Inventée par le colonel Picot, l'expression « gueules cassées » désigne principalement les combattants de la Première Guerre mondiale affectés par des séquelles physiques graves au niveau du visage, mais elle peut également s’appliquer à ceux marqués psychologiquement par le conflit.
Dès le début de la guerre, des asiles d'aliénés sont convertis en hôpitaux militaires, à l'exemple de Maison Blanche qui accueille des soldats mutilés tout en continuant à traiter plus de 11 000 confus et psychonévrosés. Dès lors, comment distinguer les névroses de guerre de la simulation et comment traiter les blessés psychiques ?
La réponse a évolué durant le conflit tout comme le nombre de militaires touchés, allant du commandement aux Poilus et n’épargnant pas le corps médical. La fatigue de guerre ou le cafard du combattant ne sont que l'un des nombreux traumatismes psychiques, souvent dénommés « commotions », observés en raison de la durée de la guerre et des combats prolongés ; qu'il s'agisse de troubles mentaux immédiats ou retardés dans le cas des névroses post-traumatiques.
Ainsi, au lendemain de la Grande Guerre de nombreux soldats ne purent retrouver la vie civile et/ou furent internés à vie. Il faudra attendre la fin du XXe siècle pour que les maladies mentales et la névrose traumatique soient officiellement reconnus comme une « blessure », ouvrant droit à une invalidité.
Les sources se rapportant aux « gueules cassées » physiques et psychiques de la Première Guerre mondiale ne se limitent pas aux seules archives médicales et de nombreuses traces (moulages, galerie de portraits, films, témoignages, etc.) permettent aujourd’hui d’en apprendre plus sur ces traumatismes irréversibles de la Grande Guerre.
La journée du généalogiste (26 juin 2012) : une première au Service historiqu...
Les « Gueules cassées » physiques et psychiques. Aux sources des traumatismes irréversibles de la Grande Guerre
1. Les « Gueules cassées »
physiques et psychiques
Aux sources des
traumatismes irréversibles
de la Grande Guerre
Sandrine HEISER
23 mars 2017
2. Introduction
Les soldats blessés en 1914-1918
- Conférence en juin 2016 à l’antenne
IDF du Cercle généalogique du
Rouergue accessible sur Slideshare ;
- Guide de généalogie à paraître en 2017
aux Éditions Archives & Culture.
Les « Gueules cassées » physiques et
psychiques
- N’ont pas toujours les mêmes droits
que les autres blessés ;
- Des sources variées et originales.
3. Orientation bibliographique
• Sophie Delaporte est la grande spécialiste de la
question et a reconstitué tout le parcours des
blessés de la face dans son ouvrage de référence
sur les « Gueules cassées de la Grande Guerre »
dont la 3e édition date de 2004 ;
• Priscilla Manzanares a soutenu un master 2 d’histoire
militaire, défense et politiques de sécurité à
Montpellier III qui présente une bonne vision des
sources existantes ;
• Martin Monestier a reproduit de nombreux
documents iconographiques conservés
principalement au Val-de-Grâce dans son ouvrage
paru en 2009.
4. Expositions
• Cette exposition virtuelle a
été réalisée en 2000 par
Sophie Delaporte et
Jacques Gana assisté de
Henri Ferreira-Lopes ;
• Opérations gueules
cassées au Musée des
Hospices civils de Lyon
(2004/2005) ;
• Face à face : Regards sur
la dé(re)figuration à
l’Historial de la Grande
Guerre à Péronne en
2015.
http://www.biusante.parisdescartes.fr/1418/
5. Gueules cassées,
un nouveau visage
L’Union des Blessés de la Face et
de la Tête (UBFT) et la Fondation
des « Gueules Cassées » ont
organisé conjointement un
colloque en octobre 2014 à
l’École Militaire à Paris :
Un reportage vidéo
Une
synthèse des débats
disponible en ligne
http://centenaire.org/fr/reportage/gueules-cassees-un-nouveau-vi
6. L’Union des Blessés de la Face et de la Tête
Fondée le 21 juin 1921,
l’association est reconnue
d’utilité publique en 1927.
