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L’ECHO JEUDI 30 DÉCEMBRE 2021 15
Opinions
meilleurs résultats. Ils répondent toujours par
l’affirmative. C’est un mécanisme incroyable-
ment puissant, qui doit être préservé, et qui n’est
pas possible en distanciel.
Le retour progressif au présentiel peut
nécessiter une période de réadaptation à la vie
sociale. Comment gérer cette période?
La programmation neurolinguistique offre à cet
égard de nombreuses ressources. Ce concept des
années 70 était à l’origine utilisé pour venir en
aide à des personnes souffrant de troubles
mentaux en travaillant sur leur langage du corps
et leur langage verbal, mais il s’est avéré très
efficace pour améliorer les compétences, les
mécanismes de motivation et l’affirmation de soi
en entreprise. Par exemple, il est essentiel
d’utiliser des mots positifs, réussir à dire les
choses qui doivent être dites, mais en choisissant
des mots différents. Ne pas employer le mot
«problème», mais plutôt «solution», ou
«opportunité.»
Vous estimez qu’une personne sur quatre
souffrira d’un trouble mental au cours de sa
vie. À quoi reconnaît-on un trouble mental
chez une personne, notamment dans le cadre
professionnel, ou celui-ci est souvent caché?
Il faut différencier le trouble mental de l’anxiété
ou des symptômes dépressifs qui peuvent durer
quelques semaines. Les troubles obsessionnels
compulsifs ou le stress post-traumatique font
partie des troubles les plus visibles.
Comment reconnaître le trouble de stress
post-traumatique?
Il est rare d’être victime d’un trouble de stress
post-traumatique, à moins d’avoir enduré une
expérience de vie très brutale, comme un
kidnapping ou un viol où il est question de vie
ou de mort. Les personnes qui développent des
troubles de stress post-traumatique sont
essentiellement des soldats ou des pompiers,
qui peuvent expérimenter des symptômes
allant des réminiscences aux cauchemars, ainsi
que de fortes angoisses ou des troubles du
sommeil. Malheureusement, ce terme est
maintenant souvent appliqué à des cas très
généraux et vagues d’anxiété.
Que doit faire un employeur, un manager ou
un collègue lorsqu’il repère chez un salarié
un trouble mental potentiel?
L’employeur n’est pas responsable de la santé
mentale et physique des employés, et n’a pas le
pouvoir d’intervenir. L’initiative, la décision et
l’action doivent venir du salarié, pas de
l’employeur. Mais les entreprises peuvent agir
en amont. Au lieu de se focaliser sur la santé
mentale, lorsqu’il est déjà trop tard, elles
F
ondatrice de la société de formation
managériale BECS, à Londres, la Belge
An Swinnen a conseillé de nom-
breuses entreprises dans divers pays,
notamment au Moyen-Orient. Elle est
également l’auteure d’un guide de
gestion psychologique «The Business Survival
Guide». Dans un environnement en pleine
mutation technologique, elle livre sa vision des
nouvelles modalités relationnelles dans le
monde du travail post-pandémique.
Beaucoup de travailleurs ont paradoxalement
apprécié le confinement et rechignent à l’idée
de revenir physiquement, chaque jour, sur
leur lieu de travail. Pour d’autres, en
revanche, reprendre la vie d’avant est une
libération. Le retour à la normale est-il
souhaitable?
Au début de la pandémie, tout le monde disait
que le futur du travail serait en ligne.  J’ai
toujours pensé que ce ne serait pas le cas.  Pour
une entreprise, il est essentiel que tout le monde
puisse travailler au même endroit. Quand vous
êtes à la machine à café, ou que vous attendez un
ascenseur, vous pouvez rencontrer des per-
sonnes d’autres services, avoir des discussions
informelles qui peuvent à la fois constituer un
moment de détente et une source d’information
pertinente. C’est une part essentielle de la vie en
entreprise, mais aussi pour tout le microcosme
qui gravite autour, comme les marchands de
journaux, les taxis, les restaurants et les
commerces aux alentours. La vie de bureau est
aussi importante pour l’économie que pour
notre bien-être. Les entreprises dépendent de ces
interactions. C’est à espérer qu’elles parviennent
à maintenir un bon équilibre, avec au moins
trois ou quatre jours par semaine en présentiel.
