1. 15 juin 2012
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
CNM : quand les TPE de la musique parlent de concert
Le 13 juin, quatre organisations (CD1D, la Felin, la Ferarock et le SMA) ont fait paraitre dans le
Monde.fr une tribune intitulée : « La musique indépendante survivra t’elle au temps politique ? »,
dans laquelle elles interpellaient la nouvelle équipe gouvernementale sur l’urgence de relancer la
dynamique de refondation de la filière musicale, déjà largement amorcée au travers de la
création d’un futur CNM. Mais cette prise de parole, en réunissant des acteurs variés de la filière
musicale, souhaitait également faire tomber quelques barrières corporatistes entre spectacle
vivant et musiques enregistrées pour défendre une vision singulière, transversale et partagée du
monde de la musique. Aujourd’hui, cette tribune devient « appel », afin d’inciter un maximum de
structures indépendantes à se regrouper et échanger afin de continuer à construire, de façon
collective, des réponses innovantes aux profondes mutations que connaissent nos métiers.
Nos organisations - qui représentent des milliers d’entreprises ou d’associations issues de la filière
des musiques actuelles (salles de concerts, producteurs de musiques enregistrées et de spectacles,
labels indépendants, centres de formation, festivals, radios) - ont en effet en commun de s’être
investies depuis un an, dans les nombreux groupes de travail mis en place par l’équipe de
préfiguration du CNM. Ces temps d’échanges et de réflexion ont notamment permis que nous
formulions de nombreuses recommandations, en cherchant à incarner cette diversité dont on parle
tant (autant en matière de musiques enregistrées que de spectacle vivant), et en rappelant
régulièrement des notions essentielles comme l'intérêt général, la diversité de la création, des
modèles économiques ou la place essentielle des logiques territoriales. C’est cette somme de
travail que nous entendons d’abord défendre et prolonger afin qu’elle aboutisse d’ici 2013 à de
nouveaux programmes d’aides à la filière.
Mais nos entreprises partagent surtout un certain nombre de valeurs et de visions qui les
distinguent des acteurs dominants de la filière tout autant qu’elles forment un socle d’expériences
et de visions alternatives. Elles œuvrent depuis des années, chacune à leur façon, à la défense
quotidienne de l’intérêt général et du maintien de la diversité artistique et culturelle; Qu’elles
soient à but non lucratif ou inscrivant leur projet économique dans des dynamique proches de l’ESS
ou des logiques collaboratives, elles ambitionnent désormais de faire entendre plus fortement
encore leurs analyses et leurs revendications en termes d’emplois, de formation, d’éducation aux
musiques actuelles, d’aides au fonctionnement et aux projets.
Pour signer la tribune : http://www.petitionenligne.fr/petition/tribune-la-musique-independante-survivra-
t-elle-au-temps-politique/2619
Contacts médias :
Cédric Claquin - CD1D – 06 21 07 29 42 – ailissam@free.fr
2. Tribune
CD1D, fédération professionnelle de labels indépendants
FELIN, confédération d’acteurs de la musique (labels, éditeurs, managers, artistes)
FERAROCK, fédération des radios associatives rock
SMA (Syndicat des musiques actuelles), syndicat d’employeurs regroupant salles, labels indépendants, centres de
formation, producteurs de spectacles, radios, festivals de la filière des musiques actuelles
….
07 juin 2012
La musique indépendante survivra-t’elle au
temps politique ?
Depuis la composition du nouveau gouvernement, les semaines passent sans que le dossier
du Centre national de la musique (CNM) – qui mobilise pourtant le secteur depuis près
d’un an - n’ait été officiellement remis sur la table des priorités. Cette dynamique
essentielle de refondation de la filière musicale s’apprêtait pourtant à entrer, avant l’été,
dans une nouvelle phase avec la proposition des premiers dispositifs, dont une large partie
ouverte vers les « petits indépendants de la musique » que le nouveau président de la
République entend précisément défendre.
