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168 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
Revue CREMA N° 2017
CapitalCapitalCapitalCapital immatimmatimmatimmatérielrielrielriel : un imbrigo: un imbrigo: un imbrigo: un imbrigo épistpistpistpistémologiquemologiquemologiquemologique
RRRRésumsumsumsumé....
A l’instar de toutes les nouvelles disciplines qui tendent vers la scientificité, le capital
immatériel (CI) se heurte à des problèmes de nature épistémologiques. Le présent
article tentera de mettre la lumière sur l’état de l’art du CI en tant que discipline
scientifique du point de vue conceptuel, définitionnel, de classification, de modélisation
et de théorisation. Une lisibilité de ces difficultés se fera à travers l’analyse des travaux
de recherches les plus récents qui ont été menés sur le sujet. Une assise historique qui
retrace de la genèse du concept, qui remontent aux années 20, et son évolution sera
évoquée pour éclaircir les problématiques actuelles.
Mots clMots clMots clMots cléssss.... Capital immatériel, conceptualisation, classification, historique,
épistémologie
Abstract.Abstract.Abstract.Abstract.
Like all new disciplines that tend toward scientism, intangible capital (IC) collides
with many epistemological problems. This article will attempt to shed light on the
state of the art of IC as a scientific discipline from a conceptual, definitional,
classification, modeling and theorization points of view. Readability of these difficulties
will be done through analysis of the latest research work that has been done on the
subject. A historical foundation that traces the genesis of the concept, dating back to
the 20s, and its evolution will be discussed to clarify the current problems.
Keyword.Keyword.Keyword.Keyword. Intangible capital, conceptualization, classification, history, epistemology
Sanae HANINESanae HANINESanae HANINESanae HANINE 1
1111 : Institution: l: Institution: l: Institution: l: Institution: l’Institut SupInstitut SupInstitut SupInstitut Supérieur de Commerce et d’Administration des entreprisesrieur de Commerce et d’Administration des entreprisesrieur de Commerce et d’Administration des entreprisesrieur de Commerce et d’Administration des entreprises
– ISCAEISCAEISCAEISCAE ---- CasablancaCasablancaCasablancaCasablanca.... Adresse professionnelle : Fondation Mohammed VI de PromotionAdresse professionnelle : Fondation Mohammed VI de PromotionAdresse professionnelle : Fondation Mohammed VI de PromotionAdresse professionnelle : Fondation Mohammed VI de Promotion
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169 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
IntroductionIntroductionIntroductionIntroduction
Dans une économie mondialisée, fonctionnant de plus en plus en
constellation, de plus en plus dématérialisée et basée sur la
connaissance, le capital immatériel (CI), avec ce qu’il induit comme
composantes, capital humain, capital relationnel et capital
organisationnel,1
est reconnu comme un levier majeur de création de la
valeur et de l’innovation rapide dans letravail et dans les services
(Wickramansinghe et Sharma, 2005).2
Le CI est reconnu comme ayant un impact de plus en plus prépondérant
sur la croissance économique globale et surla productivité. Il constitue
un avantage concurrentiel évident pour les entreprises (Daud&Yusoff,
2010; Khalique, Shaari, Isa &Ageel (2011). Il peut être également
considéré comme un facteur clé de succès (Ramezan2011). Il a été
démontré que pendant l’ère post-crise financière, il est devenu clair que
les pays, ayant des actifs incorporels nationaux supérieurs, ont mieux
résisté à la crise et ont rebondi plus vigoureusement en comparaison
avec ceux disposant d’actifs incorporels inférieurs (Lin et al 2013).
Le CI est caractérisé de révolutionnaire parce qu’il tend à renverser les
acquis et les absolutismes dans plusieurs domaines : gestion, finance,
économie, enseignement supérieur et recherche, fiscalité, développement
1
La taxonomie des trois types de capital humain, organisationnel et relationnel est la
plus usitée dans la littérature relative au CI. Elle a été appliquée dans la plupart des
mesures. Cette taxonomie était, à l’origine, présentée par Karl-Erik Sveiby dans son
livre (Knowledge Management) (Sveiby 1986), et son travail depuis le milieu des
années 1980 a été identifié comme la racine de tout le mouvement relatif à IC
(Sullivan, 1998; Edvinsson, 2005; Andriessen et Stam, 2004). Il a été développé par de
nombreux chercheurs, notamment Edvinsson et Malone (1997).
2
Nakamura (2000) a estimé la valeur des investissements des Etats Unies en actifs
immatériels durant les années 2000 avoisinée le 1.0 trillion de dollars.
170 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
social… etc. L’économie de l’immatériel donne de l’espoir aux pays en
voie de développement de pouvoir trouver la richesse en dehors des
facteurs traditionnels de la production.
L’intérêt de l’approche par le capital immatériel réside dans le fait
qu’elle peut être holistique et peut s’appliquer à toutes les formes
d’organisation : une entreprise, une administration, une ville, une
région, un territoire et un pays.3
Cette approche peut également
constituer une grille de lecture systémique de l’économie d’un pays du
point de vue de la création globale de la richesse. Le CI permet, de ce
fait, de procéder à des diagnostics plus pertinents et d’élaborer des plans
d’actions plus efficaces.4
Bernhut, (2001); Luthy, (1998); Marr, (2008); Steenkamp et Kashyap,
(2010) ont fait valoir que le capital « intellectuel »5
est l’un des trois
ressources critiques (les deux autres étant le capital physique et
financier/actifs) des organisations. Ce dernier est subséquent à la
performance d’entreprise (Bontis, 1998; Bontis, Chua& Richardson
2000; Huang et Wu 2010). Ngah& Ibrahim, (2009) ont constaté que le
3
Sur la base des évaluations réalisées par la Banque mondiale, le capital immatériel du
Maroc a progressé, entre 2000 et 2013, de 4,7% en moyenne par an, soit près de 82%
sur toute la période. Sa contribution à la richesse globale est passée de 72,8% en 2000 à
75,7% en 2013. Un tel niveau, selon les experts, est proche de celui des pays
développés.
4
Aux États-Unis 11,7% du PIB a été investi dans des actifs incorporels en 2003
(Corrado et al., 2009), 10,1% du PIB au Royaume-Uni (marrane et Haskel, 2007),
7,6% en Allemagne (Crass et al., 2009), 8,7% en France, 5,15% en Italie et 5,2% en
Espagne (Hao et al., 2009).
5
Cette appellation est notamment utilisée dans la littérature anglophone. Dans la
littérature anglophone on parle de capital immatériel (CI).
171 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
capital « intellectuel » est la ressource la plus importante pour le succès
et la survie des entreprises.6
Au vu de ce qui précède, cette nouvelle thématique de recherche
commence à revêtir une importance exponentielle pour de la
communauté scientifique. Un nouveau champ de recherche est née pour
les académiques mais également pour les gestionnaires, les financiers, et
les économistes (La Puerta 2011). Néanmoins, (Kaufmann& Schneider
2004)7
ont effectué un travail de recherche sur les principales
publications depuis 1997 concernant le CI, ils ont déclaré que la revue
de la littérature montre clairement que la plupart des publications dans
ce domaine manquent encore de fondement théorique. Le présent article
ce focalisera sur les obstacles auxquels se heurte le CI en tant que
discipline scientifique du point de vue terminologique, définitionnel et de
classification. L’euphorie qui accompagne le CI, comme trouvaille
révolutionnaire, se heurte toujours aux problématiques de cadrage de la
discipline, de théorisation et de normalisation.
En effet, de par la polysémie du terme lui-même, considérant la pléthore
des concepts qu’il englobe, son ambiguïté et son ubiquité, ainsi eu égard
au large spectre des disciplines qui lui sont connectés : économie,
finance, gestion, comptabilité, systèmes d’information, management des
connaissances, ressources humaines, développement humain, se pose,
alors, la problématique pour cadrer le CI, le théoriser et le modéliser.
6
Karanja N., 2014. Intellectual Capital Theory of Entrepreneurship. European Journal
of Business Management, 2(1), 161-180.
7
Voir leur article: Lutz Kaufmann & Yvonne Schneider, 2004. Intangibles: A synthesis
of current research. Journal of Intellectual Capital, Vol. 5 Iss: 3, pp.366 - 388
172 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
Kaufmann & Schneider (2004), dans leur recherche, qui a porté sur un
large spectre de publications dans le domaine du CI, affirment qu’ils se
sont heurtés à un grand nombre de concepts et de définitions
différenciés. Une grande partie de la littérature, analysée par leurs soins,
ne parvient pas à fournir un modèle théorique ou empirique uniforme
pour la gestion du CI. La discussion de la question reste à un niveau
très abstrait et généraliste. Diefenbach (2002) estime qu’il y a peu de
tentatives pour cadrer cette thématique.
La recherche sur le CI se caractérise par une grande variété de points de
vue et d’interprétations. Cette situation ouvre la porte à une multitude
de possibilités de poursuivre les recherches dans ce domaine important
de l’économie, la gestion, les finances, la comptabilité, les SI bref pour
le développement en général.
Cette présente recherche sera amorcée par un rappel historique de la
genèse du capital CI.
173 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
IIII.... GENESEGENESEGENESEGENESE
I.1I.1I.1I.1 Les thLes thLes thLes théories nories nories nories néoooo----classiquesclassiquesclassiquesclassiques
Les racines du CI remontent au début du 20ème
siècle. Joseph
Schumpeter8
soulignait, alors à l’époque, de l’importance de l’innovation
pour la croissance : réduction des coûts, création de nouveaux marchés
et gains de productivité. Les années 80 ont connu un net développement
du concept qui était étroitement associé, dans un premier temps, à la
notion du « goodwill ».9
Cependant, des recherches antérieures sur les
facteurs explicatifs de la croissance économique ont constitué l’assise de
sa genèse notamment la fonction de Cobb-Douglas10
(1928) qui constitue
le point de départ de l’analyse économique des facteurs de la croissance.
L’économiste américain C.W. Cobb,11
aidé par le mathématicien P.
Douglas, a tenté de chercher la relation existante entre la production
globale de la nation et les facteurs de production utilisés qui consistaient
en le stock ducapital et la force de travail.12
L’intérêt des travaux du Pr.
Douglas réside dans les efforts entrepris pour calculer les coefficients de
8
Schumpeter, J. 1999. Capitalisme, socialisme et démocratie. Dalloz
9
Le Goodwill est la traduction anglaise de survaleur. Le Goodwill est la différence
entre le montant de l’actif figurant au bilan d’une entreprise et la valeur marchande de
son capital matériel et immatériel.
10
La fonction de Cobb-Douglas est une fonction largement utilisée en économie pour
représenter le lien qui existe entre intrant et extrant. Cette fonction a été proposée et
testée économétriquement par l’économiste américain Paul Douglas et le
mathématicien américain Charles Cobb en 1928.
11
Pour plus d’informations sur cette fonction voir l’article de : Fruit René : La
fonction de production de Cobb-Douglas. In: Revue économique. Volume 13, n°2, 1962.
pp. 186-236.
12
Certains chercheurs font remonter les raciness du CI aux années 20, voir à ce sujet
l’article de M. Abramovitz et P. David, Technological change and the rise of
intangible investments : the US economy’s growth-path in the twentieth century in
Employment and growth in the knowledge-based economy, Documents OCDE, 1996.
174 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
la fonction pour une économie concrète que dans la mise au point d’un
type particulier de fonction, conforme aux théories économiques
généralement admises (Fruit, 1962).
Cette étape, importante dans la genèse du CI, a été suivie dans les
années 50 par l’émergence du modèle de croissance néoclassique de
Solow (1956). Ce modèle est fondé sur une fonction de production à
double facteurs à savoir le travail et le capital. Il supposait que le
développement technologique avait une origine exogène et qu’il est
incorporé dans le capital physique et le travail. La production résulte
donc exclusivement de la mise en combinaison d’une certaine quantité
de capital (capital physique) et de travail (main d’œuvre).Autrement
dit, pour Solow, la croissance, sur le long terme, provient du progrès
technique qui est considéré comme exogène.
Dans les années 1960, Schultz (1961), Becker (1962), Mincer (1969) et
Nelson et Phelps (1966)13
soulignaient la grande importance de
l’«investissement dans les personnes».En 1962, aux Etats-Unis, E.
Denison a introduit, pour la première fois, l’éducation de manière à
refléter l’amélioration du facteur travail et par transitivité, la hausse de
sa productivité dans le temps. Pour l’essentiel, l’idée était que
l’éducation constitue le principal investissement en capital humain et de
ce fait, l’introduire dans la fonction de production permettait de prendre
en compte la variation de la qualité du facteur travail.14
13
Jess Benhabib et Mark Spiegel (1994) ont prolongé les travaux de Nelson et Phelps
en développant l’idée que des travailleurs plus éduqués innovent plus rapidement.
14
Levi Mario (1968):La croissance des nations. In: Politique étrangère N°6 - 33e année
pp. 607-623.
175 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
Les travaux des années suivantes pilotés par Arrow (1962)15
et
Sheshinski (1967) se sont efforcés d’apporter une solution à la croissance
de long terme, en proposant une théorie du progrès technique. Ils ont
alors proposé des modèles dans lesquels les découvertes étaient des
retombées de la production ou de l’investissement (mécanisme décrit
comme l’apprentissage). Chaque découverte a des retombées immédiates
sur l’économie (diffusion rapide).16
I.2I.2I.2I.2 Les annLes annLes annLes années 80es 80es 80es 80 : les immat: les immat: les immat: les immatériels dans les thriels dans les thriels dans les thriels dans les théoriesoriesoriesories
de la croissancede la croissancede la croissancede la croissance
Les années 80 ont connu l’émergence des théories sur la Recherche-
Développement (R&D) et la diffusion progressive des innovations
technologiques. De nombreuses tentatives d’explication et de prédiction
de la croissance à long terme, qui coïncidaient avec l’émergence du
phénomène immatériel ont été mises en œuvre.17
De nouvelles théories
de croissance ont été élaborées: les théories de la croissance endogène
issues principalement des travaux de Romer18
(1986, 1987, 1990)19
et
Lucas ((((1988), en surmontant les restrictions du progrès technologique,
15
Voir son opus : « The Economic Implication of Learning by Doing ».
16
Voir l’article de Stahle, P., Stahle, S, & Lin, C. 2015. « Intangibles and national
economic wealth - a new perspective on how they are linked », Journal of Intellectual
Capital, Vol. 16 Iss: 1.
17
Pour plus d’informations sur cesujetvoirl’article de Romer P., 1986 sous le titre
« Increasing Returns and Long-Run Growth », Journal of Political Economy, vol. 94,
pp.1002-1037. On doit l’expression croissance endogène à cet économiste américain et
de Lucas R., 1988, «On the Mechanics of Economic Development », Journal of
Monetary Economics, vol. 22, pp. 3-42.
