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http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=MAV&ID_NUMPUBLIE=MAV_003&ID_ARTICLE=MAV_003_0007




Le tourisme : essai de définition


par Christine demen MEYER


| Management Prospective Editions | Revue management et avenir

           2005/1 - N° 3
           ISSN 1768-5958 | pages 7 à 25




Pour citer cet article :
— Meyer C., Le tourisme : essai de définition, Revue management et avenir 2005/1, N° 3, p. 7-25.




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Le tourisme :
Essai de définition
                                              par Christine Demen Meyer



Résumé     De nombreuses définitions ont été élaborées au cours des siècles
           puisque le terme “touring” apparaît en Angleterre dès 1811 et n’a cessé
           depuis d’être traité par d’éminents spécialistes. Marc Boyer (2003) se
           penche sur l’épistémologie du tourisme et il affirme que bien souvent
           ces définitions n’ont été construites qu’autour de paradigme nomina-
           liste. Les chercheurs doivent affronter un véritable problème et chal-
           lenge car le tourisme est sous-théorisé. Pourtant des chercheurs ont
           créé des modèles conceptuels mais sans grand succès. Le problème
           pour définir le tourisme vient principalement de la multidisciplinarité
           du tourisme. D’après Marc Boyer (2003) l’épistémologie du tourisme
           doit être “orientée par sa philosophie,son histoire et son eschatologie”.
           Mais est-il nécessaire d'uniformiser les théories à l'intérieur d'un supra
           paradigme pour valider le statut de discipline du tourisme ? Pour Tribe
           (1997) la multidisciplinarité du tourisme est une “vertu”. D’après
           Williams (2004) chaque concept pose un problème pour sa définition.
           Qu’est ce qu’un touriste ? Le tourisme est il une industrie ? Plusieurs
           chercheurs ont proposé d’appliquer au tourisme des théories diverses
           comme Mc Kercher (1999) avec la théorie du chaos. Boyer (2003),
           suggère d’utiliser le “Paradigme culturaliste”. L’Ecole québécoise de
           l’université de Montréal (Bodson et Stafford, 1988, Stafford, 1988) dans
           leur approche de la téorologie,ou science du tourisme préconisent aux
           chercheurs de chercher à raffiner des paradigmes qui orienteront leurs
           travaux. Si les québécois (Bodson et Stafford, 1988) ont intégré les
           sciences économiques dans leurs recherches sur le tourisme, les diffé-
           rents niveaux d’opération macro et micro économique nécessitent des
           instruments d’analyse adaptés aux spécificités du tourisme. Pourquoi
           ne pas considérer le tourisme comme un méta marché (approche
           humaniste et économique) et ne pas essayer de le définir en utilisant
           les données essentielles nécessaires à le décrire comme proposés par
           différents auteurs. Cette communication propose d’utiliser des para-
           mètres issus des différentes approches d’un marché afin de définir le
           méta marché du tourisme.

Abstract   For centuries, many definitions of tourism have been elaborated. Since
           the term “touring”was introduced in England in 1811, it has not ceased
           to be treated by eminent specialists. Marc Boyer (2003) considers the
           epistemology of tourism and he states that quite often definitions have
           only been built around nominal paradigms. Researchers have to face a
           real problem and challenge, as not many theories of tourism have been


                                                                                   7
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                  developed. The problem in defining tourism comes mainly from the
                  multidisciplinary character of this subject. According to Marc Boyer
                  (2003), the epistemology of tourism must “be directed by its philos-
                  ophy, its history and its eschatology”. But is it really necessary to stan-
                  dardize theories into one “super-paradigm” in order to validate the
                  statute of tourism as a discipline ? For Tribe (1997),the multidisciplinary
                  nature of tourism is a virtue.According to Williams (2004) each concept
                  poses a problem as regards its definition.What is a tourist ? Is tourism
                  an industry ? McKercher (1999) proposes applying to tourism, which
                  he considers as a living system, the principle of the theory of chaos.
                  Boyer (2003), suggests the use of the “culturalist paradigm”. In its
                  approach to teorology,the Quebec School of the University of Montreal
                  (Bodson and Stafford,1988,Stafford,1988) recommend the researchers
                  to refine the paradigms which will direct their work. If the Quebeckers
                  (Bodson and Stafford, 1988) have integrated economic science into
                  their research on tourism, the various levels of macro- and micro-
                  economics require the use of instruments of analysis which are adapted
                  to the specific characteristics of tourism.Why not consider tourism as
                  a meta market (the humanistic and economic approach) and not try to
                  define it by using the “necessary data” as proposed by various authors ?
                  This paper proposes the identification of the best market parameters
                  to defining the tourism meta market.

Comment définir le tourisme ? Une multitude de définitions et d’appréhensions du
phénomène touristique existent mais curieusement la définition du tourisme comme
marché est un domaine peu déchiffré en gestion. Leiper (1979) souligne le peu d'in-
térêt de la part des académiques jusqu'à ce jour. Il rappelle les deux camps d’ensei-
gnement identifiés par Buck (1978) qui sont la gestion d’entreprise et le développe-
ment économique s’affrontant pour définir le tourisme ainsi que les organisations
gouvernementales.Il dégage trois approches “économique”,“technique”,“holistique”
qui seront retenues pour cerner les définitions existantes même si par la suite, Lei-
per (1993) a identifié trois niveaux de définitions : la notion populaire, le niveau heu-
ristique, qui donne naissance au niveau académique, puis le niveau technique (bases
légales et administratives).Dans la même ligne Boyer (2003),affirme :“le tourisme est
perçu comme objet d’estimations statistiques : c’est un ensemble de consommation
de biens et de services liés aux déplacement des personnes qualifiées de touristes”.
Il met en exergue que l’essai de définitions conceptuelles est très tardif alors qu’en
1937 déjà, les statisticiens de la SDN établissent la différence entre voyages et ex-
cursions : L’inventaire des définitions est donc une étape indispensable dans l’élabo-
ration de la définition du tourisme la mieux adaptée aux sciences de gestion.




1
    Société des nations


8
Le tourisme : Essai de définition




1. Définition

1.1. Définitions techniques
Pour faire suite aux définitions des statisticiens et pour permettre la mesure du phé-
nomène touristique, l’AIEST2, en 1954, a complété la définition de la SDN avec une
notion de déplacement (Spatt, 1975). Puis en 1963 (I.U.O.T.O, 1963)3, la Conférence
des nations unies a identifié officiellement deux catégories de visiteurs “les touristes
et les Excursionnistes” (Seydoux, 1983). Cette classification a été reprise par les or-
ganismes supranationaux O.M.T4 ou OCDE5. La dernière définition adoptée par
l’O.M.T. et la Commission statistique des Nations Unies (2000) tient en théorie lieu
de référence pour l’ensemble des pays membres :



    “Les activités déployées par les personnes au cours de leur voyages et de leurs
    séjours dans les lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une
    période consécutive qui ne dépasse pas une année, à des fins de loisirs, pour
    affaires et autres motifs”.



Cependant comme il ne s’agit que de recommandations,chaque pays précise ses pro-
pres concepts selon ses spécificités, d’où une certaine cacophonie. Comme exemple
citons la France, qui dès 1950, fait une distinction entre les vacances et les autres sé-
jours.Alors que jusqu’en 1994 l’INSEE6 a utilisé cette distinction, en 1994-1995 la SO-
FRES7 (enquête annuelle) se base sur les concepts de visiteurs. Il n'y a plus de dis-
tinction entre l'été et l'hiver ni selon la durée du séjour, ce qui produit une
impossibilité de comparaison avec avant 1994. Le Canada définit quant à lui, très pré-
cisément un rayon de 80 kilomètres pour qu’un canadien soit considéré comme un
touriste à la condition qu’il n’ait pas traversé une frontière internationale mais la plu-
part des pays se contentent d’une définition plus imprécise du touriste.“L’erreur est
à la base :s’être préoccupé du comment ? (Comment compter les touristes) avant d’a-
voir dit pourquoi ?” (Boyer, 2003).“Les définitions actuelles tombent dans le piège de
l’énumération et de la définition de ce qu’est et n’est pas un touriste” (Boyer, 2003,
1999). Depuis 1930 les pays cherchent à mesurer le tourisme en vue d'uniformisa-
tion des statistiques et de démarquer les “touristes” des autres voyageurs mais sans
aucune homogénéité entre les pays ni dans leurs propres systèmes qui subissent des
modifications régulières de critères ce qui empêche toute comparaison rigoureuse.

2   Association internationale des experts scientifiques du tourisme
3   International Union of tourism Organizations
4
    Organisation Mondiale du Tourisme
5   Organisation for Economic Co-operation and Development
6
    Institut national de la statistique et des études économiques
7   Institut d’études marketing et d’opinion créée en France en 1963,à l'initiative de Pierre WEILL,son Président
    actuel


                                                                                                               9
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1.2. Définitions économiques
Les définitions économiques sont celles qui permettrent de construire les comptes
satellites de la balance touristique des pays et ne présentent également aucune co-
hérence.Prenons quelques exemples.En Suisse,depuis 1998,le “compte satellite tou-
risme” détermine les effets économiques directs du tourisme et n’est que le fruit
d’une reconstitution de l’information (Fédération suisse de tourisme, 2004). Cepen-
dant les dépenses des personnes habitant en zone frontalière sont intégrées dans la
balance touristique ainsi que les séjours à l’hôpital des touristes étrangers en Suisse
ce qui n’est pas le cas de tous les autres pays. Sans compter que les statistiques de l’-
hôtellerie, secteur représentant l’épine dorsale de la branche du tourisme, ne serons
absolument pas comparables entre 2004 et les années précédentes et suivantes. En
effet une décision de l’Office fédéral des statistiques a provoquée l’interruption de
la récolte des données et les organisations touristiques concernées ont mis sur pied
une nouvelle structure pour reprendre le flambeau dès 2005 (Renner-Bach, 2004).
Les comptes satellites de certains pays, comme la Suisse, affirment prendre en
compte les revenus directs du tourisme mais les nuitées de la para-hôtellerie géné-
rées par les propriétaires ne sont pas prises en compte. Un exemple comme la sta-
tion de ski de Verbier permet de constater le décalage entre la réalité et les données
officielles puisque dans cette station un grand nombre de propriétaires ne loue pas
leurs logements. Pourtant ils y passent leurs vacances. Cette statistique a même été
supprimée de 1992 à 1996 (Fédération suisse de tourisme, 2004). En France, les
comptes satellites sont affirmés comme homogènes depuis 1990 mais une refonte
est en cours pour les rendre conformes aux normes internationales conseillées (Dé-
légué au Tourisme Ministère Ministère,2004).Dans son rapport sur les comptes le mi-
nistère admet que la “méthode d’estimation des volumes d’arrivées et des nuitées des
touristes non résidents en France” est modifiée en janvier 2002. Au Canada, les dé-
penses touristiques sont “corrigés pour tenir compte des variations saisonnières”(ca-
nadienne du tourismeCommission, 2004).


