rhinopharyngite, de la fièvre, des vomissements ou une cyanose (Court, S. 1973). Depuis ces descriptions princeps, la bronchiolite aiguë du nourrisson a été définie de multiples manières, toutes les définitions associant de manière variable des éléments physiopathologiques, sémiologiques (détresse respiratoire plutôt expiratoire et sifflante précédée d’une rhinite plus ou moins fébrile), microbiologiques et liés au terrain (Viswanathan, M. et al. 2003). La définition retenue dans les recommandations de l’académie américaine de pédiatrie fait de la bronchiolite « une maladie le plus souvent causée par une 17
  • 18. CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON infection virale des voies aériennes respiratoires inférieures caractérisée par une inflammation aiguë, un œdème et une nécrose des cellules épithéliales des voies respiratoires de petit calibre, une augmentation de la production de mucus et un bronchospasme » (Subcommittee on Diagnosis and Management of Bronchiolitis 2006). 2 Agents infectieux impliqués et physiopathologie L’agent infectieux de loin le plus fréquemment retrouvé est le virus respiratoire syncitial (VRS) ; il s’agit d’un virus appartenant à la famille des paramyxoviridae et au genre des pneumovirus dont il existe deux types (A et B) qui diffèrent par leur glycoprotéine G. C’est un virus enveloppé à ARN ; l’ARN code pour 10 protéines dont 8 ont un rôle parfaitement établi : trois protéines sont présentes dans la nucléocapside et sont impliquées dans la réplication virale (protéine N, phosphoprotéine P et polymérase L), trois protéines sont associées à la matrice (protéine M1 qui assure la libération des virions, protéine M2 qui assure le maintien entre la nucléocapside et l’enveloppe et protéine SH). Deux glycoprotéines externes permettent l’attachement du virus à la surface cellulaire (Protéine G) et la fusion de l’enveloppe virale à la membrane cytoplasmique (protéine F) qui permet la pénétration intracellulaire de la capside virale. Ces deux dernières protéines sont les seules à induire la formation d’anticorps neutralisants. Ce virus est retrouvé dans 50 à 80% des bronchiolites aiguës du nourrisson (Henrickson, K. J. et al. 2004; Wright, A. L. et al. 1989) et survient sur un mode épidémique (en France, classiquement entre octobre et février). D’autres virus sont également retrouvés chez des nourrissons chez lesquels le diagnostic clinique de bronchiolite est posé et le nombre de virus ne cesse d’augmenter avec l’avènement de nouvelles techniques de diagnostic utilisant l’amplification moléculaire : citons les virus Para-influenza, Influenza, les Adénovirus, le Métapneumovirus humain (hMPV), les 18
  • 19. CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON Rhinovirus (Antunes, H. et al. 2010; Boivin, G. et al. 2003; Mansbach, J. M. et al. 2008a; Marguet, C. et al. 2009; Wolf, D. G. et al. 2006). Il a également été décrit des co-infections impliquant plusieurs virus ; cette situation serait retrouvée dans 6 à 30% des cas de bronchiolites (Hall, C. B. et al. 2009; Paranhos-Baccala, G. et al. 2008; Semple, M. G. et al. 2005). La question du lien entre le type de virus et la sévérité de la maladie est largement débattue de même que celle de l’influence des co-infections sur la gravité de la maladie ; tandis que l’existence d’une coinfection a été décrite comme un facteur de risque de bronchiolite aiguë sévère dans certaines études (Richard, N. et al. 2008; Semple, M. G. et al. 2005), cela n’a pas été confirmé dans d’autres études (Caracciolo, S. et al. 2008; Marguet, C. et al. 2009). 3 Epidémiologie Différentes études ont tenté d’évaluer la fréquence de la bronchiolite aiguë du nourrisson et sa morbidité. La plupart de ces études se sont focalisées sur les infections causées par le VRS. Dans une étude américaine récente qui a recherché le VRS chez tous les enfants âgés de moins de 5 ans consultant aux urgences pédiatriques ou chez le praticien pour infection respiratoire (Hall, C. B. et al. 2009), le virus a été retrouvé chez 18% des enfants inclus et plus précisément, chez 20% des nourrissons hospitalisés, 18% des nourrissons consultant aux urgences et chez 15% des nourrissons consultant chez le médecin traitant pour infection respiratoire aiguë entre novembre et avril. Cette étude estimait le taux annuel d’hospitalisations liées au VRS à 3 pour 1000 enfants âgés de moins de 5 ans et à 17 pour 1000 enfants âgés de moins de six mois. Elle estimait le taux de consultations annuelles aux urgences pédiatriques à 28 pour 1000 enfants âgés de moins de 5 ans et à 55 pour 1000 enfants âgés de moins de 6 mois. Le taux annuel de consultations du pédiatre de ville liées à une infection respiratoire à VRS était estimé à 80 pour 1000 enfants âgés de moins de 5 ans et 19
  • 20. CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON à 132 pour 1000 enfants âgés de moins de 6 mois. Une autre étude publiée en 2003 étudiant les principales causes d’hospitalisation des enfants aux Etats-Unis plaçait la bronchiolite à VRS dans les premières causes infectieuses d’hospitalisation chez l’enfant (23,5%) et au deuxième rang des hospitalisations toutes causes confondues (10,4%) (Yorita, K. L. et al. 2008). Enfin, une revue de la littérature récente a permis d’estimer, à travers le monde, le nombre de cas d’infection à VRS en 2005 chez des enfants âgés de moins de 5 ans à 33,8 millions dont au moins 3,4 millions ont nécessité une hospitalisation (Nair, H. et al. 2010). Il semble que le nombre d’hospitalisations ait augmenté au cours du temps. Une étude américaine a estimée que l’incidence annuelle d’hospitalisations pour bronchiolite aiguë chez l’enfant âgé de moins de 1 an était passée de 12,9 pour 1000 en 1980 à 31,2 pour 1000 en 1996 (Shay, D. K. et al. 1999). Plusieurs études ont cherché à mettre en évidence des facteurs prédictifs d’hospitalisation (Mansbach, J. M. et al. 2008b; Shaw, K. N. et al. 1991; Voets, S. et al. 2006; Walsh, P. et al. 2004) ou de gravité chez les nourrissons hospitalisés (Mulholland, E. K. et al. 1990); les facteurs les plus communément retrouvés étaient le jeune âge, les antécédents de prématurité, le mauvais état général au moment de la consultation, la constatation d’une hypoxémie lors de la consultation et pour certains, une augmentation de la fréquence respiratoire, l’importance des signes de lutte respiratoire et la mise en évidence d’une anomalie radiologique. On peut s’interroger sur le rôle de la mesure de la saturation transcutanée en oxygène dans la décision d’hospitaliser un nourrisson qui a une bronchiolite aiguë car le choix du seuil en deçà duquel le diagnostic d’hypoxémie est retenu est posé de manière tout à fait arbitraire et qu’il ne tient pas compte de la variabilité de la mesure. Il a été montré que les praticiens changeaient radicalement leurs modalités de prise en charge pour une variation de la saturation de seulement 2% autour du seuil habituellement reconnu (94% versus 92%) (Mallory, M. D. et al. 2003) et que la mise en évidence d’une saturation transcutanée en oxygène inférieure à 94% s’accompagnait d’une multiplication par 5 du taux 20