18
ROMER, P. 1990. Endogenous technical change .in Journal of Political Economy,
vol. 98, n° 5.
19
Pour plus de détails sur ce point voir la thèse de Yassine Louzzani. Sous le titre
« Immatériel et performances des entreprises : Cas des entreprises industrielles en
France sur la période 1994-1998 ». Business Administration. Université des Sciences
Sociales - Toulouse I, 2004.
176 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
implicites dans le modèle de Solow, mettent l’accent sur l’accumulation
du capital humain comme source déterminante de la croissance
économique.
Ces derniers se sont inspirés des recherches de Robert Lucas (1988) qui
fut le premier à considérer l’accumulation de capital humain comme une
source décisive de croissance endogène. Pour lui l’éducation catalyse
l’accumulation du capital humain que détient la main-d’œuvre, ce qui
stimule la productivité du travail et accélère la croissance économique.
Romer (1986) a confirmé que la production nécessite non seulement les
facteurs traditionnels tels que le capital et le travail, mais aussi des
compétences (capital humain), recherche et innovation technologique,
division croissante du travail (investissements en organisation et
réorganisation) liée au progrès technique (capital structurel ou
organisationnel). Les théories des années 80 tentent d’expliquer et de
formaliser les effets de la variable considérée longtemps comme exogène:
le progrès technique (Brynjolfsson, Hitt et Yang, 2002). Mankiw et alii
suggèrent toutefois que les autorités publiques pourraient assurer une
croissance positive à long terme en déployant une politique de soutien à
l’éducation qui maintiendrait positif le taux d’accumulation du capital
humain (Aghion et Howitt, 2009).
La croissance est alors expliquée par sl’accumulation de quatre facteurs
principaux : le capital physique, la technologie, le capital humain et le
capital public. Le rythme d’accumulation de ces variables dépend de
choix économiques, c’est pourquoi on parle de théories de la croissance
endogène.
177 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
La connaissance fut considérée comme un facteur déterminant pour le
progrès technologique représentée par l’éducation (Romer 1986, 1990),
introduisant ainsi le concept de l’actif incorporel dans les calculs de la
productivité,20
ou par les recherches et développement (Lucas 1988).
I.3I.3I.3I.3 Les annLes annLes annLes annéeseseses 99990000 :::: La consolidationLa consolidationLa consolidationLa consolidation
Le rôle de la technologie et de la connaissance comme les principaux
moteurs de la croissance se sont renforcés (Romer 1986, Ikonen 1999,
Fritsch 2002, Yoo 2003, Ang 2009, et Ishise Sawada 2009). Les travaux
poursuivis par Grossman et Helpman (1991), Aghion et Howitt (1992),
Barro et Sala-i-Martin (1995) ont affirmé que le progrès technique
résulte d’un objectif fixé en recherche-développement, activité
récompensée selon Schumpeter (1934) par la détention d’une forme de
pouvoir monopolistique expost.
Barro et Sala-i-Martin (1998) ont examiné un large éventail de facteurs
institutionnels et organisationnels qui influencent la croissance. Tandis
que d’autres chercheurs ont également étudié les facteurs sociologiques
(capital social) Ishise 2009, l’innovation (Fritsch 2002) (Czarnitzki 2008)
et la valeur ajoutée des efforts (Ang 2009).
Dans ce cadre, Abramovitz (1994) a suggéré que la réussite économique
ne dépendait pas uniquement des compétences individuelles, mais aussi
sur les organisations du secteur privé et public ainsi que sur
l’environnement sociétal plus large, y compris les relations
20
Lorsque Romer (1986) a ajouté à la fonction de production de Cobb-Douglas le
facteur de capital humain.
178 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
internationales. Lall (1992) a souligné que l’avantage technologique
national est constitué par les compétences techniques et générales, les R
& D, les brevets, la qualification technique du personnel, la prise de
décision politique et des institutions pérennes.
Ces modèles ont été relancés dernièrement grâce à l’intégration de
nouvelles variables explicatives (régime politique, démocratie…), de
nouvelles relations (dépassement de la croissance trop restrictive afin
d’intégrer les analyses en termes de développement, IDH21
de Armatya
Sen) et du principe de convergence conditionnelle (Barro). Ainsi alors
que l’analyse des découvertes renvoie au rythme du progrès
technologique dans les économies de pointe, l’étude de la diffusion de
ces découvertes renvoie à la manière dont les économies suiveuses se
partageront par imitation ces découvertes (possibilité de convergence
proche du modèle néoclassique car l’imitation coûte moins cher que
l’innovation).
Au fil des ans, de nombreuses études ont été menées (Mankiw et al.,
1992)22
;Islam, 1995; Ikonen 1999, Poliment 2007) sur le capital social
(Ishise 2006),23
l’innovation (Fritsch 2002Czarnitzki 2008), la R & D
(Abdih 2008) et les efforts de la valeur ajoutée (Ang 2009).Otto
Toivanen et Lotta Väänänen (2013)24
ont cherché à déterminer si
l’éducation stimulait l’innovation. De cette manière, leurs travaux
21
IDH : Indice de Dévellopent Humain
22
Voir son article avec Romer D. et Weil. D.N. (1992): “A contribution to the
empirics of economic growth”, Harvard College and the Massachusetts Institute of
Technology, in The Quarterly Journal of Economics
23
HirokazuIshise&Yasuyuki Sawada ( 2006) : “Aggregate Returns to Social Capital:
Estimates Based on the Augmented Augmented-Solow Model” CIRJE F-Series CIRJE-
F-413, CIRJE, Faculty of Economics, University of Tokyo.
24
Otto Toivanen and LottaVäänänen (2014): «Education and Invention», CEPR
Discussion Paper. 8537, August.
179 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
éclairent l’un des canaux par lesquels l’accumulation de capital humain
influence la dynamique de la croissance économique. Leur analyse se
concentre sur la formation en ingénierie en Finlande, d’une part, car les
brevets d’invention sont généralement déposés par des ingénieurs et,
d’autre part, parceque la Finlande se distingue des autres économies
avancées par sa proportion élevée d’ingénieurs.
Selon Stahle, P., Stahle, S, & Lin, C. (2015), ont élaboré une
récapitulation sur les courants de recherche sur le capital immatériel.
Selon eux, les vingt dernières années ont vu émergé trois traditions de
recherche distinctes qui ont eu peu d’échange et de dialogue mutuel. Il
s’agit de :
a. Le premier courantLe premier courantLe premier courantLe premier courant (afférent au capital humain) :a été
principalement axé sur les facteurs individuels et les éléments qui
les renforcent (le savoir-faire technologique, les innovations et le
développement de produits) et de leurs impacts sur la
productivité, (Romer 1986, Ikonen 1999, Fritsch 2002, Yoo 2003,
Ang 2009, Ishise Sawada et 2009).
b. Le deuxiLe deuxiLe deuxiLe deuxième courantme courantme courantme courant :::: est le cadre de la comptabilité nationale
(Corrado 2005, Aghion et Howitt 2007, Hulten 2008)25
, initié par
le modèle de Corrado, Hulten et Sichel (CHS) (Corrado et al.,
2009).26
25
Aghion, Ph., & Howitt, P., (1992): « A model of growth through creative
destruction », in Econometrica, vol. 60, n° 2.
26
Voirleur article Carol Corrado, Charles Hulten, and Daniel Sichel (2004):
“Measuring Capital and Technology: an Expanded Framework”, Finance and
Economics Discussion Series, Divisions of Research & Statistics and Monetary Affairs,
Federal Reserve Board, Washington, D.C.
180 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
Ces auteurs considèrent un certain nombre de dépenses
« incorporelles » qu’il convient de traiter comme des
investissements, plutôt que comme des consommations
intermédiaires, pour une meilleure description et analyse des
économies modernes dont la croissance et les performances sont
de plus en plus fondées sur ces investissements. Ils présentent
ensuite les premières évaluations de ces investissements
incorporels pour les États-Unis, en les classant en trois grandes
catégories : Logiciels-Bases de données (Computerized
information), Études techniques-R&D (Scientific/crea-
tiveproperty) et Formation-Organisation-Publicité (Economic
competencies).
c. Le troisiLe troisiLe troisiLe troisième courantme courantme courantme courant : de recherche a été engendré en Suède dans
les années 1990. L’objectif de cette ligne de recherche est focalisée
sur la définition, la modélisation et l’évaluation des actifs
incorporels (Sveiby 1997 et 1998; Edvinsson et Malone 1997;
Andriessen 2004, 2008, Navarro 2011, IUS 2012, KAM 2012).
Toutes ces approches ont considérablement fait progresser la mesure de
la productivité. Cependant, les analyses de l’impact du capital
immatériel sur la productivité ont eu tendance à rester assez étroitement
ciblées, abordant généralement seulement une variable qualitative à la
fois. Le défi reste encore de la façon de tenir compte de tous les
principaux facteurs qualitatifs ou intangibles lors de la mesure de la
productivité. La taxonomie de trois types de capital : humain,
organisationnel et relationnel a été appliquée à la plupart des mesures.
Cette dernière a été initialement présentée par Karl-Erik Sveiby en
181 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
1986.27
Son travail a été considéré comme la racine de tout le
mouvement IC (Sullivan, 1998; Edvinsson2005; Andriessen et Stam,
2004). Cependant, la problématique terminologique n’est pas aussi
simple qu’il y parait. La deuxième partie de ce travail essayera de
disséquer ce point épineux.
IIIIIIII.... LE DEDALE EPISTEMOLOLE DEDALE EPISTEMOLOLE DEDALE EPISTEMOLOLE DEDALE EPISTEMOLOGIQUEGIQUEGIQUEGIQUE
Boufour (2003) a déjà prévenu de « sous-estimer la difficulté de
l’exercice d’identification, de mesure et d’évaluation des immatériels ».Il
constate que« nous sommes loin de disposer de l’information normée
nécessaire ». A son sens, les actifs immatériels relèvent de l’économie de
la singularité au sens de Karpik,28
autrement dit d’une incertitude radi-
cale rendant tout langage standard difficile. À ce titre, ils appellent au
développement d’un langage spécifique, qu’il a nommé « la grammaire
de l’immatériel » par opposition à sa photographie.29
En se référant aux substrats épistémologiques, la thématique de
recherche relative au CI est encore à un stade embryonnaire. Il n’existe
toujours pas un construit scientifique établi. L’intérêt pour le côté
27
Dans son livre Knowledge Management publié en 1990.
28
Lucien Karpik est un sociologue français, professeur à l’école des Mines de Paris où il
a créé en 1967 le Centre de sociologie de l’innovation. Le livre en question :
« L’économie des singularités », Ed. Gallimard, 2007, 373 p
29
Par grammaire, il s’agit donc d’entendre ici le développement d’un langage de la
création de valeur, à forte composante spécifique (par entreprise, par secteur, ou selon
des critères de profilage à déterminer). Par photographie, il convient d’entendre le
développement d’un langage doté d’une certaine universalité, et facilitant donc la
comparaison ; le reporting standard en constituant l’archétype.
182 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
pragmatique et managérial l’emporte, aujourd’hui, sur le côté
épistémologique.
La problématique de la terminologie en CI est un véritable casse-tête.
Du point de vue conceptuel, le CI est un terme parapluie qui englobe
une multitude de désignations que certains chercheurs considèrent qu’ils
ne désignent pas forcement la même chose bien que d’autres pensent le
contraire. Il semble, en outre, y avoir une inadéquation entre les
définitions et les taxinomies30
d’une part, et les situations concrètes
auxquelles les entreprises sont confrontées, d’autre part.31
A l’instar de
tous les nouveaux domaines de recherche, le CI se heurte toujours à des
problèmes de terminologie, de définition et de classification en sus des
problèmes liés à la problématique des mesures.
II.1II.1II.1II.1 La problLa problLa problLa problématique relative au consensus terminologiquematique relative au consensus terminologiquematique relative au consensus terminologiquematique relative au consensus terminologique
A ce jour, il n’existe pas de conceptualisation unifiée du « capital
immatériel ». Il est connu sous différentes appellations dans la
littérature managériale et universitaire: capital immatcapital immatcapital immatcapital immatériel, capitalriel, capitalriel, capitalriel, capital
intellectuel, capital humain, actifs immatintellectuel, capital humain, actifs immatintellectuel, capital humain, actifs immatintellectuel, capital humain, actifs immatériels, capital cognitif,riels, capital cognitif,riels, capital cognitif,riels, capital cognitif,
ressources raresressources raresressources raresressources rares, patrimoine sppatrimoine sppatrimoine sppatrimoine spécifiquecifiquecifiquecifique, actifs intellectuels, actifsactifs intellectuels, actifsactifs intellectuels, actifsactifs intellectuels, actifs
incorporels, gestion de la connaissanceincorporels, gestion de la connaissanceincorporels, gestion de la connaissanceincorporels, gestion de la connaissance…. Il existe diverses approches
pour les définir notamment pour les deux termes «immatériel et
30
Qui se rapporte à la taxinomie, aux lois de la classification; qui repose sur des
classifications. Groupe, série, unité, variable taxinomique; analyse, conception,
démarche, modèle, procédure taxinomique.
31
Voir le rapport de l’OCDE, sous le titre « Actifs intellectuels et création de valeur :
rapport de synthèse », 2006.
183 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
intellectuel ». Il faut ajouter à cela la problématique relative à la
translation de l’anglais vers le français qui complique la donne. En
anglais, intangible matériel, est usité comme synonyme de capital
immatériel. Néanmoins, sur le plan linguistique la signification n’est pas
identique.
Définir le concept d’intangibilité revient à définir le concept
d’ « intangible » puisque l’intangibilité signifie le ”caractère de ce qui
est intangible” (Larousse, 2000). ”Intangible” est l’un de ces nombreux
mots de la langue française dont l’usage commun en a détourné le sens.
Dans le langage courant, ”intangible” est utilisé comme l’antonyme de
”tangible”, et signifie impalpable, inaccessible au sens du toucher.
L’origine latine de ce mot, ”intangible” signifie ”qui doit rester intact,
sacré, inviolable” (Larousse, 2000; Hachette, 1997). Un principe
intangible est donc un principe qui ne peut pas être changé, qui est
immuable. Néanmoins, en anglais, intangible a une autre signification
qu’en français. L’Oxford Dictionnary of Current English (1996) le
définit comme 1) l’incapacité à être vu ou touché, 2) la difficulté à être
défini et formulé de façon précise, 3) la difficulté à être compris. Le
Cambridge International Dictionary of English définit ce vocable comme
suit: ”immatériel, impossible à être vu ou touché, bien que réel, et donc
difficile à expliquer ou à montrer”.
« Immatériel » en français qui le synonyme utilisé comme synonyme
« intangible » en anglais, est définit par le dictionnaire Larousse comme
« qui n’as pas consistance corporelle », Ancienne signification
développée en 1694 par l’académie Française (ACAD - 1694).
