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Typologie des structures agraires
et parcellaires fossilisées sous
couvert forestier en Lorraine
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Murielle Georges-Leroy
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Université Bourgogne Franche-Comté
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Vols lidar en Lorraine
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Type
Densité pts
émise
Hauteur
vol
Angle
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Forêt de Haye (DRAC- I NRA- ONF) 2007 116 (111) km
2
multi-échos 11,3 pts/m
2
700 m +/- 17°
LGV Est (RFF) 2008 102 (22) km
2
multi-échos 8 pts/m
2
Plateau de Haye (I GN) 2009 175 (78) km
2
Plateau lorrain (I GN) 2009 122 (75) km2
Grand (Conseil Général des Vosges) 2009 50 (26) km
2
multi-échos > 6 pts/m
2
1000 m +/- 16°
Zone OPE (Andra) 2010 237 (82) km
2
full-waveform 14 pts/m
2
600 m +/- 20°
Forêt de Verdun (ONF- DRAC) 2013 115 (103) km2
full-waveform 580 m +/- 30°
Forêt de Darney (ONF) 2014 166 (121) km2
full-waveform 450 m +/- 30°
multi-échos 5,5 pts/m2
1200 m +/- 18°
Fond cartographique : The European Soil Database
distribution version 2, European Commission and the
European Soil Bureau Network, CD-ROM, EUR 19945 EN, 2004
SIG/DAO M. Georges-Leroy 2015
Formes de base
• Tas
• Levée
• Talus avec ou sans levée
• Fossé associé à une levée
Morphologies
• Parcellaires à trame polygonale
• Parcellaires à trame en bandes coaxiales
• Parcellaires laniérés
• Parcellaire « vermiformes »
• Parcellaires cloisonnés
Origines
• Structures d’épierrement
• « Terrasses »
• Traces de culture (champs bombés, rideaux, crêtes de labour, etc.)
• Murs
• Structures liées à la forêt
TasFormes de base
a
b
c
d
Données lidar Andra 2010
Données lidar Haye 2007 DRAC-INRA-ONF
Formes de base Levée
a
b
d
c
Données lidar Haye 2007 DRAC-INRA-ONF
TalusFormes de base
a
b
c
Données lidar Haye 2007 DRAC-INRA-ONF
Fossé associé à une levéeFormes de base
Données lidar Haye 2007 DRAC-INRA-ONF
Structures d’épierrementOrigines
a
b
« Terrasses »Origines
Doc. J.-D. Laffite 2005
Cliché E. Dambrine 2005
Traces de culture : rideauxOrigines
Données lidar Haye 2007 DRAC-INRA-ONF
Traces de culture ou limites parcellaires ?Origines
Traces de culture : champs bombésOrigines
Zadora-Rio 1991
Données lidar Haye 2007 DRAC-INRA-ONF
Traces de labour ?Origines
a
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Données lidar Haye 2007 DRAC-INRA-ONF
Traces de culture : crêtes de labour ?Origines
Callot 1980
a
b
cDonnées lidar Haye 2007 DRAC-INRA-ONF
MursOrigines
b
a
c
d
Minute au 1/40000 de la carte d’Etat Major (vers 1830)
Données lidar Haye 2007 DRAC-INRA-ONF
Limites forestièresOrigines
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Forêt de Haye, secteur de Chaligny
Parcellaire à trame polygonaleMorphologies
Forêt de Haye, secteur sud
Forêt de Fénétrange (57)
Morphologies Parcellaire à trame en bandes coaxiales
Chouquer 2006
Peltre, Bruant 1991
Bois Anciotta à Allain (54)
Massif forestier de Saint-Amond (54)
Parcellaire cloisonné viticoleMorphologies
Cadastre napoléonien de Chaligny (Archives Meurthe-et-Moselle - 1926 W art. 34)
Données lidar Haye 2007 DRAC-INRA-ONF
Parcellaire laniéréMorphologies
Données lidar Haye 2007 DRAC-INRA-ONF
a
b
c
Parcellaire laniéréMorphologies
Données lidar Haye 2007 DRAC-INRA-ONF
Parcellaire « vermiforme »Morphologies
Données lidar Haye 2007 DRAC-INRA-ONF
Structures agraires médiévales et modernes
Massif forestier de Haye
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Typologie des structures agraires et parcellaires fossilisés sous couvert forestier en Lorraine

Notas do Editor

  1. Cette typologie est basée sur des analyses de levés lidar complétées par des vérifications au sol. Ces travaux sont menés dans le cadre de recherches associant la DRAC de Lorraine (Service régional de l’archéologie), l’INRA de Nancy et l’ONF (pour la bibliographie complète sur ce programme, cf. Georges-Leroy et al. 2014).