  • 21. CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON d’hospitalisation (Mansbach, J. M. et al. 2008b). De même, plusieurs auteurs ont montré que la poursuite de la surveillance de la saturation transcutanée en oxygène était un facteur d’allongement de la durée d’hospitalisation (Schroeder, A. R. et al. 2004; Unger, S. and Cunningham, S. 2008). Des travaux sont actuellement menés pour évaluer l’apport réel de cet outil de mesure : une première étude vise à évaluer l’influence de la mesure de la saturation transcutanée en oxygène sur la probabilité d’hospitalisation des nourrissons qui consultent aux urgences pour une bronchiolite aiguë du nourrisson (Schuh et al. Clinicaltrials.gov n° NCT00673946) ; L’hypothèse des auteurs est que les cliniciens ne prennent pas en compte l’imprécision de mesure de l’instrument utilisé et prennent des décisions différentes selon que la valeur est au dessus ou au dessous du seuil sans tenir compte de la variabilité de la mesure. Dans cette étude, la randomisation va permettre de comparer la prise en charge d’un groupe de nourrissons pour lesquels le saturomètre affichera la valeur mesurée de la saturation transcutanée en oxygène à celle d’un groupe de nourrisson pour lequel l’appareil indiquera une valeur correspondant à la mesure majorée de 3% (ce qui correspond à la variabilité de la mesure et qui est considéré comme physiologiquement non significatif). La deuxième étude déclarée en cours compare la surveillance continue de la saturation à la surveillance intermittente ; là encore, il s’agit de montrer que la durée d’hospitalisation est augmentée quand la surveillance est continue (Alverson & McCulloh, Clinicaltrials.gov n° NCT01014910). Un dernier élément majorant le risque d’hospitalisation est la notion de survenue d’apnées à l’interrogatoire ou constatées lors de l’examen clinique initial ; leur fréquence était estimée entre 2% et 20% selon les études (Church, N. R. et al. 1984; Ralston, S. and Hill, V. 2009; Willwerth, B. M. et al. 2006) et les enfants les plus à risques sont les nourrissons nés prématurés et les nourrissons les plus jeunes. Certains des nourrissons hospitalisés vont nécessiter un séjour en réanimation. Les principaux facteurs de risque sont la prématurité, l’existence d’une pathologie respiratoire chronique ou 21
  • 22. CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON d’une cardiopathie sous-jacente, la présence d’une atélectasie sur la radiographie de thorax (Chevret, L. et al. 2005; Prais, D. et al. 2003) La mortalité de cette maladie a considérablement diminué au fil des années. La mortalité a été estimée aux Etats-Unis à 2 pour 100000 naissances vivantes à la fin des années 1990 (Holman, R. C. et al. 2003) et au Royaume Uni à 1,82 pour 100000 naissances vivantes en 2000 alors qu’elle était estimée à 21,47 pour 100000 naissances vivantes dans le même pays en 1979 (Panickar, J. R. et al. 2005). Elle reste élevée dans les pays en voie de développement : le nombre de décès attribuables à une infection respiratoire à VRS à travers le monde a été estimé, en 2005, entre 66000 et 199000 dont 99% survenaient dans les pays en voie de développement (Nair, H. et al. 2010). Les facteurs les plus souvent associés à une augmentation du risque de mortalité sont la prématurité, le faible poids de naissance et l’existence d’une pathologie respiratoire chronique ou d’une cardiopathie congénitale (Leader, S. and Kohlhase, K. 2003; Shay, D. K. et al. 2001). 4 Facteurs ayant un impact sur l’histoire naturelle de la maladie 4.1 Facteurs environnementaux Des travaux récents ont montré que la pollution atmosphérique en général et celle liée à la circulation automobile en particulier augmentait le risque de bronchiolite à VRS et ce même à des niveaux considérés habituellement comme acceptables (Karr, C. J. et al. 2009b; Karr, C. J. et al. 2009a). Le deuxième facteur associé à une augmentation de la fréquence des infections à VRS et à leur sévérité est le tabagisme passif (Bradley, J. P. et al. 2005; Gurkan, F. et al. 2000). Un travail récent a suggéré que l’effet du tabac serait lié à une augmentation de la nécrose épithéliale associée à une augmentation de la charge virale (Groskreutz, D. J. et al. 22
  • 23. CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON 2009). Ces données expérimentales in vitro doivent toutefois être confirmées par des observations in vivo. 4.2 Facteurs liés à l’hôte Il est maintenant assez bien établi que les facteurs environnementaux ne sont pas les seuls en cause dans le risque qu’un nourrisson développe une bronchiolite et que celle-ci soit sévère (Vicencio, A. G. 2010). Des études récentes se sont intéressées à la réponse immunitaire locale secondaire à une infection à VRS. L’examen postmortem de tissus pulmonaires d’enfants décédés dans les suites d’une infection à VRS a montré une diminution de la réponse locale des lymphocytes T CD4+ et CD8+ suggérant un lien entre une réponse immunitaire locale anormalement faible et la survenue d’une maladie sévère (Welliver, R. C. 2008; Welliver, T. P. et al. 2008). Cette observation va à l’encontre de l’idée communément admise d’une réaction hyper-immune responsable de tableaux cliniques plus sévères. La même équipe de recherche a mis en évidence un déficit de fonction des macrophages alvéolaires qui pourrait en partie expliquer l’augmentation du risque de bronchiolite sévère, possiblement en raison d’une diminution de l’élimination des débris cellulaires (Reed, J. L. et al. 2008). Dans le prolongement de ces travaux, les auteurs ont montré que l’infection de l’épithelium respiratoire par le VRS jouait un rôle majeur via la sécrétion de facteurs qui pouvait induire la production de d’Anticorps indépendamment des lymphocytes T (Reed, J. L. et al. 2009). Ces travaux suggèrent donc le possible rôle d’un déficit de l’immunité, en particulier des lymphocytes T et de la fonction macrophagique, dans la survenue de tableaux sévères de bronchiolite aiguë. La deuxième avancée récente concerne l’identification d’un certain nombre de gènes de l’immunité innée et adaptative impliquées dans le développement de tableaux cliniques de bronchiolite aiguë sévères. Cela concerne, mais non exclusivement, les gènes des cytokines 23
  • 24. CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON IL-4, TLR4, IL-8, IL-10, TLR2, et SP-D (Choi, Eun H. et al. 2002; Hoebee, B. et al. 2003; Hoebee, B. et al. 2004; Lahti, M. et al. 2002; Murawski, M. R. et al. 2009; Puthothu, B. et al. 2006; Tal, G. et al. 2004). Par ailleurs, une étude d’association génétique utilisant des méthodes permettant de rechercher des gènes candidats sur le génome entier a été réalisée sur un échantillon de 470 nourrissons hospitalisés pour bronchiolite aiguë ; cette étude a confirmé que des variations de certains gènes de l’immunité innée pourraient expliquer la variabilité phénotypique de la maladie (Janssen, R. et al. 2007). Il s’agit en particulier des gènes VDR, JUN, IFNA5 et NOS2 qui sont associés à des degrés divers dans le formation de radicaux, la transduction du signal, la voie de l’interféron et la réponse pro-inflammatoire. La même équipe a également mis en évidence des gènes de susceptibilité impliqués à la fois dans la réponse immunitaire innée et dans le remodelage des voies aériennes (Siezen, C. L. et al. 2009). 5 Risques de développer un asthme ? Une question imparfaitement résolue est de savoir dans quelle mesure le fait qu’un nourrisson ait eu une bronchiolite aiguë augmente son risque de développer un asthme. Il semble établi que l’existence d’un terrain atopique est un facteur de risque de sévérité d’une bronchiolite (Henderson, F. W. et al. 1992). Les mêmes auteurs ont montré que la survenue d’une bronchiolite à VRS était significativement et indépendamment associée à un plus grand risque de wheezing et d’asthme à l’âge de 7 ans (Henderson, J. et al. 2005). Il n’y avait pas dans cette étude de différence pour ce qui était de la positivité de tests cutanés réalisés à l’âge de 7 ans à la recherche d’atopie. 24
