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LESCA, H. (1997) - Veille stratégique, concepts et démarche de mise en
place dans l'entreprise. Guides pour la pratique de l'information
scientifique et technique. MinistĂšre de l'Education Nationale, de la
Recherche et de la Technologie, 27 p.


                   VEILLE STRATEGIQUE
           Concepts et démarche de mise en place
                     dans l’entreprise.

Humbert LESCA
Professeur émérite
Docteur d’Etat
Management Stratégique de l'Information
Ecole Supérieure des Affaires, Université de Grenoble 2
TĂ©l : 04.76.82.54.74
Fax : 04.74.82.59.99
@ Humbert.Lesca@esa.upmf-grenoble.fr



Le concept de veille stratĂ©gique est prĂ©sentĂ© ci-aprĂšs, ainsi qu’une dĂ©marche, une mĂ©thode pourrait-on dire, pour
installer un dispositif de veille stratĂ©gique dans l’entreprise (ou une organisation en gĂ©nĂ©ral). La mĂ©thode est
présentée, dans les pages qui suivent, de façon rapide et globale selon les neuf étapes qui la caractérisent,
numérotées de 1 à 9. Auparavant, des définitions et précisions indispensables sont données dans les paragraphes
numĂ©rotĂ©s de 0.1 Ă  0.4. Le paragraphe 10 est consacrĂ© Ă  l’intelligence Ă©conomique, de façon Ă  ce que le lecteur
puisse faire le lien entre les deux concepts : la veille stratĂ©gique et l’intelligence Ă©conomique. Le lecteur qui
souhaiterait plus de détails pourra se reporter à la bibliographie fournie à la fin.


01 – CONCEPT DE VEILLE STRATEGIQUE

"Ne pas prévoir c'est déjà gémir"
Devise de LĂ©onard de Vinci (C B 2364, 960921, p.6)

DĂ©finition. La veille stratĂ©gique est le processus collectif continu par lequel un groupe d’individus traquent, de
façon volontariste, et utilisent des informations à caractÚre anticipatif concernant les changements susceptibles de
se produire dans l’environnement extĂ©rieur de l’entreprise, dans le but de crĂ©er des opportunitĂ©s d’affaires et de
rĂ©duire des risques et l’incertitude en gĂ©nĂ©ral. Parmi ces informations figurent des signes d’alerte prĂ©coce (que
nous dĂ©finirons plus loin). Finalement, l’objectif de la veille stratĂ©gique est de permettre d’agir trĂšs vite et au bon
moment. Les anglo-saxons utilisent les expressions Environmental Scanning et Competitive Intelligence pour
désigner des concepts trÚs voisins.

Rappelons que, dans le modÚle de la prise de décision de H. Simon (Prix Nobel), la veille stratégique se situe dans
la phase dite « intelligence de l’environnement de l’entreprise ».

Modes de fonctionnement. Le processus de Veille Stratégique peut fonctionner selon deux modes distincts mais
non exclusifs : le mode « commande » et le mode « alerte ».
- Le mode commande signifie que la recherche active d’une information de veille stratĂ©gique est dĂ©clenchĂ©e par
    la demande expresse (la commande) d’un supĂ©rieur hiĂ©rarchique qui exprime ainsi un besoin ponctuel
    d’information. L’initiative est donc du cĂŽtĂ© de l’utilisateur potentiel de l’information (un responsable, par
    exemple).
- Le mode alerte signifie que la recherche active d’information est continue de la part de certaines personnes
    (que nous nommerons traqueurs) et que ces personnes alertent, de leur propre initiative, le supérieur
    hiĂ©rarchique (ou d’autres personnes) lorsqu’elles jugent avoir trouvĂ© une information intĂ©ressante, alors que ce
    supĂ©rieur n’a pas exprimĂ© un besoin particulier d’information. L’initiative est donc du cĂŽtĂ© de l’animateur de
    la veille stratégique.
Dans le présent ouvrage nous nous intéressons plus spécialement au mode alerte.
La définition ci-dessus de la veille stratégique appelle quelques commentaires au sujet des mots essentiels qui la
composent.




Stratégique             20415
L’adjectif « stratĂ©gique » n’est pas une concession Ă  la mode du moment. Il est utilisĂ© pour signaler que les
informations fournies par la Veille Stratégique ne concernent pas les opérations courantes et répétitives, mais, au
contraire, l’aide Ă  la prise de dĂ©cisions qui ont les caractĂ©ristiques suivantes. Il s’agit de dĂ©cisions : non
rĂ©pĂ©titives, non familiĂšres, pour lesquelles on ne dispose pas de modĂšles dĂ©jĂ  Ă©prouvĂ©s par l’expĂ©rience, prises en
situation d’information trĂšs incomplĂšte. Mais il s’agit cependant de dĂ©cisions qui peuvent avoir un trĂšs grand
impact sur la compĂ©titivitĂ© et la pĂ©rennitĂ© de l’entreprise. Par exemple, le choix d’un nouveau fournisseur a une
importance stratĂ©gique pour une entreprise industrielle, alors que la passation d’une commande (rĂ©pĂ©titive) n’a
pas une importance stratĂ©gique. Du fait mĂȘme que la veille stratĂ©gique doit aider Ă  la prise de dĂ©cisions peu
répétitives, concernant des problÚmes difficiles à structurer, l'utilisation des informations prend une dimension
créative.

Types de veille          20415
L’expression « veille stratĂ©gique » est une expression gĂ©nĂ©rique qui englobe plusieurs types de veilles spĂ©cifiques
telles que la veille technologique, la veille concurrentielle, la veille commerciales, etc. Une entreprise n’est pas
forcĂ©ment dans la nĂ©cessitĂ© de mettre en Ɠuvre toutes ces veilles spĂ©cifiques. Elle doit choisir celle(ou celles) qui
lui paraĂźt la plus adaptĂ©e Ă  sa situation. Ce choix relĂšve lui-mĂȘme d’une dĂ©marche mĂ©thodologique.

Volontariste.
Parce qu'elle vise un but crĂ©atif, la veille stratĂ©gique ne saurait ĂȘtre un acte passif, limitĂ© Ă  une simple surveillance
de l'environnement. C'est au contraire un acte volontariste, exigeant que l'on aille au devant des informations
anticipatives en ouvrant bien grand ses yeux , ses oreilles et en activant tous les autres sens. Parfois il faut mĂȘme
susciter des informations. A cet égard, le mot "veille" est bien mal choisi, mais il est maintenant trÚs répandu. Les
expressions « Intelligence de l’entreprise » (utilisĂ©e par H. LESCA, dĂšs 1986 comme sous-titre de son livre publiĂ©
chez Mac Graw Hill) ou encore « Intelligence Stratégique » seraient préférables. Les anglo-saxons parlent de
"Environmental Scanning" ou encore de "Competitive Intelligence". De façon imagée, on peut comparer la veille
stratégique de l'entreprise au radar du navire, comme l'a suggéré AGUILAR, puisqu'elle vise à anticiper des
événements avant qu'il ne soit trop tard pour pouvoir agir. Cependant, à la différence du radar, qui est objectif, la
veille stratégique est caractérisée par son aspect interprétatif voire constructiviste.

Intelligence collective. 20416
La recherche volontariste (on dit aussi « pro-active ») des informations de veille stratégique et leur utilisation ne
saurait ĂȘtre une dĂ©marche individuelle. U contraire elle fait intervenir divers membres de l’entreprise, chacun
d’eux en fonction de ses activitĂ©s et de ses compĂ©tences. Pour cette raison la veille stratĂ©gique est un processus
collectif transverse Ă  l’entreprise. Ce processus englobe des phases d’interprĂ©tation des informations, phases
dĂ©licates nĂ©cessitant la mobilisation d’expĂ©riences diverses. C’est pourquoi nous disons que la veille stratĂ©gique
est insĂ©parable du concept d’intelligence collective. Il y a intelligence collective, c’est-Ă -dire d’un groupe
d’individus, lorsque les signes observĂ©s dans l’environnement, leur sĂ©lection et leurs mises en relations pour crĂ©er
du sens sont l’objet d’un travail collectif à l’occasion duquel les membres du groupe sont en communication et en
interaction sous toutes formes appropriées, dans le respect de certaines rÚgles de comportement de travail en
groupe.

Environnement : L'environnement de l'entreprise n'est pas un concept abstrait ou un objet statistique. Il est
constituĂ© d’acteurs agissants. Il sera dĂ©fini de façon opĂ©ratoire, notamment au moment de parler du ciblage de la
veille stratégique.

Créer : Compte tenu des caractéristiques des informations dont il est question, la veille stratégique englobe des
phases d'interprétation des signes d'alerte précoce qui s'apparentent à de la créativité. En effet, les informations
dont il est question ne décrivent pas des événements déjà réalisés, mais permettent de formuler des hypothÚses et
de créer une vision volontariste. Interprétation et création prennent appui à la fois sur les signes captés sur
l’environnement, sur l'expĂ©rience des personnes qui interprĂštent les informations et sur les connaissances stockĂ©es
dans l’ensemble des mĂ©moires de l'entreprise (mĂ©moires formelles et mĂ©moires tacites individuelles).
Anticipation      20417
Notre dĂ©finition de la Veille StratĂ©gique met l’accent sur l’anticipation et la dĂ©tection de changements et
notamment d’éventuelles ruptures (ou discontinuitĂ©s : discontinuity, radical change) qui pourraient survenir dans
l’environnement pertinent de l’entreprise. Rappelons que Aguilar (1967) avait comparĂ© l’Environmental Scanning
de l’entreprise au radar du navire. Notre choix a une consĂ©quence thĂ©orique et pratique quant au type
d’informations auquel nous nous intĂ©ressons ici. Il s’agit d’informations ayant elles-mĂȘmes un caractĂšre
anticipatif : elles doivent fournir des éclairages sur le futur, et non pas sur le passé ou le présent. Cependant il faut
distinguer deux façons de s’intĂ©resser au futur.

Une premiĂšre façon consiste Ă  accumuler des informations sur le passĂ© et Ă  effectuer des extrapolations. C’est le
cas lorsque l’on « calcule » des tendances, voire des tendances « lourdes ». Selon nous, cette façon revient Ă 
regarder le futur « dans le rĂ©troviseur ». Elle n’est pas appropriĂ©e Ă  anticiper les changements surprenants et
encore moins les ruptures.
Une seconde façon consiste à rechercher des informations susceptibles d’annoncer à l’avance des changements
nouveaux. Cette façon de faire a Ă©tĂ© prĂ©conisĂ©e par I. Ansoff lorsqu’il a introduit le concept de management
stratĂ©gique et parlĂ© de « weak signals » (probablement par analogie avec ce que l’on connaĂźt dans le domaine de la
radio et des radars. (Il semble en effet qu’il ait empruntĂ© cette expression Ă  W. W. Bryan, un cadre de chez Philips,
Pays-Bas).
Le type d’informations recherchĂ©es et les traitements pouvant leur ĂȘtre appliquĂ©s sont trĂšs diffĂ©rents de ceux
utilisés pour le calcul des tendances.
Le prĂ©sent document est plutĂŽt orientĂ© vers cette seconde façon d’anticiper. C’est pourquoi nous allons prĂ©senter
le concept de signe d’alerte prĂ©coce.

Nota bene : L’expression Intelligence Ă©conomique est de plus en plus rĂ©pandue. PrĂ©cisons qu’il s’agit d’un
concept différent de la veille stratégique. Une section lui est consacrée pour le présenter, à la fin de ce document.
On peut penser que les concepts de Veille stratĂ©gique et d’Intelligence Ă©conomique sont appelĂ©s Ă  se rapprocher
pour se complĂ©ter, ainsi qu’on le verra.


02 - SIGNES D'ALERTE PRECOCE©LESCA et caractéristiques des informations de veille stratégique

« Quand on épouse une tendance, il est déjà trop tard. »
Robert SALMON, ancien Vice-PrĂ©sident de L’OREAL

Les informations de veille stratégique concernent le futur de l'entreprise et l'extérieur de celle-ci, à titre principal
(mais elles peuvent également concerner l'intérieur). Ce sont des informations anticipatives. Ces informations se
rĂ©partissent en deux types : les signes d’alerte prĂ©coce et les informations de potentiels.

Définition de « Signes d'alerte précoces »
Nous appelons « signe d’alerte prĂ©coce » une information dont notre interprĂ©tation nous donne Ă  penser que
pourrait s’amorcer un Ă©vĂ©nement susceptible d’avoir une grande utilitĂ© pour les responsables de notre entreprise.

Explication visuelle.
Il est probable que plus un signe d'alerte est anticipatif, plus il soit un signe de faible intensitĂ© d’oĂč l’expression
« signal faible » utilisée par I. Ansoff.. La figure 0.2 fournit une explication visuelle. L'événement E est totalement
rĂ©alisĂ© au moment T. Il est exprimĂ© par le signe S de grosseur maximum. Il demande peu d'effort pour ĂȘtre captĂ©.
L'événement E est totalement connu au temps T. Nous sommes devant le fait accompli et ne disposons d'aucune
marge de manƓuvre, si nous voulons agir : il est trop tard !
L'événement E', au contraire, n'est pas encore (totalement) réalisé. Il n'est qu'amorcé au moment T'. Le signe S' qui
l'annonce est relativement faible et demande plus d'effort pour ĂȘtre captĂ©. En revanche, au moment T' nous
disposons d'un dĂ©lai de manƓuvre si nous voulons ne pas ĂȘtre mis devant le fait accompli quand il sera trop tard
pour pouvoir agir ou mĂȘme rĂ©agir.

Caractéristiques.
Les signes d’alerte prĂ©coces sont des informations principalement :

Qualitatives -Les informations de veille stratégique sont qualitatives pour la grosse majorité d'entre elles. Elles ne
sauraient ĂȘtre constituĂ©es uniquement de chiffres constatant le passĂ© ou extrapolant le passĂ©. On s'intĂ©resse ici Ă 
des Ă©vĂ©nements qui se produiront peut-ĂȘtre et qui ne sauraient donc faire l'objet de constats "comptables". Ainsi
les signes d’alerte prĂ©coces peuvent prendre des formes telles que : phrases saisies dans une rĂ©union, dans un
salon ou colloque ; brĂšve coupure de presse, mĂȘme issue d'un journal de quartier ; photographie, observations
faites sur un chantier, etc.
Fragmentaires -Les informations de veille stratégique ne peuvent se présenter que sous la forme de bribes
patiemment collectées, sélectionnées, assemblées, interprétées et validées. Prise isolément, chaque information
est insignifiante et suspecte, mais rapprochée d'autres informations, elle prend progressivement du sens. Elle est
comparable Ă  une piĂšce de puzzle.

IncomplĂštes -Du fait mĂȘme de leur nature et de la difficultĂ©s Ă  les obtenir en temps voulu, les signes d’alertes
prĂ©coces sont inĂ©vitablement des informations incomplĂštes. Ceci n’empĂȘche pas ‘en faire une exploitation
fructueuse ainsi que nous le verrons plus loin en parlant de création de sens.

Incertaines - Les informations de veille stratégique à caractÚre anticipatif constituent des alertes, des pistes, des
signes généralement noyés dans du "bruit". Ils doivent faire naßtre des interrogations et des hypothÚses dans l'esprit
des responsables, et ne sauraient constituer des certitudes. De plus les signes en question peuvent résulter d'une
volonté de désinformation de la part d'un tiers (notamment lorsque ceux-ci envoient volontairement des
« signaux » dans leur environnement (que l’on pense Ă  la sociĂ©tĂ© ENRON, vers septembre 2001 par exemple). Ils
doivent donc faire l'objet d'un traitement particulier, pour les fiabiliser, avant d'ĂȘtre pris au sĂ©rieux.

ImprĂ©cises - Souvent les signes d’alerte prĂ©coces manquent de la prĂ©cision que l’on souhaiterait et sont ambigus.
Cette ambiguitĂ© inĂ©vitable doit ĂȘtre prise en compte dans le choix des supports que l’on utilisera pour les faire
circuler.

Il résulte donc de ces caractéristiques qu'un dispositif efficace de veille stratégique doit permettre la
capitalisation des informations en vue de les consolider, de les recouper, de les valider, et d’amplifier les signes de
faible intensitĂ© Ă  l’origine.

Informations de potentiel
Ce sont des informations qui renseignent sur les capacitĂ©s de l’acteur de l’environnement et qui intĂ©resse notre
entreprise, c’est-Ă -dire que celle-ci souhaite placer « sous surveillance » active. Par exemple, si cet acteur est un
concurent, des informations de potentiels intĂ©ressantes peuvent ĂȘtre : le montant de son autofinancement
(renseigne sur la capacité à entreprendre un projet important) ; la qualité des compétences de ses
collaborateurs...

Du fait des caractéristiques présentées ci-dessus, la veille stratégique ne s'improvise pas mais nécessite un
dispositif spécial, c'est-à-dire des méthodes et des techniques appropriées, ainsi que des personnes formées dans
ce but.

03 - UTILITE DE LA VEILLE STRATEGIQUE ©LESCA

« Celui qui ne veut rien faire trouve toujours de bonnes raisons pour ne rien faire ».
VAUBAN

La problĂ©matique de l’utilitĂ© est sans cesse soulevĂ©e par les responsables d’entreprise. Elle englobe plusieurs
questions telles que :
- utilité pour quoi faire ?
- utilitĂ© pour qui, au sein de l’entreprise ?
- utilité de quoi :
   . du concept mĂȘme de veille stratĂ©gique ?
   . d’un dispositif spĂ©cial pour la veille stratĂ©gique qui permettrait de passer du concept Ă  l’action ?

