SlideShare uma empresa Scribd logo
1 de 96
Baixar para ler offline
10, rue Sextius Michel

75015 Paris
MEMOIRE DE FIN D’ETUDES DE L’ESCE, 2016
Croissance durable : les bénéfices 

de l’économie circulaire pour la filière
bâtiment
Par Justine LAURENT
Tuteur pédagogique du mémoire : Monsieur Jean-Christophe Pic
Tuteur de stage : Monsieur Brieuc Saffré

RESUMÉ & MOTS CLÉS
Aujourd’hui, dans le monde, les entreprises sont arrivées à une période charnière qui remet en cause
la manière dont elles utilisent la planète pour se développer. Depuis la Révolution Industrielle elles
produisent de manière linéaire en faisant trop pression sur la Terre. Si elles continuent de cette
manière, elles ne pourront pas survivre sur le long terme car le monde dans lequel elles croient n’est
pas infini. La question est donc de savoir alors que les entreprises ont basé leur développement
sur un modèle de production et de consommation linéaire, en quoi une économie circulaire
pourrait-être une solution pour garantir la durabilité de leur croissance ?

En France, le secteur du bâtiment est un important consommateur de ressources et producteur de
déchets qui fait face à de nombreuses contraintes externes qui remettent en cause les leviers actuels
de croissance de ses acteurs. Face à l’extinction des ressources telles que le sable, la volatilité du
prix des matières premières ou les lois de valorisation des déchets, le schéma d’économie en boucle
proposé par ce nouveau paradigme est une nécessité pour garantir la survie de l’environnement et
celle des sources de revenus des entreprises. Il semble que ce soit également une opportunité de
nouveaux leviers de croissance pour ces dernières.
Mots-clés : Environnement, ressources, croissance, économie circulaire, bénéfices

CONTACTS

Justine LAURENT

28 avenue Gambetta

78400 Chatou

Tel : +33 7 50 22 92 56

E-mail : laurent@edu.esce.fr


Jean-Christophe PIC

10 rue Sextius Michel

75015 Paris

E-mail : jeanchristophepic@orange.fr

REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier un grand nombre de personnes qui m’ont accompagnée dans l’accomplissement
de mes cinq années d’études à l’ESCE aussi bien pendant mes cours en France et à l’étranger que
pendant mes expériences personnelles et professionnelles, qui m’ont toutes menée jusqu’à ce travail
final de mémoire. Ces personnes m’ont guidée, conseillée et parfois critiquée, pour me permettre de
mener à bien mes projets et de rendre un écrit en lien avec mes aspirations professionnelles et
personnelles.
Parmi elles, je tiens à remercier Monsieur Jean-Christophe Pic, mon tuteur de mémoire, pour sa
disponibilité et ses précieux conseils ainsi Brieuc Saffré, co-fondateur de Wiithaa et mon maître de
stage lors de mon stage de fin d’études, pour son aide et son soutien.
Je tiens également à remercier l’ensemble des personnes que j’ai eu la chance d’interviewer, qui
m’ont consacré du temps pour m’aider dans mes recherches et apporter des informations cruciales à
mon analyse : Messieurs Jean-Pierre Baron, Fabrice Bonnifet, Pierre-Marie Bozec-Claverie, Alain
Geldron, François-Michel Lambert et François Marois, ainsi que Mesdames Audrey Bertrand,
Laurie Espinosa et Rebecca Narewski.
Pour finir je tiens à remercier ma famille et mes amis pour leur réconfort, leurs échanges et leur
sincérité.

Merci à mon père, à ma mère et à ma grand-mère de m’avoir permis de mener à bien ces 5 années
d’études.
TABLE DES MATIÈRES
Introduction……………………………………………………………………………………page 1
Chapitre I : Contexte et enjeux 

2016, les limites de la pensée linéaire de l’économie issue de l’industrialisation……..………page 3
1ère partie : La croissance de l’économie linéaire………………………………..…page 5
I. La Révolution Industrielle……………………………………….….……..…page 5
II. Le cycle linéaire de l’économie…………………………………..…………page 8
III. La croissance………………………………………………………………page 10
A. D’un état……………………………………………………………page 10
B. D’une entreprise……………………………………………………page 11
2ème partie : Limites et enjeux de la croissance d’une économie linéaire…..……page 12
I. Urgence écologique…………………………………………………………page 12
A. Ressources…………………………………………………………page 13
B. Déchets……………………………………………………….……page 16
II. Urgence économique, ou une croissance infinie dans un monde fini..……page 18
3ème partie : Problème d’investigation……………………………………………page 20
Chapitre II : Analyse du problème
De quelle manière l’économie circulaire permet aux entreprises du bâtiment de développer leur
activité de manière durable pour elle et l’environnement ?……………….………………………page 23
1ère partie : La filière bâtiment…………………………………………….………page 24
I. Définitions et acteurs……………………………………………..…………page 24

A. Définitions………..……………………………………..…………page 24
B. Acteurs concernés………………………………………..…………page 24
a. Approche par la chaîne de valeur…..………..…..…………page 25

b. Approche par le cycle de vie…..………..…..………………page 26
c. Approche proposée…..………..…..…………..……………page 26
Schémaderépartitiondesdifférentstypesd’acteursdanslafilièredubâtiment
II. Environnement et leviers de développement…………….……..….………page 27
A. Environnement externe : analyse PESTEL …………………..……page 28
B. Environnement interne : actions significatives du secteur…….……page 33
III. Enjeux de durabilité : économie et environnement………..…………….…page 36
A. Le bâtiment « traditionnel » ………..……………………..….……page 36
Schéma du modèle d’économie linéaire appliqué à la filière du bâtiment
B. Impacts environnementaux ………..………………………………page 37
C. Impacts économiques ………..………………….…………………page 37
2ème partie : L’économie circulaire en réponse aux enjeux de la filière…………page 47
I. L’économie circulaire…………………………………………………….…page 47
A. Fondements…………………………………………………..……page 47
B. Définitions…………………………………………………….……page 48
C. Concepts et principes clés………………………………….………page 49

II. L’économie circulaire appliquée à la filière bâtiment…………….….….…page 51
Tableaud’applicationdesseptpiliersdel’économiecirculaireaucycledeviedubâtiment
3ème partie : Résultats de l’application………………………………………….…page 55
I. Bénéfices cas par cas……………………………………………….…….…page 55
Bénéficeséconomiquesetenvironnementaux&schémasd'économiecirculaireassociés

CAS 1.1
CAS 1.7
CAS 1.4
CAS 2.2
CAS 3.6
II. Réponses aux enjeux de durabilité et résultats envisagés………..……..…page 68
Tableaurécapitulatifdessolutionsetdesrésultatsenvisagés

Schémad’analysedesleviersnécessairesàunecroissancedurable
Chapitre III : Recommandations……………………………………………………………page 71
Comment assurer la croissance durable de son entreprise, grâce à l’économie circulaire ? Premiers
leviers d’actions.
I. Favoriser la coopération ……………………………………………………page 73
II. Appuyez sa stratégie sur une approche globale et systémique……….…….page 77
Conclusion générale………………………………………………………………….………page 81

Limites de notre étude et futures voies de recherche………………..……………..………page 83
Bibliographie………………..……………………………………………….…….…………page 84
Annexes…………………………………………………………………………….…………page 87
Annexe 1 Agenda des entretiens………………………………………………………page 87

Annexe 2 Guide d’entretien……………………………..….…………………………page 88
INTRODUCTION
« In one generation, we will have on the planet an additional 2 billion people, which is more than
the overall population at the beginning of the 20th century, when it was 1.5 billion. That is more
than 200,000 per day. … McKinsey estimates that, by 2030, 3 billion people who are currently
living in poverty will join the middle-class level of consumption. If you take into account that, all in
all, that would mean that we would need something like three times more resources than we use
today in 2050—70% more of food, feed and fibre in 2050—we would likely be around 40% short
of drinking water in 2030. If we take into account that already today we are using approximately
60% of our ecosystems in pretty much unsustainable ways that makes a pretty simple conclusion:
how we produce, consume and live will have to be changed. », a dit Janez Potočnik en 2014.
Nous sommes à une période charnière dans l’avenir de notre environnement, et de notre
économie.
En 1848, Adolphe Blanqui rentrait d’un voyage autour des principales régions manufacturières de
France pour mettre en lumière une Révolution Industrielle qui, selon lui, était en train de changer le
cour de l’économie outre-Manche. Les pays de l’Europe de l’Ouest ont alors vu naître un grand
nombre d’avancées techniques et technologiques notoires permettant aux entreprises d’augmenter
intensivement leur productivité en bénéficiant des faibles coûts d’extraction des matières premières.
Elles peuvent alors produire toujours plus grâce à des économies d’échelle et répondre à la demande
exponentielle des ménages, alors que le coût du travail est élevé. Sur ce principe, les mesures de
leur croissance, du moins économique, et ses indicateurs, correspondent à l’évolution des quantités
produites en volume ou en valeur. La logique linéaire « extraire-fabriquer-jeter » domine
l’économie et permet aux entreprises de répondre à cet objectif.
Aujourd’hui, selon de nombreux économistes, écologistes voire historiens, cette même Révolution
Industrielle, qui a permis aux entreprises de naître et de se développer de manière rapide et
intensive par la pensée linéaire, est aussi à la base des maux environnementaux de notre société; la
pollution atmosphérique, le réchauffement climatique, la perte de la biodiversité ou encore les
pénuries. Ces impacts sur l’environnement ont pourtant été mis en avant dès le début du XXème
siècle par Nathaniel Shaler, un géologiste de l’Université d’Harvard, qui soutenait que les
ressources étaient finies et que l’Humanité était sur le chemin de leur épuisement. Ce n’est qu’en
1980 que l’économiste américain Kenneth Boulding prononce à son tour cette fameuse phrase :
"1
« celui qui croit qu'une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est
soit un fou, soit un économiste. ». Il met alors un point d’honneur à souligner que les entreprises ne
peuvent pas continuer à baser leur croissance sur la consommation des ressources mises à
disposition par la Nature.
Pour lui, et de nombreuses personnes après lui, l’économie ne peut pas se passer des questions
environnementales, car ceci n’est pas durable, ni pour la planète ni pour les organisations. Notre
économie est actuellement basée sur un paradigme : il y a un problème en amont car les ressources
s’épuisent et en aval car ça s’accumule. La seule ressource énergétique réellement inépuisable étant
celle du soleil. Nous nous confrontons donc à un premier problème : comment continuer à
développer notre économie dans un monde fini ?
Partant du constat que les entreprises ont basé leurs stratégies actuelles de développement sur un
schéma linéaire, et que celui-ci est limité dans le temps pour des questions écologiques -entre
autres-, il en devient pertinent d’opposer ce schéma à celui de l’économie circulaire; un concept qui
vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer l’impact sur
l’environnement. Ainsi, les entreprises pourraient voir plus loin que le seul “écologique”, qui réduit
l’action ciblée à un problème local et ponctuel, et prendre en compte l’ensemble de l’écosytème
dans leurs stratégies économiques.
Si nous adoptons ce nouveau concept pour l’appliquer à la croissance des entreprises, nous en
venons donc à poser la problématique suivante : alors que les entreprises ont basé leur
développement sur un modèle de production et de consommation linéaire, en quoi une
économie circulaire pourrait-être une solution pour garantir la durabilité de leur croissance ?
Afin de répondre à cette problématique de la manière la plus appliquée et la plus claire possible,
nous nous intéresserons au secteur du bâtiment en France, afin de dégager les principaux enjeux du
secteur et les éventuels problèmes de durabilité auxquels font face ses acteurs.
En effet, ce secteur est au cœur des enjeux environnementaux en tant que principal consommateur
de ressources et important « pollueur ». Au niveau des entreprises, l’évolution des prix des matières
premières et la récente loi pour la transition énergétique, par exemple, remettent en question le
maintien et le développement des marchés actuels et futurs. On relève par ailleurs, une prise de
conscience de la part des entreprises qui souhaitent réduire leur impact environnemental, alors
"2
même qu’elles doivent unir leur force pour répondre à la demande à venir en logement, dû à
l’évolution démographique.
Ces éléments, nous permettent d’organiser notre plan de la manière suivante : 

Tout d’abord nous ferons un état de l’art, pour préciser le contexte et les enjeux relatifs à
l’économie linéaire. Dans un second temps, nous étudierons la filière bâtiment dont nous
identifierons les contraintes et les enjeux pour appliquer les principes et piliers de l’économie
circulaire et en ressortir les bénéfices environnementaux et économiques, clés d’une croissance
durable. Enfin, nous formulerons une série de recommandations en lien avec la filière et les enjeux
de l’économie circulaire, pour faciliter la pérennité des structures dans leur environnement.
Pour ce faire, nous appuierons notre travail sur une étude documentaire, sur des recherches
académiques et sur dix entretiens avec des salariés de grandes entreprises françaises du secteur, et
de consultants indépendants spécialisés en économie circulaire.
"3
CHAPITRE I : CONTEXTE ET ENJEUX
2016, les limites de la pensée linéaire de l’économie
issue de l’industrialisation.
L’objectif de ce chapitre est de présenter le contexte actuel de production et de croissance des
entreprises ainsi que les enjeux qui en découlent, selon des ouvrages d’économistes, historiens ou
écologistes, pour en dégager les principaux enjeux.
Cette partie nous permettra d’identifier les problèmes majeurs liés à l’économie linéaire et de
choisir la méthodologie d’analyse la plus adaptée.
Afin d’atteindre cet objectif, notre chapitre se divisera en trois parties :
1. Contexte : La première partie consiste à poser et délimiter le contexte actuel des modèles
économiques des entreprises.
2. Enjeux : La deuxième partie consiste à poser les limites de ces modèles économiques.
3. Problématique : La troisième partie consiste à poser les problèmes qui découlent de ces
limites, ainsi que la méthodologie choisie pour répondre à la problématique.
"4
1ÈRE PARTIE :
LA CROISSANCE DE L’ÉCONOMIE LINÉAIRE
Il semble essentiel d’aborder la Révolution Industrielle pour ce qu’elle a impliqué dans les cycles
actuels de production. En tant que période clé dans le développement des pays de l’Europe de
l’Ouest la Révolution Industrielle est intéressante à présenter car elle semble avoir initié le modèle
de base de production et de consommation des entreprises, un modèle aujourd’hui au coeur des
enjeux économiques, environnementaux et sociaux : une économie linéaire, consommatrice de
ressources et productrice de déchets.
Bien que la modernité et les modèles économiques actuels ne prennent par entièrement racine dans
l’ère industrielle, la Révolution Industrielle est un processus qui est repris à plusieurs niveaux pour
expliquer et désigner les modes de production et les stratégies des entreprises du XXI siècle ainsi
que les modes de consommation des citoyens dans les dernières décennies.
I. LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE
En 1848 Adolphe Blanqui, un économiste français alors chargé par l’Académie des sciences
morales et politiques «de parcourir les principales régions manufacturières de la France, pour y
constater la situation exacte des classes ouvrières» , est le premier à utiliser l’expression de1
Révolution Industrielle pour désigner la période de transition que l’Angleterre des années 1800 est
en train de vivre. Il l’oppose alors à la Révolution française durant laquelle les hommes étaient
« essentiellement concentrés sur le profit de leurs conquêtes » , pour mettre en avant la puissance2
émergente de l’industrie anglaise, grâce à des machines et inventions notoires récemment inventées,
telles que la machine à vapeur de James Watt (1780) et la première filature de coton moderne de
Richard Arkwright.
Ces deux inventions, retenues pour dater le début de la Révolution Industrielle, sont déterminantes
dans la manière dont l’économie et les systèmes économiques vont se développer.
Source : Conservatoire National des arts et métiers1
Source : BEITONE, Alain, Analyse économique et historique des sociétés contemporaines, 2ème édition, 20132
"5
Le terme de Révolution Industrielle, sera précisé année après année pour caractériser le passage d’une
économie traditionnelle agraire - c’est à dire dominée essentiellement par l’agriculture - a un nouveau
type d’économie dominée par l’industrie, que nous pourrions appeler économie moderne.
Le Larousse ne définira le terme de Révolution Industrielle que plus tard, comme suit : « l’ensemble
des phénomènes qui ont accompagné, à partir du XVIIIe siècle, la transformation du monde moderne
grâce au développement du capitalisme, des techniques de production et des moyens de
communication. »
D’après l’économiste Walt Whitman Rostow, cette période est attribuée essentiellement à l’Europe du
Nord Ouest, avec un premier take-off anglais entre 1780 et 1820 suivi du français en 1830 et de
l’allemand en 1850.
Si nous reprenons les « phénomènes » évoqués dans la définition du Larousse, ce terme fait appel à
plusieurs éléments clefs de la période et de l’âge contemporain. Tout d’abord ce terme évoque les
inventions décisives qui ont participé au développement des villes et à l’amélioration des modes de
vie. Parmi lesquelles les deux présentées plus haut, ainsi que que le chemin de fer (1825), l’électricité
(1869) ou le téléphone (1876).
L’ensemble des progrès techniques de cette période et leur succession sont décisifs dans les méthodes
de production et dans la répartition du travail. Ces progrès techniques assurent une croissance plus
soutenue et plus intensive que par le passé permettant alors de répondre largement à la croissance
démographique de la population. Le chemin de fer a par exemple permis d’intensifier le
développement et la construction des villes, qui ont d’abord été construites autour des gares, points
d’arrivée majeurs de marchandises.
Ces inventions sont les premiers leviers de la Révolution Industrielle car ils révolutionnent les modes
de production. « L'apparition de nouveaux matériaux, l'abondance d'énergie bon marché (le pétrole) et
le développement de nouvelles activités (électronique, aéronautique, informatique, etc.) sont de
formidables moteurs de croissance.», précisent les livres d’histoire lorsqu’ils citent la période.
Ces inventions ce sont également la diffusion du machinisme et la révolution mécanique qui entrainent
l’introduction et l’utilisation de nouvelles énergies : nous passons des énergies traditionnelles comme
l’énergie animale, humaine ou naturelle à une énergie fossile et électrique.
La technique est au coeur de la création de valeur et l’activité économique devient le principal moteur
de développement des entreprises et des états. La croissance intensive permise grâce aux gains de
productivité, permet de produire plus et moins cher.
"6
Un autre « phénomène » est la croissance séculaire des salaires réels, assez soutenue pour entraîner
vers une progression non négligeable du niveau de vie et de la consommation par ménage. Les
ménages commencent à s’équiper de produits qui améliorent leur confort (électroménager) et libèrent
du temps. Une société d'abondance se met en place, la consommation est stimulée et stimule elle-
même l'activité économique, alors qu’en parallèle l’amélioration des conditions de vie participe à la
croissance démographique et, corrélativement, à la hausse de la demande.
Cette consommation de masse est permise grâce à l’expansion des moyens de communication et des
modes de transports, ainsi qu’à la construction des premiers centres commerciaux et grands magasins
(Le Bon Marché).
Enfin, cette période voit apparaitre la première bourse et le développement des marchés boursiers qui
permettent de répondre d’avantage aux besoins importants en capitaux pour financer l’industrie et les
transports. C’est le début de la capitalisation boursière et de la valorisation des entreprises, par des
méthodes comptables et financières.
La nouveauté de la Révolution Industrielle réside dans le fait d’avoir modifié profondément le
fonctionnement économique des pays occidentaux par le passage d’un système composé de sauts de
productivité et de régressions à un processus de croissance continue (toujours actuel) où la
productivité ne cesse d’augmenter malgré quelques périodes de ralentissement. Les progrès
techniques ainsi que ceux dans l’organisation du travail (Fordisme, Taylorisme) dans les pays
développés permettent de produire beaucoup plus que quelques années auparavant, et ce, à faible
coût. Ce phénomène s’accompagnera quelques années plus tard des Trente Glorieuses, un terme
forgé par l’économiste Jean Fourastié, qui est caractérisé comme une période de forte croissance
économique durant laquelle les historiens considèrent que le mode de vie des français a plus évolué
que durant les deux siècles précédents, avec un taux de croissance record de 5,9%.
Cette économie de la production intensive et de la consommation (par les ménages et les
entreprises), conséquences de l’industrialisation, influence les modes de production des entreprises,
qui s’organisent toutes autour de cycles linéaires de production, permis grâce au développement des
techniques avancées d’extraction, de production et de distribution.
Mais alors, quel est ce système de production et de consommation issu de la Révolution
Industrielle ?

"7
II. LE CYCLE LINÉAIRE DE L’ÉCONOMIE
L’économie dite linéaire, est résumée par Rémi Lemoigne , comme suit :3
« Notre économie est ainsi basée sur le modèle linéaire qui se résume à 'extraire=fabriquer=
consommer=jeter', qui consomme des ressources naturelles et de l’énergie pour fabriquer des
produits qui deviendront, en fin de compte, des déchets ». Ce modèle linéaire de l’économie peut-
être synthétisé dans le schéma suivant :
Figure 1 : Le modèle linéaire de l'économie
Rémi Lemoigne explique ce modèle de la manière suivante :
1. Dans un cycle linéaire de production, le pétrole, le cuivre, l’eau et autres ressources
naturelles sont extraites ou récoltées pour être incorporer au processus de fabrication du produit
final.
2. Ces matières premières « primaires » sont utilisées et transformées pour fabriquer des
pièces. Le fer est utilisé dans la fabrication de pièces métalliques, le pétrole dans celle de pièces en
plastique, le blé dans celle de farine.
3. Les pièces sont ensuite assemblées en composants. Des pièces en bois sont assemblées
entre elles pour fabriquer des meubles. La farine est mélangée à de l’eau et de la levure pour
fabriquer de la pâte à pain.
4. A leur tour, les composants sont assemblés entre eux pour fabriquer des produits finis
comme des téléphones portables, des machines à laver ou encore des produits d’alimentation.
5. Le produit une fois fini est commercialisé par un réseau de distribution, GMS (Grande et
Moyenne Surface), un magasin spécialisé ou tout autre intermédiaire.
6. Le produit fini est alors acheté par le consommateur final puis utilisé par celui-ci.
7. En fin de vie, le produit est la plupart du temps jeté puis détruit.
Source : LEMOIGNE, Rémi, L’économie circulaire, 20143
"8
Selon ce schéma, l’augmentation de la production d’une entreprise est donc basée sur
l’augmentation de la consommation en ressources naturelles en amont et de la génération de déchets
en aval, la création de valeur étant permise grâce à un coût des ressources faibles inférieur à celui
du capital humain et à une gestion des déchets non considérée.
Ce système est celui qui aurait permis jusqu’ici aux entreprise de produire à moindres coûts grâce à
des économies d’échelle sur les matières premières, un amortissement de leurs machines de
production et des retours sur investissements rapides.
Dans une vidéo du Canal UVED (L'Université Virtuelle Environnement & Développement
durable), François Grosse, président de
Forcity, présente quant à lui l’économie
linéaire en partant des flux de matières
premières dans l’économie, qualifiant
cette dernière d’ « archétype de
l’économie des matières premières ». Il
illustre son discours par un diagramme
simple, présenté ci-contre :
A gauche nous pouvons distinguer ce qui
rentre dans l’économie pour être consommé, c’est à dire les matières premières transformées et à
droite ce qui en sort, pour être dispersé et/ou stocké.
Le schéma : « extraire=produire=consommer=jeter » permet aux entreprises de calculer leur
performance économique grâce aux coûts de chacune de ces étapes. Une entreprises est performante
si elle parvient à produire à moindres coûts et à vendre un maximum, lui assurant alors une
croissance de son chiffre d’affaire et de ses bénéfices.
Alors qu’à plusieurs reprises les ouvrages de références présentent la Révolution Industrielle ou les
Trente Glorieuses comme facteurs de croissance, Jean-Luc Gaffard précise dans son ouvrage La
croissance économique, que celle-ci est « un phénomène récent, conséquence des économies de
marchés nées de la Révolution Industrielle ». Il présente ce phénomène comme partie intégrante des
économies industrielles de marché.
Mais alors, quelle est cette croissance, « conséquence des économies de marchés nées de la
Révolution Industrielle » ?

