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Pneumologie diagnostic et traitement de l'oedème aigu du poumon
- 1. Le Point Vétérinaire / N° 233 / Mars 2003 /36
Se former / CONDUITE ÀTENIR /
a suspicion et le diagnostic d’un œdème
aigu du poumon (OAP) sont avant tout
cliniques. La reconnaissance de signes
d’appel issus de l’anamnèse et de
l’examen clinique permet le plus
souvent d’établir le diagnostic d’OAP et de le
distinguer des autres affections respiratoires,
ce qui oriente la mise en œuvre rapide du traite-
ment afin de stabiliser l’animal.
Première étape :suspecter
et diagnostiquer un œdème
aigu du poumon
1. Anamnèse et commémoratifs
• Le chien présenté en consultation est déjà
suivi pour une cardiopathie ou une insuffisance
cardiaque et reçoit parfois un traitement. Chez
le chat, la situation est différente car les cardio-
pathies évoluent “à bas bruit”, puis décompen-
sent sur un mode suraigu.
• Les symptômes rapportés sont une toux,
éventuellement évolutive depuis quelques jours,
une difficulté respiratoire et l’expectoration de
glaires spumeuses. Les bruits respiratoires sont
forts et l’animal semble “s’étouffer” et “chercher
son air”.
2. Examen clinique
• La toux est grasse, profonde, quinteuse,
douloureuse parfois accompagnée d’expecto-
rations spumeuses et rosées. L’animal présente
une tachypnée, voire une orthopnée, et une
dyspnée expiratoire marquée. Les muqueuses
sont cyanosées et le temps de recoloration
capillaire est augmenté (hypoxie marquée).
• L’auscultation pulmonaire met en évidence
des crépitements sourds en fin d’inspiration
et/ou en début d’expiration. Ces crépitements
peuvent s’étendre sur tout le cycle respiratoire
et sont audibles sur toutes les aires d’ausculta-
tion dans les cas sévères.
• Une tachycardie, accompagnée parfois d’une
arythmie, est présente dans la majorité des cas,
accompagnée des signes de cardiopathie et des
symptômes d’insuffisance cardiaque : souffle
cardiaque, amaigrissement, etc.
• Chez le chat, tous ces symptômes peuvent être
discrets, voire masqués par d’autres manifes-
tations de l’insuffisance cardiaque gauche
(épanchement pleural masquant les crépita-
tions pulmonaires par exemple), ce qui rend le
diagnostic clinique de l’OAP parfois difficile
dans cette espèce.
3. Examens complémentaires
• Il peut sembler nécessaire d’avoir recours à
des radiographies thoraciques pour confirmer
la présence de l'œdème (PHOTOS 1, 2 ET 3), mais
leur réalisation en première intention, en raison
de la contention qu’elles imposent, peut
aggraver l’insuffisance respiratoire de l’animal
et diminuer le pronostic vital. Les manipula-
tions lors d’OAP doivent en effet être réduites
à leur strict minimum.
• En ce qui concerne les autres examens
complémentaires, seuls sont réalisés ceux
indispensables au traitement simultané d’une
affection causale qui diminue le pronostic
vital.
Par exemple, un électrocardiogramme peut être
indiqué pour l’identification d’une arythmie
potentiellement fatale (extrasystoles nombreu-
ses et très prématurées sans repos compensa-
teur, tachycardie ventriculaire pouvant évoluer
en fibrillation ventriculaire, blocs de conduc-
tion de haut degré, etc.) (PHOTO 4).
Deuxième étape :traiter
l’œdème aigu du poumon
Lorsque le diagnostic d’œdème aigu est établi
(à défaut une forte suspicion clinique), la prise
en charge thérapeutique est réalisée. Elle
comprend immédiatement des mesures
hygiéniques, une oxygénothérapie et l’admi-
nistration de molécules qui permettent de
diminuer le retour veineux. Dans certains cas,
un traitement plus spécifique est associé.
1. Mesures hygiéniques
L’animal est hospitalisé et placé au repos le plus
complet afin d’empêcher tout épuisement et
toute consommation d’oxygène inutile
(“cageothérapie”). Un stress environnant
minimal est indispensable, afin de limiter son
excitation et ses mouvements.
L
L’œdème aigu du poumon est une urgence médicale fréquente en cardiologie
vétérinaire. Cette affection majeure,de survenue brutale,a un pronostic
toujours réservé,qui est conditionné par une prise en charge correcte et rapide.
