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Se former / COURS / 
PATHOLOGIE RESPIRATOIRE 
Agents bactériens impliqués 
dans les BPI des bovins 
Les pasteurelles (Mannheimia haemolytica et Pasteurella multocida) et 
les mycoplasmes (Mycoplasma bovis) sont les principaux agents bactériens 
impliqués dans les affections de l’appareil respiratoire profond des bovins. 
par Alain Douart 
Médecine des animaux 
d’élevage, ENVN,Atlanpole La 
Chantrerie, BP 40706, 44307 
Nantes Cedex 03 
es bronchopneumonies infectieuses 
(BPI) des jeunes bovins relèvent le plus 
souvent d’une étiologie complexe où 
interagissent de manière séquentielle 
et synergique trois types de facteurs : 
❶ des facteurs prédisposants : anatomie de 
l’appareil respiratoire, immaturité physiolo-gique 
et fonctionnelle de l’appareil respiratoire 
des jeunes bovins, en particulier dans les races 
dites “viandeuses” ; 
❷ des facteurs favorisants, qui agissent soit en 
augmentant les risques de contamination des 
animaux, soit en diminuant leurs moyens de 
défense générale ou locale ; 
❸ des agents microbiens, qui, même s’ils ne 
peuvent pas le plus souvent agir isolément, 
restent les éléments indispensables des attein-tes 
de l’appareil respiratoire profond des bovins. 
Les agents microbiens impliqués dans ces 
bronchopneumonies sont de nature virale 
(VRSB, virus PI3, coronavirus, BVDV, BHV1, 
etc.) ou bactérienne. De très nombreuses 
espèces bactériennes peuvent être isolées de 
lésions pulmonaires lors d’évolution de BPI. 
Celles-ci sont responsables de la gravité des 
lésions, du passage à la chronicité et de l’appa-rition 
de non-valeurs économiques. Les 
bactéries les plus fréquemment isolées des 
poumons de bovins malades sont des pasteu-relles 
: Mannheimia haemolytica et Pasteurella 
multocida. D’autres bactéries sont également 
isolées, entre autres des mycoplasmes 
(Mycoplasma bovis), des corynébactéries 
(Arcanobacterium pyogenes), des salmonelles 
(Salmonella Typhimurium) et une autre bactérie 
de la famille des Pasteurellacae, Haemophilus 
somnus(1). 
Les pasteurelles 
Les pasteurelles sont à l’évidence, par leur 
fréquence d’isolement (l’essentiel des souches 
bactériennes isolées lors de troubles respira-toires 
chez les jeunes bovins appartient à l’une 
des deux espèces bactériennes citées) et l’impor-tance 
de leur pouvoir pathogène, les bactéries 
qui méritent le plus d’attention. Les pasteurel-les 
sont des hôtes normaux du nasopharynx des 
bovins, où elles vivent en germes commensaux 
chez nombre d’entre eux, sous forme de flore 
26 Le Point Vétérinaire / N° 231 / Décembre 2002 / 
Résistance de Mannheimia 
haemolytica dans le milieu extérieur 
Milieu Résistance 
dominée. Le veau se contamine très tôt après 
sa naissance, sans doute par contact nez à nez 
avec sa mère. 
1. Mannheimia haemolytica 
Mannheimia haemolytica est la pasteurelle 
réputée la plus pathogène chez les bovins (voir 
l’ENCADRÉ “De Pasteurella à Mannheimia”). 
Cependant, même s’il semble exister des 
souches de M. haemolytica dont le pouvoir 
pathogène est suffisant pour qu’elles soient des 
agents pathogènes primaires, le plus souvent, 
la “pasteurellose” est secondaire, soit à une 
primo-infection virale ou mycoplasmique, soit 
à tout autre facteur d’agression des systèmes 
de défense de l’animal (stress, ambiance 
délétère). 
D’une manière générale, l’administration de 
M. haemolytica par voie nasale chez des 
animaux sains est peu probante : les bactéries 
qui pénètrent jusqu’au poumon sont rapide-ment 
éliminées (90 % en quatre heures), avec 
tout au plus l’apparition d’une fièvre transitoire 
et d’une infiltration neutrophilique discrète du 
poumon. Le “shunt” des premières voies 
respiratoires permet une reproduction plus 
aisée des lésions pulmonaires de pasteurellose. 
Au bilan, M. haemolytica, sans satisfaire pleine-ment 
à la rigueur des postulats de Koch, 
apparaît néanmoins comme un agent pathogène 
majeur. 
Mannheimia haemolytica est un parasite ou un 
commensal obligatoire des bovins et des ovins. 
Toutes les souches sont isolées chez les bovins 
et chez les ovins. La bactérie n’est pas retrouvée 
dans le milieu extérieur, sauf lorsque celui-ci 
est contaminé par un animal excréteur. Sa 
Même s’ils ne peuvent L 
pas le plus souvent agir 
isolément, les agents microbi-ens 
sont les éléments essen-tiels 
des bronchopneumonies 
infectieuses des jeunes bovins. 
Parmi les bactéries, les pas-teurelles 
sont celles qui sont 
le plus fréquemment isolées. 
Deux espèces jouent un rôle 
particulièrement important : 
Mannheimia haemolytica et 
Pasteurella multocida. Les 
sérotypes 1 et 6 de M. hae-molytica 
(PhA1, PhA6) possè-dent 
de nombreux facteurs de 
virulence. La leucotoxine joue 
un rôle pathogène détermi-nant 
et est un support impor-tant 
de l’immunité. Des myco-plasmes 
sont fréquemment 
isolés des poumons de bovins 
atteints de troubles respira-toires. 
Les différentes espèces 
isolées ne possèdent pas le 
même pouvoir pathogène. 
Parmi les mycoplasmes fré-quemment 
isolés, certains ne 
possèdent pas de pouvoir 
pathogène ou génèrent tout 
au plus une infection subcli-nique. 
Seul M. bovis possède 
un réel pouvoir pathogène. 
Des formes pulmonaires de 
salmonellose atteignent 
essentiellement les veaux de 
boucherie, en élevage inten-sif. 
Salmonella Typhimurium 
est le sérovar le plus couram-ment 
isolé. 
u 
Résumé 
Plan de travail en bois 1 heure 
Paille à 20 °C 24 heures 
Paille à 4 °C 48 heures 
Eau à 20 °C 3 jours 
Eau à 4 °C 7 jours
De Pasteurella à Mannheimia 
! Au sein de l’ex-espèce bactérienne 
Pasteurella haemolytica, trois biotypes 
(“bioviars”) étaient reconnus : 
- le biotype A pour les souches fermen-tant 
- le biotype T pour les souches fermentant 
le tréhalose, mais pas l’arabinose ; 
- un troisième biotype réunissant les 
souches n’appartenant ni au biotype A, ni 
au biotype T. 
! Par taxonomie numérique, il a été montré 
que les souches des biotypes A et T sont 
distinctes, d’où la proposition, faite en 
1990, d’appeler les souches tréhalose-positives 
(biotype T) Pasteurella trehalosi 
et celle, faite en 1999, de dénommer les 
souches appartenant au biotype A 
Mannheimia haemolytica, terme qui doit 
être maintenant utilisé. 
D’autres études (hybridation ADN-ARN) 
tendent à rapprocher Pasteurella haemoly-tica 
d’un autre genre de la famille des 
Pasteurellacae, le genre Actinobacillus (les 
genres Pasteurella et Actinobacillus sont 
en effet très proches, aussi est-il particu-lièrement 
intéressant de comparer les 
facteurs de pathogénicité d’Actinobacillus 
pleuropneumoniae, agent pathogène du 
porc, à ceux de M. haemolytica). 
! Le biotype A (Mannheimia haemolytica) 
constitue le biotype le plus important en 
pathologie respiratoire des bovins. Chez 
le mouton, le biotype A (Mannheimia 
haemolytica) est largement impliqué dans 
les problèmes respiratoires (pneumonie 
enzootique) et le biotype T (Pasteurella 
trehalosi) est responsable de la pasteurel-lose 
septicémique. 
