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Le Collège des Bernardins, les Entretiens de Valpré et les Jeunes Mécènes des Bernardins présentent :
Société à responsabilité illimitée :
les entreprises peuvent-elles sauver la planète ?
Table ronde du 22 janvier 2020
● Avec Pascal Demurger, Directeur Général du Groupe MAIF. Ancien élève de l’ENA, Pascal
Demurger quitte la direction du budget au Ministère de l’Economie et de la Finance pour
rejoindre la MAIF en 2002. Il évolue à différents postes avant de prendre la direction du groupe
en 2009. Élu Président du Groupement des Entreprises Mutuelles d’Assurance (GEMA) en 2014,
il œuvre par ailleurs à la construction de la Fédération Française de l’Assurance, dont il est vice-
président depuis sa création en 2016 et jusqu’en juillet 2019. Dirigeant engagé, il estime que
l’entreprise doit assumer ses responsabilités au-delà d’elle-même et veiller à son impact sur
l’environnement. Il publie en juin 2019 L’entreprise du XXIème siècle sera politique ou ne sera
plus, dans lequel il partage cette conviction d’un modèle d’entreprise original depuis 10 ans à la
MAIF.
● Serge Papin, Ancien Président de Système U. Entre 2005 et 2008, Serge Papin est le président de
la coopérative Système U, après avoir successivement assumé les postes de directeur général de
Système U région Ouest, puis de vice-président de Système U. Il est l’auteur de plusieurs
ouvrages, notamment « Consommer moins, consommer mieux » (autrement 2009). Convaincu
du lien entre alimentation, santé et environnement, il a notamment lancé l’initiative « Osons
demain », un manifeste des chefs d’entreprises en faveur d’une transition écologique en France,
qui rassemble plus de 500 signatures.
● Frédéric Mugnier, Co-fondateur de Faguo. En 2009, il crée avec Nicolas Rohr la marque FAGUO
alors qu’ils sont étudiants. Avec un objectif majeur : faire une mode différente et positive pour la
planète. Dix ans plus tard, FAGUO est une marque française carbone positive proposant un
vestiaire masculin complet (prêt-à-porter, baskets, chaussures, bagagerie, et accessoires) à
l’identité urbaine outdoor. Conscient de l’urgence climatique, la marque réunit mode et
responsabilité. FAGUO mesure ses émissions de CO2 avec un bilan carbone, les réduit en
utilisant des matières recyclées
Présentation des résultats de l’enquête “Les Chemins de la responsabilité” pour les entretiens de
Valpré 2019 par Guillaume Bouvier du cabinet Kéa (cliquez ici pour voir la vidéo)
Rôle de l’entreprise :
La responsabilité d’entreprise est à la fois une responsabilité de moyens et de résultats. La RSE est
vue comme un champ de contraintes plutôt qu’un levier de création de valeur. La RSE doit en effet
répondre à trois normes : se mettre en conformité avec la législation, assurer la pérennité de l’activité
économique et contribuer au bien commun. Le chemin vers la responsabilité nécessite des
transformations profondes : changer les pratiques métiers en profondeur, engager les RH dans un
accompagnement responsable des salariés et modifier les objectifs des parties prenantes (incentives,
rétribution).
L’exercice de la responsabilité
L’exercice des responsabilités est encore associé de façon très (trop) importante au pouvoir. Une
évolution majeure est attendue en termes de comportement avec un impact positif sur le long terme en
cohérence avec les valeurs des entreprises : œuvrer pour le bien commun.
Être un manager responsable
On passe d’une image d’un manager héros (qui assume, est leader, prudent, qui porte ses
convictions) au manager qui crée les conditions du développement (qui fait confiance, est exemplaire, qui
pense au bien commun, inspire, écoute et est ouvert). Les collaborateurs sont le premier accélérateur de
responsabilité pour l’entreprise.
Monter en responsabilité est un projet inclusif qui doit faire participer de nombreuses parties prenantes :
les salariés, le PDG, la société civile, les clients... (et en interne, les sous-traitants, les syndicats, etc.).
