♀ #COURSE #SOLIDAIRE ❤️
Accomplir un exploit personnel, en groupe, en famille tout en s'engageant pour un projet porteur de sens.
Les courses caritatives solidaires surfent sur l'engouement, en hausse constante, de près de 12 millions de coureurs à pied occasionnels ou réguliers, pour recueillir des fonds au soutien d'une cause et/ou d'une recherche contre une maladie.
No Finish Line, Course des Héros, Odyssea, les Virades, les Bacchantes, Run to kick cancer, la Course des Flammes, la Joséphine, etc. La liste est immense.
Des actions sportives solidaires qui existent sous d'autres formes. Par exemple, à vélo comme le Défi des Cistes (promotion sport féminin et handisport).
1. LES ECHOS WEEK-END – 81
04 SEPTEMBRE 2020
ETMOI…
COURIR POUR LA BONNE CAUSE
Par Éric Delon – Illustrations: Séverine Assous
2. 82 – LES ECHOS WEEK-END
ET MOI…
Mêler sportif et caritatif : c’est l’objet
des courses solidaires. Si la crise sanitaire
a bouleversé le calendrier 2020, ces épreuves
de plus en plus fréquentées ne risquent pas
pour autant de disparaître. Certaines
se sont même déroulées « confinées ».
3. LES ECHOS WEEK-END – 83
LES COURSES SOLIDAIRES
C’était il y a presque un an, un week-end de
novembre. «Avant», comme on dit aujourd’hui.
Avant que le coronavirus «ne coupe les jambes»
de tous ceux qui, bon an mal, courent et
collectent des fonds pour une bonne cause.
Ce jour-là, en plein centre du Chapiteau de
Fontvieille, ce vaste espace qui accueille depuis
plus de trente ans, le très réputé Festival
international du cirque de Monte-Carlo,
les spectateurs, en grand nombre, ne s’attendent
pas à voir débarquer clowns, trapézistes ou
jongleurs émérites. Mais leur Prince, Albert II
de Monaco. Tout sourire, en tenue sportive,
entouré de son impressionnant service d’ordre
ce grand amoureux de football, supporter
numéro 1 du club local, s’apprête à donner
le coup d’envoi de la 20e
édition de la No Finish
Line Monaco.
Depuis ses premiers pas en 1999, l’épreuve
a essaimé. À Paris, notamment, dès 2015.
Cette année, confinement oblige, la No Finish
Line Paris s’est déroulée «connectée», au profit
de Tous unis contre le virus, la Chaîne de l’espoir
et le Samu Social de Paris. Un kilomètre
parcouru, un euro. Partout en France les courses
solidaires «confinées» – on court chez soi –
se sont multipliées, notamment au profit
des personnels soignants, maintenant allumé
le flambeau de ces épreuves caritatives.
UN EURO PAR KILOMÈTRE PARCOURU
À Monaco la No Finish Line, devenue un
événement incontournable dans la Principauté,
fait courir 24h/24, pendant une semaine, des
depuis plus de quarante ans. «C’est ma
14e
édition à Monaco et ma 25e
Finish Line,
au total, j’en ai gagné 4. Je cours en moyenne
105 km en 24 heures. Ici, l’ambiance est bon
enfant. On côtoie autant des athlètes confirmés
que Monsieur Tout-le-Monde tout en effectuant
une bonne action», sourit-il, légèrement
essoufflé. Non loin de lui, résonne la grosse voix
de Dominique Odouard, physique de
déménageur et bandana noir noué dans
sa chevelure poivre et sel. Ce Stéphanois
d’origine vient de prendre sa retraite.
C’est sa 9e
édition à Monaco. Son record?
732 km parcourus en huit jours. «Le corps
humain n’a pas de limite, c’est une machine
de guerre, c’est le moral qui le fait avancer!
De nombreuses fois, mes petits bobos ont disparu
dès que j’ai foulé la piste. Il existe une
authentique fraternité sur cette course. L’esprit
de compétition, bien réel, est tempéré par
la noble cause que l’on porte.» Son prochain défi
était l’édition grecque de la No Finish Line,
programmée en mai, elle a été annulée.
Mais ce n’est que partie remise.