1.3. Définitions holistiques
Aux Etats Unis, Dean Mac Cannell (1976) propage les idées de son prédécesseur Ve-
blen (1899) et relève la méconnaissance de la quête de sens du tourisme. Mac Can-
nell décrit un mécanisme purement culturel,l’imitation,puisque le tourisme a diffusé
par le bas à travers la mode (d’abord à la classe moyenne, puis à la masse dans les an-
nées 1960). Cette approche n'est pas connue en Europe avant 1970 et durant la pre-
mière partie du XXe siècle, seule une description du phénomène prévaut. Une ap-
proche diachronique permet de constater cette évolution en Europe depuis les
premières apparition des définitions dans les dictionnaires jusqu’aux dernières pu-
blications européennes. Les premières définitions du Littré (1872) et du Larousse
(1874) éclairent la typologie du touriste : désœuvré et ayant des habitudes de voya-
ges dictées par les saisons. Saison des eaux, de la montagne, de la mer… Le mot “tou-
risme” n’apparaît dans le Larousse qu’en 1877 avec une définition laconique :“Tou-
risme : goût, habitude de touriste”. Alors que dans sa démarche heuristique, Boyer


10
Le tourisme : Essai de définition



(2003,Boyer,1999,Lorcin,1999) veut comprendre le tourisme et “recherche des faits
qui ont compté, qui ont marqué dans le passé, qui sont porteurs d’avenir, ceux qui
sont occultés dans une analyse préconçue”. Il établit que le tourisme est une créa-
tion de l’histoire contrairement au loisir qu’il considère avec Dumazedier (1962)
comme l’enfant de l’ère industrielle. “Il est un aspect paradoxal de la société indus-
trielle. Son évolution socioculturelle n’obéit pas aux tendances de la demande – on
n’usera pas du langage mercatique réducteur – mais elle est faite de démarrages suc-
cessifs,d’inventions paradoxales,de montée en force d’acteurs du tourisme et des ré-
gions réceptives”. D'ailleurs l’origine historique de la définition du mot “Tourisme”
est, encore de nos jours, le point de départ de nombreux ouvrages sur le tourisme
(Boyer, 2003, Kerourio, 2004, Leiper, 1993,Williams, 2004). Au XVIIIe siècle, le “grand
Tour”des aristocrates anglais pour parfaire leur éducation a permis à l’aristocratie an-
glaise de dominer l’aristocratie continentale par son ouverture culturelle,même si les
Normands et les Romantiques se sont moqués des touristes anglais au cours du XIXe.
Force est de tenir compte de la dimension socioculturelle ainsi que de son ancrage
dans l’histoire des cultures, pour appréhender l’évolution du tourisme. En fait jus-
qu’en 1930 le tourisme est un art et de plus “il est né saisonnier” (Boyer, 2003). Deux
académiques suisses en 1942 Huntziger et Krapf (Burkart et Medlik, 1974) donnent
leur définition :“Le tourisme est l’ensemble des relations et des phénomènes qui ré-
sultent du voyage et du séjour des personnes, le lieu de séjour n’étant ni le lieu de
travail ni le domicile principal permanent”. Cette définition sera d’ailleurs retenue
par la Commission consultative fédérale pour le tourisme à Berne en 1979. Si McIn-
tosh (1977) réintroduit la composante qualitative qui existait à la fin du XIXe siècle
dans sa version “Tourism can be define as The science,Art and Business of attracting
and transporting visitors,accommodating them and graciously catering to their needs
and wants”, son approche exclue des éléments essentiels comme l’élément humain,
spatial, temporal identifiés par Wahab (1975). Dans la même ligne, Jafari (1977) pro-
pose d’inclure les éléments comme les touristes, l’industrie du tourisme, les hôtes et
également les impacts sur l’environnement physique, économique et socioculturel
des hôtes.Pourtant cette approche est jugée trop vague dans la définition du concept
du “touriste” et trop étroite dans l’élément spatial (Leiper, 1979). Chaque chercheur
complète ou modifie la définition de ces prédécesseurs mais le problème pour défi-
nir le tourisme vient principalement des différentes perspectives d’analyse du tou-
risme. D’après Allcook (1988), la multidisciplinarité du tourisme et le manque d'in-
térêt porté au tourisme par ces disciplines sont à l’origine de ce manque d’adhésion
à une ligne commune.




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2.Tourisme multi disciplines ou discipline
Plusieurs chercheurs confirment que le tourisme est sous théorisé (Llewellyn et
Kopachevsky, 1994) (Liburd, 2002). Il y a donc un véritable problème et challenge
pour formaliser le tourisme “Under-theorised, eclectic and disparate” (Liburd, 2002).


2.1. Partisans de l’approche “multidisciplines”
Si dans son édition “Tourism” en quatre volume,Williams (2004) affirme que le tou-
risme est devenu une discipline en lui-même une “free-standing area” il se contredit
quand il assure que le tourisme est devenu un centre d'intérêt pour plusieurs disci-
plines académiques telles que : - Géographie - Sociologie et Anthropologie - Marke-
ting - Economie - Psychologie. Leiper (1979), par la création de son système à cinq fa-
cettes qui opèrent dans un très large environnement représentant les multiples
disciplines, adhère à cette vision.


                                      The broader environments:
                                  physical, cultural, social, economic,
                                         political, technological




                  Tourist      Departing                           Tourists   Tourist
                               Tourists
                                                                   Arriving
                  Generating                                                  Destination
                                                                   and
                               Returning
                  Regions      Tourists                            Staying    Regions




          Tourist industry



                   Fig 1 : The Tourism System, Leiper Neil 1979

Britton (1991) critique l'approche géographique qui prévaut bien que celle de Cazes
(1992) donne un éclairage intéressant. Il envisage d’autres disciplines possibles que
la géographie comme Dann et Cohen (1991). Cela confirme que Boyer (2003), assu-
rant “Aucune discipline ne peut prétendre, seule, en faire une approche pertinente,
quoi qu’en disent certains auteurs”, appréhende judicieusement l’épistémologie du
tourisme.Pour lui elle doit être “orientée par sa philosophie (où est l’essence du phé-
nomène ?),son histoire (quand,où,dans quelles conditions le tourisme est-il apparu ?)
et son eschatologie (sa finalité)”. Le problème d'unifier les théories pour théoriser la
discipline tourisme viendrait de la diversité des perspectives possibles.




12
Le tourisme : Essai de définition



2.2. Partisans de l’approche “discipline”
Il n’y a toujours pas de concept faisant l'unanimité des chercheurs pour donner une
définition de la discipline du tourisme. Pourtant quelques chercheurs ont créé des
modèles conceptuels (Mathieson et Wall, 1982, Mill et Morrison, 1985, Pearce, 1989)
(McKercher, 1999) (Liburd, 2002) mais sans grand succès. Bertalanffy (1972) a essayé
de définir le système du tourisme comme “un set d’éléments ayant des relations en-
tre eux et avec les environnements… une façon de voir les choses qui étaient trop
observées ou vues dans le passé et dans un sens c'est une maxime méthodologique”.
Gunn (1972), pour sa part, étudie cinq composantes :“(1) people - in a market area
with desire and ability to participate ; (2) attractions… offer activities for user parti-
cipation ; (3) services and facilities… for users/support the activities ; (4) transporta-
tion… moves people to and from the attraction destinations ;and (5) information and
direction… assists users in knowing, finding, enjoying”. Cependant l’erreur du sys-
tème de Gunn ainsi que des autres auteurs est de réduire le tourisme à ses principa-
les composantes et de définir un modèle fonctionnel et linéaire liant les différents
éléments. Ces modèles du système global du tourisme présentent un degré de sim-
plicité exagéré, le degré de complexité étant beaucoup plus important puisque tou-
chant entre autre, l'économie, la culture, le domaine social par les liens très nomb-
reux entre hôtes et fournisseurs de services et de produits. Moore, Cushman,
Simmons (1995) défendent une approche post moderne de la notion de discipline :
possédant nécessairement un niveau jugé essentiel d'intégrité théorique.Tribe (1997)
ne se trompe pas quand il affirme que la multidisciplinarité provoquée par le dyna-
misme et la diversité du tourisme “devient une vertu et non pas une faiblesse”et qu’il
y a un manque de communication entre les disciplines.



3. Dissonance dans l’interprétation des concepts
Cette insuffisance de dialogue pour appréhender la complexité du tourisme,se cons-
tate dans les discordances sur les définitions des concepts composant le tourisme.
Gilbert (1990) résume le point de vue de plusieurs auteurs “a single term that desi-
gnate a variety of concepts”.Williams pose également ce problème (Williams, 2004)
pour plusieurs concepts comme le touriste, l’industrie ou même les loisirs.


3.1. Qu’est ce qu’un touriste ?
La structure de la demande ne représente aucune homogénéité même si différentes
typologies ont été établies par différents auteurs (Cathelat, 1991, Chadwick, 1987).
Certains auteurs (Boyer, 2003, Cohen, 1979b, 1979a) réfutent cette classification ri-
goureuse et l’unanimisme dont elle fait preuve, une personne pouvant être simulta-
nément plusieurs types de touristes.L’idiosyncrasie influençant le comportement des
touristes doit être également prise en considération.Autre concept majeur soulevant
la discussion : la définition d’une industrie permet elle de considérer le tourisme
comme une industrie ?