"9
III. LA CROISSANCE
Il est possible d’aborder le terme croissance sous bien des angles, néanmoins la croissance est
appliquée en général à deux entités : l’état et l’entreprise.
A. La croissance d’un état
Pour Thierry Jeantet , « la croissance au moins économique, a d’abord été conçue puis mesurée état4
par état grâce à des indicateurs nationaux. Devenant un facteur de compétition il a surtout été
question d’apprécier le développement de chaque économie nationale ».
Aujourd’hui, lorsqu’il s’agit de parler du progrès ou du développement d’un état dans une période
donnée, la notion de croissance est principalement présentée et calculée d’un point de vue
économique avec comme indicateur majeur le PIB : « L'Institut national de la statistique et des
études économiques anticipe une croissance de 1,1% sur l'année 2015 » précisait l’INSEE en 2016.
Dans cette phrase, l’Institut parle effectivement de la croissance économique de l’état français
qu’elle désigne par le simple nom « croissance ». Dans ses travaux l’INSEE définit la croissance
comme « l’évolution de la richesse produite sur le territoire français entre deux années ou
entre deux trimestres. Cette richesse est appelée produit intérieur brut (PIB). »
De manière similaire, dans le Larousse, la croissance est définie comme l’« augmentation sur une
longue période de la production et des dimensions caractéristiques de l'économie d'un pays, se
traduisant par un accroissement des revenus distribuables (= ce qu'il reste aux entreprises une fois
qu'elles ont réglé toutes leurs charges et impôts) (L'indicateur le plus couramment utilisé pour
mesurer la croissance est le produit intérieur brut [P.I.B.], ou le produit national brut [P.N.B.],
calculé en prix constants pour éliminer les effets de l’inflation.) ».
La croissance correspond donc à l’évolution de la richesse créée par l’ensemble des acteurs de
l’économie du pays, sur une période donnée, sans prendre en compte l’évolution des prix
(inflation).
Cette définition est associée à une méthode de calcul très simple, établie par l’Organisation des
Nations Unies : Croissance = PIB - inflation
avec PIB = Somme des valeurs ajoutées = production - consommations intermédiaires
Source : JEANTET, Thierry, Des croissances, 20144
"10
Le PIB mesure la richesse produite mais correspond également à l’ensemble des revenus distribués,
à la consommation et à l’investissement.
Il est donc admis que la croissance représente aujourd’hui la seule évolution des quantités produites
en volumes ou en valeurs.
B. La croissance d’une entreprise
Si nous appliquons à l’entreprise les indicateurs évoqués précédemment, la croissance correspond à
l’évolution de la valeur ajoutée de l’entreprise induite par son activité de production, sans prendre
en compte l’évolution des prix. En d’autres termes elle correspond à « la progression du chiffre
d'affaires due à l'activité propre de l’entreprise. »
Cependant, la croissance est plus généralement associée à l’accroissement de la taille de l’entreprise
qui se traduit par une augmentation de ses dimensions telles que son chiffre d’affaires, son effectif,
ou ses parts de marché. Ces derniers points sont les indicateurs qui permettent aux entreprises de
toutes tailles et de tous secteurs de calculer leur croissance.
Enfin, la croissance peut appeler au retour sur investissement rapide, dû à la financiarisation et à la
valorisation en bourse des sociétés, contraintes de rendre des comptes à leurs actionnaires sous
forme de dividendes.
L’émergence de l’économie industrielle et la croissance - en volume - qu’elle a permise a été basée
sur le fait que le coût du travail était plus élevé que le coût des matières, ce qui a impliqué une
production basée essentiellement sur l’approvisionnement et l’utilisation de ressources naturelles.
Mais si la croissance prend ses racines dans les ressources naturelles, autrement dit dans
l’environnement, n’y a t-il pas des limites à sa durabilité ?
Quels sont les limites environnementales de la croissance des entreprises, basée sur un système
linéaire tel que présenté précédemment ?
"11
2ÈME PARTIE :
LIMITES ET ENJEUX DE LA CROISSANCE D’UNE ÉCONOMIE LINÉAIRE
Depuis plusieurs décennies, et particulièrement ces dernières années, nous ne pouvons plus passer
outre les différents rapports, débats et autres sources d’informations mettant en avant les enjeux
économiques, environnementaux et sociaux de nos sociétés actuelles.
Les différents ouvrages et sources cités ci-après mettent en avant les limites de l’économie linéaire et
de la croissance actuelle basée sur ce schéma (extraire-produire-consommer-jeter).
L’économie linéaire considère les matières premières, les ressources naturelles renouvelables ou non,
comme des déchets à venir. Elle repose sur le postulat classique que les ressources n’ont pas de
limites, et qu’elles peuvent donc être consommées de manière illimitée.
Les deux limites mises en avant dans les ouvrages en rapport avec les éléments de contexte
précédents, sont d’ordre environnemental et économique. Bien que les limites d’un point de vue social
soient également pointées du doigts, elles ne seront pas prises en compte dans notre étude.
I. URGENCE ÉCOLOGIQUE
Jean-Baptiste SAY (1767-1832), pionnier de la pensée économique libérale française disait en 1828
« les ressources naturelles sont inépuisables, car sans cela nous ne les obtiendrions pas gratuitement.
Ne pouvant ni être multipliées ni épuisées, elles ne sont pas l’objet des sciences économiques. ».
Dès le début du XXème siècle, nombreux sont ceux à pointer du doigt la croissance exponentielle de
la consommation de ressources et l’impact de cette dernière sur l’environnement. Le réchauffement
climatique, la perte de la biodiversité ainsi que la diminution des ressources naturelles aussi bien
renouvelables que non renouvelables, ont conduit les états, les entreprises et les citoyens à remettre en
question leurs modes de consommation et de production. La COP 21 est l’exemple le plus récent de la
prise de conscience de cette urgence écologique.
Comme le dit Alain Lipietz, l’économie mondiale « produit mal en faisant trop pression sur la terre » .5
Source : LIPIETZ, Alain, Face à la crise l’urgence écologique, 2009.5
"12
Dans la pensée linéaire les ressources naturelles sont inépuisables, et sont la majorité du temps
transformées en déchets. L’impact sur l’environnement est donc double (selon le schéma de
l’économie linéaire); il intervient à l’échelle des ressources et des déchets.
A. Ressources
Il est essentiel de faire un bref rappel de la définition de ressources, afin de mieux comprendre à quels
niveaux sont les impacts.
Selon l’ADEME, les ressources naturelles rapportent aux matières premières c’est à dire les matériaux
et les biomasses, aux milieux ambiants que sont l’eau, le sol et l’air et aux ressources telles que les
énergies renouvelables éoliennes, ou géothermique (entre autres).
Les matières premières réfèrent quant à elles à la biomasse, alimentaires ou non aux matériaux de
construction, sable granulats et roche, aux matières premières énergétiques fossiles, autrement dit le
charbon, le gaz et le pétrole, et aux métaux et minéraux industriels, féreux ou non féreux.
La croissance, considérée comme cause de la raréfaction des ressources, tient ses limites dans le cycle
linéaire soutenu par les modes de productions actuels qui s’ajoute à l’évolution croissante du nombre
d’habitants sur Terre. En effet, l’économie linéaire qui présente un ensemble de flux entrants et
sortants en amont de la production du produit et en aval de sa consommation, suppose que les
ressources naturelles sont inépuisables, et pour preuve : l’OCDE chiffre la consommation des
ressources naturelles à 60 milliard de tonnes en 2007, soit une augmentation de 65% depuis 1980. Ce
chiffre soulève la consommation toujours croissante des ressources naturelles dont les matières
premières ; en 100 ans nous avons multiplié par 10 notre consommation de matières premières, pour
pouvoir répondre à une demande toujours plus importante, de la part de consommateurs privés et
publics.
Le premier à évoquer le défi de la conservation des ressources est Nathaniel Shaler, un géologiste de
l’Université d’Harvard, qui consacre plusieurs essais à ce sujet au début du XXème siècle. Dans son
ouvrage majeur « Man and the Earth » il soutient que les ressources sont finies et que l’Humanité est
sur le chemin de l’épuisement des ressources.
Le président américain Theodore Roosevelt reprendra cette question des ressources et la nécessité de
leur protection en annonçant dans sont 7ème message annuel au congrès « La conservation de nos
ressources naturelles et leur utilisation appropriée constitue l'enjeu essentiel qui sous-entend presque
"13
tous les autres enjeux de notre vie nationale. [...] Mais il faut anticiper, il faut réaliser que gaspiller et
détruire nos ressources naturelles, surexploiter et épuiser la terre au lieu de la fertiliser, altérera la
prospérité des générations futures, prospérité que nous devrions pourtant leur transmettre plus
importante et plus développée ».
Ce n’est que 70 ans plus tard que l’enjeu de la conservation des ressources naturelles sera repris pour
être associé à la croissance intensive née de la Révolution Industrielle.
En 1972, le Club de Rome, dans un rapport historique intitulé « Limits to Growth », soulignait pour la
première fois les menaces que font peser la croissance et son usage immodéré des ressources
naturelles sur la planète. C’était le premier rapport à mettre en lien croissance, production et
ressources.
Ce rapport, aussi appelé rapport Meadows, est considéré comme l’un des premiers dans le
« mouvement durable » et la remise en cause des modes de production à la base de l’économie.
Pour accompagner ces propos, nous présenterons brièvement ci-après des données relatives à la
raréfaction des matières premières et à la pollution des sols (milieux ambiants).
• Raréfaction et diminution des ressources en volume
Le premier enjeu lié aux ressources est leur diminution et raréfaction : Selon François-Michel
Lambert , le sable utilisé pour la construction6
(sable de la Loire par exemple, de mer ou de
rivière) est amené à disparaitre dans les 50
ans à venir.
En parallèle de ce chiffre, le graphique ci-
contre présente l’augmentation de la
consommation des principaux métaux
utilisés dans l’industrie (aluminium, cuivre,
titane et chrome) de 1900 à 2010.
Nous y voyons entre autres que la consommation d’aluminium a été multiplié par 45 au cours de cette
période, et celle du cuivre d’environ 18.
Source : Conférence HEC, Comment l’économie circulaire ouvre de nouvelles opportunités pour les6
marques ?, 18/06/16, Paris
"14
Le schéma ci-contre, présente en complément, la date d’épuisement prévue des richesses
exploitables de notre planète, au rythme actuel de consommation, et avec les moyens techniques
actuellement disponibles.
Quinze d’entre elles devraient
avoir disparues avant 2050, dont
le cuivre, l’or et le pétrole. 

Cette dernière ressource, bien
que renouvelable, est amenée à
disparaitre car ses réserves sont
utilisées plus rapidement que la
vitesse à laquelle elles se
renouvèlent.
Rémi Lemoigne confirme ces chiffres en datant l’épuisement des réserves mondiales d’or à 20 ans
et celles de cuivre à 40 ans.
• Pollution et perte de la biodiversité
Dans le rapport Meadows, le Club pointe du doigts la forte pollution engendrée par une croissance
exponentielle alors même qu'il est évident que la planète ne peut absorber une quantité illimitée de
pollution. La pollution atmosphérique, qui est associé à la pollution de la ressource air, est un
problème planétaire, qui bloque les rayons UV du Soleil et donc notre potentiel à capter l’énergie
solaire.
A cet enjeu s'ajoute la perte de la biodiversité ainsi que le dérèglement des écosystèmes qui sont
déréglés à cause de la pollution des sols, des nappes phréatiques et des océans.
Pour exemple, au rythme actuel de production de déchets, dans 20 ans le volume de plastique dans
les océans sera équivalent au nombre de poissons .7
Ce dernier point met en lumière la question des déchets directement liée à la gestion des ressources.
Source : Conférence HEC, Comment l’économie circulaire ouvre de nouvelles opportunités pour les7
marques ?, 18/06/16, Paris
"15
B. Déchets
Il est essentiel de faire un bref rappel de la définition de déchets, afin de mieux comprendre à quels
niveaux sont les impacts.
Le Code de l’environnement définit le déchet comme "tout résidu d'un processus de production, de
transformation ou d'utilisation, toute substance, matériau, produit […] abandonné ou que son
détenteur destine à l’abandon".
Dans le cycle de production actuel, la génération de déchets est présentée comme dans le schéma
suivant :
Source : La Fédération éco-citoyenne de Vendée
Les déchets sont produits en aval du cycle de vie mais également à chaque niveau du cycle.
L’enjeu des déchets est double. Tout d’abord le nombre de déchets et le volume de production est en
croissance depuis de nombreuses années alors même que leur impact sur l’environnement est très
nocif.
Selon les statistiques de 2010 du Commissariat général au Développement durable, le France à
produit 356 millions de tonnes de déchets en 2008, alors même que la question du recyclage, qui
permet de transformer les matières premières primaires en matières primaires secondaires, n’est que
récente et encore trop peu approchée.
Face à l’augmentation de la génération de déchets, les acteurs ont commencé par les enfouir dans
des décharges, puis par les incinérer, avant que ne soient révélés les dangers et nuisances de ces
techniques (sur l’air et les sols, entre autres).
"16
En 2007, la majorité des pays de l’Union Européenne concentraient leurs déchets dans des
décharges ou les incinéraient, comme on peut le voir dans le schéma ci-dessous.
Figure 6 : Types de traitement des déchets dans l’UE en 2007
Source : Eurostat, 2007
A la fin des années 1980 les pays industrialisés ont commencé à durcir les législations concernant
l’environnement avec une hausse du coût de l’élimination des déchets dangereux ce qui a
finalement donné lieu à l’exportation de ces déchets toxiques vers les pays en développement et
l’Europe de l’Est.
En parlant des « limites de la croissance », les ouvrages lient étroitement l’urgence écologique à un
enjeu économique. Jérémy Rifkin, dans son analyse de la Troisième Révolution Industrielle rappelle
ce point, car selon lui cette Révolution permettrait de respecter (et dépasser) les engagements
mondiaux en matière de lutte contre le réchauffement climatique et permettrait aussi, une gestion
plus durable des ressources et une survie de l'économie sous forme d’une économie différente.
Mais alors, quelles sont les limites économiques d’une croissance dont les impacts sur
l’environnement sont négatifs ?

"17
II. URGENCE ÉCONOMIQUE, OU LA CROISSANCE INFINIE DANS UN MONDE FINI
C’est au début des années 1980 que l’économiste américain Kenneth Boulding a prononcé cette
phrase restée célèbre : « Celui qui croit qu'une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment
dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. »
Le rapport Meadows mettait déjà en avant l’impossible durabilité d’une croissance exponentielle
qui ne peut être pérenne au vue de la consommation actuelle des ressources, d’autant plus que
nombreux sont les économistes à prévoir que la croissance sera, dans les siècles à venir, handicapée
par le prix croissant des ressources naturelles.
En 1994, John Elkington créé la Triple bottom line, une mesure de la durabilité qui permet de
démontrer les limites de l’économie linéaire. La Triple bottom line renvoie aux triples P - People
(Parties Prenantes et stakeholders), Planet (environnement avec l’exigence et le maintien des
ecosystèmes) et Profit (ressources financières et économiques) - que J.Elkington associe à la notion
de performance de la manière suivante :
- Interaction nécessaire entre ces trois réalités qui ne peuvent vivre l’une sans l’autre
- Seules les ressources financières peuvent à priori être infinies - les ressources de la planète sont
limitées
- La réalisation durable de profits nécessite une combinaison stratégique de la protection des
ressources et de la prise en charge de la société
Plus récemment, Thierry Jeantet a pointé du doigt « les modes de croissance », tels que développés
dans l’économie actuelle en précisant que « des modes de croissance en phase avec leurs lieux de
naissance comme d’essaimage ne peuvent être imperméables aux influences et croisements avec
d‘autres types de développement. Leur authenticité et durabilité sont, au contraire, conditionnée par
leur capacité à capter les innovations, les changements venant d’autres contrées; autant que d’en
produire par eux-mêmes. »
D’après une estimation des Nations Unies, nous sommes aujourd’hui à 70 milliards de tonnes de
matière consommée dans le monde, si on continue à ce rythme de croissance on serait à 150
milliards de tonnes en 2015. A ce chiffre se superpose la consommation française; un français utilise
chaque année 22 tonnes d’équivalent matière première (céréales, eau, pétrole) pour garder son
"18
niveau de vie. Nous pouvons donc imaginer les impacts sur l’environnement et sur l’économie si
on continue à ce rythme.
De plus, des statistiques montrent que si tout un chacun consommait dans le monde au même
niveau que les Etats-Unis, il faudrait cinq planètes Terre pour faire face aux besoins à venir. Sur le
long terme, il va donc falloir consommer moins de ressources pour mieux produire.
"19
3ÈME PARTIE :
PROBLÈME D’INVESTIGATION
Il semble qu’en 2016 nous soyons arrivés à une période charnière dans la manière dont nous
pensons, consommons et produisons. L’économie de marché et la société de consommation post
Révolution Industrielle semblent avoir atteint leurs limites, dans un contexte où la consommation
est le noyau macro et microéconomique de notre croissance.
La littérature nous montre que les modes de croissance des entreprises issus de la Révolution
Industrielle sont basés sur des leviers matériels de disponibilité des ressources et de gains de
productivité quantitatif, permettant une croissance rapide et importante de certaines industries. A
travers son évolution et sa diversification, notre économie n’est jamais allée au delà du schéma
linéaire dans lequel s’inscrivent nos modes de production et de consommation, ni au delà de la
croissance intensive et exponentielle qui répond à des intérêts financiers et capitalistiques en
interne. L’économie linéaire ne prend cependant pas en compte son impact sur
l’environnement ni son influence sur les stocks de ressources disponibles. Elle est aujourd’hui
confrontée à des impasses qui la remette entièrement en question. La raréfaction des ressources et la
croissance démographique ne permettent plus l’application d’une telle économie.
Face à ces limites, l’enjeu pour les entreprises est donc de garantir la durabilité de leur structure
ainsi que leur croissance, dans un monde fini en ressource. Le problème majeur, est de trouver la
solution adaptée pour continuer à développer l’activité de l’entreprise dans un monde fini en
ressources.
Partant du constat que la pensée linéaire est à la base des limites des modes de croissances actuels,
nous pouvons donc supposer qu’un système d’économie circulaire, s’opposant au système linéaire,
permettrait aux entreprises de répondre à cet enjeu de durabilité.
Ceci nous mène à notre problématique, que nous formulerons de la manière suivante : alors que les
entreprises ont basé leur développement sur un modèle de production et de consommation
linéaire, en quoi une économie circulaire pourrait-être une solution pour garantir la durabilité
de leur croissance ?
"20
Pour répondre à cette problématique nous nous concentrerons sur le secteur du bâtiment en France,
qui, en tant que principal consommateur de ressources, risque d’être amené à devoir trouver des
solutions pour répondre à l’augmentation de la population et à la pénurie de logement.
Nous chercherons à comprendre de quelle manière les acteurs du secteur du bâtiment se confrontent
à des enjeux internes et externes qui remettent en question leur durabilité puis nous appliquerons le
concept d’économie circulaire à la filière pour conclure sur les bénéfice éventuels de ce concept,
d’un point de vue environnemental et économique.
Suite à ce deuxième chapitre, nous formuleront une série de recommandations opérationnelles.
Nous baseront notre recherche sur :
Une étude documentaire avec des ouvrages et rapports en lien avec les trois thèmes suivant :
- L’économie circulaire
- Le bâtiment
- La croissance
Une étude terrain effectuée avec l’objectif de recenser un maximum d’informations qualitative sur
le secteur du bâtiment et l’économie circulaire.
Le détails des profils, l’agenda des entretiens et le guide d’entretien sont détaillés en annexes 1 et 2.
Trois personnes propres aux questions d’économie circulaire ont été interviewées :
Rebecca Narewski, François-Michel Lambert et Alain Geldron.
Sept personnes travaillant dans le secteur du bâtiment ont été interviewées. Ces personnes
représentent les trois niveaux du cycle de vie des bâtiments, ainsi que des profils d’acteurs privés
différents, allant du fournisseur au gestionnaire :
François Marois, Laurie Espinosa, Fabrice Bonnifet, Audrey Bertrand, Pierre-Marie Bozec-
Claverie, Jean-Pierre Baron et Gaëtan Le Gorbelec.
"21
DÉFINITION DES TERMES DE L’ÉTUDE
Afin de mieux comprendre le cadre de notre étude, nous définirons brièvement les termes tels
qu’approchés dans l’analyse à suivre : économie circulaire, durabilité, croissance et entreprises.
Par économie circulaire, nous entendrons tout système économique, s’opposant au modèle linéaire,
qui a pour objectif de diminuer l’impact négatif de l’activité d’une entreprise sur l’environnement
voir de le rendre positif.
Pour le terme croissance, nous repartirons de la définition étymologique en se concentrant sur son
approche économique. Etymologiquement, le terme vient du latin crescere qui signifie croître,
grandir. Le verbe croître est issu du latin crescere qui signifie naître, grandir, pousser rattaché à la
même racine indo-européenne k(e)r qui signifie semence. Un antonyme du mot croissance serait
décroitre et des synonymes pourraient êtres accroissement, augmentation, développement,
expansion ou progrès.8
Le terme durabilité renvoie lui à la notion de pérennité de la structure sans que son activité ne
remette en cause celle de l’environnement dans lequel elle évolue.
Enfin le terme entreprise, renverra dans ce travail à l’ensemble des acteurs privés (hors TPE, et
PME) développant leur activité économique sur le territoire français. Nous nous pencherons plus
particulièrement sur les entreprises du secteur du bâtiment.
Si nous reformulons la problématique avec les définitions précédentes, nous aurions donc : de
quelle manière l’économie circulaire permet aux entreprises du bâtiment de garantir le
développement de leur activité de manière durable pour elles et l’environnement ?
Source : Le petit Robert, 20028
"22
CHAPITRE II : ANALYSE DU PROBLÈME
De quelle manière l’économie circulaire permet
aux entreprises du bâtiment de garantir le développement
de leur activité de manière durable pour elles et
l’environnement ?
L’objectif de ce chapitre d’analyse est de comprendre quels sont les enjeux actuels du secteur du
bâtiment et d’appliquer les principes de l’économie circulaire à son environnement interne, de
manière à voir si ce concept peut permettre aux entreprises de la filière de faire face aux enjeux
retenus.
Afin d’atteindre cet objectif, notre analyse se divisera en trois parties :
1. Expliquer : La première partie consiste à poser les caractéristiques du secteur du bâtiment
et à les analyser, afin d’identifier les enjeux actuels de croissance durable, et de dégager les
problèmes associés.
2. Appliquer et comprendre : La deuxième partie consiste à appliquer les principes de
l’économie circulaire à la filière, avec des cas réels ou fictifs de projets circulaires.
3. Interpréter : La troisième partie consistera à comprendre de quelle manière ces cas
améliorent l’impact de l’activité sur l’environnement et sur son économie.
"23
1ÈRE PARTIE :
LA FILIÈRE BÂTIMENT
Les données recensées dans cette partie sont issues pour la majorité de l’étude terrain ainsi que
d’une étude Xerfi de 2016. Les sources complémentaires seront citées. La majorité des données
recensées concernent la filière bâtiment sur le territoire français, les données internationales seront
précisées.
Nous avons ordonné les données recensées de manière à comprendre quels sont les acteurs de la
filière concernés par notre problème et dans quel environnement leur activité évolue, afin
d’identifier si la filière est face à un enjeu d’économie circulaire et de quelle manière.
I. DÉFINITION ET ACTEURS
A. Définition :
Selon la Fédération Française du Bâtiment, le secteur du bâtiment, également appelé « filière
bâtiment », renvoie à l’ensemble des acteurs qui interviennent à plusieurs niveaux du cycle de vie
du bâtiment : la construction, l’aménagement d’intérieur, l’entretien, la restauration et la démolition.
Le bâtiment est à dissocier du secteur des travaux publics. En effet, bien que le terme BTP
associe ces deux secteurs qui ont des contraintes et enjeux similaires sur certains aspects,
notre analyse portera d’avantage sur le « B » que sur le « TP ».
Les bâtiments, aussi appelés « édifices » comprennent des logements collectifs, des maisons
individuelles, mais aussi des locaux commerciaux et industriels (centres commerciaux, usines,
bâtiments agricoles…), des centres de loisirs (piscines, salles de sports, de concert, théâtres,
cinémas, musées…) des lieux publics (écoles, mairies, hôpitaux…) ou encore des bâtiments
historiques (châteaux, monuments anciens…).
B. Acteurs concernés :
Aujourd’hui la filière traditionnelle du bâtiment est divisée et hiérarchisée, avec un tissu important
d’acteurs.

"24
a. Approche par la chaîne de valeur :
D’après la Fédération française du Bâtiment, les acteurs de la
filière bâtiment correspondent à « l’ensemble des acteurs du
secteur qui y travaillent », représentés comme ci-contre :
Si nous repartons de la chaîne de valeur du bâtiment, nous
avons donc les différents acteurs réunis pour répondre au
besoin en édifice.
En haut de la chaîne, nous trouvons le maître d’ouvrage qui
est la personne, privée ou publique, « à l’origine » des
travaux, autrement dit celle qui a détecté un besoin
(construction, rénovation, entretien).
Dans la logique de la chaîne, le maître d’ouvrage est
considéré comme le client final, c’est le donneur d’ordre
à l’origine du besoin.
Avant de s’adresser aux entreprises pour la réalisation du travail, le maître d’ouvrage fait appel à un
maître d’oeuvre aussi appelé le concepteur, essentiellement représenté par l’architecte. Celui-ci est
en charge de l’établissement des plans en amont de l’obtention du permis de construire.
Une fois le permis de construire obtenu, « l’entreprise du bâtiment » réalise les travaux, en sous-
traitance ou en exécutant la totalité. Ce peut être une entreprise générale ou une entreprise titulaire
d'un seul lot (maçonnerie, peinture, électricité…), voire une entreprise sous-traitante.
Cette entreprise travail en coopération avec des fabricants d’outils, d’engins de chantiers, et de
matériaux.
b. Approche par le cycle de vie :
Il est important de noter que l’ADEME intègre au secteur économique du bâtiment toutes les
activités de conception, de construction et de rénovation des bâtiments publics et privés, alors que
d’autres y intègrent également toute la gestion et la fin de vie de ceux-ci. En effet, Hubert Amarillo
précise dans son article « Le secteur du bâtiment durable : vers de nouveaux rapports entre acteurs
de l’acte de construire ? » que pour comprendre les acteurs de la filière, il est essentiel de prendre
"25
Figure 7 : Les acteurs du bâtiment
en compte la définition du secteur au-delà de « la phase de réalisation concrète d’un ouvrage, c’est à
dire le chantier ». Cette définition montre que les acteurs se répartissent sur le secteur selon leur
niveau d’intervention dans le cycle de vie, les étapes allant de la conception d’un bâtiment jusqu’à
sa livraison et sa gestion, soit, selon lui, quatre étapes au total : la programmation, la conception, la
réalisation et la gestion. De la même manière, Laurie Espinosa précise que pour un développement
durable dans la filière il faut « d’avantage réfléchir en terme d’usage et d’occupation. Il faut avoir
plus d’attention sur ces sujets là. »
Enfin, si nous basons notre approche sur les limites d'une économie linéaire, nous ajouterons à ces
éléments l’ensemble des acteurs rattachés à la fin de vie du bâtiment (cf définition du bâtiment). Le
cycle de vie renverrait alors à l’approche du cycle de vie telle que comprise par Porter; du
développement (conception) au déclin (fin de vie).
c. Approche proposée pour l’analyse des acteurs concernés par notre recherche :
Une méthode pour comprendre les acteurs de la filière bâtiment de manière claire et complète
consisterait à mettre en vis à vis les deux approches présentées précédemment. 