L'utilitĂ© du concept de veille stratĂ©gique peut ĂȘtre montrĂ©e en se rĂ©fĂ©rant au type de volontĂ© stratĂ©gique affichĂ©e
par les dirigeants de l'entreprise (*). Ainsi, des enquĂȘtes ont mis en lumiĂšre que la veille stratĂ©gique est
particuliÚrement utile lorsque l'entreprise a une volonté stratégique :
         - d'innovation produit (ou service)
         - de qualité totale du produit et des services
         - de rapidité de réaction face à la concurrence.
C’est pourquoi, au moment d’expliquer l’utilitĂ© de la veille stratĂ©gique, la premiĂšre question Ă  poser pourrait ĂȘtre
:

Quel est votre objectif prioritaire :
       - aborder efficacement un client potentiel ?
       - innover en dehors d’une impasse ?
       - se protéger efficacement contre un concurrent dangereux ?, etc.
D'autres enquĂȘtes ont montrĂ© que les entreprises qui sont durablement les plus innovantes, ou bien qui ont
durablement une image de grande qualité du produit ou du service, sont précisément des entreprises qui sont déjà
bien avancées en matiÚre de pratique de la veille stratégique. Citons par exemple L'OREAL, SOMFY ou encore le
CREDIT AGRICOLE.

Mais l'utilité de la veille stratégique est également grande au point de vue de la sécurité et de la pérennité de
l'entreprise. On fait allusion ici au repérage précoce du risque d'apparition de produits de substitution, de
technologies nouvelles, ou d'alliances chez les concurrents par exemple.

Ainsi, s'il est naturel de s'interroger sur les coûts engendrés par la veille stratégique, il est tout aussi vital de
s'interroger sur les coûts de la "non veille stratégique".

===
(*) Le rattachement de la veille stratĂ©gique est variable selon qu’il s’agisse d’une PME, d’une grande entreprise ou
bien d’un groupe. Dans ce dernier cas, il existe plusieurs points de rattachement et il est probable qu’il existe
également plusieurs dispositifs de veille stratégique. Parmi les points de rattachement le plus fréquemment
observés mentionnons :
- le niveau « Groupe », auprÚs du président directeur général,
- le niveau « Division » (ou encore Centre Opérationnel),
- le niveau « société », lorsque le groupe comprend plusieurs sociétés autonomes.

Lorsqu’il existe plusieurs dispositifs de veille stratĂ©gique dans l’entreprise, se pose le problĂšme de leur
renforcement mutuel et de leur coordination.


04 - PROCESSUS de veille stratĂ©gique : un processus d’apprentissage collectif

La veille Stratégique est un processus informationnel allant de la recherche (traque) des informations jusqu'à leur
interprétation et à leur utilisation pour créer une vision de l'environnement dans lequel l'entreprise veut tailler sa
place. Ce processus informationnel est ouvert sur l'extérieur de l'entreprise. Il part de l'intérieur de celle-ci pour
aller vers l'extérieur, puis revient à l'intérieur à l'occasion de la traque d'informations. Ce processus franchit donc
deux fois les frontiĂšres de l'organisation. L'analyse du processus (figure 04) met en Ă©vidence plusieurs sous -
processus, tel le ciblage par exemple, sous-processus que nous allons présenter dans la suite de cet ouvrage. La
réussite de chacun d'eux est une condition nécessaire de l'efficacité du processus global de veille stratégique.
Aucun d'eux ne supporte l'improvisation et la coordination est une condition nécessaire du succÚs. Or que constate-
t-on souvent dans de nombreuses entreprises, lorsque l’on dresse l’état de l’existant en matiĂšre de veille
stratégique ?

Etats de l’existant 
 frĂ©quents :
- des informations existent sans doute, dans l’entreprise, mais on ne sait, etc. Bref les informations sont
inaccessibles : c’est comme si elles n’existaient pas !
- la remontĂ©e des informations se fait mal ou pas du tout. Pourtant beaucoup de collaborateurs pas oĂč elles sont.
Les personnes qui les dĂ©tiennent ne sont pas identifiĂ©es, oĂč bien sont frĂ©quemment absentes sont en contact avec
l’extĂ©rieur et sont en mesure d’avoir des informations intĂ©ressantes.
- les informations sont empilées dans une armoire, sans classement organisé, inutilisables, noyées dans la masse.
- les informations « informelles », souvent les plus prĂ©cieuses, restent dans la tĂȘte des individus et la
communication se fait mal ou pas du tout, du moins au sujet de ces informations.
Ces constats permettent de mieux comprendre le sens de la phrase souvent entendue en entreprises : « Nous
faisons de la veille stratĂ©gique
 sans le savoir, c’est-Ă -dire comme monsieur Jourdain faisait de la prose ».

Conséquences de telles pratiques.
a) C'est lorsque rĂšgnent l'improvisation, l’absence de de mĂ©thode et de coordination, l’absence d’une volontĂ©
   managériale que se produit le "paradoxe de la surprise stratégique" signalé par I. ANSOFF. L'événement
   extĂ©rieur surprend tout le monde le jour oĂč il se produit, alors que l'on disposait d'informations importantes
   permettant d'entrevoir son éventualité. Mais ces informations sont disséminées et inutilisables : ce sont des
   informations fantÎmes ! Elles ne sont partagées par personne dans l'entreprise. Les entreprises durablement
   performantes ont un dispositif volontariste à l'appui du processus de veille stratégique. Ce dispositif permet de
   dĂ©tecter les signes d’alerte prĂ©coce, de les capitaliser, de les partager et de les exploiter pour crĂ©er du sens
   et stimuler l’action. L’analyse du processus montre Ă©galement que la veille stratĂ©gique n'est pas une tĂąche
   isolée d'une personne unique, mais que c'est réellement un processus transversal, fondé sur des réseaux, faisant
   intervenir une chaĂźne de participants, mĂȘme dans une PME.
b) Le simulacre de vielle stratégique ainsi observé a un coût. Mais ce coût est caché en ce sens que personne ne se
   donne la peine de la calculer. C’est un coĂ»t inutile. Dans certains cas des responsables en prennent conscience
   lorsqu’ils disent : « Notre veille stratĂ©gique est pas assez efficace et
 trop artisanale ! ».



Pistes pour progresser.
Voici donc quelques pistes de progrùs que l’on peut induire de la pratique:

a) Harmonie plutÎt que perfectionnisme : Si une seule phase du processus, un seul maillon est défaillant,
l'ensemble du processus est dĂ©faillant. C’est pourquoi, plutĂŽt que de sophistiquer l'une des phases et nĂ©gliger les
autres, il vaut mieux laisser de cÎté le perfectionnisme et veiller à ce que toutes les phases du processus aient un
niveau de qualité satisfaisant. Il existe des instruments pour évaluer le niveau global de la qualité de la veille
stratégique dans une entreprise.

b) Intégration et coordination : Le processus de veille stratégique fait intervenir divers acteurs qui sont différents
à bien des égards : par leurs tùches habituelles, par leur spécialisation professionnelle, par leur expérience et
mĂȘme par leur langage. En outre, ces acteurs utilisent probablement des moyens diffĂ©rents (notamment en ce qui
concerne les technologies de l'information et de la communication). Il faut donc une réelle volonté de coordination
et d'intégration si l'on veut que le processus transversal de veille stratégique soit efficace. Coordination et
intĂ©gration concernent aussi bien les comportements individuels que les moyens matĂ©riels mis en Ɠuvre.

c) Capitalisation : Les informations de la veille stratégique étant fragmentaires, imprécises et éparses par la force
des choses, leur importance n'apparaßt que si elles sont accumulées et progressivement enrichies. L'enrichissement
s'apparente à une opération de capitalisation. Ce n'est qu'à cette condition de stockage et d'enrichissement que
leur utilisation permettra la création de sens et la transformation des signes faibles en forces motrices pour
l'action.

d) Processus d’apprentissage collectif : L'analyse du processus (figure 04) fait Ă©galement apparaĂźtre des boucles
de rétroaction :
- l'une part de l'exploitation des signes pour aboutir aux traqueurs des informations,
- l'autre part Ă©galement de l'exploitation pour aboutir au ciblage et Ă  l'orientation de « l’antenne radar » de la
veille stratégique. Ce son deux exemples de boucles d'apprentissage.
C'est parce que la veille stratégique est un processus d'apprentissage collectif et créatif que les entreprises les plus
performantes sont celles qui ont mis en place une veille stratégique les premiÚres. Les entreprises habiles en veille
stratégique sont de plus en plus habiles du fait de l'apprentissage. Mieux une entreprise utilise habilement ses
informations pour l’action, plus elle obtient efficacement des informations pertinentes nouvelles et au moindre
coût. Et plus elle augmente ses atouts concurrentiels. Les autres restent dans une ignorance étale et probablement
meurtriùre à terme. Des exemples concrets ne doivent pas manquer de venir à l’esprit du lecteur.
DEMARCHE
20417 /2
1 - CIBLAGE de la veille stratégique sur des informations pertinentes

« I want it fast, factual, actionnable » Bernhardt.

Objectif.               20423          LESCA
L’objectif du ciblage de la veille stratĂ©gique est de rĂ©pondre aux questions : Comment identifier les centres
d’intĂ©rĂȘt que les membres du dispositif de veille stratĂ©gique peuvent avoir en commun ? Comment atteindre des
informations pertinentes pour les membres du dispositif ? Comment ne pas ĂȘtre noyĂ© sous les informations inutiles ?
Mais toute la difficultĂ© est prĂ©cisĂ©ment se savoir ce qu’est une information pertinente et utile. C’est pourquoi la
mĂ©thode CibleÂź prĂ©sentĂ©e ci-aprĂšs s’y prend de façon indirecte pour chercher Ă  rĂ©pondre Ă  ces questions. Cette
façon indirecte nous conduit au ciblage de la veille stratégique.

DĂ©finition de « ciblage ».. Cibler la veille stratĂ©gique est l’opĂ©ration par laquelle est dĂ©limitĂ© l’espace extĂ©rieur
que l’entreprise veut mettre sous veille anticipative, c’est-à-dire sur laquelle est veut focaliser une attention
volontariste (pro-active). (Disons, de façon imagée mettre sous son « radar »). Cibler la Veille Stratégique signifie
exprimer de façon explicite et claire « QUOI » peut intéresser EN COMMUN les différents participants du
processus de Veille StratĂ©gique, afin que puissent s’AMORCER des rĂ©flexes collectifs d’échange et de mise en
commun des informations et des expĂ©riences. Mais cibler c’est aussi veiller, dĂšs l’amont, Ă  ce que le futur
dispositif de Veille stratégique fournisse des informations pertinentes pour ceux qui auront à les utiliser. Le
ciblage est un travail collectif effectué par un groupe constitué de façon ad hoc.

DĂ©finition de « cible ». Nous appelons Cible le rĂ©sultat de l’opĂ©ration de ciblage. Ce rĂ©sultat est constituĂ© des
documents suivants :
- Un tableau Ă  deux entrĂ©es oĂč sont inscrites une liste de noms d’Acteurs et une liste de noms de ThĂšmes.
- La liste des mots clés qui permettront de rechercher les informations.
- La liste des sources d’information à scruter.


Dynamique de la cible.
La définition de la cible ne doit pas changer en permanence , car sur elle repose le dispositif de veille stratégique.
Mais elle doit tout de mĂȘme Ă©voluer en fonction des prĂ©occupations des responsables de l’entreprise, et en ce sens
elle est dynamique. Elle Ă©volue aussi sous l’effet des boucles de rĂ©troaction portĂ©es sur la figure 04. Le ciblage de
la veille stratégique est donc une opération itérative effectuée à faible fréquence : par exemple une fois par an. Le
ciblage s'articule sur la stratégie de l'entreprise (ou sur ce qui tient lieu de stratégie).

Le ciblage de la veille stratégique est défini a priori lorsqu'il est défini pour la premiÚre fois. Mais ensuite il est
susceptible de modifications adaptatives, sous l'effet de l'interprétation des informations recueillies. Il existe donc
une boucle de feed-back reliant l'utilisation des informations obtenues sur la base du ciblage, et la modification du
ciblage sur la base des enseignements tirés des actions réalisées.

Définition de « acteur ». Nous appelons acteur, voulant dire acteur pertinent pour la veille stratégique, toute
personne (physique ou morale) dont les décisions et les actions sont susceptibles d'avoir, dans le futur, une
influence (positive ou nĂ©gative, selon le cas) sur le devenir de notre entreprise. Cette influence peut ĂȘtre directe
ou bien indirecte. Elle peut se manifester au travers d'un événement engendré par l'acteur en question : par
exemple la création d'un nouveau produit ou d'une nouvelle technique. Nous nous intéressons évidemment aux
acteurs actuels, c'est-à-dire confirmés, mais nous nous intéressons aussi aux acteurs potentiels. Exemple : à une
Ă©poque BENETTON n'Ă©tait pas concurrent de SALOMON. Ce groupe n'Ă©tait donc pas un acteur pertinent pour
SALOMON. Un jour il a racheté NORDICA. Du jour au lendemain il est devenu concurrent de SALOMON. Un acteur
potentiel est donc intĂ©ressant en ce sens qu’il pourrait devenir un acteur effectif trĂšs rapidement. Un acteur est
caractĂ©risĂ© par un nom et une adresse (y compris une adresse Ă©lectronique). Le ciblage n’est possible que si les
acteurs effectifs et potentiels sont en petit nombre (moins d’une centaine par exemple). Les consommateurs
« grand public » ne constituent pas des acteurs au sens oĂč nous l’entendons ici.
Définition de « thÚme ». Nous appelons thÚme une activité de l'acteur, ou une certaine caractéristique de l'acteur,
qui nous intéresse particuliÚrement en matiÚre de veille stratégique. En d'autres termes, s'agissant d'un acteur
désigné (actuel ou potentiel), nous souhaitons savoir de lui certaines choses utiles pour notre prise de décision,
mais nous ne voulons pas savoir tout et n'importe quoi. Désigner des thÚmes revient donc à délimiter et à
restreindre volontairement notre effort de collecte d'informations Ă  l'Ă©gard de l'acteur en question. Exemples de
thÚmes spécifiques :
. s'agissant d'un client : ses projets dans le domaine oĂč nous pourrions ĂȘtre fournisseur.
. s'agissant d'un concurrent : ses partenaires, ses axes de recherche, etc.
. s'agissant d'un organisme public : le projet de loi en matiĂšre de protection de l'environnement.

Pour chacun des acteurs que nous avons ciblĂ©s comme Ă©tant pertinents, nous pouvons ĂȘtre intĂ©ressĂ©s par un ou
plusieurs thĂšmes. Et un mĂȘme thĂšme peut concerner plusieurs acteurs pertinents.

Processus de ciblage.
A - Le point de dĂ©part du ciblage est l’objectif prioritaire de notre entreprise (ou bien de la division considĂ©rĂ©e),
ou bien encore du domaine d’activitĂ© considĂ©rĂ©. (*)

B- Le point d’arrivĂ©e du ciblage est le document appelĂ© Cible de la veille stratĂ©gique. Ce document est la
cartographie (tableau à deux entées) de l'environnement que notre entreprise a décidé de placer "sous son radar".
Le ciblage dĂ©bouche Ă©galement sur l’identification des sources d’information qu’il faudra interroger ou solliciter.

Outils et méthodes - Il existe une méthode (au moins) pour aider les entreprises à effectuer le ciblage de leur
veille stratégique. Cette méthode est largement validée et les retours d'expérience permettent de l'améliorer en
continu. cette méthode est appelée CIBLEŸ.

CoĂ»t du ciblage - Lorsque l’on utilise cette mĂ©thode, l'opĂ©ration de ciblage nĂ©cessite de une Ă  trois sĂ©ances de
travail collectif guidées par un consultant extérieur pour les apports méthodologiques. Le nombre exact de séances
dépend du périmÚtre du dispositif à construire. Le groupe de travail est constitué de façon ad hoc. Il compte de 4 à
12 personnes (par exemple). Parmi elles figurent nĂ©cessairement des responsables de haut niveau qui doivent ĂȘtre
des preneurs de dĂ©cision. Si cette condition nĂ©cessaire n’est pas respectĂ©e, il est guĂšre nĂ©cessaire d’aller plus
loin ! C’est l’un des facteurs critiques de succĂšs (fcs) de la veille stratĂ©gique.

(*) Voir 0.3 - Utilité...




20418
2 – TRAQUE des informations

« Dans notre établissement, un réseau interne
a Ă©tĂ© mis en place pour la veille stratĂ©gique. C’est important de bien
sélectionner les personnes qui font partie du réseau.
Tout le monde n’est pas sensibilisĂ© par cette activitĂ©. »
Jean ZIEGLER, Directeur Général, Aérospatiale, établissement de Cannes

Définition de « traque »         2 0417
La traque est l’opĂ©ration pro-active par laquelle des membres de notre entreprise (ou de notre unitĂ©) se procurent
des informations de veille stratégique. Nous avons choisi ce mot pour signifier que les informations de veille
stratĂ©gique les plus intĂ©ressantes ne viennent pas Ă  nous d’elles-mĂȘmes. Au contraire, il faut faire l’effort
volontariste (pro-actif) d’aller au-devant d’elles et parfois les provoquer. De ce fait, nous appelons « traqueurs »
personnes qui ont pour mission d’aller au devant des informations de veille stratĂ©gique.