12 MILLIONS DE COUREURS À PIED
Lutte contre le diabète, la mucoviscidose
ou le cancer du sein, combat pour la
scolarisation des enfants des rues en Afrique
ou contre le handicap: les courses solidaires
ont le vent en poupe en France. Un phénomène
qui surfe sur l’engouement des Français pour
le «running». On estime ainsi aujourd’hui
à près de 12 millions les coureurs à pied
occasionnels ou réguliers, un chiffre en hausse
constante. Pour leurs nombreux participants,
ces courses caritatives, dont le concept est bien
souvent importé de l’univers anglo-saxon
et qui revêtent de multiples formats (course,
marche, semi-marathon, tout public) possèdent
la vertu cardinale de se dépasser physiquement,
d’accomplir un exploit sportif tout en s’engageant
pour un projet porteur de sens. Afin de collecter
les dons qui seront reversés – pour tout
ou partie – aux associations partenaires,
les organisateurs de ces courses ont recours,
soit aux frais d’inscription (achat du dossard),
soit à la performance (x euro pour chaque
kilomètre parcouru), soit demandent un
minimum forfaitaire, charge au participant
de recueillir la somme en sollicitant son
entourage, via un système de crowdfunding.
milliers des participants sur un circuit de
1,5 km, dont une partie longe la majestueuse
Méditerranée. L’objectif de l’opération:
recueillir des fonds pour financer des projets
en faveur d’enfants défavorisés ou souffrants.
«Cette course caritative que l’on a déclinée en
France et à l’étranger conjugue la convivialité
d’une fête sportive à la générosité, vante
Philippe Verdier, son fondateur, entre deux
ordres transmis au talkie-walkie au vaste
aréopage de bénévoles. En vingt ans, nous avons
accueilli 125000 participants qui ont parcouru
au total 3660000 km.»
Partenaire de la manifestation monégasque
depuis sa création en 2001, l’association
Children & Future reverse un euro par kilomètre
réalisé par l’ensemble des participants pour
les projets caritatifs dont elle a la charge.
Il y a deux ans, elle a financé la construction
d’une école maternelle à Katmandou, au Népal,
à la suite d’un tremblement de terre.
Sur le parcours, où le soleil tente de s’imposer
face à de gros nuages menaçants, défilent
à la fois de jeunes sportifs aux corps athlétiques
et aux tenues multicolores, des seniors,
des jeunes couples avec poussettes, voire
de simples badauds promenant leurs chiens.
732 KM EN HUIT JOURS
Quelques heures après le départ officiel,
on retrouve Patrice Loquet, devant le stand
de ravitaillement, en train de se désaltérer.
Français résidant à Monaco, cet ancien agent
immobilier de 67 ans au physique sec, court
LES BACCHANTES,
cancer de la prostate:
Reims (27 septembre),
Paris (11 novembre),
Aix-en-Provence
(17 novembre).
LE CALENDRIER 2020*
NO FINISH LINE,
enfants défavorisés ou
malades en France ou
à l’étranger: Athènes
(8 au 11 octobre),
Bratislava (14 au
18 octobre), Monaco
(14 au 22 novembre).
ODYSSEA,
cancer du sein:
Chambéry
(5 septembre), Brest
VIRADES DE L’ESPOIR,
mucoviscidose: dans
plus de 300 villes et
villages (27 septembre).
* Sous réserve
d’annulations.
(13 septembre), Paris
(4 octobre), Dijon
(11 octobre), Cannes
(25 octobre), La
Réunion (7 et
8 novembre).
4. 84 – LES ECHOS WEEK-END
ET MOI…
TOUS DES HÉROS
Créée il y a dix ans, la Course des Héros
constitue, en France, la plus grande collecte
multicause (enfance, solidarité, cancer,
maladies rares, handicap…) dans l’univers
des courses solidaires. Depuis son origine,
elle a reversé près de 17 millions d’euros à plus
de 400 associations. Décliné dans différentes
villes de l’Hexagone (Paris, Lyon, Bordeaux,
Nantes), l’événement propose trois formats
de course adaptés à tous les niveaux: 2 km,
6 km en marche ou course, 10 km en course.