Dans le schéma ci-après nous reprendrons l’ensemble des « types » d’acteurs tels que présentés
dans l’approche chaîne de valeur que nous répartirons sur les trois étapes principales du cycle de vie
du bâtiment : la construction, l’usage et l’entretien et la fin de vie.
Figure 8 : 

"26
maître d’ouvrage
>maître d’œuvre
> entrepreneurs
>entreprises
sous-traitantes
>Fabricants
>entreprises
sous-traitantes
>maître d’œuvre
>entrepreneurs
>entreprises
sous-traitantes
>Fabricants
ConstruCtion
usage
& entretien Fin de vie
répartition des diFFérents types d’acteurs dans la Filière du bâtiment
selon le cycle de vie d’un batiment
Dans ce schéma, le maître d’ouvrage est l’acteur à l’origine du besoin tout en long du cycle de vie
(construction, entretien et démolition) c’est à dire le client final. C’est le donneur d’ordre à l’origine
du besoin.
Chaque type d’acteur est ensuite réparti selon sa spécialisation, le long du cycle de vie. Chaque
couleur renvoie à un niveau du cycle, et chaque nom à un type d’acteurs - tels que présentés dans la
partie I.B.a. - propre à cette phase, ordonnés par ordre de hiérarchie (de haut en bas).
Si nous repartons de ce schéma, nous pourrions classer les entreprise interviewées dans le cadre de
ce mémoire de la manière suivante :
- EQIOM : Fabricant de la construction
- Bouygues SA : Entrepreneur de la construction ou maître d’ouvrage
- Bouygues Construction (Fabrice Bonnifet évoquait les deux) : Entrepreneur de la construction
- BATEG : Entrepreneur de la construction
- Giffard : Entreprise titulaire ou sous-traitante de la construction et de l’usage et de l’entretien
- ICF Habitant : Maître d’ouvrage de la construction à la fin de vie
- Matière Social : Fabricant/fournisseur en construction et entrepreneur en fin de vie
- YPREMA : Fabricant/fournisseur en construction et entrepreneur en fin de vie
II) ENVIRONNEMENT ET LEVIERS DE DÉVELOPPEMENT
A. Environnement externe : analyse PESTEL
L’analyse PESTEL va nous servir à avoir une vision globale de la situation macro-économique de la
filière bâtiment, pour mieux identifier les menaces et opportunités du secteur.
Politique et légal :
• La filière BTP est très contrôlée et encadrée par les pouvoirs publics de part et d’autres de la
chaîne, pour les entreprises comme pour les utilisateurs. Par exemple les contraintes sont
importantes d’un point de vue des permis de construire, que ce soit en hauteur ou en longueur
les permis peuvent-être très difficiles à obtenir et nécessitent souvent la démolition d’un édifice
existant.

Il en est de même pour les contraintes politiques et légales très strictes en matière de qualité, de
sécurité et de rentabilité. Pour ICF Habitat par exemple, les logements doivent rentrer dans des
normes de qualité strictes pour permettre un confort optimal à ses résidents.
"27
• En Juin 2014, un « choc de simplification » a été annoncé par le gouvernement français, pour
«gagner en compétitivité pour nos entreprises », « en attractivité » et « stimuler la croissance ».
Pour la construction « 50 mesures de simplification pour la construction » on été promises
avec entre autres la facilitation de l’usage du bois, y compris pour la façade pour les grands
bâtiments, l’allongement des permis de construire et des avantages accrus pour les bâtiments plus
performants d’un point du vue isolation thermique ou consommation énergétique.
• La filière est directement concernée par de nombreuses lois et normes européennes relatives à la
gestion des déchets, qui sont amenées à être durcies dans les années à venir.

Par exemple, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte du 18 août 2015
fixe le taux de valorisation des déchets du secteur du bâtiment et des travaux public à 70% d’ici
2020, avec pour objectif de « lutter contre les gaspillages et promouvoir l’économie circulaire, de
la conception des produits à leur recyclage » par recyclage, réemploi ou remblaiement. Dans le
secteur, cela suppose essentiellement l’amélioration du taux de recyclage des déchets de chantier.

En amont de la production de déchets, la loi porte aussi en filigrane de nouvelles exigences
réglementaires sur la construction de bâtiments publics. Chaque fois que possible, ils devront être
à énergie positive ou « à haute performance environnementale » (normes HQE).

La commission européenne a également adopté un nouveau paquet pour limiter à 10% la mise en
décharge de l’ensemble des déchets d’ici 2030.
• Le bâtiment est soutenu par les pouvoirs publics à travers des aides à l'accession à la
propriété et à l’investissement locatif, généralement centrées sur les logements neufs, ainsi
que des soutiens à la rénovation thermique des bâtiments (prêts aidés, crédits d'impôts, taux de
TVA réduit, subventions, etc.)
Economique :
• La crise de 2008 a eu un impact direct sur les investissements dans la filière, ce qui a eu pour
impact de diminuer la demande de la part des investisseurs privés et publics. Le secteur a subi
directement cette baisse dans les investissements qui a entrainé une baisse en volume
(production) de 4,1% et en valeur (chiffre d’affaire) de 2,5%.

Néanmoins d’après de nombreuses études et enquêtes, une reprise est prévue pour l’année 2016
avec une hausse de 3% en volume et en valeur.
"28
• Les prix de l’énergie sont actuellement faibles, dû à des mesures de la part du gouvernement
français. Néanmoins certains pensent que cette baisse introduit une future augmentation bien plus
importante sur les prochaines années.
• Le taux de crédit est actuellement bas ce qui donne naissance à des taux avantageux pour
l’accès à la propriété et à la rénovation.
Social :
Modes de consommation :
• Concernant le marché du particulier, les modes de consommation ont changé. Parmi les
changements majeurs et récents, il y a entre autres l’implication des consommateurs dans les
questions environnementales. En effet, ces derniers sont de plus en plus regardant du respect des
normes environnementales dans l’achat de leurs produits. Les pouvoirs publics quant à eux,
semblent donner moins d’importance à ces critères dans leurs investissements. D’après François-
Michel Lambert et Audrey Bertrand, les cahiers des charges des pouvoirs publics pour le secteur
du bâtiment resteraient sur les « matériaux vierges », associant les matériaux secondaires à une
perte de qualité.
Modes de vie :
• Les enjeux actuels liés à l’immigration et à la famille (divorce, familles monoparentales) et
autres phénomènes provoquent une demande accrue en logements collectifs. Le vieillissement
de la population est également à prendre en compte car ceci influence l’aménagement et la durée
des baux.
• Le secteur est directement concerné par le phénomène d’urbanisation et de mondialisation.
Selon Alain Geldron, aujourd’hui l’urbanisation représente 50% de la population mondiale, alors
qu’en 2050 ce sera plus de 75% de la population. Ces chiffres mondiaux, reflètent la situation en
France. La mondialisation quant à elle nécessite un besoin en infrastructures de plus en plus
important.
• Les français sont également très mobiles avec 1 déménagement par an pour environ 11% des
foyers en France, ce qui signifie que ce sont 2,5 à 3 millions de foyers qui se lancent dans un
"29
déménagement chaque année en France. Malgré cette mobilité, les consommateurs sont
néanmoins encore très attachés à la propriété.
• Les français sont de plus impliqués dans les enjeux de constructions locales impliquant des
impacts environnementaux sur leur région (exemple : l’aéroport de Notre Dame des Landes). Il
en est de même avec les carrières pour lesquelles il existe un frein social à l’ouverture de
nouvelles carrières.
Technologique :
De nombreux efforts sont faits en France en matière de R&D et d’innovation technologique, que ce
soit sur les énergies, les matériaux ou la digitalisation des processus de production et de traçabilité.
• Parmi les avancées technologiques notoires il existe le BIM (Building Information Modeling)
ou maquette numérique, qui est une technologie développée pour « révolutionner la façon dont
les bâtiments, les infrastructures et les réseaux techniques sont planifiés, conçus, créées et
gérés ». Ce processus « implique la création et l'utilisation d'un modèle 3D intelligent pour
prendre de meilleures décisions concernant un projet et les communiquer. Les solutions BIM
permettent aux équipes de concevoir, visualiser, simuler et collaborer plus facilement tout au
long du cycle de vie du projet. La technologie BIM permet d'atteindre plus facilement les
objectifs d'un projet et de l’entreprise. », précise la société Autodesk.
• L’ACV (Analyse du Cycle de vie) est un autre outil très utilisé dans les différentes industries, et
de plus en plus mis en avant dans la filière bâtiment. D’après le ministère de l’Environnement, de
l’Énergie et de la mer, l’ACV permet de quantifier les impacts d’un «produit» (qu’il
s’agisse d’un bien, d’un service voire d’un procédé), depuis l’extraction des matières
premières qui le composent jusqu’à son élimination en fin de vie, en passant par les phases de
distribution et d’utilisation, soit «du berceau à la tombe». 

Appliqué au secteur, cet outil prend en compte l’ensemble des flux entrants et sortants dans la vie
du bâtiment, pour en mesurer les impacts sur l’environnement (déchets, énergie, ressources).
Environnementale :
• A échelle nationale, suite au Grenelle de l’environnement la France s’est engagée à diminuer par
quatre ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050.

"30
Cet objectif implique des sanctions tel le principe pollueur-payeur qui est appliqué en France
par exemple avec les taxes sur l'assainissement de l'eau ou la taxe sur les ordures ménagères.
• D’un point de vue des ressources, le secteur se confronte actuellement à la diminution de la
qualité et de la quantité des ressources naturelles. Les espaces naturels et les surfaces
agricoles de qualité sont en baisse notoire, ce qui remet en jeu la capacité à exploiter ces terres
pour nourrir les populations à venir mais aussi la qualité de l’eau.

La raréfaction voire la disparition de certaines ressources entrainent par ailleurs une volatilité des
prix des matières premières.
• Pour garantir la bonne qualité des logements et l’atteinte des objectifs en matière de performance
environnementale, de nombreuses certifications et labels, internationaux ou nationaux, existent.
Ces derniers permettent aux entreprises de valoriser les performances environnementales et
énergétiques de leurs constructions pour obtenir des aides publics, accéder à de nouveaux
marchés et réduire leurs impacts sur l’environnement. Ces certifications sont par exemple les
certifications HQE (Haute qualité environnementale), BREEAM (BRE Environmental
Assessment Method), LEED (Leadership in Energy and Environmental Design), Patrimoine et
environnement. Pour les labels, Effinergie est le plus connu et utilisé en France. 

Des subventions existent pour la construction de bâtiments aux normes.
• La majorité des déchets issus de la filière bâtiment sont de natures inertes ou non dangereux, ce
qui suppose leur recyclabilité. La revue Bâtimétiers précise que « selon le Service de
l’observation et des statistiques de l’environnement, près des trois quarts sont des déchets inertes
(béton, verre, briques, tuiles...) et un quart des déchets non dangereux non inertes (plastiques,
métaux, plaques de plâtre...), la part des produits dangereux (solvants, amiante...) ne représentant
que 2% environ du total. Une grande majorité des déchets du bâtiment est donc recyclable, de par
leur nature inerte. »
"31
Nous pouvons synthétiser les informations précédentes dans le tableau ci-après :
ANALYSE PESTEL DE LA FILIERE BATIMENT
POLITIQUE 

&

LEGAL
- Difficile accès aux permis de construire
- Durcissement de la législation en matière de consommation
énergétique des bâtiments
- Normes importantes : sécurité et qualité des bâtiments
- 70% de taux de valorisation des déchets
- Principe pollueur-payeur
- Choc de simplification
- Aides à l’investissement
ECONOMIQUE
- Baisse des investissements depuis 2008
- - 4,1% en volume et - 2,5% en valeur
- Reprise en 2016 : +3% en volume et +3% en valeur
- Taux de crédit en baisse, avec des taux avantageux pour l’accès à la
propriété et la rénovation
SOCIAL
- Augmentation des exigences environnementales dans les modes de
consommation
- Mobilité
- Urbanisation et mondialisation
- Logements collectifs
- Frein à l’ouverture de nouvelles carrières
TECHNOLOGIQUE
- Nombreux investissements en R&D et innovation
- BIM (maquette numérique)
- ACV
ENVIRONNEMENTAL
- Mesures et sanctions contre le réchauffement climatique
- Certifications environnementales et labels
- Baisse en volume et en qualité des espaces naturels et de culture de
qualité
- Baisse des niveaux de matières premières
- Volatilité des prix
- Recyclabilité
"32
B. Interne : analyse simple des actions significatives du secteur
L’analyse ci-après va nous servir à comprendre les actions majeures des activités des acteurs de la
filière bâtiment pour leur développement, ainsi que les enjeux économiques et environnementaux
associés.
Nous considérerons que les items ci-après sont les principales caractéristiques internes au secteur,
au coeur des enjeux de croissance de ses acteurs.
• Longue durée de vie des bâtiments :
Les bâtiments ont actuellement une longue durée de vie. Ils durent en moyenne 25 à 50 ans contre
15 ans en Chine. Cette longue durée de vie suppose une construction moins intensive et des
bâtiments de meilleur qualité.

• Construction neuve :
Le marché « leader » du secteur est celui de la construction neuve qui représente environ 2/3 de
l’activité, avec un bond dans les ventes en 2015 de 17,9 %. Sur ce marché du neuf, plus de la moitié
répond à une demande en logement résidentiel. 

La construction neuve concerne également la modification d’un lot : exemple un bloc porte qui
n’est plus aux normes doit être changé. Actuellement, on l’a démolira entièrement pour en mettre
une neuve.
• Faible taux de valorisation (dont recyclage) :
Le recyclage est déjà en marche dans le secteur mais reste faible avec seulement 40% à 50% de
traitement ou de recyclage des déchets du bâtiment et des travaux publics en France.
• Bâtiments HQE et positifs :
Les acteurs de la filière offrent beaucoup de bâtiment plus respectueux de l’environnement, tel que
le bâtiment bas carbone déjà très installé sur le marché, ou le bâtiment à énergie positive. Cela
répond à une demande de la part des investisseurs.
• Stocks de matières premières :
Le secteur du bâtiment nécessite aujourd’hui des capacités de stockage importantes, aussi bien pour
les déchets de chantiers que pour les matériaux de construction ou les bâtiments non exploités. Pour
"33
avoir un ordre d’idée, bien que cet exemple réfère au TP, les déblais générés par les travaux du
Grand Paris occuperont l’équivalent de 7000 piscines Olympiques.
• Sous-utilisation des ouvrages :
D’après Fabrice Bonnifet, de nombreux ouvrages sont « sous-utilisés ». Les causes sont doubles : la
première peut venir de chantiers abandonnés, la deuxième peut venir de bâtiments sous-utilisés en
terme d’espace ou de durée.
• Faibles marges :
Le secteur du bâtiment est un secteur qui travaille avec de très faibles marges, la majorité du temps
inférieures à 5%. Les chiffres d’affaires sont très importants, mais les marges très faibles.

Jean-Pierre Baron précise qu’en « période de crise il y a une telle concurrence dans notre profession
qu’on a pas le choix des prix auxquels on vend. Ca fait longtemps que ça n’existe plus en France. »
• Forte dépendance aux ressources naturelles :
Le secteur dépend beaucoup des matières premières et des énergies fossiles, quels que soient les
acteurs et l’étape du cycle de vie.
• Savoir-faire béton :
La France est un pays très bien situé en matière de bâtiment avec un tissu d’acteurs performants au
savoir-faire précis et apprécié. Le savoir-faire principal du secteur repose sur le travail du béton
utilisé comme matériau de construction majeur, qui, selon Laurie Espinosa, a permis à la filière de
développer « une culture du béton ».
• Marché atomisé :
Le marché du bâtiment est atomisé, c’est à dire qu’il est divisé en de multiples segments de taille
réduite, ou avec de nombreux concurrents ayant chacun des parts de marché réduites. L’approche y
est séquentielle « avec des entreprises qui cohabitent, c’est à dire qui mettent leurs technologies les
unes à coté des autres mais sans interaction les unes avec les autres. », précise Fabrice Bonnifet.
Cette segmentation mise en parallèle à la chaîne de valeur rend la filière très hiérarchisée. Ceci
implique entre autre l’absence de filières centralisées avec des écarts importants en terme de
distance, de coûts et de normes.
"34
• Forte dépendance à l’économie de marché :
L’ensemble des entreprises de la filière dépendent de la conjoncture économique nationale, c’est à
dire d’une économie de marché. Les maîtres d’ouvrage et/ou clients finaux, ont un fort pouvoir de
négociation sur les acteurs situés plus bas de la chaîne car ceux-ci sont ceux qui décident des
investissements. La crise de 2008 a intensifié la concurrence par les prix et a diminué le nombre
d’investissements. C’est cela qui a causé la dernière « chute » du secteur.
• Intérêt pour la démolition :
Aujourd’hui la démolition est la principale solution en fin de vie d’un bâtiment ou d’un lot (cf
construction neuve).
• Vente :
Aujourd’hui les bâtiments sont essentiellement destinés à la vente, et ce car, comme le présente
Fabrice Bonnifet, « les consommateurs sont encore aujourd’hui massivement attachés à la
possession ». Les modes de consommation sont tournés vers l’abondance et la propriété ce qui
mène les clients à se tourner vers le produit ou service le moins cher.
Les produits finis nécessaires à la construction, à l’usage et à la fin de vie sont également vendus
par les fabricants aux entrepreneurs et sous-traitants.
III) ENJEUX ACTUELS DE DURABILITÉ : ÉCONOMIE ET ENVIRONNEMENT
Afin de comprendre les enjeux actuels de la filière, nous transposerons les informations précédentes
pour comprendre quel est le « bâtiment traditionnel » aujourd’hui et dans quel schéma (linéaire ou
non ?) s’inscrit ce bâtiment.
Partant de l’hypothèse que la croissance des entreprises est d’autant plus pérenne qu’elles incluent
la gestion de l’environnement dans leurs démarches, nous classifierons les résultats de notre étude
terrain en fonction du « bâtiment traditionnel » dans deux catégories principales : impacts
économiques et impacts environnementaux, pour finalement faire le lien entre ces deux aspects.
A. Le bâtiment « traditionnel » :
Selon les données précédentes, le bâtiment traditionnel est un bâtiment construit en béton de
manière « verticale » - à l’inverse du TP qui est d’avantage en horizontal - vendu à son propriétaire
final pour être démoli lorsqu’il est vétuste où qu’il change de propriétaire, ou dans le meilleur des
"35
cas réhabilité. L’ensemble des entreprises de la chaîne échangent entre elles de manière ponctuelle,
par le biais de la vente de matériaux ou de services, pour mener à bien le cahier des charges.
Le secteur est actuellement très grand consommateur de ressources et producteur de déchets.
Le développement du secteur semble se baser sur un schéma linéaire que nous pourrions représenter
de la manière suivante :
Figure 9 :
Sur le schéma proposé ci-dessus nous voyons qu’il y a deux échelles de consommation de
ressources et de génération de déchets. Une échelle propre à chaque niveau du cycle de vie
(verticalement) et une échelle propre à la fonction intrinsèque du bâtiment (horizontalement).
Les flèches en pointillés représentent les impacts sur les milieux ambiants.
"36
RESSOURCES
NÉCESSAIRES
À LA « VIE »
DU BÂTIMENT
(ex: sol exploitable,
sable, granulats...)
RESSOURCES
PROPRES
À LA CONSTRUCTION
(ex: transport,
matériel de chantier,
énergies fossiles...)
RESSOURCES
PROPRES
À L’USAGE
ET À L’ENTRETIEN
(ex: électricité, eau,
produits finis...)
RESSOURCES
PROPRES
À LA DÉMOLITION
(ex: transport,
matériel de chantier,
énergie fossile...)
CONSTRUCTION
USAGE
& ENTRETIEN FIN DE VIE
DÉCHETS
DE FIN DE VIE
DU BÂTIMENT
DÉCHETS DÉCHETS DÉCHETS
MILIEUX
AMBIANTS
DÉCHARGE
MODÈLE D’ÉCONOMIE LINÉAIRE APPLIQUÉ À LA FILIÈRE DU BÂTIMENT
SELON LE CYCLE DE VIE D’UN BATIMENT
B. Impacts environnementaux
Les impacts environnementaux sont associés à chacun des deux flux entrants et sortants (ressources
et déchets) du schéma d’économie linéaire que nous avons proposé. Sur cette base, si nous prenons
en compte l’intégralité du cycle de vie, la filière a actuellement des impacts sur l’environnement à
deux niveaux :
a. Consommation de ressources :
La filière est une importante consommatrice de ressources de tous types : eau, sol et matières
premières dont énergies fossiles. C’est également la principale et presque unique consommatrice de
sable. Selon Alain Geldron, la filière prise dans son ensemble est la première consommatrice de
ressources minérales. C’est également la plus grande consommatrice d’énergie avec plus de 44 %
de l’énergie finale nationale consommée.
Les seuls acteurs de la construction consomment à eux seuls plus d’un tiers de la production
mondiale de cuivre, un cinquième de celle de zinc et un dixième de celle de nickel.
b. Génération de déchets :
Le secteur du bâtiment représente environ 15% de la production de déchets du BTP, soit 50 millions
de tonnes par an (à titre de comparaison, chaque année environ 30 millions de tonnes de déchets
ménagers sont produits) dont, d’après le Ministère du développement durable, 65% proviennent de
la démolition, 28% de la réhabilitation et 7% de la construction neuve.
Si nous faisons le calcul, sur un total de 365 millions de tonnes de déchets produits par an en
France, les 50 millions de tonnes produites par le secteur représentent plus de 11% des déchets du
territoire.
Enfin, en France, le bâtiment est le deuxième émetteur de gaz à effet de serre, il est producteur de
21 % des émissions de CO2.
Il est important de noter que ces déchets « sont très rarement nocifs », étant essentiellement
des déchets inertes ou non-inertes non dangereux.
Nous constatons donc que la filière bâtiment a aujourd’hui de nombreux impacts négatifs sur
l’environnement. La filière dépend beaucoup de la consommation de ressources, qui sont à l’heure
actuelle uniquement d’ordre primaires (c’est à dire vierges). En parallèle, les déchets associés à la
fin de vie du bâtiment et à l’ensemble des produits nécessaires aux acteurs, s’accumulent.
"37
Hors, comme souligné par Fabrice Bonnifet, pour « durer il faut prendre en compte les
ressources ».
Partant de cette hypothèse et du constat que la filière est grande consommatrice de ressources, nous
étudierons ci-après les conséquences économiques sur le long terme de ces impacts
environnementaux, qui sont amplifiés par des menaces externes légales, politiques mais également
sociales (cf analyse externe du secteur).
Avant d’analyser les menaces qui remettent en cause la durabilité de la croissance des entreprises de
la filière, nous devons admettre que ce secteur bénéficie d’une série d’opportunités qui facilitent la
croissance de ses acteurs.
Les opportunités admises suite à l’étude de l’environnement externe sont les suivantes :
Tout d’abord, il existe un réel besoin en édifices qui est amené à croître de par la hausse de la classe
moyenne et la croissance démographique.
D’autre part, il n’existe aucun frein technologique majeur à la faisabilité des projets en lien avec des
enjeux d’économie circulaire (ACV, traçabilité, éco-conception). D’après Fabrice Bonnifet, « la
grande difficulté n’est pas la technique car elle existe déjà, elle est mature ». Ces avancés
technologiques peuvent permettent de saisir des opportunités de développement.
Enfin, la filière profite de la nature recyclable des déchets qu’elle produit.
C. Impacts économiques :
Pour mesurer les impacts économiques, nous partirons du postulat qu’aujourd’hui la croissance
économique des entreprises peut être atteinte essentiellement grâce à une combinaison du
développement des marchés actuels et à une réduction des coûts liés à ces marchés. 