(1) Haemophilus somnus, 
bactérie de la famille des 
Pasteurellacae, est reconnue 
de première importance 
dans les feed-lots d’Amérique 
du Nord. Il n’est pas 
exceptionnel de l’isoler 
dans la mesure où certaines 
précautions sont prises 
par le laboratoire. 
ATTENTION 
• Le biosérotype A1 
de M. haemolytica 
est le plus souvent isolé 
lors d’atteinte respiratoire 
profonde. 
• Le biosérotype A2 
est le plus fréquemment 
isolé du nasopharynx 
des animaux sains. 
• Le biosérotype A6 
est de plus en plus souvent 
isolé des poumons 
pathologiques de bovins. 
! 
/ N° 231 / Décembre 2002 / Le Point Vétérinaire 27 
résistance dans le milieu extérieur est faible. 
Elle est augmentée par le froid ou l’humidité 
(voir le TABLEAU “Résistance de Mannheimia 
haemolytica dans le milieu extérieur”). 
Par hémagglutination passive, il est possible de 
définir dix-sept sérotypes au sein de l’ex-espèce 
Pasteurella haemolytica. Il existe une corréla-tion 
entre les biotypes et les sérotypes : les 
sérotypes 1, 2, 5, 6, 7, 8, 9, 12, 13, 14, 16 et 19 
appartiennent au biotype A, c’est-à-dire à 
l’actuelle espèce Mannheimia haemolytica. 
Certains sérotypes (notamment les sérotypes 1 
et 2) sont des hôtes normaux des voies respira-toires. 
Cependant, M. haemolytica (et ses séroty-pes 
1 et 2) ne constitue pas la flore dominante 
des premières voies respiratoires, et est souvent 
difficile à isoler à partir d’écouvillonnages 
nasaux pratiqués chez des animaux en bonne 
santé. 
Le sérotype 2 est le plus fréquemment isolé du 
nasopharynx des animaux sains. Le sérotype 1 
a été pendant longtemps le plus souvent isolé 
lors d’atteinte respiratoire profonde, d’où le 
terme de pasteurellose à Mannheimia haemoly-tica 
1 (Pasteurella haemolytica A1). Le sérotype 
6 est également isolé de plus en plus fréquem-ment 
depuis quelques années. 
! Le sérotype 1 (ex-Pasteurella haemolytica A1) 
• Facteurs de virulence de Mannheimia 
haemolytica 1 (PhA1) 
Mannheimia haemolytica 1 tire son pouvoir 
pathogène de multiples facteurs de virulence. 
Les souches isolées de matériel pathologique 
possèdent en particulier : 
- des fimbriae (ou pili), qui permettent, semble-t- 
il, une adhésion au niveau des voies respira-toires 
supérieures, facilitant la colonisation de 
l’épithélium pulmonaire ; 
- un polysaccharide de capsule (dont la 
composition chimique varie selon les séroty-pes). 
La capsule, volumineuse chez les souches 
isolées de matériel pathologique, permet l’atta-chement 
aux cellules épithéliales et est chimio-tactique 
pour les polynucléaires neutrophiles, 
tout en s’opposant à la phagocytose (diminu-tion 
de l’ingestion, résistance à la bactéricidie). 
Elle s’oppose également à l’action lytique du 
complément. 
Les fimbriae et le matériel capsulaire sont 
fortement représentés lorsque les bactéries sont 
en phase de multiplication ; 
- le LPS, qui, localement, via l’activation de la 
voie alterne du complément, la stimulation de 
la synthèse de cytokines (IL-1b, TNFa, IL-8) et 
la stimulation de la synthèse des métabolites 
de l’acide arachidonique par les macrophages, 
provoque une inflammation avec infiltration 
cellulaire, notamment par des neutrophiles. Le 
rôle du LPS, dans le chimiotactisme des neutro-philes, 
donc dans la genèse des lésions, est 
important. Il ne semble pas cependant que, 
dans le cadre particulier des pasteurelloses 
respiratoires, il ait des effets systémiques 
majeurs, à moins d’une rupture de l’intégrité de 
la muqueuse respiratoire ; 
- des protéines de membrane (Outer Membrane 
Protein, OMP), qui inhibent la phagocytose des 
l’arabinose mais pas le tréhalose ; 
neutrophiles et la lyse des bactéries ingérées. 
Mannheimia haemolytica 1 sécrète de nombreu-ses 
enzymes (protéases, neuraminidases), qui 
peuvent faciliter la colonisation des muqueu-ses, 
ainsi qu’une leucotoxine. 
La leucotoxine de M. haemolytica est une 
exotoxine thermolabile, classée parmi les “repeat 
in the structural toxin” (RTX) en raison de sa 
structure. Elle est produite seulement par la 
bactérie métaboliquement active (pendant la 
phase exponentielle de la croissance 
bactérienne). 
La leucotoxine est chimiotactique pour les 
leucocytes (et particulièrement pour les polynu-cléaires 
neutrophiles), ce qui induit un recrute-ment 
cellulaire et, secondairement, une 
aggravation des lésions pulmonaires. 
En effet, la leucotoxine est une cytolysine qui, 
en formant des pores dans les membranes des 
cellules cibles (uniquement macrophages, 
leucocytes, thrombocytes des ruminants) ou 
par apoptose, entraîne leur destruction et la 
libération de nombreuses substances phlogo-gènes 
(enzymes protéolytiques, radicaux libres 
oxygénés, eicosanoïdes, histamine). À moindre 
dose, elle favorise la dégranulation des polynu-cléaires 
neutrophiles, ainsi que l’agrégation et 
l’activation des plaquettes (avec thrombose 
vasculaire et exsudation fibrineuse). Elle 
provoque une importante réaction inflamma-toire 
locale (oedème et dépôt de fibrine). 
L’importance de la leucotoxine est mise en 
évidence par l’existence de mutants bactériens 
incapables de synthétiser cette toxine et qui, 
expérimentalement, sont moins pathogènes 
pour les bovins. 
• Pathogénie de l’infection 
à Mannheimia haemolytica 1 (PhA1) 
L’expression du pouvoir pathogène de Mannhei-mia 
haemolytica 1 est conditionnée par une 
première multiplication locale (dans le 
nasopharynx) des germes (donc par leur 
augmentation dans les sécrétions), concomi-tante 
d’une altération des mécanismes de 
défense de l’appareil respiratoire. La rupture 
d’équilibre entre les bactéries commensales et !!
Se former / COURS / 
l’hôte trouve son origine dans les stress de 
transport (“shipping fever”), les regroupements 
d’animaux (“crowding disease”) (PHOTO 1), les 
mauvaises conditions climatiques ou les 
brusques changements d’alimentation. Les 
infections respiratoires virales ou mycoplas-miques 
constituent d’autres facteurs favorisants 
dont l’importance est prouvée expérimentale-ment 
par l’obtention plus aisée de lésions 
pulmonaires typiques chez les animaux soumis 
à un brusque changement climatique ou préala-blement 
inoculés avec un virus respiratoire. 
Grâce à ses facteurs d’attachement (pili, capsule 
en particulier), Mannheimia haemolytica 1 
adhère à l’épithélium, et ce d’autant plus facile-ment 
qu’un agent pathogène primaire (viral par 
exemple) a lésé préalablement la muqueuse. 
L’ensemencement secondaire de l’appareil 
respiratoire profond, par inhalation d’aérosols 
infectieux, conduit à la maladie. L’inflamma-tion 
qui résulte de la multiplication du germe 
dans le poumon s’accompagne d’un afflux 
massif de polynucléaires neutrophiles. Ceux-ci, 
ainsi que les cellules de l’immunité spécifique 
cellulaire (lymphocytes, macrophages alvéolai-res) 
sont détruits par la leucotoxine sécrétée 
alors par Mannheimia haemolytica 1 en phase 
de pleine multiplication. Cela favorise la 
multiplication bactérienne, de même que la 
libération des enzymes intracellulaires exacerbe 
la réponse inflammatoire. 
De cette réaction suicidaire (par réaction 
inflammatoire incontrôlée) résultent les lésions 
typiques de pneumonie broncho-alvéolaire 
fibrineuse ou fibrinohémorragique avec 
présence de foyers de nécrose (PHOTO 2). 
