B@romètre France Info Semiocast Obsweb Municipales 2014
1. B@romètre France Info - Semiocast
des municipales sur les réseaux sociaux
avec l’Observatoire du webjournalisme
B@romètre 03, 6 février 2014
À RETENIR
Pour cette troisième semaine du b@romètre, le podium se renouvelle un peu. Si Paris reste en
tête (plus de 68.000 tweets), et Marseille reste à la seconde place (18.000 tweets dans la
semaine), Lyon vient en troisième, avec l’arrivée de Nice dans notre top 5 pour la première
fois et à la 5è place de Nantes avec Bordeaux. Pour les villes de moins de 150.000 habitants,
le palmarès est identique : Levallois-Perret est toujours plus en tête, grâce à de nouvelles
frasques de son édile, François Bayrou continue à alimenter les conversations à Pau, plaçant
sa ville en troisième position à égalité avec Courbevoie et Angers. Pour clore le podium une
nouveauté toutefois, puisque Boulogne-Billancourt vient pointer le bout de son île... arrivant
en deuxième position.
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2. LES POINTS SAILLANTS
Dans la capitale la tweet-campagne reste à un haut niveau, même si le nombre de tweets a
chuté, faute de débat commenté en direct par live-tweet. Les deux principales rivales
continuent de se livrer une féroce concurrence sur les réseaux sociaux. La maire adjointe
socialiste capte 45% du trafic avec 29.000 tweets, quand la députée UMP de l'Essonne, en
obtient 40% soit 26.000. Parmi les adversaires, Charles Beigbeder, émerge avec à peine 7%
et 4500 tweets.
Fait notable : le buzz se construit autour des éléments de programme concret. Loin des
invectives ou de la présentation des équipes, comme les semaines passées, on voit que les
idées d’aménagement urbains de chacune des deux candidates ont suscité intérêt et partages
sur les réseaux. Les liens URL les plus partagés proviennent des sites des candidates ou du
journal Le Parisien qui expose, en images, les projets d’aménagement des stations de métro
désaffectées (NKM) ou de la voie de chemin de fer désaffectée dite « petite ceinture » (A.
Hidalgo). Plus de 1500 partages rien que sur Twitter pour les étonnantes projections
graphiques de la candidate UMP sur des stations « fantômes » transformées en boite de nuit
ou en piscine. Même projection d’architecte ou de graphiste pour Anna Hidalgo, mais le
succès est moins spectaculaire.
Marseille reste comme la semaine dernière deuxième du classement, mais grâce au buzz qu’a
représenté l’annonce surprise de la candidature d’une personnalité locale : l’ancien président
de l’OM, Pape Diouf. Il fait une entrée tonitruante dans notre b@romètre (il n’était pas
recensé avant, bien sûr), rassemblant plus de 4600 tweets, soit 25% du trafic. Pendant ce
temps, P. Menucci et J.-C. Gaudin continuent leur tweet-campagne avec leurs équipes. Et le
dispositif monte en puissance. Il y avait 7800 tweets de campagne la 1ère semaine, 12000 la
2ème, 13400 pour les deux leaders cette semaine et avec tous les autres candidats, dont Pape
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3. Diouf, on dépasse les 18.300 tweets, soit une hausse de 50% en une semaine ! Et quasiment
tous les liens URL les plus mis en circulation concernent la candidature de P. Diouf, pour s’en
féliciter, s’en étonner ou pour souligner que le Président Hollande aurait fait pression sur
lui…
Pour la première fois, Lyon monte sur le podium, grâce à plus de 11.000 tweets, avec un
avantage au challenger UMP (45%) sur le maire PS (environ 28% chacun) et une différence
supérieure à 1500 tweets. Geneviève Brichet, sur la liste du maire sortant, quitte finalement
avec fracas l'équipe et fait le buzz, en dénonçant avec virulence : « désinformation, mise à
l'écart des décisions, manipulation de l'entourage, espionnage, humiliations, tentatives
d'intimidation.. ». Ses propos ont été bien partagés, tant l’attaque est rude ! L’autre thème qui
a fait sourire la twitosphère lyonnaise, est le piratage du blog d’un élu socialiste dont l’adresse
URL redirigeait vers un site pornographique. Et on apprend à cette occasion, dans la presse
nationale, que la guerre des noms de domaine et autres chamailleries en ligne explique cela.