Tùches du traqueur. Il faut distinguer deux tùches connexes mais différentes :
    - la traque proprement dite des informations,
    - la remontĂ©e des informations pour les mettre en commun avec d’autres personnes.
Ces tùches soulÚvent, en effet, des problÚmes qui leur sont spécifiques.

La problématique de la mise en place et celle de la pérennisation de la traque sont trÚs différentes selon le type de
traqueur dont il s’agit.
Types de traqueurs.             20417           LESCA
Nous distinguons deux types de traqueurs, en fonction des sources d’information avec lesquelles ils sont en
contact :
- Les traqueurs « sédentaires », qui travaillent généralement dans un bureau et qui accÚdent à des sources
    d’informations formalisĂ©es (base de donnĂ©es, internet, etc.).
- Les traqueurs « terrain » (ou encore mobiles, itinĂ©rants, nomades
) qui sont trĂšs frĂ©quemment en dĂ©placement
    et au contact des personnes de diverses catégories : clients, fournisseurs, concurrents, laboratoires, salons etc.
    Dans ce cas les informations sont essentiellement sensorielles (auditives, visuelles, olfactives, tactiles,
    gustatives), du moins telles que captées à la source.

BibliomĂ©trie. S’agissant de la traque des informations au travers des sources documentaires, il est possible
d’utiliser des logiciels spĂ©cialisĂ©s de bibliomĂ©trie, lorsque l’on a affaire avec de trĂšs grandes quantitĂ©s de
documents, ce qui peut ĂȘtre le cas en matiĂšre de veille technologique (au sens strict). De tels logiciels sont utiles
pour faire apparaĂźtre des Ă©lĂ©ments noyĂ©s dans le volume, et d’éventuels signaux faibles. Les logiciels de
bibliométrie ne sont guÚre à la portée des PME.

Choix des traqueurs            20417                  LESCA
Le choix des traqueurs parmi le personnel de l’entreprise peut ĂȘtre guidĂ© par plusieurs critĂšres dont voici quelques
exemples.

CritÚre de la cible. Le point de départ de la démarche de choix découle de la cible de veille stratégique. On
cherche alors à répondre à la question « qui est concerné par quoi (quels acteurs et quels thÚmes).

CritĂšre des sources d’information. On cherche alors Ă  rĂ©pondre Ă  la question « Qui est naturellement au contact de
quelle source, en fonction de ses activités haituelles ?»

CritÚre concernant la personnalité. Quel est le style cognitif de la personne et ce style est-il approprié à la traque
d’information ?

CritÚre du nombre. Le nombre des traqueurs officiellement désignés résulte à la fois d'un raisonnement et des
ressources que la direction de l’entreprise veut consacrer Ă  la veille stratĂ©gique. Contrairement Ă  ce qui est
souvent dit tout membre de l'entreprise ne saurait ĂȘtre un traqueur. Pour une entreprise comptant cent
personnes, le nombre des traqueurs dépassera rarement la douzaine, par exemple.

CritĂšre de motivation. Un traqueur, pour ĂȘtre choisi dĂ©finitivement, doit se sentir concernĂ© par cette tĂąche.

Formation des traqueurs                20417
Idéalement le traqueur doit disposer de trois savoirs ; Il doit savoir :
- accĂ©der aux sources d’informations connues,
- sélectionner les informations,
- dĂ©tecter des sources nouvelles d’informations.

Dans le cas des taqueurs « nomades » la problématique de la formation comprend les questions suivantes :
1 - Comment faire pour que les traqueurs « terrain » sollicités :
a) soient aptes Ă  identifier le caractĂšre anticipatif (Ă©ventuel) d’une information, sachant que cette identification
est difficile et que son ambiguĂŻtĂ© peut nĂ©cessiter une interaction avec d’autres personnes.
b) soient aptes Ă  interagir avec d’autres personnes pour faire Ă©merger le caractĂšre Ă©ventuellement anticipatif
d’une information (et Ă  contribuer ainsi Ă  l’émergence d’une intelligence collective) ?

2 - Comment pĂ©renniser un tel dispositif une fois qu’il est dĂ©jĂ  mis en place ?
La formation peut ne pas excĂ©der une journĂ©e pour un traqueur. Une douzaine de traqueurs peuvent ĂȘtre formĂ©s au
cours de la mĂȘme sĂ©ance de formation.

Outils et méthode - Les traqueurs sont dotés d'un support approprié pour formaliser les informations et pour les
acheminer vers un point de convergence. Ce point est gĂ©nĂ©ralement celui oĂč se trouve l'animateur de la veille
stratĂ©gique. Le support est souvent appelĂ© « fiche de captage », mĂȘme s’il s’agit d’un Ă©cran d’ordinateur.

Internet. L’une des sources dĂ©sormais les plus importantes est Internet. Cependant l’exploitation de cette source,
facile en apparence, ne dispense pas de recourir à une méthodologie, sous peine de gaspiller beaucoup de temps et
d’argent
 est d’ĂȘtre noyĂ© sous des donnĂ©es sans rĂ©el intĂ©rĂȘt.
Coût de la traque - Les coûts se répartissent en deux familles, comme suit.
Coûts d'investissement :
        - la formation des traqueurs,
        - l’équipement Ă©ventuellement fourni aux traqueurs.
Coûts de fonctionnement :
        - le temps consacré par le traqueur à cette mission,
        - le coĂ»t d'accĂšs Ă  certaines sources d’information (publications, bases de donnĂ©es, etc.).


20418
3 - SELECTION des informations

Définition de « sélection »     20418            LESCA.
La sélection des informations est l'opération qui consiste à ne retenir, parmi les informations recueillies, que les
seules informations de veille stratégique susceptibles d'intéresser les utilisateurs potentiels au sein de notre
entreprise (Voir Ciblage de la veille stratĂ©gique). Cette opĂ©ration est l’une des phases cruciales du processus de la
Veille StratĂ©gique. En effet, une absence de sĂ©lection conduit Ă  « trop d’informations » et Ă  Ă©touffer le et une
sélection trop restrictive appauvrit et assÚche le processus


Niveaux de sélection. 20418 LESCA
Selon la source d’origine de l’information, l’opĂ©ration de sĂ©lection est plus ou moins complexe. Si l’information
est d’origine « terrain » et capturĂ©e par un traqueur « terrain », la sĂ©lection se fait sur l’instant et donne lieu au
remplissage d’une fiche de captage d’information.
Si l’information issue d’origine documentaire, la sĂ©lection est alors un processus comptant deux niveaux :
- SĂ©lection de niveau 1 (sĂ©lection N1) : elle consiste Ă  choisir une information au sein d’un ensemble appelĂ©
«informations brutes ». Cette information sĂ©lectionnĂ©e est appelĂ©e « information primaire ». C’est, par exemple,
un article au sein d'un journal ou d'une base de donnĂ©es (ou bien encore quelques phrases au sein d’un discours
entendu).
- Sélection de niveau 2 (sélection N2) : elle consiste à choisir une phrase (ou quelques phrases brÚves) au sein de
l'information primaire. Cette information ainsi sĂ©lectionnĂ©e au sein d’une information primaire est appelĂ©e
« information essentielle » (ou encore « brÚve »).
Ces deux niveaux de sélection posent des problÚmes différents et sont réalisés par des personnes différentes, la
plupart du temps.




Qui sĂ©lectionne l’information.           20418          LESCA
Si l’information est d’origine « terrain » et capturĂ©e par un traqueur « terrain », la sĂ©lection se fait sur l’instant
par le traqueur. Celui-ci remplit une fiche de captage d’information et la sĂ©lection est ainsi rĂ©alisĂ©e « sur le tas ».
Si l’information est d’origine documentaire, plusieurs personnes vont intervenir successivement :
- Le traqueur d’abord, gĂ©nĂ©ralement un traqueur « sĂ©dentaire » qui lit des publications, interroge des bases de
     données, interroge sur internet, etc. Il effectue une premiÚre sélection fournissant ainsi un information
     « primaire » : gĂ©nĂ©ralement de quelques lignes jusqu’à plusieurs pages selon le cas. Puis il transmet cette
     information « primaire » à un expert.
- L’expert est pratiquement le seul Ă  pouvoir sĂ©lectionner les quelques lignes constituant l’information
     essentielle (ou « brĂšve ») contenue dans l’information primaire.
Dans tous les cas la sĂ©lection nĂ©cessite que l’on dispose de critĂšres de sĂ©lection.


CritÚres de sélection des informations.       20418        LESCA
Certains critÚres découlent de la construction de la cible de veille stratégique : noms des acteurs, noms des
thÚmes, mots clés, etc.
Un autre critĂšre, cohĂ©rent avec la dĂ©finition mĂȘme du concept de veille stratĂ©gique, est le caractĂšre anticipatif
de l’information. D’autres critĂšres peuvent encore ĂȘtre ajoutĂ©s. Ils dĂ©pendront du contexte dans lequel on se
situe.

Outils et méthode pour la sélection. 20414              LESCA
S’agissant des informations d’origine documentaire ou internet, il existe de nombreux outils informatiques pour
sélectionner les informations (moteurs de recherche, agents intelligents, etc.).

Formation à la sélection des informations. 20414                LESCA
Il existe une méthode (au moins) pour former les personnes chargées de la sélection des informations, et pour
rĂ©aliser la sĂ©lection au quotidien. Cette mĂ©thode permet de rĂ©aliser un processus d’apprentissage individuel et
collectif de la sélection des informations. La formation peut se faire en une journée.

Coût de la sélection.
Les coûts de la sélection des informations se répartissent comme suit.
Coûts d'investissement :
        - formation des (n) personnes,
        - acquisition Ă©ventuelle d'Ă©quipements (variable selon les ambitions de l'entreprise)
Coûts de fonctionnement :
        - temps consacré à la sélection par les (n) personnes, au quotidien. Au minimum cela peut représenter une
demi journée d'une personne et par semaine (cas d'une PME par exemple).

Surprise !
Les informations anticipatives à caractÚre stratégique ne sont pas aussi nombreuses que les responsables
d'entreprise le supposent a priori. Au cours de la mise en place et du rodage du dispositif de veille stratégique, ils
apprennent progressivement à sélectionner efficacement les informations. Il se produit un processus
d'apprentissage individuel et collectif qui augmente l’efficience de la veille stratĂ©gique.




4 – CIRCULATION et REMONTEE des informations

DĂ©finition de “remontĂ©e” des informations. 20418
La remontée des informations est l'opération par laquelle un traqueur fait parvenir ses informations de veille
stratĂ©gique Ă  la personne chargĂ©e de les stocker (souvent l’animateur de la veille stratĂ©gique). Cette opĂ©ration
soulÚve des problÚmes différents selon que le traqueur est sédentaire ou bien qu'il est itinérant (nomade ou
« terrain »).

Notons que le mot « remontée », trÚs utilisé dans les entreprises, est trop restrictif et à consonance malheureuse :
- trop restrictif parce qu’il est toujours possible qu’un traqueur achemine son information de façon latĂ©rale,
   directement vers un autre traqueur, par exemple ;
- Ă  consonance malheureuse parce qu’il peut laisser entendre que le traqueur est « dĂ©possĂ©dĂ© » de son
   information au profit d’une « bureaucratie » situĂ©e au sommet de la pyramide hiĂ©rarchique.

Organisation de la remontée. 20418
Le dispositif de remontée nécessite que le traqueur :
- sache clairement à qui faire parvenir les informations, sans hésitation possible pour ne pas compliquer sa tùche et
pour ne pas lui faire perdre de temps,
- dispose d'un moyen matériel approprié pour transmettre les informations, facile d'accÚs et d'utilisation. Le choix
du support doit tenir compte de la nature de l’information Ă  transmettre (notamment son degrĂ© d’ambiguĂŻtĂ©).

Outils et méthode de la remontée. 20418
Les moyens matériels pour faciliter la remontée des informations depuis les traqueurs jusqu'au lieu de stockage,
sont divers. Néanmoins tous ne sont pas également bien adaptés aux caractéristiques d'une entreprise donnée ainsi
qu’aux informations de veille stratĂ©gique. Se pose donc la question des critĂšres de choix. En outre, il doit y avoir
cohérence entre le support proposé aux traqueurs pour saisir (support de captage) leurs informations, et le moyen
choisi pour faire remonter les informations vers l’animateur de la veille stratĂ©gique.

Exemples :
- transmission des fiches de captage de la main à la main, du traqueur à l’animateur ;
- dĂ©pĂŽt des fiches dans une boĂźte aux lettres prĂ©vue Ă  cet effet dans un lieu d’accĂšs trĂšs facile ;
- transmission des fiches par fax ;
- scanning des fiches sur l’ordinateur du traqueur et transmission par rĂ©seau ;
- transmission par la messagerie, intranet, etc.
- transmission orale par téléphone ou bien par le réseau informatique, etc.
5 - STOCKAGE INTELLIGENT des informations et base de connaissance.

Dans le domaine de la veille stratĂ©gique, une information considĂ©rĂ©e en elle-mĂȘme est de relative faible intĂ©rĂȘt.
C‘est l‘interprĂ©tation faite de cette information et les commentaires qui sont essentiels. C‘est pourquoi nous
sommes conduits Ă  Ă©voquer les bases de connaissance et la gestion des connaissances (KM).

DĂ©finition de « Knowledge Management“ » (KM) ou gestion des connaissances. 20419
Selon le CIGREF (Club Informatique des Grandes Entreprises Françaises) « Le KM est l’ensemble de modes
d’organisation et de technologies visant Ă  crĂ©er, collecter, organiser, stocker, diffuser, utiliser et transfĂ©rer la
connaissance dans l’entreprise. Connaissance matĂ©rialisĂ©e par des documents internes ou externes, mais aussi
sous forme de capital intellectuel et d’expĂ©riences dĂ©tenues par les collaborateurs ou experts d’un domaine. »

MĂ©moire de l‘entreprise.        20419            LESCA
Il faut parler de mĂ©moires de l‘entreprise au pluriels car les formes de mĂ©morisation sont multiples :
- mĂ©morisation totalement informelle dans la tĂȘte des individus;
- mémorisation formalisée, mais disséminées dans des fichiers épars et incompatibles;
- mémorisation dans des bases communes de données reliées entre elles et dans les bases de connaissance.
S‘agissant de la veille stratĂ©gique, les deux premiĂšres formes de mĂ©morisation demeurent les plus courantes, ce
qui explique la faible efficience des dispositifs de veille et d‘intelligence collective que l‘on peut observer dans la
plupart des entreprises. Cependant les auteurs excluent souvent la premiĂšre forme de mĂ©morisation lorsqu’ils
parlent de mĂ©moire de l’entreprise. Ainsi : « Une mĂ©moire d’entreprise est la reprĂ©sentation persistante,
explicite, désincarnée, des connaissances et des informations dans une organisation, afin de faciliter leur accÚs,
leur partage et leur rĂ©utilisation par les membres adĂ©quats de l’organisation, dans le cadre de leurs taches ». (R.
DIENG et al).

Définition de « stockage des informations » 20419 LESCA
Le stockage des informations de veille stratégique est une condition nécessaire pour valoriser et exploiter ces
informations. Il matĂ©rialise la mise en commun des informations : celles-ci doivent donc ĂȘtre rendues facilement
accessibles à tout moment par les personnes autorisées. Selon la façon dont il est conçu et vécu, le stockage peut
constituer une capitalisation des connaissances de l'entreprise.

Il faut préciser "stockage de quoi" . En effet, il peut s'agir :
- soit du stockage du support de l'information primaire résultant de la sélection de niveau 1 (article de presse par
exemple) ;
- soit du stockage de l'information essentielle extraite de l'information primaire (résultant de la sélection de niveau
2), ou bien résultant directement du captage des traqueurs « terrain » ;
- soit d'un premier rĂ©sultat de l’utilisation de l'information, auquel cas il peut s’agir de retours d’expĂ©rience. On
débouche alors sur une base de connaissance.

ModĂšles d'organisation du stockage. 20419               LESCA
Citons deux modÚles inégalement adaptés aux caractéristiques d'une entreprise donnée :
- centralisation unique (ou stockage en un lieu unique),
- centralisation répartie (ou stockage réparti en plusieurs lieux et éventuellement reliés entre eux par réseau).

Plan de classement des informations.             20419           LESCA
Dans tous les cas tous les cas le stockage nécessite la mise au point préalable d'un plan de classement des
informations dans les bases de données. Ce plan de classement repose sur le ciblage de la veille stratégique. Il
reprend les thÚmes et les acteurs, qui sont les mots clés principaux, et affine les détails. Cet affinage se traduit par
une liste de mots clĂ©s, rĂ©sultant du ciblage de la veille stratĂ©gique. La liste des mots clĂ©s s’impose Ă  tous les
utilisateurs des informations de la veille stratĂ©gique, au sein de l'entreprise. Son Ă©volution est liĂ©e Ă  l’évolution du
ciblage de la veille stratégique.

