Le Briefing de Bruxelles sur le Commerce Agricole Africain dans un environnement en mutation, organisé par le CTA, la Commission européenne/EuropeAid, le Secrétariat ACP, l’IFPRI, Concord et BMZ/GIZ s’est tenu le mercredi 23 octobre 2019 de 9h00 à l’Hôtel Sofitel Bruxelles Europe, Place Jourdan 1, 1040 Bruxelles, en Belgique. Ce Briefing a examiné le commerce agricole de l’Afrique dans un environnement en mutation.
Ce Briefing a apporté diverses perspectives et expériences sur les nouvelles tendances et opportunités du commerce intra-africain dans le contexte des accords de libre-échange et d’intégration régionale. Nous avon aussi présenté le commerce de l’Afrique dans le contexte plus global du commerce mondial et avec l’UE comme l’un des principaux partenaires commerciaux.
Les discussions ont porté sur les tendances et les perspectives du commerce régional en Afrique à la lumière des nouveaux développements politiques ainsi que de la performance récente de l’Afrique sur différents marchés. Des exemples de succès et les modèles innovants en matière de commerce régional dans toutes les régions d’Afrique, ainsi que les enseignements tirés de l’amélioration et de la croissance du commerce régional également ont été présentés.
Briefing 58; - Hanna Saarinen: Investir dans un commerce Agricole inclusive qui bénéficie les producteurs
1. INVESTIR DANS LE COMMERCE
AGRICOLE INCLUSIF ET DANS DES
CHAÎNES DE VALEUR BÉNÉFIQUES POUR
LES PETITS EXPLOITANTS
Briefing de Bruxelles du CTA, 23 octobre
2019
Hanna Saarinen, Oxfam International
2. Contexte et problèmes
• Les petits exploitants ne sont pas suffisamment
reconnus ou soutenus.
• Les politiques publiques privilégient souvent
l'agriculture à grande échelle.
• En général, les petits exploitants ne bénéficient pas
de prix équitables pour les denrées qu'ils produisent ;
leurs revenus ne leur permettent pas de vivre
décemment (« revenu de subsistance »).
• Leurs débouchés commerciaux sont limités et ils sont
exposés à une marginalisation systémique dans
l'accès aux marchés (équitables).
• Les petits exploitants agricoles sont confrontés à un
déséquilibre entre les risques inhérents à l'agriculture
et leur capacité à déterminer leur propre participation
au marché.
Les petits exploitants, qui sont les
principaux investisseurs/acteurs du
secteur privé actifs dans l'agriculture :
• Produisent environ 70 % de
l'approvisionnement alimentaire
mondial ;
• Jouent un rôle essentiel dans la
réduction de la pauvreté rurale ;
• Veillent à la protection et la
reproduction de la biodiversité.
3. Baisse du pouvoir de négociation des petits
exploitants
Depuis les années 1980 et l’avènement mondial de
l'idéologie néolibérale :
• Les gouvernements et les donateurs s’emploient à
libéraliser le commerce ;
• On observe une déréglementation de l’agriculture et
des marchés du travail ;
• Les investissements publics dans le secteur agricole
sont insuffisants (cf. engagements de Malabo non
tenus, APD insuffisante) ;
• Les revenus ou le soutien des prix des petits
exploitants diminuent (démantèlement des offices de
commercialisation, révision des prix planchers...) ;
• Les subventions à l'exportation sont réduites et les
marchés sont ouverts aux importations alimentaires.
Les petits producteurs se
retrouvent en concurrence avec
les multinationales à cause de la
mauvaise organisation de la
libéralisation du commerce et
des investissements.
4. Les petites exploitantes
agricoles sont
particulièrement
exposées aux risques et
au manque de
débouchés, ce qui
restreint davantage leur
accès aux moyens de
production et aux
débouchés
commerciaux, ainsi que
leur contrôle sur ceux-ci.
5. Stabiliser
les risques
Volatilité et imprévisibilité des
prix
Coûts, disponibilité et durabilité
des intrants de production
Risques climatiques
Régime foncier précaire
Accroître le pouvoir
de marché
Activités de diversification
des revenus
Pouvoir de négociation
Accès à des marchés
(équitables)
Valorisation au profit d'activités à
plus forte valeur ajoutée
Comment augmenter les revenus des petits
exploitants ?