  2. Les archéologues lorrains disposent actuellement d'un certain nombre de données lidar, qu’elles aient été acquises spécifiquement ou mises à disposition par d’autres organismes. Elles couvrent plus de 1000 km² dont 600 km² sous couvert forestier. Des parcellaires et des structures agraires ont été identifiés dans presque toutes les forêts couvertes : particulièrement sur le plateau de Haye, où des structures agraires ont aussi été repérées sous prairie, dans le sud meusien (zone OPE) et le secteur de Grand, sur la LGV Est, mais seulement dans partie nord de la forêt de Darney. Elles se localisent principalement sur des sols pierreux, mais des exemples existent aussi sur des terrains marneux et limoneux (LGV Est) ou des marnes et des grès du Muschelkalk (Darney).
  3. La présentation suit la progression suivante : description des formes de base qui sont peu nombreuses sur les levés lidar, origines de formation de ces structures, morphologie des organisations parcellaires avec une approche chronologique (la datation de ces structures est en effet un point extrêmement délicat).
  4. 1. Formes de base Première forme visible sur les images lidar, le tas (c, d). Au sol, il se présente comme un tas de pierres (a, b). Un sondage dans un tas à Gondreville a montré un amoncellement de pierres colmatées par de la terre (b). A ne pas confondre avec les structures funéraires (plutôt en terre) (c).
  5. Deuxième forme, la levée linéaire (c). Au sol, il peut s’agir d’un mur plus ou moins effondré (b), d’une murée (pierrier linéaire plus ou moins colmaté par de la terre, qui peut avoir été à l'origine un mur en pierres sèches) (a), d’une levée de terre (parmi lesquelles ont été rangés les champs bombés - d - car ils apparaissent ainsi sur les images lidar).
  6. Troisième forme, le talus (c). Au sol il se présente comme un talus de terre (a), un talus avec une murée à la base du talus (b) ou un talus surmonté d’une murée.
  7. Quatrième forme, une levée associée à un fossé. 2. Origines L’ensemble de ces structures (à l’exception de cette quatrième catégorie) peuvent résulter d'actions agraires différentes. Il est important de souligner la dualité de la fonction de nombre de celles-ci, car beaucoup matérialisent une limite et ont donc une fonction parcellaire.
  8. Certains de ces vestiges correspondent à des structures d'épierrement, comme les tas (a) ou les murées (b). Les agronomes latins préconisent l’épierrement des champs mais aussi des prairies de fauche, en recommandant la mise en tas ou en « murailles » des pierres, voire leur enfouissement (Columelle, Rust., II, 2 ; II, 17 – Palladius, VI, 3 – trad. Nisard). Pour les 18e et 19e s., Ph. Blanchemanche (1990) énumère les diverses utilisations pour se débarrasser des pierres extraites des champs, parmi lesquelles la réalisation de tas à l'extrémité ou au milieu des champs ou de murgers. En forêt de Haye, les champs antiques sont implantés de préférence sur les sols les moins pierreux actuellement, mais s’agit-il d’un choix ou d’une conséquence de l’épierrement ?
  9. Des coupes à travers 3 talus antiques de la forêt de Haye ont permis de comprendre leur mise en place : au départ une murée d’épierrement est implantée en limite de champ et du fait d’une légère pente la mise en culture va provoquer un colluvionnement des terres qui vont être bloquées par le talus en amont, tandis qu’en aval le sol sera surcreusé. Mais s’agit-il d’une mise en place volontaire pour augmenter l’épaisseur du sol en amont des talus ? ou d’une simple conséquence de l'épierrement ? Ces structures se situeraient donc entre le rideau de culture (cf. diapositive suivante) et la terrasse construite.