Equipements - Il existe de nombreux matériels et logiciels pour stocker les informations de veille stratégique. Ils
sont inégalement adaptés au cas particulier d'une entreprise donnée.
S’agissant des logiciels, outre les logiciels du type « gestionnaire Ă©lectronique de donnĂ©es » (GED), on note que
beaucoup d’entreprises construisent leurs bases de donnĂ©es sur ACCESS tandis que d’autres prĂ©fĂšrent les stocker
sur une base ORACLE, accessible ou non par réseau (intranet par exemple).
Coût - Les coûts du stockage se répartissent comme suit :
Coûts d'investissement :
        - réalisation d'un plan de classement,
        - formation de la personne (ou des personnes) chargée du stockage,
        - acquisition du matériel de stockage, etc.
Coûts de fonctionnement :
        - temps consacré par une personne (ou des personnes) à cette mission,
        - occupation de l'espace de stockage, etc.




7 - DIFFUSION des informations et connaissances. Facilitation de l’ACCES de la part des utilisateurs.

Définition de « diffusion »              24019          LESCA
La diffusion est l'opération qui consiste à mettre les informations et les connaissances (résultant notamment de la
création de sens) liées à ces informations à la disposition des utilisateurs potentiels, qui sont souvent des
responsables opĂ©rationnels. C’est le gestionnaire du stock d’informations et connaissances qui a l’initiative de
l’opĂ©ration. Diffuser «efficacement» signifie que :
- les informations et connaissances parviendront effectivement aux utilisateurs potentiels ;
- seront clairement comprises par leurs destinataires ;
- seront effectivement prises en compte par les utilisateurs potentiels, c’est-à-dire qu’il faut tenir compte de
    leur comportement d’acceptation ou de refus.

Définition de « accÚs ».             24019           LESCA
L’accĂšs dĂ©signe l’opĂ©ration (ou ensemble d’opĂ©rations) par laquelle l’utilisateur potentiel d’une information peut
accĂ©der Ă  celle-ci, au moment opportun pour lui. C’est lui qui a l’initiative de l’opĂ©ration. Eventuellement il doit y
ĂȘtre autorisĂ© formellement.

Objectif de la diffusion (et de l’accùs).                24019     LESCA
La diffusion et l’accùs ont pour but de faire en sorte que les utilisateurs potentiels des informations et
connaissances de Veille stratĂ©gique et Intelligence Collective, c’est-Ă -dire ceux qui peuvent transformer
information et connaissance en action, disposent :
- la bonne information ,
- au bon moment.
Remarque : Le concept de "Moment" est peut ĂȘtre le mot le plus important ici. En effet, il y a une non -
synchronisation inĂ©vitable entre le moment oĂč une information de veille stratĂ©gique est « traquĂ©e » et le moment
oĂč un utilisateur en ressente le besoin pour son action.

Modùles d’organisation de la diffusion.                  24019         LESCA
Le point de dĂ©part de l’opĂ©ration de diffusion est le lieu oĂč sont stockĂ©es les informations Ă©laborĂ©es tandis que le
point d'arrivĂ©e est le lieu (ou bien les lieux) oĂč ces informations vont ĂȘtre utilisĂ©es par les utilisateurs potentiels
que l’on peut appeler «Clients » de la veille stratĂ©gique.

On distingue deux modĂšles basiques pour diffuser les informations et connaissances :
        - l'approche par les "stocks", oĂč le gestionnaire du stock est « passif » ;
        - l'approche par les "flux",. oĂč le gestionnaire du stock est « pro-actif »
Toutes deux ont des avantages et des inconvénients. Il faut donc choisir celle qui est la plus appropriée au cas
considéré.

L'organisation de la diffusion peut nécessiter une opération préalable : la cartographie des utilisateurs finals et de
leurs besoins en informations de veille stratégique.

L'animateur de la Veille StratĂ©gique, s’il est lui-mĂȘme les gestionnaire des informations et connaissances stockĂ©es,
joue grand rĂŽle dans la diffusion. Ce rĂŽle peut ĂȘtre dĂ©cisif pour le succĂšs (ou bien l'Ă©chec, selon le cas) du dispositif
de veille stratégique.
Outils et méthode - Les outils (matériels et logiciels) pour venir en appui de la diffusion sont sans cesse plus
nombreux et leurs fonctionnalitĂ©s de plus en plus riches. Le choix peut ĂȘtre guidĂ© par les thĂ©ories de DAFT et al.
relative à l'adaptation du support aux caractéristiques des informations et connaissances à diffuser.


Coût de la diffusion.
Les coûts de la diffusion se répartissent en coûts d'investissement et en coûts de fonctionnement.
Les coĂ»ts d'investissement ne sont pas les mĂȘmes selon l'approche, par stock ou par flux, choisie. Ils sont plus
élevés pour l'approche par les flux.




9 – ANIMATION de la veille stratĂ©gique

Définition de « animation ». 20423              LESCA
L’animation est la mission de l’animateur (ou animatrice) du dispositif de veille stratĂ©gique. Elle consiste Ă  :
- stimuler l’action des membres du dispositif (notamment les traqueurs « terrain ») ainsi que leur « crĂ©ativitĂ© »;
- coordonner leurs tùches concernant la veille stratégique et leurs réflexions de façon à faire émerger des
    interprétations et du sens ;
- faire en sorte que des « pĂ©pites » d’informations pertinentes ne sommeillent pas dans les armoires et les
    « tĂȘtes » des individus Ă  l’intĂ©rieur mĂȘme de l’entreprise ;
- à intégrer en un tout cohérent et efficient les pratiques individuelles qui auraient pu apparaßtre antérieurement
    Ă  la mise en place du dispositif ;
- Ă  suggĂ©rer de nouvelles sources d’information Ă©ventuelles ;
- à assurer le suivi des demandes d’information de la part des membres de l’entreprise ;
- Faire vivre et évoluer le dispositif de veille stratégique.
Selon le modĂšle choisi par l’entreprise, l’animation de la veille stratĂ©gique peut ĂȘtre confiĂ©e Ă  une personne
unique, ou bien à plusieurs personnes. Ce dernier cas se présente notamment lorsque le stockage des informations
et connaissances est rĂ©parti auprĂšs d’experts diffĂ©rents.

Il faut distinguer deux situations différentes :
         - La phase de mise en place du dispositif de Veille StratĂ©gique. L’animateur est en fait le chef de projet
              et est responsable de son démarrage.
         - Le fonctionnement en rĂ©gime de croisiĂšre du dispositif de Veille StratĂ©gique. L’animateur est
              responsable de la pérennité du dispositif.

Profil de l’animateur (ou animatrice).            20423          LESCA
La mission d'animation est avant tout relationnelle et le « savoir - communiquer » est un facteur clé de succÚs
majeur. Cette mission nécessite donc une personne extravertie motivée pour aller au-devant des utilisateurs
potentiels des informations et connaissances, pour les motiver le cas échéant. Mais cette personne doit également
avoir des qualitĂ©s d’organisation et de rigueur. L’animateur doit donc avoir un « double profil » (ou une double
compétence) :
         - un profil de communicant ;
         - un profil un profil de compétences techniques en accord avec son rÎle.
Par ailleurs, la maĂźtrise de certains outils informatique est maintenant indispensable.

Formation.     20423         LESCA
Il n’y a pas de formation type pour devenir animateur de veille stratĂ©gique. Il n’est pas indispensable que la
personne ait fait des Ă©tudes spĂ©cialisĂ©es dans le domaine de la veille stratĂ©gique au moment oĂč dĂ©marre un
chantier de mise en place d’un dispositif. Elle peut faire son apprentissage en mĂȘme temps qu’elle conduit le
chantier de mise en place, Ă  la condition d’ĂȘtre sĂ©rieusement guidĂ©e, sur le plan mĂ©thodologique, par une
personne experte dans ce domaine.

CoĂ»t de l’animation. 20419              LESCA
Il est constitué essentiellement :
         - Du salaire de l’animateur. Selon l’ampleur de la tĂąche, l’animation peut reprĂ©senter une fraction de
             temps de travail d’une personne (par exemple deux jours par semaine dans une PME). Mais il est
             Ă©galement possible que l’animation reprĂ©sente l’activitĂ© de plusieurs personnes Ă  plein temps.
         - Du coĂ»t des locaux et Ă©quipements utilisĂ©s par l’animateur.
         - Des frais de communication entre l’animateur et les divers membres du dispositif, notamment les
             traqueurs « terrain ».
970526

10 - INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE

Il a Ă©tĂ© signalĂ©, au dĂ©but de ce document, l’existence du concept d’Intelligence Économique. Ce concept est
distinct de celui de Veille Stratégique. Cependant ces deux concepts ne sont pas sans liens. On donne donc
quelques prĂ©cisions sur l’Intelligence Economique.

L’expression « Veille StratĂ©gique » est apparue la premiĂšre en France et est issue des Sciences de Gestion et du
management stratĂ©gique, c’est Ă  dire du monde des entreprises. C’est un concept micro-Ă©conomique. Elle a Ă©tĂ©
définie au début de ce document et développée tout au long des pages qui précÚdent.

Le concept « Intelligence Économique » est issu des travaux d’un groupe de travail du Commissariat gĂ©nĂ©ral du
Plan, groupe prĂ©sidĂ© par Henri MARTRE. L’expression est donc issue du monde des dirigeants d’entreprises du
domaine de l’armement et du cĂŽtĂ© des Pouvoirs Publics, soucieux d’une vision globale Ă  l’échelon national. A cette
occasion, le groupe de travail « Henri MARTRE » a voulu rappeler , comme nous l’avons fait nous-mĂȘmes, que le
mot « veille » a une connotation regrettablement passive

Issues de mondes diffĂ©rents, les deux expressions « Veille StratĂ©gique » et « Intelligence Économique » ont des
contenus qui varient selon les présentateurs, mais ces contenus sont appelés à évoluer rapidement, et à se
complĂ©ter. Du moins est-ce notre opinion. Rappelons la dĂ©finition de l’expression « Intelligence Économique »
publiĂ©e dans le rapport « MARTRE »: « L’intelligence Ă©conomique peut ĂȘtre dĂ©finie comme l’ensemble des actions
coordonnĂ©es de recherche, de traitement et de distribution en vue de son exploitation, de l’information utile aux
acteurs économiques. Ces diverses actions sont menées légalement avec toutes les garanties de protection
nĂ©cessaires Ă  la prĂ©servation du patrimoine de l’entreprise, dans les meilleures conditions de qualitĂ©, de dĂ©lai et
de coût....
La notion d’intelligence Ă©conomique implique l’interaction entre tous les niveaux de l'activitĂ© : depuis la base
(internes Ă  l’entreprise) en passant par des niveaux intermĂ©diaires (interprofessionnels, locaux) jusqu’aux niveaux
nationaux, transnationaux (groupes multinationaux) ou internationaux (stratĂ©gies d’influence des Etats-nations). »

Dans l’état actuel, les prĂ©sentateurs du concept « Intelligence Économique » mettent en lumiĂšre deux aspects que
nous n’avons pas Ă©voquĂ©s dans les pages prĂ©cĂ©dentes, mais qui sont trĂšs importants. Nous les soulignons donc
maintenant.

1 - D’abord, les prĂ©sentateurs de ce concept partent de la nĂ©cessitĂ©, pour l’entreprise, de se protĂ©ger
efficacement contre les agents extérieurs, et de protéger leur patrimoine informationnel. Celui-ci est en effet
de plus en plus vital mais de plus en plus menacé de multiples façons, par des agents extérieurs. Les nouvelles
technologies de l’information et de la communication (Internet, par exemple) ne font d’ailleurs que renforcer la
nécessité de se protéger efficacement.

2 - Ensuite, les prĂ©sentateurs du concept insistent sur la nĂ©cessitĂ© de sortir des frontiĂšres de l’entreprise pour
Ă©tendre le dispositif d’intelligence Ă©conomique Ă  l’échelon de la nation tout entiĂšre. En d’autres termes ils
soulignent la nécessité, pour les entreprises et les organismes publics, de faire corps de façon à se défendre
efficacement contres les agents extĂ©rieurs Ă  l’échelon mondial. Ils font donc des suggestions qui devraient ĂȘtre
reprises et mises en oeuvre par les pouvoirs publics, notamment. Ainsi, selon ces auteurs, devrait-il se constituer
un rĂ©seau national d’Intelligence Économique liant les organismes publics et les entreprises. Pour ces auteurs,
le point d’entrĂ©e de l’intelligence Ă©conomique se situe du cĂŽtĂ© de l’Etat.

Pour notre part, l’ambition du prĂ©sent document, Ă©tait d’apporter une aide aux personnes dĂ©sireuses d’opĂ©rer Ă 
l’échelon micro-Ă©conomique des entreprises de toute taille et de tout secteur. L’extension de l’intelligence
Ă©conomique Ă  l’échelon national (par exemple) suppose des mĂ©thodes de travail qui n’en sont encore qu’à leurs
prémisses.


Fin du texte
Bibliographie

BAUMARD, Ph. – L’information stratĂ©gique dans la grande organisation. SystĂšme d’Information et Management, p.5-29.

TEO, T.S.H., CHOO, W.Y. (2001) – Assessing the impact of using the internet for competitive intelligence. Information &
Management 39(2001) 67-83.

LESCA, H. (1986, 1990) - SystÚme d'information pour le management stratégique : l'entreprise intelligente. Ed. McGraw Hill ,
Paris, 146 p Ce livre a reçu le Prix Harvard-L’Expansion des meilleurs livres du management

CARON-FASAN, M-L ( (2001) – Une mĂ©thode de gestion de l’attention aux signaux faibles. Revue SystĂšmes d’Information et
Management, vol.6, n°4, pp.73– 89.

ROUIBAH, K. (2001) – Une mĂ©thodologie pour la gestion des signaux faibles de veille stratĂ©gique : illustrations par un prototype.
Revue Gestion 2000, nov.-déc. P.101-122.

LESCA, H. CHOKRON, M . (2000) – Intelligence d’entreprise : retours d’expĂ©riences. Actes du 5eme Colloque de l’AIM
,Montpellier 8-10 novembre, p.

BLANCO, S. CARON-FASAN, M-L, LESCA, H. (1998) - Sélection et exploitation des signaux faibles de veille stratégique : deux cas
d'utilisation de guides utilisateurs. Actes de la 7eme ConfĂ©rence de l’AIMS, Louvain La Neuve, 27-29 mai, 20 p.

LESCA, H. SCHULER, M. (1998) - Veille stratĂ©gique : Comment ne pas ĂȘtre noyĂ© sous les informations. Économies et SociĂ©tĂ©s,
Série Sciences de Gestion, n°2/1998, p.159-177.

LESCA, H. (2001) – Veille stratĂ©gique : passage de la notion de signal faible Ă  la notion de signe d’alerte prĂ©coce. Colloque VSST
2001, Barcelone oct., Actes du colloque, tome 1.

LESCA, H. CARON, M-L (1995) - Veille stratégique : créer une intelligence collective au sein de l'entreprise. Revue Française de
Gestion, sept. - oct. , p.58-68.

LESCA, H RAYMOND, L. (1993) - Expérimentation d'un systÚme expert pour l'évaluation de la Veille Stratégique dans les PME.
Revue Internationale PME, vol.6 n°1 p.49-65. (Québec, Canada)