À cet égard vous rappelez l’importance des
mécanismes miroirs…
Oui, parce que sans en avoir conscience, nous
nous comportons très souvent en miroirs les uns
des autres, dans nos comportements, nos
réflexions, jusqu’à la manière même dont nous
nous asseyons lors d’une réunion. Ce mécanisme
renforce, en effet, les liens et la confiance entre
les individus. Et l’on peut le développer.
On peut d’ailleurs faire l’expérience de se
focaliser sur cet effet miroir, autrement dit
d’imiter les attitudes d’une autre personne
pendant une dizaine de minutes. Avec ceux qui
se prêtent au jeu, je leur demande par la suite
comment ils se sentent, s’ils estiment que la
relation avec l’autre est meilleure, s’ils lui font
davantage confiance, s’ils pensent que cette
confiance peut leur permet d’obtenir de
AnSwinnen(BECS)
«Laviedebureauestaussiimportante
pourl'économiequepournotrebien-être»
«Pour une
entreprise,
il est essen-
tiel que tout
le monde
puisse
travailler
au même
endroit.»
Johann Harscoët, à Londres
doivent s’efforcer d’assurer une ambiance de
travail positive. Les salariés actifs sont très
productifs et perdent moins de temps. Ils
doivent se sentir valorisés et inclus dans le
projet global. L’organisation de projets de
groupes et célébrations collectives, ainsi que
des chaînes de communication ouvertes et
transparentes, sont essentielles. Il n’y a
malheureusement pas beaucoup de possibilités
autres que le dialogue, pour évaluer l’état de
souffrance de la personne concernée. Ensuite,
tout dépend de la situation. Si le problème
persiste, le salarié doit être encouragé à trouver
de l’aide avec un professionnel, particulière-
ment si les symptômes empirent. Ce salarié doit
aussi pouvoir être encouragé à exprimer son
malaise au sein du groupe, même si l’em-
ployeur, le collègue ou la direction des
ressources humaines a en général peu d’autres
possibilités à offrir que l’écoute.
Au travail, les personnalités sont souvent
décrites comme unidimensionnelles, et donc
de manière assez manichéenne. En réalité,
nous recelons tous, selon vous, quatre types
La pandémie, les crises et les situations
d’urgence, depuis des mois, ont mis à mal les
systèmes libéraux, car ils les forcent à
restreindre les libertés contre leurs
habitudes.
A
vant de devenir «néo» ou «ultra» et de
générer beaucoup de fantasmes
souvent injustifiés, le libéralisme était
un courant de pensée basé principale-
ment sur la promotion des libertés indivi-
duelles, tant dans le domaine économique que
sociétal.
Aux États-Unis, où pratiquement personne
— et surtout pas les deux grands partis — ne
remet en cause l’économie de marché et ses
fondements «capitalistes», être libéral est plutôt
perçu comme à la gauche du spectre politique.
En Angleterre, c’est au centre-droit, mais
nettement à gauche du parti «conservateur». En
Europe continentale, c’est clairement à droite,
mais tout aussi clairement dans une frange de la
droite qui se distingue fortement de l’autre
frange «conservatrice».
L’énorme différence de perception entre les
deux rives de l’Atlantique est liée à l’historique
des gauches européennes, très marquées par
le marxisme et l’anti-capitalisme même si les
partis de gouvernement de tradition
«social-démocrate», «socialiste» ou encore
«travailliste» se sont adaptés depuis
longtemps au concept d’écono-
mie de marché régulée. 
