L'expression du but : fiche et exercices niveau C1 FLE
Eluard
1. Une étude du poème : « Un petit
nombre d’intellectuels français s’est
mis au service de l’ennemi »
Séance : Paul Eluard
2. Le texte
Épouvantés épouvantables
L’heure est venue de les compter
Car la fin de leur règne arrive
Ils nous ont vanté nos bourreaux
Ils nous ont détaillé le mal
Ils n’ont rien dit innocemment
Belles paroles d’alliance
Ils vous ont voilées de vermine
Leur bouche donne sur la mort
Mais voici que l’heure est venue
De s’aimer et de s’unir
Pour les vaincre et les punir.
3. Ce poème de Paul Eluard, écrit en 1944, évoque, comme son titre l’indique, les intellectuels
français qui ont collaboré avec le régime de Vichy gouverné par le maréchal Pétain.
Il explique que, la libération approchant, il sera bientôt temps de punir ces
hommes pour leur conception autoritaire et antisémite de l’exercice du pouvoir.
Notre étude sera donc organisée autour de la question suivante :
Comment le poète parvient-il à concilier son désir de vengeance et son
amour de l’humanité ?
Nous répondrons à cette question en suivant le plan ci-dessous :
I) Une composition binaire
INTRODUCTION
II) Un appel à révolte contre les forces de la mort
III) Un appel à la violence au nom de la vie
4. I) Une composition binaire
Épouvantés épouvantables
L’heure est venue de les compter
Car la fin de leur règne arrive
Ils nous ont vanté nos bourreaux
Ils nous ont détaillé le mal
Ils n’ont rien dit innocemment
Belles paroles d’alliance
Ils vous ont voilées de vermine
Leur bouche donne sur la mort
Mais voici que l’heure est venue
De s’aimer et de s’unir
Pour les vaincre et les punir.
Evocation des crimes des
intellectuels collaborateurs.
Evocation du châtiment
prochain.
5. II) Un appel à la révolte contre les forces de la mort
6. Épouvantés épouvantables
L’heure est venue de les compter
Car la fin de leur règne arrive
Ils nous ont vanté nos bourreaux
Ils nous ont détaillé le mal
Ils n’ont rien dit innocemment
Belles paroles d’alliance
Ils vous ont voilées de vermine
Leur bouche donne sur la mort
Mais voici que l’heure est venue
De s’aimer et de s’unir
Pour les vaincre et les punir.
Un appel à la révolte contre les forces de
la mort : des responsables
qui doivent être punis.
Le champ lexical
de la mort recouvre
à la fois celle dont
sont responsables
les intellectuels
collaborateurs…
… et celle dont ils seront
victimes quand leur camp
perdra la guerre.
Cette double évocation traduit le
désir du poète de voir ces
collaborateurs punis pour les
crimes commis.
7. Un appel à la révolte contre les forces de
la mort : une peur de la différence qui a
amené ces collaborateurs à devenir
responsables de la mort d’innocents.
Épouvantés épouvantables
L’antithèse révèle ici que les intellectuels qui ont collaboré
étaient des hommes épouvantés par la différence (religieuse
ou politique).
Et cette épouvante les a conduits à rejeter cette
différence, à vouloir l’éliminer : à devenir eux-mêmes
épouvantables. Ils appartiennent ainsi aux forces de la
mort contre lesquelles il faut combattre.
8. Un appel à la révolte contre les forces de
la mort : un crime de paroles
Ils nous ont vanté nos bourreaux
Ils nous ont détaillé le mal
Ils n’ont rien dit innocemment
La répétition anaphorique souligne les méfaits de
ces intellectuels collaborateurs : c’est par leurs écrits
ou leurs paroles qu’ils ont justifié ce qui était
injustifiable.
9. Un appel à la révolte contre les forces
de la mort : un crime de paroles (2)
Belles paroles d’alliance
Ils vous ont voilées de vermine
La métaphore de la vermine (les vers qui dévorent les corps en
décomposition) fait référence à la mort dont furent responsables
les paroles prononcées par ces intellectuels. Ainsi, la parole
humaine, idéalement propice aux liens (à l’alliance) entre les
hommes, a été corrompue, détournée par ces hommes qui en ont
fait un instrument de mort.
10. Leur bouche donne sur la mort
Un appel à la révolte contre les forces de la
mort : un crime de paroles (3)
La métonymie de « bouche » pour « paroles » ainsi que le double sens
de « bouche » (à la fois « partie du visage » et « ouverture » qui peut
donc « donner sur quelque chose » comme une bouche de métro ou
d’égout) donnent l’impression que le visage de ces hommes est, à cause
de ce qu’ils disent, comme une ouverture qui mène à la mort. Cette
façon de désigner leurs propos les déshumanise (ils ne sont plus qu’un
trou qui conduit à la mort) et renforce par conséquent la révolte que ces
propos peuvent susciter.