2. * Un cadre d'entreprise, sa femme, sa
famille, au moment où les choix
professionnels de l'un font basculer la vie
de tous.
* Philippe Lemesle et sa femme se
séparent, un amour abimé par la pression
du travail. Cadre performant dans un
groupe industriel, Philippe ne sait plus
répondre aux injonctions incohérentes de
sa direction.
* On le voulait hier dirigeant, on le veut
aujourd'hui exécutant. Il est à l'instant
où il lui faut décider du sens de sa vie.
*
3. * Stéphane Brizé est né à Rennes en
1966. Il commence ses études en
effectuant un DUT d'électronique lui
permettant très tôt de côtoyer le
monde de la télévision et du cinéma en
devenant technicien de l'audiovisuel.
Installé à Paris, il en profite pour
s'inscrire à des courts d'art dramatique
qui le passionneront jusqu'à se
spécialiser dans le métier d'acteur et
mettre en scène plusieurs pièces de
théâtre.
* En 1996, el réalise L'Oeil qui traine
gagnant du Grand prix du Festival de
Vendôme, de Rennes, de Mamers et
d'Alès, ainsi que le Prix d'interprétation
masculin au Festival de Saint-Denis.
* Avec Je ne suis pas là pou être aimé,
sorti en 2005, le réalisateur arrive de
nouveau à toucher le public en
évoquant la vie d'un homme sans
sentiments ni expressions (interprété
par Patrick Chesnais) s'ouvrant petit à
petit au monde grâce à des cours de
tango. Le film fut présenté au festival
de San Sebastian et reçu plusieurs
nomminations aux Césars 2006.
4. * Passant aussi devant la caméra en tournant
pour Thomas Vincent dans Le Nouveau
protocole, on le retrouve dans les salles en
2009 avec un drame sentimental,
Mademoiselle Chambon, tiré d'une oeuvre
de Eric Holder pour lequel il est
recompensé par le César de la Meilleure
Adaptation en 2010. Trois ans après, il
revient avec Quelques heures de printemps,
long métrage porté à nouveau par Vincent
Lindon, et Hélène Vincent. Le film décroche
quatre citations aux César 2013 (Meilleur
réalisateur, Meilleure actrice, Meilleur
acteur et Meilleur scénario original).
* Le metteur en scène refait ensuite équipe
avec Vincent Lindon pour La Loi du marché,
film social réaliste engagé dans lequel
l'acteur joue un père de famille qui
commence un nouveau travail d'agent de
sécurité dans une grande surface après une
longue période de chômage. La
performance de Lindon est récompensée,
entre autres, à Cannes et aux César.
* Rapidement, Stéphane Brizé livre son
nouveau film, Une vie, qui est adapté du
premier roman de Guy de Maupassant et
comprenant Judith Chemla, Jean-Pierre
Darroussin, Yolande Moreau et Swann Arlaud
dans le rôles principaux.
7. *
* Fils d'un riche industriel Vincent Lindon débute
dans le cinéma comme aide-costumier sur Mon
oncle d'Amérique. Après un séjour aux Etats-Unis
et une expérience de journaliste au quotidien "Le
Matin", il choisit la voie de la comédie. Francis
Huster, un de ses professeurs au Cours Florent, le
recommande alors à Paul Boujenah, qui offre à
l'acteur son premier rôle, celui d'un inspecteur,
dans Le Faucon en 1983.
* Vincent Lindon enchaîne bientôt les seconds rôles
dans quelques oeuvres marquantes des années 80
comme Notre histoire de Blier en 1984, 37°2 le
matin de Beineix en 1986 ou encore Quelques
jours avec moi de Sautet en 1988. Cette année-là,
il est pour la première fois la tête d'affiche d'un
film, L'Etudiante de Claude Pinoteau. Il y campe
un musicien bohème amoureux de Sophie
Marceau, une prestation qui lui vaut le prix Jean
Gabin un an plus tard. Il y a des jours... et des
lunes marque en 1990 le début d'une fructueuse
collaboration avec Claude Lelouch qui se
poursuivra avec l'ambitieux La Belle histoire et la
comédie à succès Tout ça... pour ça ! en 1993.