La localisation préférentielle des lésions est, pour 
des raisons anatomiques, cranioventrale. Le tiers 
antéroventral du poumon est préférentiellement 
atteint. Les lésions pulmonaires sont 
symétriques, largement exsudatives et fibrineu-ses 
(PHOTO 3), ce qui les distingue des lésions 
d’origine virale. Elles sont souvent accompagnées 
de lésions de pleurésie fibrineuse, ce qui entraîne 
des adhérences entre lobes ou entre plèvres. Les 
ganglions médiastinaux sont hypertrophiés et 
succulents. Après section des lobes pulmonaires 
atteints, la coupe révèle un aspect hétérogène dû 
à des zones hémorragiques, à des zones de 
nécrose et à des zones de consolidation. La 
nécrose de coagulation est la lésion la plus 
caractéristique de la pasteurellose à Mannhei-mia 
haemolytica. Les foyers de nécrose sont 
rouge sombre, à contours irréguliers, strictement 
limités par un liseré blanchâtre. Les lésions 
inflammatoires sont prédominantes, et sont 
mises en évidence par la présence d’un exsudat 
sérofibrineux dans les espaces interlobulaires et 
celle d’une pleurésie fibrineuse. À la pression, les 
bronches laissent sourdre du liquide, muqueux 
ou purulent, voire hémorragique (présence de 
caillots). L’analyse histologique confirme la 
nature inflammatoire des lésions et permet de 
décrire des lésions caractéristiques (avec une 
zone centrale nécrotique entourée d’une couche 
dense de cellules à l’aspect particulier, dites 
“cellules en grains d’avoine”, ou oat-cells). 
• Immunité 
Dans le poumon sain, la cellule de défense la 
plus importante est le macrophage alvéolaire 
qui assure, avec les anticorps opsonisants, la 
première ligne de défense. 
L’immunité spécifique envers Mannheimia 
haemolyticaa est dirigée contre la leucotoxine, 
les antigènes de capsule et les autres antigènes 
de surface. 
La leucotoxine est un support essentiel de 
l’immunité. La capacité de résistance des 
animaux à la pasteurellose à Mannheimia 
haemolytica est corrélée à leur titre en anticorps 
circulants qui neutralisent la leucotoxine. La 
classe d’anticorps qui semble la plus active est 
celle des IgG, cet isotype étant prédominant 
dans le poumon, par passage des anticorps du 
sérum lors d’inflammation pulmonaire. Les IgA 
(immunité locale) semblent peu efficaces. S’ils 
sont nécessaires à la protection, les anticorps 
antileucotoxine ne sont cependant pas 
suffisants. Ainsi, les anticorps recombinants 
antileucotoxine seuls ne protègent pas contre 
une épreuve virulente expérimentale. Même si 
la résistance à une exposition expérimentale est 
largement corrélée au titre en anticorps neutra-lisant 
la leucotoxine, présents dans le sérum, 
28 Le Point Vétérinaire / N° 231 / Décembre 2002 / 
!! 
PHOTO 1. La mise en lot des jeunes bovins est un facteur 
favorisant de l’expression des pasteurelloses. 
Cliché : A. Douart 
PHOTO 2. Lésions de pneumonie fibrinohémorragique 
avec présence de foyers de nécrose. 
Cliché : A. Douart 
ATTENTION 
• La leucotoxine 
est un support important 
de l’immunité contre 
M. haemolytica. 
• Les anticorps 
antileucotoxine 
de M. haemolytica A1 
protègent contre 
la leucotoxine 
des autres sérotypes. 
!
Classification physiopathologique 
des troubles respiratoires des bovins 
/ N° 231 / Décembre 2002 / Le Point Vétérinaire 29 
d’autres antigènes, en particulier des antigènes 
de surface de la bactérie, participent cependant 
à l’apparition d’une immunité protectrice. 
La leucotoxine n’est jamais produite en grande 
quantité par l’animal sain. M. haemolytica n’est 
alors qu’une bactérie commensale, “dominée”, 
de la flore normale du nasopharynx et 
n’exprime pas ou peu ses capacités de synthèse 
de la leucotoxine. Les animaux qui n’ont pas 
été atteints d’une infection de l’appareil respira-toire 
profond par Mannheimia haemolytica 
n’ont donc que fort peu d’anticorps antileuco-toxine, 
le site majeur de la réponse immune 
étant le poumon. Les animaux “naturellement” 
immunisés ont probablement fait l’objet d’une 
infection pulmonaire subclinique, laquelle a 
induit une réponse immune à ce niveau. 
Les anticorps anticapsule complètent l’action 
des anticorps antileucotoxine, en favorisant 
l’opsonisation, sous la protection d’une neutra-lisation 
de la leucotoxine. 
Les fimbriae, seuls, induisent une protection 
incomplète, mais participent à la protection 
conférée par les vaccins mis sur le marché au 
cours des dernières années. 
Ceux-ci, réalisés à partir d’un surnageant de 
culture en phase logarithmique de croissance 
contenant des fimbriae, du matériel capsulaire 
et de la leucotoxine, induisent la production 
d’un ensemble d’anticorps agglutinants, opsoni-sants, 
anticapsulaires et neutralisant la toxine. 
Les anticorps dirigés contre le LPS n’ont aucune 
efficacité pour protéger les animaux d’une 
infection expérimentale. C’est pourquoi les 
organismes bactériens (et le LPS) ont été 
éliminés des derniers vaccins commercialisés, 
ce qui supprime nombre d’effets secondaires 
défavorables. 
! Les autres sérovars 
Le sérotype 6 est de plus en plus souvent isolé 
des poumons pathologiques de bovins, qu’il 
s’agisse de veaux ou de broutards. 
La comparaison des groupages capsulaires 
réalisés, dans la première moitié des années 
1990, par hémagglutination passive, au Labora-toire 
national de pathologie bovine (actuelle-ment 
Afssa-Lyon) sur les souches françaises 
d’origine bovine montrait que, chez les bovins, 
le sérotype A1 de Pasteurella haemolytica 
prédominait très nettement. Un bilan récent 
réalisé sur soixante-cinq isolats issus de bovins 
d’origine française, reçus entre 1997 et 2000 et 
typés à l’Afssa-Lyon, montre qu’au cours de ces 
dernières années le sérotype 6 a progressé 
notablement, le pourcentage de souches A6 
devenant proche de celui des souches A1. Selon 
J.-L. Martel, directeur de l’Afssa-Lyon, deux 
points doivent être précisés : d’une part, de 
nombreuses souches (environ un tiers) ne sont 
pas typables par hémagglutination passive ; 
d’autre part, les souches typées n’ont pas été 
collectées dans le cadre d’études épidémiolo-giques 
spécifiques et, en conséquence, les 
résultats obtenus ne sont qu’une indication de 
la fréquence relative de certains groupes 
capsulaires en pathologie. 
Toutefois, pour les souches d’origine bovine 
reçues au laboratoire de Lyon, les critères de 
recrutement étaient similaires au cours des 
périodes antérieures (isolements dans un 
contexte pathologique et, en général, sélection 
des souches résistantes aux antibiotiques) et la 
progression du type A6 reflète une réelle 
tendance épidémiologique. 
D’autres études étayent ces résultats. Ainsi, 48 % 
des cent douze souches isolées chez des bovins 
malades par lavage broncho-alvéolaire, entre 
1991 et 1998 en Europe (principalement en 
France), appartiennent au sérotype A6, contre 
44 % pour le sérotype A1. 
Ce phénomène est constaté également dans les 
quelques rares pays où le typage capsulaire est 
réalisé. Au Royaume-Uni, le sérotype A6 
représente 32 % des isolements pour la période 
!! 
PHOTO 3. Les lésions pulmonaires lors de bronchopneumonie infectieuse 
sont symétriques, exsudatives et fibrineuses. Elles intéressent surtout le tiers 
antéroventral du poumon. 
Cliché : A. Douart 
Selon P. Lekeux, les bronchopneumonies 
infectieuses peuvent être scindées en 
quatre stades cliniques, selon la sévérité 
de la maladie, les mécanismes physiopa-thologiques 
mis en oeuvre et le niveau de 
réversibilité. 
! Le stade 1 décrit la maladie subclinique. 