184 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
Pourtant, certains auteurs considèrent les termes mentionnés comme des
synonymes, tandis que d’autres les séparent les uns des autres (Lacroix
et Zambon, (2002), Volkov et Garanina 2007). Cette hétérogénéité de
concepts engendre des complications sémantiques et des confusions
relatives à la compréhension et l’analyse de la thématique CI.
Des questionnements émergent quant à l’utilisation de manière
indifférenciée les termes « immatériel » et « intellectuel » par exemple.
La question se pose si les deux concepts sont synonymes. Du point de
vue linguistique, naturellement la réponse est négative. Intellectuel sous-
entend une notion d’intellect, d’intellectualisme. Le dictionnaire Robert
propose pour « intellectuel » la définition suivante : « dont la vie est
consacrée aux activités intellectuelles». Dans son édition de 2004, une
définition plus technique qu’éthique est donnée « où l’intelligence a une
part prédominante ou excessive » suivie de « qui a un goût prononcé ou
excessif pour les choses de l’intelligence, de l’esprit, chez qui prédomine
la vie intellectuelle », et donne comme synonyme cérébral. Donc, du
point de vue linguistique, cette appellation est susceptible de semer la
confusion dans les esprits. Par « opposition », le Business dictionary
définit « Intellectual capital » comme suit : « Connaissance collective
(documentée ou non documentée) des individus dans une organisation
ou dans une société. Cette connaissance peut être utilisée pour produire
de la richesse, multiplier l’output des actifs physiques, acquérir un
avantage concurrentiel, et / ou pour améliorer la valeur des autres types
de capital ».
Lorsqu’ils sont employés dans un article de comptabilité, certains de ces
termes prenant un sens bien particulier que celui que leur donne la
185 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
terminologie comptable. Prenons tout d’abord comme exemples les
notions de capitalcapitalcapitalcapital et dddd’actifactifactifactif. Le terme capital est un terme issu de
l’économie: c’est un facteur de production. C’est dans cette idée qu’a
été développée la notion de « capital humain » propre à Gary Becker32
par analogie au capital physique ou au capital financier. Un actif, tel
qu’il résulte de la définition actuelle du PCG (plan comptable général)33
qui, lui-même, a fait sienne la définition fournie par les normes
internationales, est une ressource susceptible d’engendrer de futurs
avantages économiques. On peut donc comprendre que les termes d’actif
et de capital soient utilisés indifféremment.
Cela dit, un actif a vocation à figurer au bilan d’une entreprise ce qui,
précisément, n’est pas systématiquement l’objet de toutes les
composantes de « l’immatériel ». Les chercheurs estiment qu’il est donc,
peut-être, plus approprié de privilégier la notion économique de
«capital» à celle d’«actif» parce que à connotation plus comptable.
D’autant plus que «capital» est aussi un terme juridique que le
comptable ne peut ignorer. Considérons ensuite : Le capital correspond-
il à des actifs ? Un investissement peut-il être assimilé à une ressource?
Est-ce que ces termes ont-ils les mêmes significations dans le domaine de
la gestion, de la comptabilité, de la finance et des sciences
32
Prix Nobel d’économie en 1992
33
Le plan comptable général est adopté par le Conseil National de la Comptabilité en France. Il
définit l'ensemble des normes comptables française ainsi que les règles de présentation des
comptes, des rapports, bilan, compte de résultat et annexes par les entreprises industrielles et
commerciales établies en France.
Le plan comptable général contient une liste intégrale des comptes comptables qu'une
entreprise doit utiliser pour établir sa comptabilité tout en respectant les normes comptables.
186 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
sociales.34
(Petty et Guthrie, 2000) soulignent l’ambiguïté des termes :
capital immatériel, capital intellectuel, capital humain, actifs
immatériels, capital cognitif, actifs incorporels, ressources rares,
patrimoine spécifique, actifs intellectuels car insuffisamment explicitée et
pourtant souvent utilisés de manière synonyme.35
(Lev 200336
, Lönnqvist et Mettänen, 2002) estiment que les termes actifs
incorporels, actifs de connaissances et capital intellectuel sontsontsontsont
interchangeablesinterchangeablesinterchangeablesinterchangeables en raison du fait que les trois termes sont ”largement
utilisés: actifs incorporels dans la littérature de la comptabilité, les actifs
de connaissances par les économistes, le capital intellectuel dans la
gestion et le droit; et dans l’ensemble ils aboutissent au même objectif :
il en résulte des bénéfices futurs qui ne sont pas incarnées
matériellement.
Afin de faire une lecture de scientificité relative à la thématique du CI,
il a été jugé opportun de faire un parallélisme avec la démarche
épistémologique. Il est à rappeler que cette dernière peut ainsi porter sur
plusieurs aspects : les modes de production de la connaissance, les
fondements de cette connaissance, la dynamique de cette production, sa
34
Puisque dans le capital immatériel on parle de bien être de la population, de
la création de la richesse…etc
35
Voir le travail de recherche de Corinne Bessieux-Ollier, Monique Lacroix,
Elisabeth Walliser(2006) sous le titre : « Capital humain : mesure,
management et reporting : un état des lieux sur le plan théorique et
pratique », Comptabilité, Contrôle, Audit et institution(s), Tunisia. Cette
constatation a été faite par le survol, sur les dix dernières années, des thèmes
traités par six revues comptables majeures: Accounting Organisation and
Society (AOS), Accounting Review (AR), Comptabilité Contrôle Audit
(CCA), European Accounting Review (EAR), Journal of Accounting and
Economics (JAE), Journal of Accounting Research (JAR).
36
B. Lev, “Intangible Assets: Concepts and Measurements,” Encyclopedia of Social
Measurement, Elsevier Inc., 2005, Vol. 2, pp.299-305.
187 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
validation, son organisation et sa progression. En empruntant la pensée
de (Kuhn, 1962) dans sa logique des révolutions scientifiques, cette
thématique de recherche est toujours en phase de prprprpré----sciencesciencesciencescience: c’est-à-
dire une phase de bourgeonnement.
Astolfi,37
en empruntant Bachlard,38
a effectué un travail sur les obstacles
épistémologiques.39
Bachelard relève une dizaine d’obstacles
épistémologiques: l’expérience première, la connaissance générale,
l’obstacle verbal, la connaissance pragmatique, l’obstacle substantialiste,
le réalisme, l’obstacle animiste, le mythe de la digestion, la libido et
enfin la connaissance quantitative. Pour le besoin de cet article, nous
allons juste emprunter les obstacles qui nous paraissent utiles pour notre
recherche.
Le premier des obstacles est «l’expl’expl’expl’expérience premirience premirience premirience premièrererere», c’est-à-dire
l’expérience non accompagnée d’esprit critique et d’interrogation; les
impressions générées par nos sens et nos expériences quotidiennes sont
autant de freins à une véritable compréhension de l’objet de notre
recherche. L’obstacle de l’expérience première consiste à s’attacher aux
aspects impressionnants d’un phénomène, ce qui évite d’en saisir les
aspects importants du point de vue de la connaissance. Il est suggéré
que la thématique de recherche relative au CI est toujours à cette phase
37
Universitaire français, spécialiste de la didactique des sciences en empruntant Bachlar dans
son œuvre : « L'Erreur, un outil pour enseigner : Cinq caractéristiques de l'obstacle
épistémologique ».
38
La formation de l'esprit scientifique
39
L'obstacle épistémologique est un concept inventé par le philosophe Gaston
Bachelard dans La formation de l'esprit scientifique en 1938, désignant ce qui vient se
placer entre le désir de connaître du scientifique et l'objet qu'il étudie. Cet obstacle
l'induit en erreur quant à ce qu'il croit pouvoir savoir du phénomène en question. Il est
pour Bachelard interne à l'acte de connaître puisque c'est l'esprit qui imagine des
explications aux choses.
188 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
d’ « expérience première » qui n’a pas eu le temps de murir. L’euphorie
qui règne autour ce concept, qui frôle la magie, occulte les
problématiques relatives à mise en œuvre des assisses scientifiques.
Le deuxième obstacle épistémologique est relatif à la «connaissanceconnaissanceconnaissanceconnaissance
ggggénnnnéraleraleralerale», laquelle nuit à l’émergence de concepts précis. La
connaissance générale consiste à généraliser trop vite, ce qui fait perdre
de vue les caractéristiques essentielles d’un phénomène. Astolfi donne
l’exemple du terme « coagulation », sous lequel ont été rassemblés des
phénomènes aussi divers que la coagulation du sang, la solidification des
métaux fondus et la congélation de l’eau. Un auteur en vient même à
affirmer en 1780, dans un livre intitulé « De l’origine du monde et de la
Terre en particulier », que « les animaux proviennent d’une matière
liquide, qui devient solide par une sorte de coagulation». Donc le
parallélisme avec le CI est aussi significatif puisque la terminologie
utilisée est toujours générique.40
La diversité des acteurs concernés : universitaires, économistes,
financiers, sociologues, organismes de comptabilité, investisseurs,
dirigeants d’entreprise, consultants en gestion, informaticiens et
décideurs dans les domaines de l’économie et de l’administration des
entreprises compliquent la tâche de standardisation du CI comme une
science.
Il a été tenté à plusieurs reprises de déterminer les diverses composantes
du capital immatériel et d’établir une taxinomie. Il en est résulté une
prolifération de définitions, de classifications et de techniques de mesure
40
D’autres obstacles sont cités, mais dans ce travail de recherche nous nous contentons
de ces deux.
189 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
qui donnent une idée sur les difficultés méthodologiques et pratiques de
la question dont un aperçu sera évoqué ci-dessous.
II.2II.2II.2II.2 Le labyrinthe des dLe labyrinthe des dLe labyrinthe des dLe labyrinthe des définitionsfinitionsfinitionsfinitions
Sans prétendre à l’exhaustivité, le présent travail de recherche a pour
objectif de donner une vision générique sur les approches de base
afférentes à la définition du CI. Ensuite nous relaterons les difficultés
relatives à leur classification.
En adoptant une méthode chronologique, la définition de L’OCDE
(1998) sera citée en premier. Elle retient trois caractéristiques des actifs
immatériels: « absence de substance physique, capacité de générer un
profit économique, possibilité d’appropriation et de négociation par
l’entreprise ». Cette définition être qualifiée de générique et évasive. En
1999, l’OCDE revoit cette première définition en admettant que « le
capital intellectuel est défini comme la valeur économique de deux
catégories d’actifs immatériels (intangible assets) : le capital
organisationnel (structurel) et le capital humain ». Cette deuxième
définition s’enrichit pas deux notions : le capital organisationnel et le
capital humain, le capital relationnel n’y figure toujours pas.
(Stewart, 1991)41
indique que le capital intellectuel « est tout ce qui ne
peut pas être touché, mais peut faire gagner de l’argent pour l’entreprise
». Il le décompose en trois volets: capital humain, capital structurel et,
in fine, capital relationnel. Il englobe tout ce qui relève de la
41
Stewart, T. 1997. Intellectual Capital: The New Wealth Of Organizations. Nicholas
Brealey Publishing, Business Digest, New York.
190 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
connaissance, l’information, la propriété intellectuelle, l’expérience qui
peut être mise à profit pour créer de la richesse. La même année
(Edvinsson & Malone, 1999)42
définissent le capital intellectuel comme
étant «les relations avec les clients et les partenaires, les efforts
d’innovation, l’infrastructure de l’entreprise et les connaissances et les
compétences des membres de l’organisation». Certains chercheurs
estiment que cette définition et la plus proche de la complétude. De
même, (Sullivan, 1999) indique que le capital intellectuel consiste en «la
connaissance qui peut être convertie en bénéfices futurs et comprend des
ressources telles que les idées, les inventions, les technologies, les dessins,
les processus et les programmes d’information ». Cette définition occulte
le capital humain.
Lev (2001)43
estime que « les ressources immatérielles sont celles qui
peuvent générer de la valeur à l’avenir sans être sous forme physique ou
financière ».(Rechtman, 2001) mentionne la définition de la Financial
Accounting Standards Board (FASB), et celle de l’International
Accounting Standards Board (IASB) qui définissent l’actif comme
étant ” un avantage économique futur probable obtenu ou contrôlé par
une entité particulière à la suite de transactions ou d’événements
passés”.
Une définition similaire, mais en se référant aux actifs incorporels est
donnée par (Bouteiller, 2002), où ils sont définis « comme des actifs
résultant d’événements passés et possèdent trois attributs principaux: ils
sont non physique dans la nature, ils sont capables de produire avenir
42
Edvinsson L., Malone M.S., Mazars Audit (1999), Le capital immatériel de
l’entreprise : identification, mesure, management, Editions Maxima.
43
Baruch Lev (2001) : “Intangibles: Management, Measurement, and Reporting”.
191 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
économique bénéfices nets, et ils sont protégés légalement par un droit
ou de fait ».
L’International Federation of Accountants estime que le CI « comporte
trois volets. Le capital humain renvoyant aux attributs des personnes:
intelligence, savoir-faire, créativité. Le capital relationnel se référant
aux éléments détenus par l’entreprise: propriété intellectuelle, systèmes,
processus, bases de données, culture. Et le capital organisationnel, ayant
trait aux relations externes avec les parties prenantes: clients,
fournisseurs, partenaires, réseaux, régulateurs ». Les actifs immatériels
ne se réduisent plus à la R&D, brevets et marques.
Le Financial Accounting Standards Board définit l’actif immatériel
comme « un ensemble de profits futurs probable contrôlé ou produit par
une entité particulière au sein de l’entreprise suite à des transactions ou
événements passés ». La norme IAS 38 44
définit une immobilisation
incorporelle comme « un actif non monétaire identifiable sans substance
physique, détenu en vue de son utilisation pour la production ou la
fourniture de biens ou de services, pour une location à des tiers ou à des
fins administratives ».
Une nouvelle étape en 2008, l’OCDE considère que le champ
d’application des actifs intellectuels a évolué vers un concept plus large
qui comprend « les ressources et capacités humaines, les moyens
structurels (bases de données, technologie, habitudes et culture) et le
capital « relationnel » (concepts et processus organisationnels, réseaux
de clients et de fournisseurs, par exemple) ».
44
IAS 38 (2003): International Accounting Standards 38 ‘Intangible Assets’, in:
International Financial Reporting Standards 2003, International Accounting Standards
Board, London.
192 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
Pour sa part Pierre Vernimmen le définit comme suit: ”Ensemble des
compétences, des techniques ou des pratiques possédées par une
entreprise qui lui permettent d’obtenir une rentabilité supérieure à la
rentabilité minimale exigée par ses pourvoyeurs de fonds. Ce capital
immatériel n’a souvent aucune valeur comptable et le goodwill a
souvent été utilisé pour l’évaluer et corriger ainsi la valeur patrimoniale
d’une entreprise très rentable”.