Elle vient en aide aux très
nombreux blessés de la face
de 14-18 dont une grande
partie des handicaps n'était
pas couverte par le code des
pensions militaires de
l'époque.
http://www.ecpad.fr/lassociation-les-gueules-cassees-union-des-blesses-de-la-face-e
7. 1 – Des « Gueules cassées »
• Attribuée au colonel Yves-Émile
Picot, l'expression « Gueules
cassées » désigne
principalement les combattants
de la Première Guerre mondiale
affectés par des séquelles
physiques graves au niveau
du visage.
• Elle peut également s’appliquer
aux Poilus marqués
psychologiquement par le
conflit.
8. La chirurgie maxillo-faciale
• Les trois premiers services furent
créés fin 1914 à Paris, à Lyon et à
Bordeaux. Ils seront 17 en 1918 ;
• À Paris, les blessés des maxillaires
et de la face sont dirigés vers les
hôpitaux du Val-de-Grâce et ses
annexes Lariboisière et l’hôpital
complémentaire du collège
Chaptal (service du docteur
Sébileau), de Saint-Louis (service
du docteur Morestin), et des
hôpitaux auxiliaires n° 39 et 284.
9. Les films de la Première Guerre mondiale
• Malades et infirmières saluent la
caméra des fenêtres de
l’hôpital dans une ancienne
école quai Zaÿr.
• Le médecin aide-major Pont et
ses collaborateurs posent dans
les jardins précédant sept
« gueules cassées » qui
viennent montrer leurs
blessures en esquissant un
sourire ou en saluant de leur
casquette.
11. Moulage de Gueules cassées
• Les blessés maxillo-
faciaux étaient
photographiés de
face et de profil.
• Si le traitement
exigeait un appareil
prothétique, les
mécaniciens
réalisaient les
appareils à partir
du moulage des
visages mutilés.
ECPAD, A 910
12. Une dispersion des sources
• Les Archives municipales conservent les archives des
Hospices Civils de Lyon (HCL) dont des registres
d’observations médicales (ROM), d’expertises médico-
légales, de diagnostics et de résumés d’interventions.
On y trouve également des photographies de militaires
prises après les interventions du Dr Etienne Rollet et
de son service.
• A noter que les archives du Dr Albéric Pont et de son
service ne sont pas conservées aux Archives
municipales dans le fonds des HCL. Les supports
photographiques ont été confiés à la Bibliothèque
municipale de Lyon.
13. Le moteur de recherche Collections
http://collections.culture.fr
• Plus de 6,5 millions de documents
et plus de 4,8 millions d'images
sur le patrimoine culturel ;
• Recherche simultanément dans
différentes sources conservées
dans des musées, des bibliothèques,
des services d’archives, etc. ;
• Au total plus de 70 bases de
données, des centaines
d'expositions virtuelles et des
centaines de sites internet sont
ainsi consultables.
14.
15. Album de photographies de Gueules cassées
• Le nom du blessé est caché mais on
connait sa commune d’origine et son
département ;
• On y apprend également la date de la
blessure et en principe d’entrée dans
l’établissement, ici non renseignée ;
• Le diagnostic et le traitement sont
également mentionnés :
• Section de la lèvre supérieure et
inférieure. Fracture alvéolaire
du maxillaire supérieur
gauche ;
• Curetage des plaies,
débridements, autoplastie.
http://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/medica/resultats/index.php?do=page&cote=pont_gc_album_01&p=52
18. Base de données Léonore
(Légion d'honneur)
Evacué sur l’ambulance
3/18 le 15 janvier 1917.
Au centre spécial de
réforme de
Clignancourt du 16
janvier au 19 juillet
1917. En convalescence
de 2 mois jusqu’au 20
septembre 1917.
Entré hôpital auxiliaire
513 à Paris le 25 août
1917. Sorti le 5
septembre 1917 avec un
congé de convalescence
de un mois. Entré
hôpital auxiliaire 513 à
Paris le 6 octobre 1917.
Détail des états de service du colonel Picot AN LH/2149/75
19. La délégation des « Gueules cassées » (1/2)
Sophie DELAPORTE, « Le traité de Versailles »,
Histoire par l'image
À l’initiative de Clemenceau cinq blessés de la
face ont participé à la cérémonie de signature
du traité de Versailles.