Les deux critères choisis pour mesurer l’impact économique sont donc l’impact sur les sources
de revenus (=garantie des marchés actuels et développement de nouveaux marchés) et
l’impact sur les coûts de production et les intrants.
Nous avons retenu six des caractéristiques internes à la filière parmi celles présentées
précédemment, car elles sont selon nous les propositions de valeur qui permettent aujourd’hui
"38
CROISSANCE
DÉMOGRAPHIQUE TECHNOLOGIECLASSE MOYENNE « RECYCLABILITÉ »
l’accès aux marchés. Chaque caractéristique sera confrontée à des menaces externes issues du
PESTEL, de manière à déceler l’impact de chaque caractéristique sur la durabilité de la croissance.
a. Impacts directs sur la pérennité des sources actuelles de revenus :
• Construction neuve :
La construction neuve comprend les principales sources de revenus du secteur. Hors, cette entrée se
conforte à certaines limites ne garantissant pas la capacité des acteurs de la construction à
répondre à ce besoin, en volume, sur la durée.
Menaces
Disparition de la ressource « sable »
Difficulté d’accéder aux permis de construire
Dépendance à l’économie de marché
Enjeu :
La construction neuve a un impact en amont du cycle de vie ainsi qu’en fin de vie. En amont, la
construction neuve nécessite un niveau important de ressources (cf schéma linéaire) alors même que
ces ressources, telle que le sable, ne seront plus disponibles dans 20 ans et que le prix des matières
premières est amené à augmenter, ce qui remet en cause la viabilité de cette entrée d’argent. De
plus, il est de plus en plus difficile d’accéder aux permis de construire. Enfin, d’après la fondation
Ellen Mac Arthur, « récemment, un certains nombre d’entreprises constatent que le système linéaire
les exposent davantage aux risques liés à la volatilité des prix des matières premières ainsi qu’aux
ruptures d’approvisionnement. Un regain de volatilité des prix des matières premières peut peser sur
la croissance en renforçant l’incertitude, en dissuadant les entreprises d’investir et en augmentant le
coût de la couverture contre les risques liés aux ressources naturelles. Au cours de la dernière
décennie, les prix des métaux et des produits agricoles ont connu une volatilité supérieure à celles
enregistrées sur toutes les décennies du XXème
siècle. ». Ainsi, si les entreprises ne trouvent pas de
solutions pour faire face à la volatilité des prix des matières premières, voire à la rupture
d’approvisionnement, elles ne pourront plus construire ou alors à coût trop élevé.
Problème
Comment faire face à la demande croissante en bâtiment,
si la construction neuve est remise en question ?
"39
• Vente (possession) :
En France, les bâtiments sont la majorité du temps propriété du client final. Ceci suppose donc des
acteurs différents à chaque étape du cycle de vie du bâtiment, lors desquelles pour l’ensemble des
échanges, la vente (du bâtiment ou du matériel de chantier) est le modèle économique choisi. Ce
modèle économique rend plus difficile l’allongement du cycle de vie et multiplie les impacts sur
l’environnement.
Menaces
Marché atomisé

Concurrence par les prix
Enjeux :
Le modèle économique de la vente d’un bâtiment suppose que le chargé d’opération suive
l’opération jusqu’à l’année de parfait achèvement pour que le bien passe finalement en agence pour
le relai d’exploitation et de maintenance (usage). L’acteur en amont de la chaîne, se concentrera
donc d’avantage sur le coût de revient de la construction, et non pas sur l’entretien. Si nous prenons
le schéma d’économie linéaire, nous voyons que cela suppose une consommation de ressources, et
une production de déchets lors de l’entretien, ce qui a « un impact sur les couts d’exploitation et de
maintenance pour l’usager », précise Laurie Espinosa.
Hors, aujourd’hui d’après Fabrice Bonnifet, « le bâtiment idéal pour un propriétaire c’est celui qui
ne coûte plus rien en entretien; celui qui est autonome au eau, en électricité etc. Lorsqu’une
entreprise cherche à acheter ou louer des bureaux, ils ne regardent pas que le prix d’achat ou de
location au mètre carré mais le prix d’entretien et de charges fixes au m2. »
Dans une moindre mesure, l’ensemble des flux de produits entre parties-prenantes (fabricants, sous
traitant) s’opèrent également par ce model d’échange, qui augmente le gaspillage des ressources
nécessaires à la vie du bâtiment (peinture, béton, poutres, machines).
Problème
Comment proposer une offre attractive sur un marché atomisé,
alors que de plus en plus de personnes s’intéressent au coût global ?
"40
• Démolition :
La démolition est à ce jour presque la seule solution pour la fin de vie des bâtiments. Les chantiers
de démolition représentent la principale entrée de chiffre d’affaires pour les acteurs à ce niveau du
cycle de vie. Malgré tout, ceux-ci vont être de plus en plus contraints de valoriser et de gérer la fin
de vie des déchets, d’autant que la démolition représente 65% des déchets du bâtiment.
Menaces
Loi pour la transition énergétique
Taux de valorisation des déchets (70%)
Faibles marges
Enjeux :
Le coût de démolition des bâtiments est de plus en plus élevé, ce qui est une menace pour ses
acteurs qui ont du mal à couvrir leurs coûts et auront de plus en plus de mal au vue des menaces
grandissantes légales et environnementales. « Aujourd’hui, ça coute cher de démolir un bâtiment et
d’avoir un tas de gravats avec tout mélangé : les gravats, les ferreux et les bétons. », confirme
Audrey Bertrand. Ces coûts et leur augmentation, sont dus essentiellement au prix des déchets en
fin de vie (des déchets très différents, qui nécessitent des acteurs différents), dont la gestion n’est ni
anticipée ni évitée. Pour des acteurs agissant à faibles marges, la rentabilité des chantiers va donc
devenir de plus en plus réduite s’ils ne trouvent pas de solutions de valorisation du bâtiment ou de
ses composants en fin de vie. Cette hausse des coûts est amplifiée par la loi sur la transition
énergétique qui oblige la valorisation de 70% des déchets d’ici 2020.
Par ailleurs, il existe en France de nombreux bâtiments vétustes, ce qui suppose un réel besoin de
gestion de la fin de vie de ces derniers.
Néanmoins, les acteurs de la démolition confrontés aux coût importants des chantiers et à la grande
quantité de déchets qui en sont issus, ne pourront pas assurer indéfiniment cette source de revenus
par le biais de la démolition. Si les acteurs ne trouvent pas de solutions moins onéreuses pour faire
face à l’impact économique négatif grandissant de leurs déchets, la démolition ne leur permettra pas
de survivre.
Problème
Comment assurer une gestion des bâtiments en fin de vie,
tout en garantissant la rentabilité des acteurs en présence ?
"41
• Savoir-faire :
En France il y a une culture du béton, qui a un impact important sur le savoir-faire et sur les
matériaux utilisés. En effet, comme précisé par Laurie Espinosa, « aujourd’hui dans le bâtiment il y
a une culture du béton car c’est moins cher, et les personnes sont formées à ça. Tout est construit en
béton ».
Menaces
Raréfaction des ressources

Prix des matières premières
Démolition
Enjeux :
Le béton est un gage de qualité pour les entreprises du secteur, et à faible coût de revient. Ce savoir-
faire a bien des avantages, néanmoins aujourd’hui l’usage du béton, qui n’a pas évolué depuis
plusieurs années, implique des produits finis qui soient adaptables à ce matériaux, en terme de
qualité et de confort. Tout est soudé, et très solide.

L’enjeu est double :
En fin de vie, ce savoir-faire orienté « béton » suppose une destruction totale du bâtiment, des murs
aux produits finis. Cela nous renvoie donc aux enjeux de la démolition.
De plus, bien que les stocks de roches soient encore nombreux, le béton requiert une consommation
d’eau et de sable très importante. Ce qui nous renvoie aux enjeux de la construction.
Cette culture du béton est également un frein à l’innovation et à la diversification du savoir-faire.
Si les entreprises ne trouvent pas de solutions pour faire face à ce double enjeu, elles ne pourront
pas assurer la construction ni même une démolition sans déchets.
Problème
Comment répondre aux besoins en bâtiments tout en garantissant
un impact sur l’environnement faible,

alors même que la France est face à une culture du béton ?
"42
b. Impacts directs sur les coûts de production et les intrants :
• Stocks de matières premières et déchets :
Dans une logique linéaire, les matières premières (ressources) deviennent des déchets. Dans cette
logique il y a un besoin de stocks en amont de la chaîne et à chaque étape du cycle de vie pour
stocker les matériaux, et en fin de chaîne et d’étape, pour stocker les déchets. La filière du bâtiment
nécessite donc des capacités de stockage importantes.
Menaces
Principe pollueur-payeur
Capacités de stockage limitées
Concurrence par les prix
Enjeux :
De manière simple, les capacités de stockage sont limitées pour des raisons de coûts et d’espace.
Dans un premier temps, donc, il va être difficile pour les entreprises de continuer à stocker les
ressources et les matières premières tel qu’elles le font actuellement. Elles doivent donc trouver des
solutions pour garantir leurs approvisionnements sans pour autant stocker en amont et en aval.

Dans un deuxième temps, aujourd’hui les stocks représentent des coûts importants pour les acteurs
de la filière, particulièrement en construction et en fin de vie, alors que ces coûts pourraient-être
évités voir transformés en bénéfices.
D’un point de vue des stocks de matières premières, la filière a un besoin important en capacité de
stockage et se confronte à des coûts importants de transports et de gestion de par le manque de
centralisation des stocks et sa forte dépendance aux matières premières primaires.
D’un point de vue des stocks de déchets, ceux-ci peuvent représenter de 20 à 40% du coût de
production total (produit + déchet) de certains process, en aval de la chaîne et à chaque niveau du
cycle. Hors, pour la fondation Ellen Mac Arthur ces déchets représentent une « perte de ressources
non-nécessaires » . Les nombreux déchets générés par la filière proviennent du manque de solutions9
actuel des entreprises, pour qui cela coûte de plus en plus cher à stocker et à gérer. En effet, c’est
l’enjeu du tri à la source sur le chantier. Lorsque ce tri n’est pas correctement réalisé, la benne est
soit refusée par le prestataire en charge des déchets, soit déclassée, c’est-à-dire facturée à un prix
supérieur car nécessitant un traitement spécifique. Partant du fait qu’aujourd’hui la filière est très
Expression d’origine en anglais « unecessary ressource losses in several way »9
"43
dépendante des matières premières, nous pouvons donc supposer que ces déchets vont continuer à
augmenter, ce poste risque donc de prendre de plus en plus d’ampleur.
Dans un schéma actuel d’économie linéaire, si les entreprises ne peuvent pas stocker ni en amont
(approvisionnement) ni en aval ou uniquement à des coûts élevés, elles auront de plus en plus de
mal à répondre à la demande, et à équilibrer leur bilan.
Problème
Comment assurer la construction et la fin de vie des bâtiments,
tout en évitant les coûts importants liés à la gestion des matières 

premières (gestion à la source et à la benne) ? 

• Sous-utilisation des ouvrages :
Au même titre que les stocks de matières, les ouvrages sous-utilisés représentent un coût pour les
entreprises de la filière.
Menaces
Marché atomisé
Espaces et sols limités
Enjeux :
Ces ouvrages sous-utilisés représentent un coût d’entretien et de gestion pour les propriétaires. Bien
que ces ouvrages ne rajoutent aucun coût d’achat et que les immobilisations corporelles restent
inchangées, au bilan ces sous-utilisations ont un poids important car elles nécessitent d’intégrer
leur usage et leur entretien aux coûts globaux. Sur le long terme, ces ouvrages risquent de
représenter un coût important pour les acteurs en charge (construction pour les chantiers
abandonnés ou usage pour les bâtiments sous-utilisés) et d’empêcher l’utilisation de l’espace pour
de nouveaux usages. Avec moins d’espace, la filière pourra encore moins répondre à la demande.
Problème
Comment éviter les coûts de gestion
liés à la sous-utilisation des ouvrages ?
Au vue de ces points, nous comprenons que les acteurs de la filière font aujourd’hui face à des
enjeux majeurs liés à leurs modes de production et de consommation, remettant en cause la survie
de leurs structures d’un point de vue économique et environnemental.
"44
Nous pourrions synthétiser les informations précédentes dans le mapping suivant :
Ce mapping reprend les six items détaillés dans cette partie, que nous avons chacun associé aux
acteurs concernés et ordonnés selon deux axes :
- L’axe des ordonnées représente les impacts sur la croissance (économie), avec en bas les impacts
négatifs, autrement dit les pertes, et en haut, les impacts positifs, c’est à dire les bénéfices.
- L’axe des abscisses représente les impacts sur l’environnement, avec à gauche les impacts
négatifs et à droite, les impacts positifs.
Chaque item est positionné en fonction de son degré d’impact sur l’environnement ainsi que sur
l’économie. A chaque item est associé un cercle de couleur qui représente les acteurs concernés par
les impacts, et leur degré d’intérêt.
Enfin, en haut à droite nous avons dessiné la zone idéale qui représenterait la croissance durable des
entreprises, grâce à des impacts positifs sur l’environnement et de manière simultanée, sur
l’économie. Actuellement, les entreprises semblent loin de cet objectif.
"45
Figure 10 :
DÉMOLITION
VENTE
STOCKS
SOUS-UTILISATION DES OUVRAGES
BÉNÉFICE
BÉNÉFICE
ÉCONOMIE
ENVIRONNEMENT
CONSTRUCTION NEUVE
ACTEURS DE LA CONSTRUCTION
ACTEURS DE L’USAGE ET ENTRETIEN
ACTEURS DE LA FIN DE VIE
PERTE
SAVOIR-FAIRE
ANALYSE DES ENJEUX ACTUEL DE DURABILITÉ
DANS LA FILIÈRE BÂTIMENT
PERTE
CROISSANCE
DURABLE
ANALYSE DES ENJEUX ACTUELS DE
DURABILITÉ DANS LA FILIÈRE BÂTIMENT
Dans ce contexte, nombreux sont ceux qui considèrent que le modèle de croissance circulaire,
décorrélé de la consommation des ressources limitées et offrant un système économique résilient,
jette les bases d’un développement économique très prometteur.
Nous verrons donc de quelle manière l’économie circulaire, qui s’oppose au fonctionnement actuel
des entreprises nocif à leur survie, peut être appliquée au secteur, et de quelle manière ce paradigme
peut permettre d’atteindre la zone idéale.
En outre, nous verrons que la démarche environnementale qui s’impose aux entreprises pour leur
survie, peut également être un levier de nouvelles opportunités de croissance « cachées ».
Comme prévient Karine Bouhier, directrice générale de l’entreprise Les charpentiers de l’Atlantique
(LCA), « L’envie de favoriser une démarche environnementale ne doit pas nous empêcher
d’emporter des marchés». Au vue des éléments précédemment énoncés, nous remplacerons
« envie » par « nécessité ».

"46
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.
Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.

Mais conteúdo relacionado

Mais procurados

Bilan carbone
Bilan carboneBilan carbone
Bilan carboneNeedeo
 
Etude d impact sur l environnement
Etude d impact sur l environnementEtude d impact sur l environnement
Etude d impact sur l environnementjabbouriyassir01
 
Développement durable
Développement durableDéveloppement durable
Développement durableferiel abidi
 
Développement durable au Maroc_Bilan et Perspectives
Développement durable au Maroc_Bilan et PerspectivesDéveloppement durable au Maroc_Bilan et Perspectives
Développement durable au Maroc_Bilan et PerspectivesAdil Diani
 
La réutilisation des eaux usées épurées
La réutilisation des eaux usées épuréesLa réutilisation des eaux usées épurées
La réutilisation des eaux usées épuréesKawtar SALIK
 
La Finance Climat : une opportunité pour mobiliser des ressources financières...
La Finance Climat : une opportunité pour mobiliser des ressources financières...La Finance Climat : une opportunité pour mobiliser des ressources financières...
La Finance Climat : une opportunité pour mobiliser des ressources financières...NAP Global Network
 
Accès au marché et commercialisation de produits agricoles
Accès au marché et commercialisation de produits agricolesAccès au marché et commercialisation de produits agricoles
Accès au marché et commercialisation de produits agricolesFatimata Kone
 
L’économie circulaire, ses conséquences pour notre société, nos entreprises ,...
L’économie circulaire, ses conséquences pour notre société, nos entreprises ,...L’économie circulaire, ses conséquences pour notre société, nos entreprises ,...
L’économie circulaire, ses conséquences pour notre société, nos entreprises ,...Liping Lamidieu
 
Développement Durable : Enjeux, Défis et perspectives
Développement Durable : Enjeux, Défis et perspectives Développement Durable : Enjeux, Défis et perspectives
Développement Durable : Enjeux, Défis et perspectives Réda ALLAL
 
AUDIT ENVIRONNEMENTAL DU DÉPÔT D’HYDROCARBURES DE LA SOCIETE « HORIZON TERMIN...
AUDIT ENVIRONNEMENTAL DU DÉPÔT D’HYDROCARBURES DE LA SOCIETE « HORIZON TERMIN...AUDIT ENVIRONNEMENTAL DU DÉPÔT D’HYDROCARBURES DE LA SOCIETE « HORIZON TERMIN...
AUDIT ENVIRONNEMENTAL DU DÉPÔT D’HYDROCARBURES DE LA SOCIETE « HORIZON TERMIN...Parti Djibouti
 
MUAT : Résilience aménagement et urbanisme
MUAT : Résilience aménagement et urbanismeMUAT : Résilience aménagement et urbanisme
MUAT : Résilience aménagement et urbanismeOECD Governance
 
Comprendre le développement durable
Comprendre le développement durableComprendre le développement durable
Comprendre le développement durableMar Tur
 
Cours gestion de dechets aujourdhui.ppt
Cours gestion de dechets aujourdhui.pptCours gestion de dechets aujourdhui.ppt
Cours gestion de dechets aujourdhui.pptahmat5
 
Développement Durable : Concepts, réalité & enjeux (cas de l'Algérie)
Développement Durable : Concepts, réalité & enjeux (cas de l'Algérie)Développement Durable : Concepts, réalité & enjeux (cas de l'Algérie)
Développement Durable : Concepts, réalité & enjeux (cas de l'Algérie)Réda ALLAL
 
Introduction au Développement Durable
Introduction au Développement DurableIntroduction au Développement Durable
Introduction au Développement DurableOTPornichet
 
Traitement et Recyclage des Déchets
Traitement et Recyclage des Déchets Traitement et Recyclage des Déchets
Traitement et Recyclage des Déchets AdelFilali
 
Découvrir les objectifs de développement durable
Découvrir les objectifs de développement durableDécouvrir les objectifs de développement durable
Découvrir les objectifs de développement durableEnactusFrance
 
Module 1 : Introduction - Changement climatique et agriculture
Module 1 : Introduction - Changement climatique et agricultureModule 1 : Introduction - Changement climatique et agriculture
Module 1 : Introduction - Changement climatique et agricultureFAO
 
Intégration de l’Adaptation au Changement Climatique dans la Planification Lo...
Intégration de l’Adaptation au Changement Climatique dans la Planification Lo...Intégration de l’Adaptation au Changement Climatique dans la Planification Lo...
Intégration de l’Adaptation au Changement Climatique dans la Planification Lo...Pascal Corbé
 

Mais procurados (20)

Bilan carbone
Bilan carboneBilan carbone
Bilan carbone
 
Etude d impact sur l environnement
Etude d impact sur l environnementEtude d impact sur l environnement
Etude d impact sur l environnement
 
Développement durable
Développement durableDéveloppement durable
Développement durable
 
Développement durable au Maroc_Bilan et Perspectives
Développement durable au Maroc_Bilan et PerspectivesDéveloppement durable au Maroc_Bilan et Perspectives
Développement durable au Maroc_Bilan et Perspectives
 
La réutilisation des eaux usées épurées
La réutilisation des eaux usées épuréesLa réutilisation des eaux usées épurées
La réutilisation des eaux usées épurées
 
La Finance Climat : une opportunité pour mobiliser des ressources financières...
La Finance Climat : une opportunité pour mobiliser des ressources financières...La Finance Climat : une opportunité pour mobiliser des ressources financières...
La Finance Climat : une opportunité pour mobiliser des ressources financières...
 
Accès au marché et commercialisation de produits agricoles
Accès au marché et commercialisation de produits agricolesAccès au marché et commercialisation de produits agricoles
Accès au marché et commercialisation de produits agricoles
 
L’économie circulaire, ses conséquences pour notre société, nos entreprises ,...
L’économie circulaire, ses conséquences pour notre société, nos entreprises ,...L’économie circulaire, ses conséquences pour notre société, nos entreprises ,...
L’économie circulaire, ses conséquences pour notre société, nos entreprises ,...
 
Développement Durable : Enjeux, Défis et perspectives
Développement Durable : Enjeux, Défis et perspectives Développement Durable : Enjeux, Défis et perspectives
Développement Durable : Enjeux, Défis et perspectives
 
AUDIT ENVIRONNEMENTAL DU DÉPÔT D’HYDROCARBURES DE LA SOCIETE « HORIZON TERMIN...
AUDIT ENVIRONNEMENTAL DU DÉPÔT D’HYDROCARBURES DE LA SOCIETE « HORIZON TERMIN...AUDIT ENVIRONNEMENTAL DU DÉPÔT D’HYDROCARBURES DE LA SOCIETE « HORIZON TERMIN...
AUDIT ENVIRONNEMENTAL DU DÉPÔT D’HYDROCARBURES DE LA SOCIETE « HORIZON TERMIN...
 
MUAT : Résilience aménagement et urbanisme
MUAT : Résilience aménagement et urbanismeMUAT : Résilience aménagement et urbanisme
MUAT : Résilience aménagement et urbanisme
 
Comprendre le développement durable
Comprendre le développement durableComprendre le développement durable
Comprendre le développement durable
 
Cours gestion de dechets aujourdhui.ppt
Cours gestion de dechets aujourdhui.pptCours gestion de dechets aujourdhui.ppt
Cours gestion de dechets aujourdhui.ppt
 
Développement Durable : Concepts, réalité & enjeux (cas de l'Algérie)
Développement Durable : Concepts, réalité & enjeux (cas de l'Algérie)Développement Durable : Concepts, réalité & enjeux (cas de l'Algérie)
Développement Durable : Concepts, réalité & enjeux (cas de l'Algérie)
 
Introduction au Développement Durable
Introduction au Développement DurableIntroduction au Développement Durable
Introduction au Développement Durable
 
Traitement et Recyclage des Déchets
Traitement et Recyclage des Déchets Traitement et Recyclage des Déchets
Traitement et Recyclage des Déchets
 
Entrepreneur vert eco-systeme et acteurs
Entrepreneur vert eco-systeme et acteursEntrepreneur vert eco-systeme et acteurs
Entrepreneur vert eco-systeme et acteurs
 
Découvrir les objectifs de développement durable
Découvrir les objectifs de développement durableDécouvrir les objectifs de développement durable
Découvrir les objectifs de développement durable
 
Module 1 : Introduction - Changement climatique et agriculture
Module 1 : Introduction - Changement climatique et agricultureModule 1 : Introduction - Changement climatique et agriculture
Module 1 : Introduction - Changement climatique et agriculture
 
Intégration de l’Adaptation au Changement Climatique dans la Planification Lo...
Intégration de l’Adaptation au Changement Climatique dans la Planification Lo...Intégration de l’Adaptation au Changement Climatique dans la Planification Lo...
Intégration de l’Adaptation au Changement Climatique dans la Planification Lo...
 

Destaque

Les Français, l'économie et la réforme de l'État
Les Français, l'économie et la réforme de l'ÉtatLes Français, l'économie et la réforme de l'État
Les Français, l'économie et la réforme de l'ÉtatIpsos France
 
Márkaépítés a fogyasztói kontroll korában 2.0
Márkaépítés a fogyasztói kontroll korában 2.0Márkaépítés a fogyasztói kontroll korában 2.0
Márkaépítés a fogyasztói kontroll korában 2.0Isobar Budapest
 
Međuinduktivitet i zračni transformatori
Međuinduktivitet i zračni transformatoriMeđuinduktivitet i zračni transformatori
Međuinduktivitet i zračni transformatoriabogosavljev
 
Cognitive Biases: How the Clustering Illusion will impact your pitch
Cognitive Biases:  How the Clustering Illusion will impact your pitchCognitive Biases:  How the Clustering Illusion will impact your pitch
Cognitive Biases: How the Clustering Illusion will impact your pitchSiamac Rezaiezadeh
 
SEO Esettanulmány: optimalizált tartalommarketing
SEO Esettanulmány: optimalizált tartalommarketingSEO Esettanulmány: optimalizált tartalommarketing
SEO Esettanulmány: optimalizált tartalommarketingGabor Papp
 
Go言語
Go言語Go言語
Go言語na_o_ys
 
CloudSurance - We backup web application data
CloudSurance - We backup web application dataCloudSurance - We backup web application data
CloudSurance - We backup web application dataSam Bowen
 
Kauno miesto savivaldybės 100 dienų ataskaita
Kauno miesto savivaldybės 100 dienų ataskaitaKauno miesto savivaldybės 100 dienų ataskaita
Kauno miesto savivaldybės 100 dienų ataskaitaKauno_miesto_savivaldybe
 
Baby Love -Wildlife
Baby Love -WildlifeBaby Love -Wildlife
Baby Love -WildlifeMakala D.
 