Alan Fustec, co-créateur de l’Observatoire de l’immatériel donne une
autre définition ”Le capital immatériel d’une entreprise, c’est toute sa
richesse cachée qui permettra de générer de la rentabilité future et
qu’on ne lit pas dans les comptes”.
(Lönnqvist, Mettänen, 2002), ont défini les actifs incorporels comme
« des sources non-matérielles de création de valeur d’une entreprise, sur
la base des capacités des employés, des ressources des organisations, le
mode de fonctionnement et les relations avec les actionnaires ».
(Lev 2005)45
définit les immobilisations incorporelles ou le capital
intellectuel comme étant des «sources non-physiques de valeur (droits à
des prestations futures) générés par l’innovation (la découverte), des
designs uniques, organisationnelles ou des pratiques de ressources
humaines”.
La synthèse de l’analyse de contenu de l’ensemble de ces définitions
montre la grande diversité synonyme à un flou définitionnel. Cependant,
la plupart des définitions semblent s’accorder sur le fait que les actifs
immatériels présentent trois caractéristiques principales : i) ils sont
45
Lev B., (2005) : « Intangible Assets : concepts and measurements », New York
University, USA.
193 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
considérés comme des sources de probables avantages économiques
futurs ; ii) ils n’ont pas de substance physique ; et iii) dans une certaine
mesure, ils peuvent être conservés et commercialisés par une entreprise.
Les définitions ont tendance à inclure désormais, en outre des R-D, des
brevets, des logiciels et des marques commerciales, des attributs
économiques comme la capacité de créer des connaissances, les droits
d’accès aux technologies, la capacité d’exploiter les informations, les
procédures et processus d’exploitation, les compétences des équipes
dirigeantes à mettre en œuvre une stratégie, ainsi que la capacité
d’innovation..
A la lumière de ce qui précède, il est à constater que la définition des
contours de l’actif immatériel pose un problème complexe à la
littérature : d’une part parce qu’elle englobe différentes notions; d’autre
part parce qu’elle soulève un conflit réel entre la comptabilité, la finance
et le droit.
Les difficultés spécifiques à ces définitions de l’immatériel demeurent.
Elles sont de deux ordres : le choix des éléments à retenir et leur
mesure.
Dans une perspective analytique du capital immatériel, différentes
composantes ont été établies. Parmi les éléments qui ont fait l’objet
d’approches structurées, on peut distinguer l’investissement dans
l’humain (Drucker 1993, Ingham 1997, Nonaka et Tageuchi 1995), la
mise en valeur de la qualité des produits et services (Garvin 1983, 1987,
Zeithaml, Parasuraman et Berry 1990), la réputation de l’entreprise
(Fombrun et Shanley 1990, Demsetz 1995), l’investissement dans la
publicité (Hart 1988, Nelson 1970, 1974, 1975, Milgrom et Roberts 1986,
194 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
1992) et finalement l’investissement en recherche et développement
(Jensen 1993, Castanias et Helfat 1992, Nelson 1990 ).
(Diefenbach 2005) estime que les axes arrêtés des actifs incorporels, à ce
jour, ont leurs avantages spécifiques mais aussi leurs limites puisque
conceptualisées à des fins différentes. Il estime que les approches
définitionnelles existantes fournissent des définitions très généralistes et
peu précises parce que les axes arrêtés ne sont pas reliés entre eux, voir
n’ont aucune relation.
II.3II.3II.3II.3 La classification desLa classification desLa classification desLa classification des actifs immatactifs immatactifs immatactifs immatérielsrielsrielsriels
Les classifications46
sont un «outil heuristique», une «aide de
construction» pour l’interprétation et la compréhension (Gröjer 2001) et
doit avoir un but (Rosing 1978). Qu’en est-il de la classification des
actifs immatériels ? A l’instar des difficultés de conceptualisation et de
définition, ils se heurtent à un problème de classification.
(Walker 2009) affirma qu’il est difficile de trouver un objectif déclaré
pour la classification des actifs incorporels. Toutefois, un seul but
semble être valable est celui relatif à des fins de gestion47
. Afin de gérer
avec succès, il faut rendre visible et de mettre des étiquettes sur
différentes ressources; une façon de le faire est de les catégoriser
(Kaufman & Schneider, 2004).48
Dans une revue de la littérature réalisée
46
Les chercheurs qui ont travaillé sur les questions de la classification en termes de
méthodologie et de logique par exemple Bowker / Star 2002, Gröjer, 2001, Carr 1992,
and Thompson 1983.
47
Il y a lieu de se poser des questions sur ce point.
48Voir l’article de Lutz Kaufmann, Yvonne Schneider, (2004) ”Intangibles: A
synthesis of current research”, Journal of Intellectual Capital, Vol. 5 Iss: 3, pp.366 –
388.
195 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
par Kaufmann & Schneider (2004), il a été conclu que « comme il
n’existe pas une définition généralement acceptée, de même, il n’existe
pas une la classification généralement acceptée ». (Gröjer 2001) de sa
part affirme qu’il n’y a pas eu une telle tentative de définir et
d’identifier toutes les ressources intangibles systématiquement. A cause
des nombreuses approches n’y a toujours pas de clarté sur une
définition générale des actifs incorporels et des critères pour
l’identification des différents types.
A ce sujet (Lev 2005)49
affirme que l’ampleur des actifs incorporels peut
être saisie par leur catégorisation en tant que produit/services, la
relation client, ressources humaines et le capital organisationnel. Malgré
cela, il y eu beaucoup de propositions pour la classification des actifs
incorporels.(Lev 2001) les a classés en quatre (04) groupes :
1. Découverte / apprentissage; ex R & D
2. En relation avec les clients :ex marques, marques de commerce,
des canaux de distribution
3. Les ressources humaines; ex. éducation, formation et systèmes de
rémunération
4. Organisation du capital; conception de l’organisation structurelle,
les processus d’affaires, de la culture d’entreprise unique
La classification adoptée par Wyatt (2008) est la suivante:
Les ressources technologiquesLes ressources technologiquesLes ressources technologiquesLes ressources technologiques
1. Les dépenses en R & D et les propriétés intellectuelles connexes
49
Lev B., (2005) : « Intangible Assets : Concepts and Measurements », New York
University, USA.
196 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
Les ressources humainesLes ressources humainesLes ressources humainesLes ressources humaines
2. Capital humain
La production de ressourcesLa production de ressourcesLa production de ressourcesLa production de ressources
3. La publicité, les marques et la propriété intellectuelle connexe
4. La fidélisation de la clientèle
5. L’avantage concurrentiel
6. Le Goodwill
(Artsberg Mehtiyeva 2010) affirme que la classification des composantes
du CI est plus raffinée dans la comptabilité financière. Ceci est lié à un
objectif clair relié à l’information des utilisateurs externes ou à des fins
de mesure ou pour des considérations fiscales. Pour qu’une
classification soit utile et précise, il ne devrait pas y avoir des
chevauchements entre les différentes catégories. La classification de la
Financial Accounting Standards Board (FASB)50
.51
FASB a suggéré la
classification suivante:
• Les actifs basés sur la technologie
• Les actifs basés sur les clients
• Les actifs basés sur le marché
• Les actifs basés sur la force du travail
• Les actifs basés sur les contrats
• Les actifs basés sur l’organisation
• Les actifs basés sur le fondement législatif
50
Le Comité a été créé en 1973, en remplacement du Comité pour les principes
comptables (Accounting Principles Board) et du Comité de la procédure comptable de
l’Institut américain des comptables publics certifiés. Le FASB a pour mission d’établir
et d’améliorer les normes de comptabilité et d’information financière pour l’orientation
et l’éducation du public, y compris les émetteurs, auditeurs et utilisateurs
d’informations financières.
197 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
En s’inspirant de certains chercheurs comme (Glaser / Strauss 1967) à
propos des analyses comparatives issues de la théorie empirique et en se
basant sur la méthode logico-déductive, Diefenbach a entrepris la
tentative d’identifier et de classifier les actifs incorporels, qui ont des
attributs en commun et peuvent être regroupé. Selon lui, le système
catégoriel qu’il a créé est basée sur un processus logico-déductif. Il a
identifié, en combinant trois attributs52
6 catégories. Ils sont comme
suit 53
:
52
Les trois attributs sont : le premier est lié à un individu en particulier, le deuxième
est situé dans deux ou plusieurs personnes le troisième est la transférabilité.
53
Voir l’article de Diefenbach Thomas (2005): “Intangible resources - a categorical
System of Knowledge and other Intangible Assets”.
198 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
PremiPremiPremiPremièrererere
catcatcatcatégorie:gorie:gorie:gorie:
Les qualitLes qualitLes qualitLes qualités personnelless personnelless personnelless personnelles : connaissances tacites et
comprenant les qualifications, les expériences, les
compétences et capacités d’un individu - les sentiments
individuels et les valeurs, les espoirs et objectifs - la
santé, le bien-être - la main-d’œuvre - la compétence
individuelle d’évaluer, de décider, d’agir et de se
comporter- la personnalité - les diplômes officiels
(juridiquement protégé).
DeuxiDeuxiDeuxiDeuxièmemememe
catcatcatcatégorie :gorie :gorie :gorie :
Les qualitLes qualitLes qualitLes qualités partags partags partags partagés avec ds avec ds avec ds avec d’autres personnes:autres personnes:autres personnes:autres personnes: les
relations personnelles/informelles, les normes sociales,
les sentiments et les traditions, les aspects
réglementaires non contractuels par exemple confiance,
l’engagement, l’engagement, les attentes, les obligations,
les compétences sociales (capacité pour le discours, les
conflits et la coopération), puissance et réputation basée
sur des caractéristiques personnelles.
TroisiTroisiTroisiTroisièmemememe
catcatcatcatégorie :gorie :gorie :gorie :
Attributs qui peuventAttributs qui peuventAttributs qui peuventAttributs qui peuvent être partagtre partagtre partagtre partagés entre deuxs entre deuxs entre deuxs entre deux
personnes et pluspersonnes et pluspersonnes et pluspersonnes et plus ::::
la langue, les traditions et le patrimoine culturels, le
trait national,la culture d’entreprise, le climat de travail,
des règles informelles, les normes sociales, les valeurs, les
règles, le droit..etc
QuatriQuatriQuatriQuatrièmemememe
catcatcatcatégorie:gorie:gorie:gorie:
Rôle, position sociale, pouvoir, statuts et l’influence
reliée à la position, droits et devoirs.
CinquiCinquiCinquiCinquièmemememe
catcatcatcatégorie:gorie:gorie:gorie:
données (symboles, signes), l’information - connaissances
explicites - propriété intellectuelle (nom et logo de la
société, marques, dessins, formules, logiciels, droits
d’auteur, les brevets, les licences, les domaines quota,
Internet, Portails, aspects contractuellement
réglementaires de relations formelles entre les parties.
SixiSixiSixiSixièmemememe
catcatcatcatégoriegoriegoriegorie ::::
infrastructure (hiérarchies, gouvernement, la
planification, de l’information, la communication, la
coordination, l’administration et les structures de
contrôle et des processus, des chaînes
d’approvisionnement et les distributions) immatériels -
savoir organisationnel et des capacités intégrées dans les
technologies et les modèles - connaissances incorporées
dans les produits transformés ou produits.
199 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
Le travail de pionnier par Edvinson & Malone (1997) qui a classé le
capital immatériel en deux catégories: le capital humain et le capital
structurel a fortement influencé les autres chercheurs. Cependant, il
semble que la plupart des chercheurs dans cette tradition adoptent un
classement de trois catégories; celui lié aux ressources humaines qui est
le plus souvent appelé le capital humaincapital humaincapital humaincapital humain, un deuxième a trait aux
processus et structures internes, il est souvent appelé capital structurelcapital structurelcapital structurelcapital structurel
ou capital organisationnelcapital organisationnelcapital organisationnelcapital organisationnel, le troisième est relié à la clientèle nommée,
capital relationnelcapital relationnelcapital relationnelcapital relationnel (Kaufmann & Schneider, 2004). Néanmoins,
(Kaufmann & Schneider, 2004) qualifient cette classification d’abstraite
et de très généraliste. Ce qu’il en faut en déduire, c’est qu’il y a un
travail de fond qui doit être entrepris dans ce domaine. La cacophonie
des classifications démontre qu’un grand effort de normalisation doit
être effectué.
200 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
CONCLUSIONCONCLUSIONCONCLUSIONCONCLUSION
D’après ce qui précède, on peut faire la déduction que le CI en tant que
science et notamment par rapport aux axes conceptuels, définitionnels
et de classification est caractérisé par une certaine parcimonie dans le
domaine de la recherche, qui est reste encore embryonnaire. Aucun
consensus n’a été arrêté à ce jour autour des concepts, des définitions
ou de la classification.
Il y a une certaine primauté de l’aspect pragmatique versus l’aspect
académique. Cependant, les objectifs se rejoignent : les gestionnaires
des entreprises, les analystes du marché, les comptables, les actionnaires
et les investisseurs ont besoin de savoir comment ces actifs incorporels
sont gérés, comment ils sont qualifiés pour pouvoir les évaluer. Une
terminologie précise et une identification claire des composantes du CI
ne contribuent pas seulement à une meilleure compréhension, mais aussi
à une meilleure gestion de des affaires personnelles, organisationnelles et
sociétales.
La demande des arguments plus solides et une méthodologie rigoureuse
et une normalisation consensuelle dans ce nouveau domaine de
connaissance est de plus en plus exponentielle.