Où réguler
Le libéralisme classique repose
essentiellement sur l’idée de
marchés ouverts et d’un gouverne-
ment limité. À l’origine, l’idée de
marchés ouverts et d’un gouverne-
ment limité. À l’origine, l’idée de
marchés ouverts et d’un gouverne-
gouvernement «limité» incluait non
seulement un faible intervention-
nisme dans l’économie, mais aussi
une philosophie de dignité et
d’épanouissement individuel à
vocation universelle, y compris pour
les groupes identitaires opprimés
en tous genres. Plus généralement,
les libéraux apprécient la diversité
sous toutes ses formes. La sépara-
tion des pouvoirs théorisée par
Montesquieu est également
essentielle à leurs yeux, afin que
personne ni aucun groupe ne puisse
exercer un contrôle durable. 
L’attention est aussi portée sur
l’égalité des chances entre les
entreprises, les groupes d’individus
et les individus eux-mêmes. Cela
doit se traduire, en particulier, en
encourageant la concurrence sur
des bases équitables, et en rendant
l’éducation largement accessible.
Aux États-Unis,
être libéral est
plutôt perçu
comme à la gauche
du spectre
politique.
Pour An Swinnen, «l’employeur n’est pas responsable de la santé mentale de ses employés, mais les entreprises
peuvent agir en amont.» © BELGA
de personnalités très différentes: dominante,
stable, influente et conciliante…
C’est une théorie développée par William
Marston, selon laquelle nous avons un mélange
de ces quatre personnalités. Un équilibre se fait
au sein des entreprises, à partir duquel chacun
s’adapte à son environnement. La personnalité
dominante est celle qui assume un pouvoir, ne
montre pas d’empathie et est capable de
déléguer, à s’appuyer sur des personnes stables
émotionnellement, qui appartiennent à la
deuxième catégorie de Marston.
La personnalité dominante n’est pas
forcément négative. Elle peut au contraire
permettre d’atteindre des objectifs. Elle fait
preuve de détermination et d’ambition. Il y a
aussi les personnes influentes, qui sont plus
populaires que les autres, assez cools, assez
généreuses et dynamiques. Quant au qua-
trième type de personnalité, conciliante, on la
retrouve plus souvent chez les ingénieurs ou les
comptables. Ce sont des personnalités qui ne
dérogeront pas aux règles établies. Nous avons
tous une part de ces quatre personnalités en
nous, dans des proportions différentes.
Stéphanie
Heng
Politologue et
experte en
communication*
Alban de la
Soudière
Polytechnicien
et fonctionnaire
international*
Lelibéralismeàl’épreuvedescrises
Un des plus grands défis associés à
ces principes est la fiscalité, qui doit
trouver les bons compromis.
Libéralisme vs populisme
Cette diversité amène les libéraux à
faire l’objet d’attaques de tous
bords, en particulier des populistes
blancs, bruns, rouges ou même
verts, qui voudraient davantage de
régulation chacun dans leur
domaine.
À cet égard, le siècle dernier a
amplement prouvé que nombre
d’alternatives se sont révélées des
désastres horribles dans le
domaine sociétal, tout en n’ayant
que très rarement une efficacité
économique source de progrès.
Inutile d’insister sur l’URSS,
l’Allemagne nazie ou la Corée du
Nord. Les nuances positives que
l’on doit reconnaître, dans le
domaine économique, au Chili de
Pinochet et à la Chine depuis Deng
Xiao Ping ne compensent
absolument pas les graves atteintes
aux libertés individuelles de ces
régimes anti-libéraux. 
Il faut aussi se méfier d’autres
atteintes aux libertés, qui s’abritent
derrière de nobles causes appa-
rentes, de l’écologie à l’anti-colonia-
lisme en passant par l’anti-racisme
ou l’intersectionnalité et la «cancel
culture». Ces idées, parfois belles à
l’origine, dérivent trop souvent vers
des tentations autoritaires, qu’on
serait très inquiet de voir s’appro-
cher des rênes du pouvoir. 
