Pacte
En ce début de 21ème
siècle, l’Afrique est devenue
le continent de tous les possibles ; l’eldorado, la
terre à conquérir, la mine à découvrir, le potentiel à
transformer. Le monde vient en Afrique pour investir
et s’enrichir. Pour autant, ce continent ne trouve
toujours pas le moyen de partager équitablement les
fruits de sa croissance. Beaucoup des grands chantiers
structurels lancés depuis les décolonisations s’enlisent
et ne suffisent pas à garantir l’émergence des pays
africains.
Le résultat est une immense partie de la population
qui regarde passer le train du progrès sans pouvoir
y monter.
Lapopulationafricainevadoubleren2050etatteindre
les deux milliards d’habitants. Comme le reste du
monde, l’Afrique se trouve à l’aube d’une nouvelle
mutation économique, inédite par son ampleur, qui
fusionne les technologies et bouleverse les systèmes
de production, de distribution et de consommation.
Comment inscrire un futur national dans chacun
de nos pays avec ces nouveaux défis ? Avec une
gouvernance politique souvent inefficiente et une
croissance aussi peu inclusive ?
Voilàuncontinentdontlacommunautéinternationale
pointe les avancées certaines et le développement
soutenu, mais dont les hommes et les femmes ne
voient pas toujours les fruits.
Qu’avons-nous à offrir à ces citoyens africains ?
Comment pouvons-nous leur redonner du sens
et les convaincre qu’un futur est possible pour les
Africains en Afrique ?
Nous en sommes convaincus, l’Afrique se fera par
et pour les Africains. Cela passera par l’implication
de ses citoyens dans la construction de modèles
démocratiques adaptés, d’économies solides, de
systèmes éducatifs performants, qui feront de
l’Afrique un continent avec des voix qui comptent et
qui influenceront le monde.
Pour une Afrique
des valeurs citoyennes
1
Le Maroc s’est bâti en Afrique, sur des religions, des
peuples, des tribus et des cultures multiples qui ont
forgé une histoire d’une grande richesse. Ces siècles
de vie commune, de partage, d’affrontements, de
ségrégation, d’échanges – marchands ou culturels –,
de colonisation et de libération, ont forgé une
identité marocaine forte de ses diversités arabe,
amazighe, sahraouie, musulmane et hébraïque. Cela
a donné naissance à un pays qui a ses spécificités,
ses particularismes, ses blessures aussi – souvent
enfouies -, mais qui avait su construire, ces dernières
décennies, un véritable vivre ensemble.
Or, cette tradition de tolérance et
du vivre ensemble est menacée
Depuis quelques années, ce socle identitaire a
commencé à se fissurer, tant au Maroc que dans
tout le continent Africain. Partout, des groupes ont
commencé à s’affronter. Modernistes, traditionalistes,
croyants, non pratiquants, progressistes, conservateurs,
francophones, arabophones tendent à former des
groupes qui se referment sur eux-mêmes. Certains,
en stigmatisant les autres, croient représenter à eux
seuls, les vraies valeurs. Ceux qui, il y a encore quelques
années, savaient échanger, s’opposer, discuter et
accepter qu’une opinion différente de la leur puisse
s’exprimer, fontpreuveaujourd’huid’untotalitarisme
de la pensée qui entraine, au mieux, l’insulte et la
condamnation de l’autre, au pire l’anathème et
l’excommunication.
Outre cette désagrégation, nos anciennes défaillances,
le plus souvent communes à l’ensemble de l’Afrique, se
sont renforcées et nous fragilisent, parfois cruellement.
Face à un système éducatif en échec, un débat public
absent ou difficile, une justice qui ne parvient pas à
être équitable et indépendante, des inégalités trop
fortes, des élites qui n’ont pas suffisamment joué leur
rôle dans l’édification des nations, des systèmes de
santé publique débordés, comment s’étonner que
les peuples ressentent une réelle frustration, voire
du ressentiment contre des systèmes politiques et
des modes de gouvernance qui n’ont pas répondu à
leurs aspirations historiques ? Tout cela aboutit à des
sociétés déboussolées, passives, sans repères, qui
attendent, sans y croire vraiment, que les solutions
arrivent d’ailleurs.
