1. La conflictualité sociale :
pathologie, facteur de cohésion
ou moteur du changement social ?
Chapitre 7 - TES 3 - 2015/2016 - PhW
Manuel Sciences Economiques et Sociales Tle ES éd. 2012 Hatier
pages 256 à 279
2.
3.
4.
5. Thèmes et questionnements Notions Indications complémentaires
2.2 La conflictualité sociale
: pathologie, facteur de
cohésion ou moteur du
changement social ?
Conflits sociaux,
mouvements sociaux,
régulation des conflits,
syndicat.
On montrera que les conflits peuvent être
appréhendés à partir de grilles de lecture
contrastées : comme pathologie de
l'intégration ou comme facteur de
cohésion ; comme moteur du changement
social ou comme résistance au
changement. En s'appuyant sur quelques
exemples, on s'interrogera sur la
pertinence respective de ces différents
cadres d'analyse en fonction de la nature
des conflits et des contextes historiques.
On s'intéressera plus particulièrement aux
mutations des conflits du travail et des
conflits sociétaux en mettant en évidence la
diversité des acteurs, des enjeux, des
formes et des finalités de l'action collective.
2. Intégration, conflit, changement social
Acquis de première :
groupe d'intérêt, conflit
10. Faites une liste des différents
motifs de conflits sociaux que vous
pouvez connaitre
11. Petit exercice d’imagination…
Vous êtes membre d’une association de défense
de l’environnement (“L’Orge propre”) et vous
voulez protester contre un projet de papeterie
qui risquerait de polluer fortement la rivière.
Comment allez vous organiser votre action ?
Quels moyens pouvez vous utiliser ?
18. Un mouvement social désigne une « forme d'action collective
concertée en faveur d'une cause »
(Erik Neveu, Sociologie des mouvements sociaux, La Découverte, 1996)
Cela suppose l'identification d'un adversaire (employeur,
administration, gouvernement)...
En cela, un mouvement social se distingue a priori du groupe
de pression et du lobbying .
Tous les conflits sociaux ne peuvent être considérés comme
étant des mouvements sociaux.
Cela dépend de l'ampleur et de la finalité du conflit
19. 2° Les conditions d'émergence d'un conflit
I- Diversité des conflits
A- Conflits et mouvements sociaux
21. 5 conditions + une...
• sentiment d'injustice
• adversaire commun
• partager des intérêts communs et en avoir
conscience
• disposer d'une capacité d'organisation
collective
• militants actifs et expérimentés
✓la victoire doit être perçue comme
possible...
25. La théorie de la frustration relative
Selon la théorie de la frustration relative, formulée par des
psychosociologues dans les années 60, ce n'est pas la paupérisation qui
pousse à se révolter comme le prétend la vulgate marxiste, mais le décalage
entre ses conditions réelles de vie et le niveau qu'on s'estime en droit
d'attendre à un moment donné.
26. ❝Ce n’est pas toujours en allant de mal en pis que l’on tombe en
révolution. Il arrive le plus souvent qu’un peuple qui avait supporté sans
se plaindre et comme s’il ne les sentait pas les lois les plus accablantes,
les rejette violemment dès que le poids s’en allège. Le régime qu’une
révolution détruit vaut presque toujours mieux que celui qui l’avait
immédiatement précédé et l’expérience apprend que le moment le plus
dangereux pour un mauvais gouvernement est d’ordinaire celui où il
commence à se réformer. Il n’y a qu’un grand génie qui puisse sauver
un prince qui entreprend de sauver ses sujets après une oppression
longue. Le mal qu’on souffrait patiemment comme inévitable semble
insupportable dès qu’on conçoit l’idée de s’y soustraire. ❞
Alexis de Tocqueville L’ancien Régime et la Révolution. 1856
27. 1° L'évolution des conflits du travail
I- Diversité des conflits
B- Les formes de conflits évoluent
40. Les mouvements sociaux ont pour effet, par le conflit, de créer
des institutions sociales. Ils créent des acteurs reconnus comme
légitimes (par exemple, les syndicats) pour négocier de tel ou
tel sujet.
L'évolution des conflits sociaux dans le monde du travail est
donc marquée par l'institutionnalisation de ces conflits.
Les conflits antérieurs et les négociations successives ont donc
amené les employeurs et les syndicats, et souvent l'État, à
s’entendre pour édicter des règles qui régissent les situations
de conflits potentiels.
De ce point de vue, les entreprises ressemblent de plus en plus
à la société, qui se civilise en remettant la charge de la
résolution des conflits à une institution judiciaire indépendante.
41. Régulation des conflits: ensemble de règles qui
encadrent l’expression des conflits et les manières
de les résoudre.
42. 2° Le répertoire d'actions change
I- Diversité des conflits
B- Les formes de conflits évoluent
43. Répertoire d’action collective: ensemble des moyens
d’actions collectives à la disposition des mouvements
contestataires à une époque don née, dans un lieu donné.
50. Le concept de répertoire d’actions collectives désigne le
stock limité de moyens d’action à la disposition des groupes
contestataires, à chaque époque et dans chaque lieu.
