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Assouan
©Keylani Ammar
©FabriceRambert
66
hôtel de ville // A city, a hotel
67N° 4 /// JUILLET 2012 JULY
OldCataract
D’où que l’on soit, le désir d’Egypte a la même force.
Foisonnement de ses temples, savoir et raffinement d’une
civilisation unique, vision éclaboussée de soleil antique.
Pour un regard « premier », vierge de tous codes, une
seule clé : l’« Old Cataract » à Assouan, palace somptueux
de légende, au bord du Nil sacré et opulent.
Wherever you come from, the longing for Egypt is as strong.
The abundance of its temples, the knowledge and refinement
of a unique civilization – a vision splashed with ancient sun.
To get a “pristine” impression, devoid of any code, there is
only one key: the “Old Cataract” in Aswan, a sumptuous palace
of legend on the bank of the holy and opulent river Nile.
Véra BAUDEY et
jean-françois coulomb des arts
« ...Un lieu de l’âme et de l’esprit » // «...a place for soul and mind»
©Fabrice Rambert©Fabrice Rambert
68
hôtel de ville // A city, a hotel
69N° 4 /// JUILLET 2012 JULY
A
ssouan, la ville la plus ensoleillée du sud de l’Egypte, vibre
du désert enflammé alentour, de souks planqués à l’ombre
complice et de son ambiance « mystère africain » telle une
cité interdite. On peut en faire quasiment le tour à pied, mais
à son rythme, lent et relaxant. Flâner, respirer l’air épicé,
s’abandonner à son cocon de chaleur vous donne des envies alanguies
et un bon coup d’amnésie. Plus de mémoire qui vous fait courser dans
les méandres des souvenirs. Enfin, sans le vouloir, tout oublier…
Le choc
Arrivée : minuit, l’heure du crime si l’on passe devant la suite d’Agatha
Christie ! Sinon, c’est l’heure bénie du calme et de la découverte.
D’abord, l’abord du « Old Cataract » qui brille malgré l’heure tardive,
de toute sa ferveur. D’emblée, un lieu de l’âme et de l’esprit. De très
haut jusqu’en bas, c’est lumineux. Les sols de marbre décorés comme
des tapis de soie, les plafonds peints en liserés mutins pour mieux vous
désorienter. Les lanternes subtiles de bleu et d’or. Une immensité,
loin du solennel, que l’on s’approprie spontanément, joyeusement
et posément. Ne bougez plus, écoutez le silence, goûtez sans hâte
au « karkadé », breuvage tonique, étonnant, offert en bienvenue et
en souriant large. Vous êtes sur une autre planète, celle des pharaons
qui, de leurs siècles, forcément vous contemplent avec sans doute
A
swan, southern Egypt’s sunniest town, vibrates all over –
the surrounding blazing desert, its souks sheltered in the
friendly shade and its “African mystery” atmosphere, like
a forbidden city. One could almost visit it on foot, but at
its pace, slow and relaxed. Wander, breathe the spicy air,
give oneself up to its cocoon of heat which makes one feel languid
and amnesic. No memory left to make one’s mind race in the
meanders of reminiscences. Forget about everything at last…
The shock
Arrival time: midnight – the hour of crime if you go past Agatha
Christie’s suite! Otherwise, it is the blessed hour of peace, quiet and
discovery. First, the Old Cataract’s general aspect. Despite the late
hour, it is gleaming. At first sight, a place for soul and mind. It is
luminous from very top to bottom. The marble floors decorated like
silk carpets, painted ceilings with mischievous borders to disorientate
one better. The lanterns in subtle blue and gold. An immensity that
you appropriate spontaneously, cheerfully and calmly because it
is not solemn. Keep still, listen to the silence, enjoy unhurriedly
the welcome “karkade” drink - tonic, surprising and offered with a
big smile. You are on another planet, pharaohs’ planet; across the
centuries, they certainly look down on you with some amazement...
un peu de stupeur… Voyageurs nomades, un peu hagards, un
peu perdus, bien trop minuscules sous un ciel si vaste. On peut dire,
devant un tel décor, que l’on a l’impression de venir de très loin !!
Une volée de marches, l’étage choisi par l’ascenseur et votre
appartement, que l’on vous ouvre comme on écarte un rideau rouge,
avec gourmandise, sûr de l’effet produit. Ma suite dépasse l’espérance.
Je pousse un cri et j’ai du mal à refermer la bouche. Tout est pourpre,
sauf l’aérien dais blanc au-dessus d’un lit plus que king size ! Le
plancher, ciré miroir, s’enfuit noblement vers une terrasse dont j’écarte
fébrilement les lourds rideaux damassés. Je suis saisie de surprise
en bonheur. Juste une balustrade me sépare du Nil féérique, d’une
felouque pile en contrebas, qui se balance, comme avant, de sa voile
penchée agrippée à sa bôme. En face, une île avec le Temple de la
Création, drapé pour le moment dans son chaste habit de nuit. Le
Nil, ruban de velours vivant, défile confiant et donne de l’apesanteur
sensuelle à tout ce qui le touche. On rêve de s’envoler jusqu’à l’autre
rive, jusqu’à l’océan de sable brûlant d’enthousiasme, et qui donne
à l’horizon d’ambre sa touche de cravache. C’est tout un monde
réel, authentique qui, par miracle, enjambe allègrement les temps
pour venir à notre portée. On se rit des clichés, on s’enhardit à avoir
la foi, en Dieu, en l’homme, en la pierre. On prie sans le savoir,
aspiré par tant de beauté, de pureté et d’éternité. Pourquoi ne pas
s’endormir là, aux belles étoiles. Demain est un autre jour… V.B
Nomad traveller, somewhat haggard, a bit lost, much too
tiny under so vast a sky. In front of such a decor, you can aptly
say that you have the impression of coming from very far!!