  10. D’autres talus uniquement composés de terre correspondent à des traces de culture, de type rideaux de culture (dénivellation en pente forte séparant deux bandes de terre cultivée plus ou moins horizontales – Zadora-Rio 1991). Cette interprétation ne pose en général pas de problème dans les zones pentues, mais est parfois moins évidente dans des zones faiblement pentues.
  11. Parmi ces talus de terre, ceux explorés lors des sondages menés sur la LGV Est par l’Inrap en 2008 (resp. S. Viller), en forêt de Fénétrange, ont une origine qui nous échappe pour l’instant. Il est difficile d'y voir uniquement le résultat d'une mise en culture du fait de leur organisation (ils délimitent des parcellaires à trame polygonale). S’agit-il d’une édification volontaire et dans ce cas de structures parcellaires uniquement ?
  12. Les billons, nommés » champs bombés » en Lorraine, correspondent à des levées parallèles séparées par une raie ou petit fossé (pour leur formation, cf. diaporama de B. Sittler, même si G. Haudricourt (2000) évoque des exemples de bombement central d'un champ obtenu avec un araire ou une houe). Fréquents dans les zones de prairie du plateau de Haye, les champs bombés sont peu nombreux dans les forêts étudiées par Lidar. Dans la forêt de Haye, ils sont peu élevés (10-15 cm) et larges de 6 à 12 m. Les plus anciens champs bombés connus en Lorraine sont datés du 9e s. par l’archéologie (Blaising 2010 ; Gérard 2012).
  13. D’autres traces pourraient également être interprétées comme des traces de labours, dans la forêt de Haye, à Gondreville. Dans un secteur de parcellaires antiques, on peut observer de petits talus parallèles très peu marqués, distants de 17 à 20 m, à l'intérieur d'une parcelle (a) et plus loin des traces en creux allongées et très rapprochées recoupant les parcellaires antiques (b).
  14. De probables crêtes de labour ont également été repérées dans la forêt de Haye (la crête de labour est due à l’accumulation de terre involontaire en bout de parcelle là où la charrue tourne). En b : levée de terre en bout d'un champ bombé. En a et c, bourrelets de terre parallèles, longs de 8-12 m et larges de quelques mètres, espacés d'autant, formant un talus discontinu ; sur certains amas de grosses pierres témoignant probablement d'un épierrement. Il pourrait s’agir de crêtes de labours en cours de formation (Hall 1982, p. 6-9). Les crêtes de labour sont typiques de l’utilisation de la charrue (ou du moins d’un instrument aratoire avec versoir) et donc plutôt postérieures à l’Antiquité.
  15. Autre origine, le mur. Les murées correspondent parfois à des murs en pierres sèches effondrées. Des murs maçonnés plus ou moins effondrés peuvent également prendre la forme d’une levée sur les images lidar, par exemple des murs de cloisonnements viticoles (c) ou le mur du parc Lattier (b, d), ancien parc de chasse du 18e s., qui ressemble à une murée par endroits.
  16. Enfin on peut évoquer des structures liées à la forêt, comme les limites forestières, nommées woodbank (Szabo 2010) ou « fossés Colbert », composées d’une levée de terre associée à un fossé. En forêt de Haye ou dans le sud meusien, où elles ont été systématiquement cartographiées, elles correspondent aux limites des forêts du cadastre napoléonien, mais elles sont probablement plus anciennes.
  17. 3. Morphologie des parcellaires Certaines de ces structures ayant une fonction de limite, il est donc utile de faire un inventaire des morphologies de parcellaires identifiées dans les forêts lorraines. On trouve en premier lieu des parcellaires à trame polygonale. Lorsqu’ils sont localisés sur des sols pierreux, qui ont nécessité un épierrement pour être cultivés, ils sont composés de murées et de talus (simples ou surmontés de murées). Les exemples bien étudiés sont antiques comme ceux de la forêt de Haye, datés grâce aux fermes connectées au parcellaire. Celui-ci délimite des parcelles ou groupes de parcelles de surfaces parfois importantes (entre 0,4 et 16 ha ; surface médiane un peu supérieure à 4 ha).