Il s’agissait de militaires en traitement à
l'hôpital du Val-de-Grâce. De gauche à droite :
• Albert Jugon ;
• Eugène Hébert, décédé en 1957 ;
• Henri Agogué, décédé en 1935 ;
• Pierre Richard, mort en 1965 ;
• André Cavalier, du 2e zouave, blessé
à Dixmude le 4 mai 1915 et
décédé le dernier, en 1976.
21. André Cavalier (né en 1890 à Rieupeyroux)
Blessé le 4 mai 1915 au
canal de l’Yser alors qu'il
était affecté au 2e bataillon
du 2e régiment de zouaves :
• plaies multiples et
• éclatement de l’œil gauche
• résection du maxillaire
supérieur
• fracture du maxillaire
inférieure
Archives départementales de l’Aveyron,
1 R 938 matricule 1223.
22. Les Archives médicales hospitalières
des armées (SAMHA)
• Le fonds 14-18 a été classé en
fonction des besoins des anciens
Poilus et afin de faciliter
l’exploitation des documents :
• permettre le versement de
pensions,
• attribuer de titres honorifiques ou
de médailles.
• Les archives sont divisées en sous-
fonds qui suivent la logique de la
chaîne d’hospitalisation et
d’évacuation mise en place
24. À la mémoire d’une Gueule cassée
« La Chambre des officiers »
Eugène Fournier était le grand-père maternel
de l’écrivain Marc Dugain. C’est de son histoire
que s’est inspiré l’auteur pour écrire son
premier roman.
Mobilisé en 1914, il est accidenté dès son
arrivée sur le front lors d’un repérage sur les
bords de Meuse.
Il est transféré au Val-de-Grâce, dans une salle
réservée aux militaires de son grade, dépourvue
de miroirs…
Eugène Fournier
Le dossier de carrière
du Lieutenant Fournier est conservé
par le Service historique de la
Défense à Vincennes (GR 5Ye 142
227).
Il conserve de nombreuses
informations se rapportant à la nature
de sa blessure et aux soins reçus.
25. Grièvement blessé le
15 décembre 1914
dans les opérations
autour de Nieuport,
à eu le bas de la
figure emporté par
une grenade.
A mérité d’être
proposé pour la
croix de la Légion
d’honneur
Service historique de la Défense
26. Base de données Léonore (Légion d'honneur)
Notice décrivant le dossier d’Eugène FOURNIER AN 19800035/720/81929
27. Codes du Patrimoine… et de la santé publique
Secret médical et vie privée Informations relatives à la santé
L’accès aux archives publiques est régi par le code
du Patrimoine (L 213-1 et suivants). Les
documents dont la communication porte
atteinte au secret médical sont communicables
25 ans à compter de la date de décès de
l’intéressé. Si celle-ci n’est pas connue, le délai
est de 120 ans à compter de la date de naissance
de la personne concernée.
Ce secret constitue un des « droits
essentiels » de la personne selon l’article L
1110-4 du code de la santé publique.
Les archives dont la communication est
susceptible de porter atteinte à la vie privée
des personnes sont communicables à
l’expiration d’un délai de 50 ans.
●Documents ●Délais ●En 2017 ?
●Dossiers
médicaux (avec
secret médical)
●25 ans à compter de la
date du décès
●Individu décédé
avant 1992
●120 ans à compter de la
date de naissance
●Individu né avant
1897
●Fichiers et
registres (sans
secret médical)
●50 ans à compter de la
clôture du fonds (pour
les registres, c’est la
dernière date de mise à
jour qui compte)
●Dossiers clos en
1967
28. Détail du verso de la fiche de recensement du
10e régiment du génie
32. Archives de l’UBFT
Archives disponibles à
l’association :
• Bulletins de
l’association des
origines à nos jours ;
• Dossiers juridiques des
adhérents pour les
pensions ;
• Nombreuses sources
iconographiques et
audiovisuelles. Eugène Fournier, debout à gauche, lors du paiement d’un gros lot d’un
Dixième de la Loterie Nationale émis par les « Gueules cassées »
33. Eugène Fournier, Vice-Président de l’Union
• Son désir de guérir et de vivre lui a
permis de créer un foyer duquel
naquit une fille, Jacqueline qui, de
son mariage avec M. Dugain, le fit
grand-père de deux charmants
enfants.