A flight of step, a lift and your apartment, which someone opens
for you with relish as if it were a red curtain, sure of the effect.
My suite exceeds all expectations. I shout out and I can hardly
shut my mouth. Everything is purple, except for the airy white
canopy above the over-king-size bed! The floor, polished like a
mirror, leads nobly to a terrace; I feverishly draw back the heavy
damask curtains. I am seized with surprise and bliss. There is
only a railing between me, the fairy Nile and a felucca bang
down below, which rocks as it ever did, with its triangular sail
hanging from the boom. Opposite, an island with the Temple
of Creation, draped for the moment in its chaste night clothing.
The Nile, like a living velvet ribbon, flows confident, and gives
weightlessness to everything that comes in contact with it.
You dream of flying across to the ocean of burning sand and
all the way to the amber horizon. A whole real and authentic
world crosses the centuries, as if by miracle, to come within our
reach. You make light of clichés, you pluck up the courage of
having faith – in God, in man, in stones. You pray unknowingly,
absorbed by so much beauty, purity and eternity. Why not fall
asleep here, under the stars? Tomorrow is another day. V.B
©Fabrice Rambert
70
hôtel de ville // A city, a hotel
71N° 4 /// JUILLET 2012 JULY
OLD CATARACT
Six heures du matin. La porte fenêtre est ouverte. La chambre
donne sur l’île Eléphantine. Les ruines des temples pharaoniques
sont beige et rose. Les premiers rayons du soleil zèbrent la dune
de filets d’or. Sur le Nil couleur émeraude glissent deux felouques
blanches. Un concert de moineaux salue cette aube naissante.A
croire que là, chaque matin est béni des dieux. L’Old Cataract est plus
qu’un hôtel, c’est un mythe qui vous marque au cœur.Ajamais.
« Pour que rien ne change il faut que tout change ». L’adage est connu.
Sofitel l’a mis en musique.Avec brio. Fermé durant trois ans, l’Old
Cataract renaît. Le charme est intact, malgré une transformation radicale
orchestrée par Sybille de Margerie. Elle a pianoté sur la gamme des styles
français, anglais et oriental. La symphonie est éblouissante. « Home, sweet
home » disaient, hier soir, de vieux clients, des Ecossais, en levant leur
verre de whisky. Le plus beau des compliments. Depuis 1899, planté sur
son plateaau de granit rose, l’Old Cataract surplombe le fleuve. On y fêta
l’inauguration du barrage d’Assouan, construit par lesAnglais. C’était en
1902. Une date qui donne son nom au restaurant gastronomique, installé
depuis toujours dans une sorte de hall mauresque, dominé par une coupole
à vingt-sept mètres du sol. Jusqu’à la seconde guerre mondiale, on ne
pouvait y pénétrer, après 19 heures, qu’en tenue de soirée. Sur les murs
des immenses couloirs de l’hôtel, des photos en noir et blanc. Visages
d’hôtes illustres. Ecrivains, têtes couronnées, présidents. D’Antoine
de Saint-Exupéry àAndré Malraux, en passant par Winston Churchill,
Howard Carter (l’homme qui découvrit la tombe de Toutankhamon),
le tsar de Russie, le roi Farouk, l’Agha Khan, Rommel et Montgomery
(mais pas au même moment...), jusqu’à lady Diana, Jacques Séguéla,
Nicolas Sarkozy et bien d’autres… Tous sont venus goûter là un instant
d’éternité. C’est ici que François Mitterrand vint prendre congé du monde.
Il occupait la suite Winston Churchill, au premier étage (la 1101). C’est
ici qu’Agatha Christie écrivit plusieurs chapitres de « Mort sur le Nil ».
Aujourd’hui encore, sa suite, la 1201, porte son nom. Dès les années
trente, la romancière devina que l’endroit allait devenir mythique et que
les célébrités y viendraient de partout. Quel dommage que le livre d’or
ait disparu dans la tourmente de la révolution nassérienne de 1952 !
Un rituel, l’heure de l’apéritif, sur la
terrasse. Pis, un moment sacré
Les habitués choisissent la table d’angle. La meilleure vue. La préférée
d’Agatha, Winston et François. Les serveurs papillonnent. De grands
ventilateurs de paille tressée découpent l’air en tranches. Un karkadé-
gin sur la table. La vie est belle, la vue magnifique, que ne dénature plus
l’autre bâtiment de l’hôtel, mal construit dans les années soixante pour
les ingénieurs soviétiques qui travaillaient à l’édification du barrage.
Aujourd’hui méconnaissable, son élégante façade rouge brique s’intègre
parfaitement dans le décor : 62 clés, dont 37 suites aux couleurs claires,
rehaussées d’argent, salles de bains en marbre, et surtout une belle
terrasse, d’où l’on voit très loin… jusqu’àAssouan, porte de la Nubie
La felouque de l’hôtel, sortie d’un conte des Mille et une Nuits, vous y
emmène. Une brise gonfle légèrement la voile. Le bateau caresse l’eau. Le
maître d’hôtel est attentif au moindre de vos désirs.Assis sur la berge, un
homme au turban bleu fume une chicha. Des enfants à la peau cuivrée se
baignent, riant aux éclats. La scène semble sortir d’un tableau orientaliste.