La pandémie, les crises et les
situations d’urgence depuis des
mois ont mis à mal les systèmes
libéraux, car ils les forcent à
restreindre les libertés contre leurs
habitudes, au contraire des régimes
structurellement moins libéraux,
où c’est monnaie courante, crise ou
non. Dans une interview, la
philosophe française Monique
Canto-Sperber analysait parfaite-
ment la situation: «Dans une
période de crise comme celle que
nous traversons, tout le monde
regarde vers l’État. La délibération,
les contre-pouvoirs et les autorités
indépendantes, trois notions
centrales dans la pensée libérale, ne
sont opérationnelles que dans la
lenteur, la diversité et la consulta-
tion. Or, en temps de pandémie, ces
exigences volent en éclat»,
rappelle-t-elle. Selon elle, par
conséquent, le libéralisme sort
généralement «traumatisé de
périodes comme celle-là.» Or, elle
montre, en réalité, que le libéra-
lisme «sort renforcé de cette
séquence». De fait, «les pays qui ont
le mieux réagi à l’épidémie sont des
pays dans lesquels la consultation
n’a jamais été interrompue, dans
lesquels le parlement a toujours
siégé et où l’on a pu entendre les
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*Les auteurs s’expriment à titre
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Ne pas employer le mot «problème», mais plutôt «solution», ou «opportunité.» Vous estimez qu’une personne sur quatre souffrira d’un trouble mental au cours de sa vie. À quoi reconnaît-on un trouble mental chez une personne, notamment dans le cadre professionnel, ou celui-ci est souvent caché? Il faut différencier le trouble mental de l’anxiété ou des symptômes dépressifs qui peuvent durer quelques semaines. Les troubles obsessionnels compulsifs ou le stress post-traumatique font partie des troubles les plus visibles. Comment reconnaître le trouble de stress post-traumatique? Il est rare d’être victime d’un trouble de stress post-traumatique, à moins d’avoir enduré une expérience de vie très brutale, comme un kidnapping ou un viol où il est question de vie ou de mort. Les personnes qui développent des troubles de stress post-traumatique sont essentiellement des soldats ou des pompiers, qui peuvent expérimenter des symptômes allant des réminiscences aux cauchemars, ainsi que de fortes angoisses ou des troubles du sommeil. Malheureusement, ce terme est maintenant souvent appliqué à des cas très généraux et vagues d’anxiété. Que doit faire un employeur, un manager ou un collègue lorsqu’il repère chez un salarié un trouble mental potentiel? L’employeur n’est pas responsable de la santé mentale et physique des employés, et n’a pas le pouvoir d’intervenir. L’initiative, la décision et l’action doivent venir du salarié, pas de l’employeur. Mais les entreprises peuvent agir en amont. Au lieu de se focaliser sur la santé mentale, lorsqu’il est déjà trop tard, elles F ondatrice de la société de formation managériale BECS, à Londres, la Belge An Swinnen a conseillé de nom- breuses entreprises dans divers pays, notamment au Moyen-Orient. 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Quand vous êtes à la machine à café, ou que vous attendez un ascenseur, vous pouvez rencontrer des per- sonnes d’autres services, avoir des discussions informelles qui peuvent à la fois constituer un moment de détente et une source d’information pertinente. C’est une part essentielle de la vie en entreprise, mais aussi pour tout le microcosme qui gravite autour, comme les marchands de journaux, les taxis, les restaurants et les commerces aux alentours. La vie de bureau est aussi importante pour l’économie que pour notre bien-être. Les entreprises dépendent de ces interactions. C’est à espérer qu’elles parviennent à maintenir un bon équilibre, avec au moins trois ou quatre jours par semaine en présentiel. À cet égard vous rappelez l’importance des mécanismes miroirs… Oui, parce que sans en avoir conscience, nous nous comportons très souvent en miroirs les uns des autres, dans nos comportements, nos réflexions, jusqu’à la manière même dont nous nous