• À l’origine de notre Association, il
s’y inscrit sous le n° 645.
• Il entre au Conseil d’Administration
en 1932 et est appelé à la Vice-
Présidence en 1948.
Eugène Fournier est décédé tragiquement
en tombant d’une falaise
34. Des témoignages
Témoignages sur la Grande Guerre ou
œuvres de l'esprit, les souvenirs des
combattants blessés sont aussi
nombreux que variés dans leur forme
et sur le fond. Faut-il pour autant ne
considérer que les écrits qui
« sourcent » précisément les faits et les
lieux et écarter de ce corpus les
témoins qui se fondent principalement
sur leur ressenti ou leur urgence de
témoigner ? L'analyse de l'ensemble
des traces n'est-elle pas dans sa
globalité une « preuve » digne de foi ?
« J’aurais pu me poser la question de
ma légitimité, mais excepté leur talent,
je ne voyais pas ce qui rendait plus
légitimes Céline, Barbusse, Genevoix,
Cendrars, Erik Maria Remarque et tant
d’autres qui forment le corpus littéraire
du grand massacre auquel ils ont
participé. D’autant que mon
intention, lorsque j’ai écrit La
Chambre des officiers en deux
semaines, dans une urgence quasi
vitale, n’était pas de m’adresser au
grand public mais à mes enfants. »
Marc Dugain
35. Des archives privées
• Très grièvement blessé par balle au
cours d’une patrouille aux
Eparges le 25 avril 1915 ;
• En captivité en Allemagne ;
• En traitement à l’hôpital militaire
Saint-Claude (Doubs) ;
• Entre à l’hôpital maritime de Brest
le 9 novembre 1915 ;
• Dirigé vers le centre de prothèse
facial de Bordeaux le 11 décembre
1915.
Papiers personnels concernant ma
blessure – à ne pas y toucher
AD80 134 J 46
Raoul Fernand Decayeux
36. Archives du
Comité international de la Croix-Rouge (CICR)
Pour rechercher un prisonnier de la
Première Guerre mondiale
Mention de l’hôpital « Lazarett Offenburg »
et de la blessure « Kopfschuss »
37. 2 – Des blessures invisibles
• C’est sous le régime de la loi du 30 juin
1838 que les aliénés militaires sont
admis. En vertu de l'article 18, les
personnes sont placées d'office sur
l'ordre des préfets et ne peuvent sortir
des établissements que sur leur
autorisation.
• Des services psychiatriques sont créés
notamment à Bordeaux, Lyon,
Marseille et le service central du Val-
de-Grâce reçoit 400 nouveaux malades
chaque mois.
Archives de Paris, D3X3
39. Comment traiter les troubles psychiques ?
• Comment distinguer les névroses de guerre de la simulation et comment
traiter les blessés psychiques ?
• La réponse a évolué durant le conflit tout comme le nombre de militaires
touchés, allant du commandement aux Poilus et n’épargnant pas le corps
médical.
• La fatigue de guerre ou le cafard du combattant ne sont que l'un des
nombreux traumatismes psychiques, souvent dénommés « commotions »,
observés en raison de la durée de la guerre et des combats prolongés qu'il
s'agisse de troubles mentaux immédiats ou retardés dans le cas des
névroses post-traumatiques.
40. Paul Voivenel : un neuropsychiatre du front
Syndrome de « peur morbide acquise »
• Neuropsychiatre à Toulouse, Paul
Voivenel rejoint le 2 aout 1914 la 67e
DI, composée de régiments du Sud
Ouest
• Médecin au 211e RI puis médecin chef
d’ambulance médicale, il finit avec le
grade de lieutenant-colonel à la tête de
l’ambulance 15/6 (Z) spécialisée
dans le traitement des gazés
• a été le premier à décrire, à décharge
pour les accusés, le syndrome de
« peur morbide acquise » chez les
combattants
Le monument aux
morts de Capoulet-
et-Junac est une
sculpture d'Antoine
Bourdelle, exposée
en 1899 sous le titre
La Guerre, les
figures hurlantes.