Au rez-de-chaussé du nouveau bâtiment métamorphosé, un spa de
1 200 m2
. Salle de soins, hammam, piscine intérieure aux colonnes
de zeelige bleue et or. Luxe, calme et volupté. Tout est dit !
OLD CATARACT
Six a.m. The French window is open. The room has a view of
Elephantine island. The ruins of pharaonic temples are beige and pink. The
first rays of the sun streak the dune with golden shafts. Two white feluccas
slide on the emerald Nile.Aconcert of sparrows greets the dawn. You’d
think that here, each morning is blessed by the gods. The Old Cataract is
more than a hotel, it’s a legend that leaves its mark in your heart. Forever.
“To make sure that nothing changes, everything must change”. The saying
is well known. Sofitel set it to music. With brio. The Old Cataract is
reawakening after being closed for three years. Its charm is intact, despite
being radically transformed under the guidance of Sybille de Margerie.
She played with the range of French, English and Oriental styles.A
dazzling symphony. “Home, sweet home”, so said old Scottish guests last
night on raising their glasses of whisky. The most beautiful compliment.
Since 1899, the Old Cataract overlooks the Nile from a shelf of pink
granite. The inauguration of the firstAswan dam, built by the English,
was celebrated there. That was in 1902. The gastronomic restaurant is
named after that date; it has forever been located in a kind of Moorish
hall topped by a dome twenty-seven metres above the floor. Until the
Second World War, evening dress was compulsory to be admitted after
7 pm. On the walls of the hotel’s immense corridors, photos in black and
white. Faces of illustrious guests, writers, crowned heads, presidents. From
Antoine de Saint-Exupéry toAndré Malraux, through Winston Churchill,
Howard Carter (the man who discovered Tutankhamon’s tomb), the tsar
of Russia, king Farouk, theAgha Khan, Rommel and Montgomery (but
not at the same time...), to lady Diana, Jacques Séguéla, Nicolas Sarkozy
and many others… They all came here to enjoy a moment of eternity.
Here, François Mitterrand came to take his leave of the world. He had
the Winston Churchill suite, on the first floor (No. 1101). HereAgatha
Christie wrote several chapters of “Death on the Nile”. Nowadays, her
suite, No. 1201, is named after her. The novelist had guessed, already
in the thirties, that the place was going to become mythical and that
celebrities would come from everywhere. What a shame – the guest
book disappeared in the turmoil of Nasser’s revolution in 1952!
Aritual: aperitif time on the terrace.
Even more than that – a sacred moment
Regulars chose the corner table. The best view. Agatha, Winston
and François’s favourite. Waiters flit around. Large fans made
of straw matting slice the air. A karkade-gin on the table. Life is
beautiful, the view magnificent, it is no longer spoilt by the other
hotel wing, badly built in the sixties for Soviet engineers working
on the new dam. Nowadays, it is unrecognizable; its elegant
brick-red façade blends perfectly well in the surroundings. 62
keys, including 37 suites in light colours enhanced with silver,
marble bathrooms and above all, a beautiful terrace with a view
extending far away... all the way to Aswan, the gate to Nubia.
The hotel’s felucca takes you there, like something from the
Arabian Nights. A light breeze swells the sail. The boat caresses
the water. The chief steward is attentive to your slightest desire.
Sitting on the bank, a man wearing a blue turban smokes
a water pipe. Bronzed children swim amidst loud laughter.
The scene seems to belong to an orientalist painting.
On the ground floor of the metamorphosed new building,
a 1200 m2
spa. Treatment rooms, hammam, indoor swimming
pool with blue and gold. The garden in yellow, red, green,
white and fuchsia meanders around granite boulders.
You take a leisurely stroll up to “Fouad’s corner”.
« Pour que rien ne
change il faut que
tout change »
“To make sure that
nothing changes,
everything must change”
A
près Paris, New York, St Petersburg, en passant
par l’Asie et le Liban, ce chef de 44 ans est
très heureux d’être à l’Old Cataract. Voilà
4 mois qu’il a pris ses marques au restaurant
gastronomique « 1902 », avec jubilation, imagination
et talent. Son carré d’agneau et son confit en
deux cuissons, mousse à la carotte, échalotes aux
herbes et jus de romarin, donne le ton. Il aime
créer de nouvelles alliances, mêler le classique à
l’insolite. Il veille donc avant tout à l’acheminement
régulier des produits d’excellence via la France.
Sur place, le choix est plutôt limité, en dehors de quelques
beaux poissons de la mer Rouge. Mais c’est un magicien
et qui le prouve haut la main à chaque repas ! W
A
fter Paris, New York, St. Petersburg, Asia and Lebanon,
this 44-year old chef is very happy to be at the Old
Cataract. In four months, he found his bearings at the
gastronomic restaurant “1902” with jubilation, imagination
and talent. His loin of lamb in two cooking styles, carrot
mousse, shallots with herbs and rosemary sets the tones.