Les mécanismes de défense physiolo-giques 
fonctionnent alors de manière 
adéquate. La prolifération bactérienne est 
contrôlée sans réaction inflammatoire 
significative. Il n’y a pas ou peu de dysfonc-tionnement 
pulmonaire, les symptômes 
sont discrets. 
! Le stade 2 correspond à la maladie 
clinique compensée. Les différents 
mécanismes mis en jeu tendent à limiter 
l’atteinte fonctionnelle chez l’animal 
malade. La résultante de ces processus 
est la correction des perturbations des 
échanges gazeux. À ce stade, la réaction 
inflammatoire et les adaptations fonction-nelles 
induites par la prolifération 
bactérienne sont bénéfiques. Il n’y a pas 
lieu de les inhiber systématiquement. 
! Le stade 3 est la maladie clinique 
décompensée. La réponse de l’animal 
malade à l’agression bactérienne tend à 
aggraver le déficit fonctionnel. L’animal est 
plus affecté par ces dysfonctionnements 
et par les lésions induites par la réponse 
inflammatoire que par les agents pathogè-nes 
eux-mêmes. Pour éviter une issue 
défavorable, il convient de contrôler les 
réponses inflammatoires excessives et les 
adaptations fonctionnelles inadéquates. 
! Le stade 4 est la maladie clinique irréver-sible. 
Les lésions pulmonaires, induites par 
les agents pathogènes ou la réponse 
inflammatoire, menacent le niveau de 
performance de l’animal et même sa survie. 
Cette classification permet d’ajuster le 
schéma thérapeutique (utilisation ou non 
des anti-infectieux, des anti-inflammatoi-res 
et des modificateurs de la fonction 
respiratoire) et le devenir de l’animal 
malade (réforme ou traitement) selon les 
désordres qu’il subit. Elle relève de l’appré-ciation 
d’indicateurs pertinents (lactates 
sanguins, saturation de l’hémoglobine en 
oxygène), qui, seuls, permettent de situer 
l’animal malade soumis à l’examen clinique 
dans l’un ou l’autre stade.
Se former / COURS / 
Points forts 
! Les bactéries les plus 
fréquemment isolées des 
poumons pathologiques de 
bovins sont des pasteurelles. 
! Les pasteurelles 
sont des hôtes habituels 
du nasopharynx des bovins, 
où elles vivent en germes 
commensaux. 
! La rupture d’équilibre entre 
les bactéries commensales 
et l’hôte trouve son origine 
dans le stress de transport, 
les regroupements d’animaux, 
les mauvaises conditions 
climatiques ou les brusques 
changements d’alimentation. 
! La “pasteurellose” 
fait fréquemment suite 
à une primo-infection virale 
ou mycoplasmique. 
! La résistance 
des pasteurelles dans 
le milieu extérieur est faible. 
! P. multocida A3 est de plus 
en plus fréquemment isolé 
des poumons de bovins. 
! En raison de leur 
croissance plus rapide 
que celle des espèces 
pathogènes, M. bovirhinis, 
arginini, et bovigenitalium, 
et Acholeplasma laidlawii 
constituent souvent une gêne 
au diagnostic. 
! M. dispar et Ureaplasma 
diversum ne sont que 
des agents pathogènes 
initiateurs occasionnels. 
! M. bovis possède 
un pouvoir pathogène 
et immunodépresseur, 
ainsi qu’une activité invasive 
et septicémique. 
! Les formes pulmonaires de 
salmonellose chez les veaux 
de boucherie peuvent être 
extrêmement contagieuses. 
1993-1997, contre seulement 3 % lors des quatre 
années précédentes. Aux États-Unis, 27 % des 
cent vingt-quatre souches typées en 1996, qui 
proviennent de veaux morts de maladie respira-toire, 
appartiennent au sérotype A6 (60 % au 
sérotype A1). 
Le pouvoir pathogène de ces souches semble 
aussi important que celui des souches de 
sérotype 1. Les mécanismes pathogéniques sont 
les mêmes que ceux mis en oeuvre par les 
souches de sérotype 1. 
Les différents sérotypes de Mannheimia 
haemolytica produisent une leucotoxine. La 
leucotoxine n’est pas spécifique du sérotype. 
Ainsi, les anticorps antileucotoxine de Mannhei-mia 
haemolytica 1 protègent contre celles des 
autres sérotypes, même si les anticorps dirigés 
contre les facteurs capsulaires, spécifiques du 
sérotype, ont aussi une réelle importance dans 
la protection contre les pasteurelles. 
2. Pasteurella multocida 
Des données relativement anciennes montraient 
qu’environ un tiers des pasteurelles isolées des 
poumons de bovins appartenaient à l’espèce 
Pasteurella multocida, au type capsulaire A, au 
type somatique 3 (P. multocida A3). Une 
première étude, menée chez des veaux de 
boucherie à partir d’aspirations transtrachéa-les 
par Six, a montré que P. multocida était la 
bactérie la plus fréquemment isolée chez les 
animaux atteints de troubles respiratoires. Un 
bilan national, effectué récemment à partir des 
données du Résabo(2), montre qu’au cours des 
dernières années les fréquences relatives des 
souches de P. multocida et de M. haemolytica se 
sont inversées, P. multocida occupant aujour-d’hui 
la première place devant M. haemolytica 
en régression dans les prélèvements patholo-giques. 
Cette évolution coïncide avec l’arrivée 
sur le marché des vaccins de nouvelle généra-tion 
qui ne comportent pas la valence Pasteu-rella 
multocida. 
Les souches de Pasteurella multocida isolées 
chez les bovins sont dépourvues de pili et ne 
produisent pas de toxine, différant ainsi de 
celles du porc (coresponsable de la rhinite 
atrophique) qui appartiennent au type D. 
Leur pouvoir pathogène apparaît moins 
important que celui de M. haemolytica. Le 
facteur de pathogénicité essentiel semble le LPS. 
Cependant, alors que celui-ci joue un rôle 
important dans la protection contre la pasteu-rellose 
aviaire, il semble moins efficace dans la 
protection contre les infections à P. multocida 
dans les autres espèces (y compris l’espèce 
bovine). Les études concernant P. multocida sont 
moins avancées que celles effectuées sur 
M. haemolytica, mais nul doute que l’importance 
réelle des pneumopathies à P. multocida favori-sera 
les recherches sur cette espèce bactérienne. 
Les mycoplasmes 
Des mycoplasmes sont fréquemment isolés des 
poumons pathologiques de bovins. Les différen-tes 
espèces en cause ne possèdent pas toutes le 
même pouvoir pathogène. 
M. bovirhinis, M. arginini, M. bovigenitalium et 
Acholeplasma laidlawii sont fréquemment isolés, 
mais ne possèdent pas de pouvoir pathogène 
expérimental. Ils constituent cependant une 
gêne au diagnostic car, de croissance plus aisée 
et plus rapide que les espèces réputées pathogè-nes, 
ils empêchent fréquemment leur isolement 
et, par conséquence, leur implication dans les 
phénomènes pathologiques. 
M. disparcomme Ureaplasma diversum sont aussi 
fréquemment isolés des lésions. Expérimentale-ment, 
ils génèrent au plus une infection subcli-nique 
et doivent donc être considérés comme des 
agents pathogènes occasionnels, qui participent 
à l’initiation des problèmes respiratoires. 
Si l’on fait abstraction de M. mycoides mycoides 
SC, agent de la péripneumonie contagieuse 
bovine (PPCB), M. bovis reste le seul 
mycoplasme réellement et fréquemment 
impliqué dans les problèmes respiratoires des 
jeunes bovins. Six, à partir d’aspirations transtra-chéales, 
l’isole fréquemment chez le veau de 
boucherie atteint de troubles respiratoires (44 % 
des prélèvements positifs). D’après Le Grand, en 
élevage allaitant et selon les régions, le pourcen-tage 
de troupeaux contenant au moins un animal 
séropositif varie de 28 à 90 %. Son pouvoir 
pathogène semble réel : doué de contagiosité, il 
adhère aux épithéliums et altère les mécanismes 
de transport mucociliaire. Un certain pouvoir 
immunodépresseur s’ajoute à ces facteurs de 
pathogénicité, ce qui favorise la genèse de lésions 
de pneumonie interstitielle. À cette action 
pathogène au niveau de l’appareil respiratoire 
s’ajoute un réel pouvoir invasif et septicémique 
qui explique la fréquence des atteintes articu-laires, 
à la suite des problèmes respiratoires. 