Ces trois figures ont
été installées en 1935
à l'initiative du Paul
Voivenel alors maire
de la commune.
Elles représentent
- la peur
- la souffrance
- la mort
41. Les pathologies justifiant l’internement
Les pathologies mentales
recouvrent un vocabulaire
riche et varié :
• Le soldat Tarrapey Jules
est atteint de
dépression
mélancolique.
• Obsession et
prédominance d’idées
hypochondriaques.
• Agitation anxieuse par
intervalles
Archives départementales du Val-
de-Marne, 4 X 990
42. À l'exception des hôpitaux relevant de
l'Assistance publique - Hôpitaux de
Paris (Bicêtre, la Salpêtrière et la Pitié)
ou de l’hôpital du Val-de-Grâce, les
sources produites par les établissements
psychiatriques sont principalement
conservées par les archives
départementales (AD) dans la série X,
voire quelquefois H-dépôt.
Ainsi, les archives de l'hôpital Esquirol,
ancienne Maison nationale de
Charenton, sont à rechercher aux AD
du Val-de-Marne dans la sous-série 4X.
Esquirol
43. Hôpital maritime de Berck*
Même lorsqu’il n’existe pas de dossiers médicaux, les registres d’admission des
hôpitaux sont des sources extrêmement précieuses pour les généalogistes.
●N°
matricule
●Dates de
l’entrée et
de la sortie
●Indications
de la salle
●Noms et
prénoms
●Profession ●Domicile
(rue de
commune)
●Etat civil ●Date et
lieu de
naissance
●Nature de
la maladie
●Durée du
séjour
●426/1916 ●8 avril
1916
●A ●Emile
BESSIERE
●2e cl. 52e
RIC, 1re
Cie, 101
●Sonnac
canton
d’Asprières
●Aveyron
Célibataire
●Fils de
Sylvain et
feue Phalip
Adeline
●1er avril
1895 à
Sonnac
●Bl. le 14
mars 1916
●49
* À titre d’exemple Archives de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (APHP), 549 W 63 – sous dérogation
44. Hôpital de Bicêtre (APHP)
• Registre d’entrée des aliénés d’office
indiquant sur chaque page en haut à
droite la provenance.
• Les militaires y sont inscrits à la suite des
civils sans distinction mais il est précisé
« Office » (venant du Val-de-Grâce) ainsi
que le régiment :
• Jean-Marie Duchesne Soldat au 74e
Régiment d’infanterie territoriale
• Date de l’entrée 18 novembre 1916
• Date de la sortie 13 juillet 1917
APHP, 6Q2/81 (9 décembre 1915 – 31 mars 1917)
FRAD022_01R1043_SB_RM_1892_0258
45. Historial de la Grande Guerre (Péronne)
• Une fosse consacrée à la souffrance
des corps rappelle les conditions
nouvelles de la guerre et l’évolution
des blessures;
• L’industrie des soins y est présentée
par l’intermédiaire d’un montage de
plusieurs films conservés par
l’ECPAD;
• Visionnable sur une borne, un film
illustre l’hôpital, la rééducation des
corps mutilés ainsi que les
traumatismes irréversibles des
blessés psychiques.
46. Le visible fait foi !
Les films du Service de Santé des Armées étaient destinés soit aux médecins soit
à être projetés au public et visaient principalement à prouver l’efficacité du
processus thérapeutique.
À titre d’exemple, Progrès de la science française au profit des victimes de
la guerre. Une grande découverte du docteur Clovis Vincent ambitionne de
montrer la rééducation des mutilés et traumatisés :
Le film, comme tous les films de propagande, fonctionne selon la logique de la preuve :
le visible fait foi […] Mais dans le même temps, ces images de névrose liée aux
traumatismes causés par le combat révèlent la totalisation de la guerre sur le corps.