  • 25. CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON 6 Prise en charge 6.1 Evaluation clinique et para-clinique Les outils pour standardiser la surveillance clinique des nourrissons qui ont une bronchiolite aiguë sont nombreux et hétérogènes. Ils reprennent tous, au moins pour partie, les facteurs de gravité précédemment décrits mais leur reproductibilité n’a pas toujours été bien étudiée et quand elle l’a été, il ne s’agit pas toujours d’outils facilement utilisables en pratique courante. Ils sont tous plus ou moins hérités du score de Silverman qui a été développé pour évaluer l’état respiratoire d’un nouveau-né et qui quantifie l’importance des signes de lutte respiratoire (battement des ailes du nez, tirage inter-costal, geignement expiratoire, entonnoir xiphoïdien, balancement thoraco-abdominal). De nombreux scores ont été développés par la suite intégrant à des degrés variables les signes de lutte respiratoire, la fréquence respiratoire, la mesure de la saturation transcutanée en oxygène ou d’autres signes d’hypoxémie (cyanose) ainsi que des informations issues de l’auscultation. La plupart de ces scores ont été peu ou pas validés, que ce soit en termes de reproductibilité inter-observateur ou de sensibilité. Cette validation est pourtant essentielle pour qu’ils puissent être utilisés en pratique courante, que ce soit pour la surveillance et la prise de décision dans le cadre des soins, ou pour être utilisés dans le cadre de la recherche clinique. La nécessité de réaliser une radiographie de thorax aux nourrissons qui ont une bronchiolite aiguë du nourrisson a été largement débattue. Son intérêt théorique peut être double : elle permet d’une part de rechercher des complications (principalement à type de foyer de condensation en faveur d’une surinfection bactérienne ou de lésions rétractiles) et d’autre part de rechercher d’éventuels diagnostics différentiels (principalement les cardiopathies). Son utilité pratique est toutefois discutée. De nombreuses études cliniques ont comporté la réalisation d’une radiographie de thorax. Il n’a en revanche pas été montré que la pratique 25
  • 26. CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON d’un tel examen permettait d’améliorer la prise en charge clinique et thérapeutique. Si certaines études ont mis en évidence une corrélation entre la présence d’une anomalie radiologique et la sévérité clinique (Shaw, K. N. et al. 1991), d’autres n’ont pas retrouvé de corrélation radio-clinique (Dawson, K. P. et al. 1990). Le lien entre la réalisation d’une radiographie de thorax et la prescription d’une antibiothérapie a été évoqué (Schuh, S. et al. 2007) et mérite d’être mieux évalué et d’être pris en compte dans la discussion de la prescription de cet examen. Sa réalisation n’est pas recommandée par l’Académie Américaine de Pédiatrie sauf chez les enfants hospitalisés dont l’état clinique ne s’améliore pas, ou dans l’hypothèse d’un diagnostic différentiel (Subcommittee on Diagnosis and Management of Bronchiolitis 2006). 6.2 Traitements Plusieurs traitements ont été évalués dans la prise en charge de la bronchiolite aiguë du nourrisson, qu’il s’agisse de traitements curatifs, préventifs ou dont l’objectif était de raccourcir la durée des symptômes et d’agir éventuellement sur leur sévérité. De fait, aucun de ces traitements ne s’avère réellement efficace et la prise en charge actuelle est donc essentiellement symptomatique et vise surtout à dépister le plus précocement possible les complications et le cas échéant de les prendre en charge de la manière la plus efficace et la moins invasive possible. En France, la conférence de consensus sur la prise en charge de la bronchiolite aiguë du nourrisson recommande le fractionnement de l’alimentation, la réalisation de désobstructions nasales, de kinésithérapie respiratoire et d’hospitalisation en cas de survenue de signes de mauvaise tolérance. 26
  • 27. CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON 6.2.1 La Ribavirine La Ribavirine est un analogue nucléosidique de la guanosine, à large spectre antiviral qui a été testé dans la prise en charge des bronchiolites aiguës du nourrisson. L’analyse de l’ensemble des essais disponibles résumée dans une méta-analyse ne met pas en évidence de différence significative de durée d’hospitalisation, de mortalité (essais portant sur des nourrissons en insuffisance respiratoire sévère) ou du risque de développer un asthme (Ventre, K. and Randolph, A. G. 2007). 6.2.2 Les bronchodilatateurs La justification de leur utilisation repose sur l’idée qu’une partie du syndrome obstructif bronchiolaire est due à un bronchospasme. Plusieurs molécules ont été évaluées, principalement de la famille des β2-mimétiques (Salbutamol, Albuterol, Terbutaline …) ou des adrénergiques (Adrénaline, Epinéphrine). Les études ont évalué différents critères d’efficacité qu’il s’agisse de délai de guérison, de taux d’hospitalisation ou de modification de l’état respiratoire (attesté par un score clinique) avant/après administration de la molécule. Une méta-analyse de la Cochrane Collaboration récente a étudié l’efficacité des β2- mimétiques, seuls ou en association, et a conclu à un effet modéré et de courte durée sur la dynamique respiratoire évaluée par un score clinique et sur l’oxymétrie, et à l’absence d’efficacité sur le taux d’hospitalisation et sur la durée d’hospitalisation (Gadomski, A. M. and Bhasale, A. L. 2007). L’Epinéphrine a également fait l’objet de nombreuses études et une méta-analyse de la Cochrane Collaboration a également mis en évidence un effet modéré sur le score clinique 30 et 60 minutes après réalisation du traitement sans montrer d’effet sur l’amélioration de la saturation transcutanée en oxygène ni sur le taux d’hospitalisation et sa durée le cas échéant (Hartling, L. et al. 2004). Une étude plus récente a mis en évidence une 27
  • 28. CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON diminution significative du taux d’hospitalisation chez les nourrissons recevant une association d’Epinephrine et de Dexaméthasone par rapport à ceux recevant un placebo, mais d’une part les auteurs n’avaient pas prévu l’existence d’une interaction entre l’effet de l’épinéphrine et celui de la dexaméthasone et d’autre part, cette différence n’est plus significative après modification des seuils de signification pour prendre en compte la réalisation de tests multiples (Plint, A. C. et al. 2009). Cette étude permet toutefois de générer une hypothèse novatrice et doit permettre de mener de nouveaux essais cliniques comparant spécifiquement l’effet de l’association de ces deux molécules à celle de deux placebos. 6.2.3 Les corticoïdes Les raisons de leur utilisation résident dans le rôle joué par l’inflammation locale dans la physiopathologie de la bronchiolite aiguë du nourrisson. De nombreuses études ont été réalisées dont la plupart sont analysées de manière conjointe dans la méta-analyse de la Cochrane Collaboration (Patel, H. et al. 2004) : cette étude ne met pas en évidence de bénéfice en termes de score clinique, de taux, de durée d’hospitalisation ou de fréquence des ré-admissions. Les auteurs de cette méta-analyse notaient une grande hétérogénéité entre les études qui devait rendre prudent dans l’analyse de ses résultats. La principale étude disponible depuis cette méta-analyse est celle de Corneli et coll qui a évalué l’intérêt de l’administration de Dexaméthasone aux urgences et qui n’a mis en évidence ni amélioration du score clinique, ni diminution du taux d’hospitalisation ou de sa durée (Corneli, H. M. et al. 2007). 6.2.4 Montelukast Des études ont évalué l’intérêt d’un traitement des nourrissons qui ont une bronchiolite aiguë par le Montelukast qui est un inhibiteur des leucotriènes. La justification de leur utilisation repose sur la constatation de niveaux élevés de Cysteinyl leukotrienes (CysLTs) lesquels sont 28