Questions - Réponses avec Serge Papin – Frédéric Mugnier – Pascal Demurger
Quelle est la place de l’entreprise dans le monde et dans la société ? Selon-vous, une entreprises est-elle
à-même de sauver le monde ?
Pascal Demurger: Est-ce qu’une entreprise peut sauver le monde ? Il y a quelques années on ne se serait
jamais posé la question. Jusqu’à présent une entreprise était là pour elle-même : pour sa croissance et sa
rentabilité. Elle a en elle-même sa propre finalité (voir Freedman, école de Chicago). D’où vient ce
changement ? Il y a des problèmes sociaux urgents et un sentiment de plus en plus répandu que les
pouvoirs publics n’ont pas les moyens d’y faire face pour des raisons de moyens financiers, de géographie,
de politique. C’est pourquoi une partie de l’opinion publique se tourne vers les entreprises sur ces
questions à tel point qu’aujourd’hui un dirigeant d’entreprise qui ne pose pas ces questions prend un
risque et serait bien aventureux. Les clients se détourneraient de cette entreprise. La création de Faguo
est par exemple vraiment centrée sur cet objet.
Frédéric Mugnier : J’ai créé Faguo sur les bancs de l’école et plus on est jeune plus on est vierge dans notre
manière de voir le monde. Et du coup, quand on crée, on développe, on essaie de construire de mieux en
mieux et je pense, je suis très positif, on est dans un monde qui bouge, on n’a jamais cessé de progresser.
Serge Papin : De toute façon c’est une question de leadership. Tout progrès économique est une question
d’époque. A l’époque précédente on était dans « je consomme donc je suis ». L’entreprise de demain se
réconcilie avec la planète au lieu d’être dans le rapport de force (raison d’être) et prend soin des
collaborateurs (raison d’y être).
C’est une question qu’on soit convaincu, ou qu’il y ait une dose de cynisme, on n’a pas le choix, il
faut d’autant plus y aller. Les consommateurs veulent la transparence. C’est aux entreprises d’être les
premières de cordée à contribuer largement et à prendre leur part. Il y a un paradoxe entre les pouvoirs
publics sur ces questions et l’opinion publique qui impose à l’entreprise de prendre des décisions. C’est
l’opinion publique qui pousse mais après il y une question de rythme. Mais a contrario, le Black Friday
explose, les ventes des SUV sont en flèche : où est le rôle d’éducation de l‘entreprise par rapport ça ?
Pascal Demurger : Le rôle de l’entreprise dépend de son rapport au temps. Si on raisonne à court terme,
on vend des SUV. Sinon, on comprend qu’il faut positionner sa marque sur le long terme. Moi je crois
beaucoup que l’opinion publique est en train de basculer. Il y a un changement dans l’opinion publique
que l’on peut mesurer et il y aussi aujourd’hui un changement dans les mentalités des dirigeants. Il y a eu
cette dynamique en 2019 et c’est un sujet de rapport au temps. Le long terme est vraiment le lieu de
rassemblement des opinions divergentes. A long terme, ça peut être un question de survie.
Il y a toujours une question de survie entre le consommateur et quand Intermarché vend des pots
de Nutella à -70% et qu’il y a une émeute, il y a un paradoxe. Sur certains secteurs il y a des choses qui se
dévissent. On sent que les choses vont changer avec la génération Greta (cf. Greta Thunberg). On sent
qu’on est au point de bifurcation.
Frédéric Mugnier : Qui change les choses ? Evidemment, je suis convaincu que ce sont les consommateurs
qui changent les choses. Il y a un cap où il n’y a pas de retour en arrière.
Serge Papin : C’est vrai ! N’ayant pas fait de grandes études, j’essayais d’écouter la société. En 2009,
j‘écrivais un livre « Consommer moins, consommer mieux ». On essayait de raisonner avec l’intelligence
collective : comment on va construire une image raccord avec l’époque ? Car on avait pas du tout une
image de leader. On a essayé d’associer le consommateur, le citoyen et le client que nous sommes tous.