Diagnostic et traitement
del’œdèmeaigudupoumon
CARDIOLOGIE DU CHIEN ET DU CHAT
Les étapes essentielles
Étape 1 : Suspicion
et diagnostic
• Anamnèse
et commémoratifs
• Examen clinique
• Examens complémentaires
Étape 2 : Traitement
• Mesures hygiéniques
• Mesures médicales :
oxygénothérapie,
diurétiques, dérivés nitrés,
inodilatateurs, traitement
spécifique
• Évaluation de l’efficacité
du traitement et suivi
des paramètres cliniques
Étape 3 : Gestion
de l’animal stabilisé
par Éric Bomassi
35,rue des Cordeliers
77100 Meaux
© Le Point Vétérinaire - Reproduction interdite
- 2. 37/ N° 233 / Mars 2003 / Le Point Vétérinaire
Si l’animal est trop excité, il est possible de le
tranquilliser médicalement par l’administration
de diazépam(1)
(Valium®
, 0,1 mg/kg par voie
intraveineuse), de midazolam(1)
(Hypnovel®
,
0,1 à 0,2 mg/kg par voie intraveineuse) ou
d’acépromazine (Calmivet®
ou Vétranquil®
,
0,01 à 0,05 mg/kg par voie intraveineuse).
Il est possible également d’utiliser le potentiel
sédatif et analgésique des morphiniques tels
que la morphine(1)
(Morphine Aguettant®
,
0,05 à 0,1 mg/kg), afin de favoriser la relaxation
de l’animal et ainsi de diminuer ses besoins en
oxygène.
2. Mesures médicales
! Oxygénothérapie
Une oxygénothérapie est indispensable
(l’oxygène est administré à 100 % à un débit
de cinq à six litres par minute). Celle-ci peut
être réalisée dans une cage à oxygène ou au
masque, si l’animal est docile. Si l’animal est
trop excité, il est possible de l’anesthésier et
de l’oxygéner après intubation trachéale,
jusqu’à la résorption complète de l’œdème. Un
monitorage adapté est mis en place (oxymétrie
de pouls, capnométrie, pression artérielle). Ce
monitorage permet d’évaluer la réponse
thérapeutique, en association avec l’amélio-
ration clinique.
! Diurétiques
Le diurétique le plus efficace (puissance
diurétique, rapidité d’action, effet vasodilata-
teur veineux) est le furosémide (Dimazon®
,
Furozénol®
). Il est administré par voie intravei-
neuse à la dose de 8 à 10 mg/kg chez le chien
et de 2 à 4 mg/kg chez le chat toutes les deux
heures.
Une fois l’état de l’animal stabilisé, la dose
d’entretien est de 2 à 4 mg/kg chez le chien et de
1 à 2 mg/kg chez le chat, toutes les douze heures.
! Dérivés nitrés
La trinitrine, qui existe sous différentes formes
(spray buccal(1)
: Natispray®
; patch(1)
:
Discotrine®
; injectable(2)
), est indiquée dans ce
contexte d’urgence. L’effet vasodilatateur
veineux est immédiat et permet une
diminution rapide des pressions de remplissage
ventriculaires.
! Inodilatateurs
Dans un tel contexte d’urgence, il est possible
d’utiliser le pimobendane (Vetmedin®
) à la dose
thérapeutique de 0,5 mg/kg (gélules à faire
avaler, éventuellement déconditionnées). Les
bénéfices de cette molécule, en association avec
le reste du cortège médicamenteux, sont
importants grâce à ses propriétés vasodilata-
trices et inotropes positives, et à sa rapidité
d’action (moins de 30 minutes).
L’énoximone(2)
ou la milrinone(2)
peuvent être
également administrées par voie intraveineuse
aux doses de charge respectives de 0,5 à 1 mg/kg
et de 0,05 à 1 mg/kg. Ces composés sont
indiqués de façon ponctuelle lors d’œdème aigu
réfractaire. Dans ce cas, le pronostic est généra-
lement sombre.
! Autres molécules
Le nitroprussiate de sodium(2)
, vasodilatateur
mixte puissant (Nitriate®
) peut être utilisé en
perfusion continue à la dose de 0,5 à
3 µg/kg/min. Néanmoins, ses effets secondai-
res hypotenseurs marqués en limitent l’emploi.
!!
PHOTO 4. Électrocardiogramme. Dérivation DII,
25 mm/s, 1 cm = 1 mV : extrasystolie
ventriculaire bigéminée très prématurée avec
un accident en aspect de type R/T qui évolue
alors en tachycardie ventriculaire rapide.
Cliché:É.Bomassi
PHOTO 1. Radiographie thoracique de profil chez un chien : la cardiomégalie, la
densification parenchymateuse de type alvéolaire étendue en région périhilaire
et la densification vasculaire de type veineux sont des signes typiques
d’un œdème aigu du poumon d’origine cardiaque.
Cliché:É.Bomassi
PHOTO 2. Radiographie thoracique
de face chez un chien : densification,
parenchymateuse de type alvéolaire
visible sur les lobes caudaux.
Cliché:É.Bomassi
PHOTO 3. Radiographie thoracique
de profil chez un chat. Dans cette
espce, l’œdème est rarement
périhilaire et s’étend d’emblée à tout
le champ pulmonaire.
Cliché:É.Bomassi
(1) Médicament
à usage humain.
(2) Médicament
à usage hospitalier.