  • 29. CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON connus pour être favoriser l’obstruction bronchiolaire et l’œdème muqueux(van Schaik, S. M. et al. 1999; Volovitz, B. et al. 1988), et pour favoriser l’hyper-réactivité bronchique (Bisgaard, H. 2001). Des essais cliniques ont donc évalué l’intérêt de cette molécule dans l’espoir d’accélérer la guérison d’une part et de diminuer les risques d’asthme du nourrisson d’autre part. Cette molécule n’a fait la preuve de son efficacité pour aucun de ces objectifs (Amirav, I. et al. 2008; Bisgaard, H. et al. 2008). 6.2.5 Solutés salés hypertoniques L’infection à VRS entraine une augmentation du rapport mucus/eau secondaire à une augmentation de la sécrétion de mucus qui est responsable d’une déshydratation de la surface liquidienne des voies aériennes. De plus, le VRS, en augmentant l’activité ATPase, diminue les concentrations extracellulaires d’ATP ce qui a pour conséquence une réduction de l’inhibition des canaux sodium et donc une augmentation de l’absorption du sodium. In vitro, l’ajout de soluté salé hypertonique à la surface des voies aériennes diminue l’œdème épithélial, améliore les propriétés rhéologiques du mucus et en accélère le transport. In vivo, l'inhalation de sérum salé hypertonique augmente le taux de transport muco-ciliaire même chez les sujets sains qui ne présente aucun signe de déshydratation, d’hypersecrétion de mucus ou d’œdème sous-épithélial (Mandelberg, A. and Amirav, I. 2010). Plusieurs essais cliniques ont été menés dont les données ont été analysées dans une méta-analyse de la Chochrane Collaboration : celle-ci a permis de mettre en évidence une diminution de la durée d’hospitalisation et une amélioration des scores cliniques respiratoires chez les enfants traités par aérosols de sérum salé hypertonique comparativement à ceux recevant un simple aérosol de sérum physiologique (Zhang, L. et al. 2008). Les auteurs notaient que l’effet du traitement sur le score respiratoire était plus marqué chez les enfants non hospitalisés. Une étude récente 29
  • 30. CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON a remis en cause l’efficacité de ce traitement (Grewal, S. et al. 2009) et de nouvelles études sont nécessaires pour mieux comprendre son intérêt. 6.2.6 Kinésithérapie respiratoire La kinésithérapie respiratoire a également été proposée dans le but d’augmenter la clairance des secrétions bronchiolaires. Son objectif principal est de lever l’obstruction des voies aériennes les plus distales, de réduire les résistances des voies aériennes et ainsi d’augmenter les échanges gazeux et de diminuer les efforts respiratoires nécessaires pour maintenir une hématose correcte. Sa justification repose sur le fait que l’obstruction des voies aériennes est d’autant plus fréquente en pédiatrie que les voies aériennes des nourrissons sont étroites et compliantes (ce qui favorise leur collapsus). Plusieurs techniques ont été décrites ; les premières sont les techniques manuelles qui associent à des degrés divers l’utilisation de pressions thoraciques, de déclenchement de toux, de modulation des flux et de drainage autogène. Les techniques de modulation de flux sont les plus utilisées dans les pays francophones. Cette modulation peut être active ou passive, lente ou rapide et la technique développée et utilisée en France est celle de l’augmentation du flux expiratoire (AFE) en association avec la toux provoquée. D’autres techniques manuelles telles que le clapping ou les percussions ont été décrites. Des techniques instrumentales sont également décrites (augmentation de la pression expiratoire, percussion intra-thoracique ou oscillation extra- thoracique » mais ces techniques ne sont pas utilisées en France. Des essais cliniques comparatifs ont porté sur les techniques de vibration et de drainage postural (Bohe, L. et al. 2004; Nicholas, K. J. et al. 1999) ou de percussion (Webb, M. S. et al. 1985). Aucune de ces étude n’a mis en évidence un bénéfice de ces techniques (Perrotta, C. et al. 2007). Les seules études existantes sur les techniques d’augmentation de flux sont des études « avant/après » réalisation d’une séance de kinésithérapie et ne permettent pas de répondre à la question de 30
  • 31. CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON l’efficacité de ce traitement (Bernard-Narbonne, F. et al. 2003). Cette technique, bien que n’ayant pas fait la preuve de son efficacité a été recommandée en France par la conférence de consensus sur la prise en charge des bronchiolites aiguës du nourrisson (ANAES 2001) et son utilisation est largement répandue. Cette recommandation est basée sur un avis d’expert (grade C selon la classification ANAES) et le texte de la conférence de consensus recommande la réalisation d’études de validation de cette technique. Il y a donc là une réelle nécessité de mener des études pour évaluer l’efficacité de ces techniques de drainage. 6.2.7 Les traitements en réanimation Le pourcentage de nourrissons avec une bronchiolite aiguë qui développent une insuffisance respiratoire et qui sont admis en réanimation n’est pas précisément connu ; il est cependant considéré comme extrêmement faible. De nombreuses études ont évalué les différentes alternatives thérapeutiques qui ont toutes pour objectif de limiter les besoins ventilatoires des nourrissons. Des mélanges gazeux Helium/Oxygène (Heliox) ont été utilisés ; s’ils permettent de diminuer l’intensité des signes de détresse respiratoire dans les heures qui suivent le début du traitement, ils ne permettent pas de diminuer le taux d’intubation, de ventilation mécanique ou la durée de séjour en réanimation (Liet, J. M. et al. 2010). L’instillation de surfactants exogènes à également été proposée dans les situations les plus graves, sans que son efficacité ne puisse être démontrée (Ventre, K. et al. 2006). Les progrès récents les plus importants concernent le développement de méthodes de ventilation non invasive (VNI) dans cette indication. Il s’agit de proposer un mode d’assistance ventilatoire non invasif qui évite (ou remplace) l’intubation trachéale et la ventilation invasive et donc les effets secondaires qui leur sont liés. Plusieurs techniques peuvent être proposées. La plus simple est d’appliquer une pression positive continue dans les voies aériennes dans le but de maintenir les voies aériennes ouvertes, d’augmenter la clairance des secrétions, de réduire le travail ventilatoire 31
  • 32. CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON et, in fine, d’améliorer les échanges gazeux (Greenough, A. 2009). Des études ont montré que l’utilisation de cette technique permettait d’améliorer la PaCO2, de diminuer le nombre d’apnées obstructives et d’améliorer la qualité du sommeil (Beasley, J. M. and Jones, S. E. 1981; McNamara, F. and Sullivan, C. E. 1997). Dans une étude non randomisée portant sur 12 patients, l’utilisation de la VNI semblait diminuer le travail respiratoire (Cambonie, G. et al. 2008). Une étude plus récente a montré que l’utilisation de la VNI permettait de diminuer significativement la PaCO2 chez des nourrissons hospitalisés pour une bronchiolite aiguë et en situation d’hypercapnie (Thia, L. P. et al. 2007). Une étude française a évalué l’évolution des nourrissons admis en réanimation selon qu’ils étaient traités par ventilation mécanique invasive (VI) ou par VNI. (Larrar, S. et al. 2006). Les auteurs identifiaient comme facteur de risque d’échec de la VNI (et de recours secondaire à la VI) la gravité initiale (mesurée à l’aide du score de gravité PRISM qui est un score développé par les pédiatres réanimateurs). Ils notaient que la VNI permettait une réduction significative de la fréquence respiratoire et de la PaCO2, et que les durées de ventilation et d’hospitalisation en réanimation étaient plus longues pour les enfants traités par VI. Toutefois, ce résultat est d’interprétation difficile et cette différence peut s’expliquer par la gravité initiale. 6.2.8 Palivizumab Une autre approche thérapeutique récente réside dans la mise au point d’anticorps monoclonaux dirigés contre le VRS pour prévenir la survenue d’une bronchiolite aiguë à VRS chez le nourrisson. Il s’agit d’un anticorps humanisé dirigé contre la protéine de fusion du VRS (Johnson, S. et al. 1999). Deux études menées chez des nourrissons nés prématurément (âge gestationnel inférieur à 35 semaines) ou qui avaient une dysplasie broncho-pulmonaire ont montré que des injections répétées de Palivizumab pendant la période épidémique permettaient de réduire le pourcentage d’enfants hospitalisés pour bronchiolite à VRS ainsi 32