Site internet     http://www.veille-strategique.org

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VEILLE STRATEGIQUE

  • 1. 20418 /2 LESCA, H. (1997) - Veille stratĂ©gique, concepts et dĂ©marche de mise en place dans l'entreprise. Guides pour la pratique de l'information scientifique et technique. MinistĂšre de l'Education Nationale, de la Recherche et de la Technologie, 27 p. VEILLE STRATEGIQUE Concepts et dĂ©marche de mise en place dans l’entreprise. Humbert LESCA Professeur Ă©mĂ©rite Docteur d’Etat Management StratĂ©gique de l'Information Ecole SupĂ©rieure des Affaires, UniversitĂ© de Grenoble 2 TĂ©l : 04.76.82.54.74 Fax : 04.74.82.59.99 @ Humbert.Lesca@esa.upmf-grenoble.fr Le concept de veille stratĂ©gique est prĂ©sentĂ© ci-aprĂšs, ainsi qu’une dĂ©marche, une mĂ©thode pourrait-on dire, pour installer un dispositif de veille stratĂ©gique dans l’entreprise (ou une organisation en gĂ©nĂ©ral). La mĂ©thode est prĂ©sentĂ©e, dans les pages qui suivent, de façon rapide et globale selon les neuf Ă©tapes qui la caractĂ©risent, numĂ©rotĂ©es de 1 Ă  9. Auparavant, des dĂ©finitions et prĂ©cisions indispensables sont donnĂ©es dans les paragraphes numĂ©rotĂ©s de 0.1 Ă  0.4. Le paragraphe 10 est consacrĂ© Ă  l’intelligence Ă©conomique, de façon Ă  ce que le lecteur puisse faire le lien entre les deux concepts : la veille stratĂ©gique et l’intelligence Ă©conomique. Le lecteur qui souhaiterait plus de dĂ©tails pourra se reporter Ă  la bibliographie fournie Ă  la fin. 01 – CONCEPT DE VEILLE STRATEGIQUE "Ne pas prĂ©voir c'est dĂ©jĂ  gĂ©mir" Devise de LĂ©onard de Vinci (C B 2364, 960921, p.6) DĂ©finition. La veille stratĂ©gique est le processus collectif continu par lequel un groupe d’individus traquent, de façon volontariste, et utilisent des informations Ă  caractĂšre anticipatif concernant les changements susceptibles de se produire dans l’environnement extĂ©rieur de l’entreprise, dans le but de crĂ©er des opportunitĂ©s d’affaires et de rĂ©duire des risques et l’incertitude en gĂ©nĂ©ral. Parmi ces informations figurent des signes d’alerte prĂ©coce (que nous dĂ©finirons plus loin). Finalement, l’objectif de la veille stratĂ©gique est de permettre d’agir trĂšs vite et au bon moment. Les anglo-saxons utilisent les expressions Environmental Scanning et Competitive Intelligence pour dĂ©signer des concepts trĂšs voisins. Rappelons que, dans le modĂšle de la prise de dĂ©cision de H. Simon (Prix Nobel), la veille stratĂ©gique se situe dans la phase dite « intelligence de l’environnement de l’entreprise ». Modes de fonctionnement. Le processus de Veille StratĂ©gique peut fonctionner selon deux modes distincts mais non exclusifs : le mode « commande » et le mode « alerte ». - Le mode commande signifie que la recherche active d’une information de veille stratĂ©gique est dĂ©clenchĂ©e par la demande expresse (la commande) d’un supĂ©rieur hiĂ©rarchique qui exprime ainsi un besoin ponctuel d’information. L’initiative est donc du cĂŽtĂ© de l’utilisateur potentiel de l’information (un responsable, par exemple). - Le mode alerte signifie que la recherche active d’information est continue de la part de certaines personnes (que nous nommerons traqueurs) et que ces personnes alertent, de leur propre initiative, le supĂ©rieur hiĂ©rarchique (ou d’autres personnes) lorsqu’elles jugent avoir trouvĂ© une information intĂ©ressante, alors que ce supĂ©rieur n’a pas exprimĂ© un besoin particulier d’information. L’initiative est donc du cĂŽtĂ© de l’animateur de la veille stratĂ©gique. Dans le prĂ©sent ouvrage nous nous intĂ©ressons plus spĂ©cialement au mode alerte.
  • 2. La dĂ©finition ci-dessus de la veille stratĂ©gique appelle quelques commentaires au sujet des mots essentiels qui la composent. StratĂ©gique 20415 L’adjectif « stratĂ©gique » n’est pas une concession Ă  la mode du moment. Il est utilisĂ© pour signaler que les informations fournies par la Veille StratĂ©gique ne concernent pas les opĂ©rations courantes et rĂ©pĂ©titives, mais, au contraire, l’aide Ă  la prise de dĂ©cisions qui ont les caractĂ©ristiques suivantes. Il s’agit de dĂ©cisions : non rĂ©pĂ©titives, non familiĂšres, pour lesquelles on ne dispose pas de modĂšles dĂ©jĂ  Ă©prouvĂ©s par l’expĂ©rience, prises en situation d’information trĂšs incomplĂšte. Mais il s’agit cependant de dĂ©cisions qui peuvent avoir un trĂšs grand impact sur la compĂ©titivitĂ© et la pĂ©rennitĂ© de l’entreprise. Par exemple, le choix d’un nouveau fournisseur a une importance stratĂ©gique pour une entreprise industrielle, alors que la passation d’une commande (rĂ©pĂ©titive) n’a pas une importance stratĂ©gique. Du fait mĂȘme que la veille stratĂ©gique doit aider Ă  la prise de dĂ©cisions peu rĂ©pĂ©titives, concernant des problĂšmes difficiles Ă  structurer, l'utilisation des informations prend une dimension crĂ©ative. Types de veille 20415 L’expression « veille stratĂ©gique » est une expression gĂ©nĂ©rique qui englobe plusieurs types de veilles spĂ©cifiques telles que la veille technologique, la veille concurrentielle, la veille commerciales, etc. Une entreprise n’est pas forcĂ©ment dans la nĂ©cessitĂ© de mettre en Ɠuvre toutes ces veilles spĂ©cifiques. Elle doit choisir celle(ou celles) qui lui paraĂźt la plus adaptĂ©e Ă  sa situation. Ce choix relĂšve lui-mĂȘme d’une dĂ©marche mĂ©thodologique. Volontariste. Parce qu'elle vise un but crĂ©atif, la veille stratĂ©gique ne saurait ĂȘtre un acte passif, limitĂ© Ă  une simple surveillance de l'environnement. C'est au contraire un acte volontariste, exigeant que l'on aille au devant des informations anticipatives en ouvrant bien grand ses yeux , ses oreilles et en activant tous les autres sens. Parfois il faut mĂȘme susciter des informations. A cet Ă©gard, le mot "veille" est bien mal choisi, mais il est maintenant trĂšs rĂ©pandu. Les expressions « Intelligence de l’entreprise » (utilisĂ©e par H. LESCA, dĂšs 1986 comme sous-titre de son livre publiĂ© chez Mac Graw Hill) ou encore « Intelligence StratĂ©gique » seraient prĂ©fĂ©rables. Les anglo-saxons parlent de "Environmental Scanning" ou encore de "Competitive Intelligence". De façon imagĂ©e, on peut comparer la veille stratĂ©gique de l'entreprise au radar du navire, comme l'a suggĂ©rĂ© AGUILAR, puisqu'elle vise Ă  anticiper des Ă©vĂ©nements avant qu'il ne soit trop tard pour pouvoir agir. Cependant, Ă  la diffĂ©rence du radar, qui est objectif, la veille stratĂ©gique est caractĂ©risĂ©e par son aspect interprĂ©tatif voire constructiviste. Intelligence collective. 20416 La recherche volontariste (on dit aussi « pro-active ») des informations de veille stratĂ©gique et leur utilisation ne saurait ĂȘtre une dĂ©marche individuelle. U contraire elle fait intervenir divers membres de l’entreprise, chacun d’eux en fonction de ses activitĂ©s et de ses compĂ©tences. Pour cette raison la veille stratĂ©gique est un processus collectif transverse Ă  l’entreprise. Ce processus englobe des phases d’interprĂ©tation des informations, phases dĂ©licates nĂ©cessitant la mobilisation d’expĂ©riences diverses. C’est pourquoi nous disons que la veille stratĂ©gique est insĂ©parable du concept d’intelligence collective. Il y a intelligence collective, c’est-Ă -dire d’un groupe d’individus, lorsque les signes observĂ©s dans l’environnement, leur sĂ©lection et leurs mises en relations pour crĂ©er du sens sont l’objet d’un travail collectif Ă  l’occasion duquel les membres du groupe sont en communication et en interaction sous toutes formes appropriĂ©es, dans le respect de certaines rĂšgles de comportement de travail en groupe. Environnement : L'environnement de l'entreprise n'est pas un concept abstrait ou un objet statistique. Il est constituĂ© d’acteurs agissants. Il sera dĂ©fini de façon opĂ©ratoire, notamment au moment de parler du ciblage de la veille stratĂ©gique. CrĂ©er : Compte tenu des caractĂ©ristiques des informations dont il est question, la veille stratĂ©gique englobe des phases d'interprĂ©tation des signes d'alerte prĂ©coce qui s'apparentent Ă  de la crĂ©ativitĂ©. En effet, les informations dont il est question ne dĂ©crivent pas des Ă©vĂ©nements dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ©s, mais permettent de formuler des hypothĂšses et de crĂ©er une vision volontariste. InterprĂ©tation et crĂ©ation prennent appui Ă  la fois sur les signes captĂ©s sur l’environnement, sur l'expĂ©rience des personnes qui interprĂštent les informations et sur les connaissances stockĂ©es dans l’ensemble des mĂ©moires de l'entreprise (mĂ©moires formelles et mĂ©moires tacites individuelles).
  • 3. Anticipation 20417 Notre dĂ©finition de la Veille StratĂ©gique met l’accent sur l’anticipation et la dĂ©tection de changements et notamment d’éventuelles ruptures (ou discontinuitĂ©s : discontinuity, radical change) qui pourraient survenir dans l’environnement pertinent de l’entreprise. Rappelons que Aguilar (1967) avait comparĂ© l’Environmental Scanning de l’entreprise au radar du navire. Notre choix a une consĂ©quence thĂ©orique et pratique quant au type d’informations auquel nous nous intĂ©ressons ici. Il s’agit d’informations ayant elles-mĂȘmes un caractĂšre anticipatif : elles doivent fournir des Ă©clairages sur le futur, et non pas sur le passĂ© ou le prĂ©sent. Cependant il faut distinguer deux façons de s’intĂ©resser au futur. Une premiĂšre façon consiste Ă  accumuler des informations sur le passĂ© et Ă  effectuer des extrapolations. C’est le cas lorsque l’on « calcule » des tendances, voire des tendances « lourdes ». Selon nous, cette façon revient Ă  regarder le futur « dans le rĂ©troviseur ». Elle n’est pas appropriĂ©e Ă  anticiper les changements surprenants et encore moins les ruptures. Une seconde façon consiste Ă  rechercher des informations susceptibles d’annoncer Ă  l’avance des changements nouveaux. Cette façon de faire a Ă©tĂ© prĂ©conisĂ©e par I. Ansoff lorsqu’il a introduit le concept de management stratĂ©gique et parlĂ© de « weak signals » (probablement par analogie avec ce que l’on connaĂźt dans le domaine de la radio et des radars. (Il semble en effet qu’il ait empruntĂ© cette expression Ă  W. W. Bryan, un cadre de chez Philips, Pays-Bas). Le type d’informations recherchĂ©es et les traitements pouvant leur ĂȘtre appliquĂ©s sont trĂšs diffĂ©rents de ceux utilisĂ©s pour le calcul des tendances. Le prĂ©sent document est plutĂŽt orientĂ© vers cette seconde façon d’anticiper. C’est pourquoi nous allons prĂ©senter le concept de signe d’alerte prĂ©coce. Nota bene : L’expression Intelligence Ă©conomique est de plus en plus rĂ©pandue. PrĂ©cisons qu’il s’agit d’un concept diffĂ©rent de la veille stratĂ©gique. Une section lui est consacrĂ©e pour le prĂ©senter, Ă  la fin de ce document. On peut penser que les concepts de Veille stratĂ©gique et d’Intelligence Ă©conomique sont appelĂ©s Ă  se rapprocher pour se complĂ©ter, ainsi qu’on le verra. 02 - SIGNES D'ALERTE PRECOCE©LESCA et caractĂ©ristiques des informations de veille stratĂ©gique « Quand on Ă©pouse une tendance, il est dĂ©jĂ  trop tard. » Robert SALMON, ancien Vice-PrĂ©sident de L’OREAL Les informations de veille stratĂ©gique concernent le futur de l'entreprise et l'extĂ©rieur de celle-ci, Ă  titre principal (mais elles peuvent Ă©galement concerner l'intĂ©rieur). Ce sont des informations anticipatives. Ces informations se rĂ©partissent en deux types : les signes d’alerte prĂ©coce et les informations de potentiels. DĂ©finition de « Signes d'alerte prĂ©coces » Nous appelons « signe d’alerte prĂ©coce » une information dont notre interprĂ©tation nous donne Ă  penser que pourrait s’amorcer un Ă©vĂ©nement susceptible d’avoir une grande utilitĂ© pour les responsables de notre entreprise. Explication visuelle. Il est probable que plus un signe d'alerte est anticipatif, plus il soit un signe de faible intensitĂ© d’oĂč l’expression « signal faible » utilisĂ©e par I. Ansoff.. La figure 0.2 fournit une explication visuelle. L'Ă©vĂ©nement E est totalement rĂ©alisĂ© au moment T. Il est exprimĂ© par le signe S de grosseur maximum. Il demande peu d'effort pour ĂȘtre captĂ©. L'Ă©vĂ©nement E est totalement connu au temps T. Nous sommes devant le fait accompli et ne disposons d'aucune marge de manƓuvre, si nous voulons agir : il est trop tard ! L'Ă©vĂ©nement E', au contraire, n'est pas encore (totalement) rĂ©alisĂ©. Il n'est qu'amorcĂ© au moment T'. Le signe S' qui l'annonce est relativement faible et demande plus d'effort pour ĂȘtre captĂ©. En revanche, au moment T' nous disposons d'un dĂ©lai de manƓuvre si nous voulons ne pas ĂȘtre mis devant le fait accompli quand il sera trop tard pour pouvoir agir ou mĂȘme rĂ©agir. CaractĂ©ristiques. Les signes d’alerte prĂ©coces sont des informations principalement : Qualitatives -Les informations de veille stratĂ©gique sont qualitatives pour la grosse majoritĂ© d'entre elles. Elles ne sauraient ĂȘtre constituĂ©es uniquement de chiffres constatant le passĂ© ou extrapolant le passĂ©. On s'intĂ©resse ici Ă  des Ă©vĂ©nements qui se produiront peut-ĂȘtre et qui ne sauraient donc faire l'objet de constats "comptables". Ainsi les signes d’alerte prĂ©coces peuvent prendre des formes telles que : phrases saisies dans une rĂ©union, dans un salon ou colloque ; brĂšve coupure de presse, mĂȘme issue d'un journal de quartier ; photographie, observations faites sur un chantier, etc.
  • 4. Fragmentaires -Les informations de veille stratĂ©gique ne peuvent se prĂ©senter que sous la forme de bribes patiemment collectĂ©es, sĂ©lectionnĂ©es, assemblĂ©es, interprĂ©tĂ©es et validĂ©es. Prise isolĂ©ment, chaque information est insignifiante et suspecte, mais rapprochĂ©e d'autres informations, elle prend progressivement du sens. Elle est comparable Ă  une piĂšce de puzzle. IncomplĂštes -Du fait mĂȘme de leur nature et de la difficultĂ©s Ă  les obtenir en temps voulu, les signes d’alertes prĂ©coces sont inĂ©vitablement des informations incomplĂštes. Ceci n’empĂȘche pas ‘en faire une exploitation fructueuse ainsi que nous le verrons plus loin en parlant de crĂ©ation de sens. Incertaines - Les informations de veille stratĂ©gique Ă  caractĂšre anticipatif constituent des alertes, des pistes, des signes gĂ©nĂ©ralement noyĂ©s dans du "bruit". Ils doivent faire naĂźtre des interrogations et des hypothĂšses dans l'esprit des responsables, et ne sauraient constituer des certitudes. De plus les signes en question peuvent rĂ©sulter d'une volontĂ© de dĂ©sinformation de la part d'un tiers (notamment lorsque ceux-ci envoient volontairement des « signaux » dans leur environnement (que l’on pense Ă  la sociĂ©tĂ© ENRON, vers septembre 2001 par exemple). Ils doivent donc faire l'objet d'un traitement particulier, pour les fiabiliser, avant d'ĂȘtre pris au sĂ©rieux. ImprĂ©cises - Souvent les signes d’alerte prĂ©coces manquent de la prĂ©cision que l’on souhaiterait et sont ambigus. Cette ambiguitĂ© inĂ©vitable doit ĂȘtre prise en compte dans le choix des supports que l’on utilisera pour les faire circuler. Il rĂ©sulte donc de ces caractĂ©ristiques qu'un dispositif efficace de veille stratĂ©gique doit permettre la capitalisation des informations en vue de les consolider, de les recouper, de les valider, et d’amplifier les signes de faible intensitĂ© Ă  l’origine. Informations de potentiel Ce sont des informations qui renseignent sur les capacitĂ©s de l’acteur de l’environnement et qui intĂ©resse notre entreprise, c’est-Ă -dire que celle-ci souhaite placer « sous surveillance » active. Par exemple, si cet acteur est un concurent, des informations de potentiels intĂ©ressantes peuvent ĂȘtre : le montant de son autofinancement (renseigne sur la capacitĂ© Ă  entreprendre un projet important) ; la qualitĂ© des compĂ©tences de ses collaborateurs... Du fait des caractĂ©ristiques prĂ©sentĂ©es ci-dessus, la veille stratĂ©gique ne s'improvise pas mais nĂ©cessite un dispositif spĂ©cial, c'est-Ă -dire des mĂ©thodes et des techniques appropriĂ©es, ainsi que des personnes formĂ©es dans ce but. 03 - UTILITE DE LA VEILLE STRATEGIQUE ©LESCA « Celui qui ne veut rien faire trouve toujours de bonnes raisons pour ne rien faire ». VAUBAN La problĂ©matique de l’utilitĂ© est sans cesse soulevĂ©e par les responsables d’entreprise. Elle englobe plusieurs questions telles que : - utilitĂ© pour quoi faire ? - utilitĂ© pour qui, au sein de l’entreprise ? - utilitĂ© de quoi : . du concept mĂȘme de veille stratĂ©gique ? . d’un dispositif spĂ©cial pour la veille stratĂ©gique qui permettrait de passer du concept Ă  l’action ? L'utilitĂ© du concept de veille stratĂ©gique peut ĂȘtre montrĂ©e en se rĂ©fĂ©rant au type de volontĂ© stratĂ©gique affichĂ©e par les dirigeants de l'entreprise (*). Ainsi, des enquĂȘtes ont mis en lumiĂšre que la veille stratĂ©gique est particuliĂšrement utile lorsque l'entreprise a une volontĂ© stratĂ©gique : - d'innovation produit (ou service) - de qualitĂ© totale du produit et des services - de rapiditĂ© de rĂ©action face Ă  la concurrence. C’est pourquoi, au moment d’expliquer l’utilitĂ© de la veille stratĂ©gique, la premiĂšre question Ă  poser pourrait ĂȘtre : Quel est votre objectif prioritaire : - aborder efficacement un client potentiel ? - innover en dehors d’une impasse ? - se protĂ©ger efficacement contre un concurrent dangereux ?, etc.