Par exemple, le produit doit être respectueux de la filière de la santé (supprimer les substances
controversées), le client et le citoyen. On a essayé d’aller vers la résilience.
Est-ce que cette entreprise à mission peut changer les choses ou cela apporte seulement un cadre légal ?
Pascal Demurger : La Loi Pacte est le devenir de la société à mission. Pour info, pour ceux qui ne le savent
pas, on peut rappeler les modalités pour devenir Société à mission :
1. Elles doivent inscrire une raison d’être dans leurs statuts et ça c’est important car c’est autre chose que
l’objet social, c’est un rapport au monde, c’est un rôle dans la société.
2. Il faut fixer dans les statuts les objectifs d’impact sur l’environnement, dans la société, les parties
prenantes…
3. Il faut créer un comité de mission qui vient vérifier la réalité des objectifs et établit un rapport annuel
4. Un OTI (Organisme Tiers Indépendant) qui vient annuellement auditer l’entreprise de la réalité de la
poursuite et de l’atteinte des objectifs et il y a éventuellement une procédure juridique qui vient retirer le
statut de société à mission.
En résumé, elle donne de la visibilité aux entreprises qui veulent s’engager mais les laisse très libre
dans la fixation des objectifs et ne crée pas un label dans chaque secteur. On ne va pas jusqu’à la
labellisation. La clé étant le comportement du consommateur : il doit être informé, sensibilisé et
sanctionné.
Frédéric Mugnier : L’entreprise à mission nous met en chemin, nous force à avancer mais il va peut-être
manquer une exigence dans la vitesse de progression et ne pas se reposer sur ses lauriers. Il pourrait y
avoir des niveaux comme dans le label B-Corp.
Serge Papin : Moi je pense à Nicolas Hulot qui avait pensé à ce besoin dans les statuts. Il y a une première
marche qui est venue avec la loi Pacte et B-Corp. B-Corp est un peu un compliance. Nicolas Hulot disait
que l’entreprise doit être dans l’intérêt général. La Loi n’est que le reflet de la société mais nous n’en
sommes aujourd’hui je pense qu’au début.
Est-ce qu’il y a des statuts qui permettent d’être plus engagés ?
Pascal Demurger : Les choses sont en train de changer dans le rapport au temps : si je suis investisseur
(Larry Fink le disait), les valeurs de demain qui vont le plus progresser sont les valeurs sociales. Aujourd’hui,
investir dans le charbon ou le pétrole à moyen et long terme, c’est suicidaire. Par ailleurs, lorsqu’on se dit
convaincu que le sujet de l’engagement est une source de performance et de pérennité alors oui, même
en étant une entreprise du CAC 40 on a intérêt à se poser la question. Par contre, un actionnaire au CAC
40 a besoin d’un ROI1
à court terme. Or, aujourd’hui, les problématiques actuelles nous demandent d’avoir
une relation au temps différente.
L’entreprise et ses collaborateurs.
Pascal Demurger : Aujourd’hui, quand on dirige une entreprise, évidemment on n’a plus la même vision
du monde. On ne peut plus considérer que l’homme vient au travail et donne sa force de travail contre
rémunération. Les gens ont besoin de savoir à quoi ils contribuent. Ils ont besoin de ressentir une confiance
à travers les marges de manœuvre qu’on va leur laisser. On ne peut plus leur demander de suivre un
process. Par ailleurs, les gens cherchent dans la communauté humaine qu’est l’entreprise, une intention
positive, une forme de bienveillance. Le temps est fini où l’on pensait que l‘on aurait plus d’engagement
avec la compétition. Je constate de manière empirique qu’en faisant basculer le style managérial sur la
confiance et l’envie, on crée un épanouissement chez le collaborateur. On a mis en place en ce qui nous
concerne ce style managérial, on a obtenu 25% d’absentéisme en moins. Les comportements individuels
ont totalement changé.