  • 33. CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON que, chez ceux hospitalisés, la durée d’oxygénothérapie et d’hospitalisation (IMpact-RSV Study Group 1998; PREVENT Study Group 1997). Son efficacité a également été démontrée pour réduire le risque de bronchiolite aiguë sévère à VRS chez les enfants ayant une cardiopathie congénitale (Feltes, T. F. et al. 2003). Une revue de la littérature récente a conclu que la prévention des bronchiolites aiguës à VRS permettait de réduire le risque d’infection respiratoire basse à VRS nécessitant une hospitalisation chez les enfants à risque élevé mais que son utilisation était économiquement efficace uniquement chez les nourrissons nés à un âge gestationnel inférieur ou égal à 30 semaines s’ils étaient âgés de moins de trois mois au début de l’épidémie, et chez les nourrissons nés à un âge gestationnel inférieur ou égal à 26 semaines s’ils étaient âgés de moins de six mois au début de l’épidémie (Wang, D. et al. 2008). Dans le cas où il y avait un enfant de la fratrie vivant en collectivité (crèche, école), l’efficacité médico-économique était vérifiée pour les enfants âgés au début de l’épidémie de moins de trois mois s’ils étaient nés à 35 semaines ou moins, de moins de six mois s’ils étaient nés à 30 semaines ou moins et de moins de neuf mois s’ils étaient nés à 26 semaines ou moins. Les recommandations actuelles de l’Académie Américaine de Pédiatrie sont de proposer ce traitement aux nourrissons qui ont une cardiopathie congénitale, une dysplasie bronchopulmonaire ou qui sont nés à moins de 32 semaines d’âge gestationnel, et de ne proposer le traitement aux nourrissons nés entre 32 et 34 semaines d’âge gestationnel que si eux ou un membre de la fratrie âgé de moins de cinq ans vit en collectivité (American Academy of Pediatrics 2009). Une étude a suggéré que le fait de traiter des nourrissons nés prématurément (avant l’âge gestationnel de 35 semaines) et qui n’avaient pas de dysplasie broncho-pulmonaire permettait 33
  • 34. CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON de réduire le risque d’asthme du nourrisson (Simoes, E. A. et al. 2007). Les résultats de cette étude nécessitent d’être confirmés par de nouveaux travaux. 6.2.9 Les traitements de demain Des recherches se poursuivent en ce qui concerne les anti-viraux. La difficulté est que pour être efficaces, ils doivent être donnés extrêmement précocement, idéalement dans les 48 premières heures de la maladie. Or à ce stade, il est souvent difficile de préjuger de la sévérité puisque l’acmé de la symptomatologie survient au décours de la réponse inflammatoire et immune, à un stade ou la concentration en particules virales est déjà en train de diminuer (Openshaw, P. J. M. and Tregoning, J. S. 2005). Il existe néanmoins des voies de recherche et de développement de nouveaux anti-viraux et notamment celui de fragments d’ARN interférents (SiRNA) dirigés contre les gènes NS1, V, P, N ou L (Bitko, V. et al. 2005; Zhang, W. et al. 2005). Il s’agit de petits fragments d’ARN qui sont complémentaires d’ARN messagers existants (en l’occurrence codant des protéines virales) qui vont pouvoir former des complexes SiRNA–ARNm et ainsi bloquer la traduction de la protéine d’intérêt. Des travaux préliminaires in vitro ont permis de montrer que l’utilisation de SiRNA dirigés contre la protéine P permettait de diminuer significativement l’expression de tous les gènes du VRS ainsi que la croissance d’une culture virale de VRS (Bitko, V. and Barik, S. 2001). Par la suite, il a été montré que l’instillation intranasale de SiRNA ches des souris préalablement infectées par le VRS permettait de réduire le titre viral dans le poumon de la souris (Bitko, V. et al. 2005; Zhang, W. et al. 2005). Tout récemment, un essai randomisé a permis de comparer l’évolution d’adultes sains expérimentalement infectés par le VRS selon qu’ils étaient ou non traités par un SiRNA : les auteurs ont montré que les sujets du groupe recevant le SiRNA étaient significativement moins infectés que ceux du groupe contrôle sans que 34
  • 35. CHAPITRE 1 : LA BRONCHIOLITE AIGUË DU NOURRISSON puisse être mis en évidence de différence en termes de charge virale ou d’expression clinique (l’étude n’était toutefois pas réalisée dans cette objectif) (DeVincenzo, J. et al. 2010) 35
  • 36. 36
  • 37. CHAPITRE 2 : OBJECTIFS DE LA THESE CHAPITRE 2 OBJECTIFS DE LA THESE Cette revue de la littérature confirme que la bronchiolite aiguë du nourrisson est une maladie fréquente, avec un impact médico-économique important et pour laquelle subsistent de nombreuses questions tant pour son diagnostic, pour l’évaluation clinique et para-clinique de sa sévérité que pour ses traitements. Nous nous sommes fixé pour objectifs de répondre à trois questions : la première est celle de la reproductibilité de l’évaluation clinique de la sévérité de la maladie. Cette évaluation clinique est réalisée de manière répétée et sous-tend les décisions thérapeutiques, ou est utilisée comme critère de jugement dans les essais thérapeutiques visant à évaluer l’efficacité de tel ou tel traitement de cette maladie. Il est fréquent que plusieurs acteurs de soins interviennent chez un même enfant et il est donc indispensable que tous les soignants évaluent l’état respiratoire des nourrissons de manière homogène. L’utilisation d’un score de gravité nécessite de s’être assuré de sa reproductibilité inter-individuelle. Nous avons donc mené une étude pour évaluer dans quelle mesure l’appréciation de l’état respiratoire d’un nourrisson atteint d’une bronchiolite aiguë était reproductible, et ce, quelle que soit la fonction du soignant (infirmière, kinésithérapeute, médecin). La deuxième question à laquelle nous nous sommes intéressés est celle de l’efficacité de la kinésithérapie respiratoire dans cette maladie. Il s’agit d’un domaine peu étudié et nous avons mené un essai thérapeutique pour évaluer l’efficacité de la technique utilisée en France (Augmentation du flux expiratoire) sur le délai de guérison des nourrissons hospitalisés pour première bronchiolite aiguë. 37
  • 38. CHAPITRE 2 : OBJECTIFS DE LA THESE Le troisième volet de ce travail est dédié à l’évaluation de la prescription de radiographie de thorax chez les nourrissons consultant aux urgences pour dyspnée sifflante ; il nous est en effet apparu important d’étudier les facteurs qui conduisaient un praticien à poser l’indication de la réalisation d’une radiographie de thorax dans cette indication, et de confronter ces critères à ceux décrits dans la littérature ainsi qu’aux facteurs connus pour être prédictifs de la survenue d’une complication justifiant une prise en charge particulière. 38