Dans l’état actuel des connaissances, il est 
cependant difficile de préciser le rôle de 
M. bovis en pathologie respiratoire des bovins ; 
à ce jour, son activité directe n’est pas 
démontrée, en revanche, son rôle d’initiateur 
et de potentialisateur est largement admis. Il 
est fréquemment isolé en association avec 
d’autres agents pathogènes, des Pasteurelles en 
particulier. 
Le genre Salmonella 
Les formes pulmonaires de salmonellose 
atteignent pour l’essentiel les veaux de bouche-rie, 
en élevage intensif. Elles font suite à une 
dissémination par voie sanguine, constituant 
une complication respiratoire des formes entéri-tiques 
typiques, ou bien elles sont liées à une 
contamination par voie aérienne (les paramèt-res 
d’ambiance, notamment le fort degré 
hygrométrique, favorisent la survie des 
salmonelles dans les aérosols) et peuvent évoluer 
alors en l’absence de diarrhée. Ces formes 
pulmonaires sont extrêmement contagieuses. 
Le sérovar le plus couramment isolé est le 
sérovar Typhimurium.  
30 Le Point Vétérinaire / N° 231 / Décembre 2002 / 
!! 
(2) Résabo : Réseau 
de surveillance de la 
résistance aux antibiotiques 
des bactéries pathogènes 
pour les bovins, devenu 
aujourd’hui “Résapath” 
(voir l’article “La salmonellose 
chez les ruminants”, 
par J.-L. Martel. Point Vét. 
2001;32(221):34). 
La bibliographie de cet article 
est consultable 
sur le site www.planete-vet.com 
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Pathologie respiratoire. agents bactériens impliqués dans les bpi des bovins

  • 1. Se former / COURS / PATHOLOGIE RESPIRATOIRE Agents bactériens impliqués dans les BPI des bovins Les pasteurelles (Mannheimia haemolytica et Pasteurella multocida) et les mycoplasmes (Mycoplasma bovis) sont les principaux agents bactériens impliqués dans les affections de l’appareil respiratoire profond des bovins. par Alain Douart Médecine des animaux d’élevage, ENVN,Atlanpole La Chantrerie, BP 40706, 44307 Nantes Cedex 03 es bronchopneumonies infectieuses (BPI) des jeunes bovins relèvent le plus souvent d’une étiologie complexe où interagissent de manière séquentielle et synergique trois types de facteurs : ❶ des facteurs prédisposants : anatomie de l’appareil respiratoire, immaturité physiolo-gique et fonctionnelle de l’appareil respiratoire des jeunes bovins, en particulier dans les races dites “viandeuses” ; ❷ des facteurs favorisants, qui agissent soit en augmentant les risques de contamination des animaux, soit en diminuant leurs moyens de défense générale ou locale ; ❸ des agents microbiens, qui, même s’ils ne peuvent pas le plus souvent agir isolément, restent les éléments indispensables des attein-tes de l’appareil respiratoire profond des bovins. Les agents microbiens impliqués dans ces bronchopneumonies sont de nature virale (VRSB, virus PI3, coronavirus, BVDV, BHV1, etc.) ou bactérienne. De très nombreuses espèces bactériennes peuvent être isolées de lésions pulmonaires lors d’évolution de BPI. Celles-ci sont responsables de la gravité des lésions, du passage à la chronicité et de l’appa-rition de non-valeurs économiques. Les bactéries les plus fréquemment isolées des poumons de bovins malades sont des pasteu-relles : Mannheimia haemolytica et Pasteurella multocida. D’autres bactéries sont également isolées, entre autres des mycoplasmes (Mycoplasma bovis), des corynébactéries (Arcanobacterium pyogenes), des salmonelles (Salmonella Typhimurium) et une autre bactérie de la famille des Pasteurellacae, Haemophilus somnus(1). Les pasteurelles Les pasteurelles sont à l’évidence, par leur fréquence d’isolement (l’essentiel des souches bactériennes isolées lors de troubles respira-toires chez les jeunes bovins appartient à l’une des deux espèces bactériennes citées) et l’impor-tance de leur pouvoir pathogène, les bactéries qui méritent le plus d’attention. Les pasteurel-les sont des hôtes normaux du nasopharynx des bovins, où elles vivent en germes commensaux chez nombre d’entre eux, sous forme de flore 26 Le Point Vétérinaire / N° 231 / Décembre 2002 / Résistance de Mannheimia haemolytica dans le milieu extérieur Milieu Résistance dominée. Le veau se contamine très tôt après sa naissance, sans doute par contact nez à nez avec sa mère. 1. Mannheimia haemolytica Mannheimia haemolytica est la pasteurelle réputée la plus pathogène chez les bovins (voir l’ENCADRÉ “De Pasteurella à Mannheimia”). Cependant, même s’il semble exister des souches de M. haemolytica dont le pouvoir pathogène est suffisant pour qu’elles soient des agents pathogènes primaires, le plus souvent, la “pasteurellose” est secondaire, soit à une primo-infection virale ou mycoplasmique, soit à tout autre facteur d’agression des systèmes de défense de l’animal (stress, ambiance délétère). D’une manière générale, l’administration de M. haemolytica par voie nasale chez des animaux sains est peu probante : les bactéries qui pénètrent jusqu’au poumon sont rapide-ment éliminées (90 % en quatre heures), avec tout au plus l’apparition d’une fièvre transitoire et d’une infiltration neutrophilique discrète du poumon. Le “shunt” des premières voies respiratoires permet une reproduction plus aisée des lésions pulmonaires de pasteurellose. Au bilan, M. haemolytica, sans satisfaire pleine-ment à la rigueur des postulats de Koch, apparaît néanmoins comme un agent pathogène majeur. Mannheimia haemolytica est un parasite ou un commensal obligatoire des bovins et des ovins. Toutes les souches sont isolées chez les bovins et chez les ovins. La bactérie n’est pas retrouvée dans le milieu extérieur, sauf lorsque celui-ci est contaminé par un animal excréteur. Sa Même s’ils ne peuvent L pas le plus souvent agir isolément, les agents microbi-ens sont les éléments essen-tiels des bronchopneumonies infectieuses des jeunes bovins. Parmi les bactéries, les pas-teurelles sont celles qui sont le plus fréquemment isolées. Deux espèces jouent un rôle particulièrement important : Mannheimia haemolytica et Pasteurella multocida. Les sérotypes 1 et 6 de M. hae-molytica (PhA1, PhA6) possè-dent de nombreux facteurs de virulence. La leucotoxine joue un rôle pathogène détermi-nant et est un support impor-tant de l’immunité. Des myco-plasmes sont fréquemment isolés des poumons de bovins atteints de troubles respira-toires. Les différentes espèces isolées ne possèdent pas le même pouvoir pathogène. Parmi les mycoplasmes fré-quemment isolés, certains ne possèdent pas de pouvoir pathogène ou génèrent tout au plus une infection subcli-nique. Seul M. bovis possède un réel pouvoir pathogène. Des formes pulmonaires de salmonellose atteignent essentiellement les veaux de boucherie, en élevage inten-sif. Salmonella Typhimurium est le sérovar le plus couram-ment isolé. u Résumé Plan de travail en bois 1 heure Paille à 20 °C 24 heures Paille à 4 °C 48 heures Eau à 20 °C 3 jours Eau à 4 °C 7 jours