Le travail qui a été réalisé, jusqu’à, maintenant doit être soutenu par
des méthodologies en profondeur et basée sur des données empiriques
(De la Puerta 2011)
201 <<< Revue Scientifique CREMA 2017
Bibliographie
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Capital immatériel: un imbroglio épistémologique

  • 1. 168 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 Revue CREMA N° 2017 CapitalCapitalCapitalCapital immatimmatimmatimmatérielrielrielriel : un imbrigo: un imbrigo: un imbrigo: un imbrigo épistpistpistpistémologiquemologiquemologiquemologique RRRRésumsumsumsumé.... A l’instar de toutes les nouvelles disciplines qui tendent vers la scientificité, le capital immatériel (CI) se heurte à des problèmes de nature épistémologiques. Le présent article tentera de mettre la lumière sur l’état de l’art du CI en tant que discipline scientifique du point de vue conceptuel, définitionnel, de classification, de modélisation et de théorisation. Une lisibilité de ces difficultés se fera à travers l’analyse des travaux de recherches les plus récents qui ont été menés sur le sujet. Une assise historique qui retrace de la genèse du concept, qui remontent aux années 20, et son évolution sera évoquée pour éclaircir les problématiques actuelles. Mots clMots clMots clMots cléssss.... Capital immatériel, conceptualisation, classification, historique, épistémologie Abstract.Abstract.Abstract.Abstract. Like all new disciplines that tend toward scientism, intangible capital (IC) collides with many epistemological problems. This article will attempt to shed light on the state of the art of IC as a scientific discipline from a conceptual, definitional, classification, modeling and theorization points of view. Readability of these difficulties will be done through analysis of the latest research work that has been done on the subject. A historical foundation that traces the genesis of the concept, dating back to the 20s, and its evolution will be discussed to clarify the current problems. Keyword.Keyword.Keyword.Keyword. Intangible capital, conceptualization, classification, history, epistemology Sanae HANINESanae HANINESanae HANINESanae HANINE 1 1111 : Institution: l: Institution: l: Institution: l: Institution: l’Institut SupInstitut SupInstitut SupInstitut Supérieur de Commerce et d’Administration des entreprisesrieur de Commerce et d’Administration des entreprisesrieur de Commerce et d’Administration des entreprisesrieur de Commerce et d’Administration des entreprises – ISCAEISCAEISCAEISCAE ---- CasablancaCasablancaCasablancaCasablanca.... Adresse professionnelle : Fondation Mohammed VI de PromotionAdresse professionnelle : Fondation Mohammed VI de PromotionAdresse professionnelle : Fondation Mohammed VI de PromotionAdresse professionnelle : Fondation Mohammed VI de Promotion desdesdesdes Œuvres Sociales Education Formationuvres Sociales Education Formationuvres Sociales Education Formationuvres Sociales Education Formation ---- BP 6281 Madinat Al Irfane Rabat.BP 6281 Madinat Al Irfane Rabat.BP 6281 Madinat Al Irfane Rabat.BP 6281 Madinat Al Irfane Rabat. NNNN° ttttélllléphone : 00 212 61 94 86 135phone : 00 212 61 94 86 135phone : 00 212 61 94 86 135phone : 00 212 61 94 86 135
  • 2. 169 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 IntroductionIntroductionIntroductionIntroduction Dans une économie mondialisée, fonctionnant de plus en plus en constellation, de plus en plus dématérialisée et basée sur la connaissance, le capital immatériel (CI), avec ce qu’il induit comme composantes, capital humain, capital relationnel et capital organisationnel,1 est reconnu comme un levier majeur de création de la valeur et de l’innovation rapide dans letravail et dans les services (Wickramansinghe et Sharma, 2005).2 Le CI est reconnu comme ayant un impact de plus en plus prépondérant sur la croissance économique globale et surla productivité. Il constitue un avantage concurrentiel évident pour les entreprises (Daud&Yusoff, 2010; Khalique, Shaari, Isa &Ageel (2011). Il peut être également considéré comme un facteur clé de succès (Ramezan2011). Il a été démontré que pendant l’ère post-crise financière, il est devenu clair que les pays, ayant des actifs incorporels nationaux supérieurs, ont mieux résisté à la crise et ont rebondi plus vigoureusement en comparaison avec ceux disposant d’actifs incorporels inférieurs (Lin et al 2013). Le CI est caractérisé de révolutionnaire parce qu’il tend à renverser les acquis et les absolutismes dans plusieurs domaines : gestion, finance, économie, enseignement supérieur et recherche, fiscalité, développement 1 La taxonomie des trois types de capital humain, organisationnel et relationnel est la plus usitée dans la littérature relative au CI. Elle a été appliquée dans la plupart des mesures. Cette taxonomie était, à l’origine, présentée par Karl-Erik Sveiby dans son livre (Knowledge Management) (Sveiby 1986), et son travail depuis le milieu des années 1980 a été identifié comme la racine de tout le mouvement relatif à IC (Sullivan, 1998; Edvinsson, 2005; Andriessen et Stam, 2004). Il a été développé par de nombreux chercheurs, notamment Edvinsson et Malone (1997). 2 Nakamura (2000) a estimé la valeur des investissements des Etats Unies en actifs immatériels durant les années 2000 avoisinée le 1.0 trillion de dollars.
  • 3. 170 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 social… etc. L’économie de l’immatériel donne de l’espoir aux pays en voie de développement de pouvoir trouver la richesse en dehors des facteurs traditionnels de la production. L’intérêt de l’approche par le capital immatériel réside dans le fait qu’elle peut être holistique et peut s’appliquer à toutes les formes d’organisation : une entreprise, une administration, une ville, une région, un territoire et un pays.3 Cette approche peut également constituer une grille de lecture systémique de l’économie d’un pays du point de vue de la création globale de la richesse. Le CI permet, de ce fait, de procéder à des diagnostics plus pertinents et d’élaborer des plans d’actions plus efficaces.4 Bernhut, (2001); Luthy, (1998); Marr, (2008); Steenkamp et Kashyap, (2010) ont fait valoir que le capital « intellectuel »5 est l’un des trois ressources critiques (les deux autres étant le capital physique et financier/actifs) des organisations. Ce dernier est subséquent à la performance d’entreprise (Bontis, 1998; Bontis, Chua& Richardson 2000; Huang et Wu 2010). Ngah& Ibrahim, (2009) ont constaté que le 3 Sur la base des évaluations réalisées par la Banque mondiale, le capital immatériel du Maroc a progressé, entre 2000 et 2013, de 4,7% en moyenne par an, soit près de 82% sur toute la période. Sa contribution à la richesse globale est passée de 72,8% en 2000 à 75,7% en 2013. Un tel niveau, selon les experts, est proche de celui des pays développés. 4 Aux États-Unis 11,7% du PIB a été investi dans des actifs incorporels en 2003 (Corrado et al., 2009), 10,1% du PIB au Royaume-Uni (marrane et Haskel, 2007), 7,6% en Allemagne (Crass et al., 2009), 8,7% en France, 5,15% en Italie et 5,2% en Espagne (Hao et al., 2009). 5 Cette appellation est notamment utilisée dans la littérature anglophone. Dans la littérature anglophone on parle de capital immatériel (CI).
  • 4. 171 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 capital « intellectuel » est la ressource la plus importante pour le succès et la survie des entreprises.6 Au vu de ce qui précède, cette nouvelle thématique de recherche commence à revêtir une importance exponentielle pour de la communauté scientifique. Un nouveau champ de recherche est née pour les académiques mais également pour les gestionnaires, les financiers, et les économistes (La Puerta 2011). Néanmoins, (Kaufmann& Schneider 2004)7 ont effectué un travail de recherche sur les principales publications depuis 1997 concernant le CI, ils ont déclaré que la revue de la littérature montre clairement que la plupart des publications dans ce domaine manquent encore de fondement théorique. Le présent article ce focalisera sur les obstacles auxquels se heurte le CI en tant que discipline scientifique du point de vue terminologique, définitionnel et de classification. L’euphorie qui accompagne le CI, comme trouvaille révolutionnaire, se heurte toujours aux problématiques de cadrage de la discipline, de théorisation et de normalisation. En effet, de par la polysémie du terme lui-même, considérant la pléthore des concepts qu’il englobe, son ambiguïté et son ubiquité, ainsi eu égard au large spectre des disciplines qui lui sont connectés : économie, finance, gestion, comptabilité, systèmes d’information, management des connaissances, ressources humaines, développement humain, se pose, alors, la problématique pour cadrer le CI, le théoriser et le modéliser. 6 Karanja N., 2014. Intellectual Capital Theory of Entrepreneurship. European Journal of Business Management, 2(1), 161-180. 7 Voir leur article: Lutz Kaufmann & Yvonne Schneider, 2004. Intangibles: A synthesis of current research. Journal of Intellectual Capital, Vol. 5 Iss: 3, pp.366 - 388
  • 5. 172 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 Kaufmann & Schneider (2004), dans leur recherche, qui a porté sur un large spectre de publications dans le domaine du CI, affirment qu’ils se sont heurtés à un grand nombre de concepts et de définitions différenciés. Une grande partie de la littérature, analysée par leurs soins, ne parvient pas à fournir un modèle théorique ou empirique uniforme pour la gestion du CI. La discussion de la question reste à un niveau très abstrait et généraliste. Diefenbach (2002) estime qu’il y a peu de tentatives pour cadrer cette thématique. La recherche sur le CI se caractérise par une grande variété de points de vue et d’interprétations. Cette situation ouvre la porte à une multitude de possibilités de poursuivre les recherches dans ce domaine important de l’économie, la gestion, les finances, la comptabilité, les SI bref pour le développement en général. Cette présente recherche sera amorcée par un rappel historique de la genèse du capital CI.
  • 6. 173 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 IIII.... GENESEGENESEGENESEGENESE I.1I.1I.1I.1 Les thLes thLes thLes théories nories nories nories néoooo----classiquesclassiquesclassiquesclassiques Les racines du CI remontent au début du 20ème siècle. Joseph Schumpeter8 soulignait, alors à l’époque, de l’importance de l’innovation pour la croissance : réduction des coûts, création de nouveaux marchés et gains de productivité. Les années 80 ont connu un net développement du concept qui était étroitement associé, dans un premier temps, à la notion du « goodwill ».9 Cependant, des recherches antérieures sur les facteurs explicatifs de la croissance économique ont constitué l’assise de sa genèse notamment la fonction de Cobb-Douglas10 (1928) qui constitue le point de départ de l’analyse économique des facteurs de la croissance. L’économiste américain C.W. Cobb,11 aidé par le mathématicien P. Douglas, a tenté de chercher la relation existante entre la production globale de la nation et les facteurs de production utilisés qui consistaient en le stock ducapital et la force de travail.12 L’intérêt des travaux du Pr. Douglas réside dans les efforts entrepris pour calculer les coefficients de 8 Schumpeter, J. 1999. Capitalisme, socialisme et démocratie. Dalloz 9 Le Goodwill est la traduction anglaise de survaleur. Le Goodwill est la différence entre le montant de l’actif figurant au bilan d’une entreprise et la valeur marchande de son capital matériel et immatériel. 10 La fonction de Cobb-Douglas est une fonction largement utilisée en économie pour représenter le lien qui existe entre intrant et extrant. Cette fonction a été proposée et testée économétriquement par l’économiste américain Paul Douglas et le mathématicien américain Charles Cobb en 1928. 11 Pour plus d’informations sur cette fonction voir l’article de : Fruit René : La fonction de production de Cobb-Douglas. In: Revue économique. Volume 13, n°2, 1962. pp. 186-236. 12 Certains chercheurs font remonter les raciness du CI aux années 20, voir à ce sujet l’article de M. Abramovitz et P. David, Technological change and the rise of intangible investments : the US economy’s growth-path in the twentieth century in Employment and growth in the knowledge-based economy, Documents OCDE, 1996.
  • 7. 174 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 la fonction pour une économie concrète que dans la mise au point d’un type particulier de fonction, conforme aux théories économiques généralement admises (Fruit, 1962). Cette étape, importante dans la genèse du CI, a été suivie dans les années 50 par l’émergence du modèle de croissance néoclassique de Solow (1956). Ce modèle est fondé sur une fonction de production à double facteurs à savoir le travail et le capital. Il supposait que le développement technologique avait une origine exogène et qu’il est incorporé dans le capital physique et le travail. La production résulte donc exclusivement de la mise en combinaison d’une certaine quantité de capital (capital physique) et de travail (main d’œuvre).Autrement dit, pour Solow, la croissance, sur le long terme, provient du progrès technique qui est considéré comme exogène. Dans les années 1960, Schultz (1961), Becker (1962), Mincer (1969) et Nelson et Phelps (1966)13 soulignaient la grande importance de l’«investissement dans les personnes».En 1962, aux Etats-Unis, E. Denison a introduit, pour la première fois, l’éducation de manière à refléter l’amélioration du facteur travail et par transitivité, la hausse de sa productivité dans le temps. Pour l’essentiel, l’idée était que l’éducation constitue le principal investissement en capital humain et de ce fait, l’introduire dans la fonction de production permettait de prendre en compte la variation de la qualité du facteur travail.14 13 Jess Benhabib et Mark Spiegel (1994) ont prolongé les travaux de Nelson et Phelps en développant l’idée que des travailleurs plus éduqués innovent plus rapidement. 14 Levi Mario (1968):La croissance des nations. In: Politique étrangère N°6 - 33e année pp. 607-623.
  • 8. 175 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 Les travaux des années suivantes pilotés par Arrow (1962)15 et Sheshinski (1967) se sont efforcés d’apporter une solution à la croissance de long terme, en proposant une théorie du progrès technique. Ils ont alors proposé des modèles dans lesquels les découvertes étaient des retombées de la production ou de l’investissement (mécanisme décrit comme l’apprentissage). Chaque découverte a des retombées immédiates sur l’économie (diffusion rapide).16 I.2I.2I.2I.2 Les annLes annLes annLes années 80es 80es 80es 80 : les immat: les immat: les immat: les immatériels dans les thriels dans les thriels dans les thriels dans les théoriesoriesoriesories de la croissancede la croissancede la croissancede la croissance Les années 80 ont connu l’émergence des théories sur la Recherche- Développement (R&D) et la diffusion progressive des innovations technologiques. De nombreuses tentatives d’explication et de prédiction de la croissance à long terme, qui coïncidaient avec l’émergence du phénomène immatériel ont été mises en œuvre.17 De nouvelles théories de croissance ont été élaborées: les théories de la croissance endogène issues principalement des travaux de Romer18 (1986, 1987, 1990)19 et Lucas ((((1988), en surmontant les restrictions du progrès technologique, 15 Voir son opus : « The Economic Implication of Learning by Doing ». 16 Voir l’article de Stahle, P., Stahle, S, & Lin, C. 2015. « Intangibles and national economic wealth - a new perspective on how they are linked », Journal of Intellectual Capital, Vol. 16 Iss: 1. 17 Pour plus d’informations sur cesujetvoirl’article de Romer P., 1986 sous le titre « Increasing Returns and Long-Run Growth », Journal of Political Economy, vol. 94, pp.1002-1037. On doit l’expression croissance endogène à cet économiste américain et de Lucas R., 1988, «On the Mechanics of Economic Development », Journal of Monetary Economics, vol. 22, pp. 3-42. 18 ROMER, P. 1990. Endogenous technical change .in Journal of Political Economy, vol. 98, n° 5. 19 Pour plus de détails sur ce point voir la thèse de Yassine Louzzani. Sous le titre « Immatériel et performances des entreprises : Cas des entreprises industrielles en France sur la période 1994-1998 ». Business Administration. Université des Sciences Sociales - Toulouse I, 2004.