                                                                                       13
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3.2. Le Tourisme est il une industrie ?
Beaucoup de publications donnent pour acquis qu'il y a une industrie du tourisme.
Pour Leiper (1979),l’industrialisation en elle-même ne présente que peu d’intérêt.Le
degré d'industrialisation est par contre une dimension très importante depuis 1950.
Leiper parle de tendance à long terme car le degré d’industrialisation augmente et
provoque de grand changements : Economique, social, culturel, technologique, en-
traînant de nouvelles formes de “l'industrie”. Cependant il reconnaît que le tourisme
possède des facteurs particuliers limitant tout de même le degré d'industrialisation.
En économie une industrie est décrétée par un produit homogène (Nobbs, 1975). L’-
homogénéité du produit requise, devrait permettre d’exclure le tourisme de la défi-
nition d’une industrie. Cependant certains auteurs se réfèrent à la définition du pro-
duit de Medlik et Middleton (1973) : Le produit est un amalgame de plusieurs
composantes. Etant donnée une évolution vers des productions de produits hétéro-
gènes, surtout dans le tertiaire, les entreprises peuvent être classées dans une indus-
trie en les groupant selon la plus notable des caractéristiques communes (Nobbs,
1975). Mais Kaiser et Helber (1978) affirment que “le tourisme est en réalité une col-
lection d'industries, entreprises, ressources et attractions… Bien que le tourisme as-
sume des proportions économiques importantes, une industrie, au sens littéral du
terme, qui n'a jamais été matérialisée”. Pour Boyer (2003) il s’agit d’un “Contresens :
le tourisme est un secteur de services ; il ne transforme pas des matières premières
qui seraient l’eau, l’air, la neige ; il ne transporte pas de produits. Le touriste consom-
mateur vient à lui”. De plus, pour les infrastructures, l’appellation “l’industrie touris-
tique” lui semble inappropriée car il s’agit d’une production d’un “produit intangi-
ble”,en fait un service.Il faut également considérer la fragmentation des producteurs,
ainsi que des activités associées (Tremblay,1998).Même Leiper (1993) s’interroge sur
les limites de “l’industrialisation du tourisme” puisqu’il pose la question :“Comment
séparer la partie industrielle de la partie non industrielle du tourisme ?”.


3.3. Différence entre tourisme et loisir
Une autre facette de la problématique de l’industrie, et qui prend toute son impor-
tance pour la restauration, est celui de l'identification des structures de production.
En effet “Il y a donc abus de langage à placer parmi les métiers du tourisme la tota-
lité du secteur HO RE CA8,… comme le font les statistiques officielles, ou même la
totalité des agences de voyages,qui font la majeure part de leur chiffre d’affaires dans
la billetterie” (Boyer, 2003). Papadopolis (1986) observe également que les locaux
achètent également les produits offerts aux touristes. Cazes (1992) dans l’identifica-
tion du système fonctionnel du tourisme analyse le système commercial en “négli-
geant” les acteurs locaux qui pour lui ne sont pas pour la plupart “directement pro-
moteurs ou gestionnaires de tourisme”. Leiper (1993) relève cette difficulté pour
identifier les frontières du segment tourisme à l'intérieur du marché du voyage
“Travel Market” car les “services and facilities” sont utilisés conjointement par les
touristes et les autres voyageurs ainsi que les locaux. Pour lui, il faudrait spécifier le
8
    Hôtels, Restaurants, Cafés


14
Le tourisme : Essai de définition



nombre d’industries connectées avec le tourisme pour éviter les confusions. En effet
ne devraient être considérées comme dépenses liées au tourisme (désir de mesurer
les dépenses touristiques) que les dépenses des touristes. Difficile dans les entrepri-
ses qui fournissent et servent à la fois des touristes ainsi qu’en majorité les locaux ou
voyageurs (non touristes) comme les services publics, les boutiques, beaucoup de
restaurants, spectacles etc… (Leiper, 1993).

Une différence entre le tourisme et les loisirs faite par certains chercheurs (Boyer,
1999,Williams, 2003) est judicieuse puisque beaucoup d’éléments concernent aussi
bien le tourisme que les loisirs (Cazes, 1992). Cazes (1992) a conçu un schéma pour
identifier les divergences entre ces deux concepts et mettre en exergue deux “varia-
bles discriminantes” essentielles : le déplacement et la durée.

                                Temps de vie


           Temps de travail                         Temps libéré

                                        Temps contraint           Temps libre

      Lieu fixe                                           Loisir        Pratiques diverses
                                                                          Éducation,
                                                                            travail,
                                             Au domicile                 militantisme,
                                                                          animation,
                                                                             Santé,
  Déplacement                                                          pèlerinage, cure,
                                                                        visite familles,
    Voyage                                                                    etc.
                        Tourisme
                        d’affaires                   A l’extérieur

                 Réunions, missions, etc.
                                                Loisir            Loisir
                                                              Non touristique

                       Quotidien Hebdomadaire/week-end                Saisonnier
                     Excursionniste   Court séjour                     Vacances


       Fig 2 : Schéma simplifié des temps et des catégories principales
                d’activités de loisir-tourisme, Georges Cazes 1992

Boyer (2003, 1999) a identifié également une différence dans l’origine du tourisme
et des loisirs ainsi que dans leur mécanisme de mutation. Le tourisme répond à une
logique d’évènements exogènes alors que les loisirs répondent à une logique d’évè-
nements mercatiques endogènes. Cette confusion de concept entre tourisme, loi-
sir(s) et “recreation”participe grandement à la cacophonie et le manque de clarté de


                                                                                           15
n°3




la définition du tourisme (Boyer, 2003). En sociologie Urry (1994, 1990) se penche
sur le sujet et admet que les recherches pour comprendre la sociologie des loisirs
sont plus importantes que celles sur le tourisme. Cela implique donc pour lui une di-
chotomie entre le tourisme et les loisirs. Mais est-il nécessaire d'uniformiser les théo-
ries à l'intérieur d'un supra paradigme pour valider le statut de discipline du tou-
risme ? La complexité des concepts et éléments qui composent le tourisme ne
supporte pas cette approche.



4.Théories et paradigmes

4.1. Théories : Analogie et Chaos
Plusieurs chercheurs ont appréhendé le tourisme à l’aide de théories diverses issues
de nombreux domaines.Trois exemples congrus sont relevés ici.

• Murphy (1985) a créé une analogie pour expliquer le fonctionnement du tourisme
  et appliquer sa théorie au développement et la compréhension de la relation client
  fournisseur “living écosystem”.

• Cazes (1992) souligne la diversité et la complexité de l’“objet tourisme” :“c’est évo-
  quer à la fois des mouvements et des moyens techniques, des itinérances et des sé-
  dentarisations, de l’agrément, des modes et des obligations, des institutions, des en-
  treprises et des transactions commerciales, des espaces parcourus et d’autres
  investis jusqu’à la saturation, des hommes et des conduites multiples”. Il suggère
  d’approcher le tourisme comme un “paramètre” comprenant une juxtaposition de
  huit éléments : • les activités, • les fonctions thérapeutiques du loisir et du tourisme
  [pour lesquelles J. Dumazedier, dans identifie trois fonctions libératrices, les 3 D
  (Boyer, 2003) le délassement, la distraction, le développement], •les fonctions so-
  ciales du tourisme, • le rôle social du tourisme, • l’identification du tourisme par la
  migration, • l’identification par le statut social ou le type de société, • l’identifica-
  tion par la distance parcourue, • les équipements touristiques. Cette approche de
  la complexité et de la diversité du tourisme rejoint celle de Williams (2004) pré-
  conisant de prendre en compte tous les éléments depuis la planification du voyage
  jusqu’à la partie post voyage (photos, home cinéma, etc…) en incluant l’expé-
  rience.

• Dans cette ligne, Mc Kercher (1999), propose une alternative : la théorie du Chaos
  (Lewin, 1993). Il identifie le tourisme comme un système vivant dans lequel de
  nombreux ingrédients contribuent à créer des richesses et des relations complexes
  et variées. Il oppose la complexité du tourisme à la simplification, la détermination
  et la linéarisation des modèles qui croient permettre la planification du tourisme
  par les intervenants majeurs. Il refuse la vision Newtonienne du tourisme mais ce
  modèle chaotique a principalement pour but d’alimenter le débat intellectuel.


16
Le tourisme : Essai de définition



4.2. Paradigmes
Quelques chercheurs préfèrent l’interprétation par paradigme.

Un paradigme présente quatre fonctions :“Définir les concepts, déterminer les pro-
blèmes importants, trouver la meilleure méthodologie, définir le cadre d’interpréta-
tion des résultats obtenus” (Boyer, 2003).

Boyer (2003), suggère d’utiliser le “Paradigme culturaliste” :“Tourisme, ensemble des
phénomènes résultant du voyage et de séjour temporaire de personnes hors de leur
domicile quand ces déplacements tendent à satisfaire, dans le loisir, un besoin cultu-
rel de la civilisation industrielle”. Le tourisme nécessite une approche spécifique
“avec de fortes racines (l’Histoire), une immersion dans l’environnement sociocul-
turel, et une sensibilité à la conjoncture. Quelle est la nature du tourisme ? Quelle est
la meilleure méthodologie d’approche ?”. Le sens du mot culture pour Boyer
(1999) est celui sociologique de “participation, échange, processus” qui fait de la
“communication” une “démarche de culture”. Cependant sa croyance d’une promo-
tion socioculturelle des plus démunis par le tourisme s’estompe devant sa nouvelle
représentation manichéenne et mercatique du tourisme. Sa vision est en partie infir-
mée par les conséquences sur le tourisme,du passage de la condition moderne à post
moderne.La plus intéressante est l’évolution d’une approche de production de masse
vers une production individualisée. Cela provoque plus de segmentation et de flexi-
bilité avec une accentuation du sur mesure (Ioannides et Debbage,1997,Urry,1994).
Cependant d’autres conséquences confirment sa clairvoyance comme, l’émergence
de nouvelles forme de tourisme. Les attractions “traditional” diminuent progressive-
ment d’intérêt au profit de nouvelles formes connues comme les “Mall”, parcs à thè-
mes, sites industrialisés réhabilités (Rojek, 1998,Terkenli, 2002). Mais en fait ce n’est
qu’une survivance de “l’old tourism” et Ritzer (1996) parle de “McDonaldization the-
sis”en désaccord avec Urry (1994). La McDonaldization est synonyme de croissance,
efficacité, prévisibilité, domination des centralisations et des technologies non hu-
maines. Elle appuie la dérive identifiée par Boyer. Certains, comme Butler (1992) et
Wheeler (1993), identifient les risques et les limites de cette forme de tourisme. L’é-
volution paradoxale du tourisme entre une McDonalization et le sur-mesure confirme
les risques de perturber son développement dans la direction du tourisme alternatif
ou “New tourism”défini par Diamantis (1999) et Reynolds (2001).Autre adepte de la
voie du paradigme, l’Ecole Québécoise de l’université de Montréal (Bodson et Staf-
ford, 1988, Stafford, 1988), étudie la téorologie ou science du tourisme. Selon elle, les
chercheurs ne peuvent progresser qu'en élaborant et en raffinant des paradigmes qui
orienteront leurs travaux. Le paradigme économique devrait également être appré-
cié partiellement ou sous une forme adaptée à la spécificité du tourisme. Bodson et
Stafford (1988) ont étudié la place de l'économie dans la recherche en tourisme et
ont identifié que l’utilisation des sciences économiques, fiable par des facteurs mé-
thodologiques, techniques et politiques pouvait être efficace dans trois types d'ap-
proches : descriptive, opérationnelle, explicative. Cependant pour surmonter les
contraintes des différents niveaux d’opération (macro et micro-économique) il
faudrait développer des instruments d’analyse plus adaptés au tourisme. De plus


                                                                                      17
n°3




l’exclusion du “tourisme d’affaire” dans la définition basée sur le paradigme cultura-
liste pousse à explorer une association ou combinaison de paradigme.


