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L’analyse par théorisation ancrée (grounded theory)
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Méthodes d’analyse de données qualitatives
L’analyse par théorisation ancrée
(Grounded theory)
05/11/2010
Magloire AKOGBETO
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Plan de la présentation
Qu’est-ce que l’analyse par théorisation
ancrée
Théorisation ancrée: Objectifs
Théorisation ancrée: caractéristiques
Théorisation ancrée: étapes de l'analyse
Principes méthodologiques à retenir
11/05/13
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Qu’est-ce que l’analyse par
théorisation ancrée? 1/3
Paillé (1994) définit l’analyse par théorisation ancrée (qui
constitue une traduction-adaptation de la « grounded
theory ») comme étant « une démarche itérative de
théorisation progressive d’un phénomène, […] c’est-à-dire
que son évolution n’est ni prévue ni liée au nombre de fois
qu’un mot ou qu’une proposition apparaissent dans les
données ».
Il s’agit d’un mode d’analyse des données qui vise à faire
émerger les catégories, à dégager la signification d’une
situation pour lier, dans un schème explicatif, les divers
éléments d’un phénomène (Paillé, 1994; Strauss &
Corbin, 2004).
Elle équivaut, comme Paillé (1994) l’a désigné, à
un acte de conceptualisation.
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Qu’est-ce que l’analyse par
théorisation ancrée? 2/3
Elle tire son origine de l’approche de théorisation
empirique et inductive développée par Glaser et
Strauss à partir de 1967.
Elle se donne pour objet la construction de théories
empiriques fondées à partir de phénomènes
psychologiques ou sociaux à propos desquels peu
d’analyses ont été articulées. (Anne Laperrière, 1997).
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Théorisation ancrée: Objectifs
L’analyse par théorisation ancrée procède selon des
étapes bien définies et poursuit quatre intentions
(Strauss et Corbin, 1990):
elle cherche d’abord à construire plutôt qu’à tester une
théorie;
elle veut aussi donner une rigueur au processus de
recherche qualitative;
elle vise à aider le chercheur à contrer ses biais ou ses
préjugés;
elle s’applique à procurer l’enracinement des données
puis à construire, à partir de celles-ci, une théorie
dense correspondant à la réalité qu’elle veut
représenter.11/05/13
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Théorisation ancrée: Caractéristiques
Approche inductive
Circularité de la collecte et de l’analyse
des données
Échantillonnage théorique
Sensibilité du chercheur
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Théorisation ancrée et
approche inductive
L’analyse par T.A. part du concret puis passe à
l’abstrait, en cernant les caractéristiques
essentielles d’un phénomène.
Aucune hypothèse préalable à vérifier, aucune
assertion à confirmer, mais simplement un champ
de recherche à explorer.
La direction à suivre est imprimée par les données
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Théorisation ancrée et Circularité de la
collecte et de l’analyse des données
Permet de:
Confronter les premiers résultats de
l'analyse aux données suivantes;
Vérifier au fur et à mesure les
hypothèses de travail qui se dégagent
des données lors des entretiens
suivants
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Échantillon en théorisation
ancrée
C’est un « échantillonnage théorique ou à fin
théorique» (« theoretical sampling »)
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Théorisation ancrée :
échantillonnage théorique 1/2
Particularités:
On ne connaît pas à l'avance la taille de
l'échantillon
on le saura lorsqu’il y aura saturation
c'est-à-dire au moment où données
deviennent répétitives
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Théorisation ancrée :
échantillonnage théorique 2/2
Il est souhaitable que les données soient
de nature et de sources variées (slices of
data).
En général, elles sont constituées:
d'entrevues,
de documents de toutes sortes et/ou d'une
observation participante
Variété d’acteurs …
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Théorisation ancrée et
sensibilité théorique 1/3
Nécessité de cette sensibilité pour théoriser
i.e. avoir la capacité de:
tirer sens des données,
nommer phénomènes en cause,
en dégager les implications, les liens
les ordonner dans un schéma explicatif.