Serge Papin : Ce qui sera n’est pas nécessairement ce qui fut. Il faut introduire de la destruction, il faut
être créatif. Il faut faire appel à l’intelligence collective. Il faut organiser l’entreprise pour mettre des points
de dialogue. On a une structure chez U qui s’appelle le GEP (Groupe d’Echanges et de Propositions) qui
nous a permis de modéliser des projets à partir de ce collectif qui a permis de gagner des parts de marché
par la suite. Et ça crée de l’engagement. On pense que c’est du temps perdu, mais on a les états d’esprits
1
Return on Investments
avec nous donc c’est formidable. Echanger, c’est accepter de changer. Donc ce temps d’échange est
primordial.
Comment ça se passe à la MAIF ?
Pascal Demurger : Il y a un rapport à la verticalité qui est un peu ambigu et complexe. Pour moi, l’entreprise
de demain garde aussi une sorte de verticalité car on attend aussi du dirigeant qu’il porte une vision et du
leadership. Ça ne s’oppose pas. Comment ça se concrétise ? De 1000 manières dans le management
quotidien. On a fait un mode collaboratif avec des collaborateurs qui ont donné 4 journées de leur temps
pour des ateliers et construire un projet (800 personnes/8000 employés). Première journée, ça a été un
désastre : c’est devenu une journée de revendications. Et puis par la suite, au lieu d’être dans un mode
d’opposition, on était plutôt dans un mode de négociation dans lequel on veut trouver un compromis. Par
exemple, on a signé un accord dans lequel il y a une annualisation du temps de travail, une ouverture des
agences le samedi. En revanche, on a signé des accords sur le télétravail, sur l’auto positionnement : la
personne dit ce qu’elle souhaite et collectivement on essaie de s’organiser. On a passé 18 mois à définir la
raison d’être de la MAIF. La raison d’être, c’est se replonger dans son passé. Elle doit être à la fois
connectée à son activité et réellement représentative de sa culture d’entreprise.
Réponses aux questions du public.
Il y a des paradoxes dans la société entre RSE et par exemple de l’autre côté de l’océan, les décisions de
Trump, qu’en pensez-vous ?
Serge Papin : Certains sont plus Pierre Rhabi, d’autres plus Trump. Ce qu’il
se passe aujourd’hui, c’est une espèce de cristallisation autour de certains
dirigeants : la lutte est en route, il faut nous individuellement s’engager
sur cette courbe verte et aller contre la courbe rouge (cf. image).
Pour les gilets jaunes, je vois qu’il faut lutter contre la
métropolisation. Au final, ce n’est pas tant la revendication pour le pouvoir
d’achat, c’est aussi l’abandon. Il y a des initiatives comme à Uzès pour
créer une dynamique pour lutter contre ça : via les banques, les
supermarchés, les entreprises pour faire un diagnostic au niveau local et entrer dans une dynamique. Les
GAFA, il faut se battre contre. La capitalisation boursière d’Amazon c’est 1000 milliards d’euros. Il faut se
battre contre. Certains GAFA envoient des ambassadeurs et ont un rôle politique évident.
Comment l’entreprise va évaluer sa contribution positive ? Sa raison d’être qui avec le temps ne serait
pas si positive que ça ?
Demurger : La question de l’évaluation est centrale. Quand on cherche à construire un modèle de
l’entreprise, très rapidement se posent les questions de la réalité de l’impact (est-ce qu’on a assez de
parties prenantes ?). Et puis parce qu’on est aussi et d’abord dirigeant malgré tout : la responsabilité de la
rentabilité qui se pose.
La pertinence dans le temps de la mission rejoint le côté politique de l’entreprise qui a un rôle
dans la société et en même temps le monde n’est pas construit autour de réalités politiques. Si on admet
que l’entreprise doit jouer un rôle social et cela pose de questions de détermination de l’intérêt général,
de démocratie. Légitimité de l’entreprise qui dans sa structure n’est pas démocratique et qui doit intégrer
ces logiques de responsabilité sociale.