  • 2. De Pasteurella à Mannheimia ! Au sein de l’ex-espèce bactérienne Pasteurella haemolytica, trois biotypes (“bioviars”) étaient reconnus : - le biotype A pour les souches fermen-tant - le biotype T pour les souches fermentant le tréhalose, mais pas l’arabinose ; - un troisième biotype réunissant les souches n’appartenant ni au biotype A, ni au biotype T. ! Par taxonomie numérique, il a été montré que les souches des biotypes A et T sont distinctes, d’où la proposition, faite en 1990, d’appeler les souches tréhalose-positives (biotype T) Pasteurella trehalosi et celle, faite en 1999, de dénommer les souches appartenant au biotype A Mannheimia haemolytica, terme qui doit être maintenant utilisé. D’autres études (hybridation ADN-ARN) tendent à rapprocher Pasteurella haemoly-tica d’un autre genre de la famille des Pasteurellacae, le genre Actinobacillus (les genres Pasteurella et Actinobacillus sont en effet très proches, aussi est-il particu-lièrement intéressant de comparer les facteurs de pathogénicité d’Actinobacillus pleuropneumoniae, agent pathogène du porc, à ceux de M. haemolytica). ! Le biotype A (Mannheimia haemolytica) constitue le biotype le plus important en pathologie respiratoire des bovins. Chez le mouton, le biotype A (Mannheimia haemolytica) est largement impliqué dans les problèmes respiratoires (pneumonie enzootique) et le biotype T (Pasteurella trehalosi) est responsable de la pasteurel-lose septicémique. (1) Haemophilus somnus, bactérie de la famille des Pasteurellacae, est reconnue de première importance dans les feed-lots d’Amérique du Nord. Il n’est pas exceptionnel de l’isoler dans la mesure où certaines précautions sont prises par le laboratoire. ATTENTION • Le biosérotype A1 de M. haemolytica est le plus souvent isolé lors d’atteinte respiratoire profonde. • Le biosérotype A2 est le plus fréquemment isolé du nasopharynx des animaux sains. • Le biosérotype A6 est de plus en plus souvent isolé des poumons pathologiques de bovins. ! / N° 231 / Décembre 2002 / Le Point Vétérinaire 27 résistance dans le milieu extérieur est faible. Elle est augmentée par le froid ou l’humidité (voir le TABLEAU “Résistance de Mannheimia haemolytica dans le milieu extérieur”). Par hémagglutination passive, il est possible de définir dix-sept sérotypes au sein de l’ex-espèce Pasteurella haemolytica. Il existe une corréla-tion entre les biotypes et les sérotypes : les sérotypes 1, 2, 5, 6, 7, 8, 9, 12, 13, 14, 16 et 19 appartiennent au biotype A, c’est-à-dire à l’actuelle espèce Mannheimia haemolytica. Certains sérotypes (notamment les sérotypes 1 et 2) sont des hôtes normaux des voies respira-toires. Cependant, M. haemolytica (et ses séroty-pes 1 et 2) ne constitue pas la flore dominante des premières voies respiratoires, et est souvent difficile à isoler à partir d’écouvillonnages nasaux pratiqués chez des animaux en bonne santé. Le sérotype 2 est le plus fréquemment isolé du nasopharynx des animaux sains. Le sérotype 1 a été pendant longtemps le plus souvent isolé lors d’atteinte respiratoire profonde, d’où le terme de pasteurellose à Mannheimia haemoly-tica 1 (Pasteurella haemolytica A1). Le sérotype 6 est également isolé de plus en plus fréquem-ment depuis quelques années. ! Le sérotype 1 (ex-Pasteurella haemolytica A1) • Facteurs de virulence de Mannheimia haemolytica 1 (PhA1) Mannheimia haemolytica 1 tire son pouvoir pathogène de multiples facteurs de virulence. Les souches isolées de matériel pathologique possèdent en particulier : - des fimbriae (ou pili), qui permettent, semble-t- il, une adhésion au niveau des voies respira-toires supérieures, facilitant la colonisation de l’épithélium pulmonaire ; - un polysaccharide de capsule (dont la composition chimique varie selon les séroty-pes). La capsule, volumineuse chez les souches isolées de matériel pathologique, permet l’atta-chement aux cellules épithéliales et est chimio-tactique pour les polynucléaires neutrophiles, tout en s’opposant à la phagocytose (diminu-tion de l’ingestion, résistance à la bactéricidie). Elle s’oppose également à l’action lytique du complément. Les fimbriae et le matériel capsulaire sont fortement représentés lorsque les bactéries sont en phase de multiplication ; - le LPS, qui, localement, via l’activation de la voie alterne du complément, la stimulation de la synthèse de cytokines (IL-1b, TNFa, IL-8) et la stimulation de la synthèse des métabolites de l’acide arachidonique par les macrophages, provoque une inflammation avec infiltration cellulaire, notamment par des neutrophiles. Le rôle du LPS, dans le chimiotactisme des neutro-philes, donc dans la genèse des lésions, est important. Il ne semble pas cependant que, dans le cadre particulier des pasteurelloses respiratoires, il ait des effets systémiques majeurs, à moins d’une rupture de l’intégrité de la muqueuse respiratoire ; - des protéines de membrane (Outer Membrane Protein, OMP), qui inhibent la phagocytose des l’arabinose mais pas le tréhalose ; neutrophiles et la lyse des bactéries ingérées. Mannheimia haemolytica 1 sécrète de nombreu-ses enzymes (protéases, neuraminidases), qui peuvent faciliter la colonisation des muqueu-ses, ainsi qu’une leucotoxine. La leucotoxine de M. haemolytica est une exotoxine thermolabile, classée parmi les “repeat in the structural toxin” (RTX) en raison de sa structure. Elle est produite seulement par la bactérie métaboliquement active (pendant la phase exponentielle de la croissance bactérienne). La leucotoxine est chimiotactique pour les leucocytes (et particulièrement pour les polynu-cléaires neutrophiles), ce qui induit un recrute-ment cellulaire et, secondairement, une aggravation des lésions pulmonaires. En effet, la leucotoxine est une cytolysine qui, en formant des pores dans les membranes des cellules cibles (uniquement macrophages, leucocytes, thrombocytes des ruminants) ou par apoptose, entraîne leur destruction et la libération de nombreuses substances phlogo-gènes (enzymes protéolytiques, radicaux libres oxygénés, eicosanoïdes, histamine). À moindre dose, elle favorise la dégranulation des polynu-cléaires neutrophiles, ainsi que l’agrégation et l’activation des plaquettes (avec thrombose vasculaire et exsudation fibrineuse). Elle provoque une importante réaction inflamma-toire locale (oedème et dépôt de fibrine). L’importance de la leucotoxine est mise en évidence par l’existence de mutants bactériens incapables de synthétiser cette toxine et qui, expérimentalement, sont moins pathogènes pour les bovins. • Pathogénie de l’infection à Mannheimia haemolytica 1 (PhA1) L’expression du pouvoir pathogène de Mannhei-mia haemolytica 1 est conditionnée par une première multiplication locale (dans le nasopharynx) des germes (donc par leur augmentation dans les sécrétions), concomi-tante d’une altération des mécanismes de défense de l’appareil respiratoire. La rupture d’équilibre entre les bactéries commensales et !!
