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17 July 2015 Tara Dagostino
1
Stanford et MIT tournent leurs investissements vers des actifs
« green »
Le débat sur le désinvestissement des énergies fossiles devient de plus en plus rependu au sein
des universités américaines. Aujourd’hui, c’est au total 28 universités américaines qui ont fait le
choix de vendre leurs fonds de dotation placées dans les secteurs du gaz naturel, du charbon et
du pétrole. Le mouvement, lancé par l’organisation Go Fossil Free [1], milite pour un
environnement plus vert et moins (non) dépendant des énergies fossiles.
Cette année, la pression du milieu académique a pris de l’ampleur quand 8 universités
supplémentaires ont rejoint le mouvement. On compte par exemple et depuis peu la
prestigieuse Georgetown University qui a annonce le 4 juin 2015 qu’elle cédait ses actions
placées dans le domaine du charbon [2].
Mise au point sur le désinvestissement aux Etats Unis
Le désinvestissement (qui peut assez simplement se définir comme étant le contraire de
l’investissement) correspond au retrait d’actifs, de fonds, et/ou d’obligations boursières. Dans
le cas des énergies fossiles, le désinvestissement consiste à utiliser le retrait d’actifs établis au
sein d’entreprises dans les secteurs du charbon, du gaz naturel et du pétrole, comme moyen de
pression pour stimuler le débat public sur les questions du réchauffement climatique et
favoriser les investissements dans les sources d’énergies durables.
Aux Etats-Unis, il est commun que des universités ou des villes fassent des placements sous la
forme d’actifs boursiers. Collectivement, les universités américaines ont plus de 12 milliards de
dollars en valeur d’actifs d’investissements dans des entreprises qui extraient et minent des
énergies fossiles [3]. Ces actions qui sont placées au sein d’entreprises américaines telles que
BP Energy ou ExxonMobil permettent ensuite de subventionner les prix de formation des
étudiants et des services académiques.
Standford University est la première université d’Ivy League à avoir annoncé en mai 2014 sa
décision de céder 18,7 millions de dollars de leur fonds de dotation d’entreprises d’extraction
de charbon [4]. Standford fut alors suivi par de nombreuses autres universités telles que
University of Washington, Syracuse University, Unity College [5]... Dans un nouveau rapport, le
MIT a annoncé sa volonté de vendre une part de ses fonds de dotation d’entreprises d’énergies
fossiles, de charbon, et de sables bitumineux, a hauteur de 12,4 milliards de dollars [6].
Est ce vraiment utile ?
17 July 2015 Tara Dagostino
2
D’autres universités refusent pour leur part de vendre leurs dotations d’énergies fossiles. A
Cambridge dans le Massachusetts, Harvard et le MIT s’affrontent dans le débat sur le
désinvestissement. Particulièrement influent, le conseil d’administration de Harvard s’est
opposé au mouvement, affirmant qu’en plus d’avoir des effets financiers minimes, voir
négligeables sur les entreprises, voter pour le désinvestissement pourrait de plus réduire la voix
des universités dans ces secteur tout en diminuant une grande partie des ressources financières
dédiées a la recherche, les bourses, et les services scolaires.
La présidente d’Harvard Mme Drew Faust, qui s’est exprimée sur le sujet a travers une lettre
ouverte a la communauté d’Harvard, suggère qu’il est nécessaire de garder les dotations de
l’université afin d’assurer le financement académique de l’institution (qui correspondent a un
tiers de leurs dotations totales) tout en gardant la capacité d’influencer les entreprises et les
diriger vers une modèle économique plus durable [7].
D’autres scientifiques et intellectuels américains se sont exprimés sur le sujet et suggèrent que
le désinvestissement n’aura pas un grand impact pour la raison simple que d’autres entreprises
rachèterons les actions. Stephen Bocking, professeur de science de l’environnement à Trent
University en Ontario, explique que le mouvement de désinvestissement est plus symbolique
que stratégique et n’aura pas un grand impact sur le changement climatique mondial :
« Finalement, les entreprises d’énergies fossiles serons soumis à des pressions beaucoup moins
importantes pour changer leur modèle d’affaires que si leurs actions était détenues par des
organisations et des universités socialement responsables » [8].
Un moyen de pression, mais pas que.
En plus des raisons morales du désinvestissement des universités, investir dans les énergies
durables comme l’énergie solaire ou le charbon propre pourrait être plus que stratégique pour
les portefeuilles d’actions des universités.