He likes to create new alliances, combining the classic
with the unusual. Therefore, he sees to the regular delivery
of excellent products from France. Locally, the choice is
rather limited, apart from some fine Red Sea fish. But he
is a magician and confirms this easily with every meal! W
un spa de 1 200 m2
// a 1200 m2
spa
©FabriceRambert
72
hôtel de ville // A city, a hotel
73N° 4 /// JUILLET 2012 JULY
Khaled Helmy
Aswan Sofitel Legend Old
Cataract’s general manager
French Touch elegance, the hand on his Egyptian heart –
this ambassador’s son brought up in the United States has
everything to please! The career path of this young manager
who likes challenges is impressive. Intelligence and charm,
being in control and delegating are his strong points to
increase the harmony and excellence of this unique mythical
hotel tenfold. This man of action who knows how to remain
human is bursting with energy, humanism and generosity.
Each experience gives him a fresh outlook and new
dynamism, and the evident pleasure of making it a success
story. He is a real perfectionist and went through every
aspect of the hotel industry, from catering to management.
He gritted his teeth and gave his all. For the Old Cataract,
he wants something magnificent, wonderful, never seen
before. He is aware that beauty is a chance and a selling
point. One can have an excellent business sense without
betraying one’s culture. One can be particularly gifted and
yet a joker. His love for the future made him fall in love with
life. Khaled is a prophet in his country and never ceases to
amaze us... He admits it cheerfully: “I never stop amazing!” W
Khaled Helmy
Directeur Général Sofitel Legend
« Old Cataract » Assouan
Elégance French Touch, la main sur son cœur
égyptien, ce fils d’ambassadeur élevé aux Etats-Unis a tout
pour plaire ! Parcours professionnel impressionnant pour
ce jeune manager accro aux défis. Intelligence et charme,
le contrôle et la délégation sont ses atouts pour décupler
l’harmonie et l’excellence de cet hôtel unique de légende.
Cet homme d’action-qui-sait-rester-un homme
éclate d’énergie, d’humanisme et de générosité.
Il a l’œil et le sang neufs à chaque expérience
et le plaisir évident d’en faire une « success story ». Il est
passé, en vrai perfectionniste, par toutes les étapes de
l’hôtellerie, de la restauration à la gestion. Il a serré les
dents et jeté ses tripes dans la mêlée. Pour l’Old Cataract,
il veut du magnifique, du merveilleux, du jamais vu. Il
sait que la beauté est une chance et fait vendre. On peut
être un excellent commerçant sans trahir la culture. On
peut être surdoué et farceur. Son coup de foudre pour
le futur l’a rendu amoureux de la vie. Prophète en son
hôtel d’exception, Khaled n’a pas fini de nous étonner…
Lui, avoue joyeusement : « I never stop amazing ! » W
Du jaune, du rouge, du vert, du blanc, du fuchsia ont colonisé le
jardin qui serpente autour des blocs de granit. On s’y promène d’un
pas nonchalant, jusqu’au « Coin du Roi Fouad ». L’endroit est intime
au pied du Nil. On s’y fait servir un dîner, seulement pour quelques
privilégiés. En guise de plafond, un ciel clouté d’étoiles.
A l’autre bout du jardin, caché derrière la nouvelle piscine, dont
les courbes épousent la roche, l’Oriental Kebabgy, l’un des quatre
restaurants de l’hôtel, avec Le Palms, l’Al Saraya et surtout le
légendaire 1902. C’est un chef français, Dominique Ferchaud,
qui est aux fourneaux. En sortant du restaurant, on tombe sur une
étrange cabine téléphonique. L’appareil est à manivelle. On imagine
sans mal un personnage d’Agatha Christie pendu au téléphone.
L’Old Cataract est décidément unique
Avec discrétion et gentillesse, le personnel de l’hôtel peut vous
obtenir l’impossible : être absolument seul sur l’île de Philae.
Ce temple sauvé des eaux du barrage par Malraux, mérite, ô
combien, son surnom de « perle de l’Egypte ». Une barque à
moteur poussif vous y emmène. Le domaine d’Isis et d’Osiris.
« Philae sort des eaux avec ses groupes de palmiers, ses bosquets
de henné aux fleurs vertes et au parfum suave. Nous errons
sous la merveilleuse galerie du grand temple. Le soleil est
brûlant, mais la fraîcheur du Nil remonte sous le péristyle, et
le regard plonge dans les eaux avec délices. Chaque colonne
soutient un chapiteau d’une merveilleuse richesse... »
Ces lignes de la comtesse de Gasparin datent de 1848. Elles
sont toujours d’actualité. Mais quel dommage pour la comtesse,
à cette époque, l’Old Cataract n’existait pas ! J-F.CdA
An intimate place overlooking the Nile. A private dining
venue for discerning guests. With a star-studded sky as a ceiling.
At the other end of the garden, concealed behind the new swimming
pool whose shape hugs the rocks, lies the Oriental Kebabgy, one of
the hotel’s four restaurants, the others being the Palms,Al Saraya
and above all the legendary 1902. The chef, Dominique Ferchaud,
is French. Just outside the restaurant, you’ll find a strange telephone
booth. The telephone works with a crank handle. You imagine
easily anAgatha Christie’s character making a phone call.
The Old Cataract is definitely unique
The hotel staff, with discretion and kindness, can get you
the impossible: being absolutely alone on Philae island. This
temple, rescued from the dam waters by Malraux, deserves
indeed its nickname of “pearl of Egypt”.Aboat with a puffing
engine takes you there. It is the kingdom of Isis and Osiris.