«Chaque participant doit récolter en amont
250 euros de dons au minimum, via une plate-
forme de collecte de fonds, à destination de
sa communauté, au bénéfice de l’association qu’il
a choisi de soutenir, explique Mathieu Pigache,
l’un des organisateurs de la course. Ce défi
solidaire permet de rassembler écoliers, étudiants,
familles et collaborateurs d’entreprises autour
de projets caritatifs multiples.» Responsable
de la communication pour l’association Planète
enfants et développement qui œuvre pour
la «protection et l’épanouissement des enfants
les plus vulnérables», Sylvie Morin-Miot, 39 ans,
a participé à sa première Course des Héros
l’an dernier, à Paris. «Je n’avais jamais
véritablement couru auparavant. Je n’aime pas
particulièrement cela mais l’urgence de la
situation, en l’occurrence le recul global des dons
aux associations, m’a poussée à sortir de ma zone
de confort. J’éprouve beaucoup de fierté à l’avoir
fait. J’ai prouvé à mon entourage, autant
qu’à moi-même, que j’étais capable de relever
ce défi. L’ambiance était survoltée et emplie
de générosité.» Elle s’est promis de participer
à la prochaine course organisée en juin prochain
au parc de Saint-Cloud, dans l’Ouest parisien.
UN INTERNAT AU NÉPAL
Responsable d’une boutique de déstockage
de vêtements dans le XIIIe
arrondissement
de Paris, Aurélie, 29 ans, participe à la course
parisienne depuis deux ans. Pour sa première
édition, elle n’avait pas choisi de courir pour
une association. Cette année, elle a jeté son
dévolu, précisément, sur Planète enfants et
développement. «C’est devenu une évidence
pour moi de récolter des fonds. J’ai entendu
parler de cette association sur les réseaux
sociaux. J’ai tout de suite été conquise car
ce collectif effectue un travail incroyable avec
les enfants et les femmes du Népal (entre autres),
un pays dont je revenais et pour lequel
je souhaitais contribuer.» Cette année, la jeune
femme va «se relancer sur la course des 10 km».
L’ensemble des fonds récoltés servira
à aménager un nouvel internat (dortoirs,
cuisine, salle commune…) pour des jeunes filles
népalaises leur évitant d’effectuer sept heures
de marche pour se rendre au collège. Lors
de son premier semi-marathon solidaire, réalisé
l’an dernier dans le cadre d’une autre course,
Aurélie se souvient avoir croisé, par hasard,
quatre de ses amies au 6e
km de l’épreuve
«Je me suis arrêtée pour les prendre dans mes
bras. Nous nous sommes toutes mises à pleurer.
Les voir m’a apporté un soutien énorme pour
le reste de la course que j’ai réussi à terminer.»
10 MILLIONS D’EUROS COLLECTÉS
Odyssea, autre course solidaire créée en 2002
par une ancienne athlète de l’équipe de France
d’athlétisme et une kinésithérapeute,
se consacre à la lutte contre le cancer du sein.
Depuis sa création, elle a mobilisé plus
de 1 million de participants dans 14 villes
de métropole et d’outre-mer, redistribuant
près de 10 millions d’euros en faveur de
la prévention, de la recherche et de la lutte
contre ce cancer le plus répandu chez les
femmes. Responsable communication dans
une association, Isabelle Jalk, 43 ans ne raterait
sous aucun prétexte l’édition qui se déroule
chaque année dans sa ville de Chambéry
(Savoie), la première quinzaine de mai.
«J’ai toujours été sportive. Je participe à Odyssea
Chambéry depuis six ans. Chaque année,
c’est un véritable événement dans la ville, convivial
et familial. Les commerçants jouent le jeu.
C’est particulièrement impressionnant quand
des milliers de participants – hommes et femmes –
s’élancent, arborant tous un superbe maillot rose
[la couleur de l’association, NDLR]. Les courses
sont accessibles au plus grand nombre. Le message
scientifique est explicite: la pratique d’une activité
physique régulière peut prévenir 20% des cancers
du sein», souligne-t-elle, vantant la transparence
de l’organisation de la course quant à la
destination des dons, en l’occurrence les services
d’oncologie des hôpitaux savoyards.