asseyons lors d’une réunion. Ce mécanisme renforce, en effet, les liens et la confiance entre les individus. Et l’on peut le développer. On peut d’ailleurs faire l’expérience de se focaliser sur cet effet miroir, autrement dit d’imiter les attitudes d’une autre personne pendant une dizaine de minutes. Avec ceux qui se prêtent au jeu, je leur demande par la suite comment ils se sentent, s’ils estiment que la relation avec l’autre est meilleure, s’ils lui font davantage confiance, s’ils pensent que cette confiance peut leur permet d’obtenir de AnSwinnen(BECS) «Laviedebureauestaussiimportante pourl'économiequepournotrebien-être» «Pour une entreprise, il est essen- tiel que tout le monde puisse travailler au même endroit.» Johann Harscoët, à Londres doivent s’efforcer d’assurer une ambiance de travail positive. Les salariés actifs sont très productifs et perdent moins de temps. Ils doivent se sentir valorisés et inclus dans le projet global. L’organisation de projets de groupes et célébrations collectives, ainsi que des chaînes de communication ouvertes et transparentes, sont essentielles. Il n’y a malheureusement pas beaucoup de possibilités autres que le dialogue, pour évaluer l’état de souffrance de la personne concernée. Ensuite, tout dépend de la situation. Si le problème persiste, le salarié doit être encouragé à trouver de l’aide avec un professionnel, particulière- ment si les symptômes empirent. Ce salarié doit aussi pouvoir être encouragé à exprimer son malaise au sein du groupe, même si l’em- ployeur, le collègue ou la direction des ressources humaines a en général peu d’autres possibilités à offrir que l’écoute. Au travail, les personnalités sont souvent décrites comme unidimensionnelles, et donc de manière assez manichéenne. En réalité, nous recelons tous, selon vous, quatre types La pandémie, les crises et les situations d’urgence, depuis des mois, ont mis à mal les systèmes libéraux, car ils les forcent à restreindre les libertés contre leurs habitudes. A vant de devenir «néo» ou «ultra» et de générer beaucoup de fantasmes souvent injustifiés, le libéralisme était un courant de pensée basé principale- ment sur la promotion des libertés indivi- duelles, tant dans le domaine économique que sociétal. Aux États-Unis, où pratiquement personne — et surtout pas les deux grands partis — ne remet en cause l’économie de marché et ses fondements «capitalistes», être libéral est plutôt perçu comme à la gauche du spectre politique. En Angleterre, c’est au centre-droit, mais nettement à gauche du parti «conservateur». En Europe continentale, c’est clairement à droite, mais tout aussi clairement dans une frange de la droite qui se distingue fortement de l’autre frange «conservatrice». L’énorme différence de perception entre les deux rives de l’Atlantique est liée à l’historique des gauches européennes, très marquées par le marxisme et l’anti-capitalisme même si les partis de gouvernement de tradition «social-démocrate», «socialiste» ou encore «travailliste» se sont adaptés depuis longtemps au concept d’écono- mie de marché régulée.  Où réguler Le libéralisme classique repose essentiellement sur l’idée de marchés ouverts et d’un gouverne- ment limité. À l’origine, l’idée de marchés ouverts et d’un gouverne- ment limité. À l’origine, l’idée de marchés ouverts et d’un gouverne- gouvernement «limité» incluait non seulement un faible intervention- nisme dans l’économie, mais aussi une philosophie de dignité et d’épanouissement individuel à vocation universelle, y compris pour les groupes identitaires opprimés en tous genres. Plus généralement, les libéraux apprécient la diversité sous toutes ses formes. La sépara- tion des pouvoirs théorisée par Montesquieu est également essentielle à leurs yeux, afin que personne ni aucun groupe ne puisse exercer un contrôle durable.  