4.3. Du paradigme au marché
L’étude des différentes définitions élaborées par les chercheurs ou organisations dé-
montre que deux grandes catégories d’approches se dessinent. La catégorie acadé-
mique qui a pour ambition la compréhension et la description du phénomène et la
catégorie opérationnelle qui a pour objectif principal une évaluation et planification
normative. Ces deux catégories prises séparément sont lacunaires. Pourquoi ne pas
essayer de construire des passerelles entre elles en créant une définition se référant
à l’humanisme ? L’analogie avec le “marché” est intéressante à explorer car très sou-
vent, dans les publications des experts du tourisme, la notion de marché est évoquée
dans un contexte général. De plus la difficulté de rassembler sur une définition est
aussi grande que sur le concept du tourisme (Brooks, 1995, Darmon, Laroche et Pé-
trof, 1996) bien que les disciplines concernées soient principalement limitées à la
mercatique et à l’économie.

Un marché

Dans la septième édition du “Marketing Management”, Kotler et Dubois (1992) don-
nent en exemple “le marché touristique en France” en identifiant différents niveaux
de besoins et donc de marché.Ils précisent que “le terme de marché est souvent suivi
d’un qualificatif qui le caractérise : le marché du tourisme est un marché de besoin”.
De la même façon, Boyd,Walker et Larréché (1995) identifie le marché comme “un
ensemble composé : (a) d’individus et organisations, (b) intéressés et désirant ache-
ter un produit particulier afin d’obtenir des bénéfices qui satisferont un besoin et dé-
sir et (c) qui ont les ressources nécessaires pour engager cette transaction”. Leiper
(1993) envisage le tourisme comme un “segment du marché du voyage”. Il relève
cette difficulté d’identifier les frontières du segment tourisme à l'intérieur du marché
du voyage. Mais dans ce cas là, d’après Sawhney (1999) il serait même possible de
parler de “méta marché”du tourisme puisque le consommateur pense en terme d’ac-
tivités (sur le plan cognitif) afin de satisfaire des besoins particuliers. Ces activités
pouvant être “fournies” par des intervenants de différents secteurs.

Sissors (1986) avait décrit le marché sur la base de huit types de données, une fois
établie l’identification par les acheteurs et la classification générique du produit, af-
finée parfois en sous-classes : (1) la taille du marché, (2) la localisation géographique
des acheteurs, (3) la description démographique des acheteurs, (4) les caractéris-
tiques socio psychologiques de l’acheteur, (5) les raisons de l’achat, (6) les acheteurs
et les prescripteurs, (7) les moments des achats, (8) mode d’achat. Il sépare ces huit
éléments en deux catégories : Les attributs physiques du marché et les composantes
du comportement du consommateur. Cependant il suit la nouvelle tendance des an-
nées 1960 (Lewitt,1960) qui se dirige vers des marchés identifiés à travers les besoins
des consommateurs plutôt qu’à travers les produits fussent-ils génériques comme il
le préconise. Forlani et Parthasarathy (2003), après avoir établi un inventaire des dé-

18
Le tourisme : Essai de définition



finitions du marché,aboutissent à une synthèse des visions de plusieurs auteurs.Celle
de Tarondeau et Huttin (2001) est économique et classique : “Il se définit par un pro-
duit ou service… ou par un groupe de clients potentiel… ou par un territoire”.
Brooks (1995) a quant à lui,confirmé deux approches pour la définition du marché :
L’approche marketing appelée “The natural market view” et l’approche dénommée
“enactment” qui tente de déterminer les frontières géographiques des entreprises,
choisies par chaque manager de manière idiosyncrasique, suite aux décisions et ex-
périences précédentes.




            Fig 3 : Schéma d’après Forlani et Parthasarathy, 2003

Cependant Forlani et Parthasarathy (2003) démontrent que l’impact du temps est pri-
mordial pour la composition et le développement d’un marché

Le méta marché du tourisme

Sur la base de ces travaux, le tourisme pourrait être défini comme un méta marché
dans lequel apparaît des marchés de besoins différents,liés au tourisme,ainsi que des
activités diverses qui pourraient être considérées comme des produits élaborés pour
répondre à ces besoins. De nombreux auteurs ont analysé les besoins des consom-
mateurs car ils déterminent l’orientation de leur comportement. Une première sé-
lection d’articles et ouvrages de psychologie (Derbaix et Brée, 2000) particulière-
ment orientée sur le comportement du consommateur, montre l’ampleur et la
complexité des recherches dans ce domaine et permet de retenir comme parangon
une définition d’un besoin :“Un besoin traduit un manque,un vide à combler,un équi-
libre à rétablir. A l’origine de chaque comportement on trouvera toujours,…un ou
plusieurs besoins.Statique par définition,les besoins donnent naissance,lorsqu’ils at-
teignent un certain degré d’insatisfaction, à un ensemble de forces dynamiques, les
motivations, impulsions à agir vers un but déterminé”. Les chercheurs en psycholo-
gie sociale, en sociologie ou anthropologie ont articulé des typologies de besoin des
consommateurs ainsi que les implications sur les comportements. Bien que décriée
pour son manque d’universalité, la pyramide de Maslow (1943) a inspiré Hanna
(1980) dont la typologie est reconnue par des chercheurs actuels (Foxall, 1995,

                                                                                   19
n°3




Laurent et Kapferer, 1986). Des groupes de besoins homogènes liés au tourisme
comme les besoins de détente liés à la villégiature, de nécessité liés au travail ou de
loisirs liés au temps libre permettront d’identifier chaque marché composant le méta
marché du tourisme pour une région donnée. Ces marchés seront délimités par les
paramètres identifiés par Sissors (1986) qui complété par le deuxième indicateur,per-
mettront d’intégrer le normatif et l’humanisme.



  Paramètres retenus pour définir chaque marché composant le méta marché du
  Tourisme

  1. la taille du marché qui permettra d’approcher la demande d’une manière nor-
     mative et quantitative.

  2. les prestataires qui concernent l’Offre (Taille, Structure, organisation, localisa-
     tion géographique, d’un point de vue quantitatif et qualitatif)

  3. la localisation géographique des acheteurs

  4. la description démographique des acheteurs (en prenant en compte les tra-
     vaux de Cazes (1992) sur l’identification du tourisme par la migration et par le
     statut social ou le type de société

  5. les caractéristiques socio psychologiques de l’acheteur

  6. les raisons de l’achat

  7. les acheteurs et les prescripteurs

  8. les moments des achats

  9. mode d’achat



Certains paramètres pourront se recouper pour certains marchés.



Conclusion
A travers l’exploration des définitions du tourisme, ainsi que des différents paradig-
mes, se matérialise la constatation que les chercheurs des sciences humaines se sont
rarement posés la question de l'utilisation de leurs recherches par les entreprises et
organisations actives dans le tourisme. Cette situation est principalement due à la
complexité du tourisme,au manque d'intérêt des chercheurs pour les acteurs du tou-
risme et pour finir à la jeunesse épistémologique de ce domaine. C'est la raison pour


20
Le tourisme : Essai de définition



laquelle les organisations locales et internationales utilisent toujours le paradigme
normatif,même si il ne permet que des comparaisons partielles et peu vérifiables.De
plus dans un environnement économique très dominant, le normatif rassure par ses
modèles mathématiques et sa prédictibilité. Si l’Ecole Québécoise de l'université de
Montréal (Bodson et Stafford, 1988, Stafford, 1988) préconise aux chercheurs de pro-
gresser en élaborant et en raffinant des paradigmes, Boyer (2003) affirme que le tou-
risme nécessite une approche spécifique. Pourquoi ne pas considérer le tourisme
comme un marché et intégrer toutes ses dimensions dans une combinaison de para-
mètres ? Ce travail n'est que l'exorde de l'analogie du tourisme et d'un marché,et sera
testé sur un marché touristique régional afin de vérifier sa viabilité et validité.



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n°3




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Le tourisme : Essai de définition