  • 3. Se former / COURS / l’hôte trouve son origine dans les stress de transport (“shipping fever”), les regroupements d’animaux (“crowding disease”) (PHOTO 1), les mauvaises conditions climatiques ou les brusques changements d’alimentation. Les infections respiratoires virales ou mycoplas-miques constituent d’autres facteurs favorisants dont l’importance est prouvée expérimentale-ment par l’obtention plus aisée de lésions pulmonaires typiques chez les animaux soumis à un brusque changement climatique ou préala-blement inoculés avec un virus respiratoire. Grâce à ses facteurs d’attachement (pili, capsule en particulier), Mannheimia haemolytica 1 adhère à l’épithélium, et ce d’autant plus facile-ment qu’un agent pathogène primaire (viral par exemple) a lésé préalablement la muqueuse. L’ensemencement secondaire de l’appareil respiratoire profond, par inhalation d’aérosols infectieux, conduit à la maladie. L’inflamma-tion qui résulte de la multiplication du germe dans le poumon s’accompagne d’un afflux massif de polynucléaires neutrophiles. Ceux-ci, ainsi que les cellules de l’immunité spécifique cellulaire (lymphocytes, macrophages alvéolai-res) sont détruits par la leucotoxine sécrétée alors par Mannheimia haemolytica 1 en phase de pleine multiplication. Cela favorise la multiplication bactérienne, de même que la libération des enzymes intracellulaires exacerbe la réponse inflammatoire. De cette réaction suicidaire (par réaction inflammatoire incontrôlée) résultent les lésions typiques de pneumonie broncho-alvéolaire fibrineuse ou fibrinohémorragique avec présence de foyers de nécrose (PHOTO 2). La localisation préférentielle des lésions est, pour des raisons anatomiques, cranioventrale. Le tiers antéroventral du poumon est préférentiellement atteint. Les lésions pulmonaires sont symétriques, largement exsudatives et fibrineu-ses (PHOTO 3), ce qui les distingue des lésions d’origine virale. Elles sont souvent accompagnées de lésions de pleurésie fibrineuse, ce qui entraîne des adhérences entre lobes ou entre plèvres. Les ganglions médiastinaux sont hypertrophiés et succulents. Après section des lobes pulmonaires atteints, la coupe révèle un aspect hétérogène dû à des zones hémorragiques, à des zones de nécrose et à des zones de consolidation. La nécrose de coagulation est la lésion la plus caractéristique de la pasteurellose à Mannhei-mia haemolytica. Les foyers de nécrose sont rouge sombre, à contours irréguliers, strictement limités par un liseré blanchâtre. Les lésions inflammatoires sont prédominantes, et sont mises en évidence par la présence d’un exsudat sérofibrineux dans les espaces interlobulaires et celle d’une pleurésie fibrineuse. À la pression, les bronches laissent sourdre du liquide, muqueux ou purulent, voire hémorragique (présence de caillots). L’analyse histologique confirme la nature inflammatoire des lésions et permet de décrire des lésions caractéristiques (avec une zone centrale nécrotique entourée d’une couche dense de cellules à l’aspect particulier, dites “cellules en grains d’avoine”, ou oat-cells). • Immunité Dans le poumon sain, la cellule de défense la plus importante est le macrophage alvéolaire qui assure, avec les anticorps opsonisants, la première ligne de défense. L’immunité spécifique envers Mannheimia haemolyticaa est dirigée contre la leucotoxine, les antigènes de capsule et les autres antigènes de surface. La leucotoxine est un support essentiel de l’immunité. La capacité de résistance des animaux à la pasteurellose à Mannheimia haemolytica est corrélée à leur titre en anticorps circulants qui neutralisent la leucotoxine. La classe d’anticorps qui semble la plus active est celle des IgG, cet isotype étant prédominant dans le poumon, par passage des anticorps du sérum lors d’inflammation pulmonaire. Les IgA (immunité locale) semblent peu efficaces. S’ils sont nécessaires à la protection, les anticorps antileucotoxine ne sont cependant pas suffisants. Ainsi, les anticorps recombinants antileucotoxine seuls ne protègent pas contre une épreuve virulente expérimentale. Même si la résistance à une exposition expérimentale est largement corrélée au titre en anticorps neutra-lisant la leucotoxine, présents dans le sérum, 28 Le Point Vétérinaire / N° 231 / Décembre 2002 / !! PHOTO 1. La mise en lot des jeunes bovins est un facteur favorisant de l’expression des pasteurelloses. Cliché : A. Douart PHOTO 2. Lésions de pneumonie fibrinohémorragique avec présence de foyers de nécrose. Cliché : A. Douart ATTENTION • La leucotoxine est un support important de l’immunité contre M. haemolytica. • Les anticorps antileucotoxine de M. haemolytica A1 protègent contre la leucotoxine des autres sérotypes. !
  • 4. Classification physiopathologique des troubles respiratoires des bovins / N° 231 / Décembre 2002 / Le Point Vétérinaire 29 d’autres antigènes, en particulier des antigènes de surface de la bactérie, participent cependant à l’apparition d’une immunité protectrice. La leucotoxine n’est jamais produite en grande quantité par l’animal sain. M. haemolytica n’est alors qu’une bactérie commensale, “dominée”, de la flore normale du nasopharynx et n’exprime pas ou peu ses capacités de synthèse de la leucotoxine. Les animaux qui n’ont pas été atteints d’une infection de l’appareil respira-toire profond par Mannheimia haemolytica n’ont donc que fort peu d’anticorps antileuco-toxine, le site majeur de la réponse immune étant le poumon. Les animaux “naturellement” immunisés ont probablement fait l’objet d’une infection pulmonaire subclinique, laquelle a induit une réponse immune à ce niveau. Les anticorps anticapsule complètent l’action des anticorps antileucotoxine, en favorisant l’opsonisation, sous la protection d’une neutra-lisation de la leucotoxine. Les fimbriae, seuls, induisent une protection incomplète, mais participent à la protection conférée par les vaccins mis sur le marché au cours des dernières années. Ceux-ci, réalisés à partir d’un surnageant de culture en phase logarithmique de croissance contenant des fimbriae, du matériel capsulaire et de la leucotoxine, induisent la production d’un ensemble d’anticorps agglutinants, opsoni-sants, anticapsulaires et neutralisant la toxine. Les anticorps dirigés contre le LPS n’ont aucune efficacité pour protéger les animaux d’une infection expérimentale. C’est pourquoi les organismes bactériens (et le LPS) ont été éliminés des derniers vaccins commercialisés, ce qui supprime nombre d’effets secondaires défavorables. ! Les autres sérovars Le sérotype 6 est de plus en plus souvent isolé des poumons pathologiques de bovins, qu’il s’agisse de veaux ou de broutards. La comparaison des groupages capsulaires réalisés, dans la première moitié des années 1990, par hémagglutination passive, au Labora-toire national de pathologie bovine (actuelle-ment Afssa-Lyon) sur les souches françaises d’origine bovine montrait que, chez les bovins, le sérotype A1 de Pasteurella haemolytica prédominait très nettement. Un bilan récent réalisé sur soixante-cinq isolats issus de bovins d’origine française, reçus entre 1997 et 2000 et typés à l’Afssa-Lyon, montre qu’au cours de ces dernières années le sérotype 6 a progressé notablement, le pourcentage de souches A6 devenant proche de celui des souches A1. Selon J.-L. Martel, directeur de l’Afssa-Lyon, deux points doivent être précisés : d’une part, de nombreuses souches (environ un tiers) ne sont pas typables par hémagglutination passive ; d’autre part, les souches typées n’ont pas été collectées dans le cadre d’études épidémiolo-giques spécifiques et, en conséquence, les résultats obtenus ne sont qu’une indication de la fréquence relative de certains groupes capsulaires en pathologie. Toutefois, pour les souches d’origine bovine reçues au laboratoire de Lyon, les critères de recrutement étaient similaires au cours des périodes antérieures (isolements dans un contexte pathologique et, en général, sélection des souches résistantes aux antibiotiques) et la progression du type A6 reflète une réelle tendance épidémiologique. D’autres études étayent ces résultats. Ainsi, 48 % des cent douze souches isolées chez des bovins malades par lavage broncho-alvéolaire, entre 1991 et 1998 en Europe (principalement en France), appartiennent au sérotype A6, contre 44 % pour le sérotype A1. Ce phénomène est constaté également dans les quelques rares pays où le typage capsulaire est réalisé. Au Royaume-Uni, le sérotype A6 représente 32 % des isolements pour la période !! PHOTO 3. Les lésions pulmonaires lors de bronchopneumonie infectieuse sont symétriques, exsudatives et fibrineuses. Elles intéressent surtout le tiers antéroventral du poumon. Cliché : A. Douart Selon P. Lekeux, les bronchopneumonies infectieuses peuvent être scindées en quatre stades cliniques, selon la sévérité de la maladie, les mécanismes physiopa-thologiques mis en oeuvre et le niveau de réversibilité. ! Le stade 1 décrit la maladie subclinique. Les mécanismes de défense physiolo-giques fonctionnent alors de manière adéquate. La prolifération bactérienne est contrôlée sans réaction inflammatoire significative. Il n’y a pas ou peu de dysfonc-tionnement pulmonaire, les symptômes sont discrets. ! Le stade 2 correspond à la maladie clinique compensée. Les différents mécanismes mis en jeu tendent à limiter l’atteinte fonctionnelle chez l’animal malade. La résultante de ces processus est la correction des perturbations des échanges gazeux. À ce stade, la réaction inflammatoire et les adaptations fonction-nelles induites par la prolifération bactérienne sont bénéfiques. Il n’y a pas lieu de les inhiber systématiquement. ! Le stade 3 est la maladie clinique décompensée. La réponse de l’animal malade à l’agression bactérienne tend à aggraver le déficit fonctionnel. L’animal est plus affecté par ces dysfonctionnements et par les lésions induites par la réponse inflammatoire que par les agents pathogè-nes eux-mêmes. Pour éviter une issue défavorable, il convient de contrôler les réponses inflammatoires excessives et les adaptations fonctionnelles inadéquates. ! Le stade 4 est la maladie clinique irréver-sible. Les lésions pulmonaires, induites par les agents pathogènes ou la réponse inflammatoire, menacent le niveau de performance de l’animal et même sa survie. Cette classification permet d’ajuster le schéma thérapeutique (utilisation ou non des anti-infectieux, des anti-inflammatoi-res et des modificateurs de la fonction respiratoire) et le devenir de l’animal malade (réforme ou traitement) selon les désordres qu’il subit. Elle relève de l’appré-ciation d’indicateurs pertinents (lactates sanguins, saturation de l’hémoglobine en oxygène), qui, seuls, permettent de situer l’animal malade soumis à l’examen clinique dans l’un ou l’autre stade.