COURIR EN FAMILLE
Inspirées d’une course américaine, Les Virades
de l’espoir sont organisées depuis trente-cinq ans
par l’association Vaincre la Mucoviscidose pour
récolter des fonds (110 millions d’euros depuis
1985) contre cette maladie génétique qui affecte
6500 patients en France. Cet évènement sportif
et festif (concerts, spectacles, jeux, restauration)
se déroule chaque année le dernier dimanche
du mois de septembre dans l’ensemble
de l’Hexagone (310 courses au total). «L’idée
est de réaliser un effort physique, respiratoire,
symbolique pour ces malades qui subissent
de graves problèmes pulmonaires, explique
Laure Brogliolo, directrice du développement
des ressources et des manifestations de
Parallèlement aux
courses solidaires,
les grandes épreuves
comme le Marathon
de Paris (annulé pour
2020) ou le Marathon
du Mont-Blanc
permettent également
aux participants
de soutenir le projet
ou l’association de
leur choix en achetant
un dossard solidaire
(ticket d’entrée:
500 euros). Les
coureurs le financent
eux-mêmes, ou bien
ils sollicitent leur
entourage en créant
une cagnotte en ligne
à l’aide d’une plate-
forme numérique
dédiée. «Certains
coureurs souhaitent
donner du sens à leur
course. Par ailleurs les
associations sont très
demandeuses car il
leur est de plus en plus
difficile de récolter de
l’argent, la population
des donneurs étant
vieillissante. Les
grandes courses,
comme le Marathon
de Paris, dont
la moyenne d’âge
des participants frôle
les 40 ans, permettent
de renouveler leur base
de donateurs»,
explique Alexandre
Maslin, responsable
stratégie et offre
des évènements grand
public chez Amaury
Sport Organisation
(ASO), le géant
de l’évènementiel qui,
outre le Marathon
de Paris, organise
notamment, le Tour
de France ou le Rallye
Dakar (ex-Paris-Dakar).
Lors de l’édition 2019
du marathon de
la capitale, sur 60000
coureurs participants,
1000 arboraient
un dossard solidaire.
ENTREPRISES SOLIDAIRES
5. LES ECHOS WEEK-END – 85
LES COURSES SOLIDAIRES
l’association. Chaque Virade, à la ville ou à
la campagne, est liée à une histoire particulière.
Courir est un moyen utile – pour sa propre
santé – et original pour soutenir une cause. C’est
plus impliquant que de donner un chèque, même si
ce moyen traditionnel demeure indispensable.»
Chef de projet dans l’informatique, Frédéric
Lecomte, 55 ans, participe depuis six ans
à la Virade qui se déroule dans le parc de Sceaux
dans le sud de Paris. Son fils, Louis, 17 ans,
est atteint par la maladie, détectée dès
sa naissance. «La pathologie de Louis nous
a sensibilisés à l’intérêt de faire du sport, de se
dépasser. Nous courons ensemble à chaque Virade,
avec mon autre fils. Nous effectuons tous les trois
une préparation physique plusieurs semaines
avant l’épreuve. À titre personnel, je participe à
d’autres courses solidaires.»
HUMOUR AU PROGRAMME
Apparues plus récemment dans le paysage
(2012) pour soutenir la recherche contre
le cancer de la prostate, les Bacchantes se
définissent comme des courses «pas sérieuses»
et soumettent les participants à un dress code
incontournable: s’affubler d’une moustache,
réelle ou postiche et d’un tee-shirt orange.
Pour chaque inscription au parcours de 8 km,
déclinés à Paris, Reims et Aix-en-Provence,
10 euros sont reversés à un fonds de dotation,
doté d’un conseil scientifique, qui étudie
les différents projets scientifiques et médicaux
en lien avec cette lutte. «Avant le début
des années 2010, il n’existait quasiment aucun
événement promouvant la lutte contre ce type
de maladie masculine, relève Eric Decerle,
le co-organisateur de la manifestation.
Nous réunissons environ 4500 participants
à Paris et 1500 en moyenne en province.
Dans la capitale, les attentats de 2015
ont légèrement fait refluer la participation.
Le dress code original que nous avons choisi
nous sert à sensibiliser davantage le grand
public.» Cadre dans une collectivité territoriale
de Seine-Saint-Denis, Thierry Begasse, 54 ans,
a participé à cinq éditions de la course des
Bacchantes. Il y a six ans, son oncologue lui avait
diagnostiqué un cancer de la prostate. À la suite
de son opération, son médecin l’a vivement
encouragé à faire du sport tout en lui signalant
l’existence de la course. «Je m’y suis mis
avec beaucoup d’enthousiasme. L’an dernier
j’ai couru, en équipe, avec mon club de Rosny-sous-
Bois, dans mon département. Nous avons
remporté le challenge par équipe. L’ambiance
de la course est fantastique. Depuis mon cancer,
le sport est devenu une formidable soupape pour
mon équilibre de vie…» Courir pour soi ou pour
les autres? C’est finalement la même chose.
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