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Définition du tourisme

  • 1. Cet article est disponible en ligne à l’adresse : http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=MAV&ID_NUMPUBLIE=MAV_003&ID_ARTICLE=MAV_003_0007 Le tourisme : essai de définition par Christine demen MEYER | Management Prospective Editions | Revue management et avenir 2005/1 - N° 3 ISSN 1768-5958 | pages 7 à 25 Pour citer cet article : — Meyer C., Le tourisme : essai de définition, Revue management et avenir 2005/1, N° 3, p. 7-25. Distribution électronique Cairn pour Management Prospective Editions. © Management Prospective Editions. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
  • 2. Le tourisme : Essai de définition par Christine Demen Meyer Résumé De nombreuses définitions ont été élaborées au cours des siècles puisque le terme “touring” apparaît en Angleterre dès 1811 et n’a cessé depuis d’être traité par d’éminents spécialistes. Marc Boyer (2003) se penche sur l’épistémologie du tourisme et il affirme que bien souvent ces définitions n’ont été construites qu’autour de paradigme nomina- liste. Les chercheurs doivent affronter un véritable problème et chal- lenge car le tourisme est sous-théorisé. Pourtant des chercheurs ont créé des modèles conceptuels mais sans grand succès. Le problème pour définir le tourisme vient principalement de la multidisciplinarité du tourisme. D’après Marc Boyer (2003) l’épistémologie du tourisme doit être “orientée par sa philosophie,son histoire et son eschatologie”. Mais est-il nécessaire d'uniformiser les théories à l'intérieur d'un supra paradigme pour valider le statut de discipline du tourisme ? Pour Tribe (1997) la multidisciplinarité du tourisme est une “vertu”. D’après Williams (2004) chaque concept pose un problème pour sa définition. Qu’est ce qu’un touriste ? Le tourisme est il une industrie ? Plusieurs chercheurs ont proposé d’appliquer au tourisme des théories diverses comme Mc Kercher (1999) avec la théorie du chaos. Boyer (2003), suggère d’utiliser le “Paradigme culturaliste”. L’Ecole québécoise de l’université de Montréal (Bodson et Stafford, 1988, Stafford, 1988) dans leur approche de la téorologie,ou science du tourisme préconisent aux chercheurs de chercher à raffiner des paradigmes qui orienteront leurs travaux. Si les québécois (Bodson et Stafford, 1988) ont intégré les sciences économiques dans leurs recherches sur le tourisme, les diffé- rents niveaux d’opération macro et micro économique nécessitent des instruments d’analyse adaptés aux spécificités du tourisme. Pourquoi ne pas considérer le tourisme comme un méta marché (approche humaniste et économique) et ne pas essayer de le définir en utilisant les données essentielles nécessaires à le décrire comme proposés par différents auteurs. Cette communication propose d’utiliser des para- mètres issus des différentes approches d’un marché afin de définir le méta marché du tourisme. Abstract For centuries, many definitions of tourism have been elaborated. Since the term “touring”was introduced in England in 1811, it has not ceased to be treated by eminent specialists. Marc Boyer (2003) considers the epistemology of tourism and he states that quite often definitions have only been built around nominal paradigms. Researchers have to face a real problem and challenge, as not many theories of tourism have been 7
  • 3. n°3 developed. The problem in defining tourism comes mainly from the multidisciplinary character of this subject. According to Marc Boyer (2003), the epistemology of tourism must “be directed by its philos- ophy, its history and its eschatology”. But is it really necessary to stan- dardize theories into one “super-paradigm” in order to validate the statute of tourism as a discipline ? For Tribe (1997),the multidisciplinary nature of tourism is a virtue.According to Williams (2004) each concept poses a problem as regards its definition.What is a tourist ? Is tourism an industry ? McKercher (1999) proposes applying to tourism, which he considers as a living system, the principle of the theory of chaos. Boyer (2003), suggests the use of the “culturalist paradigm”. In its approach to teorology,the Quebec School of the University of Montreal (Bodson and Stafford,1988,Stafford,1988) recommend the researchers to refine the paradigms which will direct their work. If the Quebeckers (Bodson and Stafford, 1988) have integrated economic science into their research on tourism, the various levels of macro- and micro- economics require the use of instruments of analysis which are adapted to the specific characteristics of tourism.Why not consider tourism as a meta market (the humanistic and economic approach) and not try to define it by using the “necessary data” as proposed by various authors ? This paper proposes the identification of the best market parameters to defining the tourism meta market. Comment définir le tourisme ? Une multitude de définitions et d’appréhensions du phénomène touristique existent mais curieusement la définition du tourisme comme marché est un domaine peu déchiffré en gestion. Leiper (1979) souligne le peu d'in- térêt de la part des académiques jusqu'à ce jour. Il rappelle les deux camps d’ensei- gnement identifiés par Buck (1978) qui sont la gestion d’entreprise et le développe- ment économique s’affrontant pour définir le tourisme ainsi que les organisations gouvernementales.Il dégage trois approches “économique”,“technique”,“holistique” qui seront retenues pour cerner les définitions existantes même si par la suite, Lei- per (1993) a identifié trois niveaux de définitions : la notion populaire, le niveau heu- ristique, qui donne naissance au niveau académique, puis le niveau technique (bases légales et administratives).Dans la même ligne Boyer (2003),affirme :“le tourisme est perçu comme objet d’estimations statistiques : c’est un ensemble de consommation de biens et de services liés aux déplacement des personnes qualifiées de touristes”. Il met en exergue que l’essai de définitions conceptuelles est très tardif alors qu’en 1937 déjà, les statisticiens de la SDN établissent la différence entre voyages et ex- cursions : L’inventaire des définitions est donc une étape indispensable dans l’élabo- ration de la définition du tourisme la mieux adaptée aux sciences de gestion. 1 Société des nations 8
  • 4. Le tourisme : Essai de définition 1. Définition 1.1. Définitions techniques Pour faire suite aux définitions des statisticiens et pour permettre la mesure du phé- nomène touristique, l’AIEST2, en 1954, a complété la définition de la SDN avec une notion de déplacement (Spatt, 1975). Puis en 1963 (I.U.O.T.O, 1963)3, la Conférence des nations unies a identifié officiellement deux catégories de visiteurs “les touristes et les Excursionnistes” (Seydoux, 1983). Cette classification a été reprise par les or- ganismes supranationaux O.M.T4 ou OCDE5. La dernière définition adoptée par l’O.M.T. et la Commission statistique des Nations Unies (2000) tient en théorie lieu de référence pour l’ensemble des pays membres : “Les activités déployées par les personnes au cours de leur voyages et de leurs séjours dans les lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année, à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs”. Cependant comme il ne s’agit que de recommandations,chaque pays précise ses pro- pres concepts selon ses spécificités, d’où une certaine cacophonie. Comme exemple citons la France, qui dès 1950, fait une distinction entre les vacances et les autres sé- jours.Alors que jusqu’en 1994 l’INSEE6 a utilisé cette distinction, en 1994-1995 la SO- FRES7 (enquête annuelle) se base sur les concepts de visiteurs. Il n'y a plus de dis- tinction entre l'été et l'hiver ni selon la durée du séjour, ce qui produit une impossibilité de comparaison avec avant 1994. Le Canada définit quant à lui, très pré- cisément un rayon de 80 kilomètres pour qu’un canadien soit considéré comme un touriste à la condition qu’il n’ait pas traversé une frontière internationale mais la plu- part des pays se contentent d’une définition plus imprécise du touriste.“L’erreur est à la base :s’être préoccupé du comment ? (Comment compter les touristes) avant d’a- voir dit pourquoi ?” (Boyer, 2003).“Les définitions actuelles tombent dans le piège de l’énumération et de la définition de ce qu’est et n’est pas un touriste” (Boyer, 2003, 1999). Depuis 1930 les pays cherchent à mesurer le tourisme en vue d'uniformisa- tion des statistiques et de démarquer les “touristes” des autres voyageurs mais sans aucune homogénéité entre les pays ni dans leurs propres systèmes qui subissent des modifications régulières de critères ce qui empêche toute comparaison rigoureuse. 2 Association internationale des experts scientifiques du tourisme 3 International Union of tourism Organizations 4 Organisation Mondiale du Tourisme 5 Organisation for Economic Co-operation and Development 6 Institut national de la statistique et des études économiques 7 Institut d’études marketing et d’opinion créée en France en 1963,à l'initiative de Pierre WEILL,son Président actuel 9
  • 5. n°3 1.2. Définitions économiques Les définitions économiques sont celles qui permettrent de construire les comptes satellites de la balance touristique des pays et ne présentent également aucune co- hérence.Prenons quelques exemples.En Suisse,depuis 1998,le “compte satellite tou- risme” détermine les effets économiques directs du tourisme et n’est que le fruit d’une reconstitution de l’information (Fédération suisse de tourisme, 2004). Cepen- dant les dépenses des personnes habitant en zone frontalière sont intégrées dans la balance touristique ainsi que les séjours à l’hôpital des touristes étrangers en Suisse ce qui n’est pas le cas de tous les autres pays. Sans compter que les statistiques de l’- hôtellerie, secteur représentant l’épine dorsale de la branche du tourisme, ne serons absolument pas comparables entre 2004 et les années précédentes et suivantes. En effet une décision de l’Office fédéral des statistiques a provoquée l’interruption de la récolte des données et les organisations touristiques concernées ont mis sur pied une nouvelle structure pour reprendre le flambeau dès 2005 (Renner-Bach, 2004). Les comptes satellites de certains pays, comme la Suisse, affirment prendre en compte les revenus directs du tourisme mais les nuitées de la para-hôtellerie géné- rées par les propriétaires ne sont pas prises en compte. Un exemple comme la sta- tion de ski de Verbier permet de constater le décalage entre la réalité et les données officielles puisque dans cette station un grand nombre de propriétaires ne loue pas leurs logements. Pourtant ils y passent leurs vacances. Cette statistique a même été supprimée de 1992 à 1996 (Fédération suisse de tourisme, 2004). En France, les comptes satellites sont affirmés comme homogènes depuis 1990 mais une refonte est en cours pour les rendre conformes aux normes internationales conseillées (Dé- légué au Tourisme Ministère Ministère,2004).Dans son rapport sur les comptes le mi- nistère admet que la “méthode d’estimation des volumes d’arrivées et des nuitées des touristes non résidents en France” est modifiée en janvier 2002. Au Canada, les dé- penses touristiques sont “corrigés pour tenir compte des variations saisonnières”(ca- nadienne du tourismeCommission, 2004). 1.3. Définitions holistiques Aux Etats Unis, Dean Mac Cannell (1976) propage les idées de son prédécesseur Ve- blen (1899) et relève la méconnaissance de la quête de sens du tourisme. Mac Can- nell décrit un mécanisme purement culturel,l’imitation,puisque le tourisme a diffusé par le bas à travers la mode (d’abord à la classe moyenne, puis à la masse dans les an- nées 1960). Cette approche n'est pas connue en Europe avant 1970 et durant la pre- mière partie du XXe siècle, seule une description du phénomène prévaut. Une ap- proche diachronique permet de constater cette évolution en Europe depuis les premières apparition des définitions dans les dictionnaires jusqu’aux dernières pu- blications européennes. Les premières définitions du Littré (1872) et du Larousse (1874) éclairent la typologie du touriste : désœuvré et ayant des habitudes de voya- ges dictées par les saisons. Saison des eaux, de la montagne, de la mer… Le mot “tou- risme” n’apparaît dans le Larousse qu’en 1877 avec une définition laconique :“Tou- risme : goût, habitude de touriste”. Alors que dans sa démarche heuristique, Boyer 10