L’attention est aussi portée sur l’égalité des chances entre les entreprises, les groupes d’individus et les individus eux-mêmes. Cela doit se traduire, en particulier, en encourageant la concurrence sur des bases équitables, et en rendant l’éducation largement accessible. Aux États-Unis, être libéral est plutôt perçu comme à la gauche du spectre politique. Pour An Swinnen, «l’employeur n’est pas responsable de la santé mentale de ses employés, mais les entreprises peuvent agir en amont.» © BELGA de personnalités très différentes: dominante, stable, influente et conciliante… C’est une théorie développée par William Marston, selon laquelle nous avons un mélange de ces quatre personnalités. Un équilibre se fait au sein des entreprises, à partir duquel chacun s’adapte à son environnement. La personnalité dominante est celle qui assume un pouvoir, ne montre pas d’empathie et est capable de déléguer, à s’appuyer sur des personnes stables émotionnellement, qui appartiennent à la deuxième catégorie de Marston. La personnalité dominante n’est pas forcément négative. Elle peut au contraire permettre d’atteindre des objectifs. Elle fait preuve de détermination et d’ambition. Il y a aussi les personnes influentes, qui sont plus populaires que les autres, assez cools, assez généreuses et dynamiques. Quant au qua- trième type de personnalité, conciliante, on la retrouve plus souvent chez les ingénieurs ou les comptables. Ce sont des personnalités qui ne dérogeront pas aux règles établies. Nous avons tous une part de ces quatre personnalités en nous, dans des proportions différentes. Stéphanie Heng Politologue et experte en communication* Alban de la Soudière Polytechnicien et fonctionnaire international* Lelibéralismeàl’épreuvedescrises Un des plus grands défis associés à ces principes est la fiscalité, qui doit trouver les bons compromis. Libéralisme vs populisme Cette diversité amène les libéraux à faire l’objet d’attaques de tous bords, en particulier des populistes blancs, bruns, rouges ou même verts, qui voudraient davantage de régulation chacun dans leur domaine. À cet égard, le siècle dernier a amplement prouvé que nombre d’alternatives se sont révélées des désastres horribles dans le domaine sociétal, tout en n’ayant que très rarement une efficacité économique source de progrès. Inutile d’insister sur l’URSS, l’Allemagne nazie ou la Corée du Nord. Les nuances positives que l’on doit reconnaître, dans le domaine économique, au Chili de Pinochet et à la Chine depuis Deng Xiao Ping ne compensent absolument pas les graves atteintes aux libertés individuelles de ces régimes anti-libéraux.  Il faut aussi se méfier d’autres atteintes aux libertés, qui s’abritent derrière de nobles causes appa- rentes, de l’écologie à l’anti-colonia- lisme en passant par l’anti-racisme ou l’intersectionnalité et la «cancel culture». Ces idées, parfois belles à l’origine, dérivent trop souvent vers des tentations autoritaires, qu’on serait très inquiet de voir s’appro- cher des rênes du pouvoir.  La pandémie, les crises et les situations d’urgence depuis des mois ont mis à mal les systèmes libéraux, car ils les forcent à restreindre les libertés contre leurs habitudes, au contraire des régimes structurellement moins libéraux, où c’est monnaie courante, crise ou non. Dans une interview, la philosophe française Monique Canto-Sperber analysait parfaite- ment la situation: «Dans une période de crise comme celle que nous traversons, tout le monde regarde vers l’État. La délibération, les contre-pouvoirs et les autorités indépendantes, trois notions centrales dans la pensée libérale, ne sont opérationnelles que dans la lenteur, la diversité et la consulta- tion. Or, en temps de pandémie, ces exigences volent en éclat», rappelle-t-elle. Selon elle, par conséquent, le libéralisme sort généralement «traumatisé de périodes comme celle-là.» Or, elle montre, en réalité, que le libéra- lisme «sort renforcé de cette séquence». De fait, «les pays qui ont le mieux réagi à l’épidémie sont des pays dans lesquels la consultation n’a jamais été interrompue, dans lesquels le parlement a toujours siégé et où l’on a pu entendre les avis contraires, en particulier les avis du bord politique opposé.»  *Les auteurs s’expriment à titre personnel.