“Philae stands above the water with its groups of palm trees, copses
of henna with green flowers and sweet fragrance. We wander in the
wonderful gallery of the main temple. The sun is burning but the coolness
of the Nile can be felt under the peristyle, and we gaze down on the
water with delight. Each column supports a richly carved capital…”
These lines were written by countess de Gasparin in 1848.
They are still topical. But what a pity for the countess – in
those days, the Old Cataract did not exist! J-F.CdA
Dominique Ferchaud

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OLD CATARACT_EGYPTE_WINNER N4

  • 1. Assouan ©Keylani Ammar ©FabriceRambert 66 hôtel de ville // A city, a hotel 67N° 4 /// JUILLET 2012 JULY OldCataract D’où que l’on soit, le désir d’Egypte a la même force. Foisonnement de ses temples, savoir et raffinement d’une civilisation unique, vision éclaboussée de soleil antique. Pour un regard « premier », vierge de tous codes, une seule clé : l’« Old Cataract » à Assouan, palace somptueux de légende, au bord du Nil sacré et opulent. Wherever you come from, the longing for Egypt is as strong. The abundance of its temples, the knowledge and refinement of a unique civilization – a vision splashed with ancient sun. To get a “pristine” impression, devoid of any code, there is only one key: the “Old Cataract” in Aswan, a sumptuous palace of legend on the bank of the holy and opulent river Nile. Véra BAUDEY et jean-françois coulomb des arts
  • 2. « ...Un lieu de l’âme et de l’esprit » // «...a place for soul and mind» ©Fabrice Rambert©Fabrice Rambert 68 hôtel de ville // A city, a hotel 69N° 4 /// JUILLET 2012 JULY A ssouan, la ville la plus ensoleillée du sud de l’Egypte, vibre du désert enflammé alentour, de souks planqués à l’ombre complice et de son ambiance « mystère africain » telle une cité interdite. On peut en faire quasiment le tour à pied, mais à son rythme, lent et relaxant. Flâner, respirer l’air épicé, s’abandonner à son cocon de chaleur vous donne des envies alanguies et un bon coup d’amnésie. Plus de mémoire qui vous fait courser dans les méandres des souvenirs. Enfin, sans le vouloir, tout oublier… Le choc Arrivée : minuit, l’heure du crime si l’on passe devant la suite d’Agatha Christie ! Sinon, c’est l’heure bénie du calme et de la découverte. D’abord, l’abord du « Old Cataract » qui brille malgré l’heure tardive, de toute sa ferveur. D’emblée, un lieu de l’âme et de l’esprit. De très haut jusqu’en bas, c’est lumineux. Les sols de marbre décorés comme des tapis de soie, les plafonds peints en liserés mutins pour mieux vous désorienter. Les lanternes subtiles de bleu et d’or. Une immensité, loin du solennel, que l’on s’approprie spontanément, joyeusement et posément. Ne bougez plus, écoutez le silence, goûtez sans hâte au « karkadé », breuvage tonique, étonnant, offert en bienvenue et en souriant large. Vous êtes sur une autre planète, celle des pharaons qui, de leurs siècles, forcément vous contemplent avec sans doute A swan, southern Egypt’s sunniest town, vibrates all over – the surrounding blazing desert, its souks sheltered in the friendly shade and its “African mystery” atmosphere, like a forbidden city. One could almost visit it on foot, but at its pace, slow and relaxed. Wander, breathe the spicy air, give oneself up to its cocoon of heat which makes one feel languid and amnesic. No memory left to make one’s mind race in the meanders of reminiscences. Forget about everything at last… The shock Arrival time: midnight – the hour of crime if you go past Agatha Christie’s suite! Otherwise, it is the blessed hour of peace, quiet and discovery. First, the Old Cataract’s general aspect. Despite the late hour, it is gleaming. At first sight, a place for soul and mind. It is luminous from very top to bottom. The marble floors decorated like silk carpets, painted ceilings with mischievous borders to disorientate one better. The lanterns in subtle blue and gold. An immensity that you appropriate spontaneously, cheerfully and calmly because it is not solemn. Keep still, listen to the silence, enjoy unhurriedly the welcome “karkade” drink - tonic, surprising and offered with a big smile. You are on another planet, pharaohs’ planet; across the centuries, they certainly look down on you with some amazement... un peu de stupeur… Voyageurs nomades, un peu hagards, un peu perdus, bien trop minuscules sous un ciel si vaste. On peut dire, devant un tel décor, que l’on a l’impression de venir de très loin !! Une volée de marches, l’étage choisi par l’ascenseur et votre appartement, que l’on vous ouvre comme on écarte un rideau rouge, avec gourmandise, sûr de l’effet produit. Ma suite dépasse l’espérance. Je pousse un cri et j’ai du mal à refermer la bouche. Tout est pourpre, sauf l’aérien dais blanc au-dessus d’un lit plus que king size ! Le plancher, ciré miroir, s’enfuit noblement vers une terrasse dont j’écarte fébrilement les lourds rideaux damassés. Je suis saisie de surprise en bonheur. Juste une balustrade me sépare du Nil féérique, d’une felouque pile en contrebas, qui se balance, comme avant, de sa voile penchée agrippée à sa bôme. En face, une île avec le Temple de la Création, drapé pour le moment dans son chaste habit de nuit. Le Nil, ruban de velours vivant, défile confiant et donne de l’apesanteur sensuelle à tout ce qui le touche. On rêve de s’envoler jusqu’à l’autre rive, jusqu’à l’océan de sable brûlant d’enthousiasme, et qui donne à l’horizon d’ambre sa