* A l'aube des années 2000, Vincent Lindon est l'un
des comédiens les plus sollicités du cinéma
français. En 1997, Benoît Jacquot lui ouvre les
portes du cinéma d'auteur avec Le Septieme Ciel,
radiographie d'un couple dans lequel l'acteur
donne la réplique à Sandrine Kiberlain. Acceptant
un périlleux rôle de travesti dans L'Ecole de la
chair du même Jacquot, il est dirigé par
l'exigeante Claire Denis dans Vendredi soir en
2002.
8. * En 2009, il retrouve pour la quatrième fois son ancienne compagne
Sandrine Kiberlain dans Mademoiselle Chambon. Décidément
fidèle, il tourne, deux ans plus tard, pour la 3e fois avec
Emmanuelle Devos dans La Permission de minuit et pour la 2ème
fois avec Philippe Lioret dans Toutes nos envies.
* En 2015, après avoir donné la réplique à l'actrice la plus
demandée du moment en la personne de Léa Seydoux dans
Journal d’une femme de chambre, Vincent Lindon incarne dans le
drame social La Loi du Marché un père de famille commençant un
nouveau travail qui le met face à un dilemme moral. Le film est
présenté en Compétition au Festival de Cannes 2015 et l'acteur est
couronné du Prix d'Interprétation Masculine.
* L'acteur retrouve Stéphane Brizé en 2018 pour un nouveau film
social, En Guerre, dans lequel il prête sa carrure à un ouvrier
menant son équipe à la grève générale pour protester contre la
fermeture de leur entreprise. Comédien caméléon, il se glisse
aussi dans le costume du sculpteur Rodin dans le film de Jacques
Doillon.
* Après la comédie Mon cousin où il donne la réplique à François
Damiens, l'acteur fait une incursion inédite dans le cinéma de
genre avec Titane de Julia Ducournau. Échappant aux étiquettes,
Titane fait l'effet d'une bombe au Festival de Cannes 2021 où il est
présenté en compétition et d'où il repart avec l'ultime récompense
: la Palme d'Or.
* Un an après le sacre de Titane, Vincent Lindon revient sur la
Croisette en tant que président du jury de la 75ème édition. Entre
temps, le comédien a retrouvé Stéphane Brizé et Sandrine
Kiberlain pour le drame social Un autre monde, qui observe cette
fois l'univers du travail du côté des cadres financiers.
9. *
* Elle est née à Paris en 1968. Petite fille solitaire qui
aime faire rire son entourage, Sandrine Kiberlain est
très tôt attirée par la comédie. Le bac en poche,
elle y sera admise en classe libre. Elle intègre ensuite
le Conservatoire avec pour prof Daniel Mesguich. Au
cinéma, après plusieurs apparitions (Cours privé en
1986, Cyrano de Bergerac en 1990), elle décroche le
rôle d'une call girl dans Les Patriotes de Rochant,
prestation qui lui vaut une nomination au César du
Meilleur espoir en 1995.
* Sollicitée par les jeunes réalisatrices, de Sophie
Fillières à Laurence Ferreira Barbosa, en passant par
Pascale Bailly, l'actrice rencontre bientôt une autre
cinéaste prometteuse, Laetitia Masson, qui lui offre
le rôle principal de son premier long métrage, En
avoir (ou pas). Taches de rousseur et allure gauche,
Kiberlain y campe Alice, ouvrière à la recherche de
l'amour et d'une place dans la société, avec à la clé
un César du Meilleur espoir en 1996 (après le Prix
Romy-Schneider en 1995). Une belle complicité se
noue entre la jeune actrice et la réalisatrice, qui
écrira pour elle deux personnages de femme en quête
d'identité, dans A vendre puis dans Love me. Entre-
temps, Sandrine Kiberlain confirme son talent en
participant à des projets aussi variés que Un héros
très discret de Jacques Audiard.