  • 6. Le tourisme : Essai de définition (2003,Boyer,1999,Lorcin,1999) veut comprendre le tourisme et “recherche des faits qui ont compté, qui ont marqué dans le passé, qui sont porteurs d’avenir, ceux qui sont occultés dans une analyse préconçue”. Il établit que le tourisme est une créa- tion de l’histoire contrairement au loisir qu’il considère avec Dumazedier (1962) comme l’enfant de l’ère industrielle. “Il est un aspect paradoxal de la société indus- trielle. Son évolution socioculturelle n’obéit pas aux tendances de la demande – on n’usera pas du langage mercatique réducteur – mais elle est faite de démarrages suc- cessifs,d’inventions paradoxales,de montée en force d’acteurs du tourisme et des ré- gions réceptives”. D'ailleurs l’origine historique de la définition du mot “Tourisme” est, encore de nos jours, le point de départ de nombreux ouvrages sur le tourisme (Boyer, 2003, Kerourio, 2004, Leiper, 1993,Williams, 2004). Au XVIIIe siècle, le “grand Tour”des aristocrates anglais pour parfaire leur éducation a permis à l’aristocratie an- glaise de dominer l’aristocratie continentale par son ouverture culturelle,même si les Normands et les Romantiques se sont moqués des touristes anglais au cours du XIXe. Force est de tenir compte de la dimension socioculturelle ainsi que de son ancrage dans l’histoire des cultures, pour appréhender l’évolution du tourisme. En fait jus- qu’en 1930 le tourisme est un art et de plus “il est né saisonnier” (Boyer, 2003). Deux académiques suisses en 1942 Huntziger et Krapf (Burkart et Medlik, 1974) donnent leur définition :“Le tourisme est l’ensemble des relations et des phénomènes qui ré- sultent du voyage et du séjour des personnes, le lieu de séjour n’étant ni le lieu de travail ni le domicile principal permanent”. Cette définition sera d’ailleurs retenue par la Commission consultative fédérale pour le tourisme à Berne en 1979. Si McIn- tosh (1977) réintroduit la composante qualitative qui existait à la fin du XIXe siècle dans sa version “Tourism can be define as The science,Art and Business of attracting and transporting visitors,accommodating them and graciously catering to their needs and wants”, son approche exclue des éléments essentiels comme l’élément humain, spatial, temporal identifiés par Wahab (1975). Dans la même ligne, Jafari (1977) pro- pose d’inclure les éléments comme les touristes, l’industrie du tourisme, les hôtes et également les impacts sur l’environnement physique, économique et socioculturel des hôtes.Pourtant cette approche est jugée trop vague dans la définition du concept du “touriste” et trop étroite dans l’élément spatial (Leiper, 1979). Chaque chercheur complète ou modifie la définition de ces prédécesseurs mais le problème pour défi- nir le tourisme vient principalement des différentes perspectives d’analyse du tou- risme. D’après Allcook (1988), la multidisciplinarité du tourisme et le manque d'in- térêt porté au tourisme par ces disciplines sont à l’origine de ce manque d’adhésion à une ligne commune. 11
  • 7. n°3 2.Tourisme multi disciplines ou discipline Plusieurs chercheurs confirment que le tourisme est sous théorisé (Llewellyn et Kopachevsky, 1994) (Liburd, 2002). Il y a donc un véritable problème et challenge pour formaliser le tourisme “Under-theorised, eclectic and disparate” (Liburd, 2002). 2.1. Partisans de l’approche “multidisciplines” Si dans son édition “Tourism” en quatre volume,Williams (2004) affirme que le tou- risme est devenu une discipline en lui-même une “free-standing area” il se contredit quand il assure que le tourisme est devenu un centre d'intérêt pour plusieurs disci- plines académiques telles que : - Géographie - Sociologie et Anthropologie - Marke- ting - Economie - Psychologie. Leiper (1979), par la création de son système à cinq fa- cettes qui opèrent dans un très large environnement représentant les multiples disciplines, adhère à cette vision. The broader environments: physical, cultural, social, economic, political, technological Tourist Departing Tourists Tourist Tourists Arriving Generating Destination and Returning Regions Tourists Staying Regions Tourist industry Fig 1 : The Tourism System, Leiper Neil 1979 Britton (1991) critique l'approche géographique qui prévaut bien que celle de Cazes (1992) donne un éclairage intéressant. Il envisage d’autres disciplines possibles que la géographie comme Dann et Cohen (1991). Cela confirme que Boyer (2003), assu- rant “Aucune discipline ne peut prétendre, seule, en faire une approche pertinente, quoi qu’en disent certains auteurs”, appréhende judicieusement l’épistémologie du tourisme.Pour lui elle doit être “orientée par sa philosophie (où est l’essence du phé- nomène ?),son histoire (quand,où,dans quelles conditions le tourisme est-il apparu ?) et son eschatologie (sa finalité)”. Le problème d'unifier les théories pour théoriser la discipline tourisme viendrait de la diversité des perspectives possibles. 12
  • 8. Le tourisme : Essai de définition 2.2. Partisans de l’approche “discipline” Il n’y a toujours pas de concept faisant l'unanimité des chercheurs pour donner une définition de la discipline du tourisme. Pourtant quelques chercheurs ont créé des modèles conceptuels (Mathieson et Wall, 1982, Mill et Morrison, 1985, Pearce, 1989) (McKercher, 1999) (Liburd, 2002) mais sans grand succès. Bertalanffy (1972) a essayé de définir le système du tourisme comme “un set d’éléments ayant des relations en- tre eux et avec les environnements… une façon de voir les choses qui étaient trop observées ou vues dans le passé et dans un sens c'est une maxime méthodologique”. Gunn (1972), pour sa part, étudie cinq composantes :“(1) people - in a market area with desire and ability to participate ; (2) attractions… offer activities for user parti- cipation ; (3) services and facilities… for users/support the activities ; (4) transporta- tion… moves people to and from the attraction destinations ;and (5) information and direction… assists users in knowing, finding, enjoying”. Cependant l’erreur du sys- tème de Gunn ainsi que des autres auteurs est de réduire le tourisme à ses principa- les composantes et de définir un modèle fonctionnel et linéaire liant les différents éléments. Ces modèles du système global du tourisme présentent un degré de sim- plicité exagéré, le degré de complexité étant beaucoup plus important puisque tou- chant entre autre, l'économie, la culture, le domaine social par les liens très nomb- reux entre hôtes et fournisseurs de services et de produits. Moore, Cushman, Simmons (1995) défendent une approche post moderne de la notion de discipline : possédant nécessairement un niveau jugé essentiel d'intégrité théorique.Tribe (1997) ne se trompe pas quand il affirme que la multidisciplinarité provoquée par le dyna- misme et la diversité du tourisme “devient une vertu et non pas une faiblesse”et qu’il y a un manque de communication entre les disciplines. 3. Dissonance dans l’interprétation des concepts Cette insuffisance de dialogue pour appréhender la complexité du tourisme,se cons- tate dans les discordances sur les définitions des concepts composant le tourisme. Gilbert (1990) résume le point de vue de plusieurs auteurs “a single term that desi- gnate a variety of concepts”.Williams pose également ce problème (Williams, 2004) pour plusieurs concepts comme le touriste, l’industrie ou même les loisirs. 3.1. Qu’est ce qu’un touriste ? La structure de la demande ne représente aucune homogénéité même si différentes typologies ont été établies par différents auteurs (Cathelat, 1991, Chadwick, 1987). Certains auteurs (Boyer, 2003, Cohen, 1979b, 1979a) réfutent cette classification ri- goureuse et l’unanimisme dont elle fait preuve, une personne pouvant être simulta- nément plusieurs types de touristes.L’idiosyncrasie influençant le comportement des touristes doit être également prise en considération.Autre concept majeur soulevant la discussion : la définition d’une industrie permet elle de considérer le tourisme comme une industrie ? 13
  • 9. n°3 3.2. Le Tourisme est il une industrie ? Beaucoup de publications donnent pour acquis qu'il y a une industrie du tourisme. Pour Leiper (1979),l’industrialisation en elle-même ne présente que peu d’intérêt.Le degré d'industrialisation est par contre une dimension très importante depuis 1950. Leiper parle de tendance à long terme car le degré d’industrialisation augmente et provoque de grand changements : Economique, social, culturel, technologique, en- traînant de nouvelles formes de “l'industrie”. Cependant il reconnaît que le tourisme possède des facteurs particuliers limitant tout de même le degré d'industrialisation. En économie une industrie est décrétée par un produit homogène (Nobbs, 1975). L’- homogénéité du produit requise, devrait permettre d’exclure le tourisme de la défi- nition d’une industrie. Cependant certains auteurs se réfèrent à la définition du pro- duit de Medlik et Middleton (1973) : Le produit est un amalgame de plusieurs composantes. Etant donnée une évolution vers des productions de produits hétéro- gènes, surtout dans le tertiaire, les entreprises peuvent être classées dans une indus- trie en les groupant selon la plus notable des caractéristiques communes (Nobbs, 1975). Mais Kaiser et Helber (1978) affirment que “le tourisme est en réalité une col- lection d'industries, entreprises, ressources et attractions… Bien que le tourisme as- sume des proportions économiques importantes, une industrie, au sens littéral du terme, qui n'a jamais été matérialisée”. Pour Boyer (2003) il s’agit d’un “Contresens : le tourisme est un secteur de services ; il ne transforme pas des matières premières qui seraient l’eau, l’air, la neige ; il ne transporte pas de produits. Le touriste consom- mateur vient à lui”. De plus, pour les infrastructures, l’appellation “l’industrie touris- tique” lui semble inappropriée car il s’agit d’une production d’un “produit intangi- ble”,en fait un service.Il faut également considérer la fragmentation des producteurs, ainsi que des activités associées (Tremblay,1998).Même Leiper (1993) s’interroge sur les limites de “l’industrialisation du tourisme” puisqu’il pose la question :“Comment séparer la partie industrielle de la partie non industrielle du tourisme ?”. 3.3. Différence entre tourisme et loisir Une autre facette de la problématique de l’industrie, et qui prend toute son impor- tance pour la restauration, est celui de l'identification des structures de production. En effet “Il y a donc abus de langage à placer parmi les métiers du tourisme la tota- lité du secteur HO RE CA8,… comme le font les statistiques officielles, ou même la totalité des agences de voyages,qui font la majeure part de leur chiffre d’affaires dans la billetterie” (Boyer, 2003). Papadopolis (1986) observe également que les locaux achètent également les produits offerts aux touristes. Cazes (1992) dans l’identifica- tion du système fonctionnel du tourisme analyse le système commercial en “négli- geant” les acteurs locaux qui pour lui ne sont pas pour la plupart “directement pro- moteurs ou gestionnaires de tourisme”. Leiper (1993) relève cette difficulté pour identifier les frontières du segment tourisme à l'intérieur du marché du voyage “Travel Market” car les “services and facilities” sont utilisés conjointement par les touristes et les autres voyageurs ainsi que les locaux. Pour lui, il faudrait spécifier le 8 Hôtels, Restaurants, Cafés 14