En outre, dans un contexte économique de plus
en plus mondialisé, et grâce à un niveau de vie en
croissance, le niveau d’exigence de notre continent
a tendance à s’élever. Ce qui était admis et accepté
dans le passé, ne l’est plus désormais. Les jeunesses,
frappées par le chômage, le manque d’équité et
l’inégalité des chances réagissent davantage, et
certains peuvent être tentés par la contestation
violente et le rejet de l’autre. Nous autres, Africains,
n’aimons pas ce que nous sommes devenus, nous
avons mal. Beaucoup d’entre nous ne rêvent d’ailleurs
que de partir vers de nouveaux horizons, d’autres
continents. Certains sont tentés de se réfugier derrière
des dogmes religieux venus d’ailleurs et mal compris.
Pour un Maroc et une Afrique
des valeurs citoyennes
2
La société marocaine, comme beaucoup d’autres
sociétés africaines, n’a plus de rêve collectif. Le résultat
est une tendance générale à la fragmentation, à la
division. Au Maroc, comme ailleurs, les peurs, les replis
et les accusations menacent de prendre définitivement
le pas sur l’édification d’une culture démocratique
basée sur les valeurs humanistes et civilisationnelles de
l’Islam tolérant et des droits de l’homme.
Nous sommes en panne de valeurs
citoyennes et humaines, qui nous
permettraient de retrouver un souffle et
une vision, à partager avec toute l’Afrique
Et pourtant, le Maroc a des atouts nombreux
et majeurs pour résister à cette désagrégation.
Dans la tourmente qui frappe tant de pays
arabes et africains, il a pu tenir bon. Il dispose
d’institutions nationales pérennes, solides et de
structures publiques nécessaires au développement
économique et social. Un tissu associatif courageux
et proche des gens s’efforce de donner de l’espoir
aux plus démunis. Mais le risque d’épuisement,
d’abandon, de recul est évident, si le socle identitaire
et culturel commun commence à se défaire.
A l’heure où les populismes sont en train de prospérer
partout dans le monde, où un grand courant
obscurantiste recouvre l’esprit des lumières, où il faut
redonner à la politique son rôle le plus noble, une
mobilisation générale de l’ensemble des acteurs
s’impose pour mener une bataille primordiale : celle
de la reconquête des valeurs citoyennes.
Nous sommes convaincus que le Maroc, et toute
l’Afrique, ont besoin de grandes initiatives citoyennes,
fortes et ambitieuses, mobilisant les forces vives
et créatrices propres à chaque nation, pouvant
s’entraider pour mener cette bataille à l’échelle du
continent, et dont la voix portera suffisamment haut
pour être entendue.
Au Maroc, comme en Afrique,
un Mouvement, pour reprendre l’initiative
citoyenne.
A travers les actions de ce Mouvement, nous voulons
remettre les valeurs citoyennes au cœur du débat
public, et faire en sorte qu’elles soient discutées de
façon instruite, éclairée et dans le respect mutuel.
Nous voulons appeler les forces vives de la nation à
prendre en compte les vrais besoins de la population,
mais en s’impliquant réellement dans la construction
de l’édifice social. Nous avons trop cru que ce Maroc
était éternel. Or, avec un champ politique et culturel
fragilisés, ces forces vives ont une responsabilité
certaine pour provoquer ce sursaut citoyen.
Aujourd’hui, notre société civile est fragmentée. Les
forces existantes sont nombreuses mais isolées et ont
surtout le sentiment d’être impuissantes face à une
vague de conservatisme, de totalitarisme de la pensée,
qui voudrait apparaître comme la seule alternative
crédible, et prôner seule certaines valeurs telles
que l’honnêteté et la vertu. Ce sentiment d’échec
collectif est dangereux car il conduit aisément à
s’abandonner aux promesses les plus fallacieuses.
Ce que nous voulons
Nous voulons faire en sorte que le citoyen retrouve son
rôle au cœur de la cité, qu’il se sente écouté, protégé,
dans la libre expression de ses opinions multiples.