  • 9. 176 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 implicites dans le modèle de Solow, mettent l’accent sur l’accumulation du capital humain comme source déterminante de la croissance économique. Ces derniers se sont inspirés des recherches de Robert Lucas (1988) qui fut le premier à considérer l’accumulation de capital humain comme une source décisive de croissance endogène. Pour lui l’éducation catalyse l’accumulation du capital humain que détient la main-d’œuvre, ce qui stimule la productivité du travail et accélère la croissance économique. Romer (1986) a confirmé que la production nécessite non seulement les facteurs traditionnels tels que le capital et le travail, mais aussi des compétences (capital humain), recherche et innovation technologique, division croissante du travail (investissements en organisation et réorganisation) liée au progrès technique (capital structurel ou organisationnel). Les théories des années 80 tentent d’expliquer et de formaliser les effets de la variable considérée longtemps comme exogène: le progrès technique (Brynjolfsson, Hitt et Yang, 2002). Mankiw et alii suggèrent toutefois que les autorités publiques pourraient assurer une croissance positive à long terme en déployant une politique de soutien à l’éducation qui maintiendrait positif le taux d’accumulation du capital humain (Aghion et Howitt, 2009). La croissance est alors expliquée par sl’accumulation de quatre facteurs principaux : le capital physique, la technologie, le capital humain et le capital public. Le rythme d’accumulation de ces variables dépend de choix économiques, c’est pourquoi on parle de théories de la croissance endogène.
  • 10. 177 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 La connaissance fut considérée comme un facteur déterminant pour le progrès technologique représentée par l’éducation (Romer 1986, 1990), introduisant ainsi le concept de l’actif incorporel dans les calculs de la productivité,20 ou par les recherches et développement (Lucas 1988). I.3I.3I.3I.3 Les annLes annLes annLes annéeseseses 99990000 :::: La consolidationLa consolidationLa consolidationLa consolidation Le rôle de la technologie et de la connaissance comme les principaux moteurs de la croissance se sont renforcés (Romer 1986, Ikonen 1999, Fritsch 2002, Yoo 2003, Ang 2009, et Ishise Sawada 2009). Les travaux poursuivis par Grossman et Helpman (1991), Aghion et Howitt (1992), Barro et Sala-i-Martin (1995) ont affirmé que le progrès technique résulte d’un objectif fixé en recherche-développement, activité récompensée selon Schumpeter (1934) par la détention d’une forme de pouvoir monopolistique expost. Barro et Sala-i-Martin (1998) ont examiné un large éventail de facteurs institutionnels et organisationnels qui influencent la croissance. Tandis que d’autres chercheurs ont également étudié les facteurs sociologiques (capital social) Ishise 2009, l’innovation (Fritsch 2002) (Czarnitzki 2008) et la valeur ajoutée des efforts (Ang 2009). Dans ce cadre, Abramovitz (1994) a suggéré que la réussite économique ne dépendait pas uniquement des compétences individuelles, mais aussi sur les organisations du secteur privé et public ainsi que sur l’environnement sociétal plus large, y compris les relations 20 Lorsque Romer (1986) a ajouté à la fonction de production de Cobb-Douglas le facteur de capital humain.
  • 11. 178 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 internationales. Lall (1992) a souligné que l’avantage technologique national est constitué par les compétences techniques et générales, les R & D, les brevets, la qualification technique du personnel, la prise de décision politique et des institutions pérennes. Ces modèles ont été relancés dernièrement grâce à l’intégration de nouvelles variables explicatives (régime politique, démocratie…), de nouvelles relations (dépassement de la croissance trop restrictive afin d’intégrer les analyses en termes de développement, IDH21 de Armatya Sen) et du principe de convergence conditionnelle (Barro). Ainsi alors que l’analyse des découvertes renvoie au rythme du progrès technologique dans les économies de pointe, l’étude de la diffusion de ces découvertes renvoie à la manière dont les économies suiveuses se partageront par imitation ces découvertes (possibilité de convergence proche du modèle néoclassique car l’imitation coûte moins cher que l’innovation). Au fil des ans, de nombreuses études ont été menées (Mankiw et al., 1992)22 ;Islam, 1995; Ikonen 1999, Poliment 2007) sur le capital social (Ishise 2006),23 l’innovation (Fritsch 2002Czarnitzki 2008), la R & D (Abdih 2008) et les efforts de la valeur ajoutée (Ang 2009).Otto Toivanen et Lotta Väänänen (2013)24 ont cherché à déterminer si l’éducation stimulait l’innovation. De cette manière, leurs travaux 21 IDH : Indice de Dévellopent Humain 22 Voir son article avec Romer D. et Weil. D.N. (1992): “A contribution to the empirics of economic growth”, Harvard College and the Massachusetts Institute of Technology, in The Quarterly Journal of Economics 23 HirokazuIshise&Yasuyuki Sawada ( 2006) : “Aggregate Returns to Social Capital: Estimates Based on the Augmented Augmented-Solow Model” CIRJE F-Series CIRJE- F-413, CIRJE, Faculty of Economics, University of Tokyo. 24 Otto Toivanen and LottaVäänänen (2014): «Education and Invention», CEPR Discussion Paper. 8537, August.
  • 12. 179 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 éclairent l’un des canaux par lesquels l’accumulation de capital humain influence la dynamique de la croissance économique. Leur analyse se concentre sur la formation en ingénierie en Finlande, d’une part, car les brevets d’invention sont généralement déposés par des ingénieurs et, d’autre part, parceque la Finlande se distingue des autres économies avancées par sa proportion élevée d’ingénieurs. Selon Stahle, P., Stahle, S, & Lin, C. (2015), ont élaboré une récapitulation sur les courants de recherche sur le capital immatériel. Selon eux, les vingt dernières années ont vu émergé trois traditions de recherche distinctes qui ont eu peu d’échange et de dialogue mutuel. Il s’agit de : a. Le premier courantLe premier courantLe premier courantLe premier courant (afférent au capital humain) :a été principalement axé sur les facteurs individuels et les éléments qui les renforcent (le savoir-faire technologique, les innovations et le développement de produits) et de leurs impacts sur la productivité, (Romer 1986, Ikonen 1999, Fritsch 2002, Yoo 2003, Ang 2009, Ishise Sawada et 2009). b. Le deuxiLe deuxiLe deuxiLe deuxième courantme courantme courantme courant :::: est le cadre de la comptabilité nationale (Corrado 2005, Aghion et Howitt 2007, Hulten 2008)25 , initié par le modèle de Corrado, Hulten et Sichel (CHS) (Corrado et al., 2009).26 25 Aghion, Ph., & Howitt, P., (1992): « A model of growth through creative destruction », in Econometrica, vol. 60, n° 2. 26 Voirleur article Carol Corrado, Charles Hulten, and Daniel Sichel (2004): “Measuring Capital and Technology: an Expanded Framework”, Finance and Economics Discussion Series, Divisions of Research & Statistics and Monetary Affairs, Federal Reserve Board, Washington, D.C.
  • 13. 180 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 Ces auteurs considèrent un certain nombre de dépenses « incorporelles » qu’il convient de traiter comme des investissements, plutôt que comme des consommations intermédiaires, pour une meilleure description et analyse des économies modernes dont la croissance et les performances sont de plus en plus fondées sur ces investissements. Ils présentent ensuite les premières évaluations de ces investissements incorporels pour les États-Unis, en les classant en trois grandes catégories : Logiciels-Bases de données (Computerized information), Études techniques-R&D (Scientific/crea- tiveproperty) et Formation-Organisation-Publicité (Economic competencies). c. Le troisiLe troisiLe troisiLe troisième courantme courantme courantme courant : de recherche a été engendré en Suède dans les années 1990. L’objectif de cette ligne de recherche est focalisée sur la définition, la modélisation et l’évaluation des actifs incorporels (Sveiby 1997 et 1998; Edvinsson et Malone 1997; Andriessen 2004, 2008, Navarro 2011, IUS 2012, KAM 2012). Toutes ces approches ont considérablement fait progresser la mesure de la productivité. Cependant, les analyses de l’impact du capital immatériel sur la productivité ont eu tendance à rester assez étroitement ciblées, abordant généralement seulement une variable qualitative à la fois. Le défi reste encore de la façon de tenir compte de tous les principaux facteurs qualitatifs ou intangibles lors de la mesure de la productivité. La taxonomie de trois types de capital : humain, organisationnel et relationnel a été appliquée à la plupart des mesures. Cette dernière a été initialement présentée par Karl-Erik Sveiby en
  • 14. 181 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 1986.27 Son travail a été considéré comme la racine de tout le mouvement IC (Sullivan, 1998; Edvinsson2005; Andriessen et Stam, 2004). Cependant, la problématique terminologique n’est pas aussi simple qu’il y parait. La deuxième partie de ce travail essayera de disséquer ce point épineux. IIIIIIII.... LE DEDALE EPISTEMOLOLE DEDALE EPISTEMOLOLE DEDALE EPISTEMOLOLE DEDALE EPISTEMOLOGIQUEGIQUEGIQUEGIQUE Boufour (2003) a déjà prévenu de « sous-estimer la difficulté de l’exercice d’identification, de mesure et d’évaluation des immatériels ».Il constate que« nous sommes loin de disposer de l’information normée nécessaire ». A son sens, les actifs immatériels relèvent de l’économie de la singularité au sens de Karpik,28 autrement dit d’une incertitude radi- cale rendant tout langage standard difficile. À ce titre, ils appellent au développement d’un langage spécifique, qu’il a nommé « la grammaire de l’immatériel » par opposition à sa photographie.29 En se référant aux substrats épistémologiques, la thématique de recherche relative au CI est encore à un stade embryonnaire. Il n’existe toujours pas un construit scientifique établi. L’intérêt pour le côté 27 Dans son livre Knowledge Management publié en 1990. 28 Lucien Karpik est un sociologue français, professeur à l’école des Mines de Paris où il a créé en 1967 le Centre de sociologie de l’innovation. Le livre en question : « L’économie des singularités », Ed. Gallimard, 2007, 373 p 29 Par grammaire, il s’agit donc d’entendre ici le développement d’un langage de la création de valeur, à forte composante spécifique (par entreprise, par secteur, ou selon des critères de profilage à déterminer). Par photographie, il convient d’entendre le développement d’un langage doté d’une certaine universalité, et facilitant donc la comparaison ; le reporting standard en constituant l’archétype.
  • 15. 182 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 pragmatique et managérial l’emporte, aujourd’hui, sur le côté épistémologique. La problématique de la terminologie en CI est un véritable casse-tête. Du point de vue conceptuel, le CI est un terme parapluie qui englobe une multitude de désignations que certains chercheurs considèrent qu’ils ne désignent pas forcement la même chose bien que d’autres pensent le contraire. Il semble, en outre, y avoir une inadéquation entre les définitions et les taxinomies30 d’une part, et les situations concrètes auxquelles les entreprises sont confrontées, d’autre part.31 A l’instar de tous les nouveaux domaines de recherche, le CI se heurte toujours à des problèmes de terminologie, de définition et de classification en sus des problèmes liés à la problématique des mesures. II.1II.1II.1II.1 La problLa problLa problLa problématique relative au consensus terminologiquematique relative au consensus terminologiquematique relative au consensus terminologiquematique relative au consensus terminologique A ce jour, il n’existe pas de conceptualisation unifiée du « capital immatériel ». Il est connu sous différentes appellations dans la littérature managériale et universitaire: capital immatcapital immatcapital immatcapital immatériel, capitalriel, capitalriel, capitalriel, capital intellectuel, capital humain, actifs immatintellectuel, capital humain, actifs immatintellectuel, capital humain, actifs immatintellectuel, capital humain, actifs immatériels, capital cognitif,riels, capital cognitif,riels, capital cognitif,riels, capital cognitif, ressources raresressources raresressources raresressources rares, patrimoine sppatrimoine sppatrimoine sppatrimoine spécifiquecifiquecifiquecifique, actifs intellectuels, actifsactifs intellectuels, actifsactifs intellectuels, actifsactifs intellectuels, actifs incorporels, gestion de la connaissanceincorporels, gestion de la connaissanceincorporels, gestion de la connaissanceincorporels, gestion de la connaissance…. Il existe diverses approches pour les définir notamment pour les deux termes «immatériel et 30 Qui se rapporte à la taxinomie, aux lois de la classification; qui repose sur des classifications. Groupe, série, unité, variable taxinomique; analyse, conception, démarche, modèle, procédure taxinomique. 31 Voir le rapport de l’OCDE, sous le titre « Actifs intellectuels et création de valeur : rapport de synthèse », 2006.
  • 16. 183 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 intellectuel ». Il faut ajouter à cela la problématique relative à la translation de l’anglais vers le français qui complique la donne. En anglais, intangible matériel, est usité comme synonyme de capital immatériel. Néanmoins, sur le plan linguistique la signification n’est pas identique. Définir le concept d’intangibilité revient à définir le concept d’ « intangible » puisque l’intangibilité signifie le ”caractère de ce qui est intangible” (Larousse, 2000). ”Intangible” est l’un de ces nombreux mots de la langue française dont l’usage commun en a détourné le sens. Dans le langage courant, ”intangible” est utilisé comme l’antonyme de ”tangible”, et signifie impalpable, inaccessible au sens du toucher. L’origine latine de ce mot, ”intangible” signifie ”qui doit rester intact, sacré, inviolable” (Larousse, 2000; Hachette, 1997). Un principe intangible est donc un principe qui ne peut pas être changé, qui est immuable. Néanmoins, en anglais, intangible a une autre signification qu’en français. L’Oxford Dictionnary of Current English (1996) le définit comme 1) l’incapacité à être vu ou touché, 2) la difficulté à être défini et formulé de façon précise, 3) la difficulté à être compris. Le Cambridge International Dictionary of English définit ce vocable comme suit: ”immatériel, impossible à être vu ou touché, bien que réel, et donc difficile à expliquer ou à montrer”. « Immatériel » en français qui le synonyme utilisé comme synonyme « intangible » en anglais, est définit par le dictionnaire Larousse comme « qui n’as pas consistance corporelle », Ancienne signification développée en 1694 par l’académie Française (ACAD - 1694).