  • 39. 39
  • 40. CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE CHAPITRE 3 ETUDE DE LA REPRODUCTIBILITE INTER-OBSERVATEUR ENTRE INFIRMIERES, MEDECINS ET KINESITHERAPEUTES D’UN SCORE CLINIQUE D’EVALUATION DES NOURRISSONS AYANT UNE BRONCHIOLITE AIGUË 1 Introduction Les modalités de la prise en charge hospitalière d’un enfant ayant une bronchiolite aiguë du nourrisson sont fondées sur le résultat de son évaluation clinique. Celle-ci est réalisée plusieurs fois par jour et fait intervenir plusieurs catégories de soignants (infirmières, kinésithérapeutes, médecins). L’évaluation clinique prend en compte l’examen respiratoire (fréquence respiratoire, compliance thoracique, présence ou non de signes de lutte, évaluation de la saturation transcutanée en oxygène, auscultation pulmonaire) ainsi que le retentissement d’une éventuelle détresse respiratoire (état d’éveil, alimentation). Les traitements sont adaptés en fonction de l’évolution de l’état clinique, que ce soit l’escalade thérapeutique (mise en route d’une assistance alimentaire par exemple), la désescalade, voire la décision de sortie de l’enfant. Il est donc indispensable de disposer d’un outil d’évaluation performant. Pour qu’un outil d’évaluation clinique soit utilisable, il doit avoir plusieurs propriétés (Van Der Windt, D. A. W. M. et al. 1994), et notamment une bonne reproductibilité inter-observateurs c'est-à-dire que son résultat soit comparable quand il est utilisé par deux soignants différents qu’ils aient, ou non la même formation. Cette reproductibilité inter-observateur est une des propriétés essentielles d’un outil d’évaluation clinique car dans le cas contraire, il serait impossible pour un soignant de décider d’une prise en charge en tenant compte de l’évaluation clinique faite par un autre ; plus encore, l’absence de reproductibilité rendrait caduque toute tentative 40
  • 41. CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE d’évaluation de l’évolution dans le temps d’un enfant. L’outil d’évaluation doit également avoir une bonne validité (c'est-à-dire décrire de manière fiable l’état du patient) et une bonne sensiblilité (c'est-à-dire permettre de détecter une modification de l’état clinique et plus particulièrement de la gravité en fonction du temps, ou de la réponse à une intervention). Plusieurs outils d’évaluation ont été développés pour la prise en charge des nourrissons hospitalisés pour une bronchiolite aiguë (Berger, I. et al. 1998; Dabbous, I. A. et al. 1966; Gadomski, A. M. et al. 1994; Kristjansson, S. et al. 1993; Liu, L. L. et al. 2004; Lowell, D. I. et al. 1987; Richter, H. and Seddon, P. 1998; Schuh, S. et al. 1990; Tal, A. et al. 1983; Wainwright, C. et al. 2003; Walsh, P. et al. 2004; Walsh, P. et al. 2006; Wang, E. E. et al. 1992). La reproductibilité inter-observateur de ces outils n’a été évalué que pour la moitié d’entre eux (Dabbous, I. A. et al. 1966; Gadomski, A. M. et al. 1994; Liu, L. L. et al. 2004; Lowell, D. I. et al. 1987; Tal, A. et al. 1983; Walsh, P. et al. 2006; Wang, E. E. et al. 1992). De plus, cette évaluation n’a utilisé la statistique de kappa que pour quatre de ces outils (Liu, L. L. et al. 2004; Lowell, D. I. et al. 1987; Walsh, P. et al. 2006; Wang, E. E. et al. 1992). Trois de ces études ont été réalisées qu’avec seulement deux paires d’observateurs (deux médecins ou un médecin et un kinésithérapeute) ce qui limite considérablement la portée de leurs résultats (Liu, L. L. et al. 2004; Lowell, D. I. et al. 1987; Wang, E. E. et al. 1992). Il est en effet difficile d’extrapoler avec certitude la bonne reproductibilité observée entre deux observateurs ayant participé à une étude (et donc sensibilisés et entraînés) à un nombre important d’intervenants impliqués dans la pratique clinique. L’étude de Liu et al a impliqué un grand nombre d’observateurs mais les patients inclus dans cette étude étaient très hétérogènes et seuls 17 des 55 enfants inclus avaient une bronchiolite aiguë du nourrisson (les autres ayant principalement des crises d’asthme). La reproductibilité inter-individuelle entre différents types de soignants des outils d’évaluation de l’état respiratoire des enfants hospitalisés pour bronchiolite aiguë est donc peu 41
  • 42. CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE étudiée. L’objectif de la présente étude était d’évaluer la reproductibilité inter-individuelle entre infirmières, kinésithérapeutes et médecins de l’évaluation de l’état respiratoire de nourrissons hospitalisés pour bronchiolite aiguë à l’aide d’un score clinique simple et couramment utilisé dans le cadre des soins ou de la recherche clinique. 2 Patients et Méthodes 2.1 Organisation de l’étude L’étude a été réalisée entre le 15 septembre 2003 et le 15 janvier 2004 dans quatre services hospitaliers pédiatriques de la région parisienne (Antoine Béclère – Clamart, Robert Debré – Paris, Centre Hospitalier Intercommunal – Poissy et Jean Verdier – Bondy). Les enfants âgés de moins de 18 mois hospitalisés pour une première bronchiolite aiguë du nourrisson étaient incluables. La définition retenue pour la bronchiolite aiguë était celle proposée par l’Académie Américaine de Pédiatrie (constellation de symptômes et de signes incluant des prodromes respiratoires « hauts » attribuables à une infection virale suivi d’une augmentation des efforts respiratoires – tachypnée, signes de lutte – et la présence de sibilants à l’auscultation) (Subcommittee on Diagnosis and Management of Bronchiolitis 2006). La décision d’hospitaliser l’enfant était prise lors de la consultation aux urgences, indépendamment de la réalisation de cette étude. Elle prenait en compte la nécessité de proposer une assistance alimentaire (entérale ou intraveineuse), la nécessité de mettre en place une oxygénothérapie ainsi que celle d’une surveillance rapprochée. Les enfants ne nécessitant pas d’hospitalisation ou nécessitant immédiatement une prise en charge en réanimation n’ont pas été inclus dans cette étude. Pour des raisons pratiques, il n’était pas possible de désigner les observateurs au hasard pour chaque observation. Les paires d’observateurs ont donc été constituées comme suit : quand un soignant effectuait un examen clinique dans le cadre des soins habituels, il sollicitait un autre 42
  • 43. CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE soignant pour participer à l’observation. Chaque observateur réalisait alors un examen clinique respiratoire (Fréquence respiratoire, estimation des signes de lutte et de la présence ou non de sibilants) de façon indépendante (il n’avait pas connaissance du résultat de l’examen réalisé en même temps par le second observateur). Avant le début de l’étude, chaque participant à l’étude a reçu une note d’information expliquant les objectifs de l’étude, les modalités de son déroulement et dans laquelle était présenté le score clinique utilisé (tableau 1). Comme dans la pratique courante il n’est pas habituel de former spécifiquement les soignants à l’utilisation de cet outil d’évaluation, nous n’avons pas réalisé d’entrainement des soignants à l’utilisation du score respiratoire avant le début de l’étude. Avant de débuter une observation, le couple d’observateurs expliquait aux parents l’objectif et les modalités de réalisation de l’étude en leur précisant qu’il s’agissait d’une étude purement observationnelle qui ne changeait en rien les modalités de prise en charge de leur enfant. Les parents pouvaient, s’ils le souhaitaient, ne pas participer à l’étude. Les modalités de l’étude ont été approuvées par le comité de protection des personnes de Saint Germain en Laye. Pour chaque enfant inclus, nous avons recueilli la date de naissance et d’admission, la date de réalisation de l’évaluation. La qualité (infirmière, kinésithérapeute, médecin) de chaque soignant participant était consignée ainsi que le résultat de l’évaluation de chacun d’entre eux. Toutes les observations ont été réalisées entre 8h00 et 23h00 quand l’enfant était à l’éveil et à distance d’un repas. 2.2 Outil d’évaluation respiratoire Le score utilisé pour évaluer l’état respiratoire des nourrissons était composé des paramètres habituellement pris en compte dans l’évaluation de l’état respiratoire d’un nourrisson : Fréquence respiratoire, signes de lutte, sibilants). Chaque sous-score était coté de 0 à 3 sauf celui de la fréquence respiratoire (adapté à l’âge) qui était coté de 1 à 3. Le score total, somme 43