Valsts pārvaldes institūciju pasūtīto pētījumu koordinācijas sistēma
Valsts pārvaldes institūciju pasūtīto pētījumu koordinācijas sistēmaValsts pārvaldes institūciju pasūtīto pētījumu koordinācijas sistēma
Valsts pārvaldes institūciju pasūtīto pētījumu koordinācijas sistēmaPārresoru kordinācijas centrs (PKC)
 
Presentation_Netinfo_6.2015
Presentation_Netinfo_6.2015Presentation_Netinfo_6.2015
Presentation_Netinfo_6.2015Hristo Hristov
 
Presentation 1112 for blog 2
Presentation 1112 for blog 2Presentation 1112 for blog 2
Presentation 1112 for blog 2katie_higson
 
Depurando Aplicações PHP com XDebug e FirePHP - SETI 2008
Depurando Aplicações PHP com XDebug e FirePHP - SETI 2008Depurando Aplicações PHP com XDebug e FirePHP - SETI 2008
Depurando Aplicações PHP com XDebug e FirePHP - SETI 2008Jefferson Girão
 
Zoekwoordenselectie
ZoekwoordenselectieZoekwoordenselectie
ZoekwoordenselectieFrank Krepel
 

Destaque (20)

Les Français, l'économie et la réforme de l'État
Les Français, l'économie et la réforme de l'ÉtatLes Français, l'économie et la réforme de l'État
Les Français, l'économie et la réforme de l'État
 
Márkaépítés a fogyasztói kontroll korában 2.0
Márkaépítés a fogyasztói kontroll korában 2.0Márkaépítés a fogyasztói kontroll korában 2.0
Márkaépítés a fogyasztói kontroll korában 2.0
 
Međuinduktivitet i zračni transformatori
Međuinduktivitet i zračni transformatoriMeđuinduktivitet i zračni transformatori
Međuinduktivitet i zračni transformatori
 
Cognitive Biases: How the Clustering Illusion will impact your pitch
Cognitive Biases:  How the Clustering Illusion will impact your pitchCognitive Biases:  How the Clustering Illusion will impact your pitch
Cognitive Biases: How the Clustering Illusion will impact your pitch
 
driver
driverdriver
driver
 
Tautas ataudzes mērķi NAP2020 un to sasniegšanas gaita
Tautas ataudzes mērķi NAP2020 un to sasniegšanas gaitaTautas ataudzes mērķi NAP2020 un to sasniegšanas gaita
Tautas ataudzes mērķi NAP2020 un to sasniegšanas gaita
 
Respected Capital
Respected CapitalRespected Capital
Respected Capital
 
SEO Esettanulmány: optimalizált tartalommarketing
SEO Esettanulmány: optimalizált tartalommarketingSEO Esettanulmány: optimalizált tartalommarketing
SEO Esettanulmány: optimalizált tartalommarketing
 
Go言語
Go言語Go言語
Go言語
 
Hopes, plans and pleasures of children
Hopes, plans and pleasures of childrenHopes, plans and pleasures of children
Hopes, plans and pleasures of children
 
WONDERFUL
WONDERFULWONDERFUL
WONDERFUL
 
CloudSurance - We backup web application data
CloudSurance - We backup web application dataCloudSurance - We backup web application data
CloudSurance - We backup web application data
 
Kauno miesto savivaldybės 100 dienų ataskaita
Kauno miesto savivaldybės 100 dienų ataskaitaKauno miesto savivaldybės 100 dienų ataskaita
Kauno miesto savivaldybės 100 dienų ataskaita
 
Baby Love -Wildlife
Baby Love -WildlifeBaby Love -Wildlife
Baby Love -Wildlife
 
Valsts pārvaldes institūciju pasūtīto pētījumu koordinācijas sistēma
Valsts pārvaldes institūciju pasūtīto pētījumu koordinācijas sistēmaValsts pārvaldes institūciju pasūtīto pētījumu koordinācijas sistēma
Valsts pārvaldes institūciju pasūtīto pētījumu koordinācijas sistēma
 
Presentation_Netinfo_6.2015
Presentation_Netinfo_6.2015Presentation_Netinfo_6.2015
Presentation_Netinfo_6.2015
 
Presentation 1112 for blog 2
Presentation 1112 for blog 2Presentation 1112 for blog 2
Presentation 1112 for blog 2
 
Depurando Aplicações PHP com XDebug e FirePHP - SETI 2008
Depurando Aplicações PHP com XDebug e FirePHP - SETI 2008Depurando Aplicações PHP com XDebug e FirePHP - SETI 2008
Depurando Aplicações PHP com XDebug e FirePHP - SETI 2008
 
Zoekwoordenselectie
ZoekwoordenselectieZoekwoordenselectie
Zoekwoordenselectie
 
שירותי מוסך רייך
שירותי מוסך רייךשירותי מוסך רייך
שירותי מוסך רייך
 

Semelhante a Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.

Livre blanc écoentreprises_pexe-cgdd
Livre blanc écoentreprises_pexe-cgddLivre blanc écoentreprises_pexe-cgdd
Livre blanc écoentreprises_pexe-cgddPEXE
 
L'usage des blogs de voyage et ses potentialités d'influence sur le choix de ...
L'usage des blogs de voyage et ses potentialités d'influence sur le choix de ...L'usage des blogs de voyage et ses potentialités d'influence sur le choix de ...
L'usage des blogs de voyage et ses potentialités d'influence sur le choix de ...Thomas Bilesimo
 
Global Conference de 2015 synthèse du Livre blanc
Global Conference de 2015 synthèse du Livre blancGlobal Conference de 2015 synthèse du Livre blanc
Global Conference de 2015 synthèse du Livre blancGeorge J. Gendelman
 
Effets des normes réglementaires AIFM et UCITS V sur le risque systémique p...
Effets des normes réglementaires AIFM et UCITS V sur le risque systémique   p...Effets des normes réglementaires AIFM et UCITS V sur le risque systémique   p...
Effets des normes réglementaires AIFM et UCITS V sur le risque systémique p...Alban Jarry (Bibliothèque de Documents)
 
La créativité - Le coaching d’équipe pour dynamiser la créativité d’une entre...
La créativité - Le coaching d’équipe pour dynamiser la créativité d’une entre...La créativité - Le coaching d’équipe pour dynamiser la créativité d’une entre...
La créativité - Le coaching d’équipe pour dynamiser la créativité d’une entre...Céline Berthou
 
2017AZUR0027(2).pdf
2017AZUR0027(2).pdf2017AZUR0027(2).pdf
2017AZUR0027(2).pdfIkramHibbou
 
2017AZUR0027(4).pdf
2017AZUR0027(4).pdf2017AZUR0027(4).pdf
2017AZUR0027(4).pdfIkramHibbou
 
La recherche participative comme mode de production de savoirs : Un état des ...
La recherche participative comme mode de production de savoirs : Un état des ...La recherche participative comme mode de production de savoirs : Un état des ...
La recherche participative comme mode de production de savoirs : Un état des ...Julien Hering
 
Memoire professionnel sur le financement participatif en fonds propres.
Memoire professionnel sur le financement participatif en fonds propres.Memoire professionnel sur le financement participatif en fonds propres.
Memoire professionnel sur le financement participatif en fonds propres.Jean Carl Cohen
 
Repenser la-formation-des-managers 201006
Repenser la-formation-des-managers 201006Repenser la-formation-des-managers 201006
Repenser la-formation-des-managers 201006meriem haddadi
 
Actes séminaire 2014
Actes séminaire 2014Actes séminaire 2014
Actes séminaire 2014Mutadis
 
Le créateur industriel au service de l'économie circulaire
Le créateur industriel au service de l'économie circulaireLe créateur industriel au service de l'économie circulaire
Le créateur industriel au service de l'économie circulaireLa Fabrique de l'industrie
 
Livre blanc-ia-et-technologies-quantiques-finance-innovation
Livre blanc-ia-et-technologies-quantiques-finance-innovationLivre blanc-ia-et-technologies-quantiques-finance-innovation
Livre blanc-ia-et-technologies-quantiques-finance-innovationassmaaainani
 
Le planning stratégique et les mutations du capitalisme
Le planning stratégique et les mutations du capitalismeLe planning stratégique et les mutations du capitalisme
Le planning stratégique et les mutations du capitalismeMartin Héloïse
 
L'innovation pour les ingenieurs
L'innovation pour les ingenieurs  L'innovation pour les ingenieurs
L'innovation pour les ingenieurs Mahmoud CHAKROUN
 
Memoire_2015_Accelerateurs_Incubateurs_Coworking
Memoire_2015_Accelerateurs_Incubateurs_CoworkingMemoire_2015_Accelerateurs_Incubateurs_Coworking
Memoire_2015_Accelerateurs_Incubateurs_CoworkingAdrien Long
 
Technologies clés 2020
Technologies clés 2020Technologies clés 2020
Technologies clés 2020LaChroniqueBTP
 

Semelhante a Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment. (20)

Livre blanc écoentreprises_pexe-cgdd
Livre blanc écoentreprises_pexe-cgddLivre blanc écoentreprises_pexe-cgdd
Livre blanc écoentreprises_pexe-cgdd
 
L'usage des blogs de voyage et ses potentialités d'influence sur le choix de ...
L'usage des blogs de voyage et ses potentialités d'influence sur le choix de ...L'usage des blogs de voyage et ses potentialités d'influence sur le choix de ...
L'usage des blogs de voyage et ses potentialités d'influence sur le choix de ...
 
Global Conference de 2015 synthèse du Livre blanc
Global Conference de 2015 synthèse du Livre blancGlobal Conference de 2015 synthèse du Livre blanc
Global Conference de 2015 synthèse du Livre blanc
 
Concours étudiants et jeunes chercheurs
Concours étudiants et jeunes chercheursConcours étudiants et jeunes chercheurs
Concours étudiants et jeunes chercheurs
 
Effets des normes réglementaires AIFM et UCITS V sur le risque systémique p...
Effets des normes réglementaires AIFM et UCITS V sur le risque systémique   p...Effets des normes réglementaires AIFM et UCITS V sur le risque systémique   p...
Effets des normes réglementaires AIFM et UCITS V sur le risque systémique p...
 
La créativité - Le coaching d’équipe pour dynamiser la créativité d’une entre...
La créativité - Le coaching d’équipe pour dynamiser la créativité d’une entre...La créativité - Le coaching d’équipe pour dynamiser la créativité d’une entre...
La créativité - Le coaching d’équipe pour dynamiser la créativité d’une entre...
 
Impression 1
Impression 1Impression 1
Impression 1
 
2017AZUR0027(2).pdf
2017AZUR0027(2).pdf2017AZUR0027(2).pdf
2017AZUR0027(2).pdf
 
2017AZUR0027(4).pdf
2017AZUR0027(4).pdf2017AZUR0027(4).pdf
2017AZUR0027(4).pdf
 
La recherche participative comme mode de production de savoirs : Un état des ...
La recherche participative comme mode de production de savoirs : Un état des ...La recherche participative comme mode de production de savoirs : Un état des ...
La recherche participative comme mode de production de savoirs : Un état des ...
 
Memoire professionnel sur le financement participatif en fonds propres.
Memoire professionnel sur le financement participatif en fonds propres.Memoire professionnel sur le financement participatif en fonds propres.
Memoire professionnel sur le financement participatif en fonds propres.
 
Repenser la-formation-des-managers 201006
Repenser la-formation-des-managers 201006Repenser la-formation-des-managers 201006
Repenser la-formation-des-managers 201006
 
Actes séminaire 2014
Actes séminaire 2014Actes séminaire 2014
Actes séminaire 2014
 
Le créateur industriel au service de l'économie circulaire
Le créateur industriel au service de l'économie circulaireLe créateur industriel au service de l'économie circulaire
Le créateur industriel au service de l'économie circulaire
 
France 2025 diagnostic stratégique diaporama 2009
France 2025 diagnostic stratégique diaporama 2009France 2025 diagnostic stratégique diaporama 2009
France 2025 diagnostic stratégique diaporama 2009
 
Livre blanc-ia-et-technologies-quantiques-finance-innovation
Livre blanc-ia-et-technologies-quantiques-finance-innovationLivre blanc-ia-et-technologies-quantiques-finance-innovation
Livre blanc-ia-et-technologies-quantiques-finance-innovation
 
Le planning stratégique et les mutations du capitalisme
Le planning stratégique et les mutations du capitalismeLe planning stratégique et les mutations du capitalisme
Le planning stratégique et les mutations du capitalisme
 
L'innovation pour les ingenieurs
L'innovation pour les ingenieurs  L'innovation pour les ingenieurs
L'innovation pour les ingenieurs
 
Memoire_2015_Accelerateurs_Incubateurs_Coworking
Memoire_2015_Accelerateurs_Incubateurs_CoworkingMemoire_2015_Accelerateurs_Incubateurs_Coworking
Memoire_2015_Accelerateurs_Incubateurs_Coworking
 
Technologies clés 2020
Technologies clés 2020Technologies clés 2020
Technologies clés 2020
 

Croissance durable : les bénéfices de l'économie circulaire pour la filière bâtiment.

  • 1. 10, rue Sextius Michel
 75015 Paris MEMOIRE DE FIN D’ETUDES DE L’ESCE, 2016 Croissance durable : les bénéfices 
 de l’économie circulaire pour la filière bâtiment Par Justine LAURENT Tuteur pédagogique du mémoire : Monsieur Jean-Christophe Pic Tuteur de stage : Monsieur Brieuc Saffré

  • 2.
  • 3. RESUMÉ & MOTS CLÉS Aujourd’hui, dans le monde, les entreprises sont arrivées à une période charnière qui remet en cause la manière dont elles utilisent la planète pour se développer. Depuis la Révolution Industrielle elles produisent de manière linéaire en faisant trop pression sur la Terre. Si elles continuent de cette manière, elles ne pourront pas survivre sur le long terme car le monde dans lequel elles croient n’est pas infini. La question est donc de savoir alors que les entreprises ont basé leur développement sur un modèle de production et de consommation linéaire, en quoi une économie circulaire pourrait-être une solution pour garantir la durabilité de leur croissance ?
 En France, le secteur du bâtiment est un important consommateur de ressources et producteur de déchets qui fait face à de nombreuses contraintes externes qui remettent en cause les leviers actuels de croissance de ses acteurs. Face à l’extinction des ressources telles que le sable, la volatilité du prix des matières premières ou les lois de valorisation des déchets, le schéma d’économie en boucle proposé par ce nouveau paradigme est une nécessité pour garantir la survie de l’environnement et celle des sources de revenus des entreprises. Il semble que ce soit également une opportunité de nouveaux leviers de croissance pour ces dernières. Mots-clés : Environnement, ressources, croissance, économie circulaire, bénéfices

  • 4. CONTACTS
 Justine LAURENT
 28 avenue Gambetta
 78400 Chatou
 Tel : +33 7 50 22 92 56
 E-mail : laurent@edu.esce.fr 
 Jean-Christophe PIC
 10 rue Sextius Michel
 75015 Paris
 E-mail : jeanchristophepic@orange.fr