Nous voulons que la constitution soit appliquée.
Nous voulons que les minorités soient protégées.
Nous voulons que les libertés individuelles ne soient
à aucun moment négociées ou négociables.
Nous voulons inciter l’Etat à renforcer sa lutte pour
le bien public et contre les inégalités. Nous voulons
que le gouvernement gouverne, en fonction de l’intérêt
général.
3
Nous voulons qu’il fasse appliquer la loi pour tous, sans
démesure, jugements de valeur, instructions, délit de
faciès, mais guidé uniquement pas un sens profond de
la justice sociale.
Nous voulons que l’entreprise soit créatrice de
valeurs pour toutes ses parties prenantes. Nous
voulons qu’elle socialise, permette un meilleur
vivre ensemble, qu’elle devienne vertueuse et joue
pleinement son rôle dans la construction de l’équilibre
économique et social, qu’elle contribue activement à
l’expansion de l’état de droit, au profit du plus grand
nombre et dans un souci équitable.
Nous sommes convaincus que cette voie est la seule
qui permettra au Maroc de préserver ses institutions et
ses identités. Elle nous permettrait aussi de redevenir
confiants dans ce destin marocain et ambitieux
pour le développement collectif de l’Afrique.
Ce que nous ferons
Nous voulons rassembler ces forces vives, talents
divers, citoyens isolés ou tissu associatif, syndicats,
entrepreneurs, managers, hommes et femmes de
bonne volonté, politicien(ne)s, journalistes, acteurs
culturels, intellectuels, croyants de toutes confessions
et traditions et non-croyants, autour d’une idée forte :
et si un autre Maroc était possible ? Un Maroc assuré de
sa singularité, ouvert sur les valeurs universelles, et en
plein échange avec les forces citoyennes du continent.
Nous voulons proposer un nouveau modèle de
société, par une production d’idées, de modèles
innovants et de solutions politiques, capable de faire
rêver, redonner de l’espoir à tous et renforcer l’égalité
des chances. Une égalité des chances face à l’Avoir,
en contribuant à l’émergence d’un nouveau modèle
économique, créateur d’emplois et de valeur ajoutée
équitablement répartie. Une égalité des chances
face au Savoir en œuvrant à la redéfinition d’une
éducation de qualité pour tous, capable de diffuser les
valeurs citoyennes et véritable instrument d’ascension
sociale. Une égalité des chances face au Pouvoir,
en garantissant le respect des droits civiques et des
libertés individuelles pour tous les citoyens.
Nous voulons créer un mouvement ayant une vraie
épaisseur dans son déploiement, par un maillage
élargi à l’ensemble du territoire, sur lequel nous
appuyer pour développer nos ambitions d’action,
de dialogue et d’initiative citoyenne. Nous voulons
aller chercher les talents où qu’ils se trouvent,
les intéresser à l’initiative citoyenne et les amener à
collaborer. Nous voulons fédérer des idées et des êtres,
qui n’ont d’autre d’intérêt que l’édification d’un Maroc
plus juste et plus ambitieux.
Nous voulons le faire en pleine concertation et avec
des mouvements associés en Afrique.
Nous voulons nous doter des moyens de nos ambitions,
et viser haut et grand. Nous allons structurer notre
action par départements et par missions. Nous
allons chercher l’adhésion et le soutien des citoyens,
mécènes, entreprises, partis politiques, associations,
fédérations, corporations, et de tous ceux qui, à
l’échelle du continent, ont compris que le combat est
à mener avant tout à l’intérieur de chacun de nous,
en changeant de vision sur nos propres pays. Nous
voulons contribuer à l’émergence de voix nouvelles, de
nouveaux leaders, qui pèseront dans le débat public et
politique de tout le continent...
Nous voulons intéresser toute la société
marocaine, et au-delà, tout notre continent à
notre initiative, être influents. Nous voulons être
passionnants, car nous sommes passionnés.
Nous sommes pour une véritable redéfinition du pacte
citoyen qui s’accompagne du respect absolu de nos
droits, mais aussi de nos devoirs.
Nous sommes des citoyens, nous sommes
LES CITOYENS
4