10. En 2013, la comédienne remporte le César de la meilleure actrice pour son rôle
d'avocate dans la comédie déjantée d'Albert Dupontel, 9 mois ferme. Un an plus tard,
elle glane à nouveau une nomination aux Césars pour son personnage d'esthéticienne
mythomane dans Elle l'adore de Jeanne Herry. Elle devient ensuite la fille de Jean
Rochefort dans Floride avant d'incarner la mère d'un adolescent découvrant son
homosexualité dans Quand on a 17 ans d'André Téchiné.
En 2018, l'actrice est à l'affiche de 4 films : la comédie de boulevard de Daniel
Auteuil, Amoureux de ma femme; La Belle et la Belle; le thriller poisseux Fleuve noir
avec Vincent Cassel ; et le bouleversant Pupille consacré à l'adoption.
Après être passé derrière la caméra
en 2016 avec le court-métrage
Bonne figure, avec Chiara
Mastroianni, Sandrine Kiberlain signe
son premier long-métrage en 2022.
Présenté en Séance Spéciale à la
Semaine de la Critique du Festival
de Cannes 2021, Une jeune fille qui
va bien suit le parcours d'une femme
juive insouciante en pleine
Occupation.
11. *
* Anthony Bajon fait ses premières armes de
comédien sous la direction de Léa Fehner dans
Les Ogres, sortie en 2016. Le jeune homme
enchaîne ensuite les petits rôles dans Maryline
de Guillaume Gallienne et Rodin de Jacques
Doillon.
* En 2018, Anthony accède à la consécration avec
le rôle de Thomas dans La Prière de Cédric Kahn.
Sa performance est récompensée par l'Ours
d'argent du meilleur acteur à la Berlinale 2018 et
une nomination au César du meilleur espoir
masculin 2019.
* Courtisé par le cinéma français, on le voit dans la
comédie politique de Jeanne Balibar, Merveilles
à Montfermeil, et en prétendant d'Hafsia Herzi
dans Tu mérites un amour. Il décroche une
deuxième nomination au César du meilleur espoir
en 2020 pour sa prestation dans Au nom de la
terre, un drame sur le monde agricole inspiré de
la propre histoire du réalisateur. Anthony Bajon y
est le fils de Guillaume Canet, un paysan endetté
qui sombre peu à peu.
* Il poursuit en jouant le rôle-titre de Teddy, conte
fantastique réinventant le mythe du loup-garoup,
et incarne le personnage principal de La
Troisième guerre, drame sur trois militaires
déployés dans le cadre de l'opération Sentinelle.
12. * Marie Drucker, née le 3 décembre 1974 à
Paris, est une journaliste, animatrice de
radio et de télévision et documentariste
française. Marie Drucker. Elle est la fille
du dirigeant de télévision Jean Drucker,
la nièce de l'animateur de télévision
Michel Drucker et la cousine de l'actrice
Léa Drucker.
* En juillet 2016, elle quitte la rédaction
de France 2 pour se consacrer à la
réalisation de documentaires et fonder
sa société de production No School
Productions. Elle devient également
présentatrice de
l'émission Infrarouge diffusée tous les
mardis soir sur France 2 depuis janvier
2017.
*
13. *
* - Le sujet. Après avoir dénoncé dans ses
deux films précédents les dommages
causés parfois aux petits salariés par le
capitalisme sauvage, Stéphane Brizé
continue de critiquer les aspects négatifs
de ce système. Mais cette fois, en
s’attaquant aux dommages que ce système
produit sur les dirigeants intermédiaires.
* « De nombreux cadres nous ont raconté, à
Olivier Gorce, mon co-scénariste, et à
moi-même, comment il leur devient
impossible d’appliquer vers le bas des
injonctions venues d’en haut, comment ils
parviennent de moins en moins à trouver
un sens à leur vie, car on ne leur demande
plus de réfléchir, mais d’exécuter »
explique-t-il.