  • 5. REMERCIEMENTS Je tiens à remercier un grand nombre de personnes qui m’ont accompagnée dans l’accomplissement de mes cinq années d’études à l’ESCE aussi bien pendant mes cours en France et à l’étranger que pendant mes expériences personnelles et professionnelles, qui m’ont toutes menée jusqu’à ce travail final de mémoire. Ces personnes m’ont guidée, conseillée et parfois critiquée, pour me permettre de mener à bien mes projets et de rendre un écrit en lien avec mes aspirations professionnelles et personnelles. Parmi elles, je tiens à remercier Monsieur Jean-Christophe Pic, mon tuteur de mémoire, pour sa disponibilité et ses précieux conseils ainsi Brieuc Saffré, co-fondateur de Wiithaa et mon maître de stage lors de mon stage de fin d’études, pour son aide et son soutien. Je tiens également à remercier l’ensemble des personnes que j’ai eu la chance d’interviewer, qui m’ont consacré du temps pour m’aider dans mes recherches et apporter des informations cruciales à mon analyse : Messieurs Jean-Pierre Baron, Fabrice Bonnifet, Pierre-Marie Bozec-Claverie, Alain Geldron, François-Michel Lambert et François Marois, ainsi que Mesdames Audrey Bertrand, Laurie Espinosa et Rebecca Narewski. Pour finir je tiens à remercier ma famille et mes amis pour leur réconfort, leurs échanges et leur sincérité.
 Merci à mon père, à ma mère et à ma grand-mère de m’avoir permis de mener à bien ces 5 années d’études.
  • 6. TABLE DES MATIÈRES Introduction……………………………………………………………………………………page 1 Chapitre I : Contexte et enjeux 
 2016, les limites de la pensée linéaire de l’économie issue de l’industrialisation……..………page 3 1ère partie : La croissance de l’économie linéaire………………………………..…page 5 I. La Révolution Industrielle……………………………………….….……..…page 5 II. Le cycle linéaire de l’économie…………………………………..…………page 8 III. La croissance………………………………………………………………page 10 A. D’un état……………………………………………………………page 10 B. D’une entreprise……………………………………………………page 11 2ème partie : Limites et enjeux de la croissance d’une économie linéaire…..……page 12 I. Urgence écologique…………………………………………………………page 12 A. Ressources…………………………………………………………page 13 B. Déchets……………………………………………………….……page 16 II. Urgence économique, ou une croissance infinie dans un monde fini..……page 18 3ème partie : Problème d’investigation……………………………………………page 20 Chapitre II : Analyse du problème De quelle manière l’économie circulaire permet aux entreprises du bâtiment de développer leur activité de manière durable pour elle et l’environnement ?……………….………………………page 23 1ère partie : La filière bâtiment…………………………………………….………page 24 I. Définitions et acteurs……………………………………………..…………page 24
 A. Définitions………..……………………………………..…………page 24 B. Acteurs concernés………………………………………..…………page 24 a. Approche par la chaîne de valeur…..………..…..…………page 25
 b. Approche par le cycle de vie…..………..…..………………page 26 c. Approche proposée…..………..…..…………..……………page 26 Schémaderépartitiondesdifférentstypesd’acteursdanslafilièredubâtiment II. Environnement et leviers de développement…………….……..….………page 27 A. Environnement externe : analyse PESTEL …………………..……page 28 B. Environnement interne : actions significatives du secteur…….……page 33 III. Enjeux de durabilité : économie et environnement………..…………….…page 36 A. Le bâtiment « traditionnel » ………..……………………..….……page 36 Schéma du modèle d’économie linéaire appliqué à la filière du bâtiment B. Impacts environnementaux ………..………………………………page 37 C. Impacts économiques ………..………………….…………………page 37 2ème partie : L’économie circulaire en réponse aux enjeux de la filière…………page 47 I. L’économie circulaire…………………………………………………….…page 47 A. Fondements…………………………………………………..……page 47
  • 7. B. Définitions…………………………………………………….……page 48 C. Concepts et principes clés………………………………….………page 49
 II. L’économie circulaire appliquée à la filière bâtiment…………….….….…page 51 Tableaud’applicationdesseptpiliersdel’économiecirculaireaucycledeviedubâtiment 3ème partie : Résultats de l’application………………………………………….…page 55 I. Bénéfices cas par cas……………………………………………….…….…page 55 Bénéficeséconomiquesetenvironnementaux&schémasd'économiecirculaireassociés
 CAS 1.1 CAS 1.7 CAS 1.4 CAS 2.2 CAS 3.6 II. Réponses aux enjeux de durabilité et résultats envisagés………..……..…page 68 Tableaurécapitulatifdessolutionsetdesrésultatsenvisagés
 Schémad’analysedesleviersnécessairesàunecroissancedurable Chapitre III : Recommandations……………………………………………………………page 71 Comment assurer la croissance durable de son entreprise, grâce à l’économie circulaire ? Premiers leviers d’actions. I. Favoriser la coopération ……………………………………………………page 73 II. Appuyez sa stratégie sur une approche globale et systémique……….…….page 77 Conclusion générale………………………………………………………………….………page 81
 Limites de notre étude et futures voies de recherche………………..……………..………page 83 Bibliographie………………..……………………………………………….…….…………page 84 Annexes…………………………………………………………………………….…………page 87 Annexe 1 Agenda des entretiens………………………………………………………page 87
 Annexe 2 Guide d’entretien……………………………..….…………………………page 88
  • 8. INTRODUCTION « In one generation, we will have on the planet an additional 2 billion people, which is more than the overall population at the beginning of the 20th century, when it was 1.5 billion. That is more than 200,000 per day. … McKinsey estimates that, by 2030, 3 billion people who are currently living in poverty will join the middle-class level of consumption. If you take into account that, all in all, that would mean that we would need something like three times more resources than we use today in 2050—70% more of food, feed and fibre in 2050—we would likely be around 40% short of drinking water in 2030. If we take into account that already today we are using approximately 60% of our ecosystems in pretty much unsustainable ways that makes a pretty simple conclusion: how we produce, consume and live will have to be changed. », a dit Janez Potočnik en 2014. Nous sommes à une période charnière dans l’avenir de notre environnement, et de notre économie. En 1848, Adolphe Blanqui rentrait d’un voyage autour des principales régions manufacturières de France pour mettre en lumière une Révolution Industrielle qui, selon lui, était en train de changer le cour de l’économie outre-Manche. Les pays de l’Europe de l’Ouest ont alors vu naître un grand nombre d’avancées techniques et technologiques notoires permettant aux entreprises d’augmenter intensivement leur productivité en bénéficiant des faibles coûts d’extraction des matières premières. Elles peuvent alors produire toujours plus grâce à des économies d’échelle et répondre à la demande exponentielle des ménages, alors que le coût du travail est élevé. Sur ce principe, les mesures de leur croissance, du moins économique, et ses indicateurs, correspondent à l’évolution des quantités produites en volume ou en valeur. La logique linéaire « extraire-fabriquer-jeter » domine l’économie et permet aux entreprises de répondre à cet objectif. Aujourd’hui, selon de nombreux économistes, écologistes voire historiens, cette même Révolution Industrielle, qui a permis aux entreprises de naître et de se développer de manière rapide et intensive par la pensée linéaire, est aussi à la base des maux environnementaux de notre société; la pollution atmosphérique, le réchauffement climatique, la perte de la biodiversité ou encore les pénuries. Ces impacts sur l’environnement ont pourtant été mis en avant dès le début du XXème siècle par Nathaniel Shaler, un géologiste de l’Université d’Harvard, qui soutenait que les ressources étaient finies et que l’Humanité était sur le chemin de leur épuisement. Ce n’est qu’en 1980 que l’économiste américain Kenneth Boulding prononce à son tour cette fameuse phrase : "1
  • 9. « celui qui croit qu'une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. ». Il met alors un point d’honneur à souligner que les entreprises ne peuvent pas continuer à baser leur croissance sur la consommation des ressources mises à disposition par la Nature. Pour lui, et de nombreuses personnes après lui, l’économie ne peut pas se passer des questions environnementales, car ceci n’est pas durable, ni pour la planète ni pour les organisations. Notre économie est actuellement basée sur un paradigme : il y a un problème en amont car les ressources s’épuisent et en aval car ça s’accumule. La seule ressource énergétique réellement inépuisable étant celle du soleil. Nous nous confrontons donc à un premier problème : comment continuer à développer notre économie dans un monde fini ? Partant du constat que les entreprises ont basé leurs stratégies actuelles de développement sur un schéma linéaire, et que celui-ci est limité dans le temps pour des questions écologiques -entre autres-, il en devient pertinent d’opposer ce schéma à celui de l’économie circulaire; un concept qui vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement. Ainsi, les entreprises pourraient voir plus loin que le seul “écologique”, qui réduit l’action ciblée à un problème local et ponctuel, et prendre en compte l’ensemble de l’écosytème dans leurs stratégies économiques. Si nous adoptons ce nouveau concept pour l’appliquer à la croissance des entreprises, nous en venons donc à poser la problématique suivante : alors que les entreprises ont basé leur développement sur un modèle de production et de consommation linéaire, en quoi une économie circulaire pourrait-être une solution pour garantir la durabilité de leur croissance ? Afin de répondre à cette problématique de la manière la plus appliquée et la plus claire possible, nous nous intéresserons au secteur du bâtiment en France, afin de dégager les principaux enjeux du secteur et les éventuels problèmes de durabilité auxquels font face ses acteurs. En effet, ce secteur est au cœur des enjeux environnementaux en tant que principal consommateur de ressources et important « pollueur ». Au niveau des entreprises, l’évolution des prix des matières premières et la récente loi pour la transition énergétique, par exemple, remettent en question le maintien et le développement des marchés actuels et futurs. On relève par ailleurs, une prise de conscience de la part des entreprises qui souhaitent réduire leur impact environnemental, alors "2
  • 10. même qu’elles doivent unir leur force pour répondre à la demande à venir en logement, dû à l’évolution démographique. Ces éléments, nous permettent d’organiser notre plan de la manière suivante : 
 Tout d’abord nous ferons un état de l’art, pour préciser le contexte et les enjeux relatifs à l’économie linéaire. Dans un second temps, nous étudierons la filière bâtiment dont nous identifierons les contraintes et les enjeux pour appliquer les principes et piliers de l’économie circulaire et en ressortir les bénéfices environnementaux et économiques, clés d’une croissance durable. Enfin, nous formulerons une série de recommandations en lien avec la filière et les enjeux de l’économie circulaire, pour faciliter la pérennité des structures dans leur environnement. Pour ce faire, nous appuierons notre travail sur une étude documentaire, sur des recherches académiques et sur dix entretiens avec des salariés de grandes entreprises françaises du secteur, et de consultants indépendants spécialisés en économie circulaire. "3
  • 11. CHAPITRE I : CONTEXTE ET ENJEUX 2016, les limites de la pensée linéaire de l’économie issue de l’industrialisation. L’objectif de ce chapitre est de présenter le contexte actuel de production et de croissance des entreprises ainsi que les enjeux qui en découlent, selon des ouvrages d’économistes, historiens ou écologistes, pour en dégager les principaux enjeux. Cette partie nous permettra d’identifier les problèmes majeurs liés à l’économie linéaire et de choisir la méthodologie d’analyse la plus adaptée. Afin d’atteindre cet objectif, notre chapitre se divisera en trois parties : 1. Contexte : La première partie consiste à poser et délimiter le contexte actuel des modèles économiques des entreprises. 2. Enjeux : La deuxième partie consiste à poser les limites de ces modèles économiques. 3. Problématique : La troisième partie consiste à poser les problèmes qui découlent de ces limites, ainsi que la méthodologie choisie pour répondre à la problématique. "4
  • 12. 1ÈRE PARTIE : LA CROISSANCE DE L’ÉCONOMIE LINÉAIRE Il semble essentiel d’aborder la Révolution Industrielle pour ce qu’elle a impliqué dans les cycles actuels de production. En tant que période clé dans le développement des pays de l’Europe de l’Ouest la Révolution Industrielle est intéressante à présenter car elle semble avoir initié le modèle de base de production et de consommation des entreprises, un modèle aujourd’hui au coeur des enjeux économiques, environnementaux et sociaux : une économie linéaire, consommatrice de ressources et productrice de déchets. Bien que la modernité et les modèles économiques actuels ne prennent par entièrement racine dans l’ère industrielle, la Révolution Industrielle est un processus qui est repris à plusieurs niveaux pour expliquer et désigner les modes de production et les stratégies des entreprises du XXI siècle ainsi que les modes de consommation des citoyens dans les dernières décennies. I. LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE En 1848 Adolphe Blanqui, un économiste français alors chargé par l’Académie des sciences morales et politiques «de parcourir les principales régions manufacturières de la France, pour y constater la situation exacte des classes ouvrières» , est le premier à utiliser l’expression de1 Révolution Industrielle pour désigner la période de transition que l’Angleterre des années 1800 est en train de vivre. Il l’oppose alors à la Révolution française durant laquelle les hommes étaient « essentiellement concentrés sur le profit de leurs conquêtes » , pour mettre en avant la puissance2 émergente de l’industrie anglaise, grâce à des machines et inventions notoires récemment inventées, telles que la machine à vapeur de James Watt (1780) et la première filature de coton moderne de Richard Arkwright. Ces deux inventions, retenues pour dater le début de la Révolution Industrielle, sont déterminantes dans la manière dont l’économie et les systèmes économiques vont se développer. Source : Conservatoire National des arts et métiers1 Source : BEITONE, Alain, Analyse économique et historique des sociétés contemporaines, 2ème édition, 20132 "5
  • 13. Le terme de Révolution Industrielle, sera précisé année après année pour caractériser le passage d’une économie traditionnelle agraire - c’est à dire dominée essentiellement par l’agriculture - a un nouveau type d’économie dominée par l’industrie, que nous pourrions appeler économie moderne. Le Larousse ne définira le terme de Révolution Industrielle que plus tard, comme suit : « l’ensemble des phénomènes qui ont accompagné, à partir du XVIIIe siècle, la transformation du monde moderne grâce au développement du capitalisme, des techniques de production et des moyens de communication. » D’après l’économiste Walt Whitman Rostow, cette période est attribuée essentiellement à l’Europe du Nord Ouest, avec un premier take-off anglais entre 1780 et 1820 suivi du français en 1830 et de l’allemand en 1850. Si nous reprenons les « phénomènes » évoqués dans la définition du Larousse, ce terme fait appel à plusieurs éléments clefs de la période et de l’âge contemporain. Tout d’abord ce terme évoque les inventions décisives qui ont participé au développement des villes et à l’amélioration des modes de vie. Parmi lesquelles les deux présentées plus haut, ainsi que que le chemin de fer (1825), l’électricité (1869) ou le téléphone (1876). L’ensemble des progrès techniques de cette période et leur succession sont décisifs dans les méthodes de production et dans la répartition du travail. Ces progrès techniques assurent une croissance plus soutenue et plus intensive que par le passé permettant alors de répondre largement à la croissance démographique de la population. Le chemin de fer a par exemple permis d’intensifier le développement et la construction des villes, qui ont d’abord été construites autour des gares, points d’arrivée majeurs de marchandises. Ces inventions sont les premiers leviers de la Révolution Industrielle car ils révolutionnent les modes de production. « L'apparition de nouveaux matériaux, l'abondance d'énergie bon marché (le pétrole) et le développement de nouvelles activités (électronique, aéronautique, informatique, etc.) sont de formidables moteurs de croissance.», précisent les livres d’histoire lorsqu’ils citent la période. Ces inventions ce sont également la diffusion du machinisme et la révolution mécanique qui entrainent l’introduction et l’utilisation de nouvelles énergies : nous passons des énergies traditionnelles comme l’énergie animale, humaine ou naturelle à une énergie fossile et électrique. La technique est au coeur de la création de valeur et l’activité économique devient le principal moteur de développement des entreprises et des états. La croissance intensive permise grâce aux gains de productivité, permet de produire plus et moins cher. "6
  • 14. Un autre « phénomène » est la croissance séculaire des salaires réels, assez soutenue pour entraîner vers une progression non négligeable du niveau de vie et de la consommation par ménage. Les ménages commencent à s’équiper de produits qui améliorent leur confort (électroménager) et libèrent du temps. Une société d'abondance se met en place, la consommation est stimulée et stimule elle- même l'activité économique, alors qu’en parallèle l’amélioration des conditions de vie participe à la croissance démographique et, corrélativement, à la hausse de la demande. Cette consommation de masse est permise grâce à l’expansion des moyens de communication et des modes de transports, ainsi qu’à la construction des premiers centres commerciaux et grands magasins (Le Bon Marché). Enfin, cette période voit apparaitre la première bourse et le développement des marchés boursiers qui permettent de répondre d’avantage aux besoins importants en capitaux pour financer l’industrie et les transports. C’est le début de la capitalisation boursière et de la valorisation des entreprises, par des méthodes comptables et financières. La nouveauté de la Révolution Industrielle réside dans le fait d’avoir modifié profondément le fonctionnement économique des pays occidentaux par le passage d’un système composé de sauts de productivité et de régressions à un processus de croissance continue (toujours actuel) où la productivité ne cesse d’augmenter malgré quelques périodes de ralentissement. Les progrès techniques ainsi que ceux dans l’organisation du travail (Fordisme, Taylorisme) dans les pays développés permettent de produire beaucoup plus que quelques années auparavant, et ce, à faible coût. Ce phénomène s’accompagnera quelques années plus tard des Trente Glorieuses, un terme forgé par l’économiste Jean Fourastié, qui est caractérisé comme une période de forte croissance économique durant laquelle les historiens considèrent que le mode de vie des français a plus évolué que durant les deux siècles précédents, avec un taux de croissance record de 5,9%. Cette économie de la production intensive et de la consommation (par les ménages et les entreprises), conséquences de l’industrialisation, influence les modes de production des entreprises, qui s’organisent toutes autour de cycles linéaires de production, permis grâce au développement des techniques avancées d’extraction, de production et de distribution. Mais alors, quel est ce système de production et de consommation issu de la Révolution Industrielle ?
 "7
  • 15. II. LE CYCLE LINÉAIRE DE L’ÉCONOMIE L’économie dite linéaire, est résumée par Rémi Lemoigne , comme suit :3 « Notre économie est ainsi basée sur le modèle linéaire qui se résume à 'extraire=fabriquer= consommer=jeter', qui consomme des ressources naturelles et de l’énergie pour fabriquer des produits qui deviendront, en fin de compte, des déchets ». Ce modèle linéaire de l’économie peut- être synthétisé dans le schéma suivant : Figure 1 : Le modèle linéaire de l'économie Rémi Lemoigne explique ce modèle de la manière suivante : 1. Dans un cycle linéaire de production, le pétrole, le cuivre, l’eau et autres ressources naturelles sont extraites ou récoltées pour être incorporer au processus de fabrication du produit final. 2. Ces matières premières « primaires » sont utilisées et transformées pour fabriquer des pièces. Le fer est utilisé dans la fabrication de pièces métalliques, le pétrole dans celle de pièces en plastique, le blé dans celle de farine. 3. Les pièces sont ensuite assemblées en composants. Des pièces en bois sont assemblées entre elles pour fabriquer des meubles. La farine est mélangée à de l’eau et de la levure pour fabriquer de la pâte à pain. 4. A leur tour, les composants sont assemblés entre eux pour fabriquer des produits finis comme des téléphones portables, des machines à laver ou encore des produits d’alimentation. 5. Le produit une fois fini est commercialisé par un réseau de distribution, GMS (Grande et Moyenne Surface), un magasin spécialisé ou tout autre intermédiaire. 6. Le produit fini est alors acheté par le consommateur final puis utilisé par celui-ci. 7. En fin de vie, le produit est la plupart du temps jeté puis détruit. Source : LEMOIGNE, Rémi, L’économie circulaire, 20143 "8
  • 16. Selon ce schéma, l’augmentation de la production d’une entreprise est donc basée sur l’augmentation de la consommation en ressources naturelles en amont et de la génération de déchets en aval, la création de valeur étant permise grâce à un coût des ressources faibles inférieur à celui du capital humain et à une gestion des déchets non considérée. Ce système est celui qui aurait permis jusqu’ici aux entreprise de produire à moindres coûts grâce à des économies d’échelle sur les matières premières, un amortissement de leurs machines de production et des retours sur investissements rapides. Dans une vidéo du Canal UVED (L'Université Virtuelle Environnement & Développement durable), François Grosse, président de Forcity, présente quant à lui l’économie linéaire en partant des flux de matières premières dans l’économie, qualifiant cette dernière d’ « archétype de l’économie des matières premières ». Il illustre son discours par un diagramme simple, présenté ci-contre : A gauche nous pouvons distinguer ce qui rentre dans l’économie pour être consommé, c’est à dire les matières premières transformées et à droite ce qui en sort, pour être dispersé et/ou stocké. Le schéma : « extraire=produire=consommer=jeter » permet aux entreprises de calculer leur performance économique grâce aux coûts de chacune de ces étapes. Une entreprises est performante si elle parvient à produire à moindres coûts et à vendre un maximum, lui assurant alors une croissance de son chiffre d’affaire et de ses bénéfices. Alors qu’à plusieurs reprises les ouvrages de références présentent la Révolution Industrielle ou les Trente Glorieuses comme facteurs de croissance, Jean-Luc Gaffard précise dans son ouvrage La croissance économique, que celle-ci est « un phénomène récent, conséquence des économies de marchés nées de la Révolution Industrielle ». Il présente ce phénomène comme partie intégrante des économies industrielles de marché. Mais alors, quelle est cette croissance, « conséquence des économies de marchés nées de la Révolution Industrielle » ?
 "9
  • 17. III. LA CROISSANCE Il est possible d’aborder le terme croissance sous bien des angles, néanmoins la croissance est appliquée en général à deux entités : l’état et l’entreprise. A. La croissance d’un état Pour Thierry Jeantet , « la croissance au moins économique, a d’abord été conçue puis mesurée état4 par état grâce à des indicateurs nationaux. Devenant un facteur de compétition il a surtout été question d’apprécier le développement de chaque économie nationale ». Aujourd’hui, lorsqu’il s’agit de parler du progrès ou du développement d’un état dans une période donnée, la notion de croissance est principalement présentée et calculée d’un point de vue économique avec comme indicateur majeur le PIB : « L'Institut national de la statistique et des études économiques anticipe une croissance de 1,1% sur l'année 2015 » précisait l’INSEE en 2016. Dans cette phrase, l’Institut parle effectivement de la croissance économique de l’état français qu’elle désigne par le simple nom « croissance ». Dans ses travaux l’INSEE définit la croissance comme « l’évolution de la richesse produite sur le territoire français entre deux années ou entre deux trimestres. Cette richesse est appelée produit intérieur brut (PIB). » De manière similaire, dans le Larousse, la croissance est définie comme l’« augmentation sur une longue période de la production et des dimensions caractéristiques de l'économie d'un pays, se traduisant par un accroissement des revenus distribuables (= ce qu'il reste aux entreprises une fois qu'elles ont réglé toutes leurs charges et impôts) (L'indicateur le plus couramment utilisé pour mesurer la croissance est le produit intérieur brut [P.I.B.], ou le produit national brut [P.N.B.], calculé en prix constants pour éliminer les effets de l’inflation.) ». La croissance correspond donc à l’évolution de la richesse créée par l’ensemble des acteurs de l’économie du pays, sur une période donnée, sans prendre en compte l’évolution des prix (inflation). Cette définition est associée à une méthode de calcul très simple, établie par l’Organisation des Nations Unies : Croissance = PIB - inflation avec PIB = Somme des valeurs ajoutées = production - consommations intermédiaires Source : JEANTET, Thierry, Des croissances, 20144 "10
  • 18. Le PIB mesure la richesse produite mais correspond également à l’ensemble des revenus distribués, à la consommation et à l’investissement. Il est donc admis que la croissance représente aujourd’hui la seule évolution des quantités produites en volumes ou en valeurs. B. La croissance d’une entreprise Si nous appliquons à l’entreprise les indicateurs évoqués précédemment, la croissance correspond à l’évolution de la valeur ajoutée de l’entreprise induite par son activité de production, sans prendre en compte l’évolution des prix. En d’autres termes elle correspond à « la progression du chiffre d'affaires due à l'activité propre de l’entreprise. » Cependant, la croissance est plus généralement associée à l’accroissement de la taille de l’entreprise qui se traduit par une augmentation de ses dimensions telles que son chiffre d’affaires, son effectif, ou ses parts de marché. Ces derniers points sont les indicateurs qui permettent aux entreprises de toutes tailles et de tous secteurs de calculer leur croissance. Enfin, la croissance peut appeler au retour sur investissement rapide, dû à la financiarisation et à la valorisation en bourse des sociétés, contraintes de rendre des comptes à leurs actionnaires sous forme de dividendes. L’émergence de l’économie industrielle et la croissance - en volume - qu’elle a permise a été basée sur le fait que le coût du travail était plus élevé que le coût des matières, ce qui a impliqué une production basée essentiellement sur l’approvisionnement et l’utilisation de ressources naturelles. Mais si la croissance prend ses racines dans les ressources naturelles, autrement dit dans l’environnement, n’y a t-il pas des limites à sa durabilité ? Quels sont les limites environnementales de la croissance des entreprises, basée sur un système linéaire tel que présenté précédemment ? "11
  • 19. 2ÈME PARTIE : LIMITES ET ENJEUX DE LA CROISSANCE D’UNE ÉCONOMIE LINÉAIRE Depuis plusieurs décennies, et particulièrement ces dernières années, nous ne pouvons plus passer outre les différents rapports, débats et autres sources d’informations mettant en avant les enjeux économiques, environnementaux et sociaux de nos sociétés actuelles. Les différents ouvrages et sources cités ci-après mettent en avant les limites de l’économie linéaire et de la croissance actuelle basée sur ce schéma (extraire-produire-consommer-jeter). L’économie linéaire considère les matières premières, les ressources naturelles renouvelables ou non, comme des déchets à venir. Elle repose sur le postulat classique que les ressources n’ont pas de limites, et qu’elles peuvent donc être consommées de manière illimitée. Les deux limites mises en avant dans les ouvrages en rapport avec les éléments de contexte précédents, sont d’ordre environnemental et économique. Bien que les limites d’un point de vue social soient également pointées du doigts, elles ne seront pas prises en compte dans notre étude. I. URGENCE ÉCOLOGIQUE Jean-Baptiste SAY (1767-1832), pionnier de la pensée économique libérale française disait en 1828 « les ressources naturelles sont inépuisables, car sans cela nous ne les obtiendrions pas gratuitement. Ne pouvant ni être multipliées ni épuisées, elles ne sont pas l’objet des sciences économiques. ». Dès le début du XXème siècle, nombreux sont ceux à pointer du doigt la croissance exponentielle de la consommation de ressources et l’impact de cette dernière sur l’environnement. Le réchauffement climatique, la perte de la biodiversité ainsi que la diminution des ressources naturelles aussi bien renouvelables que non renouvelables, ont conduit les états, les entreprises et les citoyens à remettre en question leurs modes de consommation et de production. La COP 21 est l’exemple le plus récent de la prise de conscience de cette urgence écologique. Comme le dit Alain Lipietz, l’économie mondiale « produit mal en faisant trop pression sur la terre » .5 Source : LIPIETZ, Alain, Face à la crise l’urgence écologique, 2009.5 "12
