Mais conteúdo relacionado Mais de LettresDeChateaux (20) Crus Classés de Sauternes & Barsac - Millésime 20111. LE MILLESIME 2011
DANS LES GRANDS CRUS CLASSES DE SAUTERNES ET BARSAC:
LA PROMESSE D’UN TRES GRAND MILLESIME
A près 2009 et 2010, le 2011 devrait
faire la passe de trois et rejoindre
le rang des grands, voir des très grands
E n juillet et en août, le temps s’est
montré maussade au cours d’un
été alternant le froid et la pluie. La
millésimes. Singulière météo pour une bonne humeur n’était pas de mise à la
année bizarre... Le ciel a dansé sur le veille des vendanges avec l’apparition
rythme de la valse, trois temps pour faire de foyers de mauvaise pourriture, qui
naître les craintes et les espoirs. Le départ ont été maîtrisés par une première trie
en fanfare d’un printemps singulièrement de nettoyage. Un mois de septembre
clément a été malheureusement entaché radieux, avec des jours qui ont frisé la
par le très violent orage de grêle du 25 canicule, a balayé les doutes et engendré
Communiqué de presse - Novembre 2011
avril. Triste lundi de Pâques, en quelques des raisins exceptionnels. La pourriture
heures, il s’est abattu sur le secteur de noble et le temps sec ont en effet
Bommes créant des dommages cruels et permis des concentrations magnifiques.
irrémédiables sur certaines propriétés Les chiffres viennent confirmer les
comme La Tour Blanche, Rayne- impressions, le profil des très jeunes
Vigneau, Guiraud, les deux Lamothe... vins s’affiche prodigue avec un équilibre
Dieu merci, ce terrible épisode climatique optimal entre la richesse et la fraîcheur.
est intervenu avant la fleur. S’il a influé Fruit d’un délicieux hasard, le 2011
sur les rendements qui ont baissé de pourrait rejoindre la fabuleuse série
30 à 80% selon les domaines, il n’a des millésimes impairs fabuleux que
heureusement pas touché la qualité des sont 1893, 1937, 1967, 1997 et 2001. Un
raisins et partant du vin. passage dans le vignoble pour rencontrer
quelques uns des acteurs de ce millésime
très prometteur a permis d’aller plus loin
dans le vécu des vendanges et de projeter
le devenir des vins.
1
2. Francis Mayeur, Directeur Technique du ChâTEAU D’YqUEM,
Premier Cru Classé Supérieur de Sauternes
T rès intenses, très rapides, ce sont les mots qui conviennent pour évoquer les vendanges
2011. Dans la vigne, tout s’est mis en marche entre les 24 et 26 août quand il est
tombé 29 millimètres de pluie. La pourriture noble a commencé à attaquer des baies
idéalement mûres. Après, tout est allé très vite, il fallait anticiper sur l’évolution de la
maturité. Les vendanges ont commencé le 5 septembre, c’est la quatrième année la plus
précoce à Yquem après 1893, 1960 et 1997. Elles ont exigé quatre tries avec quelques
petits arrêts entre elles pour attendre la concentration idéale.
©Vincent Bengold
Château d’Yquem
A près un premier passage dans les vignes les 5 et 6 septembre pour nettoyer quelques
parcelles et récolter les premiers lots, la première trie a réellement commencé le 12
septembre sur l’ensemble du vignoble. Le niveau était déjà intéressant, les jus présentaient
de beaux degrés et une jolie fraîcheur. Après une pause de quatre jours, les vendanges ont
repris les 21,22 et 23 septembre pour la deuxième trie qui constituera le cœur qualitatif
d’Yquem avec des jus exceptionnels. L’équipe de vendangeurs a été mise au repos le
samedi 24 mais il a fallu reprendre le dimanche pour un sprint qui a duré jusqu’au 28
septembre, les raisins présentaient alors 22 à 23° d’alcool potentiel. Dans le même temps,
nous avons ramassé des «baies dorées» pour garantir l’équilibre finale des vins. Après
une pause de quatre jours, la dernière trie s’est terminée le 5 octobre. Seule les années
1934 et 2003 avaient des dates de fin de vendanges plus précoces.
R ien de notable à signaler pendant les vinifications, les fermentations ont été rapides
et sans souci majeur. Un indice : cela sentait diablement bon dans le chai. Des arômes
magnifiques qui confirmaient la bonne impression ressentie pendant les vendanges : le
fruit et les équilibres sont en place. La qualité est au rendez-vous, c’est incontestable.