touche de cravache. C’est tout un monde réel, authentique qui, par miracle, enjambe allègrement les temps pour venir à notre portée. On se rit des clichés, on s’enhardit à avoir la foi, en Dieu, en l’homme, en la pierre. On prie sans le savoir, aspiré par tant de beauté, de pureté et d’éternité. Pourquoi ne pas s’endormir là, aux belles étoiles. Demain est un autre jour… V.B Nomad traveller, somewhat haggard, a bit lost, much too tiny under so vast a sky. In front of such a decor, you can aptly say that you have the impression of coming from very far!! A flight of step, a lift and your apartment, which someone opens for you with relish as if it were a red curtain, sure of the effect. My suite exceeds all expectations. I shout out and I can hardly shut my mouth. Everything is purple, except for the airy white canopy above the over-king-size bed! The floor, polished like a mirror, leads nobly to a terrace; I feverishly draw back the heavy damask curtains. I am seized with surprise and bliss. There is only a railing between me, the fairy Nile and a felucca bang down below, which rocks as it ever did, with its triangular sail hanging from the boom. Opposite, an island with the Temple of Creation, draped for the moment in its chaste night clothing. The Nile, like a living velvet ribbon, flows confident, and gives weightlessness to everything that comes in contact with it. You dream of flying across to the ocean of burning sand and all the way to the amber horizon. A whole real and authentic world crosses the centuries, as if by miracle, to come within our reach. You make light of clichés, you pluck up the courage of having faith – in God, in man, in stones. You pray unknowingly, absorbed by so much beauty, purity and eternity. Why not fall asleep here, under the stars? Tomorrow is another day. V.B
  • 3. ©Fabrice Rambert 70 hôtel de ville // A city, a hotel 71N° 4 /// JUILLET 2012 JULY OLD CATARACT Six heures du matin. La porte fenêtre est ouverte. La chambre donne sur l’île Eléphantine. Les ruines des temples pharaoniques sont beige et rose. Les premiers rayons du soleil zèbrent la dune de filets d’or. Sur le Nil couleur émeraude glissent deux felouques blanches. Un concert de moineaux salue cette aube naissante.A croire que là, chaque matin est béni des dieux. L’Old Cataract est plus qu’un hôtel, c’est un mythe qui vous marque au cœur.Ajamais. « Pour que rien ne change il faut que tout change ». L’adage est connu. Sofitel l’a mis en musique.Avec brio. Fermé durant trois ans, l’Old Cataract renaît. Le charme est intact, malgré une transformation radicale orchestrée par Sybille de Margerie. Elle a pianoté sur la gamme des styles français, anglais et oriental. La symphonie est éblouissante. « Home, sweet home » disaient, hier soir, de vieux clients, des Ecossais, en levant leur verre de whisky. Le plus beau des compliments. Depuis 1899, planté sur son plateaau de granit rose, l’Old Cataract surplombe le fleuve. On y fêta l’inauguration du barrage d’Assouan, construit par lesAnglais. C’était en 1902. Une date qui donne son nom au restaurant gastronomique, installé depuis toujours dans une sorte de hall mauresque, dominé par une coupole à vingt-sept mètres du sol. Jusqu’à la seconde guerre mondiale, on ne pouvait y pénétrer, après 19 heures, qu’en tenue de soirée. Sur les murs des immenses couloirs de l’hôtel, des photos en noir et blanc. Visages d’hôtes illustres. Ecrivains, têtes couronnées, présidents. D’Antoine de Saint-Exupéry àAndré Malraux, en passant par Winston Churchill, Howard Carter (l’homme qui découvrit la tombe de Toutankhamon), le tsar de Russie, le roi Farouk, l’Agha Khan, Rommel et Montgomery (mais pas au même moment...), jusqu’à lady Diana, Jacques Séguéla, Nicolas Sarkozy et bien d’autres… Tous sont venus goûter là un instant d’éternité. C’est ici que François Mitterrand vint prendre congé du monde. Il occupait la suite Winston Churchill, au premier étage (la 1101). C’est ici qu’Agatha Christie écrivit plusieurs chapitres de « Mort sur le Nil ». Aujourd’hui encore, sa suite, la 1201, porte son nom. Dès les années trente, la romancière devina que l’endroit allait devenir mythique et que les célébrités y viendraient de partout. Quel dommage que le livre d’or ait disparu dans la tourmente de la révolution nassérienne de 1952 ! Un rituel, l’heure de l’apéritif, sur la terrasse. Pis, un moment sacré Les habitués choisissent la table d’angle. La meilleure vue. La préférée d’Agatha, Winston et François. Les serveurs papillonnent. De grands ventilateurs de paille tressée découpent l’air en tranches. Un karkadé- gin sur la table. La vie est belle, la vue magnifique, que ne dénature plus l’autre bâtiment de l’hôtel, mal construit dans les années soixante pour les ingénieurs soviétiques qui travaillaient à l’édification du barrage. Aujourd’hui méconnaissable, son élégante façade rouge brique s’intègre parfaitement dans le décor : 62 clés, dont 37 suites aux couleurs claires, rehaussées d’argent, salles de bains en marbre, et surtout une belle terrasse, d’où l’on voit très loin… jusqu’àAssouan, porte de la Nubie La felouque de l’hôtel, sortie d’un conte des Mille et une Nuits, vous y emmène. Une brise gonfle légèrement la voile. Le bateau caresse l’eau. Le maître d’hôtel est attentif au moindre de vos désirs.Assis sur la berge, un homme au turban bleu fume une chicha. Des enfants à la peau cuivrée se baignent, riant aux éclats. La scène semble sortir d’un tableau orientaliste. Au rez-de-chaussé