  • 5. D'autres enquĂȘtes ont montrĂ© que les entreprises qui sont durablement les plus innovantes, ou bien qui ont durablement une image de grande qualitĂ© du produit ou du service, sont prĂ©cisĂ©ment des entreprises qui sont dĂ©jĂ  bien avancĂ©es en matiĂšre de pratique de la veille stratĂ©gique. Citons par exemple L'OREAL, SOMFY ou encore le CREDIT AGRICOLE. Mais l'utilitĂ© de la veille stratĂ©gique est Ă©galement grande au point de vue de la sĂ©curitĂ© et de la pĂ©rennitĂ© de l'entreprise. On fait allusion ici au repĂ©rage prĂ©coce du risque d'apparition de produits de substitution, de technologies nouvelles, ou d'alliances chez les concurrents par exemple. Ainsi, s'il est naturel de s'interroger sur les coĂ»ts engendrĂ©s par la veille stratĂ©gique, il est tout aussi vital de s'interroger sur les coĂ»ts de la "non veille stratĂ©gique". === (*) Le rattachement de la veille stratĂ©gique est variable selon qu’il s’agisse d’une PME, d’une grande entreprise ou bien d’un groupe. Dans ce dernier cas, il existe plusieurs points de rattachement et il est probable qu’il existe Ă©galement plusieurs dispositifs de veille stratĂ©gique. Parmi les points de rattachement le plus frĂ©quemment observĂ©s mentionnons : - le niveau « Groupe », auprĂšs du prĂ©sident directeur gĂ©nĂ©ral, - le niveau « Division » (ou encore Centre OpĂ©rationnel), - le niveau « sociĂ©tĂ© », lorsque le groupe comprend plusieurs sociĂ©tĂ©s autonomes. Lorsqu’il existe plusieurs dispositifs de veille stratĂ©gique dans l’entreprise, se pose le problĂšme de leur renforcement mutuel et de leur coordination. 04 - PROCESSUS de veille stratĂ©gique : un processus d’apprentissage collectif La veille StratĂ©gique est un processus informationnel allant de la recherche (traque) des informations jusqu'Ă  leur interprĂ©tation et Ă  leur utilisation pour crĂ©er une vision de l'environnement dans lequel l'entreprise veut tailler sa place. Ce processus informationnel est ouvert sur l'extĂ©rieur de l'entreprise. Il part de l'intĂ©rieur de celle-ci pour aller vers l'extĂ©rieur, puis revient Ă  l'intĂ©rieur Ă  l'occasion de la traque d'informations. Ce processus franchit donc deux fois les frontiĂšres de l'organisation. L'analyse du processus (figure 04) met en Ă©vidence plusieurs sous - processus, tel le ciblage par exemple, sous-processus que nous allons prĂ©senter dans la suite de cet ouvrage. La rĂ©ussite de chacun d'eux est une condition nĂ©cessaire de l'efficacitĂ© du processus global de veille stratĂ©gique. Aucun d'eux ne supporte l'improvisation et la coordination est une condition nĂ©cessaire du succĂšs. Or que constate- t-on souvent dans de nombreuses entreprises, lorsque l’on dresse l’état de l’existant en matiĂšre de veille stratĂ©gique ? Etats de l’existant 
 frĂ©quents : - des informations existent sans doute, dans l’entreprise, mais on ne sait, etc. Bref les informations sont inaccessibles : c’est comme si elles n’existaient pas ! - la remontĂ©e des informations se fait mal ou pas du tout. Pourtant beaucoup de collaborateurs pas oĂč elles sont. Les personnes qui les dĂ©tiennent ne sont pas identifiĂ©es, oĂč bien sont frĂ©quemment absentes sont en contact avec l’extĂ©rieur et sont en mesure d’avoir des informations intĂ©ressantes. - les informations sont empilĂ©es dans une armoire, sans classement organisĂ©, inutilisables, noyĂ©es dans la masse. - les informations « informelles », souvent les plus prĂ©cieuses, restent dans la tĂȘte des individus et la communication se fait mal ou pas du tout, du moins au sujet de ces informations. Ces constats permettent de mieux comprendre le sens de la phrase souvent entendue en entreprises : « Nous faisons de la veille stratĂ©gique
 sans le savoir, c’est-Ă -dire comme monsieur Jourdain faisait de la prose ». ConsĂ©quences de telles pratiques. a) C'est lorsque rĂšgnent l'improvisation, l’absence de de mĂ©thode et de coordination, l’absence d’une volontĂ© managĂ©riale que se produit le "paradoxe de la surprise stratĂ©gique" signalĂ© par I. ANSOFF. L'Ă©vĂ©nement extĂ©rieur surprend tout le monde le jour oĂč il se produit, alors que l'on disposait d'informations importantes permettant d'entrevoir son Ă©ventualitĂ©. Mais ces informations sont dissĂ©minĂ©es et inutilisables : ce sont des informations fantĂŽmes ! Elles ne sont partagĂ©es par personne dans l'entreprise. Les entreprises durablement performantes ont un dispositif volontariste Ă  l'appui du processus de veille stratĂ©gique. Ce dispositif permet de dĂ©tecter les signes d’alerte prĂ©coce, de les capitaliser, de les partager et de les exploiter pour crĂ©er du sens et stimuler l’action. L’analyse du processus montre Ă©galement que la veille stratĂ©gique n'est pas une tĂąche isolĂ©e d'une personne unique, mais que c'est rĂ©ellement un processus transversal, fondĂ© sur des rĂ©seaux, faisant intervenir une chaĂźne de participants, mĂȘme dans une PME.
  • 6. b) Le simulacre de vielle stratĂ©gique ainsi observĂ© a un coĂ»t. Mais ce coĂ»t est cachĂ© en ce sens que personne ne se donne la peine de la calculer. C’est un coĂ»t inutile. Dans certains cas des responsables en prennent conscience lorsqu’ils disent : « Notre veille stratĂ©gique est pas assez efficace et
 trop artisanale ! ». Pistes pour progresser. Voici donc quelques pistes de progrĂšs que l’on peut induire de la pratique: a) Harmonie plutĂŽt que perfectionnisme : Si une seule phase du processus, un seul maillon est dĂ©faillant, l'ensemble du processus est dĂ©faillant. C’est pourquoi, plutĂŽt que de sophistiquer l'une des phases et nĂ©gliger les autres, il vaut mieux laisser de cĂŽtĂ© le perfectionnisme et veiller Ă  ce que toutes les phases du processus aient un niveau de qualitĂ© satisfaisant. Il existe des instruments pour Ă©valuer le niveau global de la qualitĂ© de la veille stratĂ©gique dans une entreprise. b) IntĂ©gration et coordination : Le processus de veille stratĂ©gique fait intervenir divers acteurs qui sont diffĂ©rents Ă  bien des Ă©gards : par leurs tĂąches habituelles, par leur spĂ©cialisation professionnelle, par leur expĂ©rience et mĂȘme par leur langage. En outre, ces acteurs utilisent probablement des moyens diffĂ©rents (notamment en ce qui concerne les technologies de l'information et de la communication). Il faut donc une rĂ©elle volontĂ© de coordination et d'intĂ©gration si l'on veut que le processus transversal de veille stratĂ©gique soit efficace. Coordination et intĂ©gration concernent aussi bien les comportements individuels que les moyens matĂ©riels mis en Ɠuvre. c) Capitalisation : Les informations de la veille stratĂ©gique Ă©tant fragmentaires, imprĂ©cises et Ă©parses par la force des choses, leur importance n'apparaĂźt que si elles sont accumulĂ©es et progressivement enrichies. L'enrichissement s'apparente Ă  une opĂ©ration de capitalisation. Ce n'est qu'Ă  cette condition de stockage et d'enrichissement que leur utilisation permettra la crĂ©ation de sens et la transformation des signes faibles en forces motrices pour l'action. d) Processus d’apprentissage collectif : L'analyse du processus (figure 04) fait Ă©galement apparaĂźtre des boucles de rĂ©troaction : - l'une part de l'exploitation des signes pour aboutir aux traqueurs des informations, - l'autre part Ă©galement de l'exploitation pour aboutir au ciblage et Ă  l'orientation de « l’antenne radar » de la veille stratĂ©gique. Ce son deux exemples de boucles d'apprentissage. C'est parce que la veille stratĂ©gique est un processus d'apprentissage collectif et crĂ©atif que les entreprises les plus performantes sont celles qui ont mis en place une veille stratĂ©gique les premiĂšres. Les entreprises habiles en veille stratĂ©gique sont de plus en plus habiles du fait de l'apprentissage. Mieux une entreprise utilise habilement ses informations pour l’action, plus elle obtient efficacement des informations pertinentes nouvelles et au moindre coĂ»t. Et plus elle augmente ses atouts concurrentiels. Les autres restent dans une ignorance Ă©tale et probablement meurtriĂšre Ă  terme. Des exemples concrets ne doivent pas manquer de venir Ă  l’esprit du lecteur.
  • 7.
  • 8. DEMARCHE 20417 /2 1 - CIBLAGE de la veille stratĂ©gique sur des informations pertinentes « I want it fast, factual, actionnable » Bernhardt. Objectif. 20423 LESCA L’objectif du ciblage de la veille stratĂ©gique est de rĂ©pondre aux questions : Comment identifier les centres d’intĂ©rĂȘt que les membres du dispositif de veille stratĂ©gique peuvent avoir en commun ? Comment atteindre des informations pertinentes pour les membres du dispositif ? Comment ne pas ĂȘtre noyĂ© sous les informations inutiles ? Mais toute la difficultĂ© est prĂ©cisĂ©ment se savoir ce qu’est une information pertinente et utile. C’est pourquoi la mĂ©thode CibleÂź prĂ©sentĂ©e ci-aprĂšs s’y prend de façon indirecte pour chercher Ă  rĂ©pondre Ă  ces questions. Cette façon indirecte nous conduit au ciblage de la veille stratĂ©gique. DĂ©finition de « ciblage ».. Cibler la veille stratĂ©gique est l’opĂ©ration par laquelle est dĂ©limitĂ© l’espace extĂ©rieur que l’entreprise veut mettre sous veille anticipative, c’est-Ă -dire sur laquelle est veut focaliser une attention volontariste (pro-active). (Disons, de façon imagĂ©e mettre sous son « radar »). Cibler la Veille StratĂ©gique signifie exprimer de façon explicite et claire « QUOI » peut intĂ©resser EN COMMUN les diffĂ©rents participants du processus de Veille StratĂ©gique, afin que puissent s’AMORCER des rĂ©flexes collectifs d’échange et de mise en commun des informations et des expĂ©riences. Mais cibler c’est aussi veiller, dĂšs l’amont, Ă  ce que le futur dispositif de Veille stratĂ©gique fournisse des informations pertinentes pour ceux qui auront Ă  les utiliser. Le ciblage est un travail collectif effectuĂ© par un groupe constituĂ© de façon ad hoc. DĂ©finition de « cible ». Nous appelons Cible le rĂ©sultat de l’opĂ©ration de ciblage. Ce rĂ©sultat est constituĂ© des documents suivants : - Un tableau Ă  deux entrĂ©es oĂč sont inscrites une liste de noms d’Acteurs et une liste de noms de ThĂšmes. - La liste des mots clĂ©s qui permettront de rechercher les informations. - La liste des sources d’information Ă  scruter. Dynamique de la cible. La dĂ©finition de la cible ne doit pas changer en permanence , car sur elle repose le dispositif de veille stratĂ©gique. Mais elle doit tout de mĂȘme Ă©voluer en fonction des prĂ©occupations des responsables de l’entreprise, et en ce sens elle est dynamique. Elle Ă©volue aussi sous l’effet des boucles de rĂ©troaction portĂ©es sur la figure 04. Le ciblage de la veille stratĂ©gique est donc une opĂ©ration itĂ©rative effectuĂ©e Ă  faible frĂ©quence : par exemple une fois par an. Le ciblage s'articule sur la stratĂ©gie de l'entreprise (ou sur ce qui tient lieu de stratĂ©gie). Le ciblage de la veille stratĂ©gique est dĂ©fini a priori lorsqu'il est dĂ©fini pour la premiĂšre fois. Mais ensuite il est susceptible de modifications adaptatives, sous l'effet de l'interprĂ©tation des informations recueillies. Il existe donc une boucle de feed-back reliant l'utilisation des informations obtenues sur la base du ciblage, et la modification du ciblage sur la base des enseignements tirĂ©s des actions rĂ©alisĂ©es. DĂ©finition de « acteur ». Nous appelons acteur, voulant dire acteur pertinent pour la veille stratĂ©gique, toute personne (physique ou morale) dont les dĂ©cisions et les actions sont susceptibles d'avoir, dans le futur, une influence (positive ou nĂ©gative, selon le cas) sur le devenir de notre entreprise. Cette influence peut ĂȘtre directe ou bien indirecte. Elle peut se manifester au travers d'un Ă©vĂ©nement engendrĂ© par l'acteur en question : par exemple la crĂ©ation d'un nouveau produit ou d'une nouvelle technique. Nous nous intĂ©ressons Ă©videmment aux acteurs actuels, c'est-Ă -dire confirmĂ©s, mais nous nous intĂ©ressons aussi aux acteurs potentiels. Exemple : Ă  une Ă©poque BENETTON n'Ă©tait pas concurrent de SALOMON. Ce groupe n'Ă©tait donc pas un acteur pertinent pour SALOMON. Un jour il a rachetĂ© NORDICA. Du jour au lendemain il est devenu concurrent de SALOMON. Un acteur potentiel est donc intĂ©ressant en ce sens qu’il pourrait devenir un acteur effectif trĂšs rapidement. Un acteur est caractĂ©risĂ© par un nom et une adresse (y compris une adresse Ă©lectronique). Le ciblage n’est possible que si les acteurs effectifs et potentiels sont en petit nombre (moins d’une centaine par exemple). Les consommateurs « grand public » ne constituent pas des acteurs au sens oĂč nous l’entendons ici.
  • 9. DĂ©finition de « thĂšme ». Nous appelons thĂšme une activitĂ© de l'acteur, ou une certaine caractĂ©ristique de l'acteur, qui nous intĂ©resse particuliĂšrement en matiĂšre de veille stratĂ©gique. En d'autres termes, s'agissant d'un acteur dĂ©signĂ© (actuel ou potentiel), nous souhaitons savoir de lui certaines choses utiles pour notre prise de dĂ©cision, mais nous ne voulons pas savoir tout et n'importe quoi. DĂ©signer des thĂšmes revient donc Ă  dĂ©limiter et Ă  restreindre volontairement notre effort de collecte d'informations Ă  l'Ă©gard de l'acteur en question. Exemples de thĂšmes spĂ©cifiques : . s'agissant d'un client : ses projets dans le domaine oĂč nous pourrions ĂȘtre fournisseur. . s'agissant d'un concurrent : ses partenaires, ses axes de recherche, etc. . s'agissant d'un organisme public : le projet de loi en matiĂšre de protection de l'environnement. Pour chacun des acteurs que nous avons ciblĂ©s comme Ă©tant pertinents, nous pouvons ĂȘtre intĂ©ressĂ©s par un ou plusieurs thĂšmes. Et un mĂȘme thĂšme peut concerner plusieurs acteurs pertinents. Processus de ciblage. A - Le point de dĂ©part du ciblage est l’objectif prioritaire de notre entreprise (ou bien de la division considĂ©rĂ©e), ou bien encore du domaine d’activitĂ© considĂ©rĂ©. (*) B- Le point d’arrivĂ©e du ciblage est le document appelĂ© Cible de la veille stratĂ©gique. Ce document est la cartographie (tableau Ă  deux entĂ©es) de l'environnement que notre entreprise a dĂ©cidĂ© de placer "sous son radar". Le ciblage dĂ©bouche Ă©galement sur l’identification des sources d’information qu’il faudra interroger ou solliciter. Outils et mĂ©thodes - Il existe une mĂ©thode (au moins) pour aider les entreprises Ă  effectuer le ciblage de leur veille stratĂ©gique. Cette mĂ©thode est largement validĂ©e et les retours d'expĂ©rience permettent de l'amĂ©liorer en continu. cette mĂ©thode est appelĂ©e CIBLEÂź. CoĂ»t du ciblage - Lorsque l’on utilise cette mĂ©thode, l'opĂ©ration de ciblage nĂ©cessite de une Ă  trois sĂ©ances de travail collectif guidĂ©es par un consultant extĂ©rieur pour les apports mĂ©thodologiques. Le nombre exact de sĂ©ances dĂ©pend du pĂ©rimĂštre du dispositif Ă  construire. Le groupe de travail est constituĂ© de façon ad hoc. Il compte de 4 Ă  12 personnes (par exemple). Parmi elles figurent nĂ©cessairement des responsables de haut niveau qui doivent ĂȘtre des preneurs de dĂ©cision. Si cette condition nĂ©cessaire n’est pas respectĂ©e, il est guĂšre nĂ©cessaire d’aller plus loin ! C’est l’un des facteurs critiques de succĂšs (fcs) de la veille stratĂ©gique. (*) Voir 0.3 - UtilitĂ©... 20418 2 – TRAQUE des informations « Dans notre Ă©tablissement, un rĂ©seau interne a Ă©tĂ© mis en place pour la veille stratĂ©gique. C’est important de bien sĂ©lectionner les personnes qui font partie du rĂ©seau. Tout le monde n’est pas sensibilisĂ© par cette activitĂ©. » Jean ZIEGLER, Directeur GĂ©nĂ©ral, AĂ©rospatiale, Ă©tablissement de Cannes DĂ©finition de « traque » 2 0417 La traque est l’opĂ©ration pro-active par laquelle des membres de notre entreprise (ou de notre unitĂ©) se procurent des informations de veille stratĂ©gique. Nous avons choisi ce mot pour signifier que les informations de veille stratĂ©gique les plus intĂ©ressantes ne viennent pas Ă  nous d’elles-mĂȘmes. Au contraire, il faut faire l’effort volontariste (pro-actif) d’aller au-devant d’elles et parfois les provoquer. De ce fait, nous appelons « traqueurs » personnes qui ont pour mission d’aller au devant des informations de veille stratĂ©gique. TĂąches du traqueur. Il faut distinguer deux tĂąches connexes mais diffĂ©rentes : - la traque proprement dite des informations, - la remontĂ©e des informations pour les mettre en commun avec d’autres personnes. Ces tĂąches soulĂšvent, en effet, des problĂšmes qui leur sont spĂ©cifiques. La problĂ©matique de la mise en place et celle de la pĂ©rennisation de la traque sont trĂšs diffĂ©rentes selon le type de traqueur dont il s’agit.