  • 20. Dans la pensée linéaire les ressources naturelles sont inépuisables, et sont la majorité du temps transformées en déchets. L’impact sur l’environnement est donc double (selon le schéma de l’économie linéaire); il intervient à l’échelle des ressources et des déchets. A. Ressources Il est essentiel de faire un bref rappel de la définition de ressources, afin de mieux comprendre à quels niveaux sont les impacts. Selon l’ADEME, les ressources naturelles rapportent aux matières premières c’est à dire les matériaux et les biomasses, aux milieux ambiants que sont l’eau, le sol et l’air et aux ressources telles que les énergies renouvelables éoliennes, ou géothermique (entre autres). Les matières premières réfèrent quant à elles à la biomasse, alimentaires ou non aux matériaux de construction, sable granulats et roche, aux matières premières énergétiques fossiles, autrement dit le charbon, le gaz et le pétrole, et aux métaux et minéraux industriels, féreux ou non féreux. La croissance, considérée comme cause de la raréfaction des ressources, tient ses limites dans le cycle linéaire soutenu par les modes de productions actuels qui s’ajoute à l’évolution croissante du nombre d’habitants sur Terre. En effet, l’économie linéaire qui présente un ensemble de flux entrants et sortants en amont de la production du produit et en aval de sa consommation, suppose que les ressources naturelles sont inépuisables, et pour preuve : l’OCDE chiffre la consommation des ressources naturelles à 60 milliard de tonnes en 2007, soit une augmentation de 65% depuis 1980. Ce chiffre soulève la consommation toujours croissante des ressources naturelles dont les matières premières ; en 100 ans nous avons multiplié par 10 notre consommation de matières premières, pour pouvoir répondre à une demande toujours plus importante, de la part de consommateurs privés et publics. Le premier à évoquer le défi de la conservation des ressources est Nathaniel Shaler, un géologiste de l’Université d’Harvard, qui consacre plusieurs essais à ce sujet au début du XXème siècle. Dans son ouvrage majeur « Man and the Earth » il soutient que les ressources sont finies et que l’Humanité est sur le chemin de l’épuisement des ressources. Le président américain Theodore Roosevelt reprendra cette question des ressources et la nécessité de leur protection en annonçant dans sont 7ème message annuel au congrès « La conservation de nos ressources naturelles et leur utilisation appropriée constitue l'enjeu essentiel qui sous-entend presque "13
  • 21. tous les autres enjeux de notre vie nationale. [...] Mais il faut anticiper, il faut réaliser que gaspiller et détruire nos ressources naturelles, surexploiter et épuiser la terre au lieu de la fertiliser, altérera la prospérité des générations futures, prospérité que nous devrions pourtant leur transmettre plus importante et plus développée ». Ce n’est que 70 ans plus tard que l’enjeu de la conservation des ressources naturelles sera repris pour être associé à la croissance intensive née de la Révolution Industrielle. En 1972, le Club de Rome, dans un rapport historique intitulé « Limits to Growth », soulignait pour la première fois les menaces que font peser la croissance et son usage immodéré des ressources naturelles sur la planète. C’était le premier rapport à mettre en lien croissance, production et ressources. Ce rapport, aussi appelé rapport Meadows, est considéré comme l’un des premiers dans le « mouvement durable » et la remise en cause des modes de production à la base de l’économie. Pour accompagner ces propos, nous présenterons brièvement ci-après des données relatives à la raréfaction des matières premières et à la pollution des sols (milieux ambiants). • Raréfaction et diminution des ressources en volume Le premier enjeu lié aux ressources est leur diminution et raréfaction : Selon François-Michel Lambert , le sable utilisé pour la construction6 (sable de la Loire par exemple, de mer ou de rivière) est amené à disparaitre dans les 50 ans à venir. En parallèle de ce chiffre, le graphique ci- contre présente l’augmentation de la consommation des principaux métaux utilisés dans l’industrie (aluminium, cuivre, titane et chrome) de 1900 à 2010. Nous y voyons entre autres que la consommation d’aluminium a été multiplié par 45 au cours de cette période, et celle du cuivre d’environ 18. Source : Conférence HEC, Comment l’économie circulaire ouvre de nouvelles opportunités pour les6 marques ?, 18/06/16, Paris "14
  • 22. Le schéma ci-contre, présente en complément, la date d’épuisement prévue des richesses exploitables de notre planète, au rythme actuel de consommation, et avec les moyens techniques actuellement disponibles. Quinze d’entre elles devraient avoir disparues avant 2050, dont le cuivre, l’or et le pétrole. 
 Cette dernière ressource, bien que renouvelable, est amenée à disparaitre car ses réserves sont utilisées plus rapidement que la vitesse à laquelle elles se renouvèlent. Rémi Lemoigne confirme ces chiffres en datant l’épuisement des réserves mondiales d’or à 20 ans et celles de cuivre à 40 ans. • Pollution et perte de la biodiversité Dans le rapport Meadows, le Club pointe du doigts la forte pollution engendrée par une croissance exponentielle alors même qu'il est évident que la planète ne peut absorber une quantité illimitée de pollution. La pollution atmosphérique, qui est associé à la pollution de la ressource air, est un problème planétaire, qui bloque les rayons UV du Soleil et donc notre potentiel à capter l’énergie solaire. A cet enjeu s'ajoute la perte de la biodiversité ainsi que le dérèglement des écosystèmes qui sont déréglés à cause de la pollution des sols, des nappes phréatiques et des océans. Pour exemple, au rythme actuel de production de déchets, dans 20 ans le volume de plastique dans les océans sera équivalent au nombre de poissons .7 Ce dernier point met en lumière la question des déchets directement liée à la gestion des ressources. Source : Conférence HEC, Comment l’économie circulaire ouvre de nouvelles opportunités pour les7 marques ?, 18/06/16, Paris "15
  • 23. B. Déchets Il est essentiel de faire un bref rappel de la définition de déchets, afin de mieux comprendre à quels niveaux sont les impacts. Le Code de l’environnement définit le déchet comme "tout résidu d'un processus de production, de transformation ou d'utilisation, toute substance, matériau, produit […] abandonné ou que son détenteur destine à l’abandon". Dans le cycle de production actuel, la génération de déchets est présentée comme dans le schéma suivant : Source : La Fédération éco-citoyenne de Vendée Les déchets sont produits en aval du cycle de vie mais également à chaque niveau du cycle. L’enjeu des déchets est double. Tout d’abord le nombre de déchets et le volume de production est en croissance depuis de nombreuses années alors même que leur impact sur l’environnement est très nocif. Selon les statistiques de 2010 du Commissariat général au Développement durable, le France à produit 356 millions de tonnes de déchets en 2008, alors même que la question du recyclage, qui permet de transformer les matières premières primaires en matières primaires secondaires, n’est que récente et encore trop peu approchée. Face à l’augmentation de la génération de déchets, les acteurs ont commencé par les enfouir dans des décharges, puis par les incinérer, avant que ne soient révélés les dangers et nuisances de ces techniques (sur l’air et les sols, entre autres). "16
  • 24. En 2007, la majorité des pays de l’Union Européenne concentraient leurs déchets dans des décharges ou les incinéraient, comme on peut le voir dans le schéma ci-dessous. Figure 6 : Types de traitement des déchets dans l’UE en 2007 Source : Eurostat, 2007 A la fin des années 1980 les pays industrialisés ont commencé à durcir les législations concernant l’environnement avec une hausse du coût de l’élimination des déchets dangereux ce qui a finalement donné lieu à l’exportation de ces déchets toxiques vers les pays en développement et l’Europe de l’Est. En parlant des « limites de la croissance », les ouvrages lient étroitement l’urgence écologique à un enjeu économique. Jérémy Rifkin, dans son analyse de la Troisième Révolution Industrielle rappelle ce point, car selon lui cette Révolution permettrait de respecter (et dépasser) les engagements mondiaux en matière de lutte contre le réchauffement climatique et permettrait aussi, une gestion plus durable des ressources et une survie de l'économie sous forme d’une économie différente. Mais alors, quelles sont les limites économiques d’une croissance dont les impacts sur l’environnement sont négatifs ?
 "17
  • 25. II. URGENCE ÉCONOMIQUE, OU LA CROISSANCE INFINIE DANS UN MONDE FINI C’est au début des années 1980 que l’économiste américain Kenneth Boulding a prononcé cette phrase restée célèbre : « Celui qui croit qu'une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. » Le rapport Meadows mettait déjà en avant l’impossible durabilité d’une croissance exponentielle qui ne peut être pérenne au vue de la consommation actuelle des ressources, d’autant plus que nombreux sont les économistes à prévoir que la croissance sera, dans les siècles à venir, handicapée par le prix croissant des ressources naturelles. En 1994, John Elkington créé la Triple bottom line, une mesure de la durabilité qui permet de démontrer les limites de l’économie linéaire. La Triple bottom line renvoie aux triples P - People (Parties Prenantes et stakeholders), Planet (environnement avec l’exigence et le maintien des ecosystèmes) et Profit (ressources financières et économiques) - que J.Elkington associe à la notion de performance de la manière suivante : - Interaction nécessaire entre ces trois réalités qui ne peuvent vivre l’une sans l’autre - Seules les ressources financières peuvent à priori être infinies - les ressources de la planète sont limitées - La réalisation durable de profits nécessite une combinaison stratégique de la protection des ressources et de la prise en charge de la société Plus récemment, Thierry Jeantet a pointé du doigt « les modes de croissance », tels que développés dans l’économie actuelle en précisant que « des modes de croissance en phase avec leurs lieux de naissance comme d’essaimage ne peuvent être imperméables aux influences et croisements avec d‘autres types de développement. Leur authenticité et durabilité sont, au contraire, conditionnée par leur capacité à capter les innovations, les changements venant d’autres contrées; autant que d’en produire par eux-mêmes. » D’après une estimation des Nations Unies, nous sommes aujourd’hui à 70 milliards de tonnes de matière consommée dans le monde, si on continue à ce rythme de croissance on serait à 150 milliards de tonnes en 2015. A ce chiffre se superpose la consommation française; un français utilise chaque année 22 tonnes d’équivalent matière première (céréales, eau, pétrole) pour garder son "18
  • 26. niveau de vie. Nous pouvons donc imaginer les impacts sur l’environnement et sur l’économie si on continue à ce rythme. De plus, des statistiques montrent que si tout un chacun consommait dans le monde au même niveau que les Etats-Unis, il faudrait cinq planètes Terre pour faire face aux besoins à venir. Sur le long terme, il va donc falloir consommer moins de ressources pour mieux produire. "19
  • 27. 3ÈME PARTIE : PROBLÈME D’INVESTIGATION Il semble qu’en 2016 nous soyons arrivés à une période charnière dans la manière dont nous pensons, consommons et produisons. L’économie de marché et la société de consommation post Révolution Industrielle semblent avoir atteint leurs limites, dans un contexte où la consommation est le noyau macro et microéconomique de notre croissance. La littérature nous montre que les modes de croissance des entreprises issus de la Révolution Industrielle sont basés sur des leviers matériels de disponibilité des ressources et de gains de productivité quantitatif, permettant une croissance rapide et importante de certaines industries. A travers son évolution et sa diversification, notre économie n’est jamais allée au delà du schéma linéaire dans lequel s’inscrivent nos modes de production et de consommation, ni au delà de la croissance intensive et exponentielle qui répond à des intérêts financiers et capitalistiques en interne. L’économie linéaire ne prend cependant pas en compte son impact sur l’environnement ni son influence sur les stocks de ressources disponibles. Elle est aujourd’hui confrontée à des impasses qui la remette entièrement en question. La raréfaction des ressources et la croissance démographique ne permettent plus l’application d’une telle économie. Face à ces limites, l’enjeu pour les entreprises est donc de garantir la durabilité de leur structure ainsi que leur croissance, dans un monde fini en ressource. Le problème majeur, est de trouver la solution adaptée pour continuer à développer l’activité de l’entreprise dans un monde fini en ressources. Partant du constat que la pensée linéaire est à la base des limites des modes de croissances actuels, nous pouvons donc supposer qu’un système d’économie circulaire, s’opposant au système linéaire, permettrait aux entreprises de répondre à cet enjeu de durabilité. Ceci nous mène à notre problématique, que nous formulerons de la manière suivante : alors que les entreprises ont basé leur développement sur un modèle de production et de consommation linéaire, en quoi une économie circulaire pourrait-être une solution pour garantir la durabilité de leur croissance ? "20
  • 28. Pour répondre à cette problématique nous nous concentrerons sur le secteur du bâtiment en France, qui, en tant que principal consommateur de ressources, risque d’être amené à devoir trouver des solutions pour répondre à l’augmentation de la population et à la pénurie de logement. Nous chercherons à comprendre de quelle manière les acteurs du secteur du bâtiment se confrontent à des enjeux internes et externes qui remettent en question leur durabilité puis nous appliquerons le concept d’économie circulaire à la filière pour conclure sur les bénéfice éventuels de ce concept, d’un point de vue environnemental et économique. Suite à ce deuxième chapitre, nous formuleront une série de recommandations opérationnelles. Nous baseront notre recherche sur : Une étude documentaire avec des ouvrages et rapports en lien avec les trois thèmes suivant : - L’économie circulaire - Le bâtiment - La croissance Une étude terrain effectuée avec l’objectif de recenser un maximum d’informations qualitative sur le secteur du bâtiment et l’économie circulaire. Le détails des profils, l’agenda des entretiens et le guide d’entretien sont détaillés en annexes 1 et 2. Trois personnes propres aux questions d’économie circulaire ont été interviewées : Rebecca Narewski, François-Michel Lambert et Alain Geldron. Sept personnes travaillant dans le secteur du bâtiment ont été interviewées. Ces personnes représentent les trois niveaux du cycle de vie des bâtiments, ainsi que des profils d’acteurs privés différents, allant du fournisseur au gestionnaire : François Marois, Laurie Espinosa, Fabrice Bonnifet, Audrey Bertrand, Pierre-Marie Bozec- Claverie, Jean-Pierre Baron et Gaëtan Le Gorbelec. "21
  • 29. DÉFINITION DES TERMES DE L’ÉTUDE Afin de mieux comprendre le cadre de notre étude, nous définirons brièvement les termes tels qu’approchés dans l’analyse à suivre : économie circulaire, durabilité, croissance et entreprises. Par économie circulaire, nous entendrons tout système économique, s’opposant au modèle linéaire, qui a pour objectif de diminuer l’impact négatif de l’activité d’une entreprise sur l’environnement voir de le rendre positif. Pour le terme croissance, nous repartirons de la définition étymologique en se concentrant sur son approche économique. Etymologiquement, le terme vient du latin crescere qui signifie croître, grandir. Le verbe croître est issu du latin crescere qui signifie naître, grandir, pousser rattaché à la même racine indo-européenne k(e)r qui signifie semence. Un antonyme du mot croissance serait décroitre et des synonymes pourraient êtres accroissement, augmentation, développement, expansion ou progrès.8 Le terme durabilité renvoie lui à la notion de pérennité de la structure sans que son activité ne remette en cause celle de l’environnement dans lequel elle évolue. Enfin le terme entreprise, renverra dans ce travail à l’ensemble des acteurs privés (hors TPE, et PME) développant leur activité économique sur le territoire français. Nous nous pencherons plus particulièrement sur les entreprises du secteur du bâtiment. Si nous reformulons la problématique avec les définitions précédentes, nous aurions donc : de quelle manière l’économie circulaire permet aux entreprises du bâtiment de garantir le développement de leur activité de manière durable pour elles et l’environnement ? Source : Le petit Robert, 20028 "22
  • 30. CHAPITRE II : ANALYSE DU PROBLÈME De quelle manière l’économie circulaire permet aux entreprises du bâtiment de garantir le développement de leur activité de manière durable pour elles et l’environnement ? L’objectif de ce chapitre d’analyse est de comprendre quels sont les enjeux actuels du secteur du bâtiment et d’appliquer les principes de l’économie circulaire à son environnement interne, de manière à voir si ce concept peut permettre aux entreprises de la filière de faire face aux enjeux retenus. Afin d’atteindre cet objectif, notre analyse se divisera en trois parties : 1. Expliquer : La première partie consiste à poser les caractéristiques du secteur du bâtiment et à les analyser, afin d’identifier les enjeux actuels de croissance durable, et de dégager les problèmes associés. 2. Appliquer et comprendre : La deuxième partie consiste à appliquer les principes de l’économie circulaire à la filière, avec des cas réels ou fictifs de projets circulaires. 3. Interpréter : La troisième partie consistera à comprendre de quelle manière ces cas améliorent l’impact de l’activité sur l’environnement et sur son économie. "23
  • 31. 1ÈRE PARTIE : LA FILIÈRE BÂTIMENT Les données recensées dans cette partie sont issues pour la majorité de l’étude terrain ainsi que d’une étude Xerfi de 2016. Les sources complémentaires seront citées. La majorité des données recensées concernent la filière bâtiment sur le territoire français, les données internationales seront précisées. Nous avons ordonné les données recensées de manière à comprendre quels sont les acteurs de la filière concernés par notre problème et dans quel environnement leur activité évolue, afin d’identifier si la filière est face à un enjeu d’économie circulaire et de quelle manière. I. DÉFINITION ET ACTEURS A. Définition : Selon la Fédération Française du Bâtiment, le secteur du bâtiment, également appelé « filière bâtiment », renvoie à l’ensemble des acteurs qui interviennent à plusieurs niveaux du cycle de vie du bâtiment : la construction, l’aménagement d’intérieur, l’entretien, la restauration et la démolition. Le bâtiment est à dissocier du secteur des travaux publics. En effet, bien que le terme BTP associe ces deux secteurs qui ont des contraintes et enjeux similaires sur certains aspects, notre analyse portera d’avantage sur le « B » que sur le « TP ». Les bâtiments, aussi appelés « édifices » comprennent des logements collectifs, des maisons individuelles, mais aussi des locaux commerciaux et industriels (centres commerciaux, usines, bâtiments agricoles…), des centres de loisirs (piscines, salles de sports, de concert, théâtres, cinémas, musées…) des lieux publics (écoles, mairies, hôpitaux…) ou encore des bâtiments historiques (châteaux, monuments anciens…). B. Acteurs concernés : Aujourd’hui la filière traditionnelle du bâtiment est divisée et hiérarchisée, avec un tissu important d’acteurs.
 "24
  • 32. a. Approche par la chaîne de valeur : D’après la Fédération française du Bâtiment, les acteurs de la filière bâtiment correspondent à « l’ensemble des acteurs du secteur qui y travaillent », représentés comme ci-contre : Si nous repartons de la chaîne de valeur du bâtiment, nous avons donc les différents acteurs réunis pour répondre au besoin en édifice. En haut de la chaîne, nous trouvons le maître d’ouvrage qui est la personne, privée ou publique, « à l’origine » des travaux, autrement dit celle qui a détecté un besoin (construction, rénovation, entretien). Dans la logique de la chaîne, le maître d’ouvrage est considéré comme le client final, c’est le donneur d’ordre à l’origine du besoin. Avant de s’adresser aux entreprises pour la réalisation du travail, le maître d’ouvrage fait appel à un maître d’oeuvre aussi appelé le concepteur, essentiellement représenté par l’architecte. Celui-ci est en charge de l’établissement des plans en amont de l’obtention du permis de construire. Une fois le permis de construire obtenu, « l’entreprise du bâtiment » réalise les travaux, en sous- traitance ou en exécutant la totalité. Ce peut être une entreprise générale ou une entreprise titulaire d'un seul lot (maçonnerie, peinture, électricité…), voire une entreprise sous-traitante. Cette entreprise travail en coopération avec des fabricants d’outils, d’engins de chantiers, et de matériaux. b. Approche par le cycle de vie : Il est important de noter que l’ADEME intègre au secteur économique du bâtiment toutes les activités de conception, de construction et de rénovation des bâtiments publics et privés, alors que d’autres y intègrent également toute la gestion et la fin de vie de ceux-ci. En effet, Hubert Amarillo précise dans son article « Le secteur du bâtiment durable : vers de nouveaux rapports entre acteurs de l’acte de construire ? » que pour comprendre les acteurs de la filière, il est essentiel de prendre "25 Figure 7 : Les acteurs du bâtiment
  • 33. en compte la définition du secteur au-delà de « la phase de réalisation concrète d’un ouvrage, c’est à dire le chantier ». Cette définition montre que les acteurs se répartissent sur le secteur selon leur niveau d’intervention dans le cycle de vie, les étapes allant de la conception d’un bâtiment jusqu’à sa livraison et sa gestion, soit, selon lui, quatre étapes au total : la programmation, la conception, la réalisation et la gestion. De la même manière, Laurie Espinosa précise que pour un développement durable dans la filière il faut « d’avantage réfléchir en terme d’usage et d’occupation. Il faut avoir plus d’attention sur ces sujets là. » Enfin, si nous basons notre approche sur les limites d'une économie linéaire, nous ajouterons à ces éléments l’ensemble des acteurs rattachés à la fin de vie du bâtiment (cf définition du bâtiment). Le cycle de vie renverrait alors à l’approche du cycle de vie telle que comprise par Porter; du développement (conception) au déclin (fin de vie). c. Approche proposée pour l’analyse des acteurs concernés par notre recherche : Une méthode pour comprendre les acteurs de la filière bâtiment de manière claire et complète consisterait à mettre en vis à vis les deux approches présentées précédemment. 
 Dans le schéma ci-après nous reprendrons l’ensemble des « types » d’acteurs tels que présentés dans l’approche chaîne de valeur que nous répartirons sur les trois étapes principales du cycle de vie du bâtiment : la construction, l’usage et l’entretien et la fin de vie. Figure 8 : 
 "26 maître d’ouvrage >maître d’œuvre > entrepreneurs >entreprises sous-traitantes >Fabricants >entreprises sous-traitantes >maître d’œuvre >entrepreneurs >entreprises sous-traitantes >Fabricants ConstruCtion usage & entretien Fin de vie répartition des diFFérents types d’acteurs dans la Filière du bâtiment selon le cycle de vie d’un batiment
  • 34. Dans ce schéma, le maître d’ouvrage est l’acteur à l’origine du besoin tout en long du cycle de vie (construction, entretien et démolition) c’est à dire le client final. C’est le donneur d’ordre à l’origine du besoin. Chaque type d’acteur est ensuite réparti selon sa spécialisation, le long du cycle de vie. Chaque couleur renvoie à un niveau du cycle, et chaque nom à un type d’acteurs - tels que présentés dans la partie I.B.a. - propre à cette phase, ordonnés par ordre de hiérarchie (de haut en bas). Si nous repartons de ce schéma, nous pourrions classer les entreprise interviewées dans le cadre de ce mémoire de la manière suivante : - EQIOM : Fabricant de la construction - Bouygues SA : Entrepreneur de la construction ou maître d’ouvrage - Bouygues Construction (Fabrice Bonnifet évoquait les deux) : Entrepreneur de la construction - BATEG : Entrepreneur de la construction - Giffard : Entreprise titulaire ou sous-traitante de la construction et de l’usage et de l’entretien - ICF Habitant : Maître d’ouvrage de la construction à la fin de vie - Matière Social : Fabricant/fournisseur en construction et entrepreneur en fin de vie - YPREMA : Fabricant/fournisseur en construction et entrepreneur en fin de vie II) ENVIRONNEMENT ET LEVIERS DE DÉVELOPPEMENT A. Environnement externe : analyse PESTEL L’analyse PESTEL va nous servir à avoir une vision globale de la situation macro-économique de la filière bâtiment, pour mieux identifier les menaces et opportunités du secteur. Politique et légal : • La filière BTP est très contrôlée et encadrée par les pouvoirs publics de part et d’autres de la chaîne, pour les entreprises comme pour les utilisateurs. Par exemple les contraintes sont importantes d’un point de vue des permis de construire, que ce soit en hauteur ou en longueur les permis peuvent-être très difficiles à obtenir et nécessitent souvent la démolition d’un édifice existant.
 Il en est de même pour les contraintes politiques et légales très strictes en matière de qualité, de sécurité et de rentabilité. Pour ICF Habitat par exemple, les logements doivent rentrer dans des normes de qualité strictes pour permettre un confort optimal à ses résidents. "27
  • 35. • En Juin 2014, un « choc de simplification » a été annoncé par le gouvernement français, pour «gagner en compétitivité pour nos entreprises », « en attractivité » et « stimuler la croissance ». Pour la construction « 50 mesures de simplification pour la construction » on été promises avec entre autres la facilitation de l’usage du bois, y compris pour la façade pour les grands bâtiments, l’allongement des permis de construire et des avantages accrus pour les bâtiments plus performants d’un point du vue isolation thermique ou consommation énergétique. • La filière est directement concernée par de nombreuses lois et normes européennes relatives à la gestion des déchets, qui sont amenées à être durcies dans les années à venir.
 Par exemple, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte du 18 août 2015 fixe le taux de valorisation des déchets du secteur du bâtiment et des travaux public à 70% d’ici 2020, avec pour objectif de « lutter contre les gaspillages et promouvoir l’économie circulaire, de la conception des produits à leur recyclage » par recyclage, réemploi ou remblaiement. Dans le secteur, cela suppose essentiellement l’amélioration du taux de recyclage des déchets de chantier.
 En amont de la production de déchets, la loi porte aussi en filigrane de nouvelles exigences réglementaires sur la construction de bâtiments publics. Chaque fois que possible, ils devront être à énergie positive ou « à haute performance environnementale » (normes HQE).
 La commission européenne a également adopté un nouveau paquet pour limiter à 10% la mise en décharge de l’ensemble des déchets d’ici 2030. • Le bâtiment est soutenu par les pouvoirs publics à travers des aides à l'accession à la propriété et à l’investissement locatif, généralement centrées sur les logements neufs, ainsi que des soutiens à la rénovation thermique des bâtiments (prêts aidés, crédits d'impôts, taux de TVA réduit, subventions, etc.) Economique : • La crise de 2008 a eu un impact direct sur les investissements dans la filière, ce qui a eu pour impact de diminuer la demande de la part des investisseurs privés et publics. Le secteur a subi directement cette baisse dans les investissements qui a entrainé une baisse en volume (production) de 4,1% et en valeur (chiffre d’affaire) de 2,5%.
 Néanmoins d’après de nombreuses études et enquêtes, une reprise est prévue pour l’année 2016 avec une hausse de 3% en volume et en valeur. "28
  • 36. • Les prix de l’énergie sont actuellement faibles, dû à des mesures de la part du gouvernement français. Néanmoins certains pensent que cette baisse introduit une future augmentation bien plus importante sur les prochaines années. • Le taux de crédit est actuellement bas ce qui donne naissance à des taux avantageux pour l’accès à la propriété et à la rénovation. Social : Modes de consommation : • Concernant le marché du particulier, les modes de consommation ont changé. Parmi les changements majeurs et récents, il y a entre autres l’implication des consommateurs dans les questions environnementales. En effet, ces derniers sont de plus en plus regardant du respect des normes environnementales dans l’achat de leurs produits. Les pouvoirs publics quant à eux, semblent donner moins d’importance à ces critères dans leurs investissements. D’après François- Michel Lambert et Audrey Bertrand, les cahiers des charges des pouvoirs publics pour le secteur du bâtiment resteraient sur les « matériaux vierges », associant les matériaux secondaires à une perte de qualité. Modes de vie : • Les enjeux actuels liés à l’immigration et à la famille (divorce, familles monoparentales) et autres phénomènes provoquent une demande accrue en logements collectifs. Le vieillissement de la population est également à prendre en compte car ceci influence l’aménagement et la durée des baux. • Le secteur est directement concerné par le phénomène d’urbanisation et de mondialisation. Selon Alain Geldron, aujourd’hui l’urbanisation représente 50% de la population mondiale, alors qu’en 2050 ce sera plus de 75% de la population. Ces chiffres mondiaux, reflètent la situation en France. La mondialisation quant à elle nécessite un besoin en infrastructures de plus en plus important. • Les français sont également très mobiles avec 1 déménagement par an pour environ 11% des foyers en France, ce qui signifie que ce sont 2,5 à 3 millions de foyers qui se lancent dans un "29
  • 37. déménagement chaque année en France. Malgré cette mobilité, les consommateurs sont néanmoins encore très attachés à la propriété. • Les français sont de plus impliqués dans les enjeux de constructions locales impliquant des impacts environnementaux sur leur région (exemple : l’aéroport de Notre Dame des Landes). Il en est de même avec les carrières pour lesquelles il existe un frein social à l’ouverture de nouvelles carrières. Technologique : De nombreux efforts sont faits en France en matière de R&D et d’innovation technologique, que ce soit sur les énergies, les matériaux ou la digitalisation des processus de production et de traçabilité. • Parmi les avancées technologiques notoires il existe le BIM (Building Information Modeling) ou maquette numérique, qui est une technologie développée pour « révolutionner la façon dont les bâtiments, les infrastructures et les réseaux techniques sont planifiés, conçus, créées et gérés ». Ce processus « implique la création et l'utilisation d'un modèle 3D intelligent pour prendre de meilleures décisions concernant un projet et les communiquer. Les solutions BIM permettent aux équipes de concevoir, visualiser, simuler et collaborer plus facilement tout au long du cycle de vie du projet. La technologie BIM permet d'atteindre plus facilement les objectifs d'un projet et de l’entreprise. », précise la société Autodesk. • L’ACV (Analyse du Cycle de vie) est un autre outil très utilisé dans les différentes industries, et de plus en plus mis en avant dans la filière bâtiment. D’après le ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la mer, l’ACV permet de quantifier les impacts d’un «produit» (qu’il s’agisse d’un bien, d’un service voire d’un procédé), depuis l’extraction des matières premières qui le composent jusqu’à son élimination en fin de vie, en passant par les phases de distribution et d’utilisation, soit «du berceau à la tombe». 
