2. Biographie
Annie Ernaux est née le 1er septembre 1940 à Lillebonne (Seine-Maritime).
C'est une écrivaine française, professeur de lettres. Son ouvre littéraire,
pour l'essentiel autobiographique, entretient des liens étroits avec la
sociologie.
Elle passe son enfance et sa jeunesse à Yvetot, en Normandie. Née dans
un milieu social modeste, de parents d'abord ouvriers, puis petits
commerçants qui possédaient un café épicerie, Annie Ernaux fait ses
études à l'université de Rouen puis de Bordeaux. Elle devient
successivement professeure certifiée, puis agrégée de lettres modernes.
Au début des années 1970, elle enseigne au lycée de Bonneville, au
collège d'Évire à Annecy puis à Pontoise avant d'intégrer le Centre national
d'enseignement à distance (CNED).
3. En 2011, Annie Ernaux publie L'Autre Fille, une lettre adressée à sa
sour, décédée avant sa naissance.
La même année, une anthologie intitulée Écrire la vie paraît dans la
collection « Quarto ». Elle rassemble la plupart de ses écrits
autobiographiques et propose un cahier d'une centaine de pages,
composé de photos et d'extraits de son journal intime inédit.
Maintenant à la retraite, elle vit à Cergy en région parisienne où elle ne
cesse d'écrire. Son travail littéraire le plus récent s'intitule Mémoires de
fille (2016).
4. Annie Ernaux fait son entrée
en littérature en 1974
avec Les Armoires vides, un
roman autobiographique. En
1984, elle obtient le prix
Renaudot pour un de ses
ouvrages à caractère
autobiographique, La
Place. Les Années, vaste
fresque qui court de l'après-
guerre à nos jours, publiée
en 2008, est récompensée
en 2008 et 2009 par
plusieurs prix. Cette même
année 2008, elle reçoit le Prix
de la langue française pour
l'ensemble de son ouvre.
En juillet 2007, son
texte Passion simple, créé au
théâtre par la Compagnie des
temps venus, est interprété
par Carole Bouillon et mis en
scène par Zabo.
5. Résumé
J’ai voulu l’oublier cette fille.
L’oublier vraiment, c’est-à-dire ne
plus avoir envie d’écrire sur elle.
Ne plus penser que je dois écrire
sur elle, son désir, sa folie, son
idiotie et son orgueil, sa faim et
son sang tari. Je n’y suis jamais
parvenue.»
Annie Ernaux replonge dans l’été
1958, celui de sa première nuit
avec un homme, à la colonie de
S dans l’Orne. Nuit dont l’onde
de choc s’est propagée
violemment dans son corps et
sur son existence durant deux
années. S’appuyant sur des
images indélébiles de sa
mémoire, des photos et des
lettres écrites à ses amies, elle
interroge cette fille qu’elle a été
dans un va-et-vient entre hier et
aujourd’hui.
6. Critiques
Ce n'est pas la première fois qu‘Annie Ernaux
revient sur un épisode de son passé, c'est
même le leitmotiv de ce que l'on peut appeler
son oeuvre, depuis La place, en passant
par les Armoires vides, elle nous a habitués
à ce discours au microscope, qui met en
lumière la difficulté de s'intégrer à une
nouvelle niche sociale sans renoncer à ses
origines. Et pourtant, cette fois un pas a été
franchi, un pas qui permet de comprendre tout
le reste : des critiques ont parlé de chainon
manquant.
7.
8. Août 1958. Annie Ernaux, fraîche émoulue d’une institution catholique obtient un
poste de monitrice dans un camp de vacances à S., quelque part en Normandie.
Premier séjour loin des parents, premiers pas vers l’autonomie, première
expérience amoureuse qui se soldera par échec cuisant. Annie est une fille
enthousiaste et bien naïve : elle tombe amoureuse d’un bellâtre à qui elle se
donne dès les premières avances et qui la largue sitôt après, elle se vante de ses
aventures et multiplie les expériences.
9. Annie Ernaux n’écrit pas une histoire,
elle écrit une recherche. Le mystère
se trouve là, dans cette passion folle
d’une fille pour un homme, malgré la
violence et le rejet. « Ce n’est pas à
lui qu’elle se soumet, c’est à une loi
indiscutable, universelle, celle d’une
sauvagerie masculine qu’un jour ou
l’autre il lui aurait bien fallu subir. Que
cette loi soit brutale et sale, c’est
ainsi. » Éclairer ce mystère impose la
déconstruction du climat, des
injonctions de l’époque.
Avec d’incessants aller-retour entre
1958 et 2014, entre elle et je, des
descriptions de photographies
personnelles, des extraits de la
correspondance avec une amie
d’enfance, Ernaux nous emmène
dans ce gouffre. Et on la suit, happés
par son écriture percutante.
Percutante puisqu’elle relate des
expériences que chacun a pu faire et
nous livre des phrases d’une
justesse qui nous fait dire qu’elle
trouve les mots que nous aurions
voulu avoir.