Jean-Pierre Bertin-Maghit (dir), Une histoire mondiale des cinémas de propagande,
Paris, Nouveau monde éditions, 2008, p. 49
47. Musée du Val-de-Grâce
« il importe au plus haut degré que l’expérience
acquise au point de vue scientifique et médical,
constitue pour les études futures un élément
d’instruction et de progrès ». Justin Godart
136 films aujourd’hui conservés par l’ECPAD
illustrent le fonctionnement du Service de Santé
pendant le conflit et les traitements médicaux et
chirurgicaux
• 91 films traitent de la neuropsychiatrie de
guerre
48. L’établissement de communication et de production
audiovisuelle de la Défense (ECPAD)
85%
10%
5%
Films militaires de la Grande Guerre
Films hors Service de Santé
(SSA)
SSA (Neuropsychiatrie de
Guerre)
SSA (Autres)
SSA (Chirurgie maxillo-
faciale)
• L’établissement de communication et
de production audiovisuelle de la
Défense (ECPAD) conserve des
films dans les séries 14.18 et SS
(Service de santé), sur la prise en
charge de malades et les soins
apportés aux blessés durant la
Grande Guerre.
• La plate-forme numérique
d'enseignement et de recherche
MedFilm est une initiative
collaborative hébergée par
l’Université de Strasbourg
49. Station neurologique de Salins
• Toutes les fiches sont
consultables sans
authentification préalable ;
• Il est possible d'accéder à un
extrait de la plupart des films
en ligne ;
• Certains sont soumis à des
restrictions de diffusion ;
• Leur intégralité est accessible à
tout membre d’un
établissement
d’enseignement ou de
recherche. 7e Armée, hôpital complémentaire 42,
Service des psychonévrosés
50. Archives départementales de la Manche
Témoignages oraux Mémoires de centenaires
• Yvonne est née en 1913 à Tourlaville,
au village des Flamands. Ses grands-
parents ont fini de l’élever car elle a
perdu ses parents très jeunes.
• Son père a fait la Grande Guerre et en
revient avec un comportement
« bizarre » selon les médecins, il
était tout bon ou tout méchant…
mais très méchant !
51. 251 AV 21-1/1
• Je ne sais pas si c’était une maladie […] mais c’était un
phénomène bizarre […] tout d’un coup il aurait bien acheté
un revolver […] il est rentré au Bon Sauveur à
Picauville […] et il a passé sa vie là.
• Il a été grand blessé, il avait reçu un éclat d’obus dans la
hanche […] mais il n’a pas su se rendre heureux, ma pauvre
maman […] étant donné que ça ne s’améliorait pas, les
médecins l’ont fait rentrer au Bon Sauveur.
• C’était un grand blessé de guerre on ne pouvait pas le punir
[…] heureusement d’un sens qu’il est rentré là […] et il y
est mort.
52. Impact du phénomène dans la société
Importance de la presse nationale et
régionale pour prendre conscience du
phénomène.
« - Et surtout, qu’on m’envoie des blessés !
C’est le dernier mot de Mme Maynard Ladd.
Je transmets son appel avec foi. Qu’il soit entendu
partout où souffrent en se cachant la tête dans
leurs mains les défigurés à la figure absente.
Ils sauront alors que, si la Science ne peut plus rien
pour eux, l’Art leur apporte l’espoir - et mieux
encore, la certitude d’une quasi-résurrection.
Hector Ghilini » Le Petit Journal, vendredi 19 avril 1918,
p.1 accessible sur Gallica
53. Le soldat inconnu vivant
• « Anthelme Mangin » est un soldat
amnésique qui faisait partie d'un convoi
de soixante-cinq déments, mais
qu’aucune fiche ne permettait
d'identifier.
• Son identité est finalement avérée en 1938,
comme étant Octave le fils de Pierre
Monjoin et de Joséphine Virly.
• Il est interné en asile psychiatrique,
d'abord à Bron, puis à Clermont-
Ferrand, à Rodez, et pour finir à Sainte-
Anne (Paris) où il meurt en septembre
1942.
• Cette histoire est révélatrice des profondes
souffrances individuelles mais également
collectives liées à la Grande Guerre.
Le Petit Parisien, samedi 10 janvier 1920,
accessible sur Gallica
54. Des blessures invisibles
• Il faut attendre la fin du XXe
siècle pour que les maladies
mentales et la névrose
traumatique soient
officiellement reconnus
comme une « blessure »
ouvrant droit à une invalidité
• C’est le décret du 10 janvier
1992 du Ministère de la
Défense sur les troubles
psychiques de guerre qui
détermine les règles et
barèmes pour leur
classification et leur
évaluation