  • 10. Le tourisme : Essai de définition nombre d’industries connectées avec le tourisme pour éviter les confusions. En effet ne devraient être considérées comme dépenses liées au tourisme (désir de mesurer les dépenses touristiques) que les dépenses des touristes. Difficile dans les entrepri- ses qui fournissent et servent à la fois des touristes ainsi qu’en majorité les locaux ou voyageurs (non touristes) comme les services publics, les boutiques, beaucoup de restaurants, spectacles etc… (Leiper, 1993). Une différence entre le tourisme et les loisirs faite par certains chercheurs (Boyer, 1999,Williams, 2003) est judicieuse puisque beaucoup d’éléments concernent aussi bien le tourisme que les loisirs (Cazes, 1992). Cazes (1992) a conçu un schéma pour identifier les divergences entre ces deux concepts et mettre en exergue deux “varia- bles discriminantes” essentielles : le déplacement et la durée. Temps de vie Temps de travail Temps libéré Temps contraint Temps libre Lieu fixe Loisir Pratiques diverses Éducation, travail, Au domicile militantisme, animation, Santé, Déplacement pèlerinage, cure, visite familles, Voyage etc. Tourisme d’affaires A l’extérieur Réunions, missions, etc. Loisir Loisir Non touristique Quotidien Hebdomadaire/week-end Saisonnier Excursionniste Court séjour Vacances Fig 2 : Schéma simplifié des temps et des catégories principales d’activités de loisir-tourisme, Georges Cazes 1992 Boyer (2003, 1999) a identifié également une différence dans l’origine du tourisme et des loisirs ainsi que dans leur mécanisme de mutation. Le tourisme répond à une logique d’évènements exogènes alors que les loisirs répondent à une logique d’évè- nements mercatiques endogènes. Cette confusion de concept entre tourisme, loi- sir(s) et “recreation”participe grandement à la cacophonie et le manque de clarté de 15
  • 11. n°3 la définition du tourisme (Boyer, 2003). En sociologie Urry (1994, 1990) se penche sur le sujet et admet que les recherches pour comprendre la sociologie des loisirs sont plus importantes que celles sur le tourisme. Cela implique donc pour lui une di- chotomie entre le tourisme et les loisirs. Mais est-il nécessaire d'uniformiser les théo- ries à l'intérieur d'un supra paradigme pour valider le statut de discipline du tou- risme ? La complexité des concepts et éléments qui composent le tourisme ne supporte pas cette approche. 4.Théories et paradigmes 4.1. Théories : Analogie et Chaos Plusieurs chercheurs ont appréhendé le tourisme à l’aide de théories diverses issues de nombreux domaines.Trois exemples congrus sont relevés ici. • Murphy (1985) a créé une analogie pour expliquer le fonctionnement du tourisme et appliquer sa théorie au développement et la compréhension de la relation client fournisseur “living écosystem”. • Cazes (1992) souligne la diversité et la complexité de l’“objet tourisme” :“c’est évo- quer à la fois des mouvements et des moyens techniques, des itinérances et des sé- dentarisations, de l’agrément, des modes et des obligations, des institutions, des en- treprises et des transactions commerciales, des espaces parcourus et d’autres investis jusqu’à la saturation, des hommes et des conduites multiples”. Il suggère d’approcher le tourisme comme un “paramètre” comprenant une juxtaposition de huit éléments : • les activités, • les fonctions thérapeutiques du loisir et du tourisme [pour lesquelles J. Dumazedier, dans identifie trois fonctions libératrices, les 3 D (Boyer, 2003) le délassement, la distraction, le développement], •les fonctions so- ciales du tourisme, • le rôle social du tourisme, • l’identification du tourisme par la migration, • l’identification par le statut social ou le type de société, • l’identifica- tion par la distance parcourue, • les équipements touristiques. Cette approche de la complexité et de la diversité du tourisme rejoint celle de Williams (2004) pré- conisant de prendre en compte tous les éléments depuis la planification du voyage jusqu’à la partie post voyage (photos, home cinéma, etc…) en incluant l’expé- rience. • Dans cette ligne, Mc Kercher (1999), propose une alternative : la théorie du Chaos (Lewin, 1993). Il identifie le tourisme comme un système vivant dans lequel de nombreux ingrédients contribuent à créer des richesses et des relations complexes et variées. Il oppose la complexité du tourisme à la simplification, la détermination et la linéarisation des modèles qui croient permettre la planification du tourisme par les intervenants majeurs. Il refuse la vision Newtonienne du tourisme mais ce modèle chaotique a principalement pour but d’alimenter le débat intellectuel. 16
  • 12. Le tourisme : Essai de définition 4.2. Paradigmes Quelques chercheurs préfèrent l’interprétation par paradigme. Un paradigme présente quatre fonctions :“Définir les concepts, déterminer les pro- blèmes importants, trouver la meilleure méthodologie, définir le cadre d’interpréta- tion des résultats obtenus” (Boyer, 2003). Boyer (2003), suggère d’utiliser le “Paradigme culturaliste” :“Tourisme, ensemble des phénomènes résultant du voyage et de séjour temporaire de personnes hors de leur domicile quand ces déplacements tendent à satisfaire, dans le loisir, un besoin cultu- rel de la civilisation industrielle”. Le tourisme nécessite une approche spécifique “avec de fortes racines (l’Histoire), une immersion dans l’environnement sociocul- turel, et une sensibilité à la conjoncture. Quelle est la nature du tourisme ? Quelle est la meilleure méthodologie d’approche ?”. Le sens du mot culture pour Boyer (1999) est celui sociologique de “participation, échange, processus” qui fait de la “communication” une “démarche de culture”. Cependant sa croyance d’une promo- tion socioculturelle des plus démunis par le tourisme s’estompe devant sa nouvelle représentation manichéenne et mercatique du tourisme. Sa vision est en partie infir- mée par les conséquences sur le tourisme,du passage de la condition moderne à post moderne.La plus intéressante est l’évolution d’une approche de production de masse vers une production individualisée. Cela provoque plus de segmentation et de flexi- bilité avec une accentuation du sur mesure (Ioannides et Debbage,1997,Urry,1994). Cependant d’autres conséquences confirment sa clairvoyance comme, l’émergence de nouvelles forme de tourisme. Les attractions “traditional” diminuent progressive- ment d’intérêt au profit de nouvelles formes connues comme les “Mall”, parcs à thè- mes, sites industrialisés réhabilités (Rojek, 1998,Terkenli, 2002). Mais en fait ce n’est qu’une survivance de “l’old tourism” et Ritzer (1996) parle de “McDonaldization the- sis”en désaccord avec Urry (1994). La McDonaldization est synonyme de croissance, efficacité, prévisibilité, domination des centralisations et des technologies non hu- maines. Elle appuie la dérive identifiée par Boyer. Certains, comme Butler (1992) et Wheeler (1993), identifient les risques et les limites de cette forme de tourisme. L’é- volution paradoxale du tourisme entre une McDonalization et le sur-mesure confirme les risques de perturber son développement dans la direction du tourisme alternatif ou “New tourism”défini par Diamantis (1999) et Reynolds (2001).Autre adepte de la voie du paradigme, l’Ecole Québécoise de l’université de Montréal (Bodson et Staf- ford, 1988, Stafford, 1988), étudie la téorologie ou science du tourisme. Selon elle, les chercheurs ne peuvent progresser qu'en élaborant et en raffinant des paradigmes qui orienteront leurs travaux. Le paradigme économique devrait également être appré- cié partiellement ou sous une forme adaptée à la spécificité du tourisme. Bodson et Stafford (1988) ont étudié la place de l'économie dans la recherche en tourisme et ont identifié que l’utilisation des sciences économiques, fiable par des facteurs mé- thodologiques, techniques et politiques pouvait être efficace dans trois types d'ap- proches : descriptive, opérationnelle, explicative. Cependant pour surmonter les contraintes des différents niveaux d’opération (macro et micro-économique) il faudrait développer des instruments d’analyse plus adaptés au tourisme. De plus 17
  • 13. n°3 l’exclusion du “tourisme d’affaire” dans la définition basée sur le paradigme cultura- liste pousse à explorer une association ou combinaison de paradigme. 4.3. Du paradigme au marché L’étude des différentes définitions élaborées par les chercheurs ou organisations dé- montre que deux grandes catégories d’approches se dessinent. La catégorie acadé- mique qui a pour ambition la compréhension et la description du phénomène et la catégorie opérationnelle qui a pour objectif principal une évaluation et planification normative. Ces deux catégories prises séparément sont lacunaires. Pourquoi ne pas essayer de construire des passerelles entre elles en créant une définition se référant à l’humanisme ? L’analogie avec le “marché” est intéressante à explorer car très sou- vent, dans les publications des experts du tourisme, la notion de marché est évoquée dans un contexte général. De plus la difficulté de rassembler sur une définition est aussi grande que sur le concept du tourisme (Brooks, 1995, Darmon, Laroche et Pé- trof, 1996) bien que les disciplines concernées soient principalement limitées à la mercatique et à l’économie. Un marché Dans la septième édition du “Marketing Management”, Kotler et Dubois (1992) don- nent en exemple “le marché touristique en France” en identifiant différents niveaux de besoins et donc de marché.Ils précisent que “le terme de marché est souvent suivi d’un qualificatif qui le caractérise : le marché du tourisme est un marché de besoin”. De la même façon, Boyd,Walker et Larréché (1995) identifie le marché comme “un ensemble composé : (a) d’individus et organisations, (b) intéressés et désirant ache- ter un produit particulier afin d’obtenir des bénéfices qui satisferont un besoin et dé- sir et (c) qui ont les ressources nécessaires pour engager cette transaction”. Leiper (1993) envisage le tourisme comme un “segment du marché du voyage”. Il relève cette difficulté d’identifier les frontières du segment tourisme à l'intérieur du marché du voyage. Mais dans ce cas là, d’après Sawhney (1999) il serait même possible de parler de “méta marché”du tourisme puisque le consommateur pense en terme d’ac- tivités (sur le plan cognitif) afin de satisfaire des besoins particuliers. Ces activités pouvant être “fournies” par des intervenants de différents secteurs. Sissors (1986) avait décrit le marché sur la base de huit types de données, une fois établie l’identification par les acheteurs et la classification générique du produit, af- finée parfois en sous-classes : (1) la taille du marché, (2) la localisation géographique des acheteurs, (3) la description démographique des acheteurs, (4) les caractéris- tiques socio psychologiques de l’acheteur, (5) les raisons de l’achat, (6) les acheteurs et les prescripteurs, (7) les moments des achats, (8) mode d’achat. Il sépare ces huit éléments en deux catégories : Les attributs physiques du marché et les composantes du comportement du consommateur. Cependant il suit la nouvelle tendance des an- nées 1960 (Lewitt,1960) qui se dirige vers des marchés identifiés à travers les besoins des consommateurs plutôt qu’à travers les produits fussent-ils génériques comme il le préconise. Forlani et Parthasarathy (2003), après avoir établi un inventaire des dé- 18