  • 10. Types de traqueurs. 20417 LESCA Nous distinguons deux types de traqueurs, en fonction des sources d’information avec lesquelles ils sont en contact : - Les traqueurs « sĂ©dentaires », qui travaillent gĂ©nĂ©ralement dans un bureau et qui accĂšdent Ă  des sources d’informations formalisĂ©es (base de donnĂ©es, internet, etc.). - Les traqueurs « terrain » (ou encore mobiles, itinĂ©rants, nomades
) qui sont trĂšs frĂ©quemment en dĂ©placement et au contact des personnes de diverses catĂ©gories : clients, fournisseurs, concurrents, laboratoires, salons etc. Dans ce cas les informations sont essentiellement sensorielles (auditives, visuelles, olfactives, tactiles, gustatives), du moins telles que captĂ©es Ă  la source. BibliomĂ©trie. S’agissant de la traque des informations au travers des sources documentaires, il est possible d’utiliser des logiciels spĂ©cialisĂ©s de bibliomĂ©trie, lorsque l’on a affaire avec de trĂšs grandes quantitĂ©s de documents, ce qui peut ĂȘtre le cas en matiĂšre de veille technologique (au sens strict). De tels logiciels sont utiles pour faire apparaĂźtre des Ă©lĂ©ments noyĂ©s dans le volume, et d’éventuels signaux faibles. Les logiciels de bibliomĂ©trie ne sont guĂšre Ă  la portĂ©e des PME. Choix des traqueurs 20417 LESCA Le choix des traqueurs parmi le personnel de l’entreprise peut ĂȘtre guidĂ© par plusieurs critĂšres dont voici quelques exemples. CritĂšre de la cible. Le point de dĂ©part de la dĂ©marche de choix dĂ©coule de la cible de veille stratĂ©gique. On cherche alors Ă  rĂ©pondre Ă  la question « qui est concernĂ© par quoi (quels acteurs et quels thĂšmes). CritĂšre des sources d’information. On cherche alors Ă  rĂ©pondre Ă  la question « Qui est naturellement au contact de quelle source, en fonction de ses activitĂ©s haituelles ?» CritĂšre concernant la personnalitĂ©. Quel est le style cognitif de la personne et ce style est-il appropriĂ© Ă  la traque d’information ? CritĂšre du nombre. Le nombre des traqueurs officiellement dĂ©signĂ©s rĂ©sulte Ă  la fois d'un raisonnement et des ressources que la direction de l’entreprise veut consacrer Ă  la veille stratĂ©gique. Contrairement Ă  ce qui est souvent dit tout membre de l'entreprise ne saurait ĂȘtre un traqueur. Pour une entreprise comptant cent personnes, le nombre des traqueurs dĂ©passera rarement la douzaine, par exemple. CritĂšre de motivation. Un traqueur, pour ĂȘtre choisi dĂ©finitivement, doit se sentir concernĂ© par cette tĂąche. Formation des traqueurs 20417 IdĂ©alement le traqueur doit disposer de trois savoirs ; Il doit savoir : - accĂ©der aux sources d’informations connues, - sĂ©lectionner les informations, - dĂ©tecter des sources nouvelles d’informations. Dans le cas des taqueurs « nomades » la problĂ©matique de la formation comprend les questions suivantes : 1 - Comment faire pour que les traqueurs « terrain » sollicitĂ©s : a) soient aptes Ă  identifier le caractĂšre anticipatif (Ă©ventuel) d’une information, sachant que cette identification est difficile et que son ambiguĂŻtĂ© peut nĂ©cessiter une interaction avec d’autres personnes. b) soient aptes Ă  interagir avec d’autres personnes pour faire Ă©merger le caractĂšre Ă©ventuellement anticipatif d’une information (et Ă  contribuer ainsi Ă  l’émergence d’une intelligence collective) ? 2 - Comment pĂ©renniser un tel dispositif une fois qu’il est dĂ©jĂ  mis en place ? La formation peut ne pas excĂ©der une journĂ©e pour un traqueur. Une douzaine de traqueurs peuvent ĂȘtre formĂ©s au cours de la mĂȘme sĂ©ance de formation. Outils et mĂ©thode - Les traqueurs sont dotĂ©s d'un support appropriĂ© pour formaliser les informations et pour les acheminer vers un point de convergence. Ce point est gĂ©nĂ©ralement celui oĂč se trouve l'animateur de la veille stratĂ©gique. Le support est souvent appelĂ© « fiche de captage », mĂȘme s’il s’agit d’un Ă©cran d’ordinateur. Internet. L’une des sources dĂ©sormais les plus importantes est Internet. Cependant l’exploitation de cette source, facile en apparence, ne dispense pas de recourir Ă  une mĂ©thodologie, sous peine de gaspiller beaucoup de temps et d’argent
 est d’ĂȘtre noyĂ© sous des donnĂ©es sans rĂ©el intĂ©rĂȘt.
  • 11. CoĂ»t de la traque - Les coĂ»ts se rĂ©partissent en deux familles, comme suit. CoĂ»ts d'investissement : - la formation des traqueurs, - l’équipement Ă©ventuellement fourni aux traqueurs. CoĂ»ts de fonctionnement : - le temps consacrĂ© par le traqueur Ă  cette mission, - le coĂ»t d'accĂšs Ă  certaines sources d’information (publications, bases de donnĂ©es, etc.). 20418 3 - SELECTION des informations DĂ©finition de « sĂ©lection » 20418 LESCA. La sĂ©lection des informations est l'opĂ©ration qui consiste Ă  ne retenir, parmi les informations recueillies, que les seules informations de veille stratĂ©gique susceptibles d'intĂ©resser les utilisateurs potentiels au sein de notre entreprise (Voir Ciblage de la veille stratĂ©gique). Cette opĂ©ration est l’une des phases cruciales du processus de la Veille StratĂ©gique. En effet, une absence de sĂ©lection conduit Ă  « trop d’informations » et Ă  Ă©touffer le et une sĂ©lection trop restrictive appauvrit et assĂšche le processus Niveaux de sĂ©lection. 20418 LESCA Selon la source d’origine de l’information, l’opĂ©ration de sĂ©lection est plus ou moins complexe. Si l’information est d’origine « terrain » et capturĂ©e par un traqueur « terrain », la sĂ©lection se fait sur l’instant et donne lieu au remplissage d’une fiche de captage d’information. Si l’information issue d’origine documentaire, la sĂ©lection est alors un processus comptant deux niveaux : - SĂ©lection de niveau 1 (sĂ©lection N1) : elle consiste Ă  choisir une information au sein d’un ensemble appelĂ© «informations brutes ». Cette information sĂ©lectionnĂ©e est appelĂ©e « information primaire ». C’est, par exemple, un article au sein d'un journal ou d'une base de donnĂ©es (ou bien encore quelques phrases au sein d’un discours entendu). - SĂ©lection de niveau 2 (sĂ©lection N2) : elle consiste Ă  choisir une phrase (ou quelques phrases brĂšves) au sein de l'information primaire. Cette information ainsi sĂ©lectionnĂ©e au sein d’une information primaire est appelĂ©e « information essentielle » (ou encore « brĂšve »). Ces deux niveaux de sĂ©lection posent des problĂšmes diffĂ©rents et sont rĂ©alisĂ©s par des personnes diffĂ©rentes, la plupart du temps. Qui sĂ©lectionne l’information. 20418 LESCA Si l’information est d’origine « terrain » et capturĂ©e par un traqueur « terrain », la sĂ©lection se fait sur l’instant par le traqueur. Celui-ci remplit une fiche de captage d’information et la sĂ©lection est ainsi rĂ©alisĂ©e « sur le tas ». Si l’information est d’origine documentaire, plusieurs personnes vont intervenir successivement : - Le traqueur d’abord, gĂ©nĂ©ralement un traqueur « sĂ©dentaire » qui lit des publications, interroge des bases de donnĂ©es, interroge sur internet, etc. Il effectue une premiĂšre sĂ©lection fournissant ainsi un information « primaire » : gĂ©nĂ©ralement de quelques lignes jusqu’à plusieurs pages selon le cas. Puis il transmet cette information « primaire » Ă  un expert. - L’expert est pratiquement le seul Ă  pouvoir sĂ©lectionner les quelques lignes constituant l’information essentielle (ou « brĂšve ») contenue dans l’information primaire. Dans tous les cas la sĂ©lection nĂ©cessite que l’on dispose de critĂšres de sĂ©lection. CritĂšres de sĂ©lection des informations. 20418 LESCA Certains critĂšres dĂ©coulent de la construction de la cible de veille stratĂ©gique : noms des acteurs, noms des thĂšmes, mots clĂ©s, etc. Un autre critĂšre, cohĂ©rent avec la dĂ©finition mĂȘme du concept de veille stratĂ©gique, est le caractĂšre anticipatif de l’information. D’autres critĂšres peuvent encore ĂȘtre ajoutĂ©s. Ils dĂ©pendront du contexte dans lequel on se situe. Outils et mĂ©thode pour la sĂ©lection. 20414 LESCA
  • 12. S’agissant des informations d’origine documentaire ou internet, il existe de nombreux outils informatiques pour sĂ©lectionner les informations (moteurs de recherche, agents intelligents, etc.). Formation Ă  la sĂ©lection des informations. 20414 LESCA Il existe une mĂ©thode (au moins) pour former les personnes chargĂ©es de la sĂ©lection des informations, et pour rĂ©aliser la sĂ©lection au quotidien. Cette mĂ©thode permet de rĂ©aliser un processus d’apprentissage individuel et collectif de la sĂ©lection des informations. La formation peut se faire en une journĂ©e. CoĂ»t de la sĂ©lection. Les coĂ»ts de la sĂ©lection des informations se rĂ©partissent comme suit. CoĂ»ts d'investissement : - formation des (n) personnes, - acquisition Ă©ventuelle d'Ă©quipements (variable selon les ambitions de l'entreprise) CoĂ»ts de fonctionnement : - temps consacrĂ© Ă  la sĂ©lection par les (n) personnes, au quotidien. Au minimum cela peut reprĂ©senter une demi journĂ©e d'une personne et par semaine (cas d'une PME par exemple). Surprise ! Les informations anticipatives Ă  caractĂšre stratĂ©gique ne sont pas aussi nombreuses que les responsables d'entreprise le supposent a priori. Au cours de la mise en place et du rodage du dispositif de veille stratĂ©gique, ils apprennent progressivement Ă  sĂ©lectionner efficacement les informations. Il se produit un processus d'apprentissage individuel et collectif qui augmente l’efficience de la veille stratĂ©gique. 4 – CIRCULATION et REMONTEE des informations DĂ©finition de “remontĂ©e” des informations. 20418 La remontĂ©e des informations est l'opĂ©ration par laquelle un traqueur fait parvenir ses informations de veille stratĂ©gique Ă  la personne chargĂ©e de les stocker (souvent l’animateur de la veille stratĂ©gique). Cette opĂ©ration soulĂšve des problĂšmes diffĂ©rents selon que le traqueur est sĂ©dentaire ou bien qu'il est itinĂ©rant (nomade ou « terrain »). Notons que le mot « remontĂ©e », trĂšs utilisĂ© dans les entreprises, est trop restrictif et Ă  consonance malheureuse : - trop restrictif parce qu’il est toujours possible qu’un traqueur achemine son information de façon latĂ©rale, directement vers un autre traqueur, par exemple ; - Ă  consonance malheureuse parce qu’il peut laisser entendre que le traqueur est « dĂ©possĂ©dĂ© » de son information au profit d’une « bureaucratie » situĂ©e au sommet de la pyramide hiĂ©rarchique. Organisation de la remontĂ©e. 20418 Le dispositif de remontĂ©e nĂ©cessite que le traqueur : - sache clairement Ă  qui faire parvenir les informations, sans hĂ©sitation possible pour ne pas compliquer sa tĂąche et pour ne pas lui faire perdre de temps, - dispose d'un moyen matĂ©riel appropriĂ© pour transmettre les informations, facile d'accĂšs et d'utilisation. Le choix du support doit tenir compte de la nature de l’information Ă  transmettre (notamment son degrĂ© d’ambiguĂŻtĂ©). Outils et mĂ©thode de la remontĂ©e. 20418 Les moyens matĂ©riels pour faciliter la remontĂ©e des informations depuis les traqueurs jusqu'au lieu de stockage, sont divers. NĂ©anmoins tous ne sont pas Ă©galement bien adaptĂ©s aux caractĂ©ristiques d'une entreprise donnĂ©e ainsi qu’aux informations de veille stratĂ©gique. Se pose donc la question des critĂšres de choix. En outre, il doit y avoir cohĂ©rence entre le support proposĂ© aux traqueurs pour saisir (support de captage) leurs informations, et le moyen choisi pour faire remonter les informations vers l’animateur de la veille stratĂ©gique. Exemples : - transmission des fiches de captage de la main Ă  la main, du traqueur Ă  l’animateur ; - dĂ©pĂŽt des fiches dans une boĂźte aux lettres prĂ©vue Ă  cet effet dans un lieu d’accĂšs trĂšs facile ; - transmission des fiches par fax ; - scanning des fiches sur l’ordinateur du traqueur et transmission par rĂ©seau ; - transmission par la messagerie, intranet, etc. - transmission orale par tĂ©lĂ©phone ou bien par le rĂ©seau informatique, etc.