du nouveau bâtiment métamorphosé, un spa de 1 200 m2 . Salle de soins, hammam, piscine intérieure aux colonnes de zeelige bleue et or. Luxe, calme et volupté. Tout est dit ! OLD CATARACT Six a.m. The French window is open. The room has a view of Elephantine island. The ruins of pharaonic temples are beige and pink. The first rays of the sun streak the dune with golden shafts. Two white feluccas slide on the emerald Nile.Aconcert of sparrows greets the dawn. You’d think that here, each morning is blessed by the gods. The Old Cataract is more than a hotel, it’s a legend that leaves its mark in your heart. Forever. “To make sure that nothing changes, everything must change”. The saying is well known. Sofitel set it to music. With brio. The Old Cataract is reawakening after being closed for three years. Its charm is intact, despite being radically transformed under the guidance of Sybille de Margerie. She played with the range of French, English and Oriental styles.A dazzling symphony. “Home, sweet home”, so said old Scottish guests last night on raising their glasses of whisky. The most beautiful compliment. Since 1899, the Old Cataract overlooks the Nile from a shelf of pink granite. The inauguration of the firstAswan dam, built by the English, was celebrated there. That was in 1902. The gastronomic restaurant is named after that date; it has forever been located in a kind of Moorish hall topped by a dome twenty-seven metres above the floor. Until the Second World War, evening dress was compulsory to be admitted after 7 pm. On the walls of the hotel’s immense corridors, photos in black and white. Faces of illustrious guests, writers, crowned heads, presidents. From Antoine de Saint-Exupéry toAndré Malraux, through Winston Churchill, Howard Carter (the man who discovered Tutankhamon’s tomb), the tsar of Russia, king Farouk, theAgha Khan, Rommel and Montgomery (but not at the same time...), to lady Diana, Jacques Séguéla, Nicolas Sarkozy and many others… They all came here to enjoy a moment of eternity. Here, François Mitterrand came to take his leave of the world. He had the Winston Churchill suite, on the first floor (No. 1101). HereAgatha Christie wrote several chapters of “Death on the Nile”. Nowadays, her suite, No. 1201, is named after her. The novelist had guessed, already in the thirties, that the place was going to become mythical and that celebrities would come from everywhere. What a shame – the guest book disappeared in the turmoil of Nasser’s revolution in 1952! Aritual: aperitif time on the terrace. Even more than that – a sacred moment Regulars chose the corner table. The best view. Agatha, Winston and François’s favourite. Waiters flit around. Large fans made of straw matting slice the air. A karkade-gin on the table. Life is beautiful, the view magnificent, it is no longer spoilt by the other hotel wing, badly built in the sixties for Soviet engineers working on the new dam. Nowadays, it is unrecognizable; its elegant brick-red façade blends perfectly well in the surroundings. 62 keys, including 37 suites in light colours enhanced with silver, marble bathrooms and above all, a beautiful terrace with a view extending far away... all the way to Aswan, the gate to Nubia. The hotel’s felucca takes you there, like something from the Arabian Nights. A light breeze swells the sail. The boat caresses the water. The chief steward is attentive to your slightest desire. Sitting on the bank, a man wearing a blue turban smokes a water pipe. Bronzed children swim amidst loud laughter. The scene seems to belong to an orientalist painting. On the ground floor of the metamorphosed new building, a 1200 m2 spa. Treatment rooms, hammam, indoor swimming pool with blue and gold. The garden in yellow, red, green, white and fuchsia meanders around granite boulders. You take a leisurely stroll up to “Fouad’s corner”. « Pour que rien ne change il faut que tout change » “To make sure that nothing changes, everything must change”
  • 4. A près Paris, New York, St Petersburg, en passant par l’Asie et le Liban, ce chef de 44 ans est très heureux d’être à l’Old Cataract. Voilà 4 mois qu’il a pris ses marques au restaurant gastronomique « 1902 », avec jubilation, imagination et talent. Son carré d’agneau et son confit en deux cuissons, mousse à la carotte, échalotes aux herbes et jus de romarin, donne le ton. Il aime créer de nouvelles alliances, mêler le classique à l’insolite. Il veille donc avant tout à l’acheminement régulier des produits d’excellence via la France. Sur place, le choix est plutôt limité, en dehors de quelques beaux poissons de la mer Rouge. Mais c’est un magicien et qui le prouve haut la main à chaque repas ! W A fter Paris, New York, St. Petersburg, Asia and Lebanon, this 44-year old chef is very happy to be at the Old Cataract. In four months, he found his bearings at the gastronomic restaurant “1902” with jubilation, imagination and talent. His loin of lamb in two cooking styles, carrot mousse, shallots with herbs and rosemary sets the tones. He likes to create new alliances, combining the classic with the unusual. Therefore, he sees to the regular delivery of excellent products from France. Locally, the choice is rather limited, apart from some fine Red Sea fish. But he is a magician and confirms this easily with every meal! W un spa de 1 200 m2 // a 1200 m2 spa ©FabriceRambert 72 hôtel de ville // A city, a hotel 73N° 4 /// JUILLET 2012 JULY Khaled Helmy Aswan Sofitel Legend Old