Cela ressemble beaucoup à 1893 pour les conditions de vendanges et un peu à 1997. Le
château d’Yquem 2011 devrait être très grand.
2
3. Martine Langlais-Pauly, Propriétaire de CLOS hAUT-PEYRAGUEY,
Premier Cru Classé de Sauternes
I l fallait se montrer particulièrement vigilant à
l’approche des vendanges. Tout allait très vite,
l’évolution du botrytis se montrait particulièrement
rapide et les baies se concentraient à une vitesse folle.
Comme j’ai le souci de ramasser les raisins au bon
moment, quand ils ne sont pas trop concentrés pour
éviter les fermentations qui s’éternisent et l’arrivée
de l’acidité volatile, j’ai choisi le meilleur moment
en étoffant les équipes de vendangeurs. Tout s’est
enchaîné très vite, les rendements confortables atteignent 18 hectolitres à l’hectare et
les fermentations ultra-rapides se sont terminées dans la première semaine d’octobre.
Nous avons beaucoup travaillé en amont en pratiquant de nombreux tests à l’aide d’un
petit pressoir. Cela nous donnait des informations essentielles sur la maturité de chaque
parcelle. Les chiffres relevés permettent d’établir des dosages et d’ajouter quelques «baies
dorées», riches en arômes et en sucre, aux raisins rôtis très concentrés par le botrytis afin
de faire baisser les indices d’alcool potentiel et de rechercher l’équilibre optimum. J’ai
goûté les lots, la semaine dernière et j’ai été très surprise par leur netteté et leur fraîcheur.
Ils présentent un très bon équilibre et une belle puissance. Je ne me prononce jamais trop
tôt mais je pense que c’est très joli.
Pierre Montégut, Directeur Technique du ChâTEAU SUDUIRAUT,
Premier Cru Classé de Sauternes
L ’année a été très contrastée avec un printemps chaud et un mois de juillet qui a
conjugué la fraîcheur et l’humidité. Après le 15 août, des pluies, plus importantes à
Sauternes qu’à Barsac, ont eu une influence considérable sur la vigne. Elles ont déclenché
un démarrage très précoce du botrytis. A la veille des vendanges, nous n’avions pas le
sourire, la pourriture avait gagné les vignes. Le
beau temps qui s’est installé début septembre
a sauvé le millésime.
L a première trie du 12 septembre a permis
d’éliminer les baies trop sèches, les raisins
©Vincent Bengold
pas nobles ou imparfaits. Nous avons perdu
beaucoup de raisins mais la deuxième trie
s’est révélée magnifique, c’était l’euphorie : la
Château Suduiraut qualité et la richesse se trouvaient réunies. La
troisième trie peut être qualifiée de sympathique, elle a permis de rentrer les derniers
grains pour atteindre des rendements de 12 hectolitres à l’hectare. Nous avons vendangé
tous les jours pour conclure le 5 octobre soit exactement un mois avant 2010. La vigne a 3
donné l’impression de retrouver une avance entrevue au printemps.
4. L a concentration des raisins et leur richesse ont déterminé des fermentations lentes.
Elles ont duré de 5 à 6 semaines. Les vins ont été mutés à la mi-octobre et il sera
possible de les goûter à la mi-décembre. Qu’en dire ? Ils présentent un profil intéressant.
Richesse confortable, acidité importante, tout semble réuni pour faire un grand vin. Cela
pourrait être du niveau de 2010 et peut-être de 2001. C’est un millésime sauvé des eaux.
Bérénice Lurton, Propriétaire du ChâTEAU CLIMENS,
Premier Cru Classé de Barsac
D epuis quelques années, nous avons une chance inouïe, les bons et les grands
millésimes se succèdent. Et 2011 se profile dans ce courant de réussite. Pourtant,
les choses ne s’annonçaient pas très bien, un été revêche
avait créé des poches de pourriture grise et, à quelques
jours des vendanges, ce n’était pas gagné. Un grand
soleil persistant a remis les choses en ordre. Malgré tout,
la vigne avait mal vécu la fraîcheur estivale, elle paraissait
très hétérogène et cela variait sur une parcelle, sur un
rang, sur un pied et même sur une grappe. Cette situation
a conduit à des vendanges délicates pour trouver le bon
équilibre, une trop importante concentration devient vite
©Frédéric Démesure
un problème. Il fallait anticiper, gagner sur la vitesse de
l’évolution des raisins pour rentrer des lots équilibrés. Les
vins sont encore «mâchés» par le mutage mais ils affichent
un fabuleux potentiel. J’attendais des vins délicats et je
Bérénice Lurton
déguste des vins puissants, riches qui ont de la profondeur et de l’énergie. J’attends un
grand millésime.