  • 13. 5 - STOCKAGE INTELLIGENT des informations et base de connaissance. Dans le domaine de la veille stratĂ©gique, une information considĂ©rĂ©e en elle-mĂȘme est de relative faible intĂ©rĂȘt. C‘est l‘interprĂ©tation faite de cette information et les commentaires qui sont essentiels. C‘est pourquoi nous sommes conduits Ă  Ă©voquer les bases de connaissance et la gestion des connaissances (KM). DĂ©finition de « Knowledge Management“ » (KM) ou gestion des connaissances. 20419 Selon le CIGREF (Club Informatique des Grandes Entreprises Françaises) « Le KM est l’ensemble de modes d’organisation et de technologies visant Ă  crĂ©er, collecter, organiser, stocker, diffuser, utiliser et transfĂ©rer la connaissance dans l’entreprise. Connaissance matĂ©rialisĂ©e par des documents internes ou externes, mais aussi sous forme de capital intellectuel et d’expĂ©riences dĂ©tenues par les collaborateurs ou experts d’un domaine. » MĂ©moire de l‘entreprise. 20419 LESCA Il faut parler de mĂ©moires de l‘entreprise au pluriels car les formes de mĂ©morisation sont multiples : - mĂ©morisation totalement informelle dans la tĂȘte des individus; - mĂ©morisation formalisĂ©e, mais dissĂ©minĂ©es dans des fichiers Ă©pars et incompatibles; - mĂ©morisation dans des bases communes de donnĂ©es reliĂ©es entre elles et dans les bases de connaissance. S‘agissant de la veille stratĂ©gique, les deux premiĂšres formes de mĂ©morisation demeurent les plus courantes, ce qui explique la faible efficience des dispositifs de veille et d‘intelligence collective que l‘on peut observer dans la plupart des entreprises. Cependant les auteurs excluent souvent la premiĂšre forme de mĂ©morisation lorsqu’ils parlent de mĂ©moire de l’entreprise. Ainsi : « Une mĂ©moire d’entreprise est la reprĂ©sentation persistante, explicite, dĂ©sincarnĂ©e, des connaissances et des informations dans une organisation, afin de faciliter leur accĂšs, leur partage et leur rĂ©utilisation par les membres adĂ©quats de l’organisation, dans le cadre de leurs taches ». (R. DIENG et al). DĂ©finition de « stockage des informations » 20419 LESCA Le stockage des informations de veille stratĂ©gique est une condition nĂ©cessaire pour valoriser et exploiter ces informations. Il matĂ©rialise la mise en commun des informations : celles-ci doivent donc ĂȘtre rendues facilement accessibles Ă  tout moment par les personnes autorisĂ©es. Selon la façon dont il est conçu et vĂ©cu, le stockage peut constituer une capitalisation des connaissances de l'entreprise. Il faut prĂ©ciser "stockage de quoi" . En effet, il peut s'agir : - soit du stockage du support de l'information primaire rĂ©sultant de la sĂ©lection de niveau 1 (article de presse par exemple) ; - soit du stockage de l'information essentielle extraite de l'information primaire (rĂ©sultant de la sĂ©lection de niveau 2), ou bien rĂ©sultant directement du captage des traqueurs « terrain » ; - soit d'un premier rĂ©sultat de l’utilisation de l'information, auquel cas il peut s’agir de retours d’expĂ©rience. On dĂ©bouche alors sur une base de connaissance. ModĂšles d'organisation du stockage. 20419 LESCA Citons deux modĂšles inĂ©galement adaptĂ©s aux caractĂ©ristiques d'une entreprise donnĂ©e : - centralisation unique (ou stockage en un lieu unique), - centralisation rĂ©partie (ou stockage rĂ©parti en plusieurs lieux et Ă©ventuellement reliĂ©s entre eux par rĂ©seau). Plan de classement des informations. 20419 LESCA Dans tous les cas tous les cas le stockage nĂ©cessite la mise au point prĂ©alable d'un plan de classement des informations dans les bases de donnĂ©es. Ce plan de classement repose sur le ciblage de la veille stratĂ©gique. Il reprend les thĂšmes et les acteurs, qui sont les mots clĂ©s principaux, et affine les dĂ©tails. Cet affinage se traduit par une liste de mots clĂ©s, rĂ©sultant du ciblage de la veille stratĂ©gique. La liste des mots clĂ©s s’impose Ă  tous les utilisateurs des informations de la veille stratĂ©gique, au sein de l'entreprise. Son Ă©volution est liĂ©e Ă  l’évolution du ciblage de la veille stratĂ©gique. Equipements - Il existe de nombreux matĂ©riels et logiciels pour stocker les informations de veille stratĂ©gique. Ils sont inĂ©galement adaptĂ©s au cas particulier d'une entreprise donnĂ©e. S’agissant des logiciels, outre les logiciels du type « gestionnaire Ă©lectronique de donnĂ©es » (GED), on note que beaucoup d’entreprises construisent leurs bases de donnĂ©es sur ACCESS tandis que d’autres prĂ©fĂšrent les stocker sur une base ORACLE, accessible ou non par rĂ©seau (intranet par exemple).
  • 14. CoĂ»t - Les coĂ»ts du stockage se rĂ©partissent comme suit : CoĂ»ts d'investissement : - rĂ©alisation d'un plan de classement, - formation de la personne (ou des personnes) chargĂ©e du stockage, - acquisition du matĂ©riel de stockage, etc. CoĂ»ts de fonctionnement : - temps consacrĂ© par une personne (ou des personnes) Ă  cette mission, - occupation de l'espace de stockage, etc. 7 - DIFFUSION des informations et connaissances. Facilitation de l’ACCES de la part des utilisateurs. DĂ©finition de « diffusion » 24019 LESCA La diffusion est l'opĂ©ration qui consiste Ă  mettre les informations et les connaissances (rĂ©sultant notamment de la crĂ©ation de sens) liĂ©es Ă  ces informations Ă  la disposition des utilisateurs potentiels, qui sont souvent des responsables opĂ©rationnels. C’est le gestionnaire du stock d’informations et connaissances qui a l’initiative de l’opĂ©ration. Diffuser «efficacement» signifie que : - les informations et connaissances parviendront effectivement aux utilisateurs potentiels ; - seront clairement comprises par leurs destinataires ; - seront effectivement prises en compte par les utilisateurs potentiels, c’est-Ă -dire qu’il faut tenir compte de leur comportement d’acceptation ou de refus. DĂ©finition de « accĂšs ». 24019 LESCA L’accĂšs dĂ©signe l’opĂ©ration (ou ensemble d’opĂ©rations) par laquelle l’utilisateur potentiel d’une information peut accĂ©der Ă  celle-ci, au moment opportun pour lui. C’est lui qui a l’initiative de l’opĂ©ration. Eventuellement il doit y ĂȘtre autorisĂ© formellement. Objectif de la diffusion (et de l’accĂšs). 24019 LESCA La diffusion et l’accĂšs ont pour but de faire en sorte que les utilisateurs potentiels des informations et connaissances de Veille stratĂ©gique et Intelligence Collective, c’est-Ă -dire ceux qui peuvent transformer information et connaissance en action, disposent : - la bonne information , - au bon moment. Remarque : Le concept de "Moment" est peut ĂȘtre le mot le plus important ici. En effet, il y a une non - synchronisation inĂ©vitable entre le moment oĂč une information de veille stratĂ©gique est « traquĂ©e » et le moment oĂč un utilisateur en ressente le besoin pour son action. ModĂšles d’organisation de la diffusion. 24019 LESCA Le point de dĂ©part de l’opĂ©ration de diffusion est le lieu oĂč sont stockĂ©es les informations Ă©laborĂ©es tandis que le point d'arrivĂ©e est le lieu (ou bien les lieux) oĂč ces informations vont ĂȘtre utilisĂ©es par les utilisateurs potentiels que l’on peut appeler «Clients » de la veille stratĂ©gique. On distingue deux modĂšles basiques pour diffuser les informations et connaissances : - l'approche par les "stocks", oĂč le gestionnaire du stock est « passif » ; - l'approche par les "flux",. oĂč le gestionnaire du stock est « pro-actif » Toutes deux ont des avantages et des inconvĂ©nients. Il faut donc choisir celle qui est la plus appropriĂ©e au cas considĂ©rĂ©. L'organisation de la diffusion peut nĂ©cessiter une opĂ©ration prĂ©alable : la cartographie des utilisateurs finals et de leurs besoins en informations de veille stratĂ©gique. L'animateur de la Veille StratĂ©gique, s’il est lui-mĂȘme les gestionnaire des informations et connaissances stockĂ©es, joue grand rĂŽle dans la diffusion. Ce rĂŽle peut ĂȘtre dĂ©cisif pour le succĂšs (ou bien l'Ă©chec, selon le cas) du dispositif de veille stratĂ©gique.
  • 15. Outils et mĂ©thode - Les outils (matĂ©riels et logiciels) pour venir en appui de la diffusion sont sans cesse plus nombreux et leurs fonctionnalitĂ©s de plus en plus riches. Le choix peut ĂȘtre guidĂ© par les thĂ©ories de DAFT et al. relative Ă  l'adaptation du support aux caractĂ©ristiques des informations et connaissances Ă  diffuser. CoĂ»t de la diffusion. Les coĂ»ts de la diffusion se rĂ©partissent en coĂ»ts d'investissement et en coĂ»ts de fonctionnement. Les coĂ»ts d'investissement ne sont pas les mĂȘmes selon l'approche, par stock ou par flux, choisie. Ils sont plus Ă©levĂ©s pour l'approche par les flux. 9 – ANIMATION de la veille stratĂ©gique DĂ©finition de « animation ». 20423 LESCA L’animation est la mission de l’animateur (ou animatrice) du dispositif de veille stratĂ©gique. Elle consiste Ă  : - stimuler l’action des membres du dispositif (notamment les traqueurs « terrain ») ainsi que leur « crĂ©ativitĂ© »; - coordonner leurs tĂąches concernant la veille stratĂ©gique et leurs rĂ©flexions de façon Ă  faire Ă©merger des interprĂ©tations et du sens ; - faire en sorte que des « pĂ©pites » d’informations pertinentes ne sommeillent pas dans les armoires et les « tĂȘtes » des individus Ă  l’intĂ©rieur mĂȘme de l’entreprise ; - Ă  intĂ©grer en un tout cohĂ©rent et efficient les pratiques individuelles qui auraient pu apparaĂźtre antĂ©rieurement Ă  la mise en place du dispositif ; - Ă  suggĂ©rer de nouvelles sources d’information Ă©ventuelles ; - Ă  assurer le suivi des demandes d’information de la part des membres de l’entreprise ; - Faire vivre et Ă©voluer le dispositif de veille stratĂ©gique. Selon le modĂšle choisi par l’entreprise, l’animation de la veille stratĂ©gique peut ĂȘtre confiĂ©e Ă  une personne unique, ou bien Ă  plusieurs personnes. Ce dernier cas se prĂ©sente notamment lorsque le stockage des informations et connaissances est rĂ©parti auprĂšs d’experts diffĂ©rents. Il faut distinguer deux situations diffĂ©rentes : - La phase de mise en place du dispositif de Veille StratĂ©gique. L’animateur est en fait le chef de projet et est responsable de son dĂ©marrage. - Le fonctionnement en rĂ©gime de croisiĂšre du dispositif de Veille StratĂ©gique. L’animateur est responsable de la pĂ©rennitĂ© du dispositif. Profil de l’animateur (ou animatrice). 20423 LESCA La mission d'animation est avant tout relationnelle et le « savoir - communiquer » est un facteur clĂ© de succĂšs majeur. Cette mission nĂ©cessite donc une personne extravertie motivĂ©e pour aller au-devant des utilisateurs potentiels des informations et connaissances, pour les motiver le cas Ă©chĂ©ant. Mais cette personne doit Ă©galement avoir des qualitĂ©s d’organisation et de rigueur. L’animateur doit donc avoir un « double profil » (ou une double compĂ©tence) : - un profil de communicant ; - un profil un profil de compĂ©tences techniques en accord avec son rĂŽle. Par ailleurs, la maĂźtrise de certains outils informatique est maintenant indispensable. Formation. 20423 LESCA Il n’y a pas de formation type pour devenir animateur de veille stratĂ©gique. Il n’est pas indispensable que la personne ait fait des Ă©tudes spĂ©cialisĂ©es dans le domaine de la veille stratĂ©gique au moment oĂč dĂ©marre un chantier de mise en place d’un dispositif. Elle peut faire son apprentissage en mĂȘme temps qu’elle conduit le chantier de mise en place, Ă  la condition d’ĂȘtre sĂ©rieusement guidĂ©e, sur le plan mĂ©thodologique, par une personne experte dans ce domaine. CoĂ»t de l’animation. 20419 LESCA Il est constituĂ© essentiellement : - Du salaire de l’animateur. Selon l’ampleur de la tĂąche, l’animation peut reprĂ©senter une fraction de temps de travail d’une personne (par exemple deux jours par semaine dans une PME). Mais il est Ă©galement possible que l’animation reprĂ©sente l’activitĂ© de plusieurs personnes Ă  plein temps. - Du coĂ»t des locaux et Ă©quipements utilisĂ©s par l’animateur. - Des frais de communication entre l’animateur et les divers membres du dispositif, notamment les traqueurs « terrain ».
  • 16. 970526 10 - INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE Il a Ă©tĂ© signalĂ©, au dĂ©but de ce document, l’existence du concept d’Intelligence Économique. Ce concept est distinct de celui de Veille StratĂ©gique. Cependant ces deux concepts ne sont pas sans liens. On donne donc quelques prĂ©cisions sur l’Intelligence Economique. L’expression « Veille StratĂ©gique » est apparue la premiĂšre en France et est issue des Sciences de Gestion et du management stratĂ©gique, c’est Ă  dire du monde des entreprises. C’est un concept micro-Ă©conomique. Elle a Ă©tĂ© dĂ©finie au dĂ©but de ce document et dĂ©veloppĂ©e tout au long des pages qui prĂ©cĂšdent. Le concept « Intelligence Économique » est issu des travaux d’un groupe de travail du Commissariat gĂ©nĂ©ral du Plan, groupe prĂ©sidĂ© par Henri MARTRE. L’expression est donc issue du monde des dirigeants d’entreprises du domaine de l’armement et du cĂŽtĂ© des Pouvoirs Publics, soucieux d’une vision globale Ă  l’échelon national. A cette occasion, le groupe de travail « Henri MARTRE » a voulu rappeler , comme nous l’avons fait nous-mĂȘmes, que le mot « veille » a une connotation regrettablement passive Issues de mondes diffĂ©rents, les deux expressions « Veille StratĂ©gique » et « Intelligence Économique » ont des contenus qui varient selon les prĂ©sentateurs, mais ces contenus sont appelĂ©s Ă  Ă©voluer rapidement, et Ă  se complĂ©ter. Du moins est-ce notre opinion. Rappelons la dĂ©finition de l’expression « Intelligence Économique » publiĂ©e dans le rapport « MARTRE »: « L’intelligence Ă©conomique peut ĂȘtre dĂ©finie comme l’ensemble des actions coordonnĂ©es de recherche, de traitement et de distribution en vue de son exploitation, de l’information utile aux acteurs Ă©conomiques. Ces diverses actions sont menĂ©es lĂ©galement avec toutes les garanties de protection nĂ©cessaires Ă  la prĂ©servation du patrimoine de l’entreprise, dans les meilleures conditions de qualitĂ©, de dĂ©lai et de coĂ»t.... La notion d’intelligence Ă©conomique implique l’interaction entre tous les niveaux de l'activitĂ© : depuis la base (internes Ă  l’entreprise) en passant par des niveaux intermĂ©diaires (interprofessionnels, locaux) jusqu’aux niveaux nationaux, transnationaux (groupes multinationaux) ou internationaux (stratĂ©gies d’influence des Etats-nations). » Dans l’état actuel, les prĂ©sentateurs du concept « Intelligence Économique » mettent en lumiĂšre deux aspects que nous n’avons pas Ă©voquĂ©s dans les pages prĂ©cĂ©dentes, mais qui sont trĂšs importants. Nous les soulignons donc maintenant. 1 - D’abord, les prĂ©sentateurs de ce concept partent de la nĂ©cessitĂ©, pour l’entreprise, de se protĂ©ger efficacement contre les agents extĂ©rieurs, et de protĂ©ger leur patrimoine informationnel. Celui-ci est en effet de plus en plus vital mais de plus en plus menacĂ© de multiples façons, par des agents extĂ©rieurs. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication (Internet, par exemple) ne font d’ailleurs que renforcer la nĂ©cessitĂ© de se protĂ©ger efficacement. 2 - Ensuite, les prĂ©sentateurs du concept insistent sur la nĂ©cessitĂ© de sortir des frontiĂšres de l’entreprise pour Ă©tendre le dispositif d’intelligence Ă©conomique Ă  l’échelon de la nation tout entiĂšre. En d’autres termes ils soulignent la nĂ©cessitĂ©, pour les entreprises et les organismes publics, de faire corps de façon Ă  se dĂ©fendre efficacement contres les agents extĂ©rieurs Ă  l’échelon mondial. Ils font donc des suggestions qui devraient ĂȘtre reprises et mises en oeuvre par les pouvoirs publics, notamment. Ainsi, selon ces auteurs, devrait-il se constituer un rĂ©seau national d’Intelligence Économique liant les organismes publics et les entreprises. Pour ces auteurs, le point d’entrĂ©e de l’intelligence Ă©conomique se situe du cĂŽtĂ© de l’Etat. Pour notre part, l’ambition du prĂ©sent document, Ă©tait d’apporter une aide aux personnes dĂ©sireuses d’opĂ©rer Ă  l’échelon micro-Ă©conomique des entreprises de toute taille et de tout secteur. L’extension de l’intelligence Ă©conomique Ă  l’échelon national (par exemple) suppose des mĂ©thodes de travail qui n’en sont encore qu’à leurs prĂ©misses. Fin du texte
  • 17. Bibliographie BAUMARD, Ph. – L’information stratĂ©gique dans la grande organisation. SystĂšme d’Information et Management, p.5-29. TEO, T.S.H., CHOO, W.Y. (2001) – Assessing the impact of using the internet for competitive intelligence. Information & Management 39(2001) 67-83. LESCA, H. (1986, 1990) - SystĂšme d'information pour le management stratĂ©gique : l'entreprise intelligente. Ed. McGraw Hill , Paris, 146 p Ce livre a reçu le Prix Harvard-L’Expansion des meilleurs livres du management CARON-FASAN, M-L ( (2001) – Une mĂ©thode de gestion de l’attention aux signaux faibles. Revue SystĂšmes d’Information et Management, vol.6, n°4, pp.73– 89. ROUIBAH, K. (2001) – Une mĂ©thodologie pour la gestion des signaux faibles de veille stratĂ©gique : illustrations par un prototype. Revue Gestion 2000, nov.-dĂ©c. P.101-122. LESCA, H. CHOKRON, M . (2000) – Intelligence d’entreprise : retours d’expĂ©riences. Actes du 5eme Colloque de l’AIM ,Montpellier 8-10 novembre, p. BLANCO, S. CARON-FASAN, M-L, LESCA, H. (1998) - SĂ©lection et exploitation des signaux faibles de veille stratĂ©gique : deux cas d'utilisation de guides utilisateurs. Actes de la 7eme ConfĂ©rence de l’AIMS, Louvain La Neuve, 27-29 mai, 20 p. LESCA, H. SCHULER, M. (1998) - Veille stratĂ©gique : Comment ne pas ĂȘtre noyĂ© sous les informations. Économies et SociĂ©tĂ©s, SĂ©rie Sciences de Gestion, n°2/1998, p.159-177. LESCA, H. (2001) – Veille stratĂ©gique : passage de la notion de signal faible Ă  la notion de signe d’alerte prĂ©coce. Colloque VSST 2001, Barcelone oct., Actes du colloque, tome 1. LESCA, H. CARON, M-L (1995) - Veille stratĂ©gique : crĂ©er une intelligence collective au sein de l'entreprise. Revue Française de Gestion, sept. - oct. , p.58-68. LESCA, H RAYMOND, L. (1993) - ExpĂ©rimentation d'un systĂšme expert pour l'Ă©valuation de la Veille StratĂ©gique dans les PME. Revue Internationale PME, vol.6 n°1 p.49-65. (QuĂ©bec, Canada) Site internet http://www.veille-strategique.org