Lorsque la dynamique du CNM a été engagée en mai 2011, nos organisations, agissant
pour des milliers de TPE, associations, micro entreprises ou coopératives du spectacle
vivant et des musiques enregistrées, bien que critiques vis-à-vis de la politique culturelle du
précédent gouvernement, ont décidé de s’y investir afin de présenter et défendre, une
somme de valeurs, de visions, de réflexions et de propositions alternatives face aux acteurs
concentrés et dominants de la filière.
Loin d’une opposition caricaturale entre majors/PME de la musique et artistes libres issus du
jazz ou de la musique classique, l’Association de préfiguration du CNM a su, au fil des
échanges, ouvrir des débats de fond sur l’aide à la création, la diffusion, l’innovation, la
formation ou l’action pédagogique, en adoptant une vision transversale du secteur et en y
associant des acteurs très différents issus de toute la filière (maisons de disques,
organisateurs de concerts, salles de spectacles, radios associatives, disquaires...). En un an,
de nombreuses discussions de qualité ont pu avoir lieu dans les différents groupes de
travail, des consensus ont parfois pu en sortir et des propositions concrètes ont été faites
quant aux dispositifs à mettre en place pour garantir, de façon à la fois innovante et
équitable, l’avenir de la filière, le soutien à la diversité et l’irrigation des territoires lors de ces
prochaines années.
Le danger existe désormais que la mécanique de l’alternance politique, la tenue des
prochaines législatives, l’idée de rompre avec le gouvernement précédent, le travail actif
de certains réseaux d’influences corporatistes… constituent autant d’éléments qui
inciteraient l’Etat à reconsidérer ce dossier central pour l’avenir de la création musicale
francophone. Malheureusement, nous venons ici témoigner qu’une majorité des acteurs
de terrain qui forme le tissu de cette scène indépendante française, vivace et créative,
risque de faire très vite les frais d’une autre temporalité politique tant leur situation
économique est fragile, leurs moyens limités et les dispositifs existants inadaptés à leurs
réalités et au contexte économique. Le projet du CNM entend précisément, par un
déploiement à marche forcée, ouvrir dès 2013 ses aides aux structures et aux projets des
petits indépendants que nous représentons (artistes, labels, salles et festivals, médias
associatifs, centres de formation, producteurs) et qui, en 5 ans, ont dû faire face à des
3. difficultés croissantes : fin des emplois aidés, raréfaction des canaux de diffusion et de
promotion, concentration croissante des acteurs dominants (dans le disque comme dans
la production de spectacle), dévalorisation permanente de la musique, sources de
revenus ou subventions en baisse constante.
Les questions de financement sont bien évidemment centrales mais elles ne doivent pas
remettre en cause la pertinence et l’urgence du chantier CNM ; elles dépassent en effet
largement le seul secteur de la musique et imposent au nouveau gouvernement de mener
une réflexion globale et ambitieuse sur la façon dont sont financés les différents secteurs
de la Culture, la juste part que doivent prendre les fournisseurs de technologies ou d’accès
à internet et ainsi pouvoir sortir des approches corporatistes qui dominent jusqu’à présent…
au bénéfice d’une politique culturelle 2.0 tournée vers l’intérêt général, le soutien actif à la
création et la reconstruction de nouveaux réseaux de diffusion.
Aussi appelons-nous le président de la République, et l’ensemble des équipes
gouvernementales impliquées sur ces dossiers, à relancer sans plus attendre le processus
de concertation et de travail afin de garantir la poursuite dans les plus brefs délais du
« chantier » du Centre national de la musique, outil collectif d’envergure, adapté à l’ère
numérique et qui rassemblerait enfin la filière musicale dans sa diversité de ses
composantes, de ses entreprises, métiers et projets artistiques.
Tribune publiée dans lemonde.fr le mercredi 13 juin 2012