* Le cinéaste s’est donc dit que le moment
était venu de rendre compte de cette
situation souvent mise sous le boisseau, et
de donner la parole à ceux qui, bien que
souvent considérés comme étant le bras
armé des entreprises, sont en fait devenus
de simples exécutants pris entre le
marteau et l’enclume.
* Pour nourrir son scénario, le rendre
indiscutable dans son contenu et
imparable dans sa démonstration, il s’est
appuyé sur une multitude de témoignages
de cadres brisés par l’ultra-libéralisme. Ce
socle de vécu lui a permis d’échapper au
manichéisme bêta qui oppose souvent
méchants cadres et gentils ouvriers.
14. * La mise en scène. Pour ce film, Stéphane Brizé a
multiplié les gros plans et les axes de prises de vues. La
méthode se révèle être d’une efficacité redoutable. En
donnant à faire ressentir visuellement l’étouffement de
Philippe Lemesle, sa suffocation et sa sensation d’être
pris dans un étau, le cinéaste donne «physiquement » à
comprendre l’inhumanité d’un système qui broie sans
état d’âme les individus.
* - La distribution. Elle est plus que parfaite. A commencer
par Vincent Lindon, stupéfiant de pugnacité et de douleur
rentrée dans le rôle de Philippe Lemesle. C’est la
cinquième collaboration du comédien avec Stéphane
Brizé — il fut notamment Prix d’interprétation au Festival
de Cannes 2015, puis César du meilleur acteur en 2016
pour La Loi du Marché — et à chaque nouveau rôle, il
monte encore d’un cran en intensité, avec une économie
de moyens et une intériorité qui laissent pantois.
* Dans le rôle de son épouse découragée par ses absences
dues à une gestion accaparante de son travail, Sandrine
Kiberlain est formidable elle aussi, qui dit tout de son
chagrin et de son désarroi dans un silence d’une
admirable dignité.
* Dans la façon délicate qu’il a de faire ressentir les fêlures
de son personnage d’autiste, Anthony Bajon confirme
qu’il est un des plus grands interprètes de sa génération.
Mais la vraie surprise de cette distribution vient de Marie
Drucker, qui sans une fausse note, donne à comprendre, à
elle seule, le cynisme du système capitaliste. Une
performance de la part d’une journaliste débutante dans
le métier d’actrice.
16. *Ce film est un chef d'oeuvre
d'interprétation et de
clairvoyance sur ce monde
que l'on a construit où à
tous les étages ont a fait
des humains des esclaves
pour que certains
s'enrichissent !
*Stéphane Brizé explore à
nouveau le monde du travail
avec Vincent Lindon dans le
rôle d’un patron qui doit
mettre en place un plan
social, qu’il juge dangereux
pour l’entreprise. Brillant et
montre les limites du
système capitaliste.
17. * Stéphane Brizé et Vincent Lindon en toute
complicité, pour nous offrir un petit bijou
! un magnifique parallèle entre le monde
impitoyable dit moderne des affaires, et
du couple usé, fataliste, formé par
Philippe (Vincent Lindon ) et Anne
(Sandrine Kiberlain). Ces deux là n'ont
jamais été aussi justes et expressifs,
chargés de tendresse dans les épreuves,
sans besoin de dire les choses, et nous
emportent littéralement dans ce
tourbillon. Le scénario frise la perfection,
par l'ambiance tellement réaliste du
management opérant dans les grandes
entreprises multinationales - fantastique -
y compris par le rôle de la DG France
magnifiquement incarné par Marie
Drucker, impeccable, implacable.
* Les images sont splendides, et la charge
psychologique intense et constante. Par
moments, on se demande comment un
homme ( ou une femme ) peut "encaisser"
de telles pressions sans dégâts, ce climat
est extrêmement bien rendu et donne
toute sa puissance à ce film. On n'est pas
loin d'un Chef d’ Œuvre, qui propose une
vraie réflexion intérieure quelques rôles
sublimes......!!**
* Michel C (Allociné)