Denis Dubourdieu, Propriétaire du ChâTEAU DOISY-DAËNE,
Second Cru Classé de Barsac
H allucinant, je suis très impressionné par les niveaux de concentration que nous
avons atteints. C’est au-delà de nos espérances, avec 25° d’alcool potentiel, nous
avons crevé tous les plafonds.
V oilà quelques temps que nous menons une réflexion sur le style du barsac. Plus la
pourriture noble arrive rapidement avant la maturité complète des raisins, plus le
liquoreux se montre aromatique, pur, frais et élancé en adoptant l’expression historique
du barsac. Des expériences récentes ont en effet montré que la pourriture noble n’entraîne
pas uniquement la concentration des raisins. La confrontation entre le champignon et le
fruit, un cas unique dans la nature, suscite une étrange réaction. Le raisin se défend par
une surproduction de précurseurs d’arômes. Bien entendu, c’est aussi vain qu’inefficace
mais le vin futur y trouve son compte. Si la pourriture noble arrive sur des raisins trop
mûrs, il n’y a plus de réaction. En 2011, les conditions étaient réunies pour connaître un
développement idéal. Une fois de plus, Sauternes a démontré qu’il n’était pas un vignoble
de «vendanges tardives». 4
5. C ela a commencé par un été froid, puis un mois de septembre chaud a dessiné
un millésime classique. Quelques orages avaient permis le démarrage
du botrytis. Quelques jours plus tard, une quasi canicule s’est mise en place
avec des températures qui atteignaient les 32°. Conséquence inéluctable, la
concentration est devenue violente. Il y avait urgence, on a même vendangé
le dimanche, du jamais vu à Doisy-Daëne. Après une trie nettoyage qui a
rempli quelques barriques, le cœur de la vendange s’est fait avec la deuxième
trie, la troisième a juste permis de rentrer quelques bricoles, à peine 5% de la
récolte. Les fermentations ont été assez longues mais sans réels problèmes. A
ce jour, il est très difficile de juger les vins mais ils font état d’une prodigieuse
richesse, ils sont impressionnants par leur concentration, leur profondeur
et leur fraîcheur. Cette richesse dépasse les normes, tout semble réuni pour
faire un très grand millésime.
Olivier Castéja, Propriétaire du ChâTEAU DOISY-VEDRINES,
Second Cru Classé de Barsac
L es vendanges, commencées le 7 septembre, sont les plus précoces de l’histoire du
château Doisy-Védrines. Les pluies du 15 août et le beau temps de la fin du mois
ont permis ce miracle, elles ont déclenché le démarrage du botrytis qui a opéré une
concentration des raisins. Les jours et les nuits étaient secs mais le champignon était
installé et dans ce cas, il a moins besoin d’humidité. Cette année, il a pompé sur le fruit.
Après un premier passage, nous avions décidé de nous arrêter cinq jours. Il a fallu écourter
le délai et reprendre après seulement deux jours. La concentration était phénoménale
avec des jus qui titraient 25 à 26° d’alcool potentiel. Les fermentations ont été très rapides
et sans aucun problème. Bien sûr, il est trop tôt pour évoquer les vins mais les jus sont
merveilleux. Ils sont riches, complexes et
purs, ils présentent un fruit remarquable
une plus grande acidité que 2003. Je n’ai
jamais vu des jus aussi homogènes. C’est un
millésime complètement atypique mais si
©Vincent Bengold
l’on veut faire des comparaisons, 2011, c’est
2001 et 2010, comme en mathématiques. Je
n’ai jamais vu cela depuis 1973, l’année où je
suis arrivé au domaine.
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6. Nicolas heeter-Tari, Propriétaire du ChâTEAU NAIRAC,
Second Cru Classé de Barsac
A u début, l’affaire semblait mal engagée.
Un temps tropical avait déclenché les
mauvaises pourritures, la grise et l’acide.
Heureusement, la météo s’est mise de notre
côté. Les 12 et 13 septembre, nous avons
©Vincent Bengold
procédé à une trie de nettoyage. Les vraies
vendanges ont débuté le 21 septembre,
un seul passage qui a duré neuf jours. Les
concentrations et le botrytis ne cessaient
Château Nairac
de monter en profitant du temps chaud et
sec. Il fallait être vigilant. Les jus présentaient une richesse naturelle exceptionnelle de
24° et des ph très bas, l’équilibre des vins semble assuré. Je suis excité à l’idée de les
goûter mais il est urgent d’attendre.
ContaCt presse
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