  • 17. 184 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 Pourtant, certains auteurs considèrent les termes mentionnés comme des synonymes, tandis que d’autres les séparent les uns des autres (Lacroix et Zambon, (2002), Volkov et Garanina 2007). Cette hétérogénéité de concepts engendre des complications sémantiques et des confusions relatives à la compréhension et l’analyse de la thématique CI. Des questionnements émergent quant à l’utilisation de manière indifférenciée les termes « immatériel » et « intellectuel » par exemple. La question se pose si les deux concepts sont synonymes. Du point de vue linguistique, naturellement la réponse est négative. Intellectuel sous- entend une notion d’intellect, d’intellectualisme. Le dictionnaire Robert propose pour « intellectuel » la définition suivante : « dont la vie est consacrée aux activités intellectuelles». Dans son édition de 2004, une définition plus technique qu’éthique est donnée « où l’intelligence a une part prédominante ou excessive » suivie de « qui a un goût prononcé ou excessif pour les choses de l’intelligence, de l’esprit, chez qui prédomine la vie intellectuelle », et donne comme synonyme cérébral. Donc, du point de vue linguistique, cette appellation est susceptible de semer la confusion dans les esprits. Par « opposition », le Business dictionary définit « Intellectual capital » comme suit : « Connaissance collective (documentée ou non documentée) des individus dans une organisation ou dans une société. Cette connaissance peut être utilisée pour produire de la richesse, multiplier l’output des actifs physiques, acquérir un avantage concurrentiel, et / ou pour améliorer la valeur des autres types de capital ». Lorsqu’ils sont employés dans un article de comptabilité, certains de ces termes prenant un sens bien particulier que celui que leur donne la
  • 18. 185 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 terminologie comptable. Prenons tout d’abord comme exemples les notions de capitalcapitalcapitalcapital et dddd’actifactifactifactif. Le terme capital est un terme issu de l’économie: c’est un facteur de production. C’est dans cette idée qu’a été développée la notion de « capital humain » propre à Gary Becker32 par analogie au capital physique ou au capital financier. Un actif, tel qu’il résulte de la définition actuelle du PCG (plan comptable général)33 qui, lui-même, a fait sienne la définition fournie par les normes internationales, est une ressource susceptible d’engendrer de futurs avantages économiques. On peut donc comprendre que les termes d’actif et de capital soient utilisés indifféremment. Cela dit, un actif a vocation à figurer au bilan d’une entreprise ce qui, précisément, n’est pas systématiquement l’objet de toutes les composantes de « l’immatériel ». Les chercheurs estiment qu’il est donc, peut-être, plus approprié de privilégier la notion économique de «capital» à celle d’«actif» parce que à connotation plus comptable. D’autant plus que «capital» est aussi un terme juridique que le comptable ne peut ignorer. Considérons ensuite : Le capital correspond- il à des actifs ? Un investissement peut-il être assimilé à une ressource? Est-ce que ces termes ont-ils les mêmes significations dans le domaine de la gestion, de la comptabilité, de la finance et des sciences 32 Prix Nobel d’économie en 1992 33 Le plan comptable général est adopté par le Conseil National de la Comptabilité en France. Il définit l'ensemble des normes comptables française ainsi que les règles de présentation des comptes, des rapports, bilan, compte de résultat et annexes par les entreprises industrielles et commerciales établies en France. Le plan comptable général contient une liste intégrale des comptes comptables qu'une entreprise doit utiliser pour établir sa comptabilité tout en respectant les normes comptables.
  • 19. 186 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 sociales.34 (Petty et Guthrie, 2000) soulignent l’ambiguïté des termes : capital immatériel, capital intellectuel, capital humain, actifs immatériels, capital cognitif, actifs incorporels, ressources rares, patrimoine spécifique, actifs intellectuels car insuffisamment explicitée et pourtant souvent utilisés de manière synonyme.35 (Lev 200336 , Lönnqvist et Mettänen, 2002) estiment que les termes actifs incorporels, actifs de connaissances et capital intellectuel sontsontsontsont interchangeablesinterchangeablesinterchangeablesinterchangeables en raison du fait que les trois termes sont ”largement utilisés: actifs incorporels dans la littérature de la comptabilité, les actifs de connaissances par les économistes, le capital intellectuel dans la gestion et le droit; et dans l’ensemble ils aboutissent au même objectif : il en résulte des bénéfices futurs qui ne sont pas incarnées matériellement. Afin de faire une lecture de scientificité relative à la thématique du CI, il a été jugé opportun de faire un parallélisme avec la démarche épistémologique. Il est à rappeler que cette dernière peut ainsi porter sur plusieurs aspects : les modes de production de la connaissance, les fondements de cette connaissance, la dynamique de cette production, sa 34 Puisque dans le capital immatériel on parle de bien être de la population, de la création de la richesse…etc 35 Voir le travail de recherche de Corinne Bessieux-Ollier, Monique Lacroix, Elisabeth Walliser(2006) sous le titre : « Capital humain : mesure, management et reporting : un état des lieux sur le plan théorique et pratique », Comptabilité, Contrôle, Audit et institution(s), Tunisia. Cette constatation a été faite par le survol, sur les dix dernières années, des thèmes traités par six revues comptables majeures: Accounting Organisation and Society (AOS), Accounting Review (AR), Comptabilité Contrôle Audit (CCA), European Accounting Review (EAR), Journal of Accounting and Economics (JAE), Journal of Accounting Research (JAR). 36 B. Lev, “Intangible Assets: Concepts and Measurements,” Encyclopedia of Social Measurement, Elsevier Inc., 2005, Vol. 2, pp.299-305.
  • 20. 187 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 validation, son organisation et sa progression. En empruntant la pensée de (Kuhn, 1962) dans sa logique des révolutions scientifiques, cette thématique de recherche est toujours en phase de prprprpré----sciencesciencesciencescience: c’est-à- dire une phase de bourgeonnement. Astolfi,37 en empruntant Bachlard,38 a effectué un travail sur les obstacles épistémologiques.39 Bachelard relève une dizaine d’obstacles épistémologiques: l’expérience première, la connaissance générale, l’obstacle verbal, la connaissance pragmatique, l’obstacle substantialiste, le réalisme, l’obstacle animiste, le mythe de la digestion, la libido et enfin la connaissance quantitative. Pour le besoin de cet article, nous allons juste emprunter les obstacles qui nous paraissent utiles pour notre recherche. Le premier des obstacles est «l’expl’expl’expl’expérience premirience premirience premirience premièrererere», c’est-à-dire l’expérience non accompagnée d’esprit critique et d’interrogation; les impressions générées par nos sens et nos expériences quotidiennes sont autant de freins à une véritable compréhension de l’objet de notre recherche. L’obstacle de l’expérience première consiste à s’attacher aux aspects impressionnants d’un phénomène, ce qui évite d’en saisir les aspects importants du point de vue de la connaissance. Il est suggéré que la thématique de recherche relative au CI est toujours à cette phase 37 Universitaire français, spécialiste de la didactique des sciences en empruntant Bachlar dans son œuvre : « L'Erreur, un outil pour enseigner : Cinq caractéristiques de l'obstacle épistémologique ». 38 La formation de l'esprit scientifique 39 L'obstacle épistémologique est un concept inventé par le philosophe Gaston Bachelard dans La formation de l'esprit scientifique en 1938, désignant ce qui vient se placer entre le désir de connaître du scientifique et l'objet qu'il étudie. Cet obstacle l'induit en erreur quant à ce qu'il croit pouvoir savoir du phénomène en question. Il est pour Bachelard interne à l'acte de connaître puisque c'est l'esprit qui imagine des explications aux choses.
  • 21. 188 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 d’ « expérience première » qui n’a pas eu le temps de murir. L’euphorie qui règne autour ce concept, qui frôle la magie, occulte les problématiques relatives à mise en œuvre des assisses scientifiques. Le deuxième obstacle épistémologique est relatif à la «connaissanceconnaissanceconnaissanceconnaissance ggggénnnnéraleraleralerale», laquelle nuit à l’émergence de concepts précis. La connaissance générale consiste à généraliser trop vite, ce qui fait perdre de vue les caractéristiques essentielles d’un phénomène. Astolfi donne l’exemple du terme « coagulation », sous lequel ont été rassemblés des phénomènes aussi divers que la coagulation du sang, la solidification des métaux fondus et la congélation de l’eau. Un auteur en vient même à affirmer en 1780, dans un livre intitulé « De l’origine du monde et de la Terre en particulier », que « les animaux proviennent d’une matière liquide, qui devient solide par une sorte de coagulation». Donc le parallélisme avec le CI est aussi significatif puisque la terminologie utilisée est toujours générique.40 La diversité des acteurs concernés : universitaires, économistes, financiers, sociologues, organismes de comptabilité, investisseurs, dirigeants d’entreprise, consultants en gestion, informaticiens et décideurs dans les domaines de l’économie et de l’administration des entreprises compliquent la tâche de standardisation du CI comme une science. Il a été tenté à plusieurs reprises de déterminer les diverses composantes du capital immatériel et d’établir une taxinomie. Il en est résulté une prolifération de définitions, de classifications et de techniques de mesure 40 D’autres obstacles sont cités, mais dans ce travail de recherche nous nous contentons de ces deux.
  • 22. 189 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 qui donnent une idée sur les difficultés méthodologiques et pratiques de la question dont un aperçu sera évoqué ci-dessous. II.2II.2II.2II.2 Le labyrinthe des dLe labyrinthe des dLe labyrinthe des dLe labyrinthe des définitionsfinitionsfinitionsfinitions Sans prétendre à l’exhaustivité, le présent travail de recherche a pour objectif de donner une vision générique sur les approches de base afférentes à la définition du CI. Ensuite nous relaterons les difficultés relatives à leur classification. En adoptant une méthode chronologique, la définition de L’OCDE (1998) sera citée en premier. Elle retient trois caractéristiques des actifs immatériels: « absence de substance physique, capacité de générer un profit économique, possibilité d’appropriation et de négociation par l’entreprise ». Cette définition être qualifiée de générique et évasive. En 1999, l’OCDE revoit cette première définition en admettant que « le capital intellectuel est défini comme la valeur économique de deux catégories d’actifs immatériels (intangible assets) : le capital organisationnel (structurel) et le capital humain ». Cette deuxième définition s’enrichit pas deux notions : le capital organisationnel et le capital humain, le capital relationnel n’y figure toujours pas. (Stewart, 1991)41 indique que le capital intellectuel « est tout ce qui ne peut pas être touché, mais peut faire gagner de l’argent pour l’entreprise ». Il le décompose en trois volets: capital humain, capital structurel et, in fine, capital relationnel. Il englobe tout ce qui relève de la 41 Stewart, T. 1997. Intellectual Capital: The New Wealth Of Organizations. Nicholas Brealey Publishing, Business Digest, New York.
  • 23. 190 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 connaissance, l’information, la propriété intellectuelle, l’expérience qui peut être mise à profit pour créer de la richesse. La même année (Edvinsson & Malone, 1999)42 définissent le capital intellectuel comme étant «les relations avec les clients et les partenaires, les efforts d’innovation, l’infrastructure de l’entreprise et les connaissances et les compétences des membres de l’organisation». Certains chercheurs estiment que cette définition et la plus proche de la complétude. De même, (Sullivan, 1999) indique que le capital intellectuel consiste en «la connaissance qui peut être convertie en bénéfices futurs et comprend des ressources telles que les idées, les inventions, les technologies, les dessins, les processus et les programmes d’information ». Cette définition occulte le capital humain. Lev (2001)43 estime que « les ressources immatérielles sont celles qui peuvent générer de la valeur à l’avenir sans être sous forme physique ou financière ».(Rechtman, 2001) mentionne la définition de la Financial Accounting Standards Board (FASB), et celle de l’International Accounting Standards Board (IASB) qui définissent l’actif comme étant ” un avantage économique futur probable obtenu ou contrôlé par une entité particulière à la suite de transactions ou d’événements passés”. Une définition similaire, mais en se référant aux actifs incorporels est donnée par (Bouteiller, 2002), où ils sont définis « comme des actifs résultant d’événements passés et possèdent trois attributs principaux: ils sont non physique dans la nature, ils sont capables de produire avenir 42 Edvinsson L., Malone M.S., Mazars Audit (1999), Le capital immatériel de l’entreprise : identification, mesure, management, Editions Maxima. 43 Baruch Lev (2001) : “Intangibles: Management, Measurement, and Reporting”.
  • 24. 191 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 économique bénéfices nets, et ils sont protégés légalement par un droit ou de fait ». L’International Federation of Accountants estime que le CI « comporte trois volets. Le capital humain renvoyant aux attributs des personnes: intelligence, savoir-faire, créativité. Le capital relationnel se référant aux éléments détenus par l’entreprise: propriété intellectuelle, systèmes, processus, bases de données, culture. Et le capital organisationnel, ayant trait aux relations externes avec les parties prenantes: clients, fournisseurs, partenaires, réseaux, régulateurs ». Les actifs immatériels ne se réduisent plus à la R&D, brevets et marques. Le Financial Accounting Standards Board définit l’actif immatériel comme « un ensemble de profits futurs probable contrôlé ou produit par une entité particulière au sein de l’entreprise suite à des transactions ou événements passés ». La norme IAS 38 44 définit une immobilisation incorporelle comme « un actif non monétaire identifiable sans substance physique, détenu en vue de son utilisation pour la production ou la fourniture de biens ou de services, pour une location à des tiers ou à des fins administratives ». Une nouvelle étape en 2008, l’OCDE considère que le champ d’application des actifs intellectuels a évolué vers un concept plus large qui comprend « les ressources et capacités humaines, les moyens structurels (bases de données, technologie, habitudes et culture) et le capital « relationnel » (concepts et processus organisationnels, réseaux de clients et de fournisseurs, par exemple) ». 44 IAS 38 (2003): International Accounting Standards 38 ‘Intangible Assets’, in: International Financial Reporting Standards 2003, International Accounting Standards Board, London.
  • 25. 192 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 Pour sa part Pierre Vernimmen le définit comme suit: ”Ensemble des compétences, des techniques ou des pratiques possédées par une entreprise qui lui permettent d’obtenir une rentabilité supérieure à la rentabilité minimale exigée par ses pourvoyeurs de fonds. Ce capital immatériel n’a souvent aucune valeur comptable et le goodwill a souvent été utilisé pour l’évaluer et corriger ainsi la valeur patrimoniale d’une entreprise très rentable”. Alan Fustec, co-créateur de l’Observatoire de l’immatériel donne une autre définition ”Le capital immatériel d’une entreprise, c’est toute sa richesse cachée qui permettra de générer de la rentabilité future et qu’on ne lit pas dans les comptes”. (Lönnqvist, Mettänen, 2002), ont défini les actifs incorporels comme « des sources non-matérielles de création de valeur d’une entreprise, sur la base des capacités des employés, des ressources des organisations, le mode de fonctionnement et les relations avec les actionnaires ». (Lev 2005)45 définit les immobilisations incorporelles ou le capital intellectuel comme étant des «sources non-physiques de valeur (droits à des prestations futures) générés par l’innovation (la découverte), des designs uniques, organisationnelles ou des pratiques de ressources humaines”. La synthèse de l’analyse de contenu de l’ensemble de ces définitions montre la grande diversité synonyme à un flou définitionnel. Cependant, la plupart des définitions semblent s’accorder sur le fait que les actifs immatériels présentent trois caractéristiques principales : i) ils sont 45 Lev B., (2005) : « Intangible Assets : concepts and measurements », New York University, USA.