Cataract’s general manager French Touch elegance, the hand on his Egyptian heart – this ambassador’s son brought up in the United States has everything to please! The career path of this young manager who likes challenges is impressive. Intelligence and charm, being in control and delegating are his strong points to increase the harmony and excellence of this unique mythical hotel tenfold. This man of action who knows how to remain human is bursting with energy, humanism and generosity. Each experience gives him a fresh outlook and new dynamism, and the evident pleasure of making it a success story. He is a real perfectionist and went through every aspect of the hotel industry, from catering to management. He gritted his teeth and gave his all. For the Old Cataract, he wants something magnificent, wonderful, never seen before. He is aware that beauty is a chance and a selling point. One can have an excellent business sense without betraying one’s culture. One can be particularly gifted and yet a joker. His love for the future made him fall in love with life. Khaled is a prophet in his country and never ceases to amaze us... He admits it cheerfully: “I never stop amazing!” W Khaled Helmy Directeur Général Sofitel Legend « Old Cataract » Assouan Elégance French Touch, la main sur son cœur égyptien, ce fils d’ambassadeur élevé aux Etats-Unis a tout pour plaire ! Parcours professionnel impressionnant pour ce jeune manager accro aux défis. Intelligence et charme, le contrôle et la délégation sont ses atouts pour décupler l’harmonie et l’excellence de cet hôtel unique de légende. Cet homme d’action-qui-sait-rester-un homme éclate d’énergie, d’humanisme et de générosité. Il a l’œil et le sang neufs à chaque expérience et le plaisir évident d’en faire une « success story ». Il est passé, en vrai perfectionniste, par toutes les étapes de l’hôtellerie, de la restauration à la gestion. Il a serré les dents et jeté ses tripes dans la mêlée. Pour l’Old Cataract, il veut du magnifique, du merveilleux, du jamais vu. Il sait que la beauté est une chance et fait vendre. On peut être un excellent commerçant sans trahir la culture. On peut être surdoué et farceur. Son coup de foudre pour le futur l’a rendu amoureux de la vie. Prophète en son hôtel d’exception, Khaled n’a pas fini de nous étonner… Lui, avoue joyeusement : « I never stop amazing ! » W Du jaune, du rouge, du vert, du blanc, du fuchsia ont colonisé le jardin qui serpente autour des blocs de granit. On s’y promène d’un pas nonchalant, jusqu’au « Coin du Roi Fouad ». L’endroit est intime au pied du Nil. On s’y fait servir un dîner, seulement pour quelques privilégiés. En guise de plafond, un ciel clouté d’étoiles. A l’autre bout du jardin, caché derrière la nouvelle piscine, dont les courbes épousent la roche, l’Oriental Kebabgy, l’un des quatre restaurants de l’hôtel, avec Le Palms, l’Al Saraya et surtout le légendaire 1902. C’est un chef français, Dominique Ferchaud, qui est aux fourneaux. En sortant du restaurant, on tombe sur une étrange cabine téléphonique. L’appareil est à manivelle. On imagine sans mal un personnage d’Agatha Christie pendu au téléphone. L’Old Cataract est décidément unique Avec discrétion et gentillesse, le personnel de l’hôtel peut vous obtenir l’impossible : être absolument seul sur l’île de Philae. Ce temple sauvé des eaux du barrage par Malraux, mérite, ô combien, son surnom de « perle de l’Egypte ». Une barque à moteur poussif vous y emmène. Le domaine d’Isis et d’Osiris. « Philae sort des eaux avec ses groupes de palmiers, ses bosquets de henné aux fleurs vertes et au parfum suave. Nous errons sous la merveilleuse galerie du grand temple. Le soleil est brûlant, mais la fraîcheur du Nil remonte sous le péristyle, et le regard plonge dans les eaux avec délices. Chaque colonne soutient un chapiteau d’une merveilleuse richesse... » Ces lignes de la comtesse de Gasparin datent de 1848. Elles sont toujours d’actualité. Mais quel dommage pour la comtesse, à cette époque, l’Old Cataract n’existait pas ! J-F.CdA An intimate place overlooking the Nile. A private dining venue for discerning guests. With a star-studded sky as a ceiling. At the other end of the garden, concealed behind the new swimming pool whose shape hugs the rocks, lies the Oriental Kebabgy, one of the hotel’s four restaurants, the others being the Palms,Al Saraya and above all the legendary 1902. The chef, Dominique Ferchaud, is French. Just outside the restaurant, you’ll find a strange telephone booth. The telephone works with a crank handle. You imagine easily anAgatha Christie’s character making a phone call. The Old Cataract is definitely unique The hotel staff, with discretion and kindness, can get you the impossible: being absolutely alone on Philae island. This temple, rescued from the dam waters by Malraux, deserves indeed its nickname of “pearl of Egypt”.Aboat with a puffing engine takes you there. It is the kingdom of Isis and Osiris. “Philae stands above the water with its groups of palm trees, copses of henna with green flowers and sweet fragrance. We wander in the wonderful gallery of the main temple. The sun is burning but the coolness of the Nile can be felt under the peristyle, and we gaze down on the water with delight. Each column supports a richly carved capital…” These lines were written by countess de Gasparin in 1848. They are still topical. But what a pity for the countess – in those days, the Old Cataract did not exist! J-F.CdA Dominique Ferchaud