(Paillé, 1994)
D’une manière générale: renouveler la
compréhension d'un phénomène en le
mettant différemment en lumière
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Théorisation ancrée et
sensibilité théorique 2/3
Pour y arriver,
Aborder la réalité sans avoir préalablement choisi
une théorie qui la structure (Exemple d'approche
méthodologique où certains prônent l'absence de
cadre de référence a priori pour ne pas biaiser)
Interpréter (non décrire) ce qu’on voit, entend,
observe
Utiliser expériences personnelles, connaissances
professionnelles, écrits ou autres théories mais ne
rien prendre pour acquis11/05/13
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Théorisation ancrée et
sensibilité théorique 3/3
Pour y arriver,
se poser beaucoup de questions: (Qui? Quand?
Où? Comment? Pourquoi?)
formuler propositions ou hypothèses et les défier;
Avoir une ouverture d’esprit, flexibilité mais
beaucoup de rigueur
approfondir si nouveau phénomène surgit
Écrire MÉMOS: réflexions théoriques qu'on
modifie et qui deviennent de plus en plus ciblés
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Théorisation ancrée: étapes
de l'analyse 1/6
Les questions essentielles sur lesquelles repose le
processus sont : « Comment analyser les données?
Que faire avec les données? » (Strauss & Corbin,
1990, 1998, 2004).
L’analyse procède selon trois types de codages
1) Ouvert
1) Axial
1) Sélectif11/05/13
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Théorisation ancrée: étapes
de l'analyse 2/6
1. Codage ouvert
Coder les faits, incidents pour faire émerger le
plus grand nombre de catégories conceptuelles
possibles.
En 1998, Strauss et Corbin parlent plutôt d’un
codage ligne par ligne « line by line »
But: Découverte d’un maximum de catégories
d’analyse (Laperrière, 1997)11/05/13
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Théorisation ancrée: étapes
de l'analyse 3/6
2. Codage axial
Établir, vérifier les relations entre les catégories, entre elles et
leurs propriétés; et propriétés et dimensions.
« Modèle paradigmatique causal » (Strauss et al., 1990;
1998)
A. conditions causales: incidents autour du phénomène
B. Phénomène: incident ayant mobilisé actions-interactions;
C. Contexte: événements se rapportant au phénomène
D. Conditions intermédiaires: éléments qui influencent
utilisation ou non-utilisation de certaines stratégies
E. Stratégies: actions-interactions imaginées ou entreprises
F. Conséquences: résultats des stratégies
But : formulation et vérification d’hypothèses ainsi que le
contrôle des variations du phénomène à l’étude (Laperrière,
1997 )
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Théorisation ancrée: étapes
de l'analyse 4/6
3. Codage sélectif
Intégrer les données et compléter l'analyse.
Ce processus d’intégration implique la détermination
d’une catégorie centrale i.e. une phrase ou un
paragraphe qui synthétise le cœur du phénomène.
Typologies peuvent être construites
But: achèvement et intégration des analyses
(Laperrière, 1997)11/05/13
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Théorisation ancrée:
étapes de l'analyse 5/6
En résumé, pour construire cette théorie, on fait:
collecte des données et codification simultanées
i.e. va-et-vient constant entre théorie et données
(flip flop)
comparaison constante des différences/similarités
entre données pour ressortir des concepts et en
faire des catégories
des propriétés: attributs de ces catégories
des dimensions de ces propriétés
Pour former: cadre théorique central intégrateur
(cœur de la théorie émergente)
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Théorisation ancrée:
étapes de l'analyse 6/6
Paillé propose une méthode pragmatique
sous forme d’étapes successives à savoir :
la codification,
la catégorisation,
la mise en relation,
l’intégration,
la modélisation et, enfin,
la théorisation.