  • 14. Le tourisme : Essai de définition finitions du marché,aboutissent à une synthèse des visions de plusieurs auteurs.Celle de Tarondeau et Huttin (2001) est économique et classique : “Il se définit par un pro- duit ou service… ou par un groupe de clients potentiel… ou par un territoire”. Brooks (1995) a quant à lui,confirmé deux approches pour la définition du marché : L’approche marketing appelée “The natural market view” et l’approche dénommée “enactment” qui tente de déterminer les frontières géographiques des entreprises, choisies par chaque manager de manière idiosyncrasique, suite aux décisions et ex- périences précédentes. Fig 3 : Schéma d’après Forlani et Parthasarathy, 2003 Cependant Forlani et Parthasarathy (2003) démontrent que l’impact du temps est pri- mordial pour la composition et le développement d’un marché Le méta marché du tourisme Sur la base de ces travaux, le tourisme pourrait être défini comme un méta marché dans lequel apparaît des marchés de besoins différents,liés au tourisme,ainsi que des activités diverses qui pourraient être considérées comme des produits élaborés pour répondre à ces besoins. De nombreux auteurs ont analysé les besoins des consom- mateurs car ils déterminent l’orientation de leur comportement. Une première sé- lection d’articles et ouvrages de psychologie (Derbaix et Brée, 2000) particulière- ment orientée sur le comportement du consommateur, montre l’ampleur et la complexité des recherches dans ce domaine et permet de retenir comme parangon une définition d’un besoin :“Un besoin traduit un manque,un vide à combler,un équi- libre à rétablir. A l’origine de chaque comportement on trouvera toujours,…un ou plusieurs besoins.Statique par définition,les besoins donnent naissance,lorsqu’ils at- teignent un certain degré d’insatisfaction, à un ensemble de forces dynamiques, les motivations, impulsions à agir vers un but déterminé”. Les chercheurs en psycholo- gie sociale, en sociologie ou anthropologie ont articulé des typologies de besoin des consommateurs ainsi que les implications sur les comportements. Bien que décriée pour son manque d’universalité, la pyramide de Maslow (1943) a inspiré Hanna (1980) dont la typologie est reconnue par des chercheurs actuels (Foxall, 1995, 19
  • 15. n°3 Laurent et Kapferer, 1986). Des groupes de besoins homogènes liés au tourisme comme les besoins de détente liés à la villégiature, de nécessité liés au travail ou de loisirs liés au temps libre permettront d’identifier chaque marché composant le méta marché du tourisme pour une région donnée. Ces marchés seront délimités par les paramètres identifiés par Sissors (1986) qui complété par le deuxième indicateur,per- mettront d’intégrer le normatif et l’humanisme. Paramètres retenus pour définir chaque marché composant le méta marché du Tourisme 1. la taille du marché qui permettra d’approcher la demande d’une manière nor- mative et quantitative. 2. les prestataires qui concernent l’Offre (Taille, Structure, organisation, localisa- tion géographique, d’un point de vue quantitatif et qualitatif) 3. la localisation géographique des acheteurs 4. la description démographique des acheteurs (en prenant en compte les tra- vaux de Cazes (1992) sur l’identification du tourisme par la migration et par le statut social ou le type de société 5. les caractéristiques socio psychologiques de l’acheteur 6. les raisons de l’achat 7. les acheteurs et les prescripteurs 8. les moments des achats 9. mode d’achat Certains paramètres pourront se recouper pour certains marchés. Conclusion A travers l’exploration des définitions du tourisme, ainsi que des différents paradig- mes, se matérialise la constatation que les chercheurs des sciences humaines se sont rarement posés la question de l'utilisation de leurs recherches par les entreprises et organisations actives dans le tourisme. Cette situation est principalement due à la complexité du tourisme,au manque d'intérêt des chercheurs pour les acteurs du tou- risme et pour finir à la jeunesse épistémologique de ce domaine. C'est la raison pour 20
  • 16. Le tourisme : Essai de définition laquelle les organisations locales et internationales utilisent toujours le paradigme normatif,même si il ne permet que des comparaisons partielles et peu vérifiables.De plus dans un environnement économique très dominant, le normatif rassure par ses modèles mathématiques et sa prédictibilité. Si l’Ecole Québécoise de l'université de Montréal (Bodson et Stafford, 1988, Stafford, 1988) préconise aux chercheurs de pro- gresser en élaborant et en raffinant des paradigmes, Boyer (2003) affirme que le tou- risme nécessite une approche spécifique. Pourquoi ne pas considérer le tourisme comme un marché et intégrer toutes ses dimensions dans une combinaison de para- mètres ? Ce travail n'est que l'exorde de l'analogie du tourisme et d'un marché,et sera testé sur un marché touristique régional afin de vérifier sa viabilité et validité. Bibliographie J. B.Allcock (1988),“Tourism as a sacred journey”, Loisir et Société,Vol. 11, No. 1, p. 33-48. L.V. Bertalanffy (1972),“The History and Status of General Systems Theory”, dans Trends in General System Theory, Klir, G., John Wiley, New York. P. Bodson et J. Stafford (1988),“Le paradigme économique en tourisme”,Vol. 7, No. 3, p. 3-5. H.W. Boyd, O. C.Walker et J. C. Larréché (1995), “Marketing management”, Irwin, Chicago. M. Boyer (2003), “Le tourisme en France”, Editions EMS, Paris. M. Boyer (1999), “Le tourisme en l'an 2000”, Presses universitaire de Lyon, Lyon. S. Britton (1991),“Tourism, capital and Place : towards a critical gegraphy of tourism”, Environment and Planning D : Society and Space,Vol. 9, p. 451- 478. G. R. Brooks (1995),“Defining market boundaries”, Strategic Management journal, Vol. 16, No. 7, p. 535. R. C. Buck (1978),“Towards a Synthesis in Tourism Theory”, Annals of Tourism Research,Vol.V, No. 1, p. 110-111. A. Burkart et S. Medlik (1974), “Tourism : Past, Present, Future”, Heinemann, London. R.W. Butler (1992),“Alternative tourism : the thin end of the wedge”, dans Book Alternative tourism : the thin end of the wedge, John Wiley, Chichester, p. 31-46. 21
  • 17. n°3 B. Cathelat (1991), “Panorama des styles de vie de 1960 à 1990”, étude, Edition d'Organisation. G. Cazes (1992), “Fondements pour une géographie du tourisme et des loisirs”, Bréal, Paris. C. Chadwick (1987),“Concepts, definitions and measures used in travel and tourism research”, dans Travel, Tourism and hospitality research :A handbook for Managers and researchers, Brent Ritchie, J. R. et Goeldner, C., John Wiley, Chichester, p. 47-61. E. Cohen (1979),“A pheomenology of tourist experiences”, Sociology,Vol. 13, p. 179-201. E. Cohen (1979),“Rethinking the sociology of tourism”, Annals of Tourism Research,Vol. 6, No. 1, p. 18-35. C. d. t. Commission,“Indicateurs nationnaux du tourisme”, Canada, 2004. G. Dann et E. Cohen (1991),“Sociology and Tourism”, Annals of Tourism Research, Vol. 18, No. 2, p. 155-169. R.Y. Darmon, M. Laroche et J.V. Pétrof (1996), “Le marketing fondements et applications”, Chenelière/Mc Graw Hill, Montréal. C. Derbaix et J. Brée (2000), “Comportement du consommateur Présentation de textes choisis”,Yves, S., Politique générale, Fianance et Marketing, Econo- mica, Paris. D. Diamantis (1999),“The conceptof ecotourism : evolution and trends”, Current Issues in Tourism,Vol. 2, No. 3, p. 93-122. J. Dumazedier (1962), “Vers une civilisation du loisir ?” Points Civilisation, Seuil, Paris. G. S. Fédération suisse de tourisme, hotelleriesuisse, Office fédéral de la statistique, Suisse Tourisme,“Le Tourisme Suisse en chiffres 2004”, Berne, 2004. D. Forlani et M. Parthasarathy (2003),“Dynamic market definition : an international marketing perspective”, International Marketing review,Vol. 20, No. 2, p. 142-160. G. R. Foxall (1995),“Science and interpretation in consumer research : a radical behaviourist perspective”, European journal of marketing,Vol. 29, No. 9, p. 3-99. D. C. Gilbert (1990),“Conceptual issues in the meaning of tourism”, dans Book Conceptual issues in the meaning of tourism, Belhaven, London, p. 4-27. 22
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  • 19. n°3 D. Mac Cannell (1976), “The Tourist, A new theory of leisure class”, Schocken Book, New York. A. H. Maslow (1943),“A theory of human motivation”, Psychological Review, Vol. 50, p. 370-396. A. Mathieson et G.Wall (1982), “Tourism economic, physical and social impacts”, Longman House, Harlow. R.W. McIntosh (1977), “Tourism : Principles, Practices, Philosophies (second ed.)”, Grid. Medlik, S. and V.T. C. Middletown, Colombus. B. McKercher (1999),“A Chaos approach to tourism”, Tourism Management,Vol. 20, p. 425-434. S. Medlik et V.T. C. Middleton (1973),“The Tourist product and Its Marketing Implications”, International Tourism Quaterly,Vol. 3, p. 28-35. R. Mill et A. Morrison (1985), “The Tourism System”, Prentice Hall, Sidney. D. a.T. Ministère (2004),“Les comptes du tourisme”, Gouvernement. K. Moore, G. Cushman et D. Simmons (1995),“Behavioral conceptualization of tourism and leisure”, Annals of Tourism Research,Vol. 22, No. 1, p. 67-85. P. E. Murphy (1985), “Tourism :A community Approach”, Routledge, London. O. m. d. t. Nations Unies (2000),“Recommandations sur les statistiques du tourisme”, New York. J. Nobbs (1975), “Advanced level of Economics (second ed.)”, McGraw Hill, Maidenhead. I. S. Papadopolis (1986),“The tourism phenomenon : an eximation of important theories and concepts”, Revue de tourisme,Vol. 3, p. 2-11. D. G. Pearce (1989), “Tourist Development”, Longmans, Harlow. J. Renner-Bach (2004), “La statistique de l'hébergement, principal baromètre du tourisme, est sauvé”, Fédération suisse du tourisme. P. C. Reynolds, Braithwaite, D. (2001),“Towards a conceptual framework for wildlife tourism”, Tourism Management,Vol. 22, No. 1, p. 31-42. G. Ritzer (1996), “The McDonalization of Society”, Pine Forge,Thousand Oaks. C. Rojek (1998), “Cybertourismand the phantasmagoria of place”, dans Book Cybertourismand the phantasmagoria of place,Routledge,London,p.33-48. 24
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