 Appliqué au secteur, cet outil prend en compte l’ensemble des flux entrants et sortants dans la vie du bâtiment, pour en mesurer les impacts sur l’environnement (déchets, énergie, ressources). Environnementale : • A échelle nationale, suite au Grenelle de l’environnement la France s’est engagée à diminuer par quatre ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050.
 "30
  • 38. Cet objectif implique des sanctions tel le principe pollueur-payeur qui est appliqué en France par exemple avec les taxes sur l'assainissement de l'eau ou la taxe sur les ordures ménagères. • D’un point de vue des ressources, le secteur se confronte actuellement à la diminution de la qualité et de la quantité des ressources naturelles. Les espaces naturels et les surfaces agricoles de qualité sont en baisse notoire, ce qui remet en jeu la capacité à exploiter ces terres pour nourrir les populations à venir mais aussi la qualité de l’eau.
 La raréfaction voire la disparition de certaines ressources entrainent par ailleurs une volatilité des prix des matières premières. • Pour garantir la bonne qualité des logements et l’atteinte des objectifs en matière de performance environnementale, de nombreuses certifications et labels, internationaux ou nationaux, existent. Ces derniers permettent aux entreprises de valoriser les performances environnementales et énergétiques de leurs constructions pour obtenir des aides publics, accéder à de nouveaux marchés et réduire leurs impacts sur l’environnement. Ces certifications sont par exemple les certifications HQE (Haute qualité environnementale), BREEAM (BRE Environmental Assessment Method), LEED (Leadership in Energy and Environmental Design), Patrimoine et environnement. Pour les labels, Effinergie est le plus connu et utilisé en France. 
 Des subventions existent pour la construction de bâtiments aux normes. • La majorité des déchets issus de la filière bâtiment sont de natures inertes ou non dangereux, ce qui suppose leur recyclabilité. La revue Bâtimétiers précise que « selon le Service de l’observation et des statistiques de l’environnement, près des trois quarts sont des déchets inertes (béton, verre, briques, tuiles...) et un quart des déchets non dangereux non inertes (plastiques, métaux, plaques de plâtre...), la part des produits dangereux (solvants, amiante...) ne représentant que 2% environ du total. Une grande majorité des déchets du bâtiment est donc recyclable, de par leur nature inerte. » "31
  • 39. Nous pouvons synthétiser les informations précédentes dans le tableau ci-après : ANALYSE PESTEL DE LA FILIERE BATIMENT POLITIQUE 
 &
 LEGAL - Difficile accès aux permis de construire - Durcissement de la législation en matière de consommation énergétique des bâtiments - Normes importantes : sécurité et qualité des bâtiments - 70% de taux de valorisation des déchets - Principe pollueur-payeur - Choc de simplification - Aides à l’investissement ECONOMIQUE - Baisse des investissements depuis 2008 - - 4,1% en volume et - 2,5% en valeur - Reprise en 2016 : +3% en volume et +3% en valeur - Taux de crédit en baisse, avec des taux avantageux pour l’accès à la propriété et la rénovation SOCIAL - Augmentation des exigences environnementales dans les modes de consommation - Mobilité - Urbanisation et mondialisation - Logements collectifs - Frein à l’ouverture de nouvelles carrières TECHNOLOGIQUE - Nombreux investissements en R&D et innovation - BIM (maquette numérique) - ACV ENVIRONNEMENTAL - Mesures et sanctions contre le réchauffement climatique - Certifications environnementales et labels - Baisse en volume et en qualité des espaces naturels et de culture de qualité - Baisse des niveaux de matières premières - Volatilité des prix - Recyclabilité "32
  • 40. B. Interne : analyse simple des actions significatives du secteur L’analyse ci-après va nous servir à comprendre les actions majeures des activités des acteurs de la filière bâtiment pour leur développement, ainsi que les enjeux économiques et environnementaux associés. Nous considérerons que les items ci-après sont les principales caractéristiques internes au secteur, au coeur des enjeux de croissance de ses acteurs. • Longue durée de vie des bâtiments : Les bâtiments ont actuellement une longue durée de vie. Ils durent en moyenne 25 à 50 ans contre 15 ans en Chine. Cette longue durée de vie suppose une construction moins intensive et des bâtiments de meilleur qualité.
 • Construction neuve : Le marché « leader » du secteur est celui de la construction neuve qui représente environ 2/3 de l’activité, avec un bond dans les ventes en 2015 de 17,9 %. Sur ce marché du neuf, plus de la moitié répond à une demande en logement résidentiel. 
 La construction neuve concerne également la modification d’un lot : exemple un bloc porte qui n’est plus aux normes doit être changé. Actuellement, on l’a démolira entièrement pour en mettre une neuve. • Faible taux de valorisation (dont recyclage) : Le recyclage est déjà en marche dans le secteur mais reste faible avec seulement 40% à 50% de traitement ou de recyclage des déchets du bâtiment et des travaux publics en France. • Bâtiments HQE et positifs : Les acteurs de la filière offrent beaucoup de bâtiment plus respectueux de l’environnement, tel que le bâtiment bas carbone déjà très installé sur le marché, ou le bâtiment à énergie positive. Cela répond à une demande de la part des investisseurs. • Stocks de matières premières : Le secteur du bâtiment nécessite aujourd’hui des capacités de stockage importantes, aussi bien pour les déchets de chantiers que pour les matériaux de construction ou les bâtiments non exploités. Pour "33
  • 41. avoir un ordre d’idée, bien que cet exemple réfère au TP, les déblais générés par les travaux du Grand Paris occuperont l’équivalent de 7000 piscines Olympiques. • Sous-utilisation des ouvrages : D’après Fabrice Bonnifet, de nombreux ouvrages sont « sous-utilisés ». Les causes sont doubles : la première peut venir de chantiers abandonnés, la deuxième peut venir de bâtiments sous-utilisés en terme d’espace ou de durée. • Faibles marges : Le secteur du bâtiment est un secteur qui travaille avec de très faibles marges, la majorité du temps inférieures à 5%. Les chiffres d’affaires sont très importants, mais les marges très faibles.
 Jean-Pierre Baron précise qu’en « période de crise il y a une telle concurrence dans notre profession qu’on a pas le choix des prix auxquels on vend. Ca fait longtemps que ça n’existe plus en France. » • Forte dépendance aux ressources naturelles : Le secteur dépend beaucoup des matières premières et des énergies fossiles, quels que soient les acteurs et l’étape du cycle de vie. • Savoir-faire béton : La France est un pays très bien situé en matière de bâtiment avec un tissu d’acteurs performants au savoir-faire précis et apprécié. Le savoir-faire principal du secteur repose sur le travail du béton utilisé comme matériau de construction majeur, qui, selon Laurie Espinosa, a permis à la filière de développer « une culture du béton ». • Marché atomisé : Le marché du bâtiment est atomisé, c’est à dire qu’il est divisé en de multiples segments de taille réduite, ou avec de nombreux concurrents ayant chacun des parts de marché réduites. L’approche y est séquentielle « avec des entreprises qui cohabitent, c’est à dire qui mettent leurs technologies les unes à coté des autres mais sans interaction les unes avec les autres. », précise Fabrice Bonnifet. Cette segmentation mise en parallèle à la chaîne de valeur rend la filière très hiérarchisée. Ceci implique entre autre l’absence de filières centralisées avec des écarts importants en terme de distance, de coûts et de normes. "34
  • 42. • Forte dépendance à l’économie de marché : L’ensemble des entreprises de la filière dépendent de la conjoncture économique nationale, c’est à dire d’une économie de marché. Les maîtres d’ouvrage et/ou clients finaux, ont un fort pouvoir de négociation sur les acteurs situés plus bas de la chaîne car ceux-ci sont ceux qui décident des investissements. La crise de 2008 a intensifié la concurrence par les prix et a diminué le nombre d’investissements. C’est cela qui a causé la dernière « chute » du secteur. • Intérêt pour la démolition : Aujourd’hui la démolition est la principale solution en fin de vie d’un bâtiment ou d’un lot (cf construction neuve). • Vente : Aujourd’hui les bâtiments sont essentiellement destinés à la vente, et ce car, comme le présente Fabrice Bonnifet, « les consommateurs sont encore aujourd’hui massivement attachés à la possession ». Les modes de consommation sont tournés vers l’abondance et la propriété ce qui mène les clients à se tourner vers le produit ou service le moins cher. Les produits finis nécessaires à la construction, à l’usage et à la fin de vie sont également vendus par les fabricants aux entrepreneurs et sous-traitants. III) ENJEUX ACTUELS DE DURABILITÉ : ÉCONOMIE ET ENVIRONNEMENT Afin de comprendre les enjeux actuels de la filière, nous transposerons les informations précédentes pour comprendre quel est le « bâtiment traditionnel » aujourd’hui et dans quel schéma (linéaire ou non ?) s’inscrit ce bâtiment. Partant de l’hypothèse que la croissance des entreprises est d’autant plus pérenne qu’elles incluent la gestion de l’environnement dans leurs démarches, nous classifierons les résultats de notre étude terrain en fonction du « bâtiment traditionnel » dans deux catégories principales : impacts économiques et impacts environnementaux, pour finalement faire le lien entre ces deux aspects. A. Le bâtiment « traditionnel » : Selon les données précédentes, le bâtiment traditionnel est un bâtiment construit en béton de manière « verticale » - à l’inverse du TP qui est d’avantage en horizontal - vendu à son propriétaire final pour être démoli lorsqu’il est vétuste où qu’il change de propriétaire, ou dans le meilleur des "35
  • 43. cas réhabilité. L’ensemble des entreprises de la chaîne échangent entre elles de manière ponctuelle, par le biais de la vente de matériaux ou de services, pour mener à bien le cahier des charges. Le secteur est actuellement très grand consommateur de ressources et producteur de déchets. Le développement du secteur semble se baser sur un schéma linéaire que nous pourrions représenter de la manière suivante : Figure 9 : Sur le schéma proposé ci-dessus nous voyons qu’il y a deux échelles de consommation de ressources et de génération de déchets. Une échelle propre à chaque niveau du cycle de vie (verticalement) et une échelle propre à la fonction intrinsèque du bâtiment (horizontalement). Les flèches en pointillés représentent les impacts sur les milieux ambiants. "36 RESSOURCES NÉCESSAIRES À LA « VIE » DU BÂTIMENT (ex: sol exploitable, sable, granulats...) RESSOURCES PROPRES À LA CONSTRUCTION (ex: transport, matériel de chantier, énergies fossiles...) RESSOURCES PROPRES À L’USAGE ET À L’ENTRETIEN (ex: électricité, eau, produits finis...) RESSOURCES PROPRES À LA DÉMOLITION (ex: transport, matériel de chantier, énergie fossile...) CONSTRUCTION USAGE & ENTRETIEN FIN DE VIE DÉCHETS DE FIN DE VIE DU BÂTIMENT DÉCHETS DÉCHETS DÉCHETS MILIEUX AMBIANTS DÉCHARGE MODÈLE D’ÉCONOMIE LINÉAIRE APPLIQUÉ À LA FILIÈRE DU BÂTIMENT SELON LE CYCLE DE VIE D’UN BATIMENT
  • 44. B. Impacts environnementaux Les impacts environnementaux sont associés à chacun des deux flux entrants et sortants (ressources et déchets) du schéma d’économie linéaire que nous avons proposé. Sur cette base, si nous prenons en compte l’intégralité du cycle de vie, la filière a actuellement des impacts sur l’environnement à deux niveaux : a. Consommation de ressources : La filière est une importante consommatrice de ressources de tous types : eau, sol et matières premières dont énergies fossiles. C’est également la principale et presque unique consommatrice de sable. Selon Alain Geldron, la filière prise dans son ensemble est la première consommatrice de ressources minérales. C’est également la plus grande consommatrice d’énergie avec plus de 44 % de l’énergie finale nationale consommée. Les seuls acteurs de la construction consomment à eux seuls plus d’un tiers de la production mondiale de cuivre, un cinquième de celle de zinc et un dixième de celle de nickel. b. Génération de déchets : Le secteur du bâtiment représente environ 15% de la production de déchets du BTP, soit 50 millions de tonnes par an (à titre de comparaison, chaque année environ 30 millions de tonnes de déchets ménagers sont produits) dont, d’après le Ministère du développement durable, 65% proviennent de la démolition, 28% de la réhabilitation et 7% de la construction neuve. Si nous faisons le calcul, sur un total de 365 millions de tonnes de déchets produits par an en France, les 50 millions de tonnes produites par le secteur représentent plus de 11% des déchets du territoire. Enfin, en France, le bâtiment est le deuxième émetteur de gaz à effet de serre, il est producteur de 21 % des émissions de CO2. Il est important de noter que ces déchets « sont très rarement nocifs », étant essentiellement des déchets inertes ou non-inertes non dangereux. Nous constatons donc que la filière bâtiment a aujourd’hui de nombreux impacts négatifs sur l’environnement. La filière dépend beaucoup de la consommation de ressources, qui sont à l’heure actuelle uniquement d’ordre primaires (c’est à dire vierges). En parallèle, les déchets associés à la fin de vie du bâtiment et à l’ensemble des produits nécessaires aux acteurs, s’accumulent. "37
  • 45. Hors, comme souligné par Fabrice Bonnifet, pour « durer il faut prendre en compte les ressources ». Partant de cette hypothèse et du constat que la filière est grande consommatrice de ressources, nous étudierons ci-après les conséquences économiques sur le long terme de ces impacts environnementaux, qui sont amplifiés par des menaces externes légales, politiques mais également sociales (cf analyse externe du secteur). Avant d’analyser les menaces qui remettent en cause la durabilité de la croissance des entreprises de la filière, nous devons admettre que ce secteur bénéficie d’une série d’opportunités qui facilitent la croissance de ses acteurs. Les opportunités admises suite à l’étude de l’environnement externe sont les suivantes : Tout d’abord, il existe un réel besoin en édifices qui est amené à croître de par la hausse de la classe moyenne et la croissance démographique. D’autre part, il n’existe aucun frein technologique majeur à la faisabilité des projets en lien avec des enjeux d’économie circulaire (ACV, traçabilité, éco-conception). D’après Fabrice Bonnifet, « la grande difficulté n’est pas la technique car elle existe déjà, elle est mature ». Ces avancés technologiques peuvent permettent de saisir des opportunités de développement. Enfin, la filière profite de la nature recyclable des déchets qu’elle produit. C. Impacts économiques : Pour mesurer les impacts économiques, nous partirons du postulat qu’aujourd’hui la croissance économique des entreprises peut être atteinte essentiellement grâce à une combinaison du développement des marchés actuels et à une réduction des coûts liés à ces marchés. 
 Les deux critères choisis pour mesurer l’impact économique sont donc l’impact sur les sources de revenus (=garantie des marchés actuels et développement de nouveaux marchés) et l’impact sur les coûts de production et les intrants. Nous avons retenu six des caractéristiques internes à la filière parmi celles présentées précédemment, car elles sont selon nous les propositions de valeur qui permettent aujourd’hui "38 CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE TECHNOLOGIECLASSE MOYENNE « RECYCLABILITÉ »
  • 46. l’accès aux marchés. Chaque caractéristique sera confrontée à des menaces externes issues du PESTEL, de manière à déceler l’impact de chaque caractéristique sur la durabilité de la croissance. a. Impacts directs sur la pérennité des sources actuelles de revenus : • Construction neuve : La construction neuve comprend les principales sources de revenus du secteur. Hors, cette entrée se conforte à certaines limites ne garantissant pas la capacité des acteurs de la construction à répondre à ce besoin, en volume, sur la durée. Menaces Disparition de la ressource « sable » Difficulté d’accéder aux permis de construire Dépendance à l’économie de marché Enjeu : La construction neuve a un impact en amont du cycle de vie ainsi qu’en fin de vie. En amont, la construction neuve nécessite un niveau important de ressources (cf schéma linéaire) alors même que ces ressources, telle que le sable, ne seront plus disponibles dans 20 ans et que le prix des matières premières est amené à augmenter, ce qui remet en cause la viabilité de cette entrée d’argent. De plus, il est de plus en plus difficile d’accéder aux permis de construire. Enfin, d’après la fondation Ellen Mac Arthur, « récemment, un certains nombre d’entreprises constatent que le système linéaire les exposent davantage aux risques liés à la volatilité des prix des matières premières ainsi qu’aux ruptures d’approvisionnement. Un regain de volatilité des prix des matières premières peut peser sur la croissance en renforçant l’incertitude, en dissuadant les entreprises d’investir et en augmentant le coût de la couverture contre les risques liés aux ressources naturelles. Au cours de la dernière décennie, les prix des métaux et des produits agricoles ont connu une volatilité supérieure à celles enregistrées sur toutes les décennies du XXème siècle. ». Ainsi, si les entreprises ne trouvent pas de solutions pour faire face à la volatilité des prix des matières premières, voire à la rupture d’approvisionnement, elles ne pourront plus construire ou alors à coût trop élevé. Problème Comment faire face à la demande croissante en bâtiment, si la construction neuve est remise en question ? "39
  • 47. • Vente (possession) : En France, les bâtiments sont la majorité du temps propriété du client final. Ceci suppose donc des acteurs différents à chaque étape du cycle de vie du bâtiment, lors desquelles pour l’ensemble des échanges, la vente (du bâtiment ou du matériel de chantier) est le modèle économique choisi. Ce modèle économique rend plus difficile l’allongement du cycle de vie et multiplie les impacts sur l’environnement. Menaces Marché atomisé
 Concurrence par les prix Enjeux : Le modèle économique de la vente d’un bâtiment suppose que le chargé d’opération suive l’opération jusqu’à l’année de parfait achèvement pour que le bien passe finalement en agence pour le relai d’exploitation et de maintenance (usage). L’acteur en amont de la chaîne, se concentrera donc d’avantage sur le coût de revient de la construction, et non pas sur l’entretien. Si nous prenons le schéma d’économie linéaire, nous voyons que cela suppose une consommation de ressources, et une production de déchets lors de l’entretien, ce qui a « un impact sur les couts d’exploitation et de maintenance pour l’usager », précise Laurie Espinosa. Hors, aujourd’hui d’après Fabrice Bonnifet, « le bâtiment idéal pour un propriétaire c’est celui qui ne coûte plus rien en entretien; celui qui est autonome au eau, en électricité etc. Lorsqu’une entreprise cherche à acheter ou louer des bureaux, ils ne regardent pas que le prix d’achat ou de location au mètre carré mais le prix d’entretien et de charges fixes au m2. » Dans une moindre mesure, l’ensemble des flux de produits entre parties-prenantes (fabricants, sous traitant) s’opèrent également par ce model d’échange, qui augmente le gaspillage des ressources nécessaires à la vie du bâtiment (peinture, béton, poutres, machines). Problème Comment proposer une offre attractive sur un marché atomisé, alors que de plus en plus de personnes s’intéressent au coût global ? "40
  • 48. • Démolition : La démolition est à ce jour presque la seule solution pour la fin de vie des bâtiments. Les chantiers de démolition représentent la principale entrée de chiffre d’affaires pour les acteurs à ce niveau du cycle de vie. Malgré tout, ceux-ci vont être de plus en plus contraints de valoriser et de gérer la fin de vie des déchets, d’autant que la démolition représente 65% des déchets du bâtiment. Menaces Loi pour la transition énergétique Taux de valorisation des déchets (70%) Faibles marges Enjeux : Le coût de démolition des bâtiments est de plus en plus élevé, ce qui est une menace pour ses acteurs qui ont du mal à couvrir leurs coûts et auront de plus en plus de mal au vue des menaces grandissantes légales et environnementales. « Aujourd’hui, ça coute cher de démolir un bâtiment et d’avoir un tas de gravats avec tout mélangé : les gravats, les ferreux et les bétons. », confirme Audrey Bertrand. Ces coûts et leur augmentation, sont dus essentiellement au prix des déchets en fin de vie (des déchets très différents, qui nécessitent des acteurs différents), dont la gestion n’est ni anticipée ni évitée. Pour des acteurs agissant à faibles marges, la rentabilité des chantiers va donc devenir de plus en plus réduite s’ils ne trouvent pas de solutions de valorisation du bâtiment ou de ses composants en fin de vie. Cette hausse des coûts est amplifiée par la loi sur la transition énergétique qui oblige la valorisation de 70% des déchets d’ici 2020. Par ailleurs, il existe en France de nombreux bâtiments vétustes, ce qui suppose un réel besoin de gestion de la fin de vie de ces derniers. Néanmoins, les acteurs de la démolition confrontés aux coût importants des chantiers et à la grande quantité de déchets qui en sont issus, ne pourront pas assurer indéfiniment cette source de revenus par le biais de la démolition. Si les acteurs ne trouvent pas de solutions moins onéreuses pour faire face à l’impact économique négatif grandissant de leurs déchets, la démolition ne leur permettra pas de survivre. Problème Comment assurer une gestion des bâtiments en fin de vie, tout en garantissant la rentabilité des acteurs en présence ? "41
  • 49. • Savoir-faire : En France il y a une culture du béton, qui a un impact important sur le savoir-faire et sur les matériaux utilisés. En effet, comme précisé par Laurie Espinosa, « aujourd’hui dans le bâtiment il y a une culture du béton car c’est moins cher, et les personnes sont formées à ça. Tout est construit en béton ». Menaces Raréfaction des ressources
 Prix des matières premières Démolition Enjeux : Le béton est un gage de qualité pour les entreprises du secteur, et à faible coût de revient. Ce savoir- faire a bien des avantages, néanmoins aujourd’hui l’usage du béton, qui n’a pas évolué depuis plusieurs années, implique des produits finis qui soient adaptables à ce matériaux, en terme de qualité et de confort. Tout est soudé, et très solide.
 L’enjeu est double : En fin de vie, ce savoir-faire orienté « béton » suppose une destruction totale du bâtiment, des murs aux produits finis. Cela nous renvoie donc aux enjeux de la démolition. De plus, bien que les stocks de roches soient encore nombreux, le béton requiert une consommation d’eau et de sable très importante. Ce qui nous renvoie aux enjeux de la construction. Cette culture du béton est également un frein à l’innovation et à la diversification du savoir-faire. Si les entreprises ne trouvent pas de solutions pour faire face à ce double enjeu, elles ne pourront pas assurer la construction ni même une démolition sans déchets. Problème Comment répondre aux besoins en bâtiments tout en garantissant un impact sur l’environnement faible,
 alors même que la France est face à une culture du béton ? "42
  • 50. b. Impacts directs sur les coûts de production et les intrants : • Stocks de matières premières et déchets : Dans une logique linéaire, les matières premières (ressources) deviennent des déchets. Dans cette logique il y a un besoin de stocks en amont de la chaîne et à chaque étape du cycle de vie pour stocker les matériaux, et en fin de chaîne et d’étape, pour stocker les déchets. La filière du bâtiment nécessite donc des capacités de stockage importantes. Menaces Principe pollueur-payeur Capacités de stockage limitées Concurrence par les prix Enjeux : De manière simple, les capacités de stockage sont limitées pour des raisons de coûts et d’espace. Dans un premier temps, donc, il va être difficile pour les entreprises de continuer à stocker les ressources et les matières premières tel qu’elles le font actuellement. Elles doivent donc trouver des solutions pour garantir leurs approvisionnements sans pour autant stocker en amont et en aval.
 Dans un deuxième temps, aujourd’hui les stocks représentent des coûts importants pour les acteurs de la filière, particulièrement en construction et en fin de vie, alors que ces coûts pourraient-être évités voir transformés en bénéfices. D’un point de vue des stocks de matières premières, la filière a un besoin important en capacité de stockage et se confronte à des coûts importants de transports et de gestion de par le manque de centralisation des stocks et sa forte dépendance aux matières premières primaires. D’un point de vue des stocks de déchets, ceux-ci peuvent représenter de 20 à 40% du coût de production total (produit + déchet) de certains process, en aval de la chaîne et à chaque niveau du cycle. Hors, pour la fondation Ellen Mac Arthur ces déchets représentent une « perte de ressources non-nécessaires » . Les nombreux déchets générés par la filière proviennent du manque de solutions9 actuel des entreprises, pour qui cela coûte de plus en plus cher à stocker et à gérer. En effet, c’est l’enjeu du tri à la source sur le chantier. Lorsque ce tri n’est pas correctement réalisé, la benne est soit refusée par le prestataire en charge des déchets, soit déclassée, c’est-à-dire facturée à un prix supérieur car nécessitant un traitement spécifique. Partant du fait qu’aujourd’hui la filière est très Expression d’origine en anglais « unecessary ressource losses in several way »9 "43
  • 51. dépendante des matières premières, nous pouvons donc supposer que ces déchets vont continuer à augmenter, ce poste risque donc de prendre de plus en plus d’ampleur. Dans un schéma actuel d’économie linéaire, si les entreprises ne peuvent pas stocker ni en amont (approvisionnement) ni en aval ou uniquement à des coûts élevés, elles auront de plus en plus de mal à répondre à la demande, et à équilibrer leur bilan. Problème Comment assurer la construction et la fin de vie des bâtiments, tout en évitant les coûts importants liés à la gestion des matières 
 premières (gestion à la source et à la benne) ? 
 • Sous-utilisation des ouvrages : Au même titre que les stocks de matières, les ouvrages sous-utilisés représentent un coût pour les entreprises de la filière. Menaces Marché atomisé Espaces et sols limités Enjeux : Ces ouvrages sous-utilisés représentent un coût d’entretien et de gestion pour les propriétaires. Bien que ces ouvrages ne rajoutent aucun coût d’achat et que les immobilisations corporelles restent inchangées, au bilan ces sous-utilisations ont un poids important car elles nécessitent d’intégrer leur usage et leur entretien aux coûts globaux. Sur le long terme, ces ouvrages risquent de représenter un coût important pour les acteurs en charge (construction pour les chantiers abandonnés ou usage pour les bâtiments sous-utilisés) et d’empêcher l’utilisation de l’espace pour de nouveaux usages. Avec moins d’espace, la filière pourra encore moins répondre à la demande. Problème Comment éviter les coûts de gestion liés à la sous-utilisation des ouvrages ? Au vue de ces points, nous comprenons que les acteurs de la filière font aujourd’hui face à des enjeux majeurs liés à leurs modes de production et de consommation, remettant en cause la survie de leurs structures d’un point de vue économique et environnemental. "44
  • 52. Nous pourrions synthétiser les informations précédentes dans le mapping suivant : Ce mapping reprend les six items détaillés dans cette partie, que nous avons chacun associé aux acteurs concernés et ordonnés selon deux axes : - L’axe des ordonnées représente les impacts sur la croissance (économie), avec en bas les impacts négatifs, autrement dit les pertes, et en haut, les impacts positifs, c’est à dire les bénéfices. - L’axe des abscisses représente les impacts sur l’environnement, avec à gauche les impacts négatifs et à droite, les impacts positifs. Chaque item est positionné en fonction de son degré d’impact sur l’environnement ainsi que sur l’économie. A chaque item est associé un cercle de couleur qui représente les acteurs concernés par les impacts, et leur degré d’intérêt. Enfin, en haut à droite nous avons dessiné la zone idéale qui représenterait la croissance durable des entreprises, grâce à des impacts positifs sur l’environnement et de manière simultanée, sur l’économie. Actuellement, les entreprises semblent loin de cet objectif. "45 Figure 10 : DÉMOLITION VENTE STOCKS SOUS-UTILISATION DES OUVRAGES BÉNÉFICE BÉNÉFICE ÉCONOMIE ENVIRONNEMENT CONSTRUCTION NEUVE ACTEURS DE LA CONSTRUCTION ACTEURS DE L’USAGE ET ENTRETIEN ACTEURS DE LA FIN DE VIE PERTE SAVOIR-FAIRE ANALYSE DES ENJEUX ACTUEL DE DURABILITÉ DANS LA FILIÈRE BÂTIMENT PERTE CROISSANCE DURABLE ANALYSE DES ENJEUX ACTUELS DE DURABILITÉ DANS LA FILIÈRE BÂTIMENT
  • 53. Dans ce contexte, nombreux sont ceux qui considèrent que le modèle de croissance circulaire, décorrélé de la consommation des ressources limitées et offrant un système économique résilient, jette les bases d’un développement économique très prometteur. Nous verrons donc de quelle manière l’économie circulaire, qui s’oppose au fonctionnement actuel des entreprises nocif à leur survie, peut être appliquée au secteur, et de quelle manière ce paradigme peut permettre d’atteindre la zone idéale. En outre, nous verrons que la démarche environnementale qui s’impose aux entreprises pour leur survie, peut également être un levier de nouvelles opportunités de croissance « cachées ». Comme prévient Karine Bouhier, directrice générale de l’entreprise Les charpentiers de l’Atlantique (LCA), « L’envie de favoriser une démarche environnementale ne doit pas nous empêcher d’emporter des marchés». Au vue des éléments précédemment énoncés, nous remplacerons « envie » par « nécessité ».
 "46