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Quelques principes
méthodologiques
La confiance à ce qui émerge des
données
La suspension provisoire de la référence
à des théories existantes
Glaser dit qu’apprendre à faire de la
MTA, c’est « apprendre à ne pas savoir
» et à réduire au minimum le forcing
(1998)
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Quelques références
Beck, C.T. (1999). Grounded theory research. Dans J.A. Fain (Éd.). Reading, understanding and applying
nursing research (pp. 205-225). Philadelphia, PA : F.A. Davis
Boeije, H. (2002). A purposeful approach to the constant comparative method in the analysis of qualitative
interviews. Quality & Quantity, 36, 391-409.
Glaser, Barney G.(2010). La découverte de la théorie ancrée : stratégies pour la recherche qualitative
Paris : Armand Colin, 409 p.
Guillemette, F. (2006). L'approche de la grounded theory; pour innover? Recherches Qualitatives, 26(1),
32-50.
Laperrière, A. (1997). La théorisation ancrée (grounded theory) : démarche analytique et comparaison
avec d'autres approches apparentées. Dans J. Poupart, J.-P. Deslauriers, L.-H. Groulx, A. Laperrière, R.
Mayer, & A.P. Pires (Éds), La recherche qualitative : enjeux épistémologiques et méthodologiques (pp.
309-340). Boucherville : G. Morin.
Paillé P. (2006), La méthodologie qualitative : postures de recherche et travail de terrain, Paris : Armand
Colin, 238 p.
Paillé, P. (1994). L'analyse par théorisation ancrée. Cahiers de recherche sociologique, 23, 147-181.
Strauss, Anselm L. (2004), Les fondements de la recherche qualitative : techniques et procédures de
développement de la théorie enracinée / Anselm Strauss & Juliet Corbin ; traduit de l'anglais par Marc-
Henry Soulet ; avec la collaboration de Stéphanie Emery, Kerralie Oeuvray et Chloé Saas. Fribourg :
Academic Press Fribourg, 342 p.
Strauss, A. and J. Corbin (1990). Basics of Qualitative Research. Grounded theory Procedures and
techniques. London, New Delhi, Sage publications.
Strauss, A. L. (1998). Basics of qualitative research : techniques and procedures for developing grounded
theory. Thousand Oaks, Calif., Sage Publications.
11/05/13
Notas do Editor
11/05/13
Il s’agit d’une phase de l’analyse au cours de laquelle le chercheur nomme et catégorise un phénomène à partir de l’examen des données. Celles-ci sont réduites à leur expression la plus simple, elles sont examinées de près puis elles sont comparées entre elles afin d’en établir les ressemblances et les différences. Des questions sont formulées à propos du phénomène tel qu’il apparaît à travers les données. Deux procédures analytiques doivent alors être envisagées : la comparaison et le questionnement. Ces procédures contribuent à donner aux concepts leur précision de même que leur spécificité (Strauss et Corbin, 1990). Par ailleurs, le chercheur doit posséder une sensibilité théorique , c’est-à-dire l’habileté de voir avec une profondeur analytique ce qui y est contenu. La sensibilité théorique, pour Strauss et Corbin, réfère à la qualité personnelle du chercheur. Elle indique un état de conscience des subtilités de la signification des données. La sensibilité théorique se rapporte à la capacité d’introspection, à l’habileté de donner un sens aux données, à la capacité de comprendre puis de distinguer le pertinent du non pertinent, et ceci, dans une optique plus conceptuelle que concrète. C’est cette sensibilité théorique qui permet au chercheur de développer une théorie enracinée, dense au plan conceptuel et bien intégrée. À la source de cette sensibilité théorique, on retrouve la documentation consultée de même que l’expérience professionnelle et personnelle du chercheur : le parfait dosage de la connaissance et de l’expérience. Il s’agit donc, lors de cette première étape, de dégager l’essentiel du message exprimé lors des entrevues, en demeurant le plus fidèle possible au contenu livré. On cherche ici les codes qui réfèrent à des concepts, qui renvoient à un phénomène plus abstrait, à un processus; naissent alors les catégories qui, au-delà des codes, témoignent d’une plus grande richesse conceptuelle : « L’objectif de la théorisation ancrée étant la construction théorique, l’unité de base de l’analyse, dans cette méthode, est le concept. » (Laperrière, 1997 : 314)