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Conférence "Sauver la planète"

  • 1. Le Collège des Bernardins, les Entretiens de Valpré et les Jeunes Mécènes des Bernardins présentent : Société à responsabilité illimitée : les entreprises peuvent-elles sauver la planète ? Table ronde du 22 janvier 2020 ● Avec Pascal Demurger, Directeur Général du Groupe MAIF. Ancien élève de l’ENA, Pascal Demurger quitte la direction du budget au Ministère de l’Economie et de la Finance pour rejoindre la MAIF en 2002. Il évolue à différents postes avant de prendre la direction du groupe en 2009. Élu Président du Groupement des Entreprises Mutuelles d’Assurance (GEMA) en 2014, il œuvre par ailleurs à la construction de la Fédération Française de l’Assurance, dont il est vice- président depuis sa création en 2016 et jusqu’en juillet 2019. Dirigeant engagé, il estime que l’entreprise doit assumer ses responsabilités au-delà d’elle-même et veiller à son impact sur l’environnement. Il publie en juin 2019 L’entreprise du XXIème siècle sera politique ou ne sera plus, dans lequel il partage cette conviction d’un modèle d’entreprise original depuis 10 ans à la MAIF. ● Serge Papin, Ancien Président de Système U. Entre 2005 et 2008, Serge Papin est le président de la coopérative Système U, après avoir successivement assumé les postes de directeur général de Système U région Ouest, puis de vice-président de Système U. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, notamment « Consommer moins, consommer mieux » (autrement 2009). Convaincu du lien entre alimentation, santé et environnement, il a notamment lancé l’initiative « Osons demain », un manifeste des chefs d’entreprises en faveur d’une transition écologique en France, qui rassemble plus de 500 signatures. ● Frédéric Mugnier, Co-fondateur de Faguo. En 2009, il crée avec Nicolas Rohr la marque FAGUO alors qu’ils sont étudiants. Avec un objectif majeur : faire une mode différente et positive pour la planète. Dix ans plus tard, FAGUO est une marque française carbone positive proposant un vestiaire masculin complet (prêt-à-porter, baskets, chaussures, bagagerie, et accessoires) à l’identité urbaine outdoor. Conscient de l’urgence climatique, la marque réunit mode et responsabilité. FAGUO mesure ses émissions de CO2 avec un bilan carbone, les réduit en utilisant des matières recyclées Présentation des résultats de l’enquête “Les Chemins de la responsabilité” pour les entretiens de Valpré 2019 par Guillaume Bouvier du cabinet Kéa (cliquez ici pour voir la vidéo)
  • 2. Rôle de l’entreprise : La responsabilité d’entreprise est à la fois une responsabilité de moyens et de résultats. La RSE est vue comme un champ de contraintes plutôt qu’un levier de création de valeur. La RSE doit en effet répondre à trois normes : se mettre en conformité avec la législation, assurer la pérennité de l’activité économique et contribuer au bien commun. Le chemin vers la responsabilité nécessite des transformations profondes : changer les pratiques métiers en profondeur, engager les RH dans un accompagnement responsable des salariés et modifier les objectifs des parties prenantes (incentives, rétribution). L’exercice de la responsabilité L’exercice des responsabilités est encore associé de façon très (trop) importante au pouvoir. Une évolution majeure est attendue en termes de comportement avec un impact positif sur le long terme en cohérence avec les valeurs des entreprises : œuvrer pour le bien commun. Être un manager responsable On passe d’une image d’un manager héros (qui assume, est leader, prudent, qui porte ses convictions) au manager qui crée les conditions du développement (qui fait confiance, est exemplaire, qui pense au bien commun, inspire, écoute et est ouvert). Les collaborateurs sont le premier accélérateur de responsabilité pour l’entreprise. Monter en responsabilité est un projet inclusif qui doit faire participer de nombreuses