Charles Tilly, à qui l’on doit ce concept, le définit comme
« une série limitée de routines qui sont apprises, partagées et
exécutées à travers un processus de choix relativement délibéré »
51. 1° L'évolution du syndicalisme
I- Diversité des conflits
C- Les acteurs des mouvements sociaux
53. Un syndicat est un groupement de personnes physiques ou
morales pour la défense ou la gestion d'intérêts communs.
Le terme a de nombreuses acceptions mais plus
communément il désigne les organisations de défense de
l'intérêt des salariés (ouvriers, employés ou cadres), souvent
désignées sous le sigle « OS » (organisations syndicales) et
protégées par une législation particulière (liberté syndicale,
droit de grève, ...).
(Fiche Wikipedia)
56. Chronologie Syndicalisme
1791 : promulgation du décret d'Allarde, les 2 et 17 mars, qui supprime les corporations et de la «
loi le Chapelier » le 14 juin, qui interdit le droit de coalition des métiers et les grèves.
1864 : Le 25 mai, suppression du délit de coalition et de grève (loi Ollivier). Cette loi met un
terme à la Loi Le Chapelier. Les syndicats sont toujours interdits, mais en constituer un n'est plus
considéré comme un délit.
1884 : Le 21 mars, vote de la loi légalisant les syndicats professionnels ouvriers et patronaux à
l'initiative de Waldeck-Rousseau.
1886 1er mai : grèves des ouvriers à Chicago pour une journée de travail de 8h. Une sévère
répression s'ensuit.
1891 : première célébration française et internationale de la journée d'action du 1er mai. Le 1er
mai 1891, à Fourmies (Nord) la troupe tire sur des grévistes : neuf morts, 35 blessés.
1891 : Publication de l'encyclique Rerum Novarum par le pape Léon XIII.
1895 : Congrès constitutif de la Confédération générale du travail CGT à Limoges
1906 : Charte d'Amiens : cette charte adoptée au congrès de la CGT, donne au syndicalisme
confédéral de la CGT son orientation (lutte des classes, indépendance vis-à-vis des partis
politiques.
1919 : Création de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC).
1919 : loi sur les conventions collectives
1936 Front Populaire : accords de Matignon
57. sout les syndicats.
al de la Résistance, création de la CGC (cadres)
c création de la CGT-Force Ouvrière
a déconfessionnalisation de la CFTC (maintien d’une minorité)
s de Grenelle
de la CFDT créent Sud
Éducation Nationale et création de la FSU
e 9 avril par la CGT, la CFDT, le MEDEF et la CGPME, visant à modifier les règles définissant la représenta
Chronologie Syndicalisme
58. En vertu des règles légales et réglementaires antérieures à la
promulgation de la loi du 20 août 2008, d'une part, seuls ces
syndicats pouvaient signer des accords à l'échelle nationale ou
inter-professionnelle, et d'autre part, au sein d'une entreprise,
tout syndicat professionnel affilié à l'une de ces organisations
représentatives au niveau national était considéré comme
représentatif.
Ces cinq organisations sont présumées représentatives
jusqu'en aout 2013 data à partir de laquelle les nouvelles lois
sur la représentativité entreront en vigueur.
Seuls les syndicats qui dépasseront 10 % dans les entreprises
et 8 % dans les branches et au niveau national seront
représentatifs en 2013.
La loi de 2008 sur la
représentativité syndicale
71. Taux de syndicalisation depuis 1892, en % des actifs
Alternatives Economiques Hors-série n° 089 - avril 2011
72.
73. Les facteurs de la
désyndicalisation
• Chômage (“armée industrielle de réserve”)
• évolution des emplois (précarité, tertiarisation,...)
• l'éclatement des “collectifs de travail”
• individualisme (“passager clandestin”)
• divisions syndicales et moindre efficacité
• institutionnalisation des syndicats (coupure avec la base
?)
74. Mais..le syndicalisme
reste incontournable
• si les syndicats sont peu présents dans les PME,
ils restent présents dans les grandes
entreprises et la Fonction publique
• présence des syndicats dans de nombreuses
instances (“Institutionnalisation”)
• leur rôle reste essentiel dans les négociations
globales (la législation du travail les rend
obligatoires)
• La capacité de mobilisation reste forte
(sympathisants)
75. La faiblesse du taux de syndicalisation en France (l’un des
plus bas d’Europe) incite à parler de déclin, mais la présence
syndicale augmente et les syndicats conservent une grande
capacité à mobiliser et à exprimer les revendications des
salariés.
Les établissements où les syndicats sont présents
connaissent plus de conflits du travail et de grèves et les
syndicats sont capables de mobiliser bien au-delà de leurs
adhérents (cf. la mobilisation contre la réforme des retraites
en 2010)
76. 2° De nouveaux acteurs des mouvements sociaux
I- Diversité des conflits
C- Les acteurs des mouvements sociaux
78. Alain Touraine
(né en 1925)
D’après lui, un mouvement social se définit
par un principe d’identité (définition de
l’acteur par lui-même), un principe
d’opposition et un principe de totalité, car
aucun mouvement social ne se définit
seulement par le conflit, mais tous aspirent à
contrôler le mouvement de l’histoire.