D’après un rapport de Bloomberg New Energy Finance, c’est quelques trillions de dollars qui
seront investis dans les énergies renouvelables pendant les prochaines 25 années, avec un prix
de l’énergie solaire qui ne cesse de baisser contrairement au prix du pétrole qui continuera
d’augmenter [9] [10]. Selon l’International Energy Agency, l’énergie solaire pourrait être la
principale source d’énergie dans le monde d’ici 2050.
D’autres rapport (tel que celui du Panel for Climate Change de l’ONU [11]) montrent quand a
eux que les effets du réchauffement climatique vont causerons des perturbations majeures et
irréversibles de l’écosystème planétaire ainsi que sur la population mondiale.
17 July 2015 Tara Dagostino
3
En prenant compte de cette tendance, la transition des investissements en énergies-fossiles
vers les énergies renouvelables pourrait être une stratégie plus que positive pour les
universités. En faisant d’une pierre deux coups, les universités pourraient a la fois continuer de
gagner des sources de financement leur fonctionnement, tout en promouvant les sources
durables d’énergie auprès des étudiants. En effet et au delà de faire pression sur les géants
industriels de l’énergie, les universités ont l’opportunité d’être à la base d’un vaste changement
idéologique en sensibilisant a la source les leaders d’opinion de demain.
17 July 2015 Tara Dagostino
4
SOURCES :
[1] http://gofossilfree.org/commitments/
[2] http://www.huffingtonpost.com/2015/06/08/georgetown-divestment-
coal_n_7536724.html
[3] http://www.wearepowershift.org/campaigns/divest/campaigns
[4] http://www.nytimes.com/2014/05/07/education/stanford-to-purge-18-billion-
endowment-of-coal-stockOThe.html
[5] http://www.fossilfreestanford.org/about-us.html
[6] https://www.bostonglobe.com/metro/2015/06/17/mit-panel-calls-for-targeted-
divestment-coal-tar-sands/qBhGKWHP1VLv7orFP9qtsI/story.html
[7] http://www.harvard.edu/president/fossil-fuels
[8] http://www.bnn.ca/News/2015/2/18/Environmental-science-prof-says-universities-
should-keep-oil-and-gas-stocks.aspx
[9] http://www.bloomberg.com/news/articles/2015-04-14/fossil-fuels-just-lost-the-race-
against-renewables
[10] http://www.bloomberg.com/news/articles/2015-06-23/the-way-humans-get-electricity-
is-about-to-change-forever
[11] http://www.theguardian.com/environment/2015/mar/15/climate-change-un-backs-
divestment-campaign-paris-summit-fossil-fuels

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  • 1. 17 July 2015 Tara Dagostino 1 Stanford et MIT tournent leurs investissements vers des actifs « green » Le débat sur le désinvestissement des énergies fossiles devient de plus en plus rependu au sein des universités américaines. Aujourd’hui, c’est au total 28 universités américaines qui ont fait le choix de vendre leurs fonds de dotation placées dans les secteurs du gaz naturel, du charbon et du pétrole. Le mouvement, lancé par l’organisation Go Fossil Free [1], milite pour un environnement plus vert et moins (non) dépendant des énergies fossiles. Cette année, la pression du milieu académique a pris de l’ampleur quand 8 universités supplémentaires ont rejoint le mouvement. On compte par exemple et depuis peu la prestigieuse Georgetown University qui a annonce le 4 juin 2015 qu’elle cédait ses actions placées dans le domaine du charbon [2]. Mise au point sur le désinvestissement aux Etats Unis Le désinvestissement (qui peut assez simplement se définir comme étant le contraire de l’investissement) correspond au retrait d’actifs, de fonds, et/ou d’obligations boursières. Dans le cas des énergies fossiles, le désinvestissement consiste à utiliser le retrait d’actifs établis au sein d’entreprises dans les secteurs du charbon, du gaz naturel et du pétrole, comme moyen de pression pour stimuler le débat public sur les questions du réchauffement climatique et favoriser les investissements dans les sources d’énergies durables. Aux Etats-Unis, il est commun que des universités ou des villes fassent des placements sous la forme d’actifs boursiers. Collectivement, les universités américaines ont plus de 12 milliards de dollars en valeur d’actifs d’investissements dans des entreprises qui extraient et minent des énergies fossiles [3]. Ces actions qui sont placées au sein d’entreprises américaines telles que BP Energy ou ExxonMobil permettent ensuite de subventionner les prix de formation des étudiants et des services académiques. Standford University est la première université d’Ivy League à avoir annoncé en mai 2014 sa décision de céder 18,7 millions de dollars de leur fonds de dotation d’entreprises d’extraction de charbon [4]. Standford fut alors suivi par de nombreuses autres universités telles que University of Washington, Syracuse University, Unity College [5]... Dans un nouveau rapport, le MIT a annoncé sa volonté de vendre une part de ses fonds de dotation d’entreprises d’énergies fossiles, de charbon, et de sables bitumineux, a hauteur de 12,4 milliards de dollars [6]. Est ce vraiment utile ?