parties prenantes : les salariés, le PDG, la société civile, les clients... (et en interne, les sous-traitants, les syndicats, etc.). Questions - Réponses avec Serge Papin – Frédéric Mugnier – Pascal Demurger Quelle est la place de l’entreprise dans le monde et dans la société ? Selon-vous, une entreprises est-elle à-même de sauver le monde ? Pascal Demurger: Est-ce qu’une entreprise peut sauver le monde ? Il y a quelques années on ne se serait jamais posé la question. Jusqu’à présent une entreprise était là pour elle-même : pour sa croissance et sa rentabilité. Elle a en elle-même sa propre finalité (voir Freedman, école de Chicago). D’où vient ce changement ? Il y a des problèmes sociaux urgents et un sentiment de plus en plus répandu que les pouvoirs publics n’ont pas les moyens d’y faire face pour des raisons de moyens financiers, de géographie, de politique. C’est pourquoi une partie de l’opinion publique se tourne vers les entreprises sur ces questions à tel point qu’aujourd’hui un dirigeant d’entreprise qui ne pose pas ces questions prend un risque et serait bien aventureux. Les clients se détourneraient de cette entreprise. La création de Faguo est par exemple vraiment centrée sur cet objet. Frédéric Mugnier : J’ai créé Faguo sur les bancs de l’école et plus on est jeune plus on est vierge dans notre manière de voir le monde. Et du coup, quand on crée, on développe, on essaie de construire de mieux en mieux et je pense, je suis très positif, on est dans un monde qui bouge, on n’a jamais cessé de progresser.
  • 3. Serge Papin : De toute façon c’est une question de leadership. Tout progrès économique est une question d’époque. A l’époque précédente on était dans « je consomme donc je suis ». L’entreprise de demain se réconcilie avec la planète au lieu d’être dans le rapport de force (raison d’être) et prend soin des collaborateurs (raison d’y être). C’est une question qu’on soit convaincu, ou qu’il y ait une dose de cynisme, on n’a pas le choix, il faut d’autant plus y aller. Les consommateurs veulent la transparence. C’est aux entreprises d’être les premières de cordée à contribuer largement et à prendre leur part. Il y a un paradoxe entre les pouvoirs publics sur ces questions et l’opinion publique qui impose à l’entreprise de prendre des décisions. C’est l’opinion publique qui pousse mais après il y une question de rythme. Mais a contrario, le Black Friday explose, les ventes des SUV sont en flèche : où est le rôle d’éducation de l‘entreprise par rapport ça ? Pascal Demurger : Le rôle de l’entreprise dépend de son rapport au temps. Si on raisonne à court terme, on vend des SUV. Sinon, on comprend qu’il faut positionner sa marque sur le long terme. Moi je crois beaucoup que l’opinion publique est en train de basculer. Il y a un changement dans l’opinion publique que l’on peut mesurer et il y aussi aujourd’hui un changement dans les mentalités des dirigeants. Il y a eu cette dynamique en 2019 et c’est un sujet de rapport au temps. Le long terme est vraiment le lieu de rassemblement des opinions divergentes. A long terme, ça peut être un question de survie. Il y a toujours une question de survie entre le consommateur et quand Intermarché vend des pots de Nutella à -70% et qu’il y a une émeute, il y a un paradoxe. Sur certains secteurs il y a des choses qui se dévissent. On sent que les choses vont changer avec la génération Greta (cf. Greta Thunberg). On sent qu’on est au point de bifurcation. Frédéric Mugnier : Qui change les choses ? Evidemment, je suis convaincu que ce sont les consommateurs qui changent les choses. Il y a un cap où il n’y a pas de retour en arrière. Serge Papin : C’est vrai ! N’ayant pas fait de grandes études, j’essayais d’écouter la société. En 2009, j‘écrivais un livre « Consommer moins, consommer mieux ». On essayait de raisonner avec l’intelligence collective : comment on va construire une image raccord avec l’époque ? Car on avait pas du tout une image de leader. On a essayé d’associer le consommateur, le citoyen et le client que nous sommes tous. Par exemple, le produit doit être respectueux de la filière de la santé (supprimer les substances controversées), le client et le citoyen. On a essayé d’aller vers la résilience. Est-ce que cette entreprise à mission peut changer les choses ou cela apporte seulement un cadre légal ? Pascal Demurger : La Loi Pacte est le devenir de la société à mission. Pour info, pour ceux qui ne le savent pas, on peut rappeler les modalités pour devenir Société à mission : 1. Elles doivent inscrire une raison d’être dans leurs statuts et ça c’est important car c’est autre chose que l’objet social, c’est un rapport au monde, c’est un rôle dans la société. 2. Il faut fixer dans les statuts les objectifs d’impact sur l’environnement, dans la société, les parties prenantes… 3. Il faut créer un comité de mission qui vient vérifier la réalité des objectifs et établit un rapport annuel
  • 4. 4. Un OTI (Organisme Tiers Indépendant) qui vient annuellement auditer l’entreprise de la réalité de la poursuite et de l’atteinte des objectifs et il y a éventuellement une procédure juridique qui vient retirer le statut de société à mission. En résumé, elle donne de la visibilité aux entreprises qui veulent s’engager mais les laisse très libre dans la fixation des objectifs et ne crée pas un label dans chaque secteur. On ne va pas jusqu’à la labellisation. La clé étant le comportement du consommateur : il doit être informé, sensibilisé et sanctionné. Frédéric Mugnier : L’entreprise à mission nous met en chemin, nous force à avancer mais il va peut-être manquer une exigence dans la vitesse de progression et ne pas se reposer sur ses lauriers. Il pourrait y avoir des niveaux comme dans le label B-Corp. Serge Papin : Moi je pense à Nicolas Hulot qui avait pensé à ce besoin dans les statuts. Il y a une première marche qui est venue avec la loi Pacte et B-Corp. B-Corp est un peu un compliance. Nicolas Hulot disait que l’entreprise doit être dans l’intérêt général. La Loi n’est que le reflet de la société mais nous n’en sommes aujourd’hui je pense qu’au début. Est-ce qu’il y a des statuts qui permettent d’être plus engagés ? Pascal Demurger : Les choses sont en train de changer dans le rapport au temps : si je suis investisseur (Larry Fink le disait), les valeurs de demain qui vont le plus progresser sont les valeurs sociales. Aujourd’hui, investir dans le charbon ou le pétrole à moyen et long terme, c’est suicidaire. Par ailleurs, lorsqu’on se dit convaincu que le sujet de l’engagement est une source de performance et de pérennité alors oui, même en étant une entreprise du CAC 40 on a intérêt à se poser la question. Par contre, un actionnaire au CAC 40 a besoin d’un ROI1 à court terme. Or, aujourd’hui, les problématiques actuelles nous demandent d’avoir une relation au temps différente. L’entreprise et ses collaborateurs. Pascal Demurger : Aujourd’hui, quand on dirige une entreprise, évidemment on n’a plus la même vision du monde. On ne peut plus considérer que l’homme vient au travail et donne sa force de travail contre rémunération. Les gens ont besoin de savoir à quoi ils contribuent. Ils ont besoin de ressentir une confiance à travers les marges de manœuvre qu’on va leur laisser. On ne peut plus leur demander de suivre un process. Par ailleurs, les gens cherchent dans la communauté humaine qu’est l’entreprise, une intention positive, une forme de bienveillance. Le temps est fini où l’on pensait que l‘on aurait plus d’engagement avec la compétition. Je constate de manière empirique qu’en faisant basculer le style managérial sur la confiance et l’envie, on crée un épanouissement chez le collaborateur. On a mis en place en ce qui nous concerne ce style managérial, on a obtenu 25% d’absentéisme en moins. Les comportements individuels ont totalement changé. Serge Papin : Ce qui sera n’est pas nécessairement ce qui fut. Il faut introduire de la destruction, il faut être créatif. Il faut faire appel à l’intelligence collective. Il faut organiser l’entreprise pour mettre des points de dialogue. On a une structure chez U qui s’appelle le GEP (Groupe d’Echanges et de Propositions) qui nous a permis de modéliser des projets à partir de ce collectif qui a permis de gagner des parts de marché par la suite. Et ça crée de l’engagement. On pense que c’est du temps perdu, mais on a les états d’esprits 1 Return on Investments