© Le Point Vétérinaire - Reproduction interdite
- 3. Se former / CONDUITE ÀTENIR /
! Thérapeutique spécifique
Lors de bas débit cardiaque ou d’hypotension,
les inotropes purs tels que la dopamine(2)
(Dopamine Nativelle®
, 5 à 10 µg/kg/min en
perfusion intraveineuse) ou la dobutamine(2)
(Dobutrex®
, 5 à 20 µg/kg/min) sont envisagea-
bles chez le chien.
Chez le chat, leur emploi doit être mesuré et
prudent en présence d’affection obstructive du
ventricule gauche.
Lors de trouble du rythme, l’utilisation d’un
anti-arythmique spécifique est indiquée.
3. Évaluation de l’efficacité
du traitement et suivi des paramètres
cliniques
Suite à la mise en place de toutes ces mesures de
réanimation imposées par l’urgence, une évalua-
tion de la réussite du traitement et des répercus-
sions métaboliques de l’OAP est nécessaire.
• Les paramètres cliniques sont contrôlés :
examen clinique et cardiorespiratoire, diurèse,
pression artérielle.
• Un bilan hématologique et biochimique
(urémie, créatininémie, natrémie, kaliémie,
bicarbonates) permet de suivre la correction
d’une éventuelle acidose métabolique, d’une
insuffisance rénale aiguë, d’une déshydrata-
tion, etc.
• Une radiographie thoracique permet d’esti-
mer l’étendue de l’œdème résiduel et ainsi
d’adapter la dose de diurétique.
• Un électrocardiogramme est utile pour vérifier
l’efficacité du traitement anti-arythmique et
estimer à nouveau la gravité du trouble.
Troisième étape :
gestion de l’animal stabilisé
Une fois l’état de l’animal stabilisé et l’OAP
résorbé, un bilan cardiologique complet peut être
réalisé afin d’établir un diagnostic étiologique et
d’envisager le suivi sur le moyen et le long terme.
• Une radiographie thoracique visualise la
position, la taille du cœur et des vaisseaux, la
densification pulmonaire bronchique et
parenchymateuse, les répercussions de la
cardiopathie sur la trachée, etc. Cet examen
simple est souvent le premier pas dans la
recherche de la cause de l’insuffisance
cardiaque qui a conduit à l’OAP.
• Un électrocardiogramme établit la présence
ou non de troubles du rythme : tachycardie,
fibrillation atriale, extrasystoles.
• Une échocardiographie permet de confirmer
l’origine cardiaque de l’œdème et de visualiser
plus précisément les causes de l’œdème (dilata-
tions cavitaires, rupture de cordages, etc.)
(PHOTO 5). Elle fournit un bilan morphologique
et fonctionnel du cœur et établit avec précision
le diagnostic étiologique.
Il est conseillé de garder l’animal hospitalisé
24 heures après la résorption de l’œdème aux
fins d’observation et de prévention des récidi-
ves immédiates.
Le traitement ambulatoire est défini indivi-
duellement en fonction de tous les éléments
diagnostiques obtenus et est prescrit selon les
pratiques thérapeutiques classiques (en
particulier les inhibiteurs de l’enzyme de
conversion).
Conclusion
L’œdème aigu du poumon est une urgence
médicale absolue. Sa prise en charge thérapeu-
tique, rapide et efficace, détermine la survie de
l’animal. Le bilan diagnostique n’arrive, dans
ce cas d’urgence, qu’en seconde position après
stabilisation afin d’orienter le traitement
ambulatoire. s
Le Point Vétérinaire / N° 233 / Mars 2003 /38
!!
PHOTO 5. Échocardiographie, coupe grand axe transventriculaire, abord parasternal
droit : rupture de cordages mitraux.
Cliché:É.Bomassi
En savoir plus
- Bomassi E. Vade-mecum de cardiologie vétérinaire.
Ed. Med’com, Paris, 2001: 145p.
- Kéroack S. Traitement d’urgence de l’œdème pulmonaire
aigu. Point Vét. 2002;33(Numéro spécial “Actualités
thérapeutiques en cardiologie du chien et du chat”):112-115.
- Tessier-Vetzel D. Choix stratégiques : l’insuffisance
cardiaque aiguë. Point Vét. 2002;33(Numéro spécial
“Actualités thérapeutiques en cardiologie du chien
et du chat”):16-20.
- Testault I. Seuls les salidiurétiques sont utilisés
en cardiologie. Point Vét. 2002;33(Numéro spécial
“Actualités thérapeutiques en cardiologie du chien
et du chat”):34-37.
ATTENTION
Les diurétiques
et les dérivés nitrés
sont à manipuler avec
précaution chez le chat.
En effet,une chute trop
brutale de la pression
de remplissage
ventriculaire gauche
provoquée par
ces molécules peut,
chez certains chats,
conduire à un collapsus
cardiovasculaire
(en particulier lors
de cardiomyopathie
avec obstruction
dynamique du ventricule
gauche).
!
Les références complètes
de cet article sont
consultables sur le site
www.planete-vet.com
Rubrique formation
(1) Médicament
à usage humain.
(2) Médicament
à usage hospitalier.
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