  • 26. 193 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 considérés comme des sources de probables avantages économiques futurs ; ii) ils n’ont pas de substance physique ; et iii) dans une certaine mesure, ils peuvent être conservés et commercialisés par une entreprise. Les définitions ont tendance à inclure désormais, en outre des R-D, des brevets, des logiciels et des marques commerciales, des attributs économiques comme la capacité de créer des connaissances, les droits d’accès aux technologies, la capacité d’exploiter les informations, les procédures et processus d’exploitation, les compétences des équipes dirigeantes à mettre en œuvre une stratégie, ainsi que la capacité d’innovation.. A la lumière de ce qui précède, il est à constater que la définition des contours de l’actif immatériel pose un problème complexe à la littérature : d’une part parce qu’elle englobe différentes notions; d’autre part parce qu’elle soulève un conflit réel entre la comptabilité, la finance et le droit. Les difficultés spécifiques à ces définitions de l’immatériel demeurent. Elles sont de deux ordres : le choix des éléments à retenir et leur mesure. Dans une perspective analytique du capital immatériel, différentes composantes ont été établies. Parmi les éléments qui ont fait l’objet d’approches structurées, on peut distinguer l’investissement dans l’humain (Drucker 1993, Ingham 1997, Nonaka et Tageuchi 1995), la mise en valeur de la qualité des produits et services (Garvin 1983, 1987, Zeithaml, Parasuraman et Berry 1990), la réputation de l’entreprise (Fombrun et Shanley 1990, Demsetz 1995), l’investissement dans la publicité (Hart 1988, Nelson 1970, 1974, 1975, Milgrom et Roberts 1986,
  • 27. 194 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 1992) et finalement l’investissement en recherche et développement (Jensen 1993, Castanias et Helfat 1992, Nelson 1990 ). (Diefenbach 2005) estime que les axes arrêtés des actifs incorporels, à ce jour, ont leurs avantages spécifiques mais aussi leurs limites puisque conceptualisées à des fins différentes. Il estime que les approches définitionnelles existantes fournissent des définitions très généralistes et peu précises parce que les axes arrêtés ne sont pas reliés entre eux, voir n’ont aucune relation. II.3II.3II.3II.3 La classification desLa classification desLa classification desLa classification des actifs immatactifs immatactifs immatactifs immatérielsrielsrielsriels Les classifications46 sont un «outil heuristique», une «aide de construction» pour l’interprétation et la compréhension (Gröjer 2001) et doit avoir un but (Rosing 1978). Qu’en est-il de la classification des actifs immatériels ? A l’instar des difficultés de conceptualisation et de définition, ils se heurtent à un problème de classification. (Walker 2009) affirma qu’il est difficile de trouver un objectif déclaré pour la classification des actifs incorporels. Toutefois, un seul but semble être valable est celui relatif à des fins de gestion47 . Afin de gérer avec succès, il faut rendre visible et de mettre des étiquettes sur différentes ressources; une façon de le faire est de les catégoriser (Kaufman & Schneider, 2004).48 Dans une revue de la littérature réalisée 46 Les chercheurs qui ont travaillé sur les questions de la classification en termes de méthodologie et de logique par exemple Bowker / Star 2002, Gröjer, 2001, Carr 1992, and Thompson 1983. 47 Il y a lieu de se poser des questions sur ce point. 48Voir l’article de Lutz Kaufmann, Yvonne Schneider, (2004) ”Intangibles: A synthesis of current research”, Journal of Intellectual Capital, Vol. 5 Iss: 3, pp.366 – 388.
  • 28. 195 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 par Kaufmann & Schneider (2004), il a été conclu que « comme il n’existe pas une définition généralement acceptée, de même, il n’existe pas une la classification généralement acceptée ». (Gröjer 2001) de sa part affirme qu’il n’y a pas eu une telle tentative de définir et d’identifier toutes les ressources intangibles systématiquement. A cause des nombreuses approches n’y a toujours pas de clarté sur une définition générale des actifs incorporels et des critères pour l’identification des différents types. A ce sujet (Lev 2005)49 affirme que l’ampleur des actifs incorporels peut être saisie par leur catégorisation en tant que produit/services, la relation client, ressources humaines et le capital organisationnel. Malgré cela, il y eu beaucoup de propositions pour la classification des actifs incorporels.(Lev 2001) les a classés en quatre (04) groupes : 1. Découverte / apprentissage; ex R & D 2. En relation avec les clients :ex marques, marques de commerce, des canaux de distribution 3. Les ressources humaines; ex. éducation, formation et systèmes de rémunération 4. Organisation du capital; conception de l’organisation structurelle, les processus d’affaires, de la culture d’entreprise unique La classification adoptée par Wyatt (2008) est la suivante: Les ressources technologiquesLes ressources technologiquesLes ressources technologiquesLes ressources technologiques 1. Les dépenses en R & D et les propriétés intellectuelles connexes 49 Lev B., (2005) : « Intangible Assets : Concepts and Measurements », New York University, USA.
  • 29. 196 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 Les ressources humainesLes ressources humainesLes ressources humainesLes ressources humaines 2. Capital humain La production de ressourcesLa production de ressourcesLa production de ressourcesLa production de ressources 3. La publicité, les marques et la propriété intellectuelle connexe 4. La fidélisation de la clientèle 5. L’avantage concurrentiel 6. Le Goodwill (Artsberg Mehtiyeva 2010) affirme que la classification des composantes du CI est plus raffinée dans la comptabilité financière. Ceci est lié à un objectif clair relié à l’information des utilisateurs externes ou à des fins de mesure ou pour des considérations fiscales. Pour qu’une classification soit utile et précise, il ne devrait pas y avoir des chevauchements entre les différentes catégories. La classification de la Financial Accounting Standards Board (FASB)50 .51 FASB a suggéré la classification suivante: • Les actifs basés sur la technologie • Les actifs basés sur les clients • Les actifs basés sur le marché • Les actifs basés sur la force du travail • Les actifs basés sur les contrats • Les actifs basés sur l’organisation • Les actifs basés sur le fondement législatif 50 Le Comité a été créé en 1973, en remplacement du Comité pour les principes comptables (Accounting Principles Board) et du Comité de la procédure comptable de l’Institut américain des comptables publics certifiés. Le FASB a pour mission d’établir et d’améliorer les normes de comptabilité et d’information financière pour l’orientation et l’éducation du public, y compris les émetteurs, auditeurs et utilisateurs d’informations financières.
  • 30. 197 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 En s’inspirant de certains chercheurs comme (Glaser / Strauss 1967) à propos des analyses comparatives issues de la théorie empirique et en se basant sur la méthode logico-déductive, Diefenbach a entrepris la tentative d’identifier et de classifier les actifs incorporels, qui ont des attributs en commun et peuvent être regroupé. Selon lui, le système catégoriel qu’il a créé est basée sur un processus logico-déductif. Il a identifié, en combinant trois attributs52 6 catégories. Ils sont comme suit 53 : 52 Les trois attributs sont : le premier est lié à un individu en particulier, le deuxième est situé dans deux ou plusieurs personnes le troisième est la transférabilité. 53 Voir l’article de Diefenbach Thomas (2005): “Intangible resources - a categorical System of Knowledge and other Intangible Assets”.
  • 31. 198 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 PremiPremiPremiPremièrererere catcatcatcatégorie:gorie:gorie:gorie: Les qualitLes qualitLes qualitLes qualités personnelless personnelless personnelless personnelles : connaissances tacites et comprenant les qualifications, les expériences, les compétences et capacités d’un individu - les sentiments individuels et les valeurs, les espoirs et objectifs - la santé, le bien-être - la main-d’œuvre - la compétence individuelle d’évaluer, de décider, d’agir et de se comporter- la personnalité - les diplômes officiels (juridiquement protégé). DeuxiDeuxiDeuxiDeuxièmemememe catcatcatcatégorie :gorie :gorie :gorie : Les qualitLes qualitLes qualitLes qualités partags partags partags partagés avec ds avec ds avec ds avec d’autres personnes:autres personnes:autres personnes:autres personnes: les relations personnelles/informelles, les normes sociales, les sentiments et les traditions, les aspects réglementaires non contractuels par exemple confiance, l’engagement, l’engagement, les attentes, les obligations, les compétences sociales (capacité pour le discours, les conflits et la coopération), puissance et réputation basée sur des caractéristiques personnelles. TroisiTroisiTroisiTroisièmemememe catcatcatcatégorie :gorie :gorie :gorie : Attributs qui peuventAttributs qui peuventAttributs qui peuventAttributs qui peuvent être partagtre partagtre partagtre partagés entre deuxs entre deuxs entre deuxs entre deux personnes et pluspersonnes et pluspersonnes et pluspersonnes et plus :::: la langue, les traditions et le patrimoine culturels, le trait national,la culture d’entreprise, le climat de travail, des règles informelles, les normes sociales, les valeurs, les règles, le droit..etc QuatriQuatriQuatriQuatrièmemememe catcatcatcatégorie:gorie:gorie:gorie: Rôle, position sociale, pouvoir, statuts et l’influence reliée à la position, droits et devoirs. CinquiCinquiCinquiCinquièmemememe catcatcatcatégorie:gorie:gorie:gorie: données (symboles, signes), l’information - connaissances explicites - propriété intellectuelle (nom et logo de la société, marques, dessins, formules, logiciels, droits d’auteur, les brevets, les licences, les domaines quota, Internet, Portails, aspects contractuellement réglementaires de relations formelles entre les parties. SixiSixiSixiSixièmemememe catcatcatcatégoriegoriegoriegorie :::: infrastructure (hiérarchies, gouvernement, la planification, de l’information, la communication, la coordination, l’administration et les structures de contrôle et des processus, des chaînes d’approvisionnement et les distributions) immatériels - savoir organisationnel et des capacités intégrées dans les technologies et les modèles - connaissances incorporées dans les produits transformés ou produits.
  • 32. 199 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 Le travail de pionnier par Edvinson & Malone (1997) qui a classé le capital immatériel en deux catégories: le capital humain et le capital structurel a fortement influencé les autres chercheurs. Cependant, il semble que la plupart des chercheurs dans cette tradition adoptent un classement de trois catégories; celui lié aux ressources humaines qui est le plus souvent appelé le capital humaincapital humaincapital humaincapital humain, un deuxième a trait aux processus et structures internes, il est souvent appelé capital structurelcapital structurelcapital structurelcapital structurel ou capital organisationnelcapital organisationnelcapital organisationnelcapital organisationnel, le troisième est relié à la clientèle nommée, capital relationnelcapital relationnelcapital relationnelcapital relationnel (Kaufmann & Schneider, 2004). Néanmoins, (Kaufmann & Schneider, 2004) qualifient cette classification d’abstraite et de très généraliste. Ce qu’il en faut en déduire, c’est qu’il y a un travail de fond qui doit être entrepris dans ce domaine. La cacophonie des classifications démontre qu’un grand effort de normalisation doit être effectué.
  • 33. 200 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 CONCLUSIONCONCLUSIONCONCLUSIONCONCLUSION D’après ce qui précède, on peut faire la déduction que le CI en tant que science et notamment par rapport aux axes conceptuels, définitionnels et de classification est caractérisé par une certaine parcimonie dans le domaine de la recherche, qui est reste encore embryonnaire. Aucun consensus n’a été arrêté à ce jour autour des concepts, des définitions ou de la classification. Il y a une certaine primauté de l’aspect pragmatique versus l’aspect académique. Cependant, les objectifs se rejoignent : les gestionnaires des entreprises, les analystes du marché, les comptables, les actionnaires et les investisseurs ont besoin de savoir comment ces actifs incorporels sont gérés, comment ils sont qualifiés pour pouvoir les évaluer. Une terminologie précise et une identification claire des composantes du CI ne contribuent pas seulement à une meilleure compréhension, mais aussi à une meilleure gestion de des affaires personnelles, organisationnelles et sociétales. La demande des arguments plus solides et une méthodologie rigoureuse et une normalisation consensuelle dans ce nouveau domaine de connaissance est de plus en plus exponentielle. Le travail qui a été réalisé, jusqu’à, maintenant doit être soutenu par des méthodologies en profondeur et basée sur des données empiriques (De la Puerta 2011)
  • 34. 201 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 Bibliographie Abramovitz, M. & David, P. 1996 .Technological change and the rise of intangible investments : the US economy’s growth-path in the twentieth century in Employment and growth in the knowledge-based economy, Documents OCDE. Aghion, Ph., & Howitt, P. 1992. A model of growth through creative destruction. Econometrica, vol. 60, n° 2. Aglietta, M. 2010. Mesure pour mesure : sait-on vraiment mesurer le développement ?. 8e conférence AFD/EUDN 1er décembre Session 4 Croissance durable : mesurons-nous bien le défi ? Université Paris Ouest (EconomiX), Cepii et Groupama-am. Albouy, M. 1999. Théorie, applications et limites de la mesure de la création de valeur in Dossier : Création de valeur : au-delà de la mode, Revue Française de Gestion, n° 122, janvier-février, pp.81-90. Bounfour, A. 1998. Investissements immatériels: définition et mesure, une approche fonctionnelle, in Performances et comptabilité, Actes du 19e congrès de l’AFC, vol. 1, (14, 15, 16) mai, pp. 395-419. Bounfour, A. 2012. Actifs immatériels, entre «grammaire ¸ et« photographie. Analyse financière, N°44. Chang & Chen. 2008. Dimensions of social capital and firm competitiveness improvement: The mediating role of information sharing....Journal of Management Studies, 45(1): 122-146. Corrado, C. Hulten, C. & Sichel, D. 2004.Measuring Capital and Technology: an Expanded Framework. Finance and Economics Discussion Series, Divisions of Research & Statistics and Monetary Affairs,Federal Reserve Board, Washington, D.C.
  • 35. 202 <<< Revue Scientifique CREMA 2017 Corrado, C. Hulten, C. &Sichel, D. 2006. Intangible Capital and Economic Growth. Finance and Economics Discussion Series No. 24. The Divisions of Research & Statistics and Monetary Affairs, Federal Reserve Board. Diefenbach, T. 2005. Different meanings of intangible assets and knowledge - and their implications for management and innovation.The International Journal of Knowledge, Culture and Change Management, 2005. Earl, M. 2001. Knowledge Management Strategies: Toward a Taxonomy. Journal of Management Information Systems, Vol. 18, No. 1, 2001, 215 – 233. Edvinsson, L. 1999. Le capital immatériel de l’entreprise : identification, mesure, management. Editions Maxima. Fruit, R. La fonction de production de Cobb-Douglas. Revue économique, Volume 13, n°2, 1962. pp. 186-236. Garcia-Ayuso, M. 2003.Intangibles: lessons from the past and a look into the future. Journal of Intellectual Capital, Vol. 4, N° 4, pp. 597-604. Gröjer, J.-E. 2001. Intangibles and accounting classifications. Search of a classification strategy. Accounting, Organizations and Society, 26, 695 - 713. Guimon, J. 2003. Recent European models for intellectual capital management and reporting: a comparative study of the MERITUM and the Danish guidelines. Autonomous University of Madrid. Hirokazu, I. & Yasuyuki S. 2006.Aggregate Returns to Social Capital: Estimates Based on the Augmented Augmented-Solow Model. CIRJE F-Series CIRJE-F-413, CIRJE, Faculty of Economics, University of Tokyo. International Accounting Standards 38. 2003.Intangible Assets. International Financial Reporting Standards 2003, International Accounting Standards Board, London.
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