  • 44. CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE des trois sous-scores pouvait prendre toutes les valeurs entre 1 et 9 (tableau 1). Les variables choisies pour constituer chacun des sous-scores l’ont été de manière pragmatique en se rapprochant le plus possible de la pratique courante actuelle. Ce choix était motivé par le souci de se mettre dans une situation optimale et notamment d’utiliser des paramètres qui, pour la plupart d’entre eux, étaient utilisés en routine par les infirmières. Il s’agit par ailleurs des paramètres habituellement pris en compte dans la plupart des scores existants. En ce qui concerne le choix des attributs, nous nous sommes également inspirés des scores existants. Tableau 1: Score respiratoire étudié 0 point 1 point 2 points 3 points Fréquence respiratoire (/min) Age < 2 mois ≤ 60 61 – 69 ≥ 70 Age 2 – 12 mois ≤ 50 51 – 59 ≥ 60 Age 12 – 24 mois ≤ 40 41 – 44 ≥ 45 TIC sévère avec TIC et TSC et/ou BAN ou thorax Signes de lutte Aucune TIC isolé entonnoir xiphoïdien bloqué ou BTA grade II Inspiratoire et Audible sans Score de sibilance Aucune Fin d’expiration expiratoire stéthoscope TIC : tirage inter-costal, TSC : tirage sous-costal, BAN: Battement des ailes du nez, BTA: balancement thoraco- abdominal. 2.3 Analyse statistique Nous avons dans un premier temps décrit les fréquences des différentes valeurs prises par le score. Nous avons ensuite estimé la concordance inter-observateur. Le taux de concordance entre les deux observateurs a été estimé en calculant la statistique des kappas pondérés (Kw) qui tient compte du fait que la concordance entre deux observateurs peut être liée au hasard (Cohen, J. 1968). Cela revient à dire que sous l’hypothèse nulle (indépendance des juges), la concordance aléatoire (Pa) n’est pas nulle ; de ce fait, on considère que l’accord entre deux 44
  • 45. CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE juges n’est « intéressant » que si la probabilité de concordance observée (Pobs) est supérieure à la probabilité de concordance aléatoire Pa. C’est ce qu’illustre la statistique kappa (K) : Pobs − Pa K= 1 − Pa Certaines discordances entre juges (valeurs plus éloignées l’une de l’autre) étant plus graves que d’autres, il est nécessaire pondérer la statistique kappa. Nous avons choisi d’utiliser un système de pondération linéaire ou le poids attribué à chaque probabilité de concordance prend la valeur w : i− j w =1− r −1 Où i et j sont les valeurs du score prises par chaque observateur et r la valeur maximale que peut prendre le score. Si la concordance observée Po(w) de la statistique de kappa pondéré est définie par r r Po ( w) = ∑∑ wij pij i =1 j =1 Et la concordance aléatoire Pa(w) par r r Pa ( w) = ∑∑ wij pi p j i =1 j =1 pi étant la probabilité que le score prenne la valeur i (ni/n), pj celle que le score prenne la valeur j (nj/n), pij la probabilité que le score prenne la valeur i pour le premier observateur et la valeur j pour le second. Enfin, n représente le nombre total de couple d’observations. Alors le kappa pondéré prend la valeur : 45
  • 46. CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE Po ( w) − Pa ( w) Kw = 1 − Pa ( w) L’intervalle de confiance à 95% de la statistique du Kappa pondéré a été calculée en réalisant des ré-échantillonnages par la méthode du boostrap (1000 itérations) (Efron, B. and Tibshirani, R. 1986; Reichenheim, M. E. 2004). Les limites supérieure et inférieure des intervalles de confiance pour chaque coefficient kappa ont été définies comme le 2,5ème et le 97,5ème percentiles des distributions bootstraps respectives. Les taux de concordance pondérés ont été calculés pour des couples du même type (infirmière-infirmière, kinésithérapeutes-kinésithérapeutes et médecin-médecin) et pour des couples de soignants différents (médecin-infirmière et médecin-kinésithérapeutes). Comme nous avons fait l’hypothèse que la concordance entre infirmières et médecins serait moins bonnes pour certains sous-scores (score de sibilance en particulier), nous avons calculé le score de kappa pondéré et son intervalle de confiance pour chacun des sous-scores. Enfin, nous avons calculé le score de kappa pondéré, global, de chaque sous-score, et en fonction du type d’intervenant pour chaque tranche d’âge (nourrissons âgés de moins de un mois, entre un et rois mois, entre trois et six mois, et de plus de six mois). Nous avons qualifié la qualité de la reproductibilité inter-observateur conformément à la classification de Landis et Koch (Landis, J. R. and Koch, G. G. 1977)(tableau 2). Tableau 2 : Classification de Landis et Koch Kappa Concordance 0 – 0,20 Mauvaise 0,21 – 0,40 Médiocre 0,41 – 0,60 Modérée 0,61 – 0,80 Bonne 0,81 – 1,00 Excellente 46
  • 47. CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE La méthode suivante a été utilisée pour comparer deux scores de kappa entre eux (Fleiss, J. 1981) : L’écart-type de chaque coefficient est estimé la manière suivante : Po (1 − Po ) SK = n(1 − Pa ) 2 Dans un second temps, si l’effectif est suffisamment important pour que la loi des grands nombres soit vérifiée, alors, il est possible de comparer deux coefficients Kappa par la statistique de test suivante qui suit une loi normale centrée réduite sous l’hypothèse d’égalité des kappas : K1 − K 2 ε= S K1 + S K2 2 2 Les tests ont été considérés comme significatif pour un p<0,05. Enfin, pour illustrer la concordance entre observateurs en fonction de chaque valeur du score, nous avons construit un diagramme de Bland et Altman (Bland, J. M. and Altman, D. G. 1995). Ce diagramme qui représente les différences de résultats des deux évaluations d’une même paire (en ordonnée) en fonction de la moyenne de ces résultats (en abscisse) permet de vérifier que la concordance n’est pas sensible à la valeur du score en donnant une visualisation des erreurs de mesure en fonction de la valeur des résultats et permet ainsi d’objectiver un éventuel biais lié à la valeur du score. Toutes les analyses statistiques ont été réalisées avec le logiciel Stata 10 (StataCorp. 2007. Stata Statistical Software: Release 10. College Station, TX: StataCorp LP). 47
  • 48. CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE 3 Résultats Quatre-vingt deux soignants ont participé à cette étude et rempli des évaluations cliniques pour 180 nourrissons (360 évaluations au total) sur une période de quatre mois. L’âge des nourrissons inclus allait de 12 jours à 15,5 mois avec une médiane de 2,1 mois. Les soignants qui ont participé étaient des infirmières pour 51% d’entre eux, des kinésithérapeutes pour 15% d’entre eux, et des médecins pour 34% d’entre eux. 20% des évaluations ont été réalisées par des infirmières, 15% par des kinésithérapeutes et 65% par des médecins. Les paires de soignants étaient le plus souvent constituées de deux médecins (n=85, 47,2%) puis par un médecin et une infirmière (n=30, 16,7%), une infirmière et un kinésithérapeute (n=27, 15,0%) ou un médecin et un kinésithérapeute (n=23, 12,8%). Onze paires étaient constituées de deux infirmières (6,1 %) et quatre (2,2%) de deux kinésithérapeutes. Les scores observés allait de la valeur 1 à la valeur 9 ; la distribution des valeurs n’était pas normale (figure 1). Figure1 : Distribution du score respiratoire (n=360 observations) 25 20 15 Pourcentage 10 5 0 3 6 9 Score global 48