Le blog détourné est celui d’un élu PS qui avait acheté les noms de domaine d’adversaires
politiques pour les empêcher de s’en servir. L’arroseur arrosé continue donc à faire rire et
jaser, même sur Twitter ! De façon plus sérieuse, on voit aussi apparaître plus de
conversation sociale sur les propositions des candidats : la sécurité pour l’UMP Michel
Havard, l’aérotram pour le centriste Éric Lafond, prolongement de métro pour le maire
sortant, Gérard Collomb.
À Nice, Christian Estrosi n’écrase pas la concurrence que dans les sondages d’intention de
vote, mais aussi sur Twitter. À lui seul, il réunit 70% des messages émis, soit plus de 4000,
reléguant loin derrière ses rivaux FN & PS, avec 500 tweets chacun. Il doit cette performance
à deux actions d’éclat. D’abord il a commencé une opération bien huilée de communication
sur ses réseaux sociaux, visant à dénoncer, petits graphiques à l’appui, l’incurie supposée de
F. Hollande et louant les vertus du bilan du Président Sarkozy, deux thématiques qui plaisent
aux internautes de droite. Il en profite aussi pour faire son bilan selon la même scénographie
visuelle, comme pour les comptes du CHU.
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4. Par ailleurs, la twittosphère s’est activée davantage à Nice cette semaine, car le journal local,
Nice Matin, a organisé un débat avec un dispositif de couverture en direct participatif (sur la
plateforme Covert It Live) sur son site et un Hashtag #MUN06000 qui a généré 581 tweets.
Mais le coup de buzz du maire sortant a été d’annuler tardivement sa participation. Ce qui fait
que son absence a été très débattue (et bien sûr dénoncée par ses adversaires de tous bords) et
commentée sur les réseaux. De façon caricaturale, un candidat UMP dissident, très énervé, a
alors décidé de quitter le débat. Il s’en explique rageusement sur Twitter, multipliant les
messages où il cite à chaque fois son rival
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5. Un article du Monde a beaucoup circulé, celui faisant le bilan en demi-teinte, de la
vidéosurveillance à Nice.
Dans la ville de Bordeaux, Alain Juppé continue d’occuper l’espace politique (un sondage le
donnait vainqueur dès le 1er tour, en décembre) et la twittosphère. À lui seul, il pèse
quasiment deux-tiers des tweets retenus dans notre b@romètre (3000 contre 1400 à son
adversaire socialiste). Il est au cœur des conversations. Que ce soit parce qu’a beaucoup
circulé un article élogieux que lui a consacré le Huffington Post (« Alain Juppé a réussi sa
résurrection politique dix ans après sa condamnation ») ou que ce soit parce qu’il est au cœur
de deux polémiques cultuelles : un appel à manifester contre la future grande mosquée de
Bordeaux que le maire soutient, ou une accusation de soutien du maire à l’installation dans
une vieille église qui appartenait à la commune, d’une communauté catholique intégriste. De
l’autre côté, Vincent Feltesse lance un clip de campagne en images stop motion, qui permet de
présenter tous ses colistiers sur un ton alerte. C’est le lien URL le plus twitté de la campagne
bordelaise, avec une centaine de mise en circulation. Marche bien aussi, son tweet mettant en
circulation le « desintox » du gouvernement sur les rumeurs concernant l’ABCD de l’égalité à
l’école.
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6. Notons aussi que l’équipe d’Alain Juppé reprend les résultats de notre b@romètre, pour s’en
féliciter :
En Loire-Atlantique, la bataille pour Nantes sur Twitter est serrée et s’active, puisque la ville
apparaît à la 5è place à égalité avec Bordeaux. Deux femmes ont une chance de l’emporter,
Laurence Garnier qui s’assure de l’union des partis de droite et l’actuelle première-adjointe
socialiste Johanna Rolland.
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7. Ce qui fait un peu de bruit est la visite du
Premier Ministre, ancien maire de Nantes.
Visite à caractère privée dit-il mais qui
draine pas mal de monde autour de chaque
apparition, qu’il fait en compagnie de la tête
de liste, avec après, diffusion d’un tweet de
soutien appuyé, bien partagé. La rivale UMP
crie à la manipulation, au soutien indu.
Annonce qu’elle va réclamer que la visite du
premier ministre soit incluse dans les frais de
campagne. Les deux adversaires sont en tête
en nombre de tweets, avec toutefois une
avance pour la candidate de la droite (1800
tweets contre 1300 environ). Elle a
notamment bénéficié du tchat en webcam
réalisé avec FranceTV (plus de 200 fois
retweeté à partir du site de la chaîne).