  • 5. Se former / COURS / Points forts ! Les bactéries les plus fréquemment isolées des poumons pathologiques de bovins sont des pasteurelles. ! Les pasteurelles sont des hôtes habituels du nasopharynx des bovins, où elles vivent en germes commensaux. ! La rupture d’équilibre entre les bactéries commensales et l’hôte trouve son origine dans le stress de transport, les regroupements d’animaux, les mauvaises conditions climatiques ou les brusques changements d’alimentation. ! La “pasteurellose” fait fréquemment suite à une primo-infection virale ou mycoplasmique. ! La résistance des pasteurelles dans le milieu extérieur est faible. ! P. multocida A3 est de plus en plus fréquemment isolé des poumons de bovins. ! En raison de leur croissance plus rapide que celle des espèces pathogènes, M. bovirhinis, arginini, et bovigenitalium, et Acholeplasma laidlawii constituent souvent une gêne au diagnostic. ! M. dispar et Ureaplasma diversum ne sont que des agents pathogènes initiateurs occasionnels. ! M. bovis possède un pouvoir pathogène et immunodépresseur, ainsi qu’une activité invasive et septicémique. ! Les formes pulmonaires de salmonellose chez les veaux de boucherie peuvent être extrêmement contagieuses. 1993-1997, contre seulement 3 % lors des quatre années précédentes. Aux États-Unis, 27 % des cent vingt-quatre souches typées en 1996, qui proviennent de veaux morts de maladie respira-toire, appartiennent au sérotype A6 (60 % au sérotype A1). Le pouvoir pathogène de ces souches semble aussi important que celui des souches de sérotype 1. Les mécanismes pathogéniques sont les mêmes que ceux mis en oeuvre par les souches de sérotype 1. Les différents sérotypes de Mannheimia haemolytica produisent une leucotoxine. La leucotoxine n’est pas spécifique du sérotype. Ainsi, les anticorps antileucotoxine de Mannhei-mia haemolytica 1 protègent contre celles des autres sérotypes, même si les anticorps dirigés contre les facteurs capsulaires, spécifiques du sérotype, ont aussi une réelle importance dans la protection contre les pasteurelles. 2. Pasteurella multocida Des données relativement anciennes montraient qu’environ un tiers des pasteurelles isolées des poumons de bovins appartenaient à l’espèce Pasteurella multocida, au type capsulaire A, au type somatique 3 (P. multocida A3). Une première étude, menée chez des veaux de boucherie à partir d’aspirations transtrachéa-les par Six, a montré que P. multocida était la bactérie la plus fréquemment isolée chez les animaux atteints de troubles respiratoires. Un bilan national, effectué récemment à partir des données du Résabo(2), montre qu’au cours des dernières années les fréquences relatives des souches de P. multocida et de M. haemolytica se sont inversées, P. multocida occupant aujour-d’hui la première place devant M. haemolytica en régression dans les prélèvements patholo-giques. Cette évolution coïncide avec l’arrivée sur le marché des vaccins de nouvelle généra-tion qui ne comportent pas la valence Pasteu-rella multocida. Les souches de Pasteurella multocida isolées chez les bovins sont dépourvues de pili et ne produisent pas de toxine, différant ainsi de celles du porc (coresponsable de la rhinite atrophique) qui appartiennent au type D. Leur pouvoir pathogène apparaît moins important que celui de M. haemolytica. Le facteur de pathogénicité essentiel semble le LPS. Cependant, alors que celui-ci joue un rôle important dans la protection contre la pasteu-rellose aviaire, il semble moins efficace dans la protection contre les infections à P. multocida dans les autres espèces (y compris l’espèce bovine). Les études concernant P. multocida sont moins avancées que celles effectuées sur M. haemolytica, mais nul doute que l’importance réelle des pneumopathies à P. multocida favori-sera les recherches sur cette espèce bactérienne. Les mycoplasmes Des mycoplasmes sont fréquemment isolés des poumons pathologiques de bovins. Les différen-tes espèces en cause ne possèdent pas toutes le même pouvoir pathogène. M. bovirhinis, M. arginini, M. bovigenitalium et Acholeplasma laidlawii sont fréquemment isolés, mais ne possèdent pas de pouvoir pathogène expérimental. Ils constituent cependant une gêne au diagnostic car, de croissance plus aisée et plus rapide que les espèces réputées pathogè-nes, ils empêchent fréquemment leur isolement et, par conséquence, leur implication dans les phénomènes pathologiques. M. disparcomme Ureaplasma diversum sont aussi fréquemment isolés des lésions. Expérimentale-ment, ils génèrent au plus une infection subcli-nique et doivent donc être considérés comme des agents pathogènes occasionnels, qui participent à l’initiation des problèmes respiratoires. Si l’on fait abstraction de M. mycoides mycoides SC, agent de la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB), M. bovis reste le seul mycoplasme réellement et fréquemment impliqué dans les problèmes respiratoires des jeunes bovins. Six, à partir d’aspirations transtra-chéales, l’isole fréquemment chez le veau de boucherie atteint de troubles respiratoires (44 % des prélèvements positifs). D’après Le Grand, en élevage allaitant et selon les régions, le pourcen-tage de troupeaux contenant au moins un animal séropositif varie de 28 à 90 %. Son pouvoir pathogène semble réel : doué de contagiosité, il adhère aux épithéliums et altère les mécanismes de transport mucociliaire. Un certain pouvoir immunodépresseur s’ajoute à ces facteurs de pathogénicité, ce qui favorise la genèse de lésions de pneumonie interstitielle. À cette action pathogène au niveau de l’appareil respiratoire s’ajoute un réel pouvoir invasif et septicémique qui explique la fréquence des atteintes articu-laires, à la suite des problèmes respiratoires. Dans l’état actuel des connaissances, il est cependant difficile de préciser le rôle de M. bovis en pathologie respiratoire des bovins ; à ce jour, son activité directe n’est pas démontrée, en revanche, son rôle d’initiateur et de potentialisateur est largement admis. Il est fréquemment isolé en association avec d’autres agents pathogènes, des Pasteurelles en particulier. Le genre Salmonella Les formes pulmonaires de salmonellose atteignent pour l’essentiel les veaux de bouche-rie, en élevage intensif. Elles font suite à une dissémination par voie sanguine, constituant une complication respiratoire des formes entéri-tiques typiques, ou bien elles sont liées à une contamination par voie aérienne (les paramèt-res d’ambiance, notamment le fort degré hygrométrique, favorisent la survie des salmonelles dans les aérosols) et peuvent évoluer alors en l’absence de diarrhée. Ces formes pulmonaires sont extrêmement contagieuses. Le sérovar le plus couramment isolé est le sérovar Typhimurium. 30 Le Point Vétérinaire / N° 231 / Décembre 2002 / !! (2) Résabo : Réseau de surveillance de la résistance aux antibiotiques des bactéries pathogènes pour les bovins, devenu aujourd’hui “Résapath” (voir l’article “La salmonellose chez les ruminants”, par J.-L. Martel. Point Vét. 2001;32(221):34). La bibliographie de cet article est consultable sur le site www.planete-vet.com Rubrique formation