  • 49. CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE 3.1 Score Global (tableau 3) Le taux de concordance du score global pour l’ensemble des paires d’observateurs était de 93,1% et le coefficient de kappa pondéré de 0,72 (IC.95 = [0,66 – 0,78]), ce qui correspond à une bonne concordance. Quand la paire d’observateurs était composée de deux médecins, le taux de concordance était de 92,9% et le coefficient de kappa pondéré de 0,74 (IC.95 = [0,64 – 0,84]), ce qui correspond également à une bonne concordance. Le taux de concordance pour les paires composées d’un médecin et d’un soignant autre (infirmière ou kinésithérapeute) était de 90,3% et le coefficient de kappa pondéré de 0,69 (IC.95 = [0,56 – 0,78]), ce qui correspond à une concordance modérément bonne à bonne. Les coefficients de kappa n’étaient pas statistiquement significativement différents selon que la paire d’observateur était constituée de deux médecins ou d’un médecin et d’un soignant d’un autre type (p=0,95). Tableau 3 : Score respiratoire global (évaluation de la fréquence respiratoire, des signes de lutte et de la sibilance) n Concordance Coefficient de 95% CI observée (%) kappa pondéré Selon le type de paire Toutes les paires 180 93,1 0,72 0,66 – 0,78 deux médecins 85 92,9 0,74 0,64 – 0,84 un médecin – un non 53 90,3 0,69 0,56 – 0,78 médecin Par age (mois) <1 21 92,9 0,78 0,59 – 0,94 1–3 101 91,1 0,68 0,59 – 0,77 3–6 45 91,9 0,74 0,63 – 0,83 6 – 15 13 87,5 0,62 0,20 – 0,89 49
  • 50. CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE 3.2 Sous-scores (tableau 4) Concernant la mesure de la fréquence respiratoire, le taux de concordance pour l’ensemble des paires d’observateurs était de 94,9% et coefficient de kappa pondéré de 0,81 (IC.95 = [0,72 – 0,91]), ce qui correspond à une concordance bonne à excellente. Quand la paire d’observateurs était composée de deux médecins, le taux de concordance était de 99,4% et le coefficient de kappa pondéré de 0,97 (IC.95 = [0,89 – 1,00]), ce qui correspond également à une excellente concordance. Le taux de concordance pour les paires composées d’un médecin et d’un soignant autre (infirmière ou kinésithérapeute) était de 93,4% et le coefficient de kappa pondéré de 0,76 (IC.95 = [0,52 – 0,92]), ce qui correspond à une concordance modérée à excellente. Les coefficients de kappa n’étaient pas statistiquement significativement différents selon que la paire d’observateur était constituée de deux médecins ou d’un médecin et d’un soignant d’un autre type (p=0,75). Concernant la mesure du sous-score évaluant les signes de lutte respiratoire, le taux de concordance pour l’ensemble des paires d’observateurs était de 93,1% et coefficient de kappa pondéré de 0,77 (IC.95 = [0,68 – 0,84]), ce qui correspond à une concordance bonne à excellente. Quand la paire d’observateurs était composée de deux médecins, le taux de concordance était de 91,8% et le coefficient de kappa pondéré de 0,64 (IC.95 = [0,50 – 0,77]), ce qui correspond à concordance modérée à bonne. Le taux de concordance pour les paires composées d’un médecin et d’un soignant autre (infirmière ou kinésithérapeute) était de 93,1% et le coefficient de kappa pondéré de 0,79 (IC.95 = [0,66 – 0,90]), ce qui correspond à une concordance bonne à excellente. Les coefficients de kappa n’étaient pas statistiquement significativement différents selon que la paire d’observateur était constituée de deux médecins ou d’un médecin et d’un soignant d’un autre type (p=0,72). 50
  • 51. CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE Enfin, concernant la mesure du sous-score évaluant la sibilance, le taux de concordance pour l’ensemble des paires d’observateurs était de 91,3% et coefficient de kappa pondéré de 0,73 (IC.95 = [0,63 – 0,80]), ce qui correspond à une concordance modérée à bonne. Quand la paire d’observateurs était composée de deux médecins, le taux de concordance était de 94,9% et le coefficient de kappa pondéré de 0,81 (IC.95 = [0,66 – 0,92]), ce qui correspond à concordance bonne à excellente. Le taux de concordance pour les paires composées d’un médecin et d’un soignant autre (infirmière ou kinésithérapeute) était de 86,2% et le coefficient de kappa pondéré de 0,62 (IC.95 = [0,43 – 0,77]), ce qui correspond à une concordance modérée à bonne. Les coefficients de kappa n’étaient pas statistiquement significativement différents selon que la paire d’observateur était constituée de deux médecins ou d’un médecin et d’un soignant d’un autre type (p=0,75). L’âge des enfants ne semblait pas affecter la reproductibilité inter-individuelle de l’évaluation du score global ou des sous-scores (fréquence respiratoire, signes de lutte respiratoire, sibilance). 51
  • 52. CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE Tableau 4 : Evaluation de la reproductibilité de chacune des composantes du score respiratoire Concordance Coefficient de kappa n 95% CI observée (%) pondéré Fréquence respiratoire Selon le type de paire Toutes les paires 180 94,9 0,81 0,72 – 0,91 deux médecins 85 99,4 0,97 0,89 – 1,00 un médecin – 1 non médecin 53 93,4 0,76 0,52 – 0,92 Selon l’âge (mois) <1 21 97,65 0,87 – 1–3 101 95,4 0,81 0,66 – 0,92 3–6 45 91,1 0,72 0,17 – 0,94 6 – 15 13 100,0 1,00 – Signes de lutte respiratoire Selon le type de paire Toutes les paires 180 93,1 0,77 0,68 – 0,84 deux médecins 85 91,8 0,64 0,50 – 0,77 un médecin – 1 non médecin 53 93,1 0,79 0,66 – 0,90 Selon l’âge (mois) <1 21 96,8 0,88 0,68 – 1,00 1–3 101 90,7 0,65 0,52 – 0,76 3–6 45 96,3 0,89 0,79 – 0,98 6 – 15 13 94,9 0,83 0,61 – 1,00 Sibilants Selon le type de paire Toutes les paires 180 91,3 0,73 0,63 – 0,80 deux médecins 85 94,9 0,81 0,66 – 0,92 un médecin – 1 non médecin 53 86,2 0,62 0,43 – 0,77 Selon l’âge (mois) <1 21 92,9 0,66 0,35 – 1,00 1–3 101 93,1 0,73 0,60 – 0,85 3–6 45 88,1 0,71 0,55 – 0,83 6 – 15 13 82,0 0,51 0,00 – 0,86 52
  • 53. CHAPITRE 3 : REPRODUCTIBILITE INTER-INDIVIDUELLE D’UN SCORE CLINIQUE La figure 2 représente pour chaque paire d’observations la différence entre les deux observations en fonction de la moyenne des deux observations. Ce diagramme de Bland et Altman montre que la variabilité inter-observateur est peu sensible à la valeur du score et qu’il n’y a pas de biais évident lié au niveau de gravité de l’enfant dans l’évaluation de cette variabilité. Figure 2 : Diagramme de Bland et Altman : différences entre les scores des deux observateurs de la même paire 4 Discussion Nous avons observé dans cette étude une reproductibilité satisfaisante entre les différents soignants (infirmières, kinésithérapeutes, médecins) dans l’utilisation de l’outil proposé d’évaluation clinique de l’état respiratoire des nourrissons hospitalisés pour première bronchiolite. Cette bonne reproductibilité se traduit par une concordance inter-observateur globalement comprise entre 85 et 95% et des scores de kappas pondérés entre 0,60 et 0,80. L’outil d’évaluation clinique proposé repose sur l’observation de signes cliniques habituellement recueillis par les différents soignants qui sont considérés comme fortement corrélés à l’importance de la détresse respiratoire et dont le recueil au chevet du patient est relativement simple. 53