Pour les villes de moins de 150000 habitants.
À Levallois-Perret, ville de la proche banlieue parisienne, on ne change pas une équipe qui
gagne ! Les turpitudes du maire sortant, Patrick Balkany, ont encore garanti à la ville sa
première place sur le podium, avec plus de 14.000 tweets, le double de la semaine dernière !
Il faut dire que le maire a piqué une grosse colère contre un journaliste de BFMTV, devant la
caméra allumée, pour finir par lui confisquer sa caméra de rage, la scène restant filmée, y
compris l’empoignade verbale avec sa femme et un de ses conseillers l’enjoignant de se
calmer et de restituer l’engin. Une scénographie spectaculaire, digne des émissions de caméra
cachée, qui a évidemment généré un énorme buzz, tous les sites d’information s’en faisant
l’écho. Rien que sur la plateforme You Tube de la chaîne, la vidéo a été vue plus de 95.000
fois en 48h. alors même que de nombreux sites d’information l’ont exportée sur leur propre
site. À lui seul Patrick Balkany rassemble donc 91% des tweets. Plus de 12.700. Après les
deux candidates parisiennes, il est le troisième candidat aux municipales de France dont on
parle le plus sur Twitter. Pas toujours pour en dire du bien, il est vrai.
À Boulogne-Billancourt, la campagne s’anime, avec l’entrée en lice du candidat UMP
dissident, soutenu par Alain Juppé, dont il fut un ancien collaborateur. Le maire sortant
Pierre-Christophe Baguet est talonné par son challenger Pierre-Mathieu Duhamel, avec
chacun autour de 40% des tweets, un peu plus de 1000 tweets chacun. Le dissident reçoit
l’appui de personnalités UMP, ce qui fait jaser. Il présente son équipe et son programme, ce
qui génère du trafic sur les réseaux. Surtout, son jugement sur le bilan municipal est acerbe. Il
rejoint se faisant un collectif qui est lui aussi actif, centré sur l’aménagement urbain de la
fameuse île Seguin (où les usines Renault étaient implantées naguère). Les atermoiements de
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8. ce projet d’aménagement, avec des plans échafaudés qui ont été enterrés ou cassés en justice,
alimentent une importante polémique et semblent être le point de cristallisation de la
campagne locale. Une bonne partie des liens URL mis en circulation parlent donc de cette île
et souvent avec un regard critique.
Deux villes restent bien placées dans notre b@romètre, pour les mêmes raisons d’une
semaine à l’autre. Dans la ville de Pau, François Bayrou assure toujours l’essentiel de la
conversation sur les réseaux (72%), que ce soit par un sondage qui le donne gagnant ou par
des militants UMP qui n’en finissent pas d’exprimer leur rancœur face au soutien apporté à
celui qu’ils désignent depuis 3 semaines comme un « traître » qui aurait dû être puni et non
soutenu par l’UMP. Cette façon de tenir l’agenda de la campagne autour de sa personne, est
plutôt de bon augure pour le candidat Modem. Pour les mêmes raisons que la semaine
dernière, avec un dissident de droite qui maîtrise parfaitement la viralité des réseaux
socionumériques, Courbevoie reste dans le top 5. Avec des tweets assez nombreux qui
relaient les données de notre B@romètre qui le plaçait en tête. Mais en plus, cette fois, la
présentation du programme du socialiste Jean-André Lasserre lui permet de faire presque 30%
du trafic et d’être devant le maire sortant.
Angers fait son apparition dans notre classement, car elle a bénéficié d’une synergie de 3 des
principaux candidats (le maire sortant PS, le candidat UMP, et un socialiste dissident, ancien
adjoint) qui ont tous présenté leurs colistiers cette semaine. Du coup, le trafic généré
concerne l’annonce de ces listes, jusque d’ailleurs une liste « société civile », qui a réussi à
faire un peu parler d’elle, car elle a mis en scène la constitution de l’ordre de la liste par tirage
au sort, sur la place de la mairie. Mais à ce jeu, c’est quand même le maire sortant Frédéric
Béatse qui l’emporte haut la main avec 59% du trafic, représentant 1200 tweets, contre 20% à
l’UMP Christophe Béchu (400 tweets, soit trois fois moins).
Arnaud Mercier
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