  • 2. 17 July 2015 Tara Dagostino 2 D’autres universités refusent pour leur part de vendre leurs dotations d’énergies fossiles. A Cambridge dans le Massachusetts, Harvard et le MIT s’affrontent dans le débat sur le désinvestissement. Particulièrement influent, le conseil d’administration de Harvard s’est opposé au mouvement, affirmant qu’en plus d’avoir des effets financiers minimes, voir négligeables sur les entreprises, voter pour le désinvestissement pourrait de plus réduire la voix des universités dans ces secteur tout en diminuant une grande partie des ressources financières dédiées a la recherche, les bourses, et les services scolaires. La présidente d’Harvard Mme Drew Faust, qui s’est exprimée sur le sujet a travers une lettre ouverte a la communauté d’Harvard, suggère qu’il est nécessaire de garder les dotations de l’université afin d’assurer le financement académique de l’institution (qui correspondent a un tiers de leurs dotations totales) tout en gardant la capacité d’influencer les entreprises et les diriger vers une modèle économique plus durable [7]. D’autres scientifiques et intellectuels américains se sont exprimés sur le sujet et suggèrent que le désinvestissement n’aura pas un grand impact pour la raison simple que d’autres entreprises rachèterons les actions. Stephen Bocking, professeur de science de l’environnement à Trent University en Ontario, explique que le mouvement de désinvestissement est plus symbolique que stratégique et n’aura pas un grand impact sur le changement climatique mondial : « Finalement, les entreprises d’énergies fossiles serons soumis à des pressions beaucoup moins importantes pour changer leur modèle d’affaires que si leurs actions était détenues par des organisations et des universités socialement responsables » [8]. Un moyen de pression, mais pas que. En plus des raisons morales du désinvestissement des universités, investir dans les énergies durables comme l’énergie solaire ou le charbon propre pourrait être plus que stratégique pour les portefeuilles d’actions des universités. D’après un rapport de Bloomberg New Energy Finance, c’est quelques trillions de dollars qui seront investis dans les énergies renouvelables pendant les prochaines 25 années, avec un prix de l’énergie solaire qui ne cesse de baisser contrairement au prix du pétrole qui continuera d’augmenter [9] [10]. Selon l’International Energy Agency, l’énergie solaire pourrait être la principale source d’énergie dans le monde d’ici 2050. D’autres rapport (tel que celui du Panel for Climate Change de l’ONU [11]) montrent quand a eux que les effets du réchauffement climatique vont causerons des perturbations majeures et irréversibles de l’écosystème planétaire ainsi que sur la population mondiale.
  • 3. 17 July 2015 Tara Dagostino 3 En prenant compte de cette tendance, la transition des investissements en énergies-fossiles vers les énergies renouvelables pourrait être une stratégie plus que positive pour les universités. En faisant d’une pierre deux coups, les universités pourraient a la fois continuer de gagner des sources de financement leur fonctionnement, tout en promouvant les sources durables d’énergie auprès des étudiants. En effet et au delà de faire pression sur les géants industriels de l’énergie, les universités ont l’opportunité d’être à la base d’un vaste changement idéologique en sensibilisant a la source les leaders d’opinion de demain.
  • 4. 17 July 2015 Tara Dagostino 4 SOURCES : [1] http://gofossilfree.org/commitments/ [2] http://www.huffingtonpost.com/2015/06/08/georgetown-divestment- coal_n_7536724.html [3] http://www.wearepowershift.org/campaigns/divest/campaigns [4] http://www.nytimes.com/2014/05/07/education/stanford-to-purge-18-billion- endowment-of-coal-stockOThe.html [5] http://www.fossilfreestanford.org/about-us.html [6] https://www.bostonglobe.com/metro/2015/06/17/mit-panel-calls-for-targeted- divestment-coal-tar-sands/qBhGKWHP1VLv7orFP9qtsI/story.html [7] http://www.harvard.edu/president/fossil-fuels [8] http://www.bnn.ca/News/2015/2/18/Environmental-science-prof-says-universities- should-keep-oil-and-gas-stocks.aspx [9] http://www.bloomberg.com/news/articles/2015-04-14/fossil-fuels-just-lost-the-race- against-renewables [10] http://www.bloomberg.com/news/articles/2015-06-23/the-way-humans-get-electricity- is-about-to-change-forever [11] http://www.theguardian.com/environment/2015/mar/15/climate-change-un-backs- divestment-campaign-paris-summit-fossil-fuels