  • 5. avec nous donc c’est formidable. Echanger, c’est accepter de changer. Donc ce temps d’échange est primordial. Comment ça se passe à la MAIF ? Pascal Demurger : Il y a un rapport à la verticalité qui est un peu ambigu et complexe. Pour moi, l’entreprise de demain garde aussi une sorte de verticalité car on attend aussi du dirigeant qu’il porte une vision et du leadership. Ça ne s’oppose pas. Comment ça se concrétise ? De 1000 manières dans le management quotidien. On a fait un mode collaboratif avec des collaborateurs qui ont donné 4 journées de leur temps pour des ateliers et construire un projet (800 personnes/8000 employés). Première journée, ça a été un désastre : c’est devenu une journée de revendications. Et puis par la suite, au lieu d’être dans un mode d’opposition, on était plutôt dans un mode de négociation dans lequel on veut trouver un compromis. Par exemple, on a signé un accord dans lequel il y a une annualisation du temps de travail, une ouverture des agences le samedi. En revanche, on a signé des accords sur le télétravail, sur l’auto positionnement : la personne dit ce qu’elle souhaite et collectivement on essaie de s’organiser. On a passé 18 mois à définir la raison d’être de la MAIF. La raison d’être, c’est se replonger dans son passé. Elle doit être à la fois connectée à son activité et réellement représentative de sa culture d’entreprise. Réponses aux questions du public. Il y a des paradoxes dans la société entre RSE et par exemple de l’autre côté de l’océan, les décisions de Trump, qu’en pensez-vous ? Serge Papin : Certains sont plus Pierre Rhabi, d’autres plus Trump. Ce qu’il se passe aujourd’hui, c’est une espèce de cristallisation autour de certains dirigeants : la lutte est en route, il faut nous individuellement s’engager sur cette courbe verte et aller contre la courbe rouge (cf. image). Pour les gilets jaunes, je vois qu’il faut lutter contre la métropolisation. Au final, ce n’est pas tant la revendication pour le pouvoir d’achat, c’est aussi l’abandon. Il y a des initiatives comme à Uzès pour créer une dynamique pour lutter contre ça : via les banques, les supermarchés, les entreprises pour faire un diagnostic au niveau local et entrer dans une dynamique. Les GAFA, il faut se battre contre. La capitalisation boursière d’Amazon c’est 1000 milliards d’euros. Il faut se battre contre. Certains GAFA envoient des ambassadeurs et ont un rôle politique évident. Comment l’entreprise va évaluer sa contribution positive ? Sa raison d’être qui avec le temps ne serait pas si positive que ça ? Demurger : La question de l’évaluation est centrale. Quand on cherche à construire un modèle de l’entreprise, très rapidement se posent les questions de la réalité de l’impact (est-ce qu’on a assez de parties prenantes ?). Et puis parce qu’on est aussi et d’abord dirigeant malgré tout : la responsabilité de la rentabilité qui se pose. La pertinence dans le temps de la mission rejoint le côté politique de l’entreprise qui a un rôle dans la société et en même temps le monde n’est pas construit autour de réalités politiques. Si on admet que l’entreprise doit jouer un rôle social et cela pose de questions de détermination de l’intérêt général,
  • 6. de démocratie. Légitimité de l’entreprise qui dans sa structure n’est pas démocratique et qui doit intégrer ces logiques de responsabilité sociale.