79. Les acteurs des conflits et des mouvements sociaux sont
avant tout les personnes concernées par les conflits :
salariés des entreprises, victimes (les « sans », les
malades du sida...). Ces personnes n’agissent pas seules,
des organisations (syndicat, association, coordination,
comité....) et leurs militants encadrent les contestations
et les font également émerger.
Les organisations peuvent s’appuyer sur des « personnes
ressources » (personnalités connues ou experts) qui
contribuent à la médiatisation des conflits et apportent
leurs compétences pour faire aboutir les revendications.
Victimes, personnes ressources et experts sont de
nouveaux acteurs des mouvements sociaux.
80. 1° Pathologie sociale ?
II- Les effets des conflits
A- Les conflits sociaux sont-ils favorables à l'intégration
sociale ?
83. Les émeutes des banlieues en 2005 peuvent être considérées
comme une pathologie de l’intégration: d’une part, parce que
le mouvement s’est traduit par des destructions
d’équipements publics utiles aux jeunes casseurs eux-mêmes
(école, gymnase ... ) ; d’autre part, les jeunes répondaient, à
travers la violence, à la stigmatisation et au harcèlement
policier à l’encontre d’une population considérée comme non
intégrée. Mais ce fut un mouvement sans organisation, sans
porte-parole, sans projet de société très défini.
84.
85. 2° Conflit et intégration sociale ?
II- Les effets des conflits
A- Les conflits sociaux sont-ils favorables à l'intégration
sociale ?
86. Les fonctionnalistes perçoivent les conflits sociaux comme des
signes de dysfonctionnement, comme des pathologies, car pour
eux. a priori, la société est bien intégrée et ajustée.
On peut aussi ranger Durkheim dans ce courant de pensée.
En revanche pour des auteurs comme Simmel ou Dahrendorf, si
l’origine du conflit est ce qui sépare (la haine, l’envie, la
misère ... ), le conflit rassemble, il est créateur de lien et
d’intégration sociale dans le groupe mobilisé. C’est le conflit qui
assure la pérennité des groupes ou des associations.
90. 1° Conflits et changement social
II- Les effets des conflits
B- Les conflits sociaux : résistance ou modernisation de
la société ?
91. 7 Avril 1971
❝Un million de femmes se font avorter chaque année en France. Elles le
font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à
laquelle elles sont condamnées alors que cette opération, pratiquée sous
contrôle médical, est des plus simples. On a fait le silence sur ces
milliers de femmes. Je déclare que je suis l'une d'elles. Je déclare avoir
avorté. De même que nous réclamons le libre accès aux moyens
anticonceptionnels, nous réclamons l'avortement libre.❞
92. C'est la couverture de Charlie Hebdo du 12 avril 1971 qui a
transformé le "Manifeste pour l'avortement" en "Manifeste des
343 salopes"...
95. Les normes sociales, en général évoluent plus
vite que les normes juridiques..
Normes socialesNormes sociales Normes juridiquesNormes juridiques
DéviantsDéviants
innovateursinnovateurs
Conflits sociauxConflits sociauxConflits sociauxConflits sociaux"Entrepreneurs"Entrepreneurs
de morale"de morale"
96. Mais les normes juridiques font aussi
évoluer les comportements...!
Normes socialesNormes socialesNormes juridiquesNormes juridiques
Des exemples ?
Mais on s'éloigne de notre sujet...
100. Pour Marx, les conflits sociaux sont le moteur du changement
social. Ils sont économiques (la production) et aussi sociaux:
ils concernent les rapports de pouvoir et de domination dans
la société et sont porteurs d'un projet de société.
Pour Alain Touraine. l'information et la connaissance sont les
enjeux des mouvements sociaux de la seconde moitié du
XXe siècle.
Cependant, si les conflits étaient offensifs dans la décennie
1960, l’objectif étant d'obtenir de nouveaux droits ou
avantages. ils sont aujourd’hui plus souvent défensifs. Il s'agit
plus souvent de préserver des acquis: l’emploi, les services
publics, la protection sociale, le droit à l'avortement ... et
donc de préserver un modèle de société et un type
d'intégration
101. 2° Les conflits : facteur de résistance et de
conservatisme ?
II- Les effets des conflits
B- Les conflits sociaux : résistance ou modernisation de
la société ?
105. Il existe aussi des mouvements de refus du changement, sans
que ceux-ci soient inscrits dans un projet de société. Ainsi les
mouvements anti-éoliens se soucient plus de préservation des
paysages que de développement durable.
Ils sont qualifiés de NIMBY(Not In My Back Yard “pas dans mon
jardin”), dans le sens où les acteurs ne s’opposeraient pas aux
éoliennes, si elles n’étaient pas dans leur environnement.
Ces mouvements apparaissent de plus en plus et peuvent être
reliés au développement de l’individualisme évoqué dans le
chapitre précédent.