  18. Dans les zones non pierreuses, ces parcellaires à trame polygonale sont composés de talus terreux, comme dans la forêt de Fénétrange. Ces talus quasi invisibles au sol (impossibles à attester sans Lidar) ne sont pas datés. Une datation gauloise ou antique est toutefois envisageable, d’après les analyses palynologiques réalisées sur les mardelles tourbeuses localisées à proximité, qui montrent une ouverture du milieu durant l’Antiquité, puis une reforestation jusqu’à nos jours avec quelques rares défrichements durant le Moyen Âge (Etienne 2013). Ces analyses ainsi que des analyses ADN suggèrent plutôt la présence de pâtures et de troupeaux durant l’Antiquité (Etienne 2015).
  19. Des parcellaires à trame en bandes coaxiales ont aussi été identifiés. Également composés de murées et de talus, les exemples lorrains sont antiques, comme par exemple à Saint-Amond ou à Allain, sur le plateau bajocien au sud de la forêt de Haye.
  20. Des parcellaires organisés en petites unités quadrangulaires délimitées par des murs en partie effondrés sont connus sur quelques secteurs pentus de la forêt de Haye. La vigne y est attestée au début du 19e s. d’après le cadastre napoléonien.
  21. Deux types de parcellaires laniérés, parfois croisés, ont été identifiés. Le premier correspond à des groupes de talus parallèles assez rapprochés (entre 7 et 30 m), plus ou moins marqués (talus terreux parfois légèrement bombés), rectilignes (a) ou courbes (épousant la forme du relief - c) et s'organisant en quartiers rarement délimités. Ces talus sont plutôt interprétés comme des rideaux de culture même s’ils sont peu élevés. A Liverdun (a, b), au nord de la forêt de Haye, plusieurs blocs longs de 150 à 650 m ont été repérés sur environ 350 ha. Leur datation est délicate car aucun établissement n’est connu dans ce secteur. Toutefois un faisceau d’éléments permet de proposer une datation médiévale ou moderne (16e s.) (Georges-Leroy, Zeller-Belleville à paraître).
  22. Le second type correspond aux champs bombés. Ceux de la forêt de Haye sont à une exception près datés du 19e s., d'après le cadastre napoléonien.
  23. Dans certains secteurs de la forêt Haye, on observe une organisation moins structurée, du moins dans les traces parvenues à nous. Celles-ci se composent de talus terreux, moins denses que les parcellaires laniérés, aux longueurs et orientations variées et fréquemment courbes, voire sinueux. Ils sont parfois groupés en lanières de 3-4 talus. Ces talus correspondent peut-être à des rideaux de culture. Ils sont associés aux bourrelets parallèles qui sont probablement des crêtes de labours. Ici, l’exemple du secteur de la Petite Haye où ces structures sont présentes sur 430 ha. On a les mêmes difficultés de datation que pour les parcellaires laniérés, du fait de l’absence de connexion avec des habitats, mais ces vestiges sont probablement médiévaux ou modernes. On pourrait être en présence d'essarts en forêt cultivés durant une courte durée (on a quelques indices dans les textes médiévaux) voire de cultures par les habitants réfugiés en forêt au 17e s.
  24. Cette dernière diapositive permet, en conclusion, de revenir sur l’ensemble des structures agraires et parcellaires médiévales et modernes de la forêt de Haye qui couvrent 2000 à 2500 ha, soit une ampleur très nettement sous-estimée avant les analyses du levé lidar. Ces espaces ont été exploités par les communautés villageoises implantées tout autour du massif, même si les processus de mise en valeur des sols ont pu être différents.
  25. Comparaisons Blanchemanche Ph. 1990, Bâtisseurs de paysages. Terrassements, épierrements et petite hydraulique agricoles en Europe. XVIIe-XIXe siècles, Paris. Callot H. J. 1980, La plaine d'Alsace. Modelé agraire et parcellaire, Nancy. Hall D. 1982, Medieval Fields, Aylesbury, Bucks, UK (Shire archaeology 28). Haudricourt A. G. et Brunhes M. J. 2000, L'homme et la charrue à travers le monde, Tournai. Szabo P. 2010, Ancient woodlands boundaries in Europe, Journal of Historical Geography, 36, p. 205-214. Zadora-Rio E. 1991, Les terroirs médiévaux dans le Nord et le Nord-Ouest de l'Europe, in Guilaine J., Pour une archéologie agraire : à la croisée des sciences de l'homme et de la nature, Paris, p. 165-192.