6. Mobilisation du
secteur privé
Fiche d'évaluation basée sur les
politiques et les actions relatives aux
chaînes d'approvisionnement
alimentaire déclarées publiquement
par les supermarchés
Écart frappant entre les
politiques/pratiques actuelles
des supermarchés et les normes
internationales
7. Pistes de solution pour
changer les choses
Afin de corriger les déséquilibres
sous-jacents en termes de risque et
de pouvoir de marché, il est
indispensable de modifier les
« règles du jeu » qui régissent la
production agricole et le commerce
(notamment le fonctionnement des
chaînes de valeur, les secteurs des
produits de base et les politiques
publiques).
8. Pistes de solution pour changer les choses
(gouvernements/UE)Revenu de subsistance
• Revoir les politiques agricoles et rurales afin de permettre aux petits exploitants d'accéder aux actifs de
production, aux marchés locaux, nationaux et régionaux, à la formation, à la recherche, aux technologies et aux
services.
• Investir dans les biens publics qui aident les petits exploitants à accroître leurs revenus (routes rurales,
électrification, espaces de marché, services de vulgarisation...).
• Améliorer l'organisation des petits exploitants pour leur permettre de mieux s'intégrer dans la chaîne de valeur
alimentaire.
• Adopter une approche holistique pour gérer la question des revenus des producteurs (cf. coûts de production,
autres sources de revenus) au lieu de s'attaquer uniquement aux contraintes de productivité (rendement).
• Instaurer des prix aux producteurs minimums et d'autres mécanismes de soutien (par exemple, des subventions
directes) destinés aux petits exploitants afin de garantir que les prix de vente couvrent les coûts de production.
• Soutenir des mécanismes abordables facilitant l'accès aux informations sur les marchés et les prix grâce à des
systèmes d'information sur les TIC et les marchés, pour permettre une prise de décision éclairée sur les denrées
qui doivent être produites et vendues, ainsi que sur le moment et le lieu propices pour le faire.
• Promouvoir des chaînes d'approvisionnement alimentaires courtes qui permettent aux petits exploitants de
percevoir de meilleurs revenus à partir de leur production.
9. Pistes de solution pour changer les choses
(gouvernements/UE)
Genre
• Abroger les lois discriminatoires portant atteinte à l'égalité économique des femmes et
mettre en œuvre une législation défendant les droits des femmes, y compris fonciers.
• Accroître les investissements publics axés sur les besoins des femmes (services de
vulgarisation, accès au financement, mesures spécifiques soutenant les entreprises
appartenant à des femmes dans le secteur agroalimentaire...).
Finance
• Renforcer l'accès des petits exploitants à une gamme complète de services financiers
adaptés à leurs besoins (microfinance, capital de départ, assurance...).
• Veiller à ce que la coopération avec le secteur privé, les PPP et les financements mixtes
ne compromettent pas l'utilisation des fonds publics visant à favoriser une transformation
agricole inclusive.
10. Pistes de solution pour changer les choses
(gouvernements/UE)
Systèmes alimentaires et marchés territoriaux
• Accompagner la transition vers des systèmes alimentaires durables et des réseaux
agroalimentaires alternatifs (« alternative agri-food networks », AAFN) tels que les réseaux
producteurs-consommateurs, les magasins collectifs de producteurs, les marchés de
producteurs et les programmes alimentaires scolaires/institutionnels.
• Reconnaître l'importance des échanges non monétaires de produits et services, ainsi celle
des systèmes alimentaires locaux pour les petits exploitants (cf. marchés territoriaux).
11. Sources
• Oxfam (2018):
Ripe for Change. Ending human suffering in supermarket supply chains
• Oxfam (2018):
A living income for small-scale farmers
• Comité de la sécurité alimentaire mondiale des Nations unies :
Lien entre les petits exploitants et les marchés
• Comité de la sécurité alimentaire mondiale des Nations unies :
Investir dans la petite agriculture en faveur de la sécurité alimentaire et de la nutrition
12. CONTACT
Hanna Saarinen
Conseillère en politique européenne sur l’alimentation, l’agriculture